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Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours) - Page 2 Empty Re: Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours)

Message par Suzywa Mer 4 Jan - 19:00

Coeur de cracmol
troisième volet

Snowpuff est endormi et, pendant que je lui prépare sa pâtée du soir, une question n'arrête pas de trotter dans ma tête.
Comment diable ce fléreur a-t-il pu connaître Mrs Smith et Arabella Figg qui ne devait plus être très jeune ? Sans être mathématicienne, la logique terrienne qui est mienne indique plusieurs dizaines d'années au compteur.
Comment cela peut-il être possible ?
La réponse surgit enfin : Les chats ont neuf vies.
- C'est bien cela ! me suggère le chat au pelage de neige... C'est d'autant plus vrai pour nous, fléreurs de race.... J'ai déjà quelques vies derrière moi et l'avantage de garder intacts certains souvenirs de mes existences éteintes. Je suis déjà passé dans l'antre de la mort et en ai gardé toutes les empreintes. Je te raconterai, en temps voulu, l'origine de cette faveur des Dieux.
Snowpuff me rejoint dans la cuisine et je dois dire que ses dons de télépathie sont très efficaces.
-Mrs Smith est morte en 1945 si je me souviens bien. J'entamais mon troisième parcours, à l'époque. Quand j'ai croisé, Mrs Figg, c'était en 1981 ! Là, j'étais dans le plein épanouissement de ma cinquième vie. Si tu comptes bien, j'arrive au terme de mon voyage sur cette Terre. Je n'aurai plus qu'une opportunité après celle-ci. Si tu le veux bien, je désirerais terminer mon karma, avec toi. La vie des moldus est tellement plus reposante.

Après avoir pris notre repas, Snowpuff m'invite à poursuivre son histoire.
-Viens ! me dit-il. Assieds-toi dans le fauteuil pour que je m'installe sur tes genoux !
Ma vie chez Arabella Figg était sereine comme ici ! Sa voix, la compagnie de ses chats me donnaient l'impression de vivre dans une famille nombreuse. Un havre de paix après toutes mes mésaventures.
Snowpuff m'entraîna dans un nouveau souvenir, m'accompagna dans le salon de Mrs Figg en 1981.
- Maintenant que je connaissais les passions professionnelles du père de ma nouvelle maîtresse, je contemplais plus attentivement les photos accrochées en masse. Aucune d'entre elles ne laissait apparaître la silhouette de Mrs Figg.
Connaissant la cause de ce manque, je me demandais si Arabella avait participé ou non à la pose.
Les Figg auraient-ils pris le risque de révéler au grand jour le problème de leur fille en cette période trouble des années 1939 à 1945 ? Je ne le pense pas....
J'étais prêt à parier ma paire de moustaches qu'Arabella oeuvrait derrière l'appareil plutôt que devant l'objectif pour parer toute déduction, tout questionnement dérangeant ....

Je balayai du regard toute la surface du mur. Deux clichés attirèrent mon attention.
Le premier montrait William Figg et Ollivander. Ils se tenaient par l'épaule et peu après, Kate apparaissait en courant pour embrasser le créateur de baguettes.
La seconde photo était luxueusement encadrée, je la fixai plus attentivement.
Ce n'était sûrement pas Arabella qui l'avait prise. Elle représentait un groupe d'étudiants aux couleurs diverses... Les couleurs de Poudlard mêlées en un joli camaïeu de teintes basiques comme le costume d'Arlequin. Une date imprimée sur un petit écusson de cuivre indiquait " Promotion 1941-1942 ".
Filles et garçons étaient mélangés formant une belle meute d'adolescents joyeux et bruyants.
J'avais repéré Arnold au centre du groupe. Il était radieux, soulevé de terre, par la troupe comme un champion de Quidditch.
La foule se balançait autour de lui, on aurait dit le ressac de la mer. Ce mouvement de fête mettait en évidence la présence d'un autre garçon très particulier de par son attitude réservée. Sa passivité contrastait avec l'énergie et le bonheur de vivre des autres membres du groupe. Il était bousculé par la houle mais ne participait pas à la ferveur ambiante. Un autre détail attirait l'attention sur lui : ce jeune homme regardait le frère d'Arabella de telle manière que j'en eus le poil hérissé....Cette sensation m'avait déjà traversé. L'aura maléfique de cet individu était reconnaissable entre toutes. Un nom traversa mon cerveau.

- Oui ! Tu as bien deviné me souffla Pompon. C'est Tom Elvis Jedusor ! Arnold et lui sont nés la même année ! Un manque de pot ! Ca, je peux te le dire.
Mrs Figg garde cette photo pour jamais oublier ce qui s'est passé. Elle a une haine dans le coeur. Ce diable a répandu tant de malheurs autour de lui.
Avant, à Poudlard, y avait des duels entre Maisons. Tous les élèves, filles et garçons, devaient y toucher. Les rencontres se faisaient sur toute l'année. Après éliminatoires, restaient deux candidats qui devaient s'affronter en fin d'année, juste avant les examens.
Tu peux deviner quels étaient les deux cracks de cette année-là ! Arnold Figg a gagné le gros lot ! En jeu, une baguette. Ouai ! Une baguette très rare qui contenait une écaille de Basilic. Le trophée appartenait au Collège, bien sûr. Chaque année, elle était remise sur le tapis.

Mrs Figg entra dans la pièce et vit tout de suite mon intérêt pour ce souvenir si vivant de joie qui, paradoxalement, cachait un grand malheur.
- Ah mon beau, tu as l'oreille fine et l'oeil rapide ! On peut dire que tu prends des raccourcis assez surprenants ! Mon joli me connaîtrait-il mieux que je le pense ? Pompon est pourtant balourd à côté de toi !
Pompon accourut en entendant son nom.... Il avait les oreilles de la colère et ses yeux s'illuminèrent comme des phares...
- Calme, Calme, mon beau ! Tu es mon compagnon depuis si longtemps que je peux bien te dire la vérité en face ! Tu es mon ami le plus précieux ! Celui qui me suit depuis l'enfance et qui me reste attaché au-delà de la mort ! Ne sois pas jaloux d'un matou même de pure race ! Dans mon coeur et dans mon âme, tu prends tant de place après avoir partagé mes peines les plus vives !

Arabella se dirigea vers le réchaud à bois. Il était éteint.
- Je m'en vais rallumer mon coeur de bois ! dit-elle en souriant tristement.
Elle remplit le poêle de bûchettes bien sèches et prit la baguette magique qui était accrochée au mur. "Clic", entendis-je. Une flamme apparut au bout de l'ustensile réservé aux sorciers. Je sursautai et Arabella se mit à rire comme une enfant.
- Je t'ai fait une nouvelle blague, mon beau ! C'est une des farces et attrapes que mon frère m'avait acheté chez Zonko pendant ses études ! Elle détourna les yeux.
Arnold ! Comme il me manque ! avoua-t-elle dans un brin de voix cassée pendant qu'elle allumait le poêle.

Mrs Figg s'en alla décrocher les deux photos que je venais de détailler et s'assit dans le fauteuil si confortablement placé dans son oasis de lumière solaire. Ses chats s'installèrent autour d'elle. Pompon ronronnait sur ses genoux, Mistigri s'affala à moitié sur ses vieilles pantoufles pelucheuses, Mignonnette se plaça sur le sommet du dossier du gros siège, laissant pendre ses pattes de part et d'autre de la partie rebondie, Patounet prit place à la droite d'Arabella sur le bras de ce fauteuil sans âge.
Ainsi, ensemble, se touchant les uns les autres, ils dégageaient une heureuse harmonie.
La vieille femme me chercha des yeux.
-Viens Snowpuff, rejoins-nous car l'instant présent est important. Je m'en vais te raconter ce qui s'est passé après la venue de Monsieur Dumbledore mais aussi, durant ce fameux duel.
Arabella rit de bon coeur quand elle vit mon expression étonnée.
- Ne fais pas cette tête-là ! Tu t'étonnes que je connaisse ton prénom ? Mais, moi aussi, je peux lire dans tes pensées ! Je suis née cracmol, pas mongol !
Je vins donc prendre place sur la dernière place disponible, le second bras du fauteuil, à la gauche de celle qui était devenue mon amie.

- Ce fut une rude épreuve que l'annonce de mon état. Mes parents devaient abandonner toutes leurs habitudes et commencer à vivre dans une ville autrement plus vaste que notre Godric's Hollow. Ils laissèrent Albus agir sachant qu'il choisirait la meilleure solution.
Allait-il nous installer parmi les moldus ou au coeur d'un quartier sorcier ? La place était très inconfortable, de toute façon.... La montée du nazisme en pays moldu, les idées puristes de Grindelwald rendaient toute décision fort délicate....

Albus trancha en nous installant chez Mr Ollivander. Ce dernier nous accueillit avec grande bonté au second étage de sa boutique. De toute façon, en tant que cracmol, j'étais devenue centre de recherche et d'expérimentation. Aussi, valait-il mieux que je reste à l'abri au chaud dans le quartier commerçant.
Mon père était confiant dans l'aboutissement de ce projet... Il mettait tout en oeuvre pour améliorer la sensibilité du parchemin révélateur des clichés automatiques. Il nous restait un laps de quatre années pour essayer de trouver une solution à cette erreur de la nature.
Comme je devais changer d'école, le professeur de Poudlard trouva judicieux de me donner des leçons particulières à domicile. Pas de magie, malheureusement. De la théorie surtout mais aussi des cours comme ceux que j'avais quand j'étais à l'école de moldus. Messieurs Dumledore, Ollivander ainsi que ma mère se relayèrent, mes études ne souffrirent pas trop, durant ces années de guerre. J'avais une seule bête noire parmi toutes ces branches: l'orthographe ! Mais, quand même, j'aurais pu m'adapter à n'importe quelle orientation scolaire. Ils avaient pris en ligne de compte tous les possibles.

Arriva le temps de passer différents examens pour comprendre mon état de cracmol.
Je me souviens très précisément de la première investigation. Albus avait interrogé mes parents sur leurs ancêtres. Je m'en souviens parce que cette discussion m'avait passionnée, à l'époque. Albus était déjà un grand savant. Rien n'échappait à ses réflexions profondes et sa démarche scientifique était très rigoureuse. Il avait demandé à mon père de lui préparer une énorme feuille de parchemin.

Ce soir-là, le savant ne vint pas seul. Un autre homme l'accompagnait. Il me faisait un peu peur car son visage était très pâle et très maigre. Quand il souriait, je lui trouvais quelque chose de carnassier. Il me faisait penser aux vampires qui hantaient les histoires préférées de mon frère.
Cet homme était déjà âgé et il portait une robe de sorcier tissée de ramages dorés. Quand je regardais le motif, je me perdais dans les courbes innombrables et cela me donnait le tournis ! se souvint-elle en riant. Elle s'interrompit quelques instants. Son sourire discret m'avouait qu'elle revivait un moment agréable.
Ce souvenir me plait beaucoup ! reprit-elle assez vivement. Je te propose de le découvrir avec moi ! Tu es prêt, Snowpuff ?
Sans me faire prier, je tapis ma patte dans la main de Arabella pour qu'elle m'emmène dans son souvenir.

- Je vous présente Armello Perditti, annonça Albus Dumbledore. C'est un expert en généalogie. Il vient d'Italie, Arabella ! précisa-t-il. Sais-tu ce qu'est la généalogie, jeune fille ?
La fillette hocha négativement la tête.
- Eh bien, Arabella, tu vas voir apparaître, ce soir, sur ce grand parchemin, le nom de tous tes ancêtres ! révéla le savant dans un sourire chaleureux. Est-ce que cela t'intéresse ? Oui ? Plus que le paquet de chocogrenouilles de la dernière fois ? lança-t-il avec un clin d'oeil.
Il n'attendit pas la réponse. Il la trouva sur le visage de la petite fille, plus précisément dans l'éclat de son regard et sur le rose de ses lèvres.
- Il me faut t'avertir qu'il te faudra un peu de courage ! ajouta-t-il en fronçant soudain les sourcils. Monsieur Perditti doit te prélever quelques gouttes de sang pour que ce prodige puisse se réaliser.
Es-tu prête à affronter cette épreuve ? Tu n'es pas obligée ! Tu le sais ! dit-il avec douceur.
Comme un brave soldat, Arabella se redressa et se fit forte, acceptant tacitement ce que le brave professeur proposait. Elle tendit son bras et ferma les yeux attendant la fin de ce petit sacrifice.
Monsieur Armello était très délicat. L'entaille qu'il fit ne provoqua aucune douleur, aucun pleur chez la fillette. Elle ouvrit bien vite les yeux pour voir la suite de cette expérience.

Le généalogiste possédait une mallette en cuir noir comme les médecins du siècle passé. Elle était remplie de fioles aux teintes multicolores. Il en choisit deux. Il en ôta les minuscules bouchons de liège et laissa tomber deux gouttes de chaque potion sur le prélèvement qu'il venait de réaliser.
Les liquides se mélangèrent, leurs teintes se diffusèrent. Le sang prit l'aspect de l'encre la plus noire.
L'expert s'empara d'une pipette et en aspira toute la quantité. Il déclama une incantation, du latin sans aucun doute, et posa, enfin, le liquide noir en bas de la feuille de parchemin que William avait préparée sur la table.
Un silence profond s'installa. Tous regardaient ce qui se passait. Le sang fut absorbé, illico presto, par le papier.
Apparut alors un prénom. Lettre après lettre, pleins et déliés se succédèrent avec grâce. Ce Monsieur Perditti était fabuleux. Un prénom et un nom apparurent. "Arabella Figg" s'étala tout en bas de la page, infime racine d'un arbre qui commença à se dresser.
A gauche se développait le feuillage des noms des ascendants de ma mère, à droite celui des ancêtres de mon père.
Les observateurs éblouis se rapprochèrent pour mieux découvrir les membres de la famille qui apparaissaient sous la plume invisible de ce sortilège. Tous les noms étaient écrits en noir.
Lorsque l'abre eut déployé son feuillage, lorsque la plume invisible eut terminé son oeuvre, deux noms virèrent au rouge. L'un du côté maternel, l'autre du côté paternel.
Monsieur Perditti vit tous les regards converger vers lui, avides de connaître les conclusions de ses observations.

Il chaussa ses lunettes et détailla sans tarder l'arbre généalogique.
- Je peux dire que votre arbre généalogique est très intéressant, Mademoiselle Figg. Le feuillage est bien touffu. Il ressemble au tilleul, arbre aux courbures très harmonieuses. Votre famille remonte au Moyen-Age et je peux dire que chaque branche a donné naissance à quantité de sorciers aux pouvoirs prolifiques. Je remarque que nombreux de vos ascendants ont fréquenté le Collège de Poudlard. Il n'y a pas à proprement parler de prédominance dans les maisons. Les répartitions sont diverses et nous retrouvons une harmonie que j'avais déjà remarquée tout au début.
Le professeur ajusta au mieux ses lorgnons et se pencha plus près de la feuille pour observer les détails. Il se releva et reprit:
- Je remarque, cependant que votre lignée n'est pas de sang pur. Au 17 ème siècle, je peux identifier deux mariages mixtes. Chez vous, Madame, votre ancêtre, Théodore Catchlove a épousé Valéria Finnigan, d'origine moldue et chez vous, Monsieur Figg, à la même époque, Anna s'est mariée avec Charles Portman, également moldu.
Will et Kate se regardèrent avec anxiété. Sensibles à ce mouvement, Monsieur Perditti se remit à parler.
- Bien sûr, j'imagine ce que vous pensez mais je ne peux vous certifier que toute la responsabilité incombe à ces deux personnes. C'est possible, bien sûr. Les gênes récessifs causant la perte des pouvoirs magiques peuvent se combiner après des siècles. Mais ce n'est pas une certitude. Il vaut mieux poursuivre d'autres investigations que Monsieur Dumbledore mènera de main de maître comme il en a l'habitude ! dit le vieux généalogiste en saluant son confrère avec respect.

Les images se brouillèrent, nous revînmes dans le salon. Le soleil réchauffait le velours du fauteuil de Mrs Figg. Elle reprit aussitôt son récit.
- D'autres examens se succédèrent.
Monsieur Ollivander sortit avec patience toutes ses baguettes magiques. Aucune ne me choisit ! Il n'en fut pas pour autant découragé. Il se mit en quête de substances insolites afin d'inventer de nouvelles combinaisons de bois et d'éléments organiques d'origine animale.
Enfin, je passai dans une salle du Département des Mystères. Cela se déroula pendant la nuit de Noël quand tout le personnel veillait en famille.
Cette salle, quand j'y repense, était très inquiétante. Albus l'appelait la "Salle des cerveaux". Il m'avait bien conseillé de ne toucher à rien et de lui faire totale confiance.
Je suis passée dans une machine spéciale qui photographiait mon cerveau sous divers angles. Mon père avait mis au point un procédé de papier révélateur hypersensible. Mais mon cerveau ne révéla rien de particulier, rien de différent en comparaison de ces cervelles qui flottaient dans la potion verte.
Le temps passait. Trois années de traitements divers imaginés par le professeur Dumbledore et par d'autres savants ne vinrent à bout des mystères de mon cerveau. Jamais, je n'apparaissais sur les photos que mon père faisait de moi.
Restait l'épreuve du Choixpeau magique. Je devais attendre mon onzième anniversaire pour le poser sur ma tête. En attendant, je poursuivais, secrètement, mes cours particuliers ainsi que les traitements de stimulation du cerveau toujours améliorés, toujours affinés. Chacun gardait espoir en voyant approcher mon adolescence.
Pendant ce temps-là, mon frère étonnait ses professeurs au Collège de Poudlard.
Il n'avait connu aucun problème pour s'adapter à la vie en internat. Arnold était quelqu'un de très vif. Sa curiosité était sans borne. Même si nous avons vécu dans un tout petit village perdu dans la campagne anglaise, il apprécia très vite ce monde et ses règles.

Arabella s'empara du cadre de Poudlard et le contempla en silence pendant un laps de temps assez long.
- Le soir de son arrivée, il subit la cérémonie du Choixpeau magique avec beaucoup de cran. Il fut envoyé dans la Maison des Serpentards ! reprit-elle.
Comme mes parents n'avaient jamais pénétré l'enceinte du Collège, ils dévoraient les courriers qu'Arnold envoyaient par hibou express. A l'annonce de cette nouvelle, j'ai vu une ombre passer dans les yeux bleus de ma mère. Mon père la rassura en disant que mon frère n'avait jamais été élevé dans cet esprit-là et que sa nature enjouée et sociable l'aiderait sans aucun doute.
Mon père avait raison et on ne peut qu'en avoir la certitude lorsqu'on plonge dans l'ambiance de cette photo. Arnold s'était lié avec beaucoup d'étudiants des autres Maisons... Regarde, on retrouve Pomona Chourave. Elle est ici aux côtés de Xenophilius. Et ici, Minerva ! On voit même Hagrid qui est un peu plus jeune que lui ! dit-elle en me le montrant de son index déformé par les rhumatismes, comme si je le connaissais d'Adam et d'Eve.
Durant les cours avec les étudiants de sa maison, tout n'était pas rose, bien entendu, puisqu'il venait d'une famille si pauvre, mon Dieu !, qu'il faisait tache parmi les adolescents issus pour la plupart de la haute société.
Un autre élève avait le même souci, Tom Jedusor ! Mais autant, Arnold était ouvert au contact, autant Tom était sélectif dans ses relations. Ce dernier avait beaucoup de charme, de réserve et cela plut à Arnold.
Les deux étudiants montraient aussi des dons exceptionnels en fait de magie. Ils excellaient dans toutes les branches. Cela les rapprocha. Arnold était cependant quelqu'un de naïf et d'honnête. Il était trop confiant et c'est cela qui le perdit....
Arnold m'envoyait aussi des hiboux express !
Tiens, voici sa dernière lettre. Je la garde précieusement comme un trésor, dit Arabella. Elle tourna le cadre et décacheta une petite enveloppe. Elle en sortit un parchemin tout chiffonné d'avoir été lu et relu. Elle déchiffra avec émotion la fine écriture nerveuse et penchée.

Poudlard, le 13 juin 1942

Bella !

Tu ne peux savoir l'enthousiasme qui me porte aujourd'hui.... Je viens d'apprendre que j'ai remporté les éliminatoires au Club de Duel annuel ! Mon concurrent est ....... devine ?
Tom ! Mon copain de classe,Tom Jedusor ! Il remet en jeu la baguette de Serpentard remportée l'an dernier !
Tom est quelqu'un d'exceptionnel ! Il est si discret ! Tous nos professeurs l'aiment beaucoup !
Nous avons fait des recherches dans la bibliothèque du Collège et nous avons trouvé les origines des quatre fondateurs. C'était passionnant ! Tom m'a même révélé qu'il avait découvert une caverne secrète en sous-sol ! Il m'a promis qu'un soir, il m'y emmènerait ! En échange de cette aventure, je lui ai fait également un cadeau ! Ne le révèle pas à papa, il m'étriperait s'il le savait ! Je compte sur toi pour ne rien lui raconter !
Tom a acheté un joli journal intime, relié de cuir. Une manufacture moldue mais dont le parchemin est, ma foi, fort bien travaillé ! Je l'ai transformé en carnet magique grâce à la formule que papa m'a montrée l'an dernier et dont il m'a arraché la promesse de garder le secret. Tu aurais dû voir la tête de Tom quand je le lui ai rendu ! Son regard était fascinant quand je lui ai expliqué ce qu'il pouvait en tirer dorénavant !
Les cadeaux, ça me connaît ! Tu le sais bien ! J'ai trouvé quelque chose pour toi aussi, soeurette.... Cela te servira à réparer les petits dégâts journaliers et cacher ta maladresse ! Tu pourras lancer "Reparo" en l'utilisant.

Avec tout ça, je me rends compte qu'on se verra la semaine prochaine ! Professeur Dumbledore m'a dit que la famille des concurrents était invitée. J'ai de la chance ! Vous viendrez m'encourager... Ce n'est pas comme Tom ! Il est orphelin, lui... Personne ne viendra le soutenir !

J'ai hâte de te retrouver, toi, papa et maman et de vous montrer, enfin, mon école !
Je t'embrasse en attendant !
Arnold !


Mrs Figg replia lentement la lettre. Une larme perla le long de sa joue. Pompon vint lécher ses joues pour la consoler. Après un moment, Arabella reprit le dessus et déclara :
- Allons, en route, maintenant ! Les images de mon souvenir te feront comprendre, Snowpuff, ce que les mots ne peuvent transmettre.
Je lui touchai délicatement l'épaule au plus près de son coeur pour bénéficier des visions les plus nettes, des sensations les plus vives. J'ai fermé les paupières et je fus emporté dans le tourbillon des souvenirs.
Très vite, j'ai vu passer la vie d'Arabella dans un compte à rebours, comme un film que l'on rebobine et qui s'arrête à l'endroit que l'on désire revoir. Mrs Figg dut refaire plusieurs mises au point.
Ce souvenir-là était bien caché et je fus touché qu'elle le ressorte du vieux coffre poussiéreux de sa mémoire, uniquement à mon intention.

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Message par Nausicaa Lun 9 Jan - 15:13

Je viens de finir La triste fin de Hepzibah Smith.
L'avantage, avec ma mémoire de poisson rouge, c'est que je peux relire des histoires et encore me faire surprendre par ce qui arrive ! (Mention spéciale à la Mort qui se fait remballer par Voldemort ! Rira bien qui rira le dernier...).

Encore merci pour ce beau (même si terrible) récit, Suzy ! Bisou
À bientôt pour celui de Mrs Figg...
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Message par Suzywa Mer 11 Jan - 23:17

Smile Merci Nau !
Et revenons à notre bonne Arabella.

Coeur de cracmol
(quatrième volet)

La grande salle-à-manger du Collège de Poudlard était en habit de fête. Une longue estrade de forme rectangulaire remplissait le centre de ce vaste espace.
Tout autour, des sièges étaient disposés en gradin pour que les spectateurs puissent bénéficier d'une vision parfaite.
Tout en haut, surplombant la piste de combat, cinq fauteuils majestueux trônaient impérialement.
Le plafond magnifique scintillait de mille feux. On avait l'impression que les étoiles de toutes les constellations de notre système solaire s'étaient donné rendez-vous, éclairant la scène de leur lumière claire et douce.
Les drapeaux des quatre Maisons flottaient. Ils ondulaient lentement, soulevés par un vent d'été parfumé. Les murs étaient éclairés des quatre couleurs de base: rouge, jaune, vert et bleu.

Une salve de trompettes retentit soudain. Les portes s'ouvrirent et les spectateurs pénétrèrent dans la salle pour prendre place dans le plus grand silence.
Arabella, Will et Kate suivaient un homme moustachu aux cheveux jaune paille. Sa corpulence et sa prestance permettaient de fendre la foule. C'était le guide parfait.
- Chers Monsieur et Madame Figg, vous pouvez être fier de votre fils. Quel talent ! dit le professeur Slughorn en les guidant à travers la foule de spectateurs.
Quel plaisir pour le Directeur de la Maison des Serpentards que je suis ! Il a des facilités époustouflantes et j'espère bientôt croiser votre plus jeune fille, d'ici l'an prochain ! termina-t-il en arrivant enfin aux places d'honneur réservées à la famille.
- C'est ce que nous espérons du fond de notre coeur ! répondit William Figg en regardant son épouse avec émotion.
- Vous avez des places d'honneur. Les membres du jury présideront juste à l'étage supérieur ! reprit le professeur. Je vous laisse à présent car d'autres tâches m'appellent, reprit le gros homme en serrant chaleureusement les mains de Will et Kate. Je vous souhaite une excellente soirée !

Ils s'assirent tous trois. Kate tenait Arabella serrée auprès d'elle et profita du brouhaha pour la conseiller.
- Surtout, ne t'éloigne pas de moi, ce soir, chuchota-t-elle tout bas dans l'oreille. Aucune imprudence, je t'en prie ! intima-t-elle.
- Je n'en ai aucune envie, maman. Je ne connais rien de ce lieu, je dois même dire qu'il me fait un peu peur.
Quatre fantômes prirent alors place dans la Salle. Arabella se cacha la figure dans le bras de sa mère quand elle vit passer le fantôme du Baron Sanglant.
- C'est quoi ça, maman ?
- C'est un fantôme, ma chérie ! Celui-là, il est terrible ! Je dois l'avouer… assura-t-elle dans un rire clair et enfantin. Regarde, ce doit être Nick-quasi-sans-Tête et là, le Moine Gras des Poufsouffle et regarde, la belle Dame grise ! Je suis contente qu'Arnold nous ait raconté tout cela dans ses lettres. Cet endroit est moins dépaysant pour nous qui y sommes totalement étrangers.
Kate était aux anges, elle partageait ses découvertes appelant tantôt Will, tantôt Arabella.
Le monde était à présent installé. Une nouvelle fois, le cri strident des trompettes fit vibrer l'air de la Grande Salle.
Cinq personnes montèrent les marches menant au faîte des gradins. Monsieur Dippet venait en tête suivi des Professeurs Slughorn, Dumbledore, Binns et Smith, Directeurs des quatre Maisons du Collège.
Ils s'installèrent à leur place. Seul Monsieur Dippet resta debout devant le siège central. L'honneur du discours d'introduction lui revenait d'emblée. Quelques étoiles orientèrent leur faisceau sur lui. La lumière douce et scintillante mettait en valeur le soyeux de sa robe bleu nuit.
Un "Sonorus" lancé efficacement amplifia les mots de son speech et l'assistance fut toute ouïe.

-Chers étudiants, Chers parents, Chers collègues,
Bienvenue à Poudlard !
Cette soirée de compétition, toujours attendue avec beaucoup d'impatience, clôture magistralement une saison durant laquelle chacun a pu mettre en pratique les sortilèges d'attaque et de défense appris de manière théorique dans nos classes.
Deux de nos étudiants ont esquivé tous les obstacles. Ils vont nous faire découvrir, ce soir, l'art de combiner ces sorts complexes.
Ils appartiennent tous deux à la Maison des Serpentards.
Le fondateur de cette Maison était l'initiateur de ce projet dans les temps anciens. En sa mémoire, c'est sa baguette qui est remise en jeu.
Quelle que soit l'issue de ce duel, cette relique restera une seconde fois dans sa "Maison" d'origine.
Notre vainqueur de l'an dernier n'est autre que "TOM JEDUSOR" !
Applaudissons son entrée, il apporte son trophée qu'il va remettre sportivement en jeu.

Tom entra solennellement, portant un coussin de velours vert ourlé d'argent. La baguette de Serpentard reposait en son centre.
C'était une baguette de bois noir, de l'ébène, sans doute, assez résistante que pour contenir en son coeur l'écaille de Basilic que Salazar avait lui-même prélevée. Tom déposa le coussin et sa relique au sommet d'une colonne de marbre, située au pied des gradins. Toute l'assemblée pouvait l'admirer. Le bois poli et usé de la baguette scintillait dans la lumière magique émanant de la nuée d'étoiles accrochées au plafond. Tom s'immobilisa à la gauche de ce piédestal.
L'assistance se mit à battre des mains et des pieds. Les étudiants de Serpentard se levèrent à l'unisson, certains jetèrent même leur chapeau en l'air en signe de joie.
Le Directeur reprit son discours.

- Notre challenger qui va tenter, ce soir, de remporter le trophée, reprit le Directeur, n'est autre que "ARNOLD FIGG". Encourageons ce sympathique concurrent !

Le bruit des applaudissements rendit inaudible la sonnerie des trompettes. Tous les étudiants étaient survoltés et accueillirent le jeune homme comme s'il avait déjà remporté le combat.
Arnold fit son entrée surpris par le bruit assourdissant des encouragements. Il s'installa à la droite de la colonne exposant la relique. Le jeune sorcier ne pouvait cacher le bonheur d'être là. Cela transparaissait dans son sourire. Il était franc et venait directement du coeur, inspirant la sympathie de manière quasi immédiate.

Le halo des étoiles s'élargit soudain, éclairant les quatre Directeurs de Maisons. Ceux-ci se redressèrent, descendirent les marches et rejoignirent les deux concurrents. L'inspection des baguettes eut lieu sous les yeux éblouis d’Arabella. Les quatre représentants n'eurent aucune remarque à formuler, aussi, le Professeur Dippet poursuivit.

- Alors, à présent, laissons place au duel ultime, apothéose de cette compétition.
Je vous rappelle les règles de base : Le challenger engagera le combat. Sera déclaré vainqueur, le premier d'entre vous qui aura son adversaire à sa merci ou qui sera en possession de sa baguette. Les sortilèges impardonnables sont, bien entendu, interdits.
Tom, Arnold, je vous invite à prendre place sur la surface de combat et... QUE LE MEILLEUR GAGNE !

Les deux étudiants se dirigèrent de concert vers l'escalier donnant accès à la piste rectangulaire. Ils le gravirent prestement et s'arrêtèrent au milieu de l'estrade. Les deux jeunes garçons se firent face pour se saluer, puis ils se mirent dos-à-dos avant de se diriger vers leur place respective.
Une bonne dizaine de mètres les séparaient.
Chacun de leur mouvement était emprunt d'une énergie contenue. Des étincelles pétillaient au bout de leur instrument de combat à chaque déplacement.
Les deux sorciers se réservèrent le temps utile à la concentration.
Le silence le plus complet s'installa.

- Stupefix !
Un éclair rouge jaillit de la baguette d'Arnold en direction de Tom.
Ce dernier était fin prêt et, sans hésiter une seconde, il rétorqua
- Protego !
Un bouclier de lumière se plaça devant lui déviant la trajectoire du sortilège vers les étoiles du plafond. Rapide comme l'éclair, Tom se déplaça sur le côté et attaqua d'un Expelliarmus.
Arnold ne se laissa pas démonter. Il esquiva les effets du sort en sautant souplement sur sa droite. Le faisceau magique passa à côté de lui se perdant au-delà des limites de l'aire de combat. Un sorcier de touche anihila le sort d'un coup de baguette afin de protéger les spectateurs.
- "Chauve-furie" hurla Arnold.
Une volée de chauves-souris noires apparut et fonça toutes ailes dehors sur Tom.
- "Impedimenta" ! répondit Jedusor.
Le sort ralentit la progression des animaux. Tom ajouta un Petrificus Totalus des plus réussis.
Le sort fut lancé si violemment qu’ Arnold eut juste le temps de l'esquiver grâce à une culbute avant.
Le jeune homme était vif et souple. Sa défense était foudroyante. Il mit à profit cette esquive pour avancer vers son adversaire.
C'est à ce moment précis du duel qu'Arnold décida d'accélérer le rythme de ses interventions.
A peine le mouvement réalisé, Arnold attaqua d'un double "Avis".
Une nuée bavarde d'oiseaux multicolores sortit de sa baguette.
Profitant du mouvement vif des volatiles et de l'obstacle visuel ainsi créé, Arnold se rendit totalement invisible grâce au sort de Désillusion qu'il s'infligea.
- "Evanesco" fut le seul mot qui sortit de la bouche de Tom.
Son intervention éclaircit d'un coup son champ de vision mais il fut désappointé de ne plus voir Arnold en face de lui.
Celui-ci avait profité de la confusion pour ramper sur le plancher et ainsi s'approcher de son adversaire sans être repéré.
De dépit, Tom lança quelques contre-sorts de Désillusion, en vain.
L'incompréhension la plus totale se lisait sur le visage de Tom.
Ce dernier sentit alors une violente étreinte autour de ses mollets. Il fut déséquilibré et tomba lourdement sur le sol. Tom se libéra de l'étreinte d'Arnold en envoyant une charge électrique.
Tom était toujours allongé sur le sol, il reprit pourtant contenance. Il lança et réussit enfin son contre-sort de désillusion. Il se ressaisit et se remit debout en un rien de temps.
Découvert, Arnold ne resta pas inactif. Il roula latéralement sur le sol pour s'écarter du champ d'action de Tom, se mit en boule et se releva d'un bond si énergique que ses pieds quittèrent le sol évitant le "Tarentallegria" que Tom venait de lui adresser.
En pleine extension, Arnold répliqua d'un "Jambencoton".
Tom ne put le manquer. Encore une fois, il s'étala lourdement sur l'estrade.
- "Incarcerem" cria Arnold. Des cordes enchantées se déroulèrent et avancèrent tels des serpents pour entraver les mouvements de Tom.
- "Evanesco" tonna la voix de Jedusor. Le sorcier était immobilisé mais il ne se laissa pas démonter par son état. Sa tête et ses bras gardaient toute liberté. "Serpensortia" surenchérit-il.
Arnold eut alors un sourire de victoire. Il contre-attaqua en utilisant un sort d'expulsion, renvoyant les serpents à la face de son adversaire. Il y ajouta un sort d'explosion qui propulsa les reptiles à la vitesse de l'éclair.
Toute l'assemblée fut alors témoin de la victoire d'Arnold. Les spectateurs virent la baguette de Tom voler dans les airs sous l'impact de cette bombe magique. Arnold aussi suivait la trajectoire de l'objet.
Il prit alors son élan et d'un bond attrapa en plein vol la baguette de Tom Jedusor.
A ce moment précis, un tonnerre d'applaudissements l'enveloppa.
Arnold se dirigea vers Tom. Il lui tendit la main pour l'aider à se redresser. Il en profita pour la serrer un peu plus et lui faire comprendre d'un clin d'oeil que ce ne serait que partie remise.
Il eut juste le temps de le faire avant que la foule ne monte sur le terrain de combat pour emporter son vainqueur comme la marée emporte le navire.

Cette frénésie dura quelques minutes. Le directeur, Armando Dippet, dut s'y reprendre à plusieurs fois pour porter le volume du "Sonorus" à son maximum.
Il fallait clôturer la soirée par la remise solennelle de la baguette en bois d'ébène, celle convoitée par chacun des élèves de Poudlard.
Il ne fallait pas oublier que c'était un privilège qui valait d'être repris dans les registres des exploits du célèbre Collège.
Le calme revint donc et Arnold fut accueilli sur le podium de la victoire. Professeur Dippet et les quatre Directeurs des Maisons l'attendaient un sourire de fierté accroché à leurs lèvres.
- Venez, Arnold Figg, venez nous rejoindre afin de recevoir votre trophée. Si Salazar Serpentard avait été des nôtres en chair et en os, ce soir, il aurait apprécié à sa juste valeur votre impressionnante prestation. Souplesse, précision, ruse, stratégie. Impressionnant, vraiment !
Voici donc la relique de notre Fondateur que vous pourrez garder toute une année. Je dis bien garder ! insista le Directeur en fixant Arnold intensément dans les yeux. Et non, utiliser ! Ceci est très important, jeune homme !

Arnold fut félicité par les Directeurs des quatre Maisons. Un crépitement de flashes éblouit la mémoire de chacun et nombre de témoins, présents ce jour-là, ont encore cet exploit en mémoire.

Arnold courut alors vers ses parents. Will ne pouvait contenir sa joie. Il riait en plaquant son fils contre sa poitrine. Kate ne put retenir l'émotion qui l'envahissait. Arabella contemplait son frère comme s'il s'agissait d'un des fondateurs de Poudlard.
De loin, Tom Jedusor observait cette famille toute simple, si unie, d'un regard étrangement froid et destructeur, d'un regard qui laissait présager que quelque chose de terrible était en préparation.
Tom se dirigea alors vers le petit groupe. Arnold le vit venir, il s'éloigna de sa famille pour le rejoindre et l'inviter à rencontrer ses parents et sa soeur.
- Papa, Maman, je voudrais vous présenter Tom Jedusor. Il est dans ma classe et nous travaillons souvent ensemble.
Tom serra la main de Monsieur et Madame Figg. L'éclat de ses yeux s'était estompé. A présent, Tom laissait agir son charme et sa distinction et les conquit dans l'instant.
Arabella s'interposa, comme elle en avait l'habitude, et tendit sa main pour que Tom la serre aussi !
- Je suis Arabella, la soeur d'Arnold. Enchantée !
Ils engagèrent quelques mots de conversation, partageant les impressions du combat, s'émerveillant du faste de ce château millénaire.
Arnold eut alors une idée.
- Maman ! Ce serait dommage de partir sans que Bella ait visité notre Salle commune. J'aimerais bien la lui montrer.
Kate hésita, demanda l'avis de William d'un regard plein d'appréhension. Will lui sourit, approuvant ainsi l'idée de son fils.
- Ne la quitte pas d'un pouce, alors ! insista-t-elle.
- Mais non maman, ne t'inquiète pas ! Je porte le trophée à sa place et je montre le principal à Arabella. J'ai d'ailleurs un cadeau pour elle, ce sera l'occasion de le lui donner ! Tu viens Tom ?
Le trio s'éloigna de la grande salle, loin du brouhaha des conversations.

Ils marchèrent sans bruit, le long des couloirs et des escaliers qui descendaient vers la section des Serpentards. Arabella n'était pas très rassurée. Elle craignait de rencontrer le Baron Sanglant à tout moment.
-Tu as peur de quelque chose lui demanda Tom ?
- Heuuu. Oui ! De ce fantôme terrible qui fait partie de votre Maison !
- N'aie crainte Bella ! Ce n'est pas ici qu'il rôde en cette soirée de fête ! intervint Arnold.
Ils arrivèrent dans la Salle des Serpentards. Tom resta dans l'entrée à l'abri des regards. Arabella suivit Arnold qui déposa le coussin de velours vert dans une vitrine prévue à cet effet. Elle aimait tant regarder les baguettes magiques et celle-là était magnifique.
Arnold courut alors vers le dortoir des garçons. Arabella attendait impatiemment au pied de l'escalier. Elle jouait à la marelle sur le damier de dalles blanches et noires qui recouvraient le sol de la Salle.
Arnold ne traîna pas. Il redescendit quatre à quatre les marches en faisant sauter un petit paquet dans sa main.
- Tiens, dit-il... Voici ce que je t'ai déniché ! ouvre !
Arnold scrutait les traits de sa soeur pour y déceler la surprise que cela lui causerait. Arabella déchira maladroitement le papier cadeau.
Elle manipula un petit objet métallique fait d'anneaux encastrés les uns dans les autres.
-C'est quoi ? demanda-t-elle les yeux ronds.
- Un petit retourneur de temps qui peut revenir quelques minutes en arrière ! dit Arnold doucement.
Se croyant seuls, Arnold poursuivit...
- Ainsi tu pourras réparer tes bêtises toute seule, ma petite cracmol adorée !
C'est à ce moment-là que Tom sortit de l'ombre pour se rapprocher de son compagnon de classe.
- Que viens-tu de dire, Arnold ? Arabella est cracmol ?
Les enfants furent troublés de voir leur intimité rompue. Ils réalisaient la folie qu'ils venaient de faire. Ils tentèrent de rallier Tom au secret le plus total. Ils furent soulagés de voir que celui-ci acceptait sans difficulté. Arabella, dans sa spontanéité toute enfantine, embrassa Tom pour sa gentillesse.
Après quelques secondes de silence, Tom reprit la parole.
- Tu sais, Arnold, la baguette que tu viens de remporter, n'est pas une baguette ordinaire. C'est celle de Serpentard ! Elle a beaucoup de pouvoir, tu sais. Tu pourrais l'utiliser pour que ta soeur devienne une vraie sorcière ! dit Tom doucement.
- Mais, Professeur Dippet m'a bien dit que je ne pouvais pas l'utiliser ! répliqua nerveusement Arnold décontenancé. C'est interdit. Il doit bien y avoir une raison !
- Ecoute, Arnold, tu fais comme tu veux ! reprit Tom. Mais je trouve que ce serait dommage de ne pas essayer.... Il suffit de prendre la baguette en main, de la placer au-dessus de la tête de ta soeur et de penser très fort à ce que tu désires pour elle ! Aucune formule magique, rien à faire ....... Je l'ai lu dans un vieux grimoire de la Bibliothèque.
Arnold était indécis. Tom en profita pour le laisser seul. Il s'éloigna et avant de franchir le pas de la porte, il se retourna pour dire:
Allez, je vous laisse... A demain, si je ne te vois plus ! Au revoir Arabella !
Moi, je retourne dans la Grande Salle.

Non ! cria Mrs Figg ouvrant les yeux comme au sortir d'un cauchemar... Je ne peux pas aller plus loin !
Sa poitrine palpitait, sa respiration était rapide.
Non ! Je ne veux pas revivre cet horrible moment ! Mon chagrin est encore trop vif, la souffrance de mes parents a été si cruelle.
Arabella ferma les yeux. Elle les rouvrit soudain.
Je n'ai qu'une consolation ......reprit Arabella. Sa voix était sèche et ses yeux noisette lançaient des étincelles.
Jedusor n'a jamais pu récupérer cette baguette. Elle s'est consumée dans la main de mon frère.


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Message par Mouah Jeu 12 Jan - 21:40

Tu as bienfait de ré-éditer tes contes, Suzy. je ne les avais pas lu la première fois. Là, je les lis sur les genoux d'Apsara, comme Snowpuff est près de toi Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours) - Page 2 Chat_l11
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Message par Suzywa Mer 18 Jan - 22:42

Bonne lecture Mouah ! Bisou

Coeur de cracmol
(cinquième volet)

- Je commençais à m'inquiéter moi, dans ma petite maison des faubourgs ! Ca fait deux jours que je ne t'ai plus vu, Snowpuff... commencé-je sur un ton de reproche.
- Tu m'en veux, n'est-ce pas ? ronronne-t-il.
Je fais « non » de la tête.
-Je me tracassais. J'avais peur que tu te sois fait écraser !
- Chaque fois que je recroise Tom Jedusor dans un souvenir, ça me fait trop de mal. m' explique Snowpuff. Je dois bouger, courir pour oublier cet homme abominable. raconte-t-il sur un ton de regret. J'ai oublié de te le dire ! s'excuse le fléreur.
Il vient se frotter contre mes jambes et c’est comme l'effet d'un sortilège d'amnésie, tout reproche s'efface de mon coeur.

Snowpuff mange comme un goinfre. Après deux jours de fugue, c’est bien compréhensible.
Nous nous installons dans le fauteuil près de la cheminée. Il est mollement couché sur mes genoux.
Malheur, je n'ai pas perçu son ronronnement très doux. Il a déjà commencé son récit.
Je me faufile vite dans ses yeux mi-clos pour ne plus en perdre une miette.

Je me retrouve au second étage de la maison de Mr Ollivander.
La salle-à-manger est décorée de ballons-musiciens et une grande banderole est tendue de part en part de la pièce. Les grandes lettres imprimées sur la large bannière aux couleurs de l'arc-en-ciel forment " Joyeux anniversaire". Elles chantent la chanson traditionnelle pour cette occasion en ouvrant leur bouche toute grande.
Les Figg sont là, Arabella, Kate et William. Le fabriquant de baguette et Albus Dumbledore participent aussi à la fête. Ils sont tous assis autour d'une table ovale décorée d'une nappe blanche toute simple.

- Onze ans ! Les voilà enfin, ma chérie ! s'exclama Kate.
Elle sourit et parlait joyeusement mais on voyait sur son visage que l'allant n'y était pas. Kate était pâle, ses traits tirés, quelques fils d'argent brillaient à présent dans sa chevelure.
- Ma chérie, reprit William, souffle tes bougies et fais le voeu qui te suivra tout au long de cette année !
William aussi accusait une certaine fatigue. Des rides se creusaient au coin de ses yeux. Les rires d'antan en avait tracé les premiers sillons, le chagrin et les soucis les avaient rendus bien plus profonds.

Arabella baissa les paupières. Après un moment de réflexion, elle inspira très fort et souffla sur les onze flammes qui illuminaient une Charlotte aux cerises.

Le quinzième jour de ce mois de juillet 1942 était radieux, mais il pleuvait dans les coeurs des personnes réunies autour de cette table. L'absence d'Arnold y était pour beaucoup, bien sûr.
Le problème d'Arabella y contribuait aussi.
Le onzième anniversaire est une fête pour un sorcier doué de pouvoirs intacts. Pour un cracmol, onze est un nombre maudit et redouté. Il est signe de réclusion, de bannissement pour lui et ses proches. Il est source de questions embarrassantes, de racontars et de jugements abusifs de la part de l'entourage. Arabella les avaient imaginées ces questions et réflexions gênantes.
" Bonjour, Madame ! Alors, votre fille entre à Poudlard en septembre ? " ou " Mon Dieu, vous connaissez la nouvelle ? La petite Arabella, des Figg ! Elle est cracmol ! Oui ! et blablabla".

Albus se leva péniblement. Il avait mis une robe qui s'accordait bien au ton des cerises juteuses qui mettaient le gâteau en valeur. Il se dirigea vers le hall d'entrée et revint lentement vers la table des convives.
Tous virent le Choixpeau magique entre ses mains. Ce couvre-chef était vraiment vieux et râpé. Arabella lui jeta un regard empli d'appréhension.
Le professeur Dumbledore s'assit lourdement sur sa chaise, il leva les yeux et chercha ceux de la jeune fille.
- Arabella , commença-t-il, voici venu le jour où ce chapeau va nous faire savoir si tu as quelques pouvoirs cachés en toi. Aujourd'hui, je n'ai pas amené mes friandises, dit-il avec un triste sourire. Quatre ans se sont écoulés, depuis. Tu es grande à présent et tu as passé des épreuves que peu d'enfants de ton âge ont eu à subir. Je voudrais donc te demander d'accepter ce dernier test, tout simplement.
L'enthousiasme ne se lisait plus sur les visages. Avec lenteur, Arabella les passa tous en revue et enfin croisa, une seconde fois, le regard du professeur Dumbledore.
- Non ! répondit-elle dans un souffle.
Albus et les autres relevèrent leur visage.
- Mais, enfin Arabella ! dit son père sur un ton offusqué.
- Non, papa. Je ne peux pas le faire car tu me l'as demandé. reprit Arabella d'un ton plus assuré, cette fois-ci.
- Comment ça ! reprit William en se reculant pour se mettre hors de cause. Je ne t'ai jamais....
- Si, papa, il n'y a pas dix minutes. Là, avant de souffler les bougies de mon gâteau ! précisa-t-elle d'une voix posée et très calme. Tu m'as demandé de faire un voeu et je l'ai fait : Je ne veux plus toucher à la magie.
Tous équarquillèrent les yeux de surprise en entendant cette résolution. Arabella reprit immédiatement.
- Je sais que je suis née cracmol avec des parents sorciers. C'est comme ça, il faut que je l'accepte.
La magie a tué mon frère. Il a pensé qu'elle pouvait tout résoudre. Mais c'est faux ! Je serai toujours une cracmol. Même vous, qui êtes si pleins de pouvoirs, vous n'avez pas pu trouver de solution.
Je n'ai même plus envie d'être sorcière. Ca me fait peur cette force surnaturelle qui peut faire tant de mal. Je n'ai plus envie d'aller à Poudlard. Pourquoi y aller? Pour me retrouver nez à nez avec Tom Jedusor ?
Tout le monde écoutait cette fillette de onze ans dont les paroles trahissaient une maturité autrement plus grande que celle de son âge réel.
Albus Dumbledore baissa les yeux. Il n'y avait rien à dire.
- La vérité sort de la bouche des enfants ! conclut-il en relevant la tête avec un
sourire très tendre. Albus s'adressa à Will et Kate. Vous pouvez être fiers d'avoir une fille telle qu'Arabella.

Kate se leva et commença à couper le magnifique gâteau de crème blanche décoré de fruits rouge profond.
En plongeant la lame dans la pâte tendre, elle eut l'impression de détruire les derniers instants d'innocence et de pureté de cette famille. Tous avaient la même pensée en tête.
Qu'allait-il se passer maintenant que le secret ne pourrait plus être caché bien longtemps ?

Kate chassa ses idées noires derrière un sourire enfantin.
- C'est l'heure des cadeaux, à présent ! dit-elle avec entrain.
Kate se leva et se dirigea vers le minuscule salon. Elle ramena une boîte dont les côtés étaient percés de trous de petite taille. Un magnifique ruban rouge maintenait le couvercle bien immobile.
- Voilà, Arabella. Nous te l'offrons. Nous avons tous les quatre choisi ce cadeau pour toi, rien que pour toi.

La fillette retrouva vite sa spontanéité toute enfantine. Elle déballa le paquet à la hâte. A sa plus grande surprise, le couvercle se souleva sans qu'elle intervînt. Deux yeux lumineux observaient les alentours dans la fente ainsi créée. La boîte s'ouvrit un peu plus et une tête de chat au pelage roux apparut. Arabella ôta le couvercle. Le chat resta sans bouger et regarda la petite fille.

- Ooooh ! Un chat ! maman, papa .... comme c'est une bonne idée !
- Ce n'est pas un chat, Arabella, c'est un chaton ! dit William.
- Un chaton particulier, reprit Mr Ollivander, il vient du magasin du Chemin de Traverse : la "Ménagerie magique".
- Il a du sang de fléreur dans les veines ! compléta le professeur Dumbledore. Ce chaton est de race pure, il sera ton compagnon idéal, ton confident, il sera ton relais avec notre Monde de la Magie. Les fléreurs sont très affectueux et très sensibles. Tu découvriras bien vite ses dons par toi-même. ajouta-t-il.

Arabella avait déjà pris le chaton dans ses bras et le caressait délicatement. La petite fille s'assit dans un fauteuil et commença à jouer avec le jeune animal.
Après quelques minutes, Arabella passa sa tête par-dessus le siège et s'exclama :
- Monsieur Dumbledore ! Monsieur Dumbledore ! Il m'a dit qu'il s'appelait Pompon ! Le chat m'a parlé dans ma tête, comme Arnold ! Je vous jure que c'est vrai, Pompon m'a parlé !
Les quatre adultes échangèrent alors un sourire entendu, rassurés d'avoir fait un excellent choix. Le soleil venait de chasser la pluie dans leur coeur.

Monsieur Ollivander tourna la tête en direction du fauteuil où était assise la petite fille. Cet homme avait beaucoup voyagé, comme ses ancêtres. Sa culture était immense.
Il se leva de table et se dirigea vers Arabella. Il se carra dans le fauteuil qui lui faisait face et prit la parole.
- J'ai traversé de nombreux pays, raconta-t-il. J'aime m'imprégner des cultures étrangères à la nôtre. C'est en Inde que j'ai rencontré une ferveur particulière pour les chats et plus spécialement pour les fléreurs. Ils ont neuf vies...
- Comment ? coupa Arabella. C'est vraiment vrai cette histoire ? répliqua-t-elle avec des yeux tout ronds.
- Bien sûr ! répondit l'artisan. Il ne te lâchera pas de sitôt, ton ami Pompon !
Je voulais donc te dire qu'en Inde, une légende passe de bouche à oreille. Elle raconte comment les fléreurs ont acquis cette faveur. Je vais te la raconter.

Monsieur Ollivander se mit dans la peau du conteur. Sa voix était expressive et il mimait très comiquement la situation. Cela amusait beaucoup Arabella . Des feux de Bengale illuminaient à présent les coeurs de l'assistance.
- Un vieux matou, mathématicien émérite mais fort distrait et incroyablement paresseux, somnolait à l'entrée d'un temple. De temps à autres, il entrouvrait un oeil pour compter les mouches du voisinage et replongeait presque aussitôt dans sa douce léthargie.
Shiva vint à passer par là. Il était émerveillé par la grâce naturelle, toute féline, que l'animal avait conservée, malgré un embonpoint considérable dû à son oisiveté. Le Seigneur des Mondes lui demanda: "Qui es-tu et que sais-tu faire?"

L'autre, sans même ouvrir les paupières, marmonna:

- Je suis un vieux fléreur très savant, et je sais parfaitement compter.
- Magnifique! Et jusqu'à combien peux-tu compter?
- Voyons...... je peux compter jusqu'à l'infini !
- Dans ce cas, fais-moi plaisir. Compte pour moi, l'ami, compte...

Le félin s'étira, bâilla profondément. Puis, avec une petite moue de dédain amusée, se mit à réciter:
- Un...deux...trois...quatre...

Chaque chiffre était prononcé d'une voix plus murmurante et vague. A sept, le chat était à moitié endormi. A neuf, il ronflait carrément, plongé dans un sommeil béat.

- Puisque tu sais seulement compter jusqu'à neuf, décréta le grand Shiva, Souverain des Sphères, je t'accorderai neuf vies.

C'est ainsi que les chats disposèrent de neuf existences.

Mais Shiva était aussi un subtil philosophe, il médita longuement tout en veillant le chat. Le matou lui avait assuré qu'il pouvait compter jusqu'à l'infini. Certes, il s'était arrêté au nombre neuf, puis s'était endormi. Or, le sommeil, sans nom, sans forme, sans pensée, n'est-il pas une fidèle préfiguration de l'infini?
Alors, équitablement, Shiva compléta son décret:
- Je décide qu'au bout de ses neuf vies, le chat accèdera directement à la Félicité Suprême.

Snowpuff bâilla à ce moment précis du récit. La bulle dorée de ses souvenirs éclata d'un coup et je sortis de justesse de ses pensées avant que la porte de ses paupières ne se refermât sur la nuit de ses rêves.

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Message par Mouah Ven 20 Jan - 16:28

Huh Apsara n'a pas su m'expliquer comment Arnold était mort : brûlé par la baguette qui s'est consumée dans sa main ? Il essayait vraiment de donner des pouvoirs à Arabella ? Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours) - Page 2 Chatlu12
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Message par Suzywa Ven 20 Jan - 20:25

Sad Alors j'ai demandé à Snowpuff et il me dit qu'un jour, Arabella a fortement réagi en lisant une publicité de Vitmagic, dans la Gazette du Sorcier.
Elle s'est mise à pleurer et à vociférer que c'était des charlatans qui étaient responsables de la mort de son frère.

Arnold avait écrit pour expliquer le cas de sa soeur. Il avait reçu un courrier lui apprenant qu'il pouvait essayer une formule magique spéciale. Une formule inoffensive, bien sûr. C'est l'utilisation de la baguette de Serpentard qui fut fatale au frère d'Arabella. Une baguette d'une force incroyable, inexploitable par le commun des sorciers.
En détruisant le jeune usurpateur, elle s'est malheureusement (ou heureusement ?) détruite elle-même et ça, Tom ne l'avait pas prévu...
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Message par Mouah Ven 20 Jan - 21:21

Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours) - Page 2 Chat_h10 Merci, Suzy et Snowpuff !
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Message par Suzywa Sam 21 Jan - 13:07

Wink De rien ! Snowpuff est plus à l'aise maintenant et je peux lui poser tes questions, Apsara !

Alors, chez Hepzibah Smith, il a bien agi comme il l'a fait ici, chez moi. Il attire l'attention tout en restant farouche et puis, entre dans l'intimité de la personne qu'il a choisie.
Une surprise quand même... Clignote Il m'a révélé que c'était surtout Hockey qui l'avait attiré et non Hepzibah vis-à-vis de laquelle il est toujours resté distant. scratch

Crying or Very sad L'avoir recueilli me pose quand même certains soucis ménagers !
Je trouve que mes ampoules sautent à répétition ces temps-ci. Cela fait plusieurs fois que je rédige des messages de réponses pour vous et, au terme, ils disparaissent de l'écran sans que je sache pourquoi ! Je dois tout recommencer. C'est pourquoi j'ai décidé de vous envoyer la copie du contrat de location parce j'avais tout détaillé dans un seul message et puis, pfffft ; plus rien !
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Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours) - Page 2 Empty Re: Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours)

Message par Mouah Sam 21 Jan - 13:28

L'avoir recueilli me pose quand même certains soucis ménagers !
Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours) - Page 2 Chat_p10 Que me dites-vous là , Un félin, poser des problèmes domestiques ??
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Message par Suzywa Mer 25 Jan - 20:37

T'inquiète pas, Mouah ! Je ne ferai aucun mal à Snowpuff ! Je le garde, il m'intrigue trop !

Allez, la suite ! Voici le volet 6, l'avant dernier.

Coeur de Cracmol
(volet 6)

Snowpuff a retrouvé sa sérénité. Il joue dans le jardin avec les chatons de la voisine mais, ça y est, la pluie recommence à tomber dru. Il rentre trempé dans le salon.

Je le regarde de mon divan. Je suis occupée à lire allongée sur le côté, confortablement installée, je déguste le thé d’Estelle que j’ai reçu au swap d’Halloween.
Le soir est tombé, j’allume la lampe d'appoint qui se trouve sur le meuble hérité de ma grand-mère pour continuer ma lecture. Le fléreur s'assied au pied du fauteuil et m'observe intensément, les yeux mi-clos, la tête penchée.
Soudain, la pièce est plongée dans la pénombre. L'ampoule de la lampe vient de sauter.
Dans un soupir d'exaspération, je lui avoue que j'ai un souci depuis qu'il vit dans la maison.
- Snowpuff, j'hésitais à te le dire mais depuis que tu vis ici, je ne compte plus les pannes.
- Tu me fais penser à Mrs Figg ! m'envoie-t-il dans un petit miaulement. Elle m'a dit la même chose. Magie et électricité ne font pas bon ménage me ronronne-t-il. Mes pouvoirs magiques font conflits avec l'électricité moldue.
Un silence s'installe. Snowpuff reprend.
- Qu'est-ce que tu fais ? me demande-t-il.
- Mais tu vois bien, je change l'amp.... répondis-je en jetant un regard par-dessus mon épaule
- Non ! coupe-t-il en sautant sur le fauteuil. Il avait placé sa patte sur le livre que j'avais posé en attente sur le sofa pour attirer mon attention.
- Oh, là ? Tout à l'heure ? Je lisais, Snowpuff ! J'aime lire, poursuis-je en terminant de visser l'ampoule neuve dans le soquet de ma jolie lampe.
- Arabella, aussi, aime bien cette occupation ! me dit-il dans une moue qui fait penser à un sourire. Tu veux que je te montre ? me demande-t-il doucement.
Je regarde la pendule sur la cheminée, il est encore tôt. L'heure du repas est loin et j'accepte la proposition de Snowpuff. Je m'installe dans le sofa et le félin se plaque contre ma cuisse, face à moi. J'avais envie caresser son pelage encore humide. Il commence à ronronner et je suis emportée sur le dos de cette musique rassurante.

Mrs Figg est assise dans le salon de sa petite maison de l'East-End de Londres. Elle a placé le fameux lutrin articulé sur une table à roulettes afin de le rapprocher le plus possible de son visage.
Je ne peux pas la voir, elle est cachée derrière ce meuble aux dimensions considérables. Je vois seulement bouger le bras métallique qui passe de temps à autre de droite à gauche, j'entends un bruit de froissement. Je comprends. L'outil mécanique tourne les pages d'un livre.
Je m'approche et change l'angle de vision. Je me retrouve à côté d'elle et découvre qu'elle lit un livre illustré, un livre de contes de fées. Arabella se tourne. Ses yeux commencent à pétiller de malice.

- Je suis occupée à lire un conte du Monde magique. Il retient mon coeur depuis hier. Il s'appelle "East of the Moon and West of the Sun".
Les contes ne sont pas fait que pour les enfants précisa-t-elle doucement. A tout âge, ces histoires nous révèlent des secrets. Le pouvoir des contes est immense ! avoua-t-elle mystérieusement.
Mais, je vois que tu te demandes ce qu'une femme de mon âge fait, là, à lire des contes d'enfants ! dit-elle gaiement.
Encore une fantaisie que tu ne saisis pas, n'est-ce pas ? Tu es bien comme Pompon ! Les fléreurs sont des animaux charmants mais très terre à terre. Il faut tout leur expliquer ! finit-elle dans un soupir exaspéré.

Mrs Figg repoussa la table à roulettes et se leva pour se diriger vers le mur décoré de photos. Elle cherchait un cliché.
- Le voilà ! s'exclama-t-elle en se mettant sur la pointe des pieds pour décrocher un petit cadre de bois.
Elle revint s'asseoir dans son fauteuil pour me le détailler.
- C'est la dernière photo que j'ai prise du monde de la magie dit-elle avec un brin de mélancolie.
C'est la dernière de toutes celles que tu vois sur ce mur. Ce pan me rappelle tous mes souvenirs dans le Monde magique jusqu'à mes quatorze ans.

Je détaillai la photo que Mrs Figg me présentait. Je reconnus les parents d'Arabella ainsi que Pompon.
Ils étaient sur le départ. Leurs bagages s'entassaient autour d'eux.
Kate était toujours aussi belle. Elle avait les cheveux libres et une douce brise les faisaient s'envoler.
La femme avait un geste gracieux. De la main gauche, elle écartait doucement une mèche blanche qui passait devant ses yeux bleus, de l'autre, elle serrait le bras de William pour se rapprocher de lui.
Will était un peu plus voûté mais il avait l'air amusé. Pompon était monté sur son épaule et voulait continuer sa progression. Il fixait l'objectif.
Il ressemblait à un alpiniste qui pose au sommet d'une montagne. Le chat dépassait tout le monde, pattes avant posées sur le crâne de Will.
Soudain, une autre personne entra dans le champ de vision. C'était ce cher Mr Ollivander, ami fidèle des jours sombres.
Il portait un gros livre. Il semblait pareil à celui qui était sur le lutrin. Il le remettait à Kate et dans la continuité, il pointait son index vers l'objectif.
- C'est curieux, s'exclama Mrs Figg. Ses paroles me reviennent d'un coup, comme si je les avais entendues hier ! reprit Mrs Figg. " J'ai un cadeau pour toi, Arabella. Je n'aime pas les grands discours avant les départs, alors je vais être bref. Ce livre est un recueil des contes de notre monde magique. Maintenant que tu t'en vas avec tes parents de l'autre côté du Chemin de Traverse, je voulais te le donner. Lis-le, si de temps en temps, tu veux bien te souvenir d'un vieil homme comme moi ! dit-elle malicieusement imitant une voix masculine. Lis-le si, de temps en temps, notre Monde te manque. "
Mr Ollivander avait serré ma tête entre ses mains. Un silence tomba, très court. Je me souviens encore de la tendresse de ses yeux gris.... poursuivit-elle tout bas.
Les deux années précédant notre départ, Monsieur Ollivander avait poursuivi, seul, la tâche d'enseignant. Nous avions tissé des liens très forts. Il y a si longtemps que je n'avais plus pensé à lui. avoua-t-elle avec un soupçon de remords dans la voix.
Depuis que tu es là, Snowpuff, je redécouvre ses photos. Ils étaient là, mes amis de naguère, et je ne les voyais même plus.
Je me raccrochais uniquement à leur mouvement rassurant sans plus les regarder, sans plus les observer.
Monsieur Ollivander est revenu dans mes souvenirs. Regarde, j'ai ressorti son cadeau. dit-elle avec tendresse.
Depuis deux jours, je relis les histoires du Monde de la Magie que j'avais effacées de ma mémoire.

Arabella se rassit devant son lutrin. Elle fixait le gros ouvrage ouvert devant elle. Elle ne lisait pas, non, elle rebobinait dans sa tête le fil de ses souvenirs.
- La guerre moldue tirait à sa fin. reprit-elle rêveuse.
En 1945, les écoles s'étaient rouvertes du côté des moldus et je devais bien m'inscrire quelque part ! Du moins jusqu'à mes seize ans !
Depuis sept ans, nous vivions mal du côté de la boutique de Mr Ollivander, malgré toute la bonté et l'affection de ce brave marchand.
La famille de mes parents avait peu à peu creusé de la distance avec eux.
Seule, Tante Bonnie, la soeur de maman, gardait des contacts très réguliers et prenait à coeur de nous soutenir dans cette épreuve de tous les jours. Nous nous sentions très isolés.
Notre seule nouvelle amie était Madame Okabi. Elle faisait la manche sur le Chemin de Traverse pour recueillir un peu d'argent en faveur de la Société de Soutien aux Cracmols. Elle aussi nous donnait des conseils, des contacts à prendre. Elle avait un enthousiasme qui nous réchauffait le coeur. Maman et elle devinrent très proches.
Malheureusement, les cracmols ne sont pas légion à Londres. On peut les compter sur les doigts de la main. On ne parle pas de ce sujet tabou ! Avoir un enfant cracmol signifie que la branche sorcière est coupée, que le nom se perdra du côté moldu pour quelques générations du moins !
C'est pire que d'attraper la peste ou la dragonite dit-elle sur un ton offusqué.
Mes parents n'avaient plus que moi. Il leur fallait me donner toutes les chances pour que je mène une vie adulte autonome et harmonieuse.

Ils décidèrent de tourner une nouvelle page de leur vie. Kate et William Figg prirent alors une grande décision.
Pendant quatorze ans, j'avais vécu dans le monde magique, ils voulaient à présent m'emmener dans le monde moldu pour que je puisse y trouver de nouvelles marques. Ils voulaient que je puisse choisir l'endroit où je déciderais de mener mon existence.
Ils m'accompagnèrent dans cette vie, rangèrent leur baguette magique et papa se fit embaucher de l'autre côté de la frontière.
C'est Idris Okabi qui se mit en quête de nous trouver un logement grâce à la structure de la S.S.C.
Cette société avait établi son quartier général dans les environs de Whitechapel, dans l'East-End de Londres. C'est donc dans cette modeste maison des quartiers pauvres de Londres que nous nous sommes installés en juillet 1945.
La vie ne fut pas simple pour mes parents.
Ils avaient décidé de faire une croix sur la magie mais ce fut pratiquement impossible. Les sorciers ont une constitution différente. Leur cerveau produit des ondes particulières qui ne sont pas en phase avec celles que produisent les moldus. Notre pire ennemie fut ce qu'on appelle ce côté-ci du monde : la fée électricité.
Nous avions constamment des pannes !
Heureusement, papa était un inventif. C'est lui qui a trouvé tous ces aménagements mécaniques pour que maman puisse quand même avoir un certain confort.
Papa s'était plus particulièrement adapté à la vie non magique de Londres.
C'était un bon artisan. Il était encore jeune, il n'avait que trente-neuf ans quand nous sommes arrivés ici.
Il trouva une place dans une manufacture.
La maison Pickering faisait des reliures recouvertes de papier avec impression en couleur ou en or. C'était magnifique. Papa prenait plaisir à travailler cette matière, manuellement, sans magie. Il était très ouvert aux découvertes de ce monde moldu.
Parallèlement à ce travail, il s'était intéressé à une invention de cet univers-ci. Il étudiait le principe des batteries et des piles.
Comme nous avions constamment des pannes d'électricité, papa avait mis au point une énorme dynamo dans la cave.
Nous avions déjà des chats alors il a profité de leur présence pour confectionner une roue à aubes à leur mesure.
Chaque jour, mes chéris se relaient pour actionner ce mécanisme de leurs pattes vigoureuses. dit-elle dans un rire enfantin. Ce sont eux qui fabriquent l'énergie électrique en l'accumulant dans une énorme cuve. Papa était vraiment génial !
Il imaginait aussi pouvoir concentrer la magie dans de petites capsules tout à fait identiques aux piles moldues.
Imagine, pour nous, cracmols, cela aurait été une invention des plus utiles ! Il en avait parlé avec le professeur Dumbledore.

J'avais des parents courageux et formidables se rappela Mrs Figg avec nostalgie. Par amour pour moi, ils s'étaient ouverts à ce monde nouveau.
Tu sais, Snowpuff, j'aide toujours Idris dans son Association et je peux te dire que je me rends compte de la chance que j'ai eu d'avoir des parents si ouverts, si positifs.
Ils ont fait de leur mieux pour que je me sente bien dans ce monde moldu où j'ai décidé finalement de construire ma vie.
Oh ! ce n'est pas un roman d'aventures. Je fais la quête, je m'intéresse aux déshérités. Nous faisons des colis de nourriture pour les familles en difficulté qui sont exclues de leur monde et de leur famille. Il y en a vous savez, plus qu'on ne peut l'imaginer. J'ai aussi commencé à faire l'élevage de fléreurs ! Grâce à Pompon....dit-elle un sourire aux lèvres.
Ce petit commerce me permet de vivre décemment. "La ménagerie Magique" a recueilli bien des fois les petits de Pompon et Mignonnette, tu sais !

Après sept ans de vie en pays moldu, quand mes parents ont vu que je plantais mes racines dans ce monde, lorsqu'ils ont constaté que je pouvais poursuivre, seule, ma vie de femme adulte, ils sont retournés vivre à Godric's Hollow.
Papa a retrouvé son travail dans la manufacture de parchemin mais au lieu de poursuivre ses recherches sur le papier photo, il a installé un petit atelier dans le grenier pour y faire des expériences et tenter de mettre ses piles magiques au point.
Malheureusement cette démarche n'a jamais pu aboutir. Papa est mort, il y a quelques années.
En 1978, il s'est engagé dans l'Ordre du Phénix quand il a appris que Voldemort voulait imposer ses idées et s'emparer du pouvoir. Il avait une haine féroce qui lui collait au coeur depuis la mort d'Arnold.
Le soir de sa première offensive contre ce diable des Ténèbres et ses mangemorts, il n'est pas revenu .
Arabella fixa les grosses pantoufles écossaises qu'elle avait aux pieds. Elle resta sans voix.
C'étaient les pantoufles de papa.... souffla-t-elle en réponse à une question qu'elle seule avait entendue.
Je sais que c'est ridicule ! Mais rien n'y fait. Je les garde aux pieds....

J'ai un autre souvenir de lui, dit-elle après une longue pause.
Avant de retourner à Godric's Hollow, il m'a offert un exemplaire de contes moldus dont il avait fait lui-même la reliure.
Où est-il donc ? Arabella se leva de son vieux fauteuil. Ellle tourna sur elle-même pour chercher dans la pièce le lieu où elle avait caché ce trésor soudain revenu en mémoire.
Elle choisit soudain de se diriger vers la commode. Elle s'agenouilla, ouvrit le tiroir du bas. Elle en tira des livrets de toute sorte et en sortit enfin un gros livre à la couverture noire.
Regarde.... dit-elle tendrement en penchant la tête. On dirait du cuir !
Elle s'arrêta soudain de parler. Elle était figée, immobile, pétrifiée. Son regard rivé sur la couverture qui lui faisait face.
Péniblement, elle se releva, prit le gros livre entre ses bras et se dirigea vers son lutrin.
Nerveusement, elle le posa et referma le livre de Monsieur Ollivander. Elle installa les deux ouvrages côte à côte sur le lutrin.
-Oh ! fit simplement Arabella.
Elle avait les mêmes yeux éblouis que quand, petite, elle découvrit son fléreur en le sortant d'une boîte.
Les deux couvertures représentaient un paysage identique au détail près. Elles étaient réalisées dans la symétrie la plus parfaite.
Les doigts d'Arabella caressèrent le relief de ces chef d'oeuvre.
Ils redessinaient les arbres d'une forêt sombre. La cime des arbres était éclairée par une lune argentée et par un soleil brillant comme l'or.
Tout à coup, elle rouvrit le livre recherchant fébrilement la page du conte qu'elle avait laissé en suspens dans le livre des contes magiques.
"East of the Moon and West of the Sun" s'étalait en lettres majuscules en haut de la page.
Elle poursuivit sa logique.
D'une main tremblante, Arabella cherchait la même page dans le livre de son père.
Sa respiration se fit plus rapide.
"East of the Sun and West of the Moon " lut-elle à mi-voix.
Rapidement, elle parcourut les deux histoires qui s'offraient à elle. C'était l'histoire de la petite fille emportée par un ours qui n'était autre qu'un magnifique prince ensorcelé par sa belle-mère. La première histoire racontait le point de vue de la jeune fille. La seconde était racontée par le Prince. Les deux histoires se terminaient par la même réconciliation heureuse.

- Oh... répéta-t-elle dans un souffle. J'ai enfin trouvé ce que je cherchais sans le savoir.... Je l'ai enfin découvert ce point de rencontre entre mes deux mondes.
Elle fondit en larmes...
Des larmes de bonheur.

Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours) - Page 2 187879


Dernière édition par Suzywa le Mer 29 Fév - 19:38, édité 3 fois
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Message par Suzywa Mer 1 Fév - 13:21

Coeur de Cracmol
(septième et dernier volet)

J'ouvre les yeux, ils sont pleins de larmes. L'émotion de Mrs Figg a été si vive que j'en ai encore le coeur battant. Snowpuff s'approche de mon visage. La petite langue râpeuse lèche quelques gouttes salées. Ce geste de tendresse arrache un sourire sur mes lèvres. Il me dit :
- Larmes de bonheur et larmes de tristesse sont vitales pour nous, fléreurs. Ce sont elles qui nous tiennent si proches des pensées de ceux que nous affectionnons. Les larmes ont des pouvoirs magiques dont vous, moldus, ne soupçonnez pas encore la force.
Je reste sans voix devant cette découverte emplie de sagesse.
Snowpuff reprend :
- On arrive au bout de cette histoire. Je devais bientôt rejoindre les rues de Londres pour de nouvelles rencontres. Aujourd'hui, je t’emporte chez Arabella. Regarde bien la date du calendrier, tu liras : 31 octobre 1981. Snowpuff lèche une dernière larme et attrape mon âme dans ses yeux couleur fauve.

Il se fait tard. La nuit recouvre encore le monde de son voile noir. Par la fenêtre, je peux voir les citrouilles d'Halloween éclairer le seuil des maisons de leur chaude lumière.
Des enfants moldus déguisés en sorciers défilent joyeusement sur les trottoirs, récitant leurs chansons traditionnelles. Ils ne savent plus que faire de leur panier qui regorge de friandises et ils rient aux éclats en se disputant les bonbons qui tombent sur le sol gelé.
De gros pétards éclatent dans la rue. De vrais sorciers en longue robe soyeuse dansent. Ils lancent dans le ciel clair tantôt des fleurs de feu, tantôt des dragons multicolores que les passants admirent bouche bée.
Jamais Halloween n’a duré aussi longtemps. Jamais, il n'a éclaté d'une telle joie dans les rues de ce quartier si pauvre de la capitale. Cette allégresse réunit tous ses habitants qu'ils appartiennent au monde moldu ou au monde de la magie.
Mrs Figg est assise à sa petite table ronde et regarde toute cette animation nocturne. Elle chante une de ces chansons que les sorciers fredonnent en cette nuit de fête. Les paroles sont tristes et nostalgiques, mais la mélodie qui les accompagne est douce et réconfortante. La longue note finale évoque un élan d'espoir dans le coeur de celui qui l'entend.
Le salon de Mrs Figg est sens dessus dessous. On aurait dit qu'un pétard du Docteur Flibuste y avait explosé. Le mur des souvenirs est nu. Les photos sont rangées dans la boîte en bois de rose que j'avais vue le jour de mon arrivée dans cette maison. Des caisses en carton attendent, pêle-mêle, en plein milieu du tapis râpé. Les quatre chats d'Arabella sont collés à ses pieds, tout tremblants. Les félins n'aiment pas l'effervescence.
Arabella se remet à la tâche qu'elle avait interrompue. Elle a une plume à la main et écrit sur un bout de parchemin vierge. Elle avait dû fouiller pour les retrouver. Tous les tiroirs de la commode étaient ouverts laissant apparaître un fatras de livres et de feuillets. Elle s'arrête d'écrire et se met à parler :
- Viens, Snowpuff ! Une page de ma vie se tourne. Je vais enfin pouvoir faire autre chose que de m'occuper de mes fléreurs ! dit-elle d'une voix forte et enthousiaste. Je vais vivre pleinement dans mes deux mondes !
Elle se redressa sur son siège et m'invita à monter sur la table.
Une lampe à abat-jour en éclairait la surface de son halo de lumière jaune. Arabella posa une lettre devant moi et aplatit le parchemin d'un geste vigoureux avec la paume de sa main.
- Tiens ! Lis ! Tu y trouveras des nouvelles qui te feront hérisser le poil ! lança-t-elle.
Comme pour confirmer ces paroles, un hululement se fit entendre. Deux hiboux Grand-Duc se balançaient maladroitement sur les branches du lustre du salon. Ils avaient les yeux ronds et ne quittaient pas les félins du regard.

Je découvris une écriture fine et penchée. Elle était signée du professeur Dumbledore, devenu Directeur de Poudlard, à présent.

Poudlard, le 31 octobre 1981

A l'attention de Mrs Arabella Doreen Figg
Duward Street, 7
Whitechapel - Londres


Chère Arabella,


Le temps passe, les temps changent.
Cela fait bien des années que nos chemins ne se sont plus croisés. Vous étiez encore une enfant dans le dernier souvenir qui me reste de vous.
Je me rends compte que les épreuves que vous avez connues ont été bien lourdes à porter.
Un jour, j'ai demandé à votre père de m'aider. Il a accepté par amour pour vous.
Aujourd'hui, c'est à vous que je m'adresse pour que vous m'aidiez.
Un jeune enfant a perdu ses parents lors d'un combat avec Lord Voldemort, cette nuit même.
Vous connaissez l'assassin. Ce n'est autre que Tom Jedusor qui a contribué à la disparition de votre frère et de votre père.
Ce petit orphelin s'appelle Harry Potter et je dois le confier à sa famille moldue qui réside à Privet Drive au numéro 4, dans le Surrey.
J'ai le bonheur de vous annoncer que Lord Voldemort a disparu corps et bien durant ce combat. Cependant, je ne suis pas sûr qu'il ne reviendra pas. Quelques indices me donnent à croire que son retour est possible.
Ma proposition est la suivante.
Je me suis arrangé pour qu'une maison, située Wisteria Walk à Little Whinging, se libère. Elle se situe proche de celle de la famille Dursley où résidera dorénavant mon jeune protégé.
J'ai pensé à vous pour surveiller ce jeune enfant jusqu'à sa majorité sorcière.
Vous seule avez la connaissance de nos deux mondes.
Vous seule, pourrez couver des yeux ce jeune garçon qui, tout comme vous, aura un pied dans le monde magique et un pied dans le monde sans pouvoir sorcier.

Je vous demande humblement de vous joindre aux membres de l'Ordre du Phénix et d'accepter cette tâche contraignante et ingrate, certes, mais qui, à mes yeux, revêt une grande importance.

J'attends votre décision. Vous pourrez la confier au hibou que je vous ai envoyé.
Soyez assurée, Chère Arabella, de ma plus totale confiance.

Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore.



- Alors ! Tom Jedusor est hors de course, hein !? dit-elle avec dureté et détermination. Elle poursuivit d'une voix sèche.
Il a causé bien du malheur avant de disparaître. Il a tué tant d'innocents ! Il a tué mon frère, mon père. Il a osé tuer de jeunes parents, laissé un orphelin. Je ne peux plus rester ici à ne rien faire ! reprit-elle d'une voix cassante.
Arabella fit une pause et s’empara d’une seconde lettre. Elle la relut et en fit le résumé.
- Maman et Tante Bonnie m’ont aussi envoyé un courrier par hibou-express. Il vient de Godric’s Hollow. La lettre confirme ce que professeur Dumbledore a écrit.
C’était un Halloween tout à fait banal. Tous les enfants du village s’étaient déguisés et jouaient dans la rue. Puis, le petit John est passé en criant dans la rue. Thomas le suivait. Il criait aussi. C’était la peur qui vibrait dans leur voix : « J’ai vu la mort, j’ai vu la mort ! Rentrez chez vous ! La mort est ici ! » lançait John à tue-tête.
Et puis, le silence est tombé sur le village. C’était vraiment étrange comme si un sortilège avait endormi les braves gens de mon petit village.
Godric’ Hollow est longtemps animé en ce jour de fête, partagé par nos deux communautés.
Et là, d’un seul coup, plus rien !
Intriguées, maman et Tante Bonnie se sont vite rendues chez Bathilda pour lui faire part de leurs appréhensions. Quelque chose d’inhabituel se préparait. C’était vraiment palpable.
Et puis, soudain, une lueur verte a illuminé le ciel à plusieurs reprises. Une explosion a retenti. Des débris sont même retombés sur le toit de la maison Mrs Tourdesac. C’était terrible ! Les autres familles sorcières sont alors sorties de chez elles et se sont faufilées pour se retrouver chez Bathilda. C’est la doyenne de notre société sorcière et c’est elle qui prodigue conseil. L’union a toujours fait notre force au village.
Personne n’a osé faire quoi que ce soit. Une lueur verte n’est pas de bon augure. C’est la couleur de Vous-Savez-Qui et de ses acolytes. Bathilda a proposé d’attendre tous ensemble que le temps passe.
Elle possède un tableau de Bowman Wright, le forgeron célèbre dont une reproduction se trouve à Poudlard. Ce brave sorcier a transmis l’information.
Arabella se tut un moment, puis reprit la parole.
- Il faut que ce monstre ne revienne plus, plus jamais.... J'ajouterai ma petite contribution pour que ce projet puisse se réaliser.
Voici ce que j'ai répondu au professeur Dumbledore ! termina-t-elle en tendant le petit bout de parchemin.

Monsieur,

Je suis très onorée que vous ayé choisi une modeste craquemolle comme moi pour cette mission de confiance. Comme vous me le demandez, je me tiens prète à déménagè à proximité de Privet Drive .
Avoir une si belle tâche à accomplir est inespéré et je m’en aquiterai au maximum de mes modestes capacités.
Votre très dévouée

Arabella Figg.
(*)


Les hiboux déployèrent leurs ailes et se posèrent lourdement sur la table ronde. Ils tendirent leur patte droite et Mrs Figg attacha ses courriers d'une main ferme.
Arabella ouvrit la fenêtre pour permettre aux oiseaux d'accomplir leur travail de messager. L'ambiance joyeuse de la rue entra en fracas dans la pièce. Elle se pencha un peu à l'extérieur pour profiter de ce bonheur collectif puis se redressa et rabaissa la vitre coulissante.
- Moi qui ne me suis jamais mariée, moi qui n'ai jamais osé entrer dans la vraie vie. J'ai dû attendre cinquante ans pour qu'enfin je sorte de ma torpeur, de mes craintes. Je vais être vraiment utile à quelque chose, Snowpuff ! C'est toi qui as déclenché tout cela. Ce monde de la magie qui était enfoui si loin dans ma mémoire a refait surface grâce à toi.
Elle s'approcha alors. Ses yeux prirent toute la place sur l'écran du souvenir. Ils brillaient d'un si bel éclat !
C'était par milliers que se comptaient les comètes dans les yeux couleur noisette.

(*) Merci à Apsara pour le prêt de cette lettre issue de son imagination
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Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours) - Page 2 Empty Re: Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours)

Message par Suzywa Mer 8 Fév - 19:45

Snowpuff joue la nonchalance aujourd’hui !
Je constate, en fait, que c’est un chat très sentimental. S’il avait pu cacher sa tête sous le Choixpeau magique, je pense qu’il aurait été envoyé à Gryffondor !
Courageux, trompe-la-mort et la part belle aux sentiments.

Snowpuff est donc affalé sur mon tapis de laine. Les premiers rayons de ce soleil de février ont fait briller son pelage blanc cet après-midi et j'ai vu des étincelles virevolter autour de lui.
Je suis vraiment en admiration devant cet être originaire du pays de la magie.
- Je suis beau, n’est-ce pas ? ronronna Snowpuff les yeux mi-clos.
Je ris de surprise.
- Tu es gonflé ! lui répondis-je. Tu n’es qu’un chat vaniteux ! Mais, c’est vrai que je n’ai jamais vu un pelage d’une telle beauté.
- C’est aussi ce que Mrs Figg m’a dit au moment de nous séparer. Nos adieux furent très émotionnants mais il me fallait quitter la petite maison d’Arabella, je devais me résigner à repartir au hasard des rues de Londres.
J’étais, par contre, profondément heureux de la voir trouver sa place dans notre société sorcière. J’aime la chaleur de son souvenir.
Snowpuff s’arrête de ronronner pour reprendre quelques instants plus tard.
- Apparut alors la question phare de mon nouveau quotidien : « Où aller ? »

Snowpuff plonge son regard dans le mien.
Le visage d’un personnage-clé de la vie d’Arabella se dessine en gros traits brossés dans ma tête. Il m’avait paru tout de suite à la fois inquiétant et sympathique, quand je l’avais aperçu sur les photographies de Mrs Figg.
Son nom ? Mr Ollivander.

Snowpuff reprend son monologue.
- Ce sorcier n’a droit qu’à une vie, mais il doit y en avoir plusieurs incrustées en lui. Il porte sur ses frêles épaules une hérédité, un passé et une culture immenses. Ca se voit dans la profondeur de ses yeux. Même moi, simple fléreur, je ne peux remonter aussi loin dans mes souvenirs.
Le fait de connaître la légende des neuf vies des fléreurs était un indice à ne pas négliger. C’est donc chez cet homme que je décidai de chercher refuge.

Snowpuff s’arrête de ronronner mais ses réflexions ont attisé ma curiosité.
Je ressens soudain le besoin de connaître cet artisan dont le savoir remonte aux origines celtiques.

Snowpuff lit dans mes pensées et quitte le tapis. Il vient se caler au creux de mon bras gauche. Il ronronne avec force. Je l’entends me raconter la suite de l’histoire de ce vieil homme qu’il surnomme bien justement.

Le sorcier aux mille et une baguettes

- Je décidai donc de me faufiler discrètement au Chaudron Baveur quand l’animation y régnait pour profiter du premier sorcier qui passe et entrer dans le quartier marchand du Chemin de Traverse.
J’attendis que la foule s’en aille pour me balader dans les rues désertes. Je ne voulais pas prendre le risque de me faire emprisonner dans une des cages dorées de la Ménagerie Magique.
Au crépuscule, je m’assis devant la boutique étroite où avait vécu mon amie et je restai ainsi le nez en l’air à contempler les fenêtres du second étage.

L’heure de fermeture retentit, le vieux marchand sortit de son magasin pour placer les volets de bois aux vitrines de sa devanture.
C’est précisément, à ce moment-là, que je décidai de poser mon regard doré dans ses yeux gris perle.
Le vieil homme arrêta son geste quelques instants pour me dévisager.
- Que veux-tu le chat ?
Quand il entendit la réponse résonner dans sa tête, il posa le volet de bois contre le montant de la porte vitrée et s’approcha de moi. Il me caressa et me prit dans ses bras.
L’homme sentait bon. Mon odorat fin reconnut le parfum de la fibre de bois et l’arôme du thé.
Il me déposa avec précaution sur le parquet du minuscule magasin aux rayonnages multiples et je sautai sur le comptoir pour m’imprégner de l’ambiance de la salle.
Mes moustaches vibraient. Toutes ces baguettes posées sur les étagères contenaient une énergie qui émoustillait ma sensibilité féline.
- Tu es un chat bien particulier, me semble-t-il ! dit le marchand d’une voix rugueuse comme une baguette non polie. Ne te serais-tu pas échappé de la Ménagerie voisine, par hasard ? poursuivit-il en se rapprochant de moi.
Je me retournai brusquement en soufflant comme une forge, le regard mauvais, les griffes dehors.
Le vieil homme se tut. Il sourit et son visage se plissa. Ce sorcier avait tout du vieil arbre dont l’écorce s’épaissit au fil des années.
- Viens ! reprit doucement l’artisan, montons chez moi et partageons mon repas. Je lis dans tes pupilles dorées que tu as des choses à me dire !

De son éteignoir, l’homme plongea le rez-de-chaussée dans l’obscurité et monta lourdement la volée d’escaliers qui menait à l’étage. Je le suivis. J’essayais de retrouver, sur le bois des marches, quelques restes des parfums d’Arabella mais je miaulai dans ma moustache, me rendant compte de ma naïveté. Le temps avait balayé, depuis longtemps, toutes ces traces bien fugaces.

Mr Ollivander ouvrit une porte qui menait à un appartement bien rangé.
Le feu qui brûlait dans la cheminée éclairait l’espace d’une chaude lumière.
Pas de chichi dans cette habitation, juste des meubles de première nécessité. Table, chaises, fauteuil en cuir et toujours ce parfum entêtant de bois poncé qui flottait dans toutes les pièces. Il n’y avait aucun doute, le bois était locataire de cette maison.
Son odeur était si prégnante qu’elle me fit éternuer plusieurs fois.

Le brave sorcier se mit à rire de bon cœur.
- Ainsi, tu ne sais pas où aller ? Va, tu peux rester ici quelques temps si tu veux ! Je suis seul et tu me tiendras compagnie en cette fin d’automne. Je te demande juste de ne pas jouer avec mes outils de travail. Ordre et méthode sont les amis du fabricant de baguettes. Je ne suis pas comme ce Gregorovitch, moi ! marmonna le vieux sorcier d’une voix plus forte.

Encouragé par ces paroles d’accueil, je partis à la découverte de ce premier étage pendant que le vieil homme préparait le repas du soir.
Des chandeliers accrochés aux murs éclairaient trois pièces en enfilade. Les lattes du parquet étaient souples et cirées. Je m’amusais à trottiner dessus. Je me sentais léger comme une plume.
La première pièce par laquelle nous étions entrés faisait office de salle à manger, celle du milieu était chauffée par la cheminée de pierre et la dernière, la plus spacieuse, était un véritable atelier.
Des étagères recouvraient les murs disponibles. Ce n’étaient que livres, tableaux complexes et bocaux remplis de multiples ingrédients. Une fenêtre ouvrait la vue sur un petit jardin. Les branches d’un orme majestueux y protégeaient une cabane de bois. Les feuilles tombaient, recouvrant un gros tas de bûches aux couleurs et aux dimensions variées.
Je quittai le jardin du regard et me retournai pour sauter sur la grande table rectangulaire qui était au centre de la pièce. Toute une panoplie de petits outils traînaient sur cette surface balafrée. Les coussinets de mes pattes devinaient coups, entailles et griffes profondes. Je reconnus des limes, un petit étau de métal, des ciseaux à bois et une fine vrille.

Je sautai à terre quand Mr Ollivander m’appela. Je vins me frotter à ses jambes et sursautai. Des étincelles venaient de jaillir de ce frottement empli d’amitié.
Le vieil artisan en resta pantois. Son regard gris pâle se posa sur moi avec insistance.
- On peut dire que tu as du magnétisme, toi ! Je pense que nous allons faire de grandes choses ensemble ! reprit la voix rocailleuse.
Durant tout le repas, le sorcier ne me quitta plus du regard, plongé dans un monde de réflexions qui m’était totalement inconnu.
Ce bon repas réveilla la fatigue qui me vrillait le corps depuis quelques nuits. Je m’installai près du feu dans le fauteuil de cuir fauve et je me laissai tomber dans ses bras.

Des petits coups secs me réveillèrent. Après un moment, je me souvins que j’avais trouvé refuge dans cette maison toute simple. Il faisait encore noir dehors. Il devait être tard.
Je m’étirai de tout mon long en prenant soin de ne pas planter mes griffes dans la peau souple du siège et je rejoignis Mrs Ollivander.
Seules les bougies de l’atelier étaient allumées. Le vieil homme était attablé devant ses outils. J’observai une baguette emprisonnée dans un étau de petite dimension et, pendant une fraction de seconde, je vis, en flash, la silhouette d’une jeune femme d’une vingtaine d’années aux longs cheveux blonds.
Le sorcier finissait un travail. Une baguette venait de naître sous ses doigts habiles. Il terminait de boucher l’extrémité de l’objet avec une substance qui avait la même couleur que mes yeux.
- C’est de l’ambre, dit le marchand. Depuis nos débuts, en 382 avant Jésus-Christ, nous utilisons cette substance dans notre savoir-faire. Cette matière est douée de vertus magiques. Elle est symbole d’immortalité. Mon aïeul qui a débuté la tradition était druide. Il avait construit sa première baguette dans le bois d’un if. Je te raconterai notre histoire un autre jour.
Le vieil homme replongea dans son travail.
Quelques minutes plus tard, il reprit la parole.
- Les contes nordiques racontent que les perles d’ambre sont les larmes de Freyia tombées dans la mer. Savais-tu que cette déesse avait un char tiré par deux de tes congénères ? demanda Mr Ollivander en relevant son visage pour me regarder.
Je ne répondis rien, je ne faisais que répéter ce nom dans ma mémoire afin de bien l’y accrocher.
- Elle est protectrice des félins, tu peux l’appeler si quelqu’un te fait du mal un jour ! reprit le vieil homme.
Si on reste plus scientifique, l’ambre est le résultat de la fossilisation de la résine de pin, entre autres.
Tu vois, je place l’ambre au bout de la baguette, là où la main du sorcier s’en empare.
La résine fossilisée sert de bouchon pour enfermer de manière sûre les substances magiques très puissantes au cœur de l’enveloppe végétale mais elle sert aussi de condensateur. L’énergie magique brute qui circule dans notre corps passe alors dans la baguette et est sublimée dans les sorts lancés.
C’est étrange comme tes yeux ont la couleur et l’aspect de l’ambre. Je pense que le hasard ne t’a pas mis sur ma route pour rien ! termina-t-il.
Le sorcier se replongea dans ses dernières manipulations.
Après quelques minutes, je cherchai à nouveau le regard de l’homme afin qu’il entende ma nouvelle question. Je passais et revenais devant lui mais il était trop concentré sur sa tâche. Rien ne pouvait le distraire, ni mes ronronnements, ni mes miaulements discrets. J’attendis donc que Mr Ollivander termine ce qu’il avait à faire.

Après avoir libéré la baguette de son étau, l’artisan mesura la longueur de l’objet puis retranscrit à la plume, dans un grand et épais manuscrit, la carte d’identité de son œuvre :
5 novembre 1981 : baguette de peuplier, 26,1 cm, crin de licorne, sorts de défenses.
Mr Ollivander prit une boîte en carton aux dimensions voulues et emballa la précieuse baguette dans le plissé du voile fait de soie gris perle.

Une fois la boîte close, l’artisan releva la tête et me regarda en face.
- Tu voulais dire quelque chose ? formula-t-il doucement.
Mes yeux dorés envoyèrent quelques comètes que le vieil homme déchiffra.
- Comment crée-t-on une baguette magique ? Aaaah là, mon gaillard, je vais te l’expliquer dans les grandes lignes car je ne peux tout révéler de mon Art !
Quoique…… dit l’homme d’une voix hésitante. Ses yeux étaient pareils à deux lunes épanouies...
Comme tu le vois, je n’ai personne pour prendre la relève.
Je voulais justement en commencer une nouvelle et je vais te montrer comment mes aïeux procédaient.
Mes ancêtres, druides, ont transmis leurs savoirs selon une tradition orale et rituelle. Bien sûr, les connaissances ont évolué avec les siècles et, en tant qu’ouvriers, mes aïeux ont recensé des savoir-faire dans les livres que tu vois sur cette étagère.
Mr Ollivander se dirigea prestement vers l’endroit et en sortit un livre manuscrit.
- En fait, personnellement, je reste fidèle à la tradition celtique et dans cette voie-là, il faut tenir compte de quatre critères.
Le bois, la substance magique, la longueur de la baguette. Le tout combiné donne vie à la fonction de l’objet, sa force utile, sa spécialité.

Dans quelques-uns de ces livres, tu trouveras des combinaisons toutes prêtes à l’emploi mais je ne les ai ouverts que pour étoffer mes connaissances et y puiser des idées.
Certains de mes collègues étrangers vivent sur ces acquis livresques, ils reproduisent les combinaisons de baguettes très puissantes. D’autres ont poussé la réflexion plus loin et ont créé de nouveaux alliages car comme tu le sais sans doute, c’est la baguette qui choisit son propriétaire. C’est la baguette qui analyse d’elle-même les capacités, forces et faiblesses de celui qui la touche. Il faut donc qu’il existe une alchimie entre l’objet et l’être humain pour que cette énergie magique soit catalysée avec précision et efficacité.
Aucun être humain ne peut être comparé à un autre, il en est de même pour les baguettes.
Je fais partie de ceux qui pensent que chaque baguette créée doit être unique en son genre. Je ne peux me résoudre à reproduire toujours les mêmes combinaisons car c’est nier la nature ! dit-il en refermant avec humeur l’ouvrage écrit.
Un nuage de poussière vint chatouiller mes narines. J’éternuai une nouvelle fois mais le marchand n’y fit pas attention, il poursuivait sa logique.
- Je fais partie d’une lignée d’artistes et non de fabricants d’outils magiques à la chaîne comme mon collègue Gregorovitch qui crée des baguettes en dépit du bon sens.
Le vieil artisan était exaspéré. Il poursuivit sur la même intonation.
- Nous sommes tous nés quelque part et ce n’est pas le hasard qui nous a amenés à cet endroit précis de la terre. C’est là que nos racines se sont tissées et se tisseront avec notre descendance.
Il en est de même pour les plantes. Ce n’est pas le hasard qui les fait prospérer à un endroit particulier. Elles poussent là où l’ensoleillement, la température, le degré d’humidité sont les plus propices à leur épanouissement.
Dans mon jardin, j’en ai vu des massifs de fleurs se déplacer au fil des ans pour finalement pousser à l’endroit qui leur convenait le mieux !
Mr Ollivander s’animait. Il se dirigea vers la petite fenêtre donnant sur le jardin. Je le suivis et sautai sur ses épaules pour suivre son raisonnement.
- Regarde ces rudbeckies dont on ne voit plus que la tige brune surmontée d’un pompon brun, ils ont migré jusque là, alors que je les avais plantés initialement à côté de la cabane.
Je ne vis rien puisque c’était la nuit mais je le crus sur parole. Mr Ollivander est très convaincant quand il parle de sa passion. Je continuai donc à l’écouter avec intérêt.
- Tout cela pour te dire que, dans ma conception des choses, l’arbre et le sorcier ont des racines géographiques communes. Tout comme la baguette renferme l’élément organique magique, le corps du sorcier renferme la magie brute. Je suppose que tu comprends le parallèle entre ces deux organismes ! dit-il en s’adressant soudain à moi.
Voyant que je suivais la conversation avec intérêt, le sorcier poursuivit. Il faisait les cent pas autour de sa table rectangulaire. Je devais m’accrocher à sa robe pour me maintenir sur ses épaules.
- Le bois doit donc être prélevé dans le pays ou sur le continent de naissance du sorcier ou en cas d’immigration, dans le pays d’origine de la famille. Cela ne servira à rien de donner une baguette en bois de rose brésilien à un sorcier de souche écossaise car ils n’ont pas les mêmes racines.
Il faut respecter cette première évidence.
Le vieux sorcier se tut, il suivait encore le fil de ses pensées. Peu à peu, il se calma et s’arrêta devant la bibliothèque. Je me détendis et me calai plus près au creux de sa nuque.
Mr Ollivander reprit la parole d’une voix douce.
- Comme tu peux le soupçonner, n’importe quelle branche ne peut devenir baguette. C’est dans cette recherche que le magnétisme du sorcier entre en jeu.
Le vieux sorcier prit un almanach sur la plus haute étagère et rechercha la phase lunaire de l’instant présent.
- C’est bien ! conclut le sorcier en fermant le livre dans un mouvement sec.
Demain matin, nous pourrons nous rendre dans la forêt de Merthyr Tydfil.

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Message par Suzywa Mer 15 Fév - 16:30

Snowpuff profite du retour de la douceur et se promène dans le jardin de ma petite maison de banlieue. A côté du banc de bois protégé par mes cyprès, il renifle la partie de mon terrain qui reste beaucoup plus meuble qu’ailleurs.
Le fléreur me regarde et je découvre qu’un flot de questions se bousculait au portillon de ses yeux fauves.
- Je sais, Snowpuff ! Mon jardin n’a pas encore l’allure que je lui voudrais. Le gazon a poussé mais la mousse a pris possession du domaine et les pissenlits sont à l’honneur…
C’est parce que j’ai perdu l’hôte de ce lieu : un magnifique cerisier à trois troncs…. dis-je avec nostalgie. Il avait une maladie incurable, attaqué par des champignons qui lui rongeaient les racines.
Je n’ai pas pu assister à l’abattage. Le bruit de la tronçonneuse me prend toujours aux tripes.
Cet arbre n’a pas eu une vie très agréable. Personne ne l’aimait dans le voisinage à part moi. Je lui caressais l’écorce et lui parlais.
Cela fait six ans, maintenant que cette merveille est morte et la maison est vide sans le balancement de ses branches, sans le jeu d’ombre de ses feuilles, sans le parfum de ses boutons blancs.
Cela ne fait pas très sérieux, je sais ! dis-je avec des larmes dans la voix.
- Ce n’est pas vrai ! rugit Snowpuff. Les arbres aiment qu’on leur parle. Mrs Ollivander me l’a raconté. Ils sont vivants et sensibles. Eux aussi ont un langage. Tous les êtres vivants comprennent le langage de l’amour et de la haine.
- Tu as raison quand tu dis que ce sont des êtres vivants. Mes voisins se sont toujours démenés pour que ce cerisier soit abattu.
Ils sont même allés en justice. Et justice fut rendue. Tous les deux ans, je dus couper les branches de mon arbre du côté mitoyen. Et un jour, il en est tombé malade et j’ai dû le faire abattre.
Justice fut rendue car dans le mois qui suivit ce désastre, ma voisine tomba malade aussi et six mois après, elle tomba morte dans sa cuisine.
Snowpuff reste songeur devant cette fin des plus étranges. Il me répond avec sagesse :
- On n’a que ce qu’on récolte !
J’emporte le fléreur dans mes bras et pose un baiser entre ses deux oreilles.
Eole s’était levé et nous rappelait que février restait encore sous l’emprise de l’hiver.

Je reprends place auprès du feu et continue à caresser ce félin si savant, tout en l’écoutant.
Je tombe avec lui dans le décor de la maison de l’artisan.

Le sorcier aux mille et une baguettes
(second volet)

Le petit matin blafard se lève derrière un voile de brume. Le ciel est lourd. Les nuages ne vont pas tarder à verser leurs larmes fécondes.
Mr Ollivander endosse une robe écrue, épaisse et imperméable, met son chapeau pointu et ajuste un sac de toile en bandoulière. Il s’empare de moi pour m’installer dans sa besace et me fait faire un petit tour de transplanage.
Après un instant, nous nous retrouvons au cœur d’un bois aux arbres dénudés. Notre arrivée impromptue fait fuir tous les animaux qui se trouvent aux alentours.
Le vieil homme ouvre délicatement le sac de toile et je saute sur le sol.

Le sorcier avait enlevé son chapeau pour se déplacer plus aisément dans les taillis de cette forêt encore sauvage. Il l’avait posé à l’endroit exact où nous avions atterri.
Il se mit à marcher en regardant le sol, balayant sa surface selon une trajectoire en spirale de plus en plus large. Ses pas faisaient craquer les feuilles sèches et les branches cachées sous ce tapis naturel. Après quelques cercles, le vieil homme s’arrêta et ramassa une branche morte, longue comme un matou.
Ses longs doigts fins et blancs tâtèrent l’objet. Quelques baies rouges y étaient accrochées et une feuille jaunie à la base asymétrique se balançait sous le souffle léger du vent matinal. La section de la branche avait la dimension d’une de mes griffes. Elle était résistante et souple tout à la fois.
Le vieux sorcier gratta l’écorce brun foncé avec l’ongle de son pouce pour en reconnaître définitivement l’espèce. Ensuite, il la porta à ses narines pour savoir si la branche était fraîchement tombée. Enfin, il leva la tête et observa les arbres aux alentours pour en deviner l’origine.
Sans hésiter, Mr Ollivander se dirigea vers un vieil orme. La branche était dans sa main gauche. De sa main droite, le sorcier toucha le tronc du vieil arbre. Celui-ci vibra sous ce contact manuel. Le sorcier ferma alors les yeux et resta immobile quelques minutes. Il baissa la tête puis rompit le lien et déposa délicatement la branche dans sa besace.

Le vieux sorcier revint vers moi. Ses yeux brillaient d’une clarté argentée et lumineuse. Il se mit à parler.
- Tu vois, Snowpuff. Une baguette doit se créer dans le respect de la nature.
Le sorcier est tel le sourcier. Il doit retrouver l’origine du bois, son père nourricier et demander l’autorisation d’utiliser sa matière dans le Monde de la Magie. Le sorcier doit être humble devant mère nature. Cet arbre est plus vieux que moi. Il m’a dit dans son langage que je pouvais en faire une baguette magique. Ce n’est pas la première fois qu’il fait cadeau de son bois pour les hommes.
J’emmène donc cette branche aux dimensions idéales pour en sortir une nouvelle création. L’orme est un arbre respecté dans la culture celtique. Il a implanté ses racines sur les terres européennes depuis des millénaires. Il représente le principe féminin dans toute sa splendeur et c’est sous ses branches que l’on rendait justice dans le Sud de la France
De plus, cette nuit, tu m’as donné une idée tout à fait originale que j’aimerais bien expérimenter. Cette branche d’orme me confirme que mon idée n’est peut-être pas une absurdité.
Il se pencha pour me prendre dans ses bras et me serra contre lui avec affection toute la durée du transplanage.

Nous nous retrouvâmes à la boutique quelques instants plus tard. L’heure d’ouverture du petit commerce n’allait pas tarder à sonner.
En attendant, je grimpai sur les étagères pour découvrir les titres des livres qui reposaient là, depuis des années, si pas des siècles.
Ces ouvrages venaient d’un peu partout. Je reconnus l’anglais, bien sûr. Mais aussi des caractères cyrilliques, du grec, du latin, du sanskrit, bref des langues du monde entier.
Je me demandais si Mr Ollivander pouvait comprendre toutes ces langues. Cela me paraissait si extraordinaire qu’il puisse le faire.
Je découvris aussi les fameux livres de contes. La passion de Mr Ollivander que j’avais découverte au travers des souvenirs d’Arabella.
Ces ouvrages n’étaient pas poussiéreux comme les autres. Ils remplissaient tout un pan de mur. En détaillant de plus près, je me rendis compte qu’énormément de contes étaient rassemblés là et je me demandai pourquoi ils étaient présents dans cet atelier au lieu d’avoir leur place dans le salon, lieu de détente privilégié.

N’ayant pas de raison logique à me mettre sous la dent, je poursuivis ma quête et passai dans les rayonnages où étaient entreposés les bocaux de verre cylindriques.
Ils étaient de tailles diverses. Je ne m’attardai pas sur leur contenu car un tableau de grande dimension qui recouvrait le mur attira mon attention.
Les étagères entouraient cette œuvre vivante. Je m’arrêtai et essayai de comprendre l’ondoiement que j’avais repéré.
Mr Ollivander s’approcha et se mit à expliquer.
- Ceci représente un outil précieux. C’est mon ancêtre, Artus Ollivander, qui l’a réalisé au XVI ème siècle. C’est une carte géographique mondiale. Elle est dessinée sur une peau de dragon brute à peine tannée.
Regarde, les continents y sont représentés, dit l’artisan en caressant les contours de la pointe de son index. Artus n’était pas fabricant de baguettes mais il voulait aider son frère, Artémius, et répertorier le lieu de vie des essences d’arbres. Une étude de l’écosystème avant l’heure, si tu veux . Il a accompagné Magellan dans son tour du monde et a commencé à dessiner la configuration des terres et des mers.
Ensuite, pendant des années, il a transplané pour recenser toutes les espèces d’arbres et leur localisation sur cette carte. Un vrai travail d’ascète mais quelle merveille !
Ceci me permet de choisir de manière adaptée les essences d’arbres utiles à la fabrication des baguettes magiques.
Cette carte fait donc l’état des lieux des forêts encore en vie.
Le vieil artisan sortit sa baguette magique de sa poche et la pointa sur le coin supérieur droit. Une date s’y inscrivit : 16 décembre 1589. Les continents changèrent d’aspect. Ils étaient beaucoup plus boisés comparés à ce que je venais de voir. Si on s’approchait on pouvait voir les branches des arbres se balancer sous les courants d’air aux origines diverses.
Pour prouver le bon fonctionnement de cette carte, Mr Ollivander changea la date. Il inscrivit celle du 20 mars 1800. On voyait directement que l’implantation forestière s’était déjà réduite dans des proportions importantes.
Quelques espèces étaient en voie de disparition et d’autres venaient prendre la place laissée libre. Je vis s’afficher la date de ce jour de novembre 1981 et Mr Ollivander fronça les sourcils. Il observait les mouvements de la carte.
En se rapprochant, il pouvait voir de plus près que les forêts se réduisaient comme peaux de chagrin.
- Les moldus sont fous ! reprit le marchand dans un souffle de voix. Bientôt, nous n’aurons plus un seul arbre sur notre belle Terre. Ils ont une folie de déforestation inextinguible. Ils ont une manie du gaspillage qui amènera notre perte à tous. Ils se croient maîtres de tout alors qu’ils ne sont que le maillon d’une chaîne de vie.
Des espèces sont éradiquées de la planète ! Nous ne pourrons bientôt plus créer de nouveaux spécimens de baguette. Les sorciers ne trouveront plus l’essence adaptée à leurs pouvoirs propres.
Bientôt, mon métier disparaîtra faute de matière première, nos pouvoirs magiques ne pourront plus être utilisés. Te rends-tu compte, Snowpuff, des conséquences tragiques que cela aura sur notre Monde à nous ? conclut-il dans un tremolo rempli de rage et de tristesse.

Pour chasser ces idées noires, le vieil homme me caressa. Mes yeux d’ambre pétillèrent et le vieil homme poursuivit les tâches de sa journée.
L’artisan prit son sac de toile et en retira la branche d’orme qu’il avait rapportée de cette forêt du Pays de Galles. Il la posa sur la table de travail.
- Il est important de la laisser reposer là quelques jours. Vois-tu, tous ces bocaux renferment des substances magiques. Leurs forces font vibrer les ondes de cette pièce. Il est vital que ce bois fasse connaissance avec toutes ces énergies différentes. Pour cela, il faut laisser le temps au temps ! dit-il d’une voix rocailleuse grave et très douce.

Je repartis à la découverte de cet endroit fabuleux. Un autre tableau attira mon attention. Celui-ci était de grande taille aussi, tout fait de bronze. Des chiffres romains et des mots s’alignaient de haut en bas sur deux colonnes.
Mr Ollivander suivit mon regard et sourit de fierté.
- Aaah ! Je te présente un calendrier celte datant du IIème siècle après Jésus-Christ ! On en a trouvé un similaire en France et qui a été nommé : calendrier de Coligny. Personne à part nous, sorciers fabricants de baguettes, ne peut le comprendre ! dit l’artisan dans un rire un peu moqueur. Je raille parce que souvent on ne prend pas la civilisation celtique très au sérieux en comparaison de celles des grecs et des romains. Ce calendrier est un des plus complexes et des plus précis de toute l’Antiquité.
C’est un calendrier luni-solaire très compliqué qui régissait la vie agricole de notre société. Les druides sorciers l’utilisaient pour fabriquer les baguettes car chaque mois était régi par un arbre. Lors d’une naissance, le druide invoquait l’arbre protecteur de cette nouvelle vie qui apparaissait…..
Soudain, des tintements se firent entendre quelque part dans la maison. Immédiatement, l’artisan interrompit son explication. Il me laissa et descendit les escaliers le plus rapidement qu’il le put.

Les battements avaient un son aigrelet. Des clochettes ? Du verre ?
Je parcourus le petit appartement, me dirigeant à l’oreille pour découvrir cet instrument qui apparemment, battait l’heure d’ouverture de la boutique.
Je découvris que le tintement venait du magasin. Je descendis juste à temps pour découvrir l’instrument responsable de cet appel.
Mr Ollivander ôtait les volets de ses vitrines. Personne n’attendait à la porte d’entrée. Je distinguai alors le mouvement de la baguette magique en exposition dans la vitrine du magasin. C’était elle qui tapait avec force contre la vitre au rythme des coups d’une horloge. Elle s’était redressée, le manche en appui sur le coussin de velours rouge. Au dixième tintement, elle se tint immobile et retomba doucement sur son présentoir molletonné.
Comme j’étais en bas, j’en profitai pour monter sur le comptoir et découvrir cette salle exiguë à la lueur du jour.
Tout comme la veille, mes moustaches n’arrêtaient pas de vibrer. Mr Ollivander s’en aperçut et m’observa silencieusement.
Des milliers de boîtes s’entassaient pratiquement jusqu’au plafond. Je me demandais si c’était Mr Ollivander qui les avait toutes créées.
- Non ! Bien sûr que non ! répondit le vieux marchand. J’ai toujours dans mes stocks des baguettes créées par mon père, mes aïeux et j’en ai encore qui ont été réalisées il y a deux ou trois siècles. Elles attendent de trouver leur maître. Peut-être resteront-elles encore solitaires pendant de longues années. Il y en a une ici qui le restera à jamais, je pense.
Mr Ollivander chercha dans ses rayonnages une boîte particulière. Je me demandais comment il pouvait s’y retrouver alors qu’aucune indication n’était mentionnée sur les emballages.
Il monta sur une escabelle et déplaça précautionneusement ses articles en bois. Il trouva ce qu’il cherchait et descendit rapidement de son échelle pour me montrer l’objet de ses pensées.
Le marchand déballa une baguette noire qui ressemblait à celle de Salazar Serpentard. Dès que je la vis, des images successives se déroulèrent dans ma tête. Je vis un endroit exotique, une ville loin d’ici, un soleil écrasant, une grande bâtisse pleine d’enfants à la peau brune et aux cheveux noirs comme le jais. Mon regard intérieur zooma sur un enfant âgé d’environ trois ans. Sa peau avait la jolie couleur des noisettes, ses cheveux étaient noirs comme le bois de cette baguette. Quand je le vis relever les yeux, ils avaient la pâleur de la pleine lune. La vision éclata soudain comme une bulle quand Mr Ollivander se remit à parler.
- C’est une baguette en bois d’ébène avec crin de licorne. Elle est petite puisqu’elle ne fait que 21,25 cm. Eh bien, cette œuvre a cinq cents ans, c’est Artus qui a trouvé le bois au retour de son voyage.
Artemius l’a fabriquée et elle est là. Je la présente, au hasard des clients qui ne trouvent pas facilement l’objet adapté à leur capacité, mais jamais elle n’a trouvé son sorcier.
Peut-être quelqu’un la cherche-t-il en Inde, en Afrique ou dans quelque pays lointain…. dit Mr Ollivander l’air songeur.
Il plongea quelques instants dans ses pensées en rangeant le précieux objet.
En fait, la première baguette que j’ai fabriquée date de 1926. Elle est en bois d’if, fait 33, 5 cm de long et contient une plume de phénix. Ce n’est autre que celle de Tom Jedusor, devenu le puissant Seigneur des Ténèbres ! dit-il tout bas. Je reconnus de la fierté dans sa voix douce. Tout son être se redressa. C’est la maison Ollivander qui a la plus grande renommée en matière de fabrication de baguette. Jamais aucun de nos clients ne s’est plaint et Tom Jedusor a réalisé de grandes choses avec ma première oeuvre. Je me souviens du jour où il est venu ici pour acheter sa baguette magique. C’est Albus Dumbledore qui l’avait accompagné pour l’aider à acquérir son matériel scolaire.
Le bois d’if est le bois symbole de l’immortalité. Il est le lien entre la vie et la mort. La plume vient d’un oiseau fabuleux qui renaît perpétuellement de ses cendres. Cet homme vient pourtant de disparaître alors qu’il avait un outil aux pouvoirs extraordinaires.
Cette expérience de vie me fait dire qu’une baguette garde ses limites et qu’il faut avant tout la respecter.
Les yeux de Mr Ollivander prirent l’aspect gris de la brume quand il souffla ses paroles.
Après un moment, il sortit de ses réflexions. Le marchand me regarda et recula de stupeur. Il vit mon poil dressé d’effroi et mes yeux enflammés comme deux lampes.
D’une voix douce, l’artisan reprit :
- Connaîtrais-tu Le Seigneur des Ténèbres ?
Il comprit tout de suite le message caché dans mon feulement. Toute ma haine y était exprimée, tout le mal qu’il avait fait à Mrs Smith, ma maîtresse, et à mon amie Arabella y était englobé.
- Tu connais aussi Arabella ? répondit le vieil homme interloqué.
Je lui répondis par l’affirmative.
Alors, je vais te montrer autre chose !
L’artisan remonta sur l’échelle pour ranger la baguette d’ébène à sa place initiale et redescendit avec une autre création.
- Regarde bien, Snowpuff ! Elle date de 1944, c’est la première baguette que j’ai fabriquée après le désastre qui a frappé sa famille.
Dès qu’il me la montra, des images s’offrirent à nouveau à moi. Des yeux verts, un bébé pleurant de toute la force de ses poumons apparut pendant une fraction de seconde dans ma tête pour s’évanouir très vite.
Mr Ollivander me regarda d’un air encore plus étrange car il avait capté les images fugaces qui venaient de défiler dans mon cerveau.
Je replongeai dans le flot de paroles du vieux monsieur.
- Elle est en bois de houx et une plume de phénix bat en son coeur. Une plume provenant du même phénix que celle que j’ai placée dans la baguette du Seigneur des Ténèbres. Cette baguette a 27,5 cm de long.
- Etrange, tout cela est vraiment étrange ! marmonna-t-il tout en replongeant dans ses réflexions.

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Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours) - Page 2 Empty Re: Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours)

Message par Apsara Mer 22 Fév - 14:11


(*) Merci à Apsara pour le prêt de cette lettre issue de son imagination
De nada ! J'avoue que je ne ma souvenais plus de cette missive... Embarassed
Je profite des vacances pour un peu de relecture...C'est bien agréable de relire les pages qu'on a aimées! Bisou

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Message par Suzywa Mer 22 Fév - 18:32

A Apsara : Bisou

Le sorcier aux mille et une baguettes
(troisième volet)


Mr Ollivander travaillait dans son atelier.
Les journées se succédaient lentement. Elles étaient calmes après l’effervescence de la rentrée académique.
Bien sûr, l’artisan était dans une phase créatrice mais il avait reçu quelques baguettes à réparer aussi. Du travail qui lui prendrait quelques jours, seulement.
En fait, je m’aperçus que les affaires de Mr Ollivander n’étaient pas vraiment florissantes.

Le vieil homme avait posé devant lui le corps d’une baguette abîmée. Le bois était fendu sur toute la longueur de l’ustensile.
Pour mieux observer le savoir-faire de cet homme aux pouvoirs considérables, je me couchai sur la table de travail et posai mes pattes dans une entaille profonde qui avait une forme triangulaire. Je l’avais découverte la veille et j’aimais cette marque dont je ne connaissais pas l’origine.
Les yeux mi-clos, je restai immobile pour ne pas déconcentrer mon nouveau maître.
Après un long moment, Mr Ollivander fit rouler la baguette latéralement. Puis il l’a prit entre ses longs doigts blancs et noueux et la rapprocha de ses yeux.
- C’est du bois de saule très souple. Un peu trop tendre pourtant comme son propriétaire ! ajouta le vieil homme avec un doux sourire aux lèvres.
Regarde comme l’entaille est longue et plus profonde à la pointe.
Le sorcier avança l’objet vers moi et, du bout de l’ongle, me montra le bois blessé. La fente était si importante qu’on apercevait le cœur de la baguette.
Mr Ollivander reprit :
- Cette baguette est faite pour les sortilèges d’attaque. Regarde, on commence à voir la plume de vivet doré. Cette plume donne de la vivacité à son possesseur. C’est une baguette bien équilibrée. Souplesse et vitesse vont bien de pair.
Le vieil homme fit une pause pour observer l’état de la plume d’oiseau scellée dans le bois. Il reprit après avoir recueilli les informations voulues.
- Je pense que je pourrai réparer cette pièce de qualité. Heureusement car Remus n’est pas riche, il ne pourrait pas en racheter une nouvelle.
La plume de vivet est moins chère que celle du phénix que j’utilise de préférence. J’aime les substances nobles dont les effets sont stables dans le temps. Quatre-vingts pourcents de mes articles sont composés de plumes de phénix, de ventricule de dragon et de crin de licorne. Leur rayonnement est très bénéfique et dure plusieurs siècles.
Cependant, j’apprécie aussi les vertus la plume de vivet. Elle donne beaucoup de fougue. Le seul inconvénient c’est qu’il faut la renouveler à plus ou moins long terme car elle perd assez vite son efficacité. Sa durée de vie est d’une trentaine d’années environ.
J’ai toute une palette de baguettes à différents prix car je pars du principe qu’il en faut pour toutes les bourses et toutes ne sont pas bien garnies !
Chacun mérite cependant la qualité quelle que soit la somme payée. C’est le point d’honneur de notre maison ! me dit-il en levant son index, en écarquillant les yeux et en pointant le menton en avant d’un air sérieux et très solennel.
Je fixai les yeux gris du marchand. Ce regard avait quelque chose de la chouette, à la fois immobile et hypnotique. Malgré le malaise que cela provoquait en moi, je me forçai à soutenir son regard et posai ma question.
Le vieil homme quitta son attitude commerciale pour reprendre la conversation de manière tout à fait naturelle. Il se remit à soigner la baguette de saule.
- Oh Snowpuff, cette baguette a été abîmée lors d’un combat contre les adeptes du Seigneur des Ténèbres. Les amis du bien ont encore à faire même si leur pire ennemi a disparu, on ne sait comment ! dit précipitamment mon ami.
Une ride apparut sur son front. Il poussa un soupir chargé de désappointement.
- Les mangemorts encore en liberté sont pourchassés. Les captifs vendent leurs amis pour une miette de liberté. Les fidèles de Tu-sais-Qui piquent comme des mouches. C’est l’énergie du désespoir qui les pousse à rechercher leur maître.
Remus Lupin a vu la mort de près, avant-hier ! Mais tu ne connais pas ce jeune homme courageux. Par contre, vous avez une connaissance commune : Arabella Figg ! dit le vieil homme à voix basse sans lever son regard vers moi.
J’ouvris tout grand les yeux et ronronnai de plaisir à cette nouvelle.

Nous entendîmes, alors, le son caractéristique de la clochette qui annonçait l’entrée d’un nouveau client. Elle tinta assez violemment et nous entendîmes la porte se refermer avec force.
Je vis l’artisan relever la tête assez brusquement. Ses pupilles se rétractèrent sous l’effet d’une émotion que j’avais pu reconnaître au flair : la peur.
Plus rapide que mon nouveau maître, je descendis à toute vitesse les quelques marches qui menaient au magasin. Il fallait que je détecte qui entrait.
Mes narines repérèrent directement une forte odeur d’alcool et de vieux tabac.
Je restai caché dans l’encoignure de la porte pour observer l’individu. Il ne chômait pas et s’était emparé de la baguette qui était posée dans la vitrine sur le coussin de velours râpé. Il la tournait dans tous les sens. Quand Mr Ollivander entra dans la boutique, le client la reposa prestement à sa place et se retourna.
Je sentis immédiatement que le marchand relâchait sa méfiance en constatant qui était le client. Il semblait connaître cet individu qui empestait à dix lieues à la ronde et lui parla d’une voix douce et rocailleuse.
- Ah ! C’est toi Mondingus ! Que fais-tu ici, à cette heure matinale ?
Le nouveau venu, par contre, n’était pas bavard.
Il sourit de travers, s’approcha en zigzagant et s’appuya maladroitement contre le comptoir. Il mit sa main dans la poche de son pardessus en lambeaux.
Sur la surface de bois, le sorcier déposa, en vrac, des plumes d’oiseau et autres débris que je ne reconnus pas de si loin.
La curiosité me poussa à changer de place. Je décidai donc d’approcher discrètement et de grimper sur les épaules de l’artisan pour découvrir ces trésors de plus près.

Mon arrivée fit jaillir un intérêt soudain dans les yeux injectés de sang de ce Mondingus.
Un grognement sortit de sa gorge. C’était sûr ! Il avait bu et ne tenait pas droit sur ses jambes courtes et arquées
- In..Intéressante, la bestiole que tu……. Que tu as sur les épaules ! Olli ! Tu peux pas me re…..filer une de ses moustaches pour me faire du……..du flouze ?
Le bonhomme voulut atteindre mon museau de ses mains crasseuses qui empestaient la sueur et la mauvaise nourriture. Je n’aurais pas supporté qu’il me touche. Je reculai donc pour me cacher dans la nuque du marchand.
- Laisse-le tranquille et viens-en aux faits, Mondingus ! dit le vieil artisan sur un ton vif.
Qu’est-ce donc que ces babioles que tu m’amènes là ? dit-il plus ironiquement.
- Ce sont des plumes de Fo…focifère et de vvvv…ivet doré que tu vois, Ollivander… T’es p….pas intéressé pour tes baguettes ? J’ai p ………pu les avoir à bon prix ! C’est vraiment l’occase …..du….jour ! termina le trafiquant dans un renvoi aux senteurs d’alcool bon marché.
Mr Ollivander se pencha sur le comptoir. Il prit délicatement la plume de Focifère.
- Que veux-tu que je fasse d’une plume de cet oiseau dont le cri rend fou ? C’est trop risqué ! Non…. Et puis je doute qu’elle soit vraie…. dit le fabricant à voix basse comme s’il se parlait à lui-même.

J’envoyai un ronronnement discret dans l’oreille de Mr Ollivander pour confirmer ses dires. Cette plume ne me faisait vraiment aucun effet.
Le marchand me regarda de ce regard étrange et lumineux quand il comprit mon message.
Il souleva délicatement un fragment de coquille d’œuf.
-Oe…oeuf de ch….chimère ! commenta Mondingus en croisant le regard du marchand. Il rabaissa vite les yeux et ajouta : Ouaaaiiiii, j…je sais ! C..c’est ill..llégal !
Mr Ollivander posa cet objet à part.
J’approuvai par un ronronnement indiquant qu’il était préférable d’écarter cet article qui n’avait rien de magique.
Mr Ollivander sourit une fraction de seconde et notre connivence fut ainsi scellée. Mon ami continua le tri et je commentai de mes ronronnements ses choix judicieux ou non.
C’est ainsi qu’après avoir écarté les prétendus yeux de scarabée, écailles d’Occamy et plumes de Dirico, nous gardâmes une petite pelote de poils de Demiguise, la plume dorée du vivet et un résidu de sang de re’em, recueilli sur un éclat de métal.
Ces trois objets irradiaient d’une énergie qui remontait le long de mes moustaches jusqu’à la pointe de mes oreilles.
- Aaaah ! reprit le saoulard que je trouvais vraiment antipathique. Tu n’es plus jeune mais ……… mais l’oeil reste…… vif !
Gregro....gorrrrovitch m'avait pourtant dit que tu vieillissssssais ! dit l’ivrogne dans un renvoi. P....plus la cli...entèèèèle d'an..tan, hein ?!
Je ressentis directement que Mr Ollivander se raidissait. Il répondit d’une voix douce mais plus sèche.
- Tu sais bien, Mondingus, que je n’utilise que des crins de licorne, des ventricules de cœur de dragon et des plumes de phénix comme substance magique parfois j’ai recours à d’autres animaux mais la contrebande est à l’œuvre, par ces temps qui courent et je me méfie des voyous comme toi ! reprit le vieux fabricant. Gregorovitch ne se prive pas de tes services ! Il t'appelle, lui ! Et assez souvent, me semble-t-il !
Son œil était mauvais, celui du clochard l’était tout autant. Ils prirent quelques minutes à se jauger.
Mr Ollivander reprit la parole après quelques minutes de silence. Sa voix était glaciale.
- Je te prends ces trois articles, puisque tu viens chez moi pour faire l'aumône. Combien en veux-tu ?
- Ooooooh ! Ils ……ils m’ont coû…..coûté de la sueur et quelques yeux au beurre n….noir…. reprit l’escroc en avançant son visage vers celui de Mrs Ollivander. Di…..disons……….30 gallions.
- Tu n’y vas pas avec le dos de la baguette, renégat. C’est trop cher ! Trois ingrédients ou trois baguettes, je t’en donne 15 gallions.
- Al…lez un geste ! 21 gallions ! trois baguettes. Tu…. me rem…..mercieras en pensant aux nouv……nouvelles capacités de ces trois mer….veilles qui vont nnn..naître sous tes doigts !
Je ronronnai pour encourager l’artisan à conclure le marché.
- Je t’en donne 19 gallions, laisse-moi une petite marge de bénéfice quand même !

L’affaire fut conclue et je fus soulagé de voir le sorcier qui sentait si mauvais tourner les talons pour rejoindre péniblement la porte de sortie. Il voulut encore une fois s’emparer de la baguette de la vitrine mais Mr Ollivander intervint pour arrêter le mouvement.
- N’y touche pas, Fletcher, au risque de devoir t’infliger un nouvel œil au beurre noir !
D’un pas vacillant, l’escroc sortit et poursuivit, vaille que vaille, sa route sur le Chemin de Traverse.

Le calme revint dans la boutique mais Mr Ollivander surveilla Mondingus du coin de l’œil. Lorsqu’il fut hors de vue, l’artisan soupira comme soulagé.
Je pensais que nous allions remonter à l’étage mais le sorcier ne prit pas la direction de l’escalier. Au pied de celui-ci, il bifurqua sur la droite et ouvrit une porte qui était dissimulée dans le mur, fait de lambris de bois de pin.
Je descendis de ses épaules et le suivis dans ce nouveau dédale qui m’était inconnu et nous arrivâmes au jardin. La nature avait tous les droits sur cette parcelle de terrain.
Le grand orme trônait impérial en son centre. Des parterres de fleurs fanées étaient dispersés de ci de là. La terre mouillée sentait bon. Nous nous dirigeâmes vers les rondins de bois empilés près de la cabane. Mr Ollivander cherchait quelque chose. Il caressait les morceaux de bois morts et s’arrêta sur une branche. Il la dégagea avec précaution et s’en empara avec empressement. Elle n’était pas bien grosse. La main longue et fine en faisait le tour.
- Viens, Snowpuff ! Remontons maintenant, mais avant, rendons hommage à cet être qui fait je ne sais combien de fois mon âge !
Mr Ollivander toucha le tronc de l’arbre ancestral et ferma les yeux.
- Il nous protège depuis des siècles ! Il attrape les vents de tempête et les emprisonne un instant dans ses branches supérieures. Leurs balancements les rejettent ensuite dans une autre direction. Mais il devient vieux…. La tradition familiale dit qu’il mourra avec le dernier des Ollivander à qui sera transmis le magnétisme druidique…. Me révéla-t-il les yeux humides. J’implore, chaque jour, les dieux de la nature pour que je ne sois pas celui-là !
En ces temps incertains, j’aimerais tant avoir un successeur pour continuer ma tâche.
Quoi ? Tu proposes de m’allier avec Gregorovitch ? N’as-tu pas entendu ce Mondingus ? Non ! C’est la guerre entre nous… Il fait tout pour me porter préjudice. Il fabrique des modèles de baguettes de sorciers puissants à la demande. Il fournit les baguettes de tous les élèves de Durmstrang… Même Grindelwald est allé lui demander service… Non, c’est impossible… C’est dent pour dent entre nous.
Il enrage de ne pas avoir fourni la baguette au Seigneur des Ténèbres et il me le fera payer !
Je montai sur ses épaules pour lui apporter un peu de ma chaleur et, ensemble, nous remontâmes les marches menant à l’étage.

Mr Ollivander posa la branche devant le feu de la cheminée et il en profita pour en ranimer les flammes. Je montai sur le fauteuil en cuir fauve pour mieux profiter de la suite des opérations.
Je remarquai que ses traits étaient tirés, ses gestes las et quand il se releva, je compris que cet homme aussi avait des choses à me raconter.
Quand il croisa mon regard pétillant de comètes, il ne résista pas à l’envie de s’asseoir dans ce fauteuil pour prendre un peu de repos. Je lui cédai la place et me calai sur son épaule gauche pour profiter de son odeur si particulière qui imprégnait ses vêtement : des odeurs de sous-bois, d’humus et de thé.

Le vieil homme resta ainsi, appréciant ma chaleur et l’ardeur du feu de cheminée.
Après un instant, il se mit à me raconter les soucis qui le minaient.

- Je suis content que tu vives un peu chez moi, Snowpuff. La solitude commence à peser avec l’âge. Tu as dû ressentir ma peur tout à l’heure quand la clochette du rez-de–chaussée s’est mise à sonner.
Mon ronronnement plus intense lui suffit comme réponse et Mr Ollivander poursuivit son récit.
- Oui, j’ai peur comme un enfant a peur des fantômes. Le lendemain du 31 octobre, j’ai reçu la visite des mangemorts du Seigneur des Ténèbres. Ils cherchaient après lui et, depuis, j’ai peur qu’ils ne reviennent car ils cherchent tout ce qui touche à leur maître pour connaître le sort qui lui a été réservé. Tu es un fléreur, Snowpuff, tu pourrais m’aider, je pense, à résoudre une énigme qui persiste dans ce souvenir.
Serais-tu d’accord que je te le montre afin de tenter d’éclairer ma lanterne ?

En guise de réponse, je ronronnai et plongeai sans réfléchir dans ce souvenir. Un intrus aurait pensé, en voyant le tableau que nous offrions, qu’un vieillard profitait d’une sieste réparatrice. Nous avions les yeux fermés, nous étions immobiles mais tous nos sens étaient en alerte dans l’action de cette évocation.

Je plongeai dans les pensées de Mr Ollivander comme dans un jeu de miroir et je retrouvai mon ami dans la même position que celle qu’il avait adoptée là, il y a un instant. Il se reposait dans son fauteuil de cuir, plongeant progressivement dans le lit des rêves. Ce moment de calme et de sérénité ne dura pas. La clochette se mit en branle de manière violente. Mr Ollivander sursauta et entendit la porte se refermer avec fracas.
On entendait des bruits de pas feutrés. Plusieurs personnes étaient entrées. Un remue-ménage se fit entendre.
Mr Ollivander descendit furtivement l’escalier sans se faire remarquer, il vit que le rez-de-chaussée était anormalement sombre. Il poursuivit sa descente pour en savoir plus, se croyant protégé par l’obscurité mais c’était sans compter sur la mauvaise intention des intrus qui avaient un mauvais plan tout préparé.
A peine eut-il posé le pied sur le plancher, qu’une ombre le prit par derrière.
Le pauvre homme se retrouva sous l’emprise d’un individu qu’il n’avait pas aperçu et qui était dissimulé dans l’obscurité.
Un bras étreignait son cou, plaquant ce vieil homme contre les pans d’une cape noire, une baguette magique pointait sur sa tempe droite, le menaçant du pire sortilège connu dans le monde sorcier.

Ainsi soumis à la contrainte physique, l’artisan fut malmené par le malveillant client le poussant à entrer dans la boutique.
Je sentis l’horreur étreindre le cœur du vieillard. Deux individus revêtus d’une cape noire à capuchon avaient obturé les vitrines du magasin. Des bougies flottantes éclairaient la minuscule salle. Ils étaient montés sur les petites échelles coulissantes rivées au rayonnage fixé au mur et s’emparaient des précieuses boîtes. Sans aucun ménagement, ils les ouvraient, sortaient et jetaient les précieuses baguettes sur le sol, après les avoir observées avec attention.
Manifestement, ils cherchaient quelque chose de précis.

Mr Ollivander vit se retourner l’un d’eux. Un masque cachait les traits de son visage. C’était un masque horrible qui suscitait la peur. Seuls les mangemorts pouvaient créer des objets aussi hideux.
- Où est-elle ? demanda une voix relativement jeune et dynamique. Elle vibrait dans les tonalités graves et la question qu’elle portait était sans appel.
- De quoi parlez-vous ? demanda le pauvre marchand. Les vibratos de la peur faisaient trembler le fin filet de voix qui sortait de sa bouche.
- Tu sais de quoi on parle, vieux rat ! reprit le second personnage, celui qui emprisonnait mon ami de son bras vigoureux. Veux-tu sentir la fureur de mon « endoloris » pour t’encourager à nous répondre ? questionna une voix cassante comme une branche de bois mort.
L’homme qui en était le maître n’avait pas l’air plus âgé que le premier.
- Je ne sais vraiment pas de quoi vous voulez parler ! persista le vieux créateur de baguettes. Vous pouvez me torturer mais vous n’en saurez pas plus ! Que cherchez-vous dans mes étalages ?
La troisième ombre se mit alors à parler. C’était une voix de femme, froide comme les croassements de la corneille.
- Ahahaha… Voici, mes chers compagnons, quelqu’un qui ne sait pas mener une réflexion logique de bout en bout ! Tu vieillis, Ollivander…. Fais marcher tes méninges, vieux rat ! Allez ! Montre-moi tes yeux pâles que j’y vois pétiller l’étincelle de l’intelligence ! termina la femme en pointant sa baguette en direction du cœur de mon ami.
- J’ai appris que le Seigneur des Ténèbres avait disparu. Mais il n’est pas ici !
- Ahahaha… Il a de l’humour ce vieillard ! conclut la femme masquée. Les deux complices se mirent à ricaner de plus belle.
- Tu veux vraiment tester l’efficacité des puissantes baguettes de Gregorovitch, Maître Ollivander ? tonna la voix de celui qui tenait le marchand prisonnier.
Lui, au moins, crée les baguettes qu’on lui demande. Elles ont une force brutale qui sied aux mangemorts ! J’ai abandonné celle que tu m’avais vendue quand j’avais onze ans et plus d’un ont suivi mon exemple ! Elles ne valent rien, tes baguettes et je devrais te faire payer ton incompétence ! Celle-ci, par contre, m’obéit au doigt et à l’œil ! conclut le tortionnaire en admirant son arme magique dans un rire sardonique.
Le pauvre artisan reprit la parole.
- Vous cherchez la baguette du Seigneur des Ténèbres ? demanda-t-il d’une voix étouffée. C’est cela ? Le Seigneur des Ténèbres a perdu sa baguette ? Mais je ne l’ai pas !
Cette déduction nouvelle interpella Mr Ollivander. Celui-ci en perdit la voix momentanément.
- Qu’est-ce qui nous le prouve ? reprit le second mangemort qui était remonté sur l’escabelle pour continuer sa recherche désordonnée et sauvage dans le rayonnage mural de la boutique.
Il poursuivit son carnage, sans respecter les œuvres d’art qui volaient au travers de la pièce.
- Non ! Arrêtez ce gâchis ! reprit le vieillard qui n’en pouvait plus de voir son travail minutieux ainsi traité.
Vous trouverez les baguettes contenant les plumes de phénix, tout en haut à droite.
La femme se dirigea alors vers l’endroit indiqué. Le mouvement de leur cape ressemblait aux battements d’ailes de ces vampires suceurs de sang. Ils se posèrent sur le dernier barreau des échelles. La femme tenait l’unique boîte de ce rayonnage dans ses mains fines, aux ongles brillants et crochus.
Elle l’a posa sur le comptoir et l’ouvrit avec frénésie.
- Aaaaaaargh ! rugit-elle. Ce n’est pas du bois d’if ! C’est du bois de je ne sais quoi mais ça ne ressemble pas à la baguette du Maître ! dit-elle avec fureur en lançant un sortilège sur Mr Ollivander !
Le vieil homme hurla de douleur mais il résista vaillamment à l’étourdissement.
Il vit alors la femme masquée lever la baguette toute neuve et amorcer un mouvement vers le bas. Elle voulait casser le bâton magique sur l’arête du comptoir.
- Noooooon ! hurla Mr Ollivander. Ne faites pas ça ! Je peux vous prouver que la baguette du Seigneur des Ténèbres n’est pas ici !
La femme arrêta son mouvement à la dernière minute et releva la tête. Elle était toute ouïe.
Le marchand poursuivit avec peine. Les éclairs de douleur interrompaient son discours.
- V….Vous pouvez faire un « Accio, baguette de Tom Jedusor » et….. vous verrez bien qu’elle n’est pas dans cette m….maison !
La femme s’empressa d’envoyer de nouvelles ondes de douleur au pauvre marchand en entendant ce conseil.
- Comment peux-tu traiter ainsi notre Maître ! C’est le Seigneur des Ténèbres qu’il faut le nommer et non pas Tom Jedusor ! La colère faisait briller les yeux du masque horrible.
Mr Ollivander reprit la parole avec peine.
- La baguette a r….econnu un j..jeune adolescent de….. onze ans ! La b…baguette ne connaît que cet être-là. C’est avec ce nom qu….qu’il faut produire l’Accio même si, à présent, Vous-Savez-Qui porte un autre s…surnom !
La femme se calma et se résigna à suivre le conseil du marchand mais rien ne se produisit.
- Dis-le toi, menaça la femme en faisant un signe de tête au bourreau qui étranglait le vieillard. Celui-ci pointa la baguette sur la tempe de Mr Ollivander.
- « Accio, baguette de Tom Jedusor » dit le vieillard à bout de souffle.
Rien ne bougea dans la maison.
L’homme entendit, alors, le bruit caractéristique du transplanage et tomba lourdement sur le sol. Il était comparable à un champ de bataille. Des baguettes blessées à mort gisaient sur le plancher.

Les images se troublèrent. Mon ami me fit sortir de son souvenir. Des frissons secouaient ses membres. Ses yeux gris pâle brillaient.
- J’ai peur ! souffla Mr Ollivander. J’ai peur de ce pouvoir que mes ancêtres m’ont transmis. J’ai peur qu’un jour le Seigneur des Ténèbres entre ici. Je devrai lui obéir comme j’obéis à tous les sorciers de la Terre. Je suis à leur service car je suis dans l’obligation de créer ce par quoi la Magie existe. Comprends-tu ce que je veux dire, Snowpuff ? Je suis quelque part responsable du magistral pouvoir de ce Mage noir. Je suis soumis à la volonté de cet homme aux desseins destructeurs. Je ne peux pas lui résister.
J’ai appris, ce jour-là que Vous-Savez-Qui avait été séparé de sa baguette. Un sorcier sans baguette n’est plus rien. C’est de bon augure ! me dis-tu.
Oui et non, te répondrai-je.
Cela m’inquiète car le Seigneur des Ténèbres en cherchera une autre. Il lui faudra trouver un fabricant de baguettes ! Or, il n’y a que Gregorovitch et moi dans le monde sorcier….
Snowpuff ! Eclaire-moi ! Sais-tu quelque chose sur le sort qui a été réservé à Tu-Sais-Qui ?

Mon poil se hérissa mais je maîtrisai cette réaction épidermique. Le désarroi et la solitude de mon ami me désarmaient.
Je me calai alors contre son cou pour que ma chaleur atténue la douleur de l’étreinte qui y était encore inscrite sous la forme d’un hématome aux couleurs des Chevaliers de Lord Voldemort et je lui racontai le dernier souvenir que j’avais cueilli dans la vie d’Arabella.

Quand j’eus terminé mon récit, les yeux de Mr Ollivander brillaient de cette lumière lunaire.
- Ce que tu me dis, Snowpuff, m’inquiète au plus haut point.
Si le Seigneur des Ténèbres a disparu corps et bien, c’est qu’un prodige s’est réalisé, il y a quelques jours. Je n’ai jamais vu pareil phénomène dans ma longue carrière.
Mr Ollivander se donna quelques secondes de silence. Ma curiosité était à son comble, je cherchai le regard de mon ami. Quand nos yeux se croisèrent, mon ami revint dans la réalité de son discours.
- La plume de phénix et le bois d’if qui la contient semblent avoir mis un terme à leur alliance avec le Seigneur des Ténèbres de leur propre initiative. La baguette a fait en sorte de rejeter celui qui la possédait, du moins de s’en séparer. C’est un phénomène extrêmement rare qu'un de mes ancêtres a déjà rencontré. Tant que nous n’aurons pas retrouvé le corps de ce Mage puissant, tant que nous n’aurons pas la preuve de sa mort, il nous faudra rester sur nos gardes car ce mage hors du commun fera tout ce qui est en son pouvoir pour retrouver son outil magique.

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Message par Luna Pensive Mer 22 Fév - 21:30

(Snowpuff je ne t'oublie pas, j'attends un répit pour t'imprimer et te lire à l'aise ! Bisou )
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Message par Syrinx Mer 29 Fév - 11:27

Bon j'ai rattrapé une partie de mon retard et j'ai lu, hier, coeur de Cramol.

C'est un plaisir de retrouver Snowpuff, bien sûr, mais aussi Arabella. Sa maison est sereine, je comprends que Snowpuff s'y soit plu, au milieu de ses compagnons félins et choyé.
J'aurai du prendre des notes car il manque parfois un petit mot, passé à la trappe au moment de la frappe, sans doute... (volet 5 ou 6, je ne saurais être plus précise malheureusement). Des retours à la ligne sont peut-être aussi mal passés, je crois (le récit s'enchainant sur la même ligne qu'un dialogue) à moins que ce soit voulu ? (mais alors ce serait les guillemets qui auraient été oubliés)
Sinon pour revenir à l'histoire contée par Snowpuff, je reste toujours horrifiée des agissements de Jedusor. Il est vraiment machiavélique...
Et puis aussi une question technique : comment rentre-t-on une écaille de basilic dans une baguette ? je m'imagine l'écaille un peu ovale, plate, gris vert métallisée... bref un peu comme une lame de couteau, un gros couteau et du coup... comment la rentrer dans une tige (de baguette) ?
D'ailleurs elle aurait eu quel pouvoir ? pourquoi tout le monde ne peut pas la manier ? Jedusor s'en est-il servi (après tout il est l'héritier de Serpentard) ? qui l'a fabriquée ? Serpentard lui-même ou est-elle plus vieille avec une histoire qui lui est propre ? et pourquoi elle se détruit ? qu'elle tue un posséceur indigne d'elle... à la rigueur mais pourquoi se consummer ? c'était un sortilège pour que personne d'autre ne l'utilise ? (soit lancé par Salazar, soit par un autre fondateur pour ne pas se retrouver avec un sorcier pourvu de cette baguette ?)

Oui bon bref ça m'intrigue cette baguette tombée comme un cheveu sur la soupe par rapport à l'histoire que l'on connait... surtout que je ne m'en rappelais pas !

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Message par Suzywa Mer 29 Fév - 13:39

Va à ton aise, Luna. Je t'attends.

Merci pour la review, Syrinx. Je devrai relire alors la fin de coeur de cracmol car, en fait, je relis la mouture de mon texte Word mais pas systématiquement celle éditée ici car je pensais que la mise en page serait la même. Je repasserai donc pour corriger cela.

La baguette de Salazar ?
J'ai imaginé la réalisation des duels aux temps anciens de Poudlard. Cela me semblait couler de source quand cette coutume avait été remise à flots par Lokhart dans le tome 2.
Je suis remontée naturellement aux sources en imaginant les baguettes des fondateurs et plus particulièrement celle de Serpentard. Cette version est venue d'emblée sous le clavier.
Pratiquement, j'imagine l'écaille entière en lamelles (va savoir pourquoi !) glissées dans le corps de la baguette. Le basilic, grand antidote vivant de la magie noire (puisque son sang et son venin sont capables de détruire un horcrux) pourrait cacher des vertus dans ses écailles également. Lesquelles ? je l'ignore. Joli sujet de fic à développer, non ?

Snowpuff me souffle à l'instant que Ollivander en parle dans le chapitre qu'il va me raconter aujourd'hui. Il n'en sait pas plus....

Là, il file dans le jardin, je n'en tirerai pas plus que ce qu'il voudra nous donner.

Les premières bouffées d’air tendre transportent des parfums de printemps. Snowpuff est couché sur le banc de bois et se réchauffe au timide soleil de midi.
Les crocus que j’avais plantés en automne pointent le bout de leurs feuilles et la petite fontaine que je viens d’installer chante sa ritournelle si pure et si gaie. Je prends plaisir à observer les mésanges qui se régalent de son onde fraîche.
La nature se réveille après cet hiver qui n’était plus pareil à ceux plus rigoureux d’antan.

Snowpuff descend de son banc et s’approche de moi, faisant s’envoler les mésanges farouches.
Le félin s’assied et me regarde travailler.
J’entends son ronronnement caractéristique qui a le pouvoir étrange d’évoquer des images et des mots.

- Tu aimes la nature, toi ! me souffle-t-il tendrement.
- J’essaie de la respecter du mieux que je peux. Je le fais avec bon sens, c’est lui qui me guide plus que tout ! poursuis-je en continuant la plantation de quelques bulbes de glaïeul.
- Mr Ollivander aime aussi la nature ! Toute la nature ! Il dit que l’homme n’est qu’un petit maillon de cette chaîne de vie. reprend Snowpuff avec force. Il dit que les moldus sont fous et qu’un jour, ils feront disparaître le monde de la Magie parce qu’ils ne croient plus en rien.
Je relève la tête pour croiser le regard de Snowpuff. Son regard est rempli de comètes.
- Je pense qu’il existe des gens comme moi qui essaient de réagir à cette évidence que tu viens d’énoncer, Snowpuff ! dis-je avec tendresse. Il faut garder confiance et persévérer. Il n’est peut-être pas trop tard et la Terre pourra peut-être encore être sauvée !
Il ne faut pas trop se projeter dans le futur mais faire le maximum de choses aujourd’hui. Le geste que je pose en ce moment sera peut-être salvateur dans les temps à venir. Voilà ma philosophie de vie, Snowpuff !

Accroupie, je termine mes plantations. Le fléreur se frotte contre mes genoux et la force de sa caresse me fait perdre l’équilibre.
Je ris et veux attraper ce félin mais il glisse entre mes doigts et se réfugie dans le salon.
Je range mon outillage, arrose les bulbes enfouis pour que toute l’énergie de vie qu’ils contiennent puisse éclore et retrouve mon ami à l’intérieur de ma petite maison des faubourgs.

Le feu réchauffe encore le salon. Je ne veux pas éteindre ce foyer trop tôt dans la saison. Snowpuff s’est installé sur son coussin préféré.
Je prépare une bouilloire d’eau frissonnante pour faire infuser le thé de Jasmin et déplace un fauteuil confortable près du coussin de mon ami. Celui-ci se cale contre mes grosses chaussettes en coton. Une chaleur m’envahit. Elle provient de la chaleur animale et végétale qui commence à embaumer le salon.

Snowpuff reconnaît l’ambiance du salon de Mr Ollivander. C’est donc tout naturellement qu’il m’emmène là-bas dans le Monde de la Magie que nous aimons tant.

Le sorcier aux mille et une baguettes
(quatrième volet)


Mr Ollivander est dans son atelier, appliqué à son travail journalier. Snowpuff couché sur la table regarde la baguette de Remus entre les doigts de l’artisan.

Le vieil homme applique une pâte à bois faite à partir du rondin qu’il avait recueilli dans le jardin. La baguette apparaît intacte à présent.
- Il faut que tout cela sèche maintenant ! dit doucement Mr Ollivander. Puis, nous verrons comment cet objet réagit. J’espère que ma manœuvre a réussi ! termina-t-il sur un ton qui laissait échapper un léger doute.
Le vieil homme fit tourner l’objet entre ses longs doigts et le posa délicatement à un endroit précis de la table, là où était creusée la large encoche triangulaire que j’appréciais tant.
- Attelons-nous à présent à notre branche d’orme et continuons nos leçons pour apprenti fabricant.
Mr Ollivander avait un sourire en coin quand il croisa mon regard de félin.
Le vieil homme ferma les yeux et prit la branche en main. Il y repéra la souplesse, la torsion qui se présentait en son milieu. De ses doigts habiles, il ôta l’écorce sèche qui commençait à se détacher d’une simple pression des phalanges. L’aspect lisse et clair du bois apparut peu à peu.
Le sorcier se mit ensuite à tester les extrémités de la branche, éliminant toute partie cassante ou trop fragile à la pression.
Après manipulation, il ne resta plus qu’un morceau de la longueur d’une patte de fléreur.
Mr Ollivander emprisonna la future baguette dans le petit étau fixé dans la table de travail. Avant tout, il mesura l’instrument. Son mètre indiqua 25, 4 cm.
Ensuite, de sa baguette, il mit en mouvement la vrille qui commença à percer l’extrémité la plus large de l’instrument. Après quelques minutes, l’outil se mit à tourner en sens inverse laissant apparaître un orifice assez large pour placer la substance magique qui lui donnerait vie.

Avec minutie, Mr Ollivander passa un papier émeri au grain très fin sur le corps de la baguette pour en ôter toutes les aspérités. Il mit en branle un fin pinceau pour faire disparaître toute la poussière de bois qui recouvrait l’instrument. Un parfum délicieux monta de la baguette quand la longue main blanche la caressa. Elle était prête maintenant pour l’étape suivante.

Ainsi satisfait de son travail, l’artisan se dirigea prestement vers ses étagères. Il revint vers la table, les bras chargés de trois bocaux de verre qui contenaient des substances magiques d’origine animale.
Mr Ollivander prit un premier récipient et en sortit une plume de phénix qu’il posa près de la baguette. Il observa mais je vis, à la moue du vieil artisan, qu’il n’était pas satisfait de ce choix.
Il mit la plume, un peu à l’écart, sur la table de travail.
L’artisan entendit mon miaulement et croisa mon regard ambré. Dans l’instant, il comprit ma question.
-Cette plume est-elle identique à celle qui vit dans la baguette du Seigneur des Ténèbres et dans celle de la baguette en bois de houx ?
Oh non ! Mon ami. Cette histoire-là est des plus étranges et je vais te la raconter après avoir procédé au choix pour la présente. Un peu de patience, Snowpuff. Une chose entamée doit être terminée, c’est une règle d’or dans le travail d’un fabricant de baguette. dit doucement l’artisan.

Le vieil homme reprit le cours de sa tâche. Il ouvrit un second bocal contenant d’épaisses lamelles à l’aspect desséché.
- Ventricule de cœur de dragon, maintenant ! Alors, ma belle, comment vas-tu réagir à ceci ?
L’artisan observa ce qui se passait mais un froncement de sourcil vint assombrir l’expression de son visage. Le marchand dit tout haut son impression première.
- Non ! Tu n’en veux pas non plus ? Alors ! Essayons autre chose.

L’artisan s’empara du dernier récipient aux parois colorées dans les teintes bleu roi. Il en sortit une touffe de crin blanc d’une pureté extraordinaire. Les doigts du fabricant en sortirent délicatement un exemplaire.
- Ce sont des crins de licorne, Snowpuff. Nous allons observer la réaction du bois à cette substance magique extrêmement puissante.
Mais là aussi, je lus la déception sur les traits de Mr Ollivander. Rien de spécial ne se produisit.
Le vieil artisan resta quelques minutes plongé dans ses pensées. Il se dirigea alors vers d’autres bocaux et les déposa sur la table.
Je reconnus les fragments que Mondingus avait amenés, le jour d’avant.
Mais ni les poils de demiguise, ni la plume de vivet doré, ni le sang de re’em ne réagirent selon les attentes de l’artisan.

Ce dernier décida avec sagesse de laisser le temps au temps. Il arrêta le cours de sa réflexion. La nature avait de ces mystères que le plus âgé des fabricants de baguettes devait encore découvrir.

Le vieil homme quitta son atelier pour se rendre dans sa cuisine. Il fit chauffer de l’eau et se prépara une théière de thé de jasmin et la posa sur une table basse à côté de la cheminée. Cinq heures sonnaient à l’horloge et Mr Ollivander m’appela.
- Viens, Snowpuff. Que je te raconte comment les deux fameuses plumes de phénix sont entrées en ma possession. Je suppose que tu ne veux pas rater cet épisode.

Je répondis à l’appel de mon ami sans attendre et je m’installai à ses pieds pour écouter son récit.

- Les deux exemplaires de plume dont je t’ai parlé, Snowpuff, m’ont été offerts par un phénix extraordinaire qui porte un nom admirable : Fumseck ! Cet oiseau hors du commun est un être doué d’une intelligence incroyable. Il est libre comme le vent qui souffle dans les plaines. Il est majestueux comme le sommet des montagnes les plus hautes. Il est secret comme la plus sombre des cavernes souterraines. Il est aussi ardent que le plus puissant des orages.
Fumseck est le gardien de notre Monde de la Magie.
Fumseck est notre guide. Il s’attache à celui qui aura les pouvoirs suffisants pour servir de relais dans notre communauté sorcière.
Comme je te l’ai dit, les fabricants de baguettes magiques ont une énorme responsabilité. Ils sont les créateurs des objets qui subliment les pouvoirs magiques des sorciers. Ils écoutent le monde et deviennent les médiateurs qui font exploser ces pouvoirs de toute nature, bienfaitrices et destructrices.
Notre Monde magique pourrait très bien tomber entre des mains aux volontés dictatoriales qui le réduiraient à néant à plus ou moins long terme.
Fumseck est là pour empêcher cela. C’est notre garde-fou, notre protecteur.

Comme tu le sais, le Seigneur des Ténèbres et son pouvoir insensé basé sur la peur s’est levé à l’horizon de notre monde. D’ailleurs, notre tout premier aïeul avait prédit sa venue, dans ces temps reculés. De générations en générations, nous nous transmettons ses paroles exactes.
Mr Ollivander prit alors cette expression étrange que j’avais déjà observée chez lui. Je reconnus ce regard fixe et hypnotique. Il s’approcha tout près de mon museau et plongea son regard lumineux et pâle au fond du mien. Je distinguai le cercle de ses iris qui luisaient comme deux pleines lunes dans le ciel de ses yeux.
J’avais l’impression de plonger dans l’astral en écoutant les paroles prophétiques.
- Naîtra au cours de la nuit la plus longue et la plus noire, le péril dévastateur de notre Monde de la Magie. Ce sorcier sera marqué par la solitude dès le premier souffle de vie. Sa soif de pouvoir grandira avec les années et dépassera les limites de l’imaginable. Prenez garde car cet être fera de grandes choses, des choses terribles et aura une envergure qui risquera d’engloutir notre Communauté vers les gouffres du Mal, vers le Néant.
Quelques secondes de silence se firent après l’énoncé de cette phrase remontant des profondeurs du temps.
Lentement, l’artisan sortit de la mémoire de son ancêtre et reprit son naturel pour poursuivre son récit.
- Le Professeur Dumbledore et Fumseck sont unis dans la lutte contre ce terrible fléau.
Alors que je ne faisais que débuter dans la profession, Fumseck est apparu ici, dans cette maison. Mon père dormait à l’étage. Tout était calme.
Quand je vis cette apparition, je travaillais une branche d’if d’une très belle qualité que mon père et moi avions recueillie dans les environs de Little Hangleton en 1926.
C’était une nuit de pleine lune qui nous avait guidés là-bas dans le cimetière. Je me souviens que mon père m’avait dit que c’était étrange. Jamais, il n’avait recueilli de branche dans un cimetière. La nuit était éclairée par l’astre de la nuit. On y voyait comme en plein jour. La branche que mon père avait trouvée était magnifique et l’if qui l’avait vu grandir avait tremblé avant même que mon père n’y posât sa main.
La nature nous appelait, ce soir-là, comme dans un état d’urgence….
Ce bois avait une résistance incroyable et mes outils avaient peine à la façonner. Mon père mit cela sur le compte de mon inexpérience. Lorsqu’elle fut polie et prête à recevoir la substance magique, le bois ne réagit à aucun des éléments de nature animale que je lui proposai. J’avais l’ardeur et l’impatience de la jeunesse, à l’époque, et je m’acharnai à chercher le pourquoi de cette résistance.
Je pris tant de temps à raisonner et à réfléchir que je m’endormis sur la table de travail.
Au milieu de la nuit, j’entendis un bruit soudain. Je me réveillai brusquement et je frottai mes paupières engourdies de sommeil quand je vis un oiseau fabuleux au plumage de feu, posé sur la table.
Il s’arracha une plume magnifique aux couleurs rouge et or, accrochée au creux de son flanc, là tout près de son cœur.

Mr Ollivander s’arrêta quelques secondes. Le rappel de ce souvenir l’émouvait au plus haut point et il passa sa longue main dans ses cheveux blancs comme la neige.
- Son passage ne dura que quelques secondes, si bien que je me suis toujours demandé si je n’avais pas rêvé cette nuit-là.
La plume et le bois d’if réagirent dans l’instant. Ils s’attirèrent comme l’aiguille le fait quand elle s’approche de l’aimant !
Je terminai mon travail dans la nuit, poussé par un enthousiasme débordant. Ma première baguette magique était une réussite totale. J’en ressentis une fierté immense. Dès qu’elle fut prête, j’attendis avec impatience de connaître l’être qu’elle allait choisir.
Je dus patienter bien des années avant de découvrir que c’était un jeune sorcier de onze ans que le Professeur Dumbledore accompagnait en personne. C’était un beau jeune homme mais son humeur était taciturne. Son regard était mauvais. Albus, qui d’ordinaire entrait dans ma boutique, était resté à l’extérieur et faisait les cent pas sur le Chemin de Traverse. Il m’expliqua plus tard que le jeune homme avait refusé son aide durant ses achats.
Il eut du mal à trouver sa baguette, je m’en souviens très bien ! Il s’est d’ailleurs passé un phénomène étrange quand je me suis présenté avec la fameuse baguette en bois d’if. La baguette a volé dans la main de ce jeune homme dès qu’elle fut déballée. Un magnétisme très fort s’est établi entre eux. Je n’avais jamais vu telle attraction auparavant. Je n’oublierai jamais le regard que ce jeune homme m’a lancé quand il a ressenti le magnétisme de la baguette entre ses doigts graciles. Les mots de mon ancêtre résonnèrent dans ma tête au moment même de cette contemplation et je ne tardai pas à transmettre mes impressions à Albus.
Les années passèrent.
Je fus à la fois fier de constater que ce sorcier avait une intelligence hors du commun et atterré de voir le destin de celui-ci se confirmer vers les voies du Mal.
Fumseck s’était-il trompé en me choisissant ? Avais-je mal compris le message de cet oiseau fantastique ? N’aurait-il pas dû s’adresser à Gregorovitch qui fournit les baguettes du côté de Durmstrang ? C’est lui qui a créé la baguette du célèbre Grindelwald…
J’aimerais savoir ce que Fumseck attend véritablement de moi. Toutes ces questions restent encore sans réponse, après toutes ces années.
Je suis censé créer des baguettes bénéfiques ! Plumes de phénix, crins de licornes et ventricules de cœur de dragon sont des éléments contenant une énergie positive ! Pourquoi donc cette baguette a-t-elle choisi un mage noir si puissant ?
Le vieillard plongea dans ses réflexions. Ses yeux reprirent la clarté de la lune avant de reprendre la parole.

- Une chose est sûre, le Seigneur des Ténèbres, ce sorcier hors du commun, était satisfait de mon travail. Jamais, il ne vint se plaindre de quoi que ce soit.
C’est le seul fait dont je peux me réjouir ! reprit le vieil homme en bombant le torse. J’ai fait en sorte que mes aïeux soient fiers de moi !
Mr Ollivander croisa mon regard. Après avoir lu la fierté dans ses pupilles pendant quelques secondes, j’y découvrais maintenant de l’incompréhension.
- Je suis déchiré, Snowpuff. Déchiré entre la fierté de faire un travail de qualité comme la Maison Ollivander le demande et la peur d’être quelque part responsable de la fin de notre Monde Magique libre et heureux. Un remords personnel… C’est une lourde charge que de porter cette évidence, Tu sais ! Surtout que mon successeur se fait attendre. Que se passera-t-il si je suis le dernier de cette lignée de renom ?
Oui ! Fumseck aurait dû s’adresser à Gregorovitch ! Et puis, non, maintenant je suis fier de ce j’ai fait puisque Vous-Savez-Qui vient de disparaître. On ne sait rien de ce qu’il est devenu, bien sûr ! Fumseck est toujours auprès du Professeur Dumbledore, ce qui signifie pour moi que le Mal est toujours parmi nous ! Neutralisé, sans doute, mais pour combien de temps ?

Mr Ollivander reprit le cours de son histoire. Il chassa de sa main les idées contradictoires qui assaillaient son esprit.

- Fumseck revint me voir, bien des années plus tard. Au temps où Arabella Figg logeait ici. Cette petite a été le rayon de soleil de ma vie, pendant quelques années. Je pense que tu le sais ! Son frère a été tué d’une manière atroce par Tom lorsqu’ils étaient en quatrième année.
J’ai suivi toute cette histoire. Le Professeur Dumbledore venait souvent ici à l’époque et Fumseck était déjà lié au destin de ce sorcier aux dons admirables.
Souvent, je faisais part de mes inquiétudes à Albus. Ma fierté était toujours là, bien sûr ! J’avais fait une baguette aux pouvoirs admirables. Elle servait des ambitions considérables. Mais le remords me tenaillait ensuite en constatant la cruauté et la froideur de sentiments de cet être hors du commun.
Le contact avec Arabella me conforta dans la prise de conscience que l’art de fabriquer les baguettes était un art dangereux.
Arabella fut témoin de la mort de son frère. Arnold écouta le mauvais conseil de Tom et utilisa la baguette de Salazar Serpentard dont la force était terrible. Elle était en bois d’ébène et contenait une écaille de Basilic.
Serpentard l’avait fabriquée de ses mains et lui avait donné ses pouvoirs de manière artificielle. D’ailleurs Gregorovitch a repris cette technique serpentarde contre-nature, dans sa profession. Rien à voir avec notre savoir respectueux de la nature. Ah, quel gâchis ! dit l’artisan plein de rancœur.
Mais soit, cette combinaison était très négative. Cette baguette était exclusive. Elle n’était faite que pour un seul être et ne pouvait être transmise qu’aux descendants de la famille.
En l’utilisant, Arnold a été puni de sacrilège. Il s’est consumé de pied en cap. Arabella a été très choquée. Son frère a brûlé devant ses yeux en une fraction de secondes. Elle s’est détournée du Monde de la Magie suite à ce tragique épisode et je peux la comprendre !
Le Professeur Dumbledore a écouté le témoignage d’Arabella. Il l’a crue, bien sûr.
Le Directeur Dippet l’a entendue aussi. Mais le fait qu’Arabella soit cracmol, le fait que les parents d’Arnold n’aient jamais suivi les cours à Poudlard, le fait que Will n’ait été qu’ouvrier, tout ça a influencé son jugement. Le Directeur n’a donné crédit qu’au témoignage des autres professeurs et tous faisaient éloge de Tom Jedusor.
De plus, Tom n’était plus là quand Arnold a agi dans la salle commune des Serpentards.
La majorité des récits ont mis en évidence l’innocence de cet élève rusé.
Albus a insisté auprès du Directeur Dippet, mais cet homme était faible et il ne voulait pas écarter des rangs du Collège, un élève si doué, de peur de perdre son autorité auprès des professeurs. Il s’est simplement rallié à la majorité.
D’ailleurs, réflexion faite, que serait devenu Tom, chassé du Collège ? Il se serait perdu dans la nature.
Le Professeur Dumbledore n’a pas insisté. Il voulait garder cet être exceptionnel sous sa plus haute surveillance, le plus longtemps possible.
Mr Ollivander arrêta de parler et ses yeux se perdirent dans le vague. Il reprit peu après.
- Nous saurons un jour ou l’autre si ce brave Albus a posé le bon jugement, s’il a bien fait de suivre la voie de la prudence même si la justice n’a pas été rendue à ce moment-là.
Le doute, cependant, est entré dans l’esprit du Directeur Dippet et depuis, il n’a plus jamais été le même homme. Il a d’ailleurs démissionné peu de temps après le tragique accident qui a causé la mort d’une élève de Serdaigle, l’année suivante. Des problèmes de santé, prétexta-t-il.
Ce fut terrible et là encore ma conscience fut ébranlée car Tom Jedusor est entré une nouvelle fois en jeu dans ce drame, accusant ce brave Hagrid du plus grave des méfaits.
Je ne pus m’empêcher de me remettre professionnellement en question. Je devais suivre fièrement mon destin de fabricant de baguettes. Mais la baguette d’if enseignait tant de choses à ce jeune sorcier au cœur mauvais. Et ma baguette apprenait tant de mauvais enseignements de ce jeune sorcier si doué pour le Mal.
Souvent, le Professeur Dumbledore calmait mes craintes disant que nous n’étions que des êtres fragiles, obligés de faire constamment des choix, que j’avais fait ce qu’il fallait que je fasse. C’était vrai, je l’avais fait avec tout le savoir-faire de mes ancêtres, en respectant toutes les règles de l’art. Sans le savoir, ce sage homme m’encourageait sans cesse à poursuivre ma profession.

Une nuit, pourtant, quelques mois après l’enterrement d’Arnold, je me réfugiai au cœur de la nature de Godric’s Hollow, pour exprimer librement mes doutes et mes peurs. J’avais décidé, ce soir-là, de fermer ma boutique.
Instinctivement, je ramassai une branche de houx qui venait de tomber à mes pieds et pleurai toutes les larmes de mon corps.
Une fois calmé, je rentrai au magasin. La nuit était profonde et noire.
J’avais posé la modeste branche sur ma table de travail et j’avais entrepris de ranger mon matériel quand, soudain, un éclair de feu illumina la boutique. La seule chose que je vis fut la plume dorée du phénix qui se posa doucement sur le plancher usé, devant la cheminée. Je la pris, elle rayonnait entre mes doigts.
J’entendis alors une musique au plus profond de mon être qui me chantait la morale d’un ancien conte indien :
« C’est au plus noir des nuits que germent les aurores ».

La branche de houx qui reposait sur le comptoir commença à étinceler, réagissant instantanément à cet ingrédient aux pouvoirs extraordinaires.
Impulsivement, je me mis au travail, poussé par une volonté qui me dépassait.
Etrangement, une grande sérénité envahit mon cœur et je mis toute mon ardeur à créer cette baguette qui attend toujours à l’abri de mon rayonnage supérieur droit.

Mr Ollivander replongea dans ses pensées. Puis, il se leva et se dirigea vers la bibliothèque où dormaient les livres de contes. Il s’empara d’un des exemplaires et, en souvenir d’Arabella, me lut l’histoire des neuf vies des fléreurs. Je l’écoutai avec attention car je connaissais maintenant tous les doutes de mon nouvel ami. Toute l’affection qu’il ressentait pour Arabella enveloppa mon coeur.
- Je n’ai jamais trouvé la baguette qui convienne à cette petite. Je suis pourtant sûr qu’elle n’est pas vraiment cracmol. Cette branche d’orme qui repose dans l’atelier est pour elle, j’en suis sûr. Je voudrais tant lui faire ce cadeau.
Mr Ollivander but une gorgée de son thé de jasmin et plongea son regard dans les flammes qui dansaient dans la cheminée.
A mon tour, je lui offris un cadeau : la fin de ce conte que seuls les fléreurs connaissent. La fin de ce conte révélant le pourquoi des neuf vies des fléreurs que Mr Ollivander avait offert à Arabella le jour de ses onze ans. Il l’avait raconté pour consoler Arabella mais aussi pour river son existence au Monde de la Magie qui était aussi le sien.
Mr Ollivander se laissa faire. Il écouta avec intérêt mes ronronnements.

(*)" Oh Humains, vous nous faites parfois grief de notre sommeil et nous taxez de paresse ! Ignorants que vous êtes !
Car, Shiva n'ayant pas ordonné au Fléreur d'arrêter son décompte, il continua...
Ce que le dieu, tout dieu qu'il était, ne savait pas, c'est qu'un Fléreur qui semble endormi, entre en fait en osmose avec ses congénères. Et quand celui-ci se met à compter, d'autres beaux Fléreurs dormants se mettent à compter de concert.
Et depuis, ils n'ont pas cessé car, dès que l'un s'éveille afin de vaquer à ses chatesques affaires, les autres, endormis de par le Vaste Monde, poursuivent la tâche, relayés par d'autres encore à chacun de leur réveil ou à l'issue de leur neuvième vie. Et tant qu'ils n’auront pas achevé ce comptage, le Monde ne peut disparaître puisque c'est une tâche promise à un dieu !
Un conseil ! Respectez le sommeil des Fléreurs car là réside le sortilège qui soutient notre Monde de Magie." (*)

Mr Ollivander me regarda avec des yeux d’enfant ébloui. Malgré son grand âge, il avait encore la capacité d’ouvrir son esprit à la nouveauté, à l’inconnu.
Il me prit dans ses bras et le parfum du thé de Jasmin s’infiltra dans mes narines. Je trouvai, là, un coin de félicité comme on n’en rencontre que dans les contes de l’Inde profonde.

(* Merci Apsara pour ce passage)
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Message par Luna Pensive Mar 6 Mar - 20:57

coucou Snowpuff !
J'imprime le début de tes aventures ce soir, et je m'installe pour lire (un chat près de moi) : à très bientôt !
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Message par Suzywa Mer 7 Mar - 18:58

A Luna: study Bonne lecture !

Le sorcier aux mille et une baguettes
(cinquième volet)

La nuit était sombre. Mon regard perçant distinguait pourtant le cercle de la nouvelle lune, amie des voleurs et des gens malintentionnés. Les humains ne sentent pas ces choses-là, ils ne les voient pas non plus et pourtant une onde négative descendait et s’infiltrait en moi à mesure qu’elle approchait. Sans réfléchir, je regardai vers la cage d’escalier. Quelque chose glissait, montait, s’approchait insidieusement.
Soudain, je vis le visage de Mr Ollivander. Il était pâle, figé comme dans la mort. Ses yeux grands ouverts étaient ronds comme la pleine lune. L’onde enveloppa le vieillard et ses yeux pâles virèrent au rouge. Les pupilles verticales lui donnaient l’air d’un monstre sanguinaire.
Je me réveillai en pleine nuit. Non … Aucun bruit n’atteignait mes oreilles aux larges pavillons.
C’était, uniquement, mon instinct qui agissait sur moi comme le hululement nocturne du hibou, cette pulsion inexplicable qui se met en branle au plus profond de mon être quand je sens que celui à qui je m’attache est en danger.
Un courage particulier me poussa à agir et je sautai du fauteuil sur lequel j’aimais à m’installer.
Je passai la porte qui menait au corridor. Je restai ainsi quelques secondes, le nez en l’air. Mon flair me poussa à suivre le chemin que mon instinct avait reconnu.
La nature avait bien fait les choses, les coussinets de mes pattes se posaient sans bruit sur les marches de l’escalier de bois. L’intrus ne pouvait pas entendre mes pas.
Arrivé à l’étage, je me rendis compte que c’était dans la chambre à coucher de mon ami que la menace rôdait. Je me dirigeai dans le couloir sombre et je m’arrêtai une nouvelle fois. Un sifflement parvint à mes oreilles. Je flairai le courant d’air que laissait passer la porte entrouverte. Sur le seuil, je distinguai un serpent dressé.
Il sifflait d’un air menaçant. Sans doute avait-il repéré ma présence gênante.
Tout vibrait en moi. Une chose était sûre, cet animal représentait une menace.

Je décidai donc de le prendre en chasse. D’un bond, je me trouvai face à lui.
La chose glissa sur le côté et accéléra, rasa le sol sans s’arrêter cherchant un refuge sous le lit. Percevant que la voie de sortie était libre, le reptile s’activa comme en proie à un agacement croissant. L’animal avait peur, c’était une bête venimeuse et je devais me méfier. Je suivis l’animal qui descendait l’escalier.
J’anticipai alors ses projets, devinant qu’il se dirigerait vers le jardin. J’avais visé juste et je le vis entrer dans la cabane de jardin de Mr Ollivander.

Il voulait sûrement s’y cacher, disparaître et mieux revenir, par après, pour je ne sais quelle mauvaise intention.
C’était sans compter sur mon intervention
La porte grinça, l’être s’immobilisa, puis, entra dans cet endroit obscur.
Prudemment, je me faufilai dans cette pièce où la poussière régnait en maîtresse incontestable.
Des malles, des tableaux amoncelés contre le mur de bois n’attendaient plus le regard de personne.
Je sautai sur l’un des coffres en rotin dont le couvercle vermoulu s’effondra sous mon poids. Je disparus dans ce volume et découvris d’anciens uniformes : chapeaux, robes et palmarès à moitié rongés par les doxies.
Je me trouvai empêtré dans un fouillis faisant penser à du matériel scolaire et je perdis la trace du serpent qui voulait s’introduire chez Mr Ollivander.

Mes sens n’étaient plus en alerte. Le danger s’était volatilisé et je compris que je me trouvais dans une réserve à souvenirs. Je réalisai que mon ami avait dû suivre les études dans ce fameux collège de Poudlard ou d’ailleurs.
Je tentai donc de l’imaginer jeune adolescent aux yeux pâles comme la lune.
Son image apparut dans ma tête quand j’entendis une voix rocailleuse, douce et ensommeillée.
- Que se passe-t-il ici ? C’est toi, Snowpuff, qui fais tout ce tintouin ?
Sans attendre, je sortis ma tête du vieux panier en osier. Mes deux yeux éclairaient l’espace.
- Que fais-tu donc là, Snowpuff, à cette heure de la nuit ? Je sais maintenant qu’il ne faut pas rompre le sommeil d’un fléreur ! reprit le vieil artisan ironiquement. Mais il n’est pas bon, non plus, d’interrompre les songes d’un fabricant de baguettes, surtout quand il rêve d’associations tout à fait inédites en matière de bois et de substance magique !

Je sortis en ronronnant, expliquant que j’avais pris en charge un serpent aux mauvaises intentions qui rôdait près de son lit, quelques minutes auparavant.

Mr Ollivander fronça les sourcils et s’appliqua à fermer correctement la porte et les fenêtres de ce cagibi.
- Je ne te remercierai jamais assez, Snowpuff, de me protéger ainsi en ces temps incertains. Des êtres rôdent en recherche de quelqu’un ou de quelque chose. Il faudra que j’en parle à Albus, à l’occasion.

Le vieil homme sortit de la maisonnette et me prit dans ses bras pour me caresser. Il reprit un ton plus léger.
- J’ai remarqué que tu avais découvert ma malle d’étudiant ! Mon Dieu, que ces souvenirs sont lointains.Tu veux, sans doute que je te raconte un peu de ma jeunesse… Montons au salon, ma mémoire se réchauffera mieux au pied du feu que dans ce palais des courants d’air.
Mr Ollivander me posa sur le sol en quittant le jardin.
Le vieil homme gravit lourdement les marches vers le premier étage.
Il chantait une chanson qui parlait de maisons, de qualités et de conseils à suivre pour rester tous unis. Il profitait des pauses qu’il s’accordait dans son effort pour répéter les paroles oubliées et retrouver celles qui concordaient exactement à la réalité.
De mon côté, je m’amusais à le précéder puis à l’attendre sur les marches pour ne perdre aucune de ses paroles. Je découvrais peu à peu les failles et les déchirures d’âme de ce vieil homme aux pouvoirs fabuleux.

Mr Ollivander mit une robe de chambre en molleton et réanima les flammes dans la cheminée.
Il s’installa dans le fauteuil de cuir et resta quelques minutes, le regard perdu dans le feu. Il se demandait par où commencer son histoire qui remontait si loin dans le temps.
- Je pense qu’il est mieux de commencer par le début, Snowpuff, dit le vieil homme de sa voix douce et rauque.
Ce sont les murs de cette maison qui ont entendu mes premiers cris. Je suis né en 1897, le jour du printemps, le 21 mars, exactement.
Mon père était fabricant de baguettes à l’époque, il avait hérité du pouvoir de notre grand-oncle Théodore Ollivander.
Une naissance est toujours un jour particulier dans notre famille puisque le pouvoir de notre premier ancêtre le druide ne se transmet que selon les règles mystérieuses de la génétique. Parfois, il se perd pendant une génération pour revenir par on ne sait quel hasard ou quelle prédestination au cœur de l’ADN de celui-ci ou de celui-là.
Il fallut attendre quelques semaines avant que la fête ne retentisse autour de mon berceau.
Un matin, j’ouvris les yeux et mes parents découvrirent qu’ils avaient la brillance et les teintes argentées de la pleine lune. Tous les créateurs de baguettes de notre famille ont cette caractéristique physique. C’est au travers de cette marque que se manifeste le magnétisme fabuleux de « l’élu ».
Mon père fut soulagé de découvrir qu’il avait la chance de pouvoir transmettre son savoir à son propre fils.
Je grandis donc dans un environnement à la fois familial et professionnel. Mon avenir était déjà tracé au moment de mon premier cri.
Avantage ou inconvénient ? Je ne pourrais le dire. On ne réfléchit pas, c’est tout.

Le vieil homme replongea dans ses pensées.
En attendant la suite de son histoire, en bon fléreur, je mis à profit mes dons de calculateur et je me rendis compte qu’il était plus vieux que moi, mes cinq vies réunies ! Une bouffée de respect m’obligea à adopter la position du Sphinx pour honorer cet ancêtre.

Mr Ollivander reprit la parole. Il avait le sourire aux lèvres quand une des bûches, rongée par les flammes, s’effondra sur l’amas de cendres incandescentes.
-Tout petit déjà…. Oh ! J’avais trois ans ou quatre ans, à peine ! Mon père m’emmenait chercher les branches dans les bois des environs. J’avais déjà, à cette époque, le rythme du rituel que je t’ai montré, il y a peu.
Je me souviens d’une de ces escapades… dit-il.

Le marchand se tut et me prit dans ses bras. Il m’installa au creux de sa nuque et j’enroulai ma longue queue autour de son cou pour ancrer son souvenir dans mon être profond.

Un tourbillon nous fit remonter le fil du temps.
La mémoire de Mr Ollivander avait d’autres méandres que celle de mon amie Arabella. Chez elle, les images défilaient au rythme des photos qu’elle entassait dans sa boîte en bois de rose. Celle de mon nouvel ami était parsemée de parfums, de bruits, de couleurs et d’impressions tactiles. Tous mes sens étaient en éveil lorsque je l’accompagnais ainsi. C’était un véritable feu d’artifice de sensations. Je compris là ce que ce maître voulait expliquer.
Il n’existe pas un seul être identique à un autre.

Le carrousel s’arrêta sur un petit matin d’été. Le soleil tout neuf jouait à cache-cache avec les troncs d’arbres.
Cadeau précieux de la lune au soleil, la rosée qui s’était déposée sur la nature assoiffée offrait ses vertus rafraîchissantes au peuple des bois. Il s’éveillait avec cette aurore paisible et entamait une des plus longues journées de l’année.
Un homme, élancé et maigre, habillé d’une robe de lin décorée de feuilles de lierre, se déplaçait à grands pas dans le bosquet.
Point de chapeau, point de besace.
Il n’était pas âgé bien que la masse de ses cheveux longs soit d’une blancheur éclatante. Lorsqu’on voyait cet homme se mouvoir, c’était une impression de vigueur qui émanait principalement. Il se hâtait lentement, attentif au moindre détail qui s’offrait à ses yeux.
Cette force tranquille était concentrée dans l’intensité de son regard coloré dans la palette des gris. Deux yeux aux reflets de pleine lune.
Il faisait frais encore mais les abeilles s’activaient. Elles passaient, vrombissant, à la recherche de massifs de fleurs. Les oiseaux chantaient leur refrain matinal, les biches suivies de leur jeune s’écartaient pour se cacher derrière d’autres buissons.
Les fleurs exhalaient leur parfum de saison.

- Attends, Adam ! La voix qui avait prononcé ces mots avait la douceur veloutée du pelage des félins. Elle avait cependant une portée incroyable au cœur de cette forêt.
Viens près de moi, j’ai trouvé quelque chose qui nous sera utile dans notre recherche.
L’enfant courut vers son père, sans se faire prier.
Tous deux s’accroupirent et se penchèrent en avant pour regarder l’herbe verte.
Un rayon de soleil éclaira la chevelure blanche et les longues mèches blondes. Les deux regards ainsi éclairés étaient pareillement attentifs.
Les longs doigts du père écartèrent délicatement une touffe d’herbes tressées.
- Regarde, Adam ! Tu vas découvrir un nid de fées. C’est ainsi qu’elles passent inaperçues aux yeux des augreys qui en sont friands.
Le petit garçon mangeait des yeux le visage de son père. Il était bouche bée, buvant avidement les paroles comme si c’était du petit lait.
- Elles sont toute petites, alors les fées ? dit le petit Adam d’une voix claire et lisse comme du cristal. Tu crois qu’elles voudront venir dans ma main, papa ? chuchota le jeune sorcier.
- Oh ! prudence, Adam ! Les fées ne sont pas toujours douces et clémentes. Il se peut que nous trouvions des œufs au creux de ce nid de verdure. Les fées défendent leurs petits. Elles peuvent sauter et mordre.
S’il y en a, nous devrons faire vite. Nous ne devrons prendre qu’un seul de leurs œufs... conseilla le sorcier en montrant son index au petit garçon.
Tu es prêt ? Je vais ouvrir le nid. Où est ma baguette ?
L’enfant était silencieux et attentif. Il ouvrait grand les yeux, il avait relevé ses fins sourcils pour voir encore mieux. Il posa ses deux petites mains de part et d’autre du cocon de verdure pour se rapprocher encore plus du trésor qu’il allait découvrir.

Les longs doigts fins et noueux écartèrent les brins d’herbe et on pouvait voir deux fées minuscules dormir au milieu de cinq œufs, pas plus grands que des perles de rosée. Leurs ailes translucides enveloppaient leur petit corps aux formes humaines à la manière d’une chrysalide.
« Wingardium leviosa » dit la voix profonde et douce. Un des œufs s’éleva dans les airs pour se poser dans un récipient en verre. A la place de l’œuf, le sorcier plaça une petite perle de rivière et chuchota une formule magique de remerciement.
D’un coup de « reparo » le magicien remit le nid en l’état.
Le petit garçon n’en revenait pas. Cela n’avait duré que quelques secondes mais cela lui avait paru incroyablement long. Il en tomba sur son derrière. Il réfléchit un moment, regarda le nid de fées et se redressa comme un diable qui sort d’une boîte. Un instant après, il s’arrêtait de-ci de-là, à la recherche d’un autre nid de fées.
- Il te faut chercher quelques cloportes, Adam ! dit le magicien. Un œuf de fée suffit pour aujourd’hui. Il ne faut pas épuiser les richesses de la nature.
Le petit garçon s’arrêta et écouta le message.
- Les cloportes, j’ connais ! dit le petit garçon en prenant la position d’un niffleur à l’affût.
Il se mit à gambader comme n’importe quel enfant. Il chercha le soleil des yeux, lui dit bonjour de la main droite, il pivota d’un quart de tour vers la gauche et se dirigea vers une grosse pierre couverte de mousse.
- T’as vu papa ? c’était bien, ma danse du Nord ? cria le petit sorcier d’une voix respirant la joie.
- Oui, mon fils, tu seras un grand fabricant de baguettes, sourit le magicien dont les yeux pétillaient de joie. Montre-moi maintenant comment tu chasses le cloporte ! poursuivit-il fièrement.
Le petit se mit à la tâche, attrapant dans ses petites mains maladroites, les cloportes énervés par la lumière du jour. L’enfant riait en plaçant les insectes dans le bocal que son père tenait fermement. Les bestioles chatouillaient le creux de ses mains.
- Voilà, Adam tu as rempli ta part de travail. Suis-moi maintenant et cherchons la branche idéale que la nature va nous offrir en cadeau. Nous avons tout ce qu’il faut pour nourrir les botrucs que nous risquons de rencontrer. Te souviens-tu des botrucs ? Ces petits êtres ressemblent à de fines branchettes ? Ils attendent sur les troncs d’arbres de la forêt. En fait, ils protègent les arbres et attaquent si quelqu’un leur veut du mal. Quand on prélève une branche sur un arbre généreux, les botrucs aiment qu’on les récompense des précieux services qu’ils rendent.

Les deux sorciers s’enfoncèrent plus profondément dans la forêt. La voix sereine du père tentait de calmer les cris de joie de l’enfant. Ils avançaient ainsi, guidés par la main puissante et invisible de mère nature.

Un grand soupir me fit revenir dans le temps présent. Adam Ollivander l’avait poussé et il avait le parfum sucré des fleurs d’été.
- Quelle époque magnifique, Snowpuff. J’avais tout à apprendre et mon père avait tout à enseigner.
Les druides celtes procédaient ainsi de manière rituelle et orale. On découvrait avec plaisir ce que la nature nous offrait comme un cadeau au détour d’un chemin ou d’une rivière. Et j’en découvre encore des merveilles, à mon âge…. déclara l’artisan en caressant de manière appuyée mon pelage blanc comme neige.

Après quelques secondes de félicité, le front de Mr Ollivander se plissa. Il reprit la parole.
- Malheureusement, les fabricants de baguettes qui travaillent selon notre point de vue n’ont plus été considérés. La famille Gregorovitch s’est orientée vers une nouvelle conception de fabrication plus adaptée aux temps de guerre que nous avons traversés depuis que Grindelwald est arrivé au pouvoir. Au siècle passé, lors d’un colloque mondial rassemblant tous les fabricants, mon père s’est retrouvé seul à poursuivre la tradition ancestrale.
Boris Gregorovitch, le père de mon rival, devenait le meilleur fabricant aux yeux de la profession grâce à une publicité mensongère. Il affirmait que son jeune successeur de fils possédait la Baguette de Sureau, terrible et célèbre instrument qui a la réputation de rendre son propriétaire invincible. Il affirmait de surcroît que lui-même avait découvert le savoir-faire et les formules magiques utilisées par Salazar Serpentard pour créer sa baguette en bois d’ébène.
Une ineptie à mon sens ! La Baguette de Sureau ou Baguette de l’Aîné ne révèle cette puissance qu’au seul terme d’un affrontement, la baguette de Serpentard ne peut être utilisée que par un descendant.
Quoi qu’il en soit, suite à cette déclaration, de petits fabricants ont commencé à ouvrir boutique et à suivre ce savoir-faire, en France ou ailleurs. Il leur suffisait d’apprendre la composition des baguettes les plus fortes, celles qui ont appartenu à Grindelwald, à Serpentard, ou même, comble du ridicule, aux hommes et femmes célèbres repris sur les cartes de Chocogrenouilles.
Mr Ollivander s’animait en relatant ces changements. Ses poings se serraient, son corps se raidissait. Je sentais que mon ami contenait une colère provoquée par un sentiment profond d’injustice.
- Ces sorciers bafouent les lois de la Magie naturelle, refusent d’être ce petit maillon de vie.
Point d’alliance, comme tu as pu l’observer, Snowpuff, mais des formules magiques forçant les éléments végétaux et animaux à s’unir de manière contraignante pour servir la magie.
Tu as bien vu ! Gregorovitch utilise des plumes de Focifère avec le risque de rendre son propriétaire complètement fou ! Il emploie des cheveux de vélane au mauvais caractère, des tendons de dragons et autres substances agressives et très difficiles à contrôler à long terme. Non, ces fabricants perdent leur rôle de lien entre l’homme et la Nature. Ils se croient avoir le droit de devenir plus fort que la Nature, elle-même. Ils pensent pouvoir la remplacer.
Mr Ollivander interrompit son monologue. Toute crispation retomba. Adam était fatigué et d’une voix infiniment lasse, il conclut :
- Et ainsi, d’un côté, nous avons les moldus qui détruisent tout, et de l’autre, nous voyons notre Monde magique pencher infailliblement vers le côté noir. Pire encore, il court à sa perte.
Mr Ollivander se redressa pourtant sur son siège de cuir fauve. La passion pour son art reprenait le dessus.
- Si je ne peux rien faire pour empêcher les moldus de détruire les ressources naturelles utiles, il faut absolument que je trouve le moyen de remettre notre profession sur le droit chemin.

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Message par Luna Pensive Jeu 8 Mar - 21:36

Ma lecture du préambule :
Heureuse de retrouver Snowpuff et de le revoir passer de chat dépenaillé et blessé à chat en forme et au beau pelage blanc.
En le lisant, je pensais à de vrais chats, venant dans le jardin de la petite maison de banlieue et rêvant de se faire adopter.
Et puis tout à coup je me suis rendue compte que c'est Leiko qui va se faire ainsi apprivoiser aux lieux !

La triste fin de Hepzibah Smith (premier volet) :
J'ai bien aimé ton interprétation d'un Tom Jedusor "fou d'amour"... pour sa quête à lui. Et aussi son rapport au "non-hasard" : à ce qu'il croit être son destin.
Quant à ses yeux qui font du bruit... il a réussi un tour de force !

C'est agréable à lire, ton style est fluide, simple mais évocateur d'images : j'ai "vu" la maison géorgienne avec ses cornes d'abondances...
Et il y a de nouvelles choses, du moins je le crois : la jeunesse d'Hepzibah, presque échevelée !

A suivre...






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Message par Luna Pensive Dim 11 Mar - 21:00

Réussi à « voler » un moment au je ne sais pas quoi qui ne m’en laisse plus assez depuis des mois – et j’ai donc pu me plonger dans La triste fin de Hepzibah Smith, deuxième volet.

J’ai beaucoup apprécié cet épisode, que j’ai découvert quasiment comme nouveau dans le détail des péripéties. Alors, est-ce parce j’avais oublié l’ancien ? Ou parce que ces détails sont vraiment nouveaux ? En tout cas, bon suspense… on croirait presque à la fin que Hokey va s’en sortir…

L’usage du polynectar par Barjow et Beurk pour ne pas avoir à assurer de service après vente… je ne m’en souvenais pas. Pas plus que de Tom Jedusor allant acheter une chemise de nuit… Et puis le fait que Barjow ait un jour pris l’apparence de Tom. (Hum, je me demande si Tom ne lui en aura pas gardé une grosse rancune… )

Mignon, la description de tout ce que Hokey a réussi à rassembler pour son petit confort, petit bonnet, petites pantoufles, petite couverture de pilou… et elle refait son lit en se levant. Dire que c’est sa dernière nuit de vie normale… Sad

Nouveau aussi (ça j’en suis sûre !) la « poudre d’écorce de Chêne de Brocéliande ». Soufflée par Merlin (ou Viviane) je suppose !

J’aime bien la description détaillée de la demeure de Hepzibah : on sent l’aboutissement d’une longue lignée. Une grande attention à la déco, en tout cas (ah le boudoir aux tons d’automne…).

Je ne me souvenais pas non plus de l’invention du tableau du meuble avec la clé. Très ingénieux…

A la fin de l’épisode le temps est suspendu…
Je vais en profiter pour faire tout mon boulot en retard ! à bientôt Bisou
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Message par Suzywa Mer 14 Mar - 20:56

Bisou A Luna:

Heureuse que tu redécouvres l'histoire avec de nouveaux yeux car je n'ai pas fondamentalement changé l'histoire d'Hepzibah.
La seule chose modifiée c'est la présence déclarée de Snowpuff précisée par moments dans le contexte.

Dans la première rédaction, le félin n'apparaissait qu'à la fin.

Sinon, la vie dans ma petite maison de banlieue se précise. J'observe beaucoup Snowpuff en dehors de ses récits et je le trouve assez lunatique, imprévisible. Tantôt insouciant comme un chaton, tantôt introverti et son regard est alors profond, perdu dans le vide.

Dimanche, Leiko entrera dans ma vie. J'ai dû clôturer le jardin et cet aménagement empêche les autres chats du quartier de passer dans le jardin.
Est-ce cet isolement qui le rend triste ou autre chose ?

Mais, il arrive là, pour notre rendez-vous hebdomadaire. Il est de bon humeur et ronronne pour nous.


Le sorcier aux mille et une baguettes
(sixième volet)

Mr Ollivander s’affairait dans sa cuisine. L’appartement sentait bon le bacon grillé et les œufs au plat. Cette nouvelle journée de novembre avait commencé tôt, illuminée par un feu d’artifice d’émotions fortes. Il ne fallait pas nous laisser aller et il était urgent de faire taire notre estomac.
Nous avions un invité de marque, ce matin. Albus Dumbledore avait été convié pour partager notre breakfast.

Trop de choses s’étaient passées depuis le 31 octobre pour que Mr Ollivander ne partage pas ces nouvelles avec son ami.
Adam m’avait laissé le fauteuil de cuir fauve, les flammes vigoureuses se reflétaient dans l’or de mes yeux.
De part et d’autre de l’âtre, un sanglier semblait vouloir s’échapper de la roche dans laquelle ils étaient taillés. Je distinguai leur museau et leurs pattes avant en position de course.
Intrigué, je descendis du fauteuil pour flairer le groin de ces deux bêtes sauvages tant elles me semblaient pleines de vie.
Adam et Albus revinrent vers le foyer à ce moment précis. Le fabricant lut l’étonnement dans mon regard couleur d’ambre et y répondit tandis que le grand sorcier à la robe bleu nuit me scrutait en détail, derrière ses petites lunettes en demi-lune.
- Les sangliers sont des animaux sacrés dans notre culture celte. Ils sont le symbole des druides et ont un lien avec le Dieu Lûg, Dieu de la guerre, de la lumière et de la magie.
Les sangliers sont souvent représentés dans notre monde : Hogwarts, Hog’head à Hogsmeade.
Ce préfixe indique un rapport aux druides. Ces sages détectent les endroits magiques comme les sangliers trouvent les truffes, champignons fabuleux.
Je pense, d’ailleurs, mon cher Professeur, que Poudlard a vraisemblablement été construit sur un ancien lieu de rassemblement celtique. Son site doit avoir des propriétés telluriques particulières concentrant une énergie magique bénéfique.

Le Professeur s’était assis dans le fauteuil en cuir. Il redressa son buste et se tourna solennellement vers Mr Ollivander avec un sourire sur les lèvres. Très simplement, il se mit à parler avec le vieil artisan. Je discernais une pointe d’ironie dans sa voix.
- C’est ce que VOUS pensez, mon cher Adam. Personnellement, je n’en suis pas persuadé, voyez-vous ! reprit-il en reposant son regard perçant vers moi pendant quelques secondes. Par contre, ce fléreur me semble bien étrange ! s’étonna le Professeur Dumbledore. Vous lui parlez comme à un collègue ou mieux comme à un apprenti. Serait-ce les méfaits de la solitude qui vous poussent à dialoguer avec un fléreur tout aussi noble soit-il ? continua le grand homme en s’inclinant devant moi. La blancheur de son pelage étonnerait votre ami Newt, d’ailleurs !
- Oui, c’est vrai. reprit Mr Ollivander d’un air penseur. Je le lui présenterai quand j’en aurai l’occasion. Mais, voyez-vous, Professeur, ce fléreur est hors du commun. Il a l’intelligence du cœur et puis, rien ne vaut la protection d’un tel animal par les temps qui courent ! De plus, nous avons, tous trois, une connaissance commune. Snowpuff a vécu chez Arabella quelques semaines avant la nuit du 31 octobre. Cela crée des liens !

Ces paroles provoquèrent un regain d’attention chez le Professeur Dumbledore.
Je sentis son regard me transpercer, me mettre littéralement à nu. Comme l’oiseau traqué, mon âme se fit toute petite, percée à jour dans le regard du rapace. En quelques secondes, je sus qu’il savait tout de moi.
Son expression s’adoucit d’un coup et je perçus de l’étonnement dans ses yeux. Le grand homme avait le regard de l’enfance quand il se pencha vers moi. Il me fit sentir le bout de ses doigts. Je parcourus le reste du chemin et lui donnai une caresse du bout de mon museau jusqu’au creux de mon cou. L’homme ouvrit naturellement la main pour suivre ma caresse. Sa main sèche et chaude continua le mouvement pour le terminer au bout de ma queue en panache. Nous avions fait simplement connaissance et nous savions que nous allions nous apprécier.
- Tu as de la chance, Adam ! reprit paisiblement le Professeur. Ce fléreur est plus vieux que toi, il est paré pour écouter ce dont nous allons discuter.
Je fus surpris de cette conclusion, moi qui pensais l’inverse justement mais laissai de côté les paroles du sorcier pour profiter du repas tant attendu.

Pour pouvoir déjeuner tranquillement, Mr Ollivander descendit dans sa boutique, plus tôt que de coutume et retira les volets de bois de ses vitrines bien avant le tintement rituel.
Pour ma part, je m’étais assis près du coussin râpé sur lequel reposait la vieille baguette magique, reniflant avec précaution l’objet encore immobile.
Ma patience fut rapidement récompensée. Un nuage d’étoiles multicolores sortit de la tête allongée du bâton et vint chatouiller mes narines. Il enroba l’instrument qui se redressa seul. La goutte d’ambre resta en contact avec le velours aux teintes fanées et son extrémité frappa la vitre de la boutique. C’est à ce moment précis que Mr Ollivander me rejoignit.
Sans quitter l’objet des yeux, j’écoutai la voix douce et rocailleuse de mon ami.
- Les élus de la famille Ollivander n’ont pas toujours tenu une boutique. Mes aïeux fabriquaient des baguettes depuis 382 avant Jésus-Christ et Londres en tant que telle n’existait pas encore.
Les Celtes ont commencé à s’installer le long de la Tamise en 800 avant notre ère, d’autres prétendent qu’ils y arrivèrent vers 600 avant Jésus-Christ.
Cette baguette est la première, la plus ancienne, celle qui appartient à Orry.
Mes yeux trahissaient une curiosité croissante. Adam en décoda les signes et me répondit.
- Orry avait un pouvoir fabuleux mais comment a-t-il commencé à fabriquer des baguettes ? C’est ce que j’ai décidé de vous raconter après le petit-déjeuner. Viens, il est temps de rejoindre ce brave Albus ! me dit-il avec un clin d’œil.

Le repas se déroula très agréablement. Mr Ollivander relata les faits qu’il avait vécus. La visite des Mangemorts, la réaction bizarre de Mondingus manipulant la baguette de son ancêtre, la chasse au serpent qui s’était introduit dans la chambre à coucher.
Le Professeur Dumbledore me caressa affectueusement quand Adam raconta mon intervention salvatrice.
- Tu as bien fait, Snowpuff ! dit le vieux professeur d’une voix grave. Il faut que tu prennes soin de cet homme remarquable car il est le dernier représentant des véritables fabricants de baguettes.
Maintenant, mon cher Adam, poursuivit le professeur, il serait prudent que vous vous remettiez à l’occlumancie. Lord Voldemort vous cherche et il est impérieux de lui cacher les informations précieuses que vous détenez au cœur de votre cerveau.
Je pense d’ailleurs que Lord Voldemort est toujours parmi nous. Plusieurs hypothèses, bien sûr ! Mais ce serpent avait peut-être quelque chose à voir avec ce qu’il reste de ce mage !
Le professeur s’interrompit pour boire une gorgée de Darjeeling. Il s’essuya la bouche délicatement et poursuivit son raisonnement.
- Je suis également persuadé que Lord Voldemort est en recherche de sa baguette. Tant qu’il n’en aura pas, il n’aura pas beaucoup de pouvoir.
En raisonnant ainsi, je suis heureux d’avoir suivi votre intuition en 1945, Adam. Vous pensiez que la Baguette de Sureau pouvait être dévastatrice entre les mains d’un tel individu. Heureusement que vous avez suivi la trace de cet objet rare depuis le jour où Tom est venu dans votre magasin. Vous saviez déjà que c’était Gregorovitch qui la possédait ! Vous n’aviez plus beaucoup à chercher. Finalement, c’est vous qui m’avez convaincu qu’il était temps de défaire Grindelwald ! dit le Professeur en engouffrant avec appétit un morceau de bacon fumé.
Le professeur me donna un morceau de viande et je me dis que j’adorais cet homme si simple que j’avais déjà eu le plaisir de croiser dans les souvenirs d’Arabella.
J’en profitai pour m’asseoir sur la seule chaise restée inoccupée à la table de la salle à manger.
Tout en dégustant la viande grillée, je ronronnai la réflexion que Mr Ollivander s’était faite après l’attaque des mangemorts: en bref, l’action probable de la baguette magique en bois d’if dans la disparition du corps de Lord Voldemort.
Le professeur Dumbledore arrêta le mouvement de sa fourchette un court instant. Il croisa le regard pétillant de malice de Mr Ollivander qui s’amusait de l’étonnement de son ami.
N’ayant pas de réponse, je répétai mon ronronnement et le vieil artisan prit alors la parole.
- Tu fais bien de mettre ce sujet à l’ordre du jour, Snowpuff. Je voulais en parler avec vous, Professeur. Ce fléreur m’a raconté le souvenir partagé avec Arabella, le soir d’Halloween. Une lettre de Kate lui a relaté que le portrait de Bowman Wright a visité la maison des Potter. Il a rapporté à la Communauté sorcière de Godric’s Hollow rassemblée chez Bathilda que notre ennemi avait disparu corps et bien, ne laissant sur le sol que sa célèbre cape noire et sa baguette en bois d’if.

Le professeur Dumbledore s’éclaircit la voix et me fixa d’un air malicieux.
- J’avais donc bien compris vos ronronnements, mon cher Snowpuff. J’ai moi-même une opinion assez précise sur ce qui s’est passé ce soir tragique causant la disparition de James et Lily Potter. C’est du ressort de la Magie ancienne. Le sacrifice d’amour d’une mère qui avait le choix d’éviter la mort et qui s’est offerte pour sauver son enfant. Ce sacrifice aura des répercussions que Lord Voldemort ne connaît pas encore, je pense.

Je repris mes ronronnements pour faire valoir que Lord Voldemort ne semblait pas mort et qu’il serait intéressant de savoir ce qu’il était devenu.
Le professeur Dumbledore sourit et s’adressa à son ami.
- Votre fléreur est vraiment surprenant, Adam ! Je commence à comprendre le pourquoi de votre considération à son égard !
Pour reprendre le sujet de cet échange, je dois vous avouer que je ne sais pas encore exactement ce qu’est devenu notre sorcier. Une hypothèse me semble très intéressante. Mais elle repose encore sur des bruits, des on-dit qui m’ont été rapportés dans les années 1950. Je n’ai pas de preuves réelles qui leur donnent du crédit. Cette hypothèse n’explique d’ailleurs pas cette dématérialisation apparente. C’est peut-être du ressort de l’alchimie. Je devrais partager ces idées avec Nicolas Flamel. Vous me donnez, là, de nouvelles pistes à suivre, Adam !
Par contre, le serpent qui a tenté de vous nuire me fait soupçonner que ce Mage aurait pris une forme animale ou aurait le don de possession. Il est fort probable que Voldemort en l’état corporel actuel n’ait pu prendre sa baguette. S’il avait pu l’emporter, il l’aurait fait ! Aucun sorcier ne laisserait son instrument magique derrière lui avant de se cacher. Je l’imaginerais bien sous forme de force aérienne, incapable d’action sur la matière. Un état dématérialisé mais tout aussi néfaste puisque Fumseck est toujours à mes côtés !
C’est vraiment intéressant ce que vous me dites.
Le Professeur Dumbledore avait repris des œufs et du bacon. Je voyais bien qu’il était plongé dans ses pensées. Il me donna encore quelques morceaux de viande et reprit le cours de la conversation.
Il releva la tête et s’adressa à Mr Ollivander.
- J’aimerais, à présent, connaître votre point de vue, Adam ! Vous avez la science innée de la flore et de la faune ! Moi, je n’envisage que la vision humaine, petit chaînon de notre grand Tout.
Mr Ollivander se cala au fond de sa chaise. Il croisa les genoux et commença son explication.
- Je pense personnellement que la baguette en bois d’if contenant la plume de Fumseck a agi dans cette dématérialisation fort probable. Comme vous le savez, Albus, la baguette choisit son sorcier, l’accompagne dans les apprentissages de la vie, dans les épreuves comme dans les moments de bonheur. La baguette apprend du sorcier tout comme le sorcier reçoit les enseignements de son instrument magique.
Dans le cas qui nous occupe, je pense profondément que Le Seigneur des Ténèbres a dépassé un point de tolérance acceptable. Comment dire…. Je pense que le dernier Avada Kedavra lancé ce soir du 31 octobre était intolérable pour une baguette. La plume de phénix et le bois d’if ont donc lancé un sort connexe qui a pu couper le lien entre eux et leur propiétaire. Ils ont fait en sorte de se détacher physiquement de cet être maléfique, de le priver de ses pouvoirs.
Un cas pratiquement similaire a été relaté dans un recueil très intéressant, le fameux « A propos des phénomènes inédits en matière de baguettes magiques. » de Elphéard O’Tool. Il raconte l’histoire d’un homme qui, à force de sortilèges malfaisants, s’est retrouvé sans baguette magique. Cette dernière s’est dématérialisée dans ses mains !
Il y a eu rébellion naturelle. Le sorcier n’a rien écouté de ce que son instrument avait à lui enseigner et il a dû subir une punition.
Je pense qu’il en fût de même entre Le Seigneur des Ténèbres et sa baguette. Il a dû forcer la baguette à sublimer une force négative insupportable sans jamais écouter la force positive condensée dans l’outil que j’ai fabriqué ! En fait, il aurait franchi un point de non retour. Oui, cela résume assez bien ma conception de l’événement. Il est des limites qu’il ne faut pas dépasser.
Le professeur Dumbledore avait été très attentif aux paroles de l’artisan. Il acquiesça avant de conclure.
- Il est vrai, cher Adam, que les sortilèges impardonnables ne portent pas ce nom pour rien !
Mr Ollivander poursuivit la discussion.
- Pour la présence de ce serpent, je pense que la vision de Snowpuff est intéressante. Il m’a raconté qu’il avait vu, en rêve, mon visage blanc prendre l’aspect de la mort et mon regard devenir reptilien. Une volonté de me posséder ? Je le pense aussi. La volonté de me manipuler mais dans quel but ? Fouiller ma boutique à la recherche d’une nouvelle baguette ? S’emparer de la seconde baguette à la plume de Fumseck ? Les mangemorts ont-ils eu contact avec Vous-Savez-Qui ? Je ne sais que penser ! Reste que la seconde baguette est toujours là et je pense qu’elle n’est pas destinée à notre ennemi…. dit Mr Ollivander en croisant mon regard d’ambre. Quand j’ai montré la baguette à Snowpuff, un bébé en pleurs est apparu dans son inconscient. Fumseck aurait-il prévu le mal et son remède ?

Une fois de plus, le Professeur me regarda de manière soutenue. Calmement, je croisai son regard bleu, quelques comètes enflammèrent mes iris couleur de paille sèche en guise d’assentiment.
Les amis discutèrent encore quelques instants. Ils appréciaient ces échanges qui avaient toujours l’avantage de faire progresser cette lutte soutenue contre les forces du Mal. Je me mis à penser que j’aurais dû connaître mes nouveaux amis, bien plus tôt ! Mais ainsi va la vie !

- Mais ainsi va la vie ! dit Mr Ollivander pour conclure un débat que je n’avais pas suivi. Je vous propose de vous installer devant la cheminée à présent.
Je suivis bien volontiers les deux hommes.
Le Professeur Dumbledore s’installa bien confortablement dans le fauteuil de cuir puis me fit venir sur ses genoux.
Mr Ollivander, lui, s’était adossé à la cheminée de pierre pour profiter de la douce chaleur du feu. Il était droit et fier, le bras gauche tendu sur la tablette. Il avait redressé sa tête. Mon ami fixait le plafond et ses yeux pâles commencèrent à luire. Il remontait le temps pour s’arrêter sur l’histoire de ses origines.
Ainsi entouré des deux sangliers de pierre, je compris que cet humble artisan était vraiment extraordinaire. J’étais sûr que le sang de tous les druides celtiques battait encore dans ses veines. Je vins à penser que c’était peut-être même le sang du Dieu Lûg qui y vivait, tant son port était majestueux.

- Je vous ai fait venir, Albus, car je voulais également vous raconter une histoire que vous ne connaissez pas. Celle des origines de mon art de fabricant de baguettes. C’est Snowpuff qui m’a fait penser que finalement je ne vous l’avais jamais racontée.
Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère et je pense qu’au vu des événements qui viennent de se passer, il était important de vous la dévoiler.
Orry était le nom du premier de notre grande lignée. Ce druide, avait une aura extraordinaire. Il a vécu sur l’Ile de Man où on parlait un gaélique très ancien.
Mon ancêtre a vécu très longtemps, si longtemps que personne n’avait souvenance de sa naissance.
Les moldus et les druides sorciers vivaient ensemble à l’époque. Les pouvoirs magiques n’étaient pas sources de préjugés ni de méfiance comme c’est le cas aujourd’hui.
Le druide était considéré comme le sage et tous le respectaient pour ses connaissances et ses liens privilégiés avec les Dieux de la nature. Même le chef moldu de la communauté attendait que le druide ait prononcé son discours avant de prendre lui-même la parole.
Quand les jeunes interrogeaient les anciens sur les origines de Orry aux yeux aussi pâles que la Lune, les plus vieux racontaient qu’il était arrivé sur Terre par un chemin inconnu et ils montraient les étoiles du doigt en prononçant ces paroles pleines de mystère…
« Orry fan thart ! » Orry attendait au loin !
Vous êtes des auditeurs intelligents ! Vous reconnaîtrez facilement l’origine de mon patronyme…. dit l’artisan les yeux brillants.
Au fil des siècles, avec l’arrivée des hommes du Nord, le nom a subi diverses modifications, il a été nommé « Orry von There » puis « Olli van der » pour connaître enfin la forme actuelle « Ollivander ».
Adam s’interrompit et écouta mes yeux constellés de comètes.
Cette histoire me faisait penser au conte d’Arabella : East of the sun, West of the moon et je tentai d’imaginer ainsi la venue de cet ancêtre au travers des aurores boréales…
Il comprit ce à quoi je faisais allusion.
- C’est vrai… dit-il après quelques secondes de réflexion…. Tu me fais penser que Olli est aussi un prénom d’origine finlandaise….
Comme le Monde de la magie est petit ! conclut-il dans un sourire enfantin.

Ce sourire continua à flotter sur ses lèvres quand il reprit l’histoire de ses origines.
- Les druides ont été les initiateurs des grandes invasions, des grandes migrations. Les moldus, plus timorés, avaient tendance à être sédentaires.
Les sorciers ont d’autres instruments invitant au voyage.
Leurs pouvoirs hors du commun, leur balai magique, la faculté de transplaner ont développé chez eux un autre regard sur l’espace et le temps. Voyager n’est pas vraiment risqué pour les sorciers. Ce sont donc les sages druides qui ont conseillé les grands stratèges à oser partir à la découverte du monde au fil des siècles.
Orry fait partie de ceux-là.
Les hommes le voyaient toujours accompagné d’une bergeronnette. Un petit mâle. Il s’était lié avec cet oiseau migrateur qui s’en va l’hiver pour rejoindre les pays chauds. Pendant son séjour en nos contrées, l’oiseau suivait Orry à la trace. Il l’accompagnait dans les bois, se posait sur son épaule lors des réunions importantes qui se déroulaient sous le chêne du village. Il était toujours dans les parages quand le druide passait son temps à transmettre les savoirs à la jeune génération.
Après avoir passé les mois de printemps et d’été au village, la bergeronnette rejoignait les contrées de l’Egypte et en ramenait des histoires étranges et magiques dont Orry profitait.
Un printemps, au retour de son voyage, le fin volatile revint avec un message : il leur fallait tous quitter cette Ile propice et rejoindre le Grand Fleuve qui coulait du couchant au levant, là-bas sur la Grande Terre, derrière laquelle le soleil apparaissait. C’est là-bas que se trouvait leur avenir à tous.
Vers 383 avant Jésus-Christ, poussé par la confiance des messagers des Dieux, le chef de cette peuplade de l’Ile de Man décida de se déplacer sur la Grande Terre, toute proche, pour s’installer le long de ce qui ne s’appelait pas encore la Tamise.

C’est le jour même du printemps que l’impulsion du départ se mit en branle.
Toute la tribu avait fait ses paquetages pour suivre l’intuition de Orry et de son fidèle compagnon ailé. Le jour du départ s’était levé. Arrivés sur le rivage, la peur de l’inconnu et la longue marche en découragèrent plus d’un. La bergeronnette survola la troupe en chantant son refrain vif et frais soutenant le discours de Orry. Les deux efforts combinés réussirent à redonner confiance à tous car le druide ne voulait laisser personne en route. Il leur fallait partir ensemble. C’était tous ou personne.

Alors, ceux qui possédaient de quoi traverser la mer l’utilisèrent pour transporter les amis et les familles sur le rivage tout neuf qui se dressait devant eux.
La peur faisait se serrer les femmes et les enfants. Les hommes mettaient toute l’ardeur de leurs bras et de leurs cris pour écourter le périlleux voyage.
Enfin, ils arrivèrent sur la côte vierge qui s’étendait à perte de vue et furent désappointés de se retrouver face à une chaîne montagneuse infranchissable qui s’étendait, elle aussi, bien plus loin que ne portait le regard.
Ainsi, toujours encouragée par Orry et son ami si frêle, la tribu descendit le rivage, le long de la côte pour contourner l’obstacle et tenter de trouver l’embouchure d’un fleuve qui leur permettrait d’entrer, plus loin dans le pays.

Le temps fut long mais l’ardeur et la foi de Orry ravivait toujours le courage des hommes de la tribu. Le chant de la bergeronnette rallumait la flamme des cœurs des femmes et des enfants. Ce chant si ténu soit-il avait aussi le pouvoir de soulager les blessures.
Ainsi, un matin, l’étendue s’ouvrit enfin devant leurs yeux éblouis. Ce que Orry avait annoncé était enfin à portée de regard et c’est avec ferveur que la tribu entra plus profondément dans l’île en direction de ce havre, de cet endroit qui allait les rendre, tous, encore plus heureux. Si vous connaissez votre géographie, vous aurez compris qu’ils se trouvaient, à ce moment précis du voyage, à hauteur de Liverpool. Le voyage ne faisait que commencer.

Leur périple dura des mois, les dangers furent nombreux mais la bergeronnette les protégea. Partant en éclaireur au petit matin, elle revenait à chaque fois pour leur montrer le chemin le plus sûr à suivre.
Un midi du mois de juillet, une vipère leur coupa le chemin. Elle était vive et menaçante. Tous s’arrêtèrent et se retranchèrent derrière Orry.
D’un geste vif et sûr, le druide s’empara de l’animal à hauteur de la tête juste au bon endroit pour ne pas être touché par les crocs venimeux et c’est là que le prodige se produisit.
Le reptile se raidit sur toute sa longueur et se transforma en une baguette.
La bergeronnette voleta autour de Orry pendant toute la confrontation. Elle s’était animée, criait pour effrayer cette bête venimeuse. Elle se démena tant et tant qu’une plume s’envola pour retomber sur la manche de la robe de toile claire.
Orry s’en empara et au moment même où elle toucha sa main, le reptile de bois se mit à étinceler. Orry ressentit alors cette vague de chaleur si caractéristique lorsque le magicien rencontre sa baguette.
Devant l’assemblée réunie, Orry fit jaillir une nuée d’étincelles rouge et or et réalisa son premier sortilège magique. Ce jour béni fut remarquable. Cette force nouvelle donna à mon ancêtre une aura digne de celle d’un Dieu. La tribu crut voir le Dieu Lûg en personne se dresser devant eux.
Pour remercier son ami, il transforma le petit volatile en un phénix magnifique qui accompagna mon ancêtre jusqu’à sa mort. Juste après cet exploit, Orry eut la révélation de la prophétie que je t’ai énoncée, hier, Snowpuff. Il découvrit la menace lointaine qui mettra notre Monde en péril.
« Naîtra au cours de la nuit la plus longue et la plus noire, le péril dévastateur de notre Monde de la Magie. Ce sorcier sera marqué par la solitude dès le premier souffle de vie. Sa soif de pouvoir grandira avec les années et dépassera les limites de l’imaginable. Prenez garde car cet être fera de grandes choses, des choses terribles et aura une envergure qui risquera d’engloutir notre Communauté vers les gouffres du Mal, vers le Néant. »

Juste après cette vision, Orry se tourna vers le phénix qui chantait sa mélodie apaisante et lui donna un nom magnifique que vous connaissez, mes chers amis ! Orry l’appela « Fumseck ». Le phénix magnifique qui vous accompagne, Albus, le même qui est entré dans cette humble demeure se révéla au grand jour pour toujours renaître de ses cendres. Toujours la même et pourtant si différente à chaque renaissance !
Mr Ollivander lut mon étonnement dans mes pupilles fauves.
- Bien sûr Snowpuff ! Fumseck renaît et reprend forme identique à chaque fois mais, chaque fois, enrichie de son expérience passée !

Ce phénomène se passa dans la plaine de « Stoke on Trent » en souvenir du nom gaélique « Stock an Treun » qui veut dire le « bâton plein de force ».
Orry fut fortement impressionné par cet épisode de sa vie. Aussi, afin que la tribu arrive à bon port et affronte les dangers qu’ils allaient croiser encore dans le plus grand confort, il se soucia de partager ses pouvoirs nouveaux. Tout au long du chemin, Orry prit le temps de fabriquer une baguette magique à chacun des membres sorciers de la tribu. Cet épisode se passa en juillet de l’an 382 avant J-C. L’équivalent du 31 juillet de notre calendrier actuel.

Le professeur Dumbledore avait écouté le récit avec attention. Celle-ci fut plus soutenue encore quand Adam parla du prodige de Orry. Il se raidit quand l’artisan fixa la date de cet événement. Le regard bleu azur se fit plus sombre.
- Ce que vous nous racontez, Adam, prend une dimension des plus intéressantes. Les informations que vous me confiez seront utiles à ma tâche. Ne les révélez à personne d’autre, je vous l’intime. Le Professeur Dumbledore avait dit cela de manière très sérieuse, puis, comme une girouette poussée par la brise folle du sud, sa voix prit une intonation pleine d’humour.
- N’empêche, je redécouvrirai Fumseck avec d’autres yeux maintenant que je connais son premier compagnon.
Le vieux professeur me caressa avec affection. Il releva la tête et s’adressa à Adam.
- En tête à tête, je l’appellerai « bergeronnette » en souvenir du bon vieux temps !
Le professeur Dumbledore me caressa encore une fois :
- A présent, Snowpuff, il va falloir que tu me libères afin que je retrouve mes quartiers à Poudlard. J’ai eu plaisir à faire ta connaissance et je sais que mon ami est entre de bonnes griffes tant que tu seras près de lui.
Le vieux professeur me sourit chaleureusement. Son regard pétillait de malice derrière ses petites lunettes.
Il s’adressa ensuite à Mr Ollivander. Il lui serra la main bien cordialement pendant qu’il l’encourageait à poursuivre sa tâche.
J’eus plaisir à constater que mon ami, soudain rasséréné après avoir raconté ses origines, paraissait avoir vingt ans de moins.
Quand l’homme sourit, son visage retrouve les traits de l’enfance. Je l’ai déjà observé bien souvent.

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Message par Suzywa Mer 28 Mar - 20:02

Le sorcier aux mille et une baguettes
(septième volet)


Albus était parti.
Adam, lui, ne s’était pas détaché de ses souvenirs pour autant. Il les laissait couler avec joie comme s’il se retrouvait au pied d’une fontaine de jouvence.

Je remontai dans le fauteuil de cuir fauve. J’avais mangé comme un lion et je commençais à somnoler, reprenant imperturbablement le comptage vers l’infini que tous les fléreurs se doivent de poursuivre dans leur sommeil.
Mr Ollivander interrompit ma quiétude. La spirale des nombres se rompit quand il me prit dans ses bras pour me réinstaller sur ses genoux.
Le vieux sorcier poursuivit son récit aux allures de saga fantastique.
Cette histoire venait du plus profond de sa mémoire, inscrite dans chacune des cellules de son cerveau depuis ses origines. Adam relatait cela avec tant de précisions que les images défilèrent dans ma tête. Je n’étais plus au XXème siècle mais dans un petit village datant de l’Antiquité.
Mon ami possédait les précieuses performances d’une machine à remonter le temps ! Je constatai qu’Adam était une sorte de phénix, il accumulait en sa seule personne toute l’expérience de ses ancêtres.

Toute la tribu arriva à destination, après des mois de marche. Tous se réjouissaient d’arriver à l’endroit qui leur était promis. Ils s’installèrent sur le site de la future ville qui se nommerait, plus tard, Londres.
Le trafic, les échanges commerciaux n’existaient pas encore. Les membres de la tribu retrouvèrent leurs habitudes de l’Ile de Man. Ils se remirent à cultiver les champs, à faire de l’élevage et à travailler la laine et les métaux.
Orry, lui, continuait à écouter les messages des Dieux. La Nature s’exprimait par sa bouche, il conseillait le chef de la tribu, il soignait et transmettait les savoirs aux jeunes générations.
Il s’occupait aussi à cette activité de créateur de baguettes qui l’intéressait énormément depuis qu’il avait vécu le prodige du serpent. Il découvrit empiriquement quelques sortilèges qu’on pouvait en tirer. Durant les printemps et les étés, il était toujours accompagné de Fumseck, guide précieux sur le chemin escarpé de ses découvertes.
Dès qu’un sort était au point, il invitait les quelques sorciers de la tribu qui possédaient leur instrument magique et leur enseignait ces précieux sortilèges.
Au fil des années, la réputation du druide se répandit au-delà des frontières de la tribu. Les hommes et les femmes, doués de pouvoirs magiques, venaient des villages avoisinants pour lui demander conseil. Orry avait créé une dizaine de baguettes, guidé par son intuition et par les conseils de son ami le Phénix.
Les intéressés entraient et essayaient de trouver leur instrument personnalisé. Quelques-uns sortaient heureux, accompagné de leur baguette, beaucoup d’autres, dépités, repartaient les mains vides, avec le conseil de revenir quelques mois plus tard.
Orry sentait que ses pouvoirs n’étaient pas utilisés au maximum de leurs possibilités. Certaines connaissances lui manquaient certainement.
La nature dévoilait ses secrets lentement. Ce travail empirique prenait un temps infini.
Cependant, sa réputation gagnait du terrain. Les étrangers entraient de plus en plus fréquemment, au sein de cette tribu. On les laissait faire puisqu’ils venaient voir le druide en qui tous avaient confiance.

Un jour de printemps, Fumseck revint de sa migration. Comme à son habitude, il volait haut dans le ciel, porté par les courants ascendants du Dieu des vents.
Un groupe d’enfants, occupés à jouer, donnèrent le signal de joie pour rassembler les villageois sur la grande plaine centrale du village.
L’oiseau suivit une longue spirale avant de se poser sur le sol. Tout se passait comme à l’accoutumée.
Pourtant, ce n’était pas le cas. Les enfants remarquèrent que l’oiseau fabuleux n’était pas seul.

Adam interrompit son récit pour me faire partager un de ses constats.
- Les enfants ont une vision extraordinaire, Snowpuff. Leur expérience vierge de la vie leur fait apparaître des choses que nous, adultes aguerris, ne voyons plus. Nous nous refusons de voir tant de choses, Snowpuff ! dit le vieil homme dans un soupir avant de reprendre.
- Je disais donc que les enfants avaient repéré dans le ciel une autre présence aux côtés de l’oiseau magique.
Un minuscule point doré avait entamé la même spirale descendante que Fumseck.
Tous s’interrogèrent, émirent les plus extravagantes hypothèses. Certains battaient des mains en déclarant que le phénix avait trouvé son compagnon de vie.
D’autres, plus pessimistes, craignaient que le phénix n’ait été poursuivi par un ennemi mortel.
Orry, lui, attendait silencieusement, observant simplement la scène. Imprimant sur sa rétine, tout le chemin que parcourait son amie. Il avait le cœur battant de la voir revenir.

Plus, Fumseck perdait de l’altitude, plus le petit point scintillant devenait reconnaissable.
Ce n’était pas un oiseau qui volait derrière le phénix.
Quand les membres de la tribu reconnurent un être humain, tous se regroupèrent derrière Orry. Jamais personne n’avait vu voler quelqu’un et ceci n’était pas de bon augure. La peur qui leur prenait le cœur conseillait ce mouvement de retranchement mais la curiosité les forçait aussi à pencher la tête pour ne perdre aucune image de ce retour mystérieux. Les hommes se mettaient sur la pointe des pieds, les femmes se penchaient à droite et à gauche, les enfants quittaient l’étreinte de leur mère pour se mettre à plat ventre, chuchotant et riant entre les jambes écartées de leurs parents.

Contre toute attente, ce ne fut pas un homme qui atterrit souplement sur la terre battue. C’était une femme. Sa silhouette était gracile. Elle descendit facilement de cet outil qui l’avait fait voler. Un outil étrange que tous détaillèrent.
Les hommes s’intéressèrent au long bâton tout fait de métal. Il brillait comme un soleil. Ce métal, ils ne le connaissaient pas. Il ressemblait à du cuivre, mais celui-là était plus doré, plus scintillant.
Les femmes, elles, étaient intriguées par l’amas de branches qui se dressait à une de ses extrémités. Des branches qu’elles n’avaient jamais vues quand elles fagotaient dans la forêt.
Quant aux enfants, ils s’amusaient de voir voler le fil d’or qui soudait le métal et les végétaux en une unité qui brillait comme un soleil.
Tous furent surpris de voir Fumseck arriver quelques minutes plus tard et se poser délicatement sur l’épaule de la femme.
Fumseck et l’inconnue semblaient s’être liés d’amitié.

Mr Ollivander interrompit une nouvelle fois son récit. Il me prit dans ses bras et plongea ses yeux gris dans l’or de mes yeux.
- Alors, Snowpuff, je suppose que tu as ton idée à propos de cet objet que nous venons de découvrir ! dit l’artisan, avec une pointe d’ironie, curieux de connaître mon avis.
Je ronronnai que cela me faisait penser au balai magique.
- Tu as entièrement raison, Snowpuff. Le balai magique ! Quelle stupidité d’avoir appelé cet objet un balai. Le balai que nous avons dans notre conception des choses « outil de nettoyage pour chasser la poussière du sol » n’existe que depuis la seconde moitié du XIX ème siècle environ.
Une dérivation du monde moldu dans notre vocabulaire, notre moyen de transport présentant certaines ressemblances avec cet outil de nettoyage.
Non ! Cet objet volant a d’autres sources magiques bien plus anciennes. Le balai magique est une amulette très puissante. C’est « l’amulette des Dix Arbres ». Je t’en parlerai plus en détail tout à l’heure.
Mr Ollivander sourit innocemment devant mon étonnement. Heureux de m’avoir appris quelque chose, il poursuivit son récit.

- Donc, en voyant son ami se poser ainsi sur l’épaule de cette femme, Orry n’écouta que son cœur.
Pour lui, les amis de Fumseck étaient ses amis. Trop d’aventures vécues ensemble avaient créé des liens de confiance pratiquement indestructibles. Pourtant, ce fut Fumseck qui apporta la source de tous les futurs ennuis d’Orry.
Le druide se dirigea vers les nouveaux arrivés pour les accueillir amicalement.
Nullement encouragé par le geste d’accueil de Orry, le reste du village resta planté sur place. Les hommes et les femmes, regroupés, continuaient à détailler le physique de cette femme-oiseau. Son attitude sereine n’avait charmé que les plus jeunes. Ils voulaient rejoindre Orry mais les mains nerveuses de leur mère les en empêchaient.
La femme était encore jeune. Elle se tenait debout, la tête haute, dans une position d’attente prudente.
L’attitude de la jeune femme ne pouvait expliquer cette méfiance qui se dressait entre elle et eux comme un énorme bouclier. Elle pouvait presque en sentir la résistance sous sa longue main.
Elle ne bougea pas, détaillant, elle aussi, chacun des habitants.
Tous avaient encore le visage fermé. Tous soupesaient les intentions de l’inconnue, étonnés de voir des cheveux si noirs tressés en une lourde natte, inquiets de découvrir la couleur de sa peau aux teintes cuivrées. Même ses habits suscitaient la méfiance. Un grand foulard fait de toile blanche soyeuse enveloppait le buste et tombait en lambeaux sur une longue jupe dont l’ourlet caressait ses pieds nus.
Cette femme n’était pas d’ici. Où que le regard se posât, on ne voyait que différences.
Pourtant, une particularité physique accrocha le regard de ces braves gens de la tribu. C’est ce détail qui détendit les traits de leur visage.
Ils purent se reconnaître en elle au travers de ses yeux. Ils étaient verts, de la même couleur que les plaines et les vallons de l’Ile de Man quand le soleil projette ses longues ombres, avant de se perdre derrière l’horizon.
Orry s’aperçut de cette détente générale. Il entama alors son discours avant de laisser la parole au chef de la tribu.
- Fumseck est de retour. La joie fait déborder notre cœur. Fumseck nous a toujours accompagnés dans les épreuves. Il a toujours rempli sa tâche de guide et de protecteur. Faisons donc confiance à l’inconnue qui l’accompagne et laissons-la se présenter.
La femme salua gracieusement l’assemblée en joignant ses longues mains à hauteur de sa poitrine. Cette attitude soumise plut à tous. Hommes, femmes et enfants s’approchèrent enfin de leur invitée, venue d’on ne sait quel pays lointain.
Le chef s’avança le premier et invita la nouvelle amie de Fumseck dans sa hutte.

La jeune femme se présenta. Elle s’appelait Maya. Elle ne s’exprimait pas facilement car sa langue maternelle était inconnue. Elle choisit quelques mots de grec et de latin pour résumer son histoire. Elle dessina sur le sol les pays qu’elle avait traversés.
Elle venait du Nord de l’Inde.
Elle avait suivi les soldats d’Alexandre le Grand pendant leur voyage de retour. Son périple avait été long, horriblement long, la fatigue se lisait sur les traits tirés de son visage. Elle s’arrêta en bordure de la Mer au Milieu des Terres en recherche d’un nouveau guide qui la mènerait vers Orry car on parlait de lui dans ces Terres du bout du Monde.
C’est là que Fumseck croisa le regard de cette femme étrange. Ils se reconnurent et ne se quittèrent plus durant tout le voyage en direction du Nord.
Le chef l’interrogea sur cet objet grâce auquel elle avait pu traverser les airs.
Elle sourit et regarda Orry. Dans son langage fait de gestes, de dessins et de mots grecs, elle fit comprendre que c’était « l’Amulette aux Dix arbres ». Son père était Angiras, sorcier envoûteur de la caste des Brahmanes. Il connaissait les sortilèges offensifs. Il lui avait confectionné cet objet avant de mourir pour qu’elle vienne à lui. Il voulait que Orry trouve le bâton de magie de sa chère fille.

Avec le temps, la jeune femme se mêla aux habitudes du village. Orry l’observait et il lui enseignait les savoirs avec les jeunes du village. Orry avait décelé chez elle une vive intelligence. Elle apprenait vite. Après quelques semaines, elle parvenait à communiquer en gaélique.
Une fois cette étape franchie, Orry commença à s’intéresser à son pays d’origine, à la vie qu’elle avait menée auprès de son père.
Ce qu’elle avait à dire intéressait Orry au plus haut point. La caste des Brahmanes était fort semblable à la condition des druides.
Orry découvrait de nouveaux horizons. Maya avait suivi son père, s’était intéressée à ce qu’il faisait. Elle connaissait les hymnes protecteurs, les chants et les rituels, les charmes protecteurs.
Orry lisait en elle comme à livre ouvert, l’initié devenait élève.

Une nuit, le chef du village fut atteint d’une maladie foudroyante. Tous s’étaient rassemblés autour de sa hutte.
Orry avait tout essayé, avait épuisé la liste de ses remèdes magiques. Touchée par la peine de la tribu, Maya se proposa pour rejoindre le malade et tenter de soulager le souffrant. Orry l’accueillit tristement.
Elle avait rassemblé des ingrédients totalement inconnus et entama un rituel complexe. Son père l’avait tant de fois répété sous ses yeux qu’elle le connaissait par cœur. Ces gestes étaient doux et précis. Dès que le cérémonial fut achevé, elle entonna un hymne dans sa langue d’origine. Sa voix chaude et profonde répandait dans l’air un souffle de sérénité. Elle chanta, marcha autour de la couche du malade toute la nuit jusqu’à l’épuisement.

Orry, cette nuit-là, eut une certitude. Le jour du printemps, Fumseck n’avait pas amené son propre compagnon de vie. Elle avait guidé la femme d’Orry dans ces contrées du Nord.
Tout au long de cette incantation, le corps du chef repoussa les démons de la mort pour retrouver la santé et la vigueur. Un autre prodige se produisit, Orry avait découvert celle qu’il aimait avec ses yeux, avec son esprit et enfin avec son cœur.

Le chef se remit de cette fièvre sans trop de séquelles. Maya, elle, avait conquis sa place dans ce village autrefois bien méfiant à son égard. Tous voyaient avec joie leur guide unir sa vie à celle qui avait sauvé leur précieux chef.
De leur union, naquit un enfant, un garçon qu’ils appelèrent Urien.
Le bonheur avait fait son nid dans ce village.
Enrichi des connaissances de son épouse, Orry voyait son magnétisme décuplé. Il comprenait plus clairement les messages de la nature, se laissait guider par elle avec confiance et sérénité. Urien, quant à lui, grandit entouré d’amour. Il avait hérité des yeux gris de son père, celui-ci lui enseigna son art. Maya lui avait donné la sagesse et lui apprenait ce qu’elle-même avait appris de son propre père.
Les années passèrent ainsi, dans la sérénité.

Quand Urien atteignit l’âge de 17 ans, un étranger parmi tant d’autres arriva au village. Il venait de ces pays qui souffrent sous le froid de l’hiver, sept mois sur douze. Il se présenta à Orry sous le nom d’Igor Gregorovitch.
Il se targuait aussi de fabriquer des baguettes magiques et désirait rencontrer le druide pour partager leurs connaissances.
Dès qu’il croisa le regard de Maya, les flammes de la convoitise firent briller ses yeux noirs.
Orry avait l’intuition que cet homme avait de mauvaises intentions. Trop souvent, son attention traînait sur les ingrédients des étagères. Trop lourdement, ses pupilles regardaient la configuration de cette humble demeure.
Ils se séparèrent avec la promesse de se retrouver le lendemain.
Cependant, jamais ils ne se revirent. Igor Gregorovitch avait profité de la nuit sans lune pour pénétrer dans la hutte du druide. On ne sut jamais comment il procéda, personne n’avait entendu quoique ce soit. Au petit matin, pourtant, un cri de désespoir remplaça le chant matinal du coq. Orry hurlait sa douleur. Tout avait disparu, ses baguettes, ses ingrédients et pire de tout, son épouse, Maya. Ce voleur l’avait enlevée de force pour des contrées inconnues. L’Amulette aux Dix Arbres avait disparu, elle aussi.

Jour après jour, Orry et Urien patientèrent. L’attente, la douleur de cette séparation furent insupportables. Orry en perdit le goût de la vie. Malgré tout l’amour et le réconfort que lui apportait son fils, il se laissa dépérir. Urien, de son côté, en garda un goût amer de rancune et de vengeance à assouvir.
Le premier jour du printemps, Fumseck revint de son voyage lointain, Il revint seul et se posa au centre du village. C’est le jour de son retour qu’Orry s’en alla. Ses yeux pâles, couleurs de Lune, se fermèrent pour toujours, les ouvrant certainement, quelque part ailleurs, sur un autre monde.
Avant de mourir, il appela Urien à ses côtés. Il lui confia son dernier message. Il lui rappela la prophétie qu’il avait prononcée, il y a bien longtemps en lui intimant le conseil de la transmettre à l’élu aux yeux de lune qui lui succèderait. Il lui tendit la dernière branche que la nature lui avait donnée en cadeau. C’était une branche d’orme. Il lui demanda de la planter à l’endroit où il serait enterré. Il eut juste le temps de lui dire que cette branche deviendrait un arbre et qu’il mourrait avec le dernier des élus de sa lignée. Urien fit ce que son père lui dit de faire, à sa propre mort, il transmit les mêmes conseils que Orry, il ajouta de toujours se méfier de la famille Gregorovitch, fabricant de baguettes qui s’était emparé de leur savoir comme un vulgaire voleur.

Mr Ollivander avait, à présent, perdu sa joie.
Il se leva et se dirigea pesamment vers la fenêtre qui plongeait sur le jardin. Il fixa le vieil orme dont les branches protégeaient cette maison avec tant de bienveillance.
Je sautai sur ses épaules pour mieux voir le petit jardin.
Le vieil homme me caressa et me dis avec émotion.
- Oui, Snowpuff, tu as bien compris. Tout ce que je t’ai raconté s’est déroulé ici.
Le petit village celte que tu as découvert au travers de mes mots est le cœur de Londres. Notre village est devenu le Chemin de Traverse et c’est autour de lui que la capitale a grandi. Depuis la signature du code international en 1689, ce quartier n’a plus été fréquenté que par une majorité de sorciers, mais, c’est toujours en ce lieu que repose la magie de Orry. Son âme vit à présent dans la sève de cet arbre.
Chaque printemps, il revient me donner l’espoir que tout n’est pas terminé.
Je l’attends, en cet automne si triste, comme lui-même attendait Fumseck et l’arrivée de son âme sœur.
Moi, non plus, je ne sais pas s’il me reviendra au printemps.

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Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours) - Page 2 Empty Re: Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours)

Message par Suzywa Mer 4 Avr - 16:44

Ca y est, je suis en vacances.
Le temps est au soleil, à la douceur et m’encourage à quitter ma petite maison de banlieue pour de longues promenades avec Leïko. Snowpuff nous suit à distance. C’est vraiment curieux d’observer un jeune chiot un peu foufou gambader au bout de sa laisse, suivi par un félin en pleine liberté. Il n’aime pas trop les mouvements incontrôlés et imprévisibles de notre nouveau compagnon mais je vois bien que Snowpuff fait contre mauvaise fortune, bon cœur.

Imperturbable, il continue donc de me raconter la vie des ancêtres de Mr Ollivander pendant les longues siestes de Leïko. Une vraie épopée, digne d’Homère.

Le doux fléreur s’est assoupi sur mes genoux. Le doux soleil engourdit les membres des êtres sensibles comme ceux-là. Ils le sentent, ils s’insinuent sous leur pelage.
Je lis donc tranquillement dans le divan mais Snowpuff se réveille brusquement.
D’un air inquiet, je lui demande si tout allait bien.
Après un moment de flottement, Snowpuff tourne sa tête vers moi et me ronronne qu’il a fait un rêve étrange, qu’il s’était vu au Collège de Poudlard, du temps des chevaliers.
Je le prends affectueusement entre mes bras pour caresser son jabot en forme de coeur.
- Ce doit être à cause de toutes les histoires de Mr Ollivander, dis-je d’une voix douce. Tu as dis, toi-même, que cet homme avait les qualités d’une machine à remonter le temps ! poursuis-je d’un air amusé. J’aime bien cette image, d’ailleurs ! Et puis, je me souviens des paroles du Professeur Dumbledore : « Tu as de la chance, Adam ! Ce fléreur est plus vieux que toi, il est paré pour écouter ce dont nous allons discuter. »

Snowpuff me regarde plus intensément et se met à ronronner.
- Elles m’ont frappé aussi, ces paroles, quand je les ai entendues… et elles ne me quittent plus, surtout après ce que l’ami d’Adam a raconté pour appuyer cette affirmation qui me dépasse complètement. Es-tu prête pour la suite ? me dit-il avec douceur.
Ma curiosité est piquée au vif et, bien sûr, je n’attends pas pour suivre Snowpuff dans cette nouvelle aventure. Je tombe dans les yeux pailletés d’or de mon ami félin.

Le décor apparaît peu à peu. J’ai l’impression de quitter le sommeil. J’ai parfois cette impression floue, au sortir d’un rêve, de ne plus savoir ni où, ni quand mon être se trouve. En arrivant là où Snowpuff veut m’emmener, j’ai cette même sensation de connaître l’endroit où j’émerge mais j’ai conscience de quelque chose de différent.
Je suis dans la chambre de Mr Ollivander mais je ne retrouve pas la même ambiance. Tout est si clair et si gai dans cette pièce décorée simplement. Dans la qualité de la lumière, claire et éblouissante, dans la fraîcheur de l’air qui s’engouffre dans cette petite pièce, je reconnais un matin de printemps. Nous devons être au mois de mai, de quelle année ? Je ne puis le dire.
Plusieurs mois s’étaient encourus sur la piste du temps. Ca, c’était chose sûre.

Le sorcier aux mille et une baguettes
(huitième volet)


Snowpuff était là sur le l’édredon de Mr Ollivander. Il fixait des photos accrochées au mur, au-dessus de la tête de lit.
Les rayons de soleil matinaux qui jouaient à saute-mouton avec les jeunes feuilles du grand orme éclairaient les personnages de ces photos anciennes. Ces clichés n’étaient pas encadrés mais joliment décorés. Comment vous dire…. Ces clichés avaient pour compagnons de fines branches d’arbres, de petits sacs de jute ou de peau, des feuilles, des plumes et autres composantes végétales et animales inconnues de moi.
Ce pêle-mêle avait un charme indéfinissable. On aurait dit que c’était le souffle du vent qui avait déposé ces traces de la nature, trouvées sur son chemin avant d’arriver dans cette pièce.
Mr Ollivander, quant à lui, était affairé à autre chose. Ses gestes étaient nerveux mais ce n’était pas la colère qui en était la cause. Son visage souriant, ses paumes qu’il frottait vigoureusement étaient des gestes de joie.
Il se préparait à un événement heureux. Il avait ouvert ses bagages et rangeait ses robes sur les étagères d’une vieille armoire faite d’un bois très sombre.
Il se dirigea ensuite vers la fenêtre ouverte pour respirer l’air doux et salé de ce tout nouveau printemps. On entendait le doux ressac de la mer jusqu’ici.
Le jardin était coquet, tout en fleurs. Ce furent ces détails qui me firent comprendre que nous n’étions plus dans la boutique du Chemin de Traverse. Je le saisis juste au moment où Snowpuff se mettait à ronronner et je me glissai prestement dans le personnage du félin

- Adam ? ronronnai-je
- Mmmmhm ? répondit le vieil artisan en fermant son bagage.
- Pourquoi ton ami a-t-il décoré cette chambre comme la tienne à Londres ?
- Parce que c’est mon ami ! répondit Adam mystérieusement. Tu comprendras mieux en écoutant nos souvenirs. Tu as une semaine devant toi pour trouver la réponse à ta question.
Cette énigme ne me plut qu’à moitié. Je n’aimais pas que Mr Ollivander ait un ami plus proche que moi. Mais, je fis taire ma jalousie car je voyais ce vieil homme si joyeux. Mr Ollivander me dévisagea avec attention. Il se dirigea vers moi et me prit dans ses bras. Il me dit au creux de l’oreille.
- Avant de te rencontrer, Snowpuff, je n’avais qu’un seul vrai ami encore vivant. Maintenant je suis de ces heureux hommes qui peuvent en compter deux. C’est parce que je te considère comme tel que je t’ai fait venir ici. Deux amis qui se retrouvent est une joie, Snowpuff. Trois amis qui se rencontrent, c’est une joie infinie.
En écoutant ses paroles, j’imprimai sur l’arête du menton de ce vieil homme, la douce caresse de mon museau.
- Viens maintenant ! Ne faisons pas attendre nos hôtes !
Je sautai sur les épaules de Mr Ollivander et me calai dans sa nuque. Nous descendîmes les escaliers menant au rez-de-chaussée.
Un petit homme moustachu attendait dans l’entrée. Quand nous approchâmes de lui, il ouvrit grand les bras pour serrer Adam contre lui.
Afin de les laisser libres de leurs mouvements, je sautai souplement sur le sol et m’assis à côté d’eux.
Cet homme m’apparut sympathique. Ses rondeurs, son rire franc qui résonna dans le hall en voyant descendre Adam me disait qu’il était d’un tempérament jovial et heureux. Il était de ces personnages qui voient majoritairement le bon côté des choses et sa bonne humeur était très communicative.
Après cet accueil, Adam se tourna vers moi et dit à son hôte.
- Newt, je te présente Snowpuff ! Cela fait six mois maintenant que nous nous fréquentons et il me semblait judicieux de te le présenter. Snowpuff, je te présente Newt Scamander, le célèbre Newt Scamander, ami intime depuis que nous nous sommes rencontrés au Collège de Poudlard.
Le sorcier s’accroupit pour me saluer. Il tendit sa main vers mon museau. J’acceptai qu’il me caresse et en retour je me frottai contre ses genoux.
- Tu ne te sentiras pas seul, ici ! Snowpuff. Je vais te présenter à mes trois fléreurs. Hoppy, Milly, Mordy ? Venez, nous avons de la visite !
Trois félins arrivèrent alors à la queue leu leu. Ils s’étaient faufilés par une porte entrouverte d’où venait un fumet appétissant.
Trois fléreurs aux oreilles énormes, aux yeux lumineux m’entourèrent en ronronnant. Leur pelage était tigré. Ils me sentirent sur toutes les coutures et m’accueillirent dignement avant de repartir vers leurs propres affaires.
Une petite dame aux cheveux gris les laissa passer avant d’entrer dans ce hall bien accueillant. Son visage était souriant. Ses yeux bleus brillaient derrière ses petites lunettes.
- Viens, Porpentina ! Nos invités sont installés.
Les embrassades terminées, la petite dame me regarda avec intérêt. Elle croisa le regard de son mari avec des yeux pleins d’étonnement et je vis Mr Scamander acquiescer avec un grand sourire. Ceci eut le don de m’énerver. Qu’avais-je donc de si spécial que je ne sache pas ?

Nos hôtes nous invitèrent à venir au jardin avant de passer à table. Ils s’installèrent à l’ombre du vieil orme qui commençait à fleurir.
Personnellement, je grimpai sur la corniche pour mieux profiter des rayons chauds du soleil et observer ses nouvelles connaissances avec un peu plus de distance.
Je reconnus le style particulier des petites maisons du Dorset. Cette maison avait un toit de chaume particulier. La haute partie faîtière présentait une moulure en relief, un motif animalier du plus bel effet. Je reconnus la forme caractéristique de la salamandre.
Je feignis donc de me reposer au soleil mais je ne perdais rien des paroles qui s’envolaient de la bouche des sorciers jusqu’à mes oreilles. Les fléreurs ont l’ouïe fine, ne vous en déplaise !

Les verres s’entrechoquèrent sur les vœux de santé que chacun s’accordaient et les amis commencèrent à s’échanger les dernières nouvelles. Rien de bien neuf. Mr Ollivander racontait ses dernières aventures en prenant bien soin de ne point trop en révéler. Mr Scamander relatait ses dernières découvertes à propos des limaces de feu en Amazonie. Sa famille s’était agrandie. La naissance de ses petits-fils était une vraie joie.

Je fis la connaissance des trois fléreurs de la maisonnée. Ils m’avaient rejoint sur cette corniche. C’est en leur compagnie que je visitai ainsi les lieux et me liai d’amitié avec eux.
Malgré tout, je ne me sentais pas à l’aise dans cette demeure, déchiré entre mon amitié pour Adam et par les conventions de politesse de rester avec Hoppy, Milly et Mordy.
En soirée, je décidai de faire parler ma nature profonde et je rejoignis mon ami dans le salon. Je m’installai le plus discrètement possible sur les épaules d’Adam.
Le vieil artisan saisit l’occasion de mon arrivée pour s’adresser à moi.
- Snowpuff, tu arrives à point pour connaître quelques-uns de nos souvenirs de Collège.
Adam croisa le regard de Newt qui ne se détachait pas de ma personne. Mon ami répéta sa proposition et Mr Scamander sortit de ses pensées pour approuver l’idée d’Adam.
- Notre amitié commença dès le début du voyage vers Poudlard. Nous avions onze ans à l’époque et nous ne voyagions pas encore en train. Le point de rendez-vous était bien à l’actuelle gare de King’s Cross. Ce n’était pas des wagons qui nous attendaient mais des diligences tirées par des animaux invisibles.
Mr Scamander avait allumé une pipe. Il interrompit son ami en précisant que c’était cette bizarrerie qui l’avait orienté vers sa passion des animaux. Ces sombrals ont vraiment des caractéristiques exceptionnelles ! marmonna le vieil homme en soufflant un nuage de fumée.
- Nous sommes montés dans la même diligence et avons lié amitié directement. Newt avec son intérêt inné pour la nature et moi avec déjà toutes les connaissances transmises par mon père.
A notre arrivée à Poudlard, nous avons été dirigés dans la grande salle pour subir la répartition dans notre Maison. Le choixpeau magique allait-il nous séparer ?
Je passai l’épreuve avant Newt. Le choixpeau me cacha le visage à moitié. Effrayé, j’entendais une voix venue de je ne sais où analyser mon subconscient…
« Ooooooooh ! dit la voix de l’objet magique. Tu portes toute l’ambition de tes ancêtres ! Celle d’être les meilleurs ! Lourde tâche que la tienne Adam ! Alors ? Mmmh ? Serpentard ? Est-ce la Maison des Serpentards qui t’est destinée ? Tu as soif de voyages et tu veux tout connaître de ce qui touche ton art ! MMmmmh ! Et puis, je vois de grandes capacités intellectuelles….. De celles que l’on met au service des autres en toute abnégation ! MMmmmmmh ….cruel choix pour un choixpeau comme moi. »
Un long silence suivit ce monologue et puis un cri retentit dans mes oreilles. « Serdaigle ! »
Je sortis de ce trou noir assez abasourdi, je réalisais que j’entrais dans un monde totalement différent de celui que j’avais connu pendant onze ans.
Mr Scamander prit alors la parole…
- Oui ! Je me souviens de cet épisode aussi, tu t’étais éloigné du rang et tu rejoignais la table des Serdaigle. Je n’avais plus qu’à attendre mon tour. Une sacrée épreuve que cette arrivée au Collège. Un lieu géant, de la magie partout autour de toi. Vraiment impressionnant. Et puis ce choixpeau, simple chiffon, qui a tant de capacités, tant de pouvoir. Personnellement, j’avais une stature plus ronde que la tienne, Adam ! Le Choixpeau se tenait bien droit sur le sommet de mon crâne. Pourtant, une fois l’objet posé sur ma tête, je ne vis plus rien de ce qui se passait autour de moi. J’entendais juste une voix venue de la tombe, très grave à vous faire frissonner.
« Mmmmh alors vous, jeune homme ! Aucun doute, ce sera : Serdaigle ».
Le choixpeau avait décidé de donner suite à notre amitié naissante.
Nous avions l’avenir devant nous, nos baguettes et des idées plein la tête.

C’est à ce moment-là que mes ronronnements de fléreur interrompirent ce récit.
Cela avait été plus fort que moi, je faisais semblant de dormir et mes ronronnements furent si peu discrets qu’ils arrivèrent aux oreilles de Mr Scamander. Comme si de rien n’était Adam écouta ma question et la traduisit en langue humaine.
« Où et comment avais-je trouvé ma propre baguette ? C’est bien cela que tu voudrais savoir, Snowpuff ? » Moi qui étais destiné à en fabriquer, moi à qui toutes les baguettes obéissent au doigt et à l’œil ? Comment était-il possible qu’une seule baguette m’ait été réservée ?
- Ton fléreur pose des questions profondes, Adam ! dit Newt d’un air pincé et ironique. Je reconnus dans sa voix ce que j’avais craint en arrivant ici. La jalousie s’était aussi emparée du cœur de Mr Scamander.
Dans cette maison, les animaux de mon espèce ne fréquentent pas le salon. Cet homme avait trois fléreurs, bien sûr, mais il ne les connaissait pas ! Pour lui, ce n’était que des animaux fantastiques de catégorie secondaire. Des gardiens protecteurs, pas des amis. Je l’avais tout de suite compris quand mon regard se posa sur les carcasses d’animaux accrochées aux murs de cette pièce comme des trophées de chasse.
Cet homme avait une renommée mondiale, certes, mais aucun égard pour les animaux qui restent des sujets d’étude, à ses yeux. Je voyais bien que cet homme n’avait jamais eu de gros soucis dans sa vie, tout coulait sur le tapis rouge de l’honneur. Je ne le trouvais plus si sympathique que cela, ce Mr Scamander.
Mr Ollivander fut également surpris du ton de son ami mais il décida de ne pas y prêter attention. Il s’appliqua pour répondre le plus exactement à ma question à laquelle finalement, il n’avait jamais réfléchi.
- C’est vrai, Snowpuff, ta question s’avère intéressante. Je me souviens que peu avant d’entrer à Poudlard, mon père avait commencé à tester sur moi les baguettes de la boutique. Aucune ne convenait… ou plutôt toutes convenaient ! Il ne pouvait choisir celle qui donnait plus de pouvoir. Une nuit, il lui vint alors l’intuition de quelque chose.
Le lendemain matin, il n’attendit pas.
Mon père m’emmena au magasin et s’empara de la baguette de Orry. Il la prit en tremblant entre ses longs doigts. C’était de l’appréhension qui se lisait dans ses yeux couleur de brume. Je la pris dans ma petite main qui avait gardé les traces de l’enfance. Il vit un nuage d’étoiles rouges et or en sortir. Rien à voir avec ce que les autres m’avaient fait ressentir ! Celle-ci me transportait presque, me faisant presque quitter le sol dans un élan ascensionnel.
Moi, naïf, je souriais aux anges.
Mon père, inquiet, avait froncé les sourcils.
Il m’expliqua qu’il ne trouvait pas de bon augure de voir la première baguette avoir autant de pouvoir entre les mains du dernier élu vivant.
Le silence répandit ses ailes sur l’espace de la pièce.
Pour faire fuir le trouble que j’avais causé, je posai une nouvelle question.
- Finalement, Adam, quelle était la composition de la baguette d’Orry ?
Le fabricant me prit sur ses genoux. Cette nouvelle interrogation le surprit au plus haut point. Son regard lumineux se planta dans mes prunelles sombres quand il répondit d’une voix émue.
- Bois d’if- 33,5 cm- plume de bergeronnette.
Je compris tout de suite à quoi, il faisait allusion et soudain, le visage de Mr
Ollivander s’éclaira. Il faudra que tu restes avec moi, longtemps, Snowpuff, longtemps !
Pour approuver ces paroles, je me calai contre la poitrine de mon ami et lançai à Mr Scamander un regard de défi.

L’horloge sonna onze fois, et notre hôte en profita pour conseiller à tous d’aller se coucher. Mon sommeil fut agité. Je sentais qu’on me cachait quelque chose et ce manque de franchise ne me plaisait pas, mais alors pas du tout.

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