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    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Empty Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II

    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:26

    Le Prince de Sang-Mêlé
    ou la Véritable Histoire de Severus Rogue


    Comme son titre l'indique un peu, cette Potterfiction tente de lever le voile sur le mystérieux personnage de Rogue, même après la lecture de l'ensemble de la saga HP.

    La particularité de cette fic est que l'intrigue se veut basée sur des faits authentiques de l'œuvre de J.K. Rowling (pas de OOC, "Out Of Character", même si... enfin, bon... sifflote ).

    L'histoire à proprement parler s'articule autour de deux périodes :

    Partie I (Rogue au temps des Maraudeurs)

    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Banp1v

    Une préquelle à la saga qui débute à l'entrée de Rogue à Poudlard.
    Personnages principaux : Severus Rogue, Lily Evans, Albus Dumbledore

    Cette partie est déjà publiée dans sa totalité sur un site dédié à cette fic, ICI




    Partie II (L'après Rogue)

    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Banp2v

    Une suite à la saga qui commence après le tome 7.
    Personnages principaux : La "nouvelle génération"

    Une quinzaine de chapitres ont déjà été publiés. Je vais les poster à nouveau, les uns à la suite des autres pour que l'histoire soit disponible ici dans sa totalité et pour repartir sur de bonnes bases.

    NB : La lecture de la première partie n'est pas nécessaire pour suivre la seconde. Cependant la connaissance de quelques petits détails situés en amont devrait être utile pour suivre pleinement l'intrigue.

    Avertissement : Tout public
    Disclaimer : Tous les personnages, ou presque, appartiennent à J.K. Rowling.
    ATTENTION SPOILER TOME 7

    Avant de commencer, je souhaite adresser un grand merci à toutes celles et ceux qui m'ont aidé à concocter cette petite fantaisie (et qui continuent à le faire) : je pense tout particulièrement à Bill, mon Bêta Reader (et mon Alpha Lover satisfait ), mais aussi à Apsara, Ayako, Leïa, Luna, Suzywa, Syrinx, et j'en oublie certainement mais elles (oui, parce qu'il s'agit souvent de filles, bizarrement... m'enfin voila ) se reconnaîtront... Et surtout, merci à Mrs Joanne Rowling, pour me faire rêver et me permettre à mon tour de faire rêver... drunken

    A tous merci tout plein beaucoup ! Bisou




    PARTIE II


    ******* CHAPITRE 1 : RENTRÉES *******

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    - Vous n’allez pas remettre ça ! se lamentait un garçon à la figure constellée de tâches de rousseur dans un compartiment du Poudlard Express. L’année n’a même pas encore commencée que déjà vous vous chamaillez avec ça !

    - Nous chamailler ! objecta une jeune fille dont les cheveux, tout aussi roux que ceux du garçon, étaient noués en chignon autour de sa baguette magique. Nous chamailler ! Hugo, ça n’est pas une simple chamaillerie ! Je ne peux pas laisser Albus dire ça à propos des Serpentard !

    - Lily, intervint avec calme une seconde fille assise à côté de la première, ton frère exagère dans l’unique but de te faire marronner. Soit plus futée que lui et ne rentre pas dans son jeu, pour une fois…

    - Non, Rose, la coupa Lily en se retournant vers elle, il ne dit pas ça juste pour me "faire marronner". Je sais qu’il n’est pas loin de penser ce qu’il avance. Et si tu veux mon avis, je trouve ça grave de continuer à avoir de tels préjugés sur les élèves appartenant à cette maison.

    Puis, fixant cette fois les yeux verts de son frère d’un regard noir, elle ajouta :

    - Surtout de ta part, Albus.

    Sur la banquette d’en face, Albus soutenait l’accusation avec un sourire en coin. A côté de lui, Hugo lui donna un petit coup de coude amical :

    - Allez, laisse-la donc tranquille, Al.

    - Oublie ça, p’tite Lily, fit alors Albus avec une moue faussement ennuyée, c’était juste… pour rire…

    Lily se contenta de croiser les bras avec colère et de détourner sèchement la tête sans rien ajouter de plus. Aux éclats de voix succéda un silence pesant, entretenu pas le rythme sourd du roulis du train.

    - Tu es nouveau ? déclara soudain la voix de Rose après plusieurs longues secondes de ce mutisme ambiant.

    C’était certainement en cherchant un autre sujet de discussion que Rose en était venue à s’adresser à un cinquième élève, assis à l’écart de leur petit groupe. Lily eut elle-même l’impression de ne se rappeler sa présence que sur le moment.

    Il fallait dire qu’il s’en était fallu de peu cette année pour que les quatre cousins ne manquent le départ du train qui devait les ramener à Poudlard. En effet, leurs pères respectifs avaient insisté pour les conduire jusqu’à la gare en voiture – en voiture moldue s’entend – et avaient trouvé le moyen de se retrouver bloqués dans les embouteillages londoniens. Le Poudlard Express était sur le point de partir lorsqu’ils avaient enfin atteint la voix 9 ¾ de King’s Cross et avait commencé à rouler avant même qu’ils n’aient trouvé un endroit où s’installer. Tous les compartiments étant déjà occupés, ils avaient dû opter pour celui-ci sans faire cas jusqu’alors de son unique occupant.

    Il se tenait à l’autre extrémité de la banquette d’en face, près de la porte. Il avait déjà revêtu l’uniforme réglementaire et était penché sur un livre, le visage baissé et à moitié dissimulé par de longs cheveux noirs. Il ne réagit ni à la question qui lui était destinée ni aux quatre regards à présent fixés sur lui.

    - Il dort peut-être ? se hasarda Hugo à voix basse.

    - Non, je suis réveillé, répondit le garçon d’une voix étonnement grave.

    Il releva alors la tête vers eux et les dévisagea tour à tour comme s’il était particulièrement contrarié qu’on l’eût ainsi tiré de sa lecture. Sa figure était longue et pâle et malgré l’air courroucé qui émanait de lui, ses yeux, d’un noir profond, ne semblaient rien exprimer de tel. A bien y regarder, ses yeux ne semblaient rien exprimer du tout.

    Le malaise que Lily ressentit alors dut être partagé par son frère et ses cousins car Rose mit un long moment avant de reformuler sa question :

    - Il me semble ne jamais t’avoir vu à Poudlard. Tu es nouveau ?

    Le garçon demeura figé, sourcils froncés, et prit une longue inspiration avant de répondre :

    - Je viens de Durmstrang.

    - Oh, fit Rose avec un intérêt et une sympathie tout naturels. Bienvenue alors. Je m’appelle Rose Weasley et voici mon frère, Hugo et mes cousins, Lily et Albus Potter. Qu’est ce qui t’amène ici ?

    En guise de réponse aux présentations, le garçon ne fit qu’un bref mouvement de tête et éluda le sujet de sa présence à Poudlard d’un simple : "Raisons familiales".

    Personne dans le compartiment n’osa lui en demander plus et Rose s’essaya à un autre sujet avec un peu plus d’hésitation :

    - En quelle année vas-tu entrer ?

    - Cinquième.

    - Comme Lily et Hugo, fit remarquer Rose.

    Lily s’étonna de la réponse du garçon car il donnait l’air d’être bien plus âgé que Hugo et elle.

    - Je suppose que tu ne connaîtras le nom de ta maison que ce soir ? s’obstina Rose.

    - C’est vrai ça, intervint Hugo comme s’il cherchait à venir en aide à sa sœur pour détendre l’atmosphère. Comment ça se passe lorsqu’un élève change d’école ? Est-ce qu’il y a aussi une répartition à Durmstrang ?

    - Non, lâcha Rose d’un air affligé sans laisser au garçon le soin de répondre. Tu devrais savoir ça, Hugo. Il n’y a qu’à Poudlard que les élèves sont répartis. Quand un nouvel élève intègre l’école en plein milieu de son cursus, la maison à laquelle il appartiendra doit être définie au préalable, comme pour chacun de nous. Si on arrive en cours d’année, la répartition se fait en privé. Tu te souviens, Al, c’est ce qui s’était passé pour Raul Manco, en seconde année.

    - Par contre, dans le cas présent, continua Rose en se tournant à nouveau vers le garçon aux cheveux noirs, je crois que tu seras réparti en même temps que les première année, lors du banquet de ce soir.

    L’information ne sembla pas préoccuper le principal intéressé.

    - Tu auras peut-être la chance d’intégrer la prestigieuse maison Serpentard ! badina Hugo, sans avoir mesuré au préalable l’effet de sa réplique sur sa cousine.

    - Hugo ! soupira Rose en tentant de lui écraser le pied.

    Mais la pique avait déjà atteint Lily qui remonta sur ses grands chevaux au quart de tour.

    - Vous savez ce qui m’énerve le plus ? dit-elle en fusillant du regard les deux garçons assis face à elle.
    Hugo et Albus échangèrent un furtif regard en coin.

    - Ce qui m’énerve le plus, continua Lily, c’est que sous prétexte qu’il s’agit d’humour, on peut se permettre de dire tout et n’importe quoi à propos des Serpentard.

    Cette fois, Rose tenta de calmer les esprits avant qu’ils ne s’échauffent encore :

    - Lily a raison, dit-elle doucement, je trouve aussi que les médisances déguisées en vannes sont un peu trop répandues à Poudlard, alors qu’on n’arrête pas de nous sermonner sur l’entente entre maisons.

    Lily s’était retournée vers sa cousine en acquiesçant frénétiquement tandis qu’Hugo se prenait théâtralement la tête entre les mains. A côté de lui, Albus, toute trace de sourire à présent effacée du visage, se pencha vers Rose.

    - Je pensais, fit-il avec flegme, que tu aurais assez feuilleté tes manuels d’histoire pour comprendre d’où pouvait bien venir ces "surprenants soi-disant préjugés" !

    Bouche bée, Rose ne sut que répondre. Albus s’était adossé à la banquette et avait détourné la tête vers la fenêtre en signe de fin de discussion.

    - Comment oses-tu, rétorqua Lily sans que le ton de sa voix ne s’élève de trop. Après tout ce que Papa nous a toujours dit...

    - Ha ! contra aussitôt Albus en soutenant le regard accusateur de sa sœur. Voilà que tu es de l’avis de Papa, pour une fois !

    Cette fois, Lily ne put se contenir. Furieuse, elle se leva en feignant d’ignorer la nouvelle intervention de Rose.

    - J’en ai assez entendu, dit-elle sans cesser de défier Albus. Je vous laisse entre élèves de bonnes maisons !

    Sur ce, elle se dirigea vers la porte coulissante, l’ouvrit rageusement et se précipita hors du compartiment.

    - C’est ça, lança Albus, va rejoindre ton Scorpius !

    La façon dont son frère avait craché ce nom la fit se figer sur place dans le couloir. Luttant contre une redoutable envie de revenir sur ses pas, elle se contenta de rester hors de vue, les poings fermés par la colère et tenta de retrouver son calme avant d’agir.

    - Quoi ? s’enquit sèchement la voix d’Albus dans le compartiment.

    - Si tu veux mon avis, fit alors celle de Hugo, moins tranchante, tu y es allé un tout petit peu fort là quand même...

    Plus aucune voix ne parvint à Lily avant plusieurs secondes. Elle imaginait aisément la scène, le regard sermonnant de Rose et l’air de n’y être pour rien d’Albus.

    - Ça va, ça va, fit alors ce dernier. J’irai lui faire mes excuses en arrivant au château. Je ne vais quand même pas la déranger maintenant...

    Lily s’adossa à la paroi du couloir songeant qu’il lui était impossible maintenant de retourner dans le compartiment.

    - Elle en pince toujours pour Scorpius Malefoy ? questionna avec précaution la voix de Rose.

    - Plus que jamais, fit Albus après avoir laissé échapper un long soupir exaspéré. Vivement qu’il quitte Poudlard celui-là... Encore un an à supporter ça...

    - Elle est comme ça par rapport à ton père, intervint Hugo sur un ton qui aurait pu laisser croire qu’il avait longuement réfléchi à la situation.

    - Oui, c’est aussi ce que dit James, répondit Albus. Que Lily "traverse une crise d’adolescence particulièrement longue et carabinée".

    Des rires saluèrent la performance d’imitateur d’Albus.

    - L’ambiance est toujours aussi tendue chez vous ? demanda ensuite Rose, plus sérieusement.

    - Tendue ? Le mot est faible ! Heureusement que nous avons passé les trois quarts de nos vacances en dehors de la maison et que Lily n’a eu que de rares occasions de se trouver sous le même toit que Papa. Vous avez d’ailleurs pu en avoir un léger petit aperçu en juillet...

    Le silence se fit à nouveau dans le compartiment. Depuis le couloir, la voix de son frère ne laissait plus paraître une quelconque agressivité. Lily desserra les poings et glissa tout doucement le long du mur jusqu’à la paroi vitrée.

    A l’intérieur, Rose, Hugo et Albus se tenaient près de la fenêtre et scrutaient dehors, l’air absent. Près de la porte, le "nouveau", dont la présence semblait avoir encore échappé à tous, était replongé dans son ouvrage. Son visage était toujours aussi empreint de dureté. Un air aussi taciturne devait renfermer bien des préoccupations. A moins qu’il n’ait pas apprécié, lui aussi, les propos qui venaient d’être tenus... Tout d’un coup, comme s’il avait perçu sa présence, le garçon leva le nez de son livre. Son regard rencontra celui de Lily avant qu’elle n’ait pu regagner sa cache. Cette fois elle tressaillit devant l’absence d’émotion qui émanait des yeux noirs. Luttant pour s’en défaire, elle prit un air confus avant de s’enfuir dans le couloir.


    Dernière édition par Nausicaa le Mar 26 Oct - 12:14, édité 2 fois
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    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Empty Re: Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II

    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:28

    ******* CHAPITRE 2 : PRÉSENTATIONS *******

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    Lorsque le Poudlard Express entra en gare de Pré-au-Lard, Lily dut parcourir plus de la moitié du train pour récupérer ses affaires. Elle avait passé le reste du voyage avec d’autres élèves de sa maison sans avoir pu partager le compartiment de Scorpius Malefoy pour autant, malheureusement complet. A son arrivée dans le wagon, son frère et ses cousins avaient déjà quitté les lieux mais sa chouette l’attendait dans sa cage en piaillant.

    - Je suis là, Iris, ne t’inquiète pas, fit amèrement Lily en fourrageant dans ses malles à la recherche de son uniforme. Sans toi, difficile pour lui de garder un œil sur moi, alors tu penses bien que je n’allais pas t’oublier !

    Elle se changea et arriva encore trop tard pour faire le trajet de la gare au château en compagnie de Scorpius. Elle eut juste le temps d’apercevoir sa silhouette blonde, reconnaissable entre mille, disparaître dans l’une des diligences à l’attelage invisible encore alignées au bord de la route. La voiture démarra bien avant que Lily n’arrive à sa hauteur et elle dut ainsi se contenter de monter dans l’une des dernières du convoi. Cela valait toujours mieux que de faire le chemin à pieds.

    Elle grimpa à bord de la diligence et s’installa à la hâte, surprise de constater, un peu tard cependant, qu’elle se trouvait nez à nez avec le "nouveau".

    - Tiens, se trouva-t-elle obligée de lancer devant le regard étrange qui la prenait une fois encore pour cible, tu n’as pas eu droit à la petite promenade en barque traditionnelle !

    Le garçon ne releva pas. Savait-il seulement à quoi elle faisait allusion ? Á l’autre extrémité de la cabine, deux filles de seconde année gloussaient entre elles sans se soucier d’eux.

    - Quand on arrive à Poudlard pour la première fois, expliqua alors Lily, on nous conduit jusqu’au château par le lac. Á bord de barques.

    Ses paroles ne produisaient sur son voisin d’en face aucune espèce de réaction. Soit il ne comprenait pas ce qu’elle disait - après tout il venait d’un autre pays et devait bien éprouver quelques difficultés avec la langue parlée ici - soit il se fichait royalement de ce qu’elle racontait. Et comme les rares paroles qu’elle l’avait entendu prononcer attestaient de l’invalidité de la première solution, elle dut se ranger à la seconde. L’idée qu’il avait pu être irrité par les moqueries de son frère et de son cousin un peu plus tôt dans le train ne tenait visiblement plus la route car son air taciturne restait inchangé en sa seule présence.

    - Tu as oublié de nous dire ton nom tout à l’heure, finit-elle par lâcher avec un peu plus de froideur que nécessaire.

    - Faux, répondit-il derechef sans plus de cordialité. Je l’ai dit, et tu l’aurais entendu si tu ne t’étais pas sauvée.

    - Je ne me suis pas... répliqua Lily avant de s’interrompre.

    Elle estima qu’elle n’avait pas à se justifier après de lui et préféra couper court à cette discussion en ravalant ses explications. Pouvait-on seulement parler de discussion lorsque l’un des deux interlocuteurs semblait à ce point indifférent ? Sans craindre l’impolitesse, elle détourna la tête pour regarder au dehors. Ils approchaient du château, elle serait libérée de cette compagnie dérangeante d’ici peu.

    Soudain la diligence cahota et secoua ses occupants, ce qui eut le don de bien amuser les deux filles de seconde année. Posée sur la banquette à côté de Lily, la cage d’Iris chuta, provocant une nouvelle salve de "kifkifkif" très aiguë. Mais bien avant qu’elle ne réalise que la cage tombait au sol, le "nouveau" la lui tendit, l’ayant rattrapée au vol d’un geste vif.

    - Tu devrais postuler pour faire partie de l’équipe de Quidditch de ta future maison, fit Lily en récupérant la cage pour la poser sur ses genoux et tenter de faire taire son occupante. On en cherche, des comme toi !

    Cette fois ses paroles eurent l’air d’atteindre le garçon. Sauf qu’au lieu d’accueillir la remarque avec amabilité son visage sembla se braquer encore plus. Ils savaient tout de même bien ce qu’était le Quidditch à Durmstrang ! Lily souffla et retourna à sa contemplation du paysage.

    - Je m’appelle Ellis Prince, fit alors la voix monocorde du garçon.

    Le nom lui dit vaguement quelque chose. Le moins que l’on ait pu dire c’est qu’il ne sonnait pas comme originaire d’un quelconque pays d’Europe du Nord ou de l’Est. A travers les barreaux de la cage, Lily se força à croiser à nouveau le regard sourd et étrange. Elle accueillit l’information d’un bref signe de tête avant de répondre à contre-cœur entre deux piaillements de chouette :

    - Lily Potter.

    - Je sais, répondit le dénommé Ellis.

    Et voilà, pesta mentalement Lily, une fois de plus, son nom de famille l’avait précédée.

    - C’est ta cousine qui a fait les présentations tout à l’heure, souviens-toi, ajouta le garçon comme s’il avait interprété son agacement.

    - Humpf, concéda Lily en attendant que les habituelles questions au sujet de sa très célèbre famille arrivent.

    Mais rien ne vint. Le "nouveau" semblait être retourné à son mutisme. Rose, Hugo et Albus avaient sans doute déjà satisfait sa curiosité dans le train. Dès lors, ni l’un ni l’autre ne jugea nécessaire de s’adresser à nouveau la parole jusqu’à leur arrivée. Lily ne se soucia même pas de lui une fois qu’ils eurent pénétré dans le château et fila jusqu’à la volière y libérer Iris avant de redescendre pour le banquet.

    La Grande Salle résonnait du brouhaha des élèves fraîchement arrivés et heureux de se retrouver après deux longs mois de vacances. Comme d’habitude, la pièce était parée de mille feux, la vaisselle somptueuse miroitait à la lumière des bougies flottantes au dessus des immenses tables. Au fond de la salle, l’ambiance était aussi à la bonne humeur et aux retrouvailles pour les professeurs. Slughorn, le directeur de l’école, avait revêtu pour l’occasion une robe de velours marron, qui, même si elle paraissait un peu trop tendue au niveau du ventre toujours plus rebondi du vieux sorcier, était du meilleur effet avec sa toque jaune moutarde. Il riait de bon cœur sous ses longues moustaches de morse blanches avec son voisin de table : le gigantesque professeur Hagrid, à la non moins gigantesque barbe grise et aux cheveux hirsutes.

    Mis à part ceux de première année qui n’allaient plus tarder à faire leur entrée pour la répartition, tous les élèves avaient pris place à leur tables respectives, une pour chacune des quatre maisons. Lily échangea un grand sourire de salutation avec Scorpius en s’asseyant un peu plus loin parmi des filles de sa classe. La coupure de l’été avait encore eut raison de son apparence. Sous des cheveux d’un blond si clair qu’ils paraissaient blancs, ses traits avaient à présent perdu toute trace de l’enfance. Aucune ébauche de conversation ne put avoir lieu entre eux, car le brouhaha s’évanouit subitement au moment où les lourdes portes d’entrée s’ouvrirent, annonçant l’arrivée des nouveaux et le début de la cérémonie.

    Le professeur Londubat, un grand sorcier carré d’épaules et aux cheveux courts, ouvrait la marche en tenant précautionneusement dans ses bras l’antique Choixpeau magique, comme s’il eut s’agit d’un nouveau né. Il fallait dire qu’usé comme il l’était, le chapeau en question semblait en effet être d’une fragilité certaine. Lily avait d’ailleurs été surprise qu’il ne tombe pas en lambeaux lorsqu’elle l’avait touché voilà cinq années de ça. Quelle surprise il avait réservé à l’assemblée lorsqu’il l’avait envoyée chez Serpentard ! Elle seule n’avait pas été étonnée...

    Le cortège arrivait maintenant à sa hauteur. Le professeur Londubat s’avançait d’un pas sûr, sa carrure massive contrastant avec son visage aux traits arrondis et bienveillants, suivi par une longue file d’élèves à la fois émerveillés et anxieux. Parmi eux, une silhouette détonnait du rang. Dissimulé derrière ses longs cheveux noirs, Ellis Prince dépassait en effet les autres jeunes sorciers de deux bonnes têtes et semblait croire qu’en gardant la sienne baissée, personne ne le remarquerait. Une fois encore, Lily songea qu’il n’avait clairement pas l’âge d’un élève de cinquième année.

    Les nouveaux se regroupèrent en silence à l’autre bout de l’allée sans quitter des yeux le professeur Londubat qui déposa soigneusement le Choixpeau sur un tabouret face à eux. Le couvre-chef rapiécé de toute part s’anima alors lentement et débuta sa chanson d’accueil en peinant, comme éreinté par la vieillesse. Sa voix, bien que toujours portante, dérailla même à plusieurs reprises et il dut reprendre son souffle après les dernières paroles émises. Pendant que la salle l’applaudissait, le professeur Londubat se pencha discrètement sur lui pour s’assurer de son état avant de reprendre la parole :

    - Chers jeunes gens, nous allons sans plus tarder procéder à la répartition qui permettra de définir la maison à laquelle vous appartiendrez pendant toute votre scolarité à Poudlard.

    Une vague de chuchotements parcourut la salle comme si chacun prenait conscience de la gravité de l’instant. Quelle genre de gravité y avait-il pourtant ? Chaque maison n’était-elle pas aussi digne qu'une autre ? Lily croisa le regard de son frère, trois allées plus loin, à la table des prestigieux Gryffondor.

    - A l’annonce de votre nom, poursuivit la voix ferme du professeur Londubat, vous vous avancerez pour prendre place sur ce tabouret et chausser le Choixpeau magique.

    L’attention de Lily se porta encore vers l’attroupement de nouveaux. Comme chaque année – exception faite de sa première – la cérémonie sembla durer une éternité. Les élèves quittaient la file au compte goutte puis rejoignaient la maison annoncée sous les applaudissements plus ou moins généralisés selon qu’ils étaient faits Gryffondor, Poufsouffle, Serdaigle ou bien Serpentard.

    Ellis Prince fit parti des tout derniers à passer. Bizarrement, moins il y avait d’élèves à côté de lui et moins il sortait du lot. Des murmures se firent néanmoins entendre lorsque le professeur Londubat prononça son nom en expliquant à l’assemblée que « Mr Prince venait de l’Institut Durmstrang et allait intégrer l’école directement en cinquième année ». A la table des Serdaigle, Rose devait lutter contre l’irrésistible envie de faire part de ses explications sur les changements d’école et les répartitions à ses camarades.

    Le garçon observa un moment le professeur Londubat avant de se décider à avancer jusqu’au tabouret. Il attrapa ensuite le Choixpeau et s’en coiffa d’un geste hâtif en s’asseyant. Même de là où elle se trouvait, Lily put aisément s’apercevoir que son visage arborait toujours ce même masque d’impassibilité. Les yeux noirs balayèrent lentement la salle tandis que le Choixpeau donnait l’impression de reprendre ses esprits et de se concentrer avec effort sur sa tâche. Un long moment s’écoula ainsi avant qu’il ne déclare enfin en toussotant :

    - Hmm... Ah... Oui, oui... GRYFFONDOR !

    Alors que des applaudissements montaient de la table rouge et or, sous le Choixpeau magique, les yeux du garçon semblèrent soudain s’animer et son visage se teinter d’ahurissement. Ellis Prince n’en demeura pas moins immobile, donnant l’air de se demander ce qu’il convenait de faire, jusqu’à ce que le professeur Londubat lui précise qu’il pouvait à présent rejoindre sa table. Le garçon se leva doucement et ôta le Choixpeau de sa tête en le tenant par la pointe. Ainsi suspendu devant lui, il le dévisagea pendant plusieurs secondes en fronçant les sourcils puis le reposa sur le tabouret. Les derniers élèves du groupe s’écartèrent pour le laisser passer et Ellis Prince alla s’installer au bout de la table des Gryffondor sans remarquer les élèves de cinquième année qui s’étaient décalés sur leur banc pour lui faire une place parmi eux.

    La fin de la cérémonie de Répartition ne tarda plus, suivie du traditionnel discours du directeur. Le professeur Slughorn se leva de son imposant siège doré et prononça les habituelles paroles de bienvenue et d’encouragement ainsi que les sempiternels rappels sur le règlement intérieur. Il termina sa brève allocution par une annonce signalant qu’il allait reprendre cette année son ancienne fonction de Maître des potions, à mi-temps. Il partagerait ainsi les cours avec Mrs Kirke, le professeur en poste, qui aurait en charge les élèves de la première à la quatrième année tandis que lui s’occuperait des classes à partir de la cinquième année. Slughorn était tout à son bonheur en concluant sur un « bon appétit » retentissant. Mrs Kirke, quant à elle, ne semblait pas accorder à ce remaniement autant d’engouement que son supérieur.

    - Vous croyez que c’est à cause de ce qui s’est passé l’an dernier en cours ? émit près de Lily une fille de sixième année quand les tables se furent enfin chargées du festin.

    - Quand même, fit remarquer sa voisine, ça n’était pas la première fois qu’un chaudron implosait pendant une séance commune avec les Gryffondor ! Finnigan l’avait bien cherché aussi.

    - En tout cas, vous avez vu la tête de Kirke ? Peut-être que Slughorn estime qu’elle n’est pas assez compétente pour nous préparer aux examens ? Après tout, elle n’exerce pas depuis longtemps...

    - Non, objecta alors Scorpius Malefoy, je crois que c’est plutôt parce que le "vieux Slug" s’ennuie. Il faut dire que le poste de directeur est plutôt pépère ces derniers temps. Son espèce de "club à chouchous" ne devait plus suffire à le divertir.

    La tablée approuva d’emblée cette explication et les conversations portèrent une fois de plus, comme souvent à Poudlard, sur l’âge faramineux que devait avoir maintenant le "vieux Slug". Plusieurs autres professeurs eurent ainsi droit à leur lot de commérages jusqu’à ce que Scorpius monopolise à nouveau l’attention en annonçant à ses camarades qu’une grande fête allait être organisée cette année à l’occasion de son anniversaire.

    - Et nous n’allons pas lésiner sur les moyens. Maintenant que je suis majeur, j’ai obtenu le droit de faire ça à ma manière. Évidemment, précisa-t-il tandis que des éclats de voix réjouis saluaient cette nouvelle, tous les Serpentard seront conviés, notre manoir est bien assez grand pour ça.

    Son regard gris clair rencontra alors celui de Lily, brun noisette.

    - Il va de soi que les élèves des autres maisons seront également les bienvenus, ajouta-t-il d’un air affable.

    Lily lui rendit son sourire, autant ravie du simple regard de Scorpius que de ses dernières paroles. La nouvelle eut tôt fait de parcourir l’ensemble de la table et même de se propager par delà les allées de la Grande Salle. Et lorsque les Serpentard regagnèrent leur salle commune, on parlait encore de la future fête de Malefoy en se languissant déjà d’être au jour J, le premier soir des vacances de Pâques.
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    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:29

    ******* CHAPITRE 3 : AURORES *******

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    Le lendemain matin, Lily fut l'une des premières à s'attabler dans la Grande Salle pour le petit déjeuner. Elle étudiait distraitement son nouvel emploi du temps tout en picorant dans son bol de céréales lorsqu'Albus vint la saluer d'une voix joyeuse.

    - Salut p'tite Lily ! Bien récupéré du voyage d'hier ?

    Lily releva la tête en grimaçant. La tempête était passée. Entre eux c'était une habitude. Tout le monde à l'école savait que les Potter, frère et sœur, aimaient à se narguer mais ne supportaient pas de se faire réellement la tête plus de vingt quatre heures d'affilée. D'autant qu'Albus n'avait jamais véritablement dépassé les bornes, s'acharnant juste à faire sortir Lily de ses gonds, par jeu plus que par méchanceté. Elle était consciente de cela, même si à son goût, la façon qu'il avait de se moquer des Serpentard servait un peu trop souvent d'exemple à ses camarades.

    - OK, je prends ça comme une réponse affirmative, finit-il par ajouter en voyant sa sœur replonger dans son bol. Alors comment avez-vous fêté vos retrouvailles dans votre nid de serpents hier soir ?

    Lily émit un grognement en avalant ses céréales mais s'abstint cette fois de relever la tête et la pique.

    - Ah... continua Albus sur un ton préoccupé, il va falloir que je te laisse... On se revoit tout à l'heure. Bonne première matinée, sœurette !

    Lily n'eut pas besoin de chercher longtemps la raison de sa fuite soudaine. Scorpius venait d'entrer dans la Grande Salle.

    - Et n'oublie pas d'envoyer Iris au rapport, lança Albus en s'éloignant.

    Lily soupira en lui signifiant qu'elle comptait bien évidemment le faire dès que possible.

    - Bien dormi ? fit alors la voix posée de Scorpius tandis que ce dernier prenait place à côté d'elle et s'emparait d'une tasse de thé et d'un toast.

    - Hmm... acquiesça Lily. Il fallait au moins ça pour pouvoir attaquer ce premier jour dans des conditions convenables, ajouta-t-elle en faisant glisser vers lui le parchemin posée près de son bol.

    - Oh, je vois... fit Scorpius en feignant la nausée. Histoire de la magie pour commencer la semaine ! Cela dit, il faut voir le bon côté des choses. Avec Binns comme professeur, toi au moins tu pourras continuer ta nuit ! Moi par contre, j'ai droit à un cours avec notre nouveau Maître des potions. Et quelque chose me dit qu'il vaut mieux être attentif avec ce professeur-là...

    Lily fit mine de capituler et retourna à son petit déjeuner en riant.

    - Nous n'avons pas vraiment eu l'occasion de discuter hier avec la fête dans la salle commune, reprit ensuite Scorpius d'un ton plus feutré.

    Lily détailla un moment le contenu de son bol pour ne pas avoir à montrer son air gêné. Quelle plaie d'avoir une peau de rousse qui s'empourprait au moindre embarras !

    - Tes vacances se sont-elle bien passées ?

    - Et bien... dit Lily en faisant la moue, rien de bien extraordinaire à vrai dire, comme d'habitude.

    Elle s'en voulut intérieurement de n'avoir pas mis plus d'entrain à sa réponse, mais en toute honnêteté, ses vacances avaient été encore pire que ce qu'elle venait de laisser supposer. Elle aurait certainement été plus à l'aise pour embellir la description de son été face à n'importe qui d'autre...

    - Et les tiennes ? demanda-t-elle à son tour, coupant ainsi court au malaise.

    - Fantastiques. Nous sommes allés en Alaska cette année.

    - L'Alaska ! fit Lily ébahie. Ça n'est pas commun comme destination. Au moins vous n'avez pas eu à souffrir de la chaleur !

    Scorpius acquiesça d'un rire franc avant de reprendre :

    - Là bas, les aurores boréales sont un spectacle à couper le souffle...

    - Je veux bien te croire, répondit Lily sentant ses joues chauffer de plus belle tandis qu'elle peinait à imaginer contempler un spectacle aussi fascinant que celui de l'acier gris clair et changeant des yeux de Scorpius.

    Son aurore boréale personnelle ne dura hélas pas bien longtemps. Avec un froissement d'ailes sonore, une nuée de chouettes fit son entrée dans la Grande Salle.

    A la table des Gryffondor, Albus lui adressait de grands signes en mimant les oiseaux messagers dans le but évident de lui rappeler d'écrire à leurs parents. Elle répondit à ses singeries en lui tirant la langue ; il haussa les épaules et retourna à son repas. A quelques places de lui se tenait Ellis Prince, absorbé par la lecture de ce qui semblait être son emploi du temps, visiblement tout aussi contrarié que la veille. Son visage savait-il seulement afficher autre chose que ce masque froid et hostile ?

    - Je dois y aller, déclara Scorpius en se levant de table, un paquet à la main.

    Il venait de recevoir son traditionnel colis de sucreries livré par le gigantesque hibou Grand-Duc de ses parents.

    - Mais tu n'as même pas touché à ton petit déjeuner ! fit remarquer Lily dans l'espoir de le garder encore un peu près d'elle.

    - T'inquiète, j'ai de quoi faire avec ça, dit-il en tapotant son colis. Il faut absolument que je m'occupe des inscriptions pour les sélections de l'équipe avant le cours de Slug.

    - Bien, fit Lily en tentant de masquer sa déception. A plus tard alors.

    - A plus tard, répondit-il chaleureusement avant de se sauver.

    La bonne nouvelle, c'est que les entraînements de Quidditch n'allaient pas tarder à reprendre et que Lily aurait ainsi du temps à passer avec Scorpius.


    C'était grâce au Quidditch qu'elle avait pu graviter de la sorte autour de lui. Elle avait fait son entrée dans l'équipe dès sa seconde année à l'école, sélectionnée au poste de poursuiveur. Scorpius, capitaine de l'équipe depuis deux ans maintenant, était l'un des deux autres poursuiveurs. L'équipe de Serpentard s'était illustrée lors de nombreux matches en quatre ans. Mais l'année la plus glorieuse avait sans nulle doute été celle qui précédait (celle où James, son frère aîné, ne faisait plus partie de l'équipe de Gryffondor en tant qu'attrapeur). Les Serpentard avaient remporté tous leur matches haut la main la saison dernière. Et leurs adversaires étaient forcés de saluer (pour ne pas dire « envier ») le duo de choc que formaient Malefoy et Potter sur le terrain.

    Les coéquipiers étaient devenus amis, bons amis, sans que les choses n'aillent jamais au-delà de cette relation amicale. Seulement les choses commençaient à prendre un caractère relativement urgent. Scorpius amorçait sa septième et dernière année à Poudlard. L'équipe de Serpentard allait devoir se séparer de lui l'an prochain...


    Comme à l'accoutumée, le cours d'histoire de la magie fut ennuyeux à mourir. Le suivant, un double cours de métamorphose, s'avéra nettement plus intéressant. Le professeur Daphné expliqua aux élèves qu'ils passeraient une grande partie de l'année à étudier les sortilèges complexes de disparition et d'apparition - ils tomberaient à coup sûr là-dessus à l'épreuve de B.U.S.E. Le restant du cours fut essentiellement consacré à leur démontrer la difficulté effective de ces sorts.

    - Combien de temps il vous a fallu pour maîtriser le sortilège de disparition ? demanda Lily à Rose et à Albus pendant le déjeuner.

    - Oh, rigola Albus, je crois que je n'ai jamais réussi à exécuter convenablement ce sort avant le jour de l'examen ! Entre nous, murmura-t-il à sa sœur, une bonne cape d'invisibilité fait quand même sacrément mieux l'affaire !

    - Sauf au moment de l'épreuve, objecta Rose qui n'avait rien perdu de l'allusion d'Albus. Je me demande encore comment tu as fait ce jour-là pour avoir autant de chance.

    - Chance ! Qui te parle de chance ? ajouta Albus d'un ton faussement outré. Tu le croiras si tu veux mais j'ai bossé mes matières avant de me présenter aux examens !

    - Hmm... Une fois n'est pas coutume, fit Rose avant de se tourner vers Lily. Le sortilège de disparition n'est pas si difficile qu'il en a l'air, tu sais. Il suffit juste de pratiquer régulièrement - pas comme certains - et tout devrait bien se passer. Le conseil est valable aussi pour toi, Hugo, lança-t-elle à son frère que la discussion ne semblait pas concerner.

    - Eh ! se défendit ce dernier. Je ne sais même pas de quoi vous êtes en train de discuter ! Je n'ai pas encore eu cours de métamorphose, moi. Je vous rappelle que j'ai passé ma matinée avec les amis de nos chers parents, ajouta-t-il ensuite d'un air navré.

    - Botanique et cours de soin aux créatures magiques, c'est tout de même mieux que préparer des potions avec le « vieux Slug », tu peux me croire ! nargua Albus.

    - Alors oui, qu'est-ce que ça donne ce cours avec le professeur Slughorn ? s'empressa de questionner Rose.

    - Le professeur et son cours en eux-mêmes, ça peut aller, fit Albus. Par contre sa nouvelle lubie de vouloir former des "groupes de travail homogènes" a été moins bien accueillie. L'idée de nous faire travailler en binôme pendant le cours était bonne, seulement il tient absolument à ce que les équipes soient composées d'un élève de chaque maison !

    - Aïe, fit Hugo en grimaçant. Je ne suis pas mécontent d'avoir cours de potions avec les Serdaigle...

    - Je trouve ça plutôt pas mal, intervint Rose en jetant des coups d'œil soucieux en direction de Lily.

    - Oui, renchérit celle-ci, voilà enfin une véritable initiative pour mettre en pratique la soit-disante "volonté de rapprochement entre maisons".

    - Mais il y a déjà plusieurs actions faites dans ce sens, contra Albus. Tiens, le simple fait que nous soyons installés ensemble à cette même table. Ça vous est peut-être sorti de la tête mais du temps de nos parents, ça n'était pas possible.

    - Rien ne dit dans le règlement intérieur qu'il est interdit à des élèves de maisons différentes de prendre leur repas ensemble, intervint Lily. Même du temps de nos parents. Rose ?

    - Oui, Lily, tu as raison, ça n'a jamais été stipulé dans le règlement. Seulement... continua Rose en hésitant, cette pratique récente vient d'une habitude prise petit à petit par les élèves eux-mêmes. Il ne s'agit pas d'une mesure officielle...

    - D'ailleurs, si tu observes bien, reprit Albus d'un air narquois, tu découvriras que bizarrement tu es pratiquement la seule Serpentard à oser te mêler aux autres... Tout ça pour dire que ça n'est pas en forçant les élèves à faire équipe que les choses vont radicalement changer.

    - C'est sûr, persiffla Lily, encore faudrait-il que certains élèves consentent à y mettre un tant soit peu de bonne volonté !

    - Mais nous sommes bien d'accord ! répliqua Albus sans laisser à Lily la moindre ouverture.

    - Et avec qui vas-tu faire équipe en cours de potions alors ? demanda Hugo, espérant sans doute calmer le jeu.

    - Avec cette... Avec Montague, se contenta de répondre Albus.

    - Ça aurait pu être pire ! ne put s'empêcher de pouffer Hugo.

    Sa sœur se chargea de le rappeler à l'ordre d'un coup de coude en guettant la réaction de Lily. Mais Lily, ne revint pas à la charge, admettant intérieurement qu'aussi louables pussent être les intentions de Slughorn, il aurait été parfaitement périlleux de faire travailler Albus et Scorpius ensemble.



    Le surlendemain, Lily déchanta pourtant quant à l'initiative de Slughorn en apprenant le nom de son partenaire de cours.

    - Bien évidemment ! souffla-t-elle en levant les yeux au ciel lorsqu'Ellis Prince fut appelé à venir prendre place à ses côtés.

    - Inutile de vous préciser qu'aucune requête ne sera prise en compte, s'empressa d'ajouter Slughorn au moment où Lily finissait de formuler dans sa tête une excuse valable.

    - Et, Miss Potter, dit-il comme s'il avait deviné qu'elle s'apprêtait à prendre la parole, veuillez s'il vous plait ôter cette baguette magique de vos cheveux.

    Les paroles de Scorpius lui revinrent en mémoire quant au fait qu'il n'était pas très raisonnable de contrarier « ce professeur-là ». Se gardant bien de faire partager son objection elle se contenta de marmonner pour elle-même un « ma baguette est bien plus utile à retenir ainsi mes cheveux » en s'exécutant. Son voisin sembla néanmoins l'avoir entendue car il la dévisageait d'un air encore plus glacial que d'habitude.

    - Quoi ? lui envoya-t-elle sans ménagement tout en mettant de l'ordre dans ses cheveux. C'est vrai, les baguettes magiques ne servent à rien quand il s'agit de préparer des potions !

    A côté d'elle, Ellis soupira avant de détourner sèchement le regard. C'était à se demander lequel des deux était le plus contrarié de devoir faire équipe avec l'autre. Cette année de cours de potions s'annonçait des plus réjouissantes.
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    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:30

    ******* CHAPITRE 4 : RÉUNIONS *******

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    - Tu aurais au moins pu faire l’effort de prendre ton manuel cette fois-ci, marmonna Lily à Ellis au début du cours de potions.

    - Je te l’ai dit, je n’ai pas encore toutes mes affaires. Et puis je ne vois pas en quoi le fait de me laisser suivre sur ton manuel est dérangeant.

    - Pff, se contenta de répondre Lily en laissant tomber lourdement son livre au milieu de leur table à la page de la potion du jour : le Philtre de Paix.

    Ils avaient déjà essuyé ensemble une bonne demi-douzaine de cours de potions sans que la prémonition de Lily quant à leur "pénible coopération" ne s’infirme. Ces moments s’avéraient être un véritable calvaire. Mettre du cœur à l’ouvrage quand il s’agissait de préparer des mixtures généralement écœurantes avec des ingrédients tout aussi généralement écœurants passait encore, mais avoir à le faire avec quelqu’un d’aussi peu agréable qu’Ellis était une autre paire de manches.

    L’essentiel de leurs séances de travail se déroulait dans un quasi mutisme qui n’était interrompu que par les réflexions cinglantes qu’ils s’envoyaient. Tomber d’accord sur une façon de préparer leur mixture semblait être quelque chose d’impossible à voir se réaliser un jour. Même Slughorn ne pouvait pas ne pas s’en apercevoir !

    - Pourquoi t’obstines-tu à vouloir attendre avant d’ajouter le sirop d’ellébore ?

    - Sept minutes, intervint sèchement Ellis.

    - Comment ça "sept minutes" ? Dans le manuel ils disent qu’après avoir ajouté la poudre de pierre de lune et avoir tourné trois fois...

    - Dans le manuel, ils ne proposent qu’une seule façon de procéder, la coupa Ellis sans que sa voix ne s’élève cependant. Ça n’est pas pour autant que cette façon-là est la meilleure.

    - Ah non, ne me ressors pas ton argument comme quoi à Durmstrang on vous a appris à préparer cette potion différemment ! Je te signale qu’on est à Poudlard ici !

    - Très bien, se ravisa Ellis en lui lançant un de ses regards de mépris les plus aiguisés. Dans ce cas, fais à ta façon.

    Il se détourna d’elle pour contempler avec un intérêt tout inopportun le bocal de chenilles grouillantes posé devant lui.

    - Je comprends mieux pourquoi ils ont préféré te mettre en cinquième année plutôt que dans celle des élèves de ton âge, lança froidement Lily. C’est de toute évidence pour faire coïncider les niveaux !

    Il ne lui échappa pas qu’Ellis serrait les poings sur le bureau, se forçant ainsi à ne pas répondre à cette nouvelle charge. En seraient-ils venus aux mains que ça ne l’aurait pas effrayée, et ce en dépit du fait qu’elle était une fille.

    Ce ne fut qu’en tentant de retrouver son calme pour terminer la potion qu’elle prit conscience qu’une bonne partie de la classe avait interrompu son ouvrage et regardait dans leur direction. Les élèves qui ne s’attardaient pas sur leur petit remue-ménage devaient déjà être coutumiers du fait. Slughorn aussi les observait.

    - Hmm... fit-il en s’approchant de leur chaudron, une déception visible sur le visage. Vous allez devoir persévérer, Miss Potter et Mr Prince.

    Lily se mordit les lèvres pour ne pas avoir à donner son avis très personnel sur la médiocrité de son travail et retourna à l’étude de son livre de potions en soupirant. Si Slughorn s’était donné la peine de consulter Mrs Kirke, elle aurait pu lui expliquer que le niveau de son ancienne élève était habituellement très convenable - même si celle-ci n’avait jamais véritablement brillé en potions... Son voisin baissait la tête et les yeux et semblait, lui-aussi, se retenir de répondre.

    Pendant le quart d’heure qui suivit, Lily continua donc seule la préparation du Philtre de Paix. Ellis avait définitivement cessé de donner son avis (pour cette fois-ci en tout cas) et se contenta de suivre ses gestes du coin de l’œil. A la fin de la séance, elle n’était pas peu fière lorsqu’une vapeur argentée s’éleva de leur chaudron, comme décrit dans le manuel. Elle préleva un peu de potion dans un flacon, tête haute et nez en l’air, sans chercher à croiser le regard de son coéquipier, et se leva pour l’apporter à Slughorn.

    - Miss Potter, l’apostropha alors celui-ci, l’air toujours atrocement soucieux. Je souhaiterais vous parler avant que vous ne quittiez le cours.

    Une bulle d’espoir se forma soudain dans le ventre de Lily. Á la bonne heure, Slughorn venait enfin de se rendre à l’évidence, lui-aussi, de l’incompatibilité flagrante entre deux de ses élèves !



    - Ça va ? demanda Hugo à Lily à la sortie de leur cours commun de métamorphoses, deux heures plus tard.

    - Honnêtement, Hugo, est-ce que je donne l’impression de quelqu’un qui à l’air d’aller ?

    - Ben... hésita Hugo. C’est qu’on ne peut jamais vraiment être sûr avec toi...

    Lily dévisagea son cousin un instant, puis reprit d’un air las :

    - Tout à l’heure Slughorn m’a invitée à sa prochaine soirée.

    - Il y a pire comme nouvelle ! se moqua Hugo.

    Lily continua d’avancer dans les couloirs sans que la bonne humeur de son cousin ne réussisse à la contaminer. Non seulement Slughorn n’avait nullement l’intention de modifier son binôme de travail, ainsi qu’elle l’avait espéré, mais en plus il allait l’obliger à faire partie de son "club".

    - Oh... Toi, tu as ta tête des mauvais jours, la nargua la voix d’Albus tandis que les élèves se retrouvaient à l’entrée de la Grande Salle pour déjeuner. Pourtant, je gagerais que je n’ai rien fait pour, c’est étonnant...

    - Ta sœur fait officiellement partie du "Club de Slug" ne put s’empêcher d’annoncer Hugo d’une façon exagérément théâtrale.

    Les deux garçons éclatèrent d’un même rire. Lily se contenta de leur décocher un regard assassin.

    - Tu sais, continua Albus en tentant de maîtriser son hilarité, il fallait bien que ça arrive. Le "vieux Slug" tient à ce que son réseau ne s’effiloche pas. Quand James a quitté l’école, je me suis retrouvé, comme par hasard, promu membre de son petit club moi aussi.

    - Justement, intervint Lily, il aurait au moins pu attendre l’année prochaine ! A toi, il n’a fait sa demande qu’une fois James parti.

    - Va savoir, fit Albus en haussant les épaules, si ça se trouve, il pense réellement que tu es une élève hors pair !

    - Très drôle, maugréa Lily.

    - Allez, tenta une nouvelle fois Albus, après tout il y a pire façon de passer ses soirées à Poudlard, tu peux me croire.

    - Humpf... En tout cas, qu’il ne compte pas sur moi quand la saison de Quidditch aura démarré.

    - Oui, enchaîna Albus avec ironie, ce n’est pas comme si Slughorn était directeur de l’école en plus d’être "simple professeur"...

    Lily se retourna à nouveau vers lui mais Albus para l’attaque en s’enfuyant.

    - Á bientôt, p’tite Lily ! Au pire, on se verra chez Slug !

    Comme Albus, Hugo préféra étrangement déjeuner avec ceux de sa classe ce jour-là et la salua avant de rejoindre la table des Pouffsouffle.

    Lily s’attabla à celle des Serpentard et son moral remonta sensiblement dès l’instant où elle se retrouva près de Scorpius.

    - Encore une dispute avec ton frère ?

    - Non, pourquoi ?

    - Et bien... En règle générale, fit Scorpius, quand tu prends ton déjeuner à notre table c’est qu’il y a eu brouille entre vous...

    - Non, pas cette fois, mentit Lily en tentant de chasser les traces de mauvaise humeur qui avaient fait fuir son frère et son cousin.

    Et Scorpius exagérait un peu, elle déjeunait à la table des Serpentard bien plus souvent qu’il ne le laissait entendre, sans qu’il y ait brouille pour autant avec son frère ou l’un de ses cousins. Ceci étant, il était vrai que ce cas de figure ne découlait que rarement de son initiative à elle. La plupart du temps, la raison toute simple en était qu’Albus, Rose et Hugo avaient chacun leur cercle d’amis respectif parmi ceux de leur maison. Ce qui n’était pas exactement le cas de Lily...

    - Tu ne manges pas ? continua Scorpius, comme soucieux.

    - Je n’ai pas très faim, avoua Lily en fixant son assiette vide.

    - Alors dans ce cas, mettons à profit le temps de la pause déjeuner. Que dirais-tu d’aller échanger quelques passes ?

    - Maintenant ?

    - Pourquoi pas ? fit Scorpius en se levant énergiquement de table.

    - Mais, toi non plus tu n’as pas déjeuné ! tenta de le raisonner Lily bien que la proposition l’enchanta.

    - Ça peut s’arranger, dit Scorpius en s’emparant de deux morceaux de tourte à la viande et d’une pomme avant de se retourner vers elle :

    - Alors ?

    - D’accord, capitula Lily, un grand sourire aux lèvres.

    Ils quittèrent la Grande Salle bruyante pour se retrouver à l’extérieur du château par un temps sec et frais. Ce n’est qu’à mi-chemin du terrain de Quidditch que Lily osa briser le silence.

    - Je suis membre officielle du "Club de Slug", lâcha-t-elle d’une petite voix teintée d’embarras.

    Connaissant le manque de considération que Scorpius accordait aux réunions de Slughorn, elle avait hésité à lui en parler plus avant.

    - Oh... eut-il alors pour toute réaction.

    - J’espère que ça ne va pas empiéter sur notre planning d’entraînement...

    - C’est pour cette raison que tu es si... préoccupée ? demanda Scorpius en lui tendant une part de tourte qu’elle refusa poliment d’un hochement de tête.

    - Je suis sûr qu’il doit être possible de concilier les deux, reprit-il ensuite. Ne va pas t’inquiéter à l’avance pour ça. C’est plutôt flatteur, non ?

    - Flatteur ? Je croyais que tu trouvais son "club à chouchous" complètement lamentable.

    - Et bien, je trouve surtout lamentable que le directeur d’une école se permette de tenir des séances en privilégiant la compagnie de certains élèves à d’autres. Maintenant, ça peut peut-être s’avérer utile pour toi, si on y réfléchit bien.

    - Si on y réfléchit bien, reprit ironiquement Lily en subtilisant la pomme des mains de Scorpius, celui pour qui le club est le plus utile, c’est quand même pour Slug. Je ne suis pas dupe. Ça n’est certainement pas pour mes aptitudes en classe qu’il a eu subitement envie de m’enrôler.

    Scorpius avait fait preuve de magnanimité en laissant planer l’idée que Slughorn l’aurait conviée pour elle-même plus que pour son nom. Lily se mit à croquer dans sa pomme en se gardant bien de développer ses pensées. Scorpius n’aurait certainement pas été enchanté d’avoir à parler du célèbre Harry Potter ni des raisons qui faisaient que lui-même n’était pas membre du "club". Elle non plus d’ailleurs.

    Arrivés au stade, ils s’entraînèrent sans plus aborder le sujet. Les idées noires de Lily prirent leur envol en même temps qu’elle. Même l’horrible séance de travail avec Ellis réussit à sortir de sa tête. Après trois bons quarts d’heure de virevoltes aériennes et dérivatives, les deux Serpentard rentrèrent aux château en palabrant sur les tactiques à expérimenter avec toute l’équipe lors de la prochaine véritable séance d’entraînement. Comme le temps allait sembler long jusque là !
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    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:30

    ******* CHAPITRE 5 : RATTRAPAGES *******

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    La première soirée au "Club de Slug" ne fut pas aussi terrible que Lily l’avait imaginée. Même si elle fuyait toute forme de mondanité – la cause étant certainement à chercher dans un excès de dîners mondains pendant sa prime jeunesse - le fait de se retrouver avec nombre d’élèves connus, dont son frère et sa cousine, avait largement contribué à atténuer ce mauvais moment à passer.

    Les conversations revinrent un peu trop souvent à son goût sur certains des illustres parents des membres présents, ce à quoi elle s’était pourtant préparée. Elle dut ainsi se retenir à plusieurs reprises de quitter les lieux lorsque ses réserves de diplomatie s’amenuisaient.
    Si encore elle avait pu mettre à profit cette réunion pour trouver le moyen de convaincre son professeur de potions d’accéder à sa demande et de la soustraire enfin à son coéquipier ennuyeux pendant ses cours... Mais elle n’eut aucune ouverture cette fois-ci, se promettant de revenir à la charge dès que possible.

    Car les cours de potions se suivaient et, hélas, se ressemblaient cruellement.
    Á la fin du mois d’octobre, la situation entre Ellis et elle n’avait pas changée, si ce n’était en pire. La séance de préparation de la solution de Force fut l’une des plus houleuses et celle qui entraîna le plus de conséquences.

    - Ça n’est tout de même pas la mer à boire que de suivre à la lettre les indications du manuel ! Il est stipulé ici, fulmina Lily en se saisissant de son livre d’un geste brusque pour le coller sous le long nez d’Ellis, que "le sang de salamandre doit être versé goutte à goutte après que la couleur ait viré au vert absinthe" !

    - Et voilà, pesta Ellis entre ses dents en reposant sur la table le flacon qu’il était en train d’agiter au-dessus de leur chaudron un instant plus tôt. Impossible maintenant de savoir quelle dose d’écailles de papillon je viens de verser dans notre potion...

    - Comme ça tu pourras encore prétexter que c’est de ma faute si on rate une nouvelle fois notre potion, grommela Lily en ôtant le livre de devant le visage blafard.

    - Comment ça, "si on rate" ? intervint Ellis toujours un ton en-dessous du sien. Bien évidemment qu’elle va être ratée cette potion !

    - C’est ce que je me tue à te dire ! répliqua Lily avant de souffler bruyamment et de se pencher au-dessus du chaudron pour constater les dégâts.

    La mixture semblait encore avoir la couleur et la consistance décrites dans le manuel. Tout n’était pas perdu, même s’il ne restait que quelques minutes avant la fin du cours. Sans se donner la peine de lui adresser la parole pour lui demander de lui passer le sang de salamandre, elle se pencha devant Ellis pour atteindre le flacon. Sauf qu’en surveillant l’effet de son geste sur son coéquipier elle en oublia de faire attention au chaudron et le renversa dans sa précipitation. Ellis bondit prestement en arrière pour parer au flot de potion "d’un ton subtilement ocre et d’une consistance onctueuse bien que légèrement grumeleuse". Lily en fut éclaboussée de la tête aux pieds.

    Un grand silence se posa alors dans la salle, personne n’étant assez inconscient pour intervenir tandis que les deux élèves malchanceux se défiaient du regard.

    - Mes enfants, nous voici dans une situation quelque peu problématique, se décida finalement à intervenir Slughorn depuis son bureau. Cette potion est censée évoluer pendant tout le week-end avant d’être poursuivie.

    Comme s’ils ne prêtaient pas attention à ces paroles, Lily et Ellis continuaient de se fixer, la tension entre eux semblant prête à éclater d’un instant à l’autre comme la foudre dans un ciel trop chargé en électricité.

    - Vous allez devoir recommencer votre ouvrage, poursuivit Slughorn, ne se risquant toujours pas à approcher. Je pense que si vous venez ici dès demain matin pour refaire votre préparation, elle devrait avoir reposé le temps nécessaire pour être parfaite lundi après-midi.

    - Demain matin ! s’exclama Lily en rompant le face à face glacial. Impossible. C’est le premier match des Serpentard.

    - Miss Potter, déclara gravement Slughorn, je crois que vous n’avez pas bien compris. Soit vous refaites cette potion sans délai, soit vous obtenez un zéro. Tous les deux, cela va sans dire, ajouta-t-il en lançant un bref coup d’œil en direction d’Ellis.

    Ce dernier continuait de fixer Lily sans donner l’impression d’être concerné par ce qui se disait.

    - Si vous n’êtes pas disponible demain matin, alors revenez ici dès aujourd’hui, en fin de journée, proposa Slughorn.

    - Mais il y a l’entraînement, ce soir ! geignit Lily.

    - Á vous de voir, Miss Potter, fit le professeur en fixant tour à tour ses deux élèves, faisant ainsi comprendre à Lily qu’elle n’était pas seule à décider.

    - Ce soir, déclara alors Ellis sans détourner la tête.

    Lily revint sur lui en fronçant les sourcils, consciente que cette solution-ci était la moins pire des deux.

    - Ça va, accepta-t-elle en grognant.

    - Bien, fit alors la voix sereine de Slughorn, signifiant que l’incident était clos et que le cours n’était pas encore terminé. Veuillez s’il vous plaît déposer vos chaudrons de ce côté-ci de la salle en ayant soin de repérer votre ouvrage pour le continuer la semaine prochaine.

    La classe reprit alors vie. Pendant que les élèves s’affairaient autour d’eux, Lily contempla ses habits poisseux avec dégoût.

    - Les baguettes ne sont finalement pas aussi inutiles que ça en cours de potions, déclara alors Ellis d’une voix monocorde en faisant disparaître les souillures de potions de leur table et de sa robe de sorcière d’un coup de baguette magique.

    - Merci, grommela Lily assez étonnée du ton pour le moins pacifique de son coéquipier.

    Elle passa d’ailleurs une bonne partie de la journée à se dire que la réaction d’Ellis aurait pu - aurait dû - être bien pire que ce qu’elle avait été. Après tout, c’était elle qui avait renversé le chaudron, même si cette maladresse ne serait sûrement pas arrivée s’ils s’étaient contentés de préparer leur potion normalement. Et même si elle n’était pas résolue à lui présenter des excuses, elle le rejoignit après son dernier cours de la journée avec beaucoup moins d’animosité que d’habitude.



    Slughorn et Ellis étaient déjà là quand Lily arriva dans la classe de potions. Après leur avoir rappelé qu’il ne s’agissait pas d’une retenue mais bien d’une faveur qui leur était accordée, leur professeur s’en retourna à son bureau pour reprendre la correction d’une pile de parchemins.

    Sans chercher à croiser son regard, Lily prit place à côté d’Ellis. Sur la table, un feu ténu était déjà allumé sous leur chaudron.

    - Tu as ton livre ? demanda Ellis de sa voix grave, à nouveau étrangement dépourvue d’hostilité.

    Lily acquiesça en plongeant dans son sac pour en extirper son manuel de préparation de potions de cinquième année. Ils se mirent ensuite au travail, sans plus s’adresser la parole que pendant un cours ordinaire, omettant cependant de se rembarrer à tout bout de champs. Á sa chaire, Slughorn ne levait qu’occasionnellement le nez de ses corrections. La première heure sembla passer très rapidement, dans le calme à peine troublé par les tintements de verre, les glouglou de potion, les grattements de plume et les froissements de parchemin.

    - Jeunes gens, fit soudain Slughorn en consultant sa montre à gousset, il est temps pour moi de reprendre mes fonctions de directeur.

    Il releva la tête vers eux et, le front plissé, les observa un moment avant de continuer :

    - Il vous reste une grosse demi-heure pour finir votre préparation. Quand ce sera fait, veuillez déposer votre chaudron avec ceux de vos camarades.

    Il sembla hésiter un instant mais se contenta de replacer sa montre dans une des poches de sa robe cuivrée, de se lever en faisant crisser son siège et de quitter les lieux sur un "Bonne soirée" expéditif. Le silence reprit ses droits, plus intense encore qu’avec la présence de leur surveillant.

    - "Fonction de directeur", tu parles, marmonna Lily après plusieurs secondes. C’est surtout qu’il ne voulait pas rater l’heure du dîner !

    Elle ne s’attendait évidemment pas à ce que sa remarque arrache le moindre sourire à Ellis – ce qui ne fut de toute façon pas le cas - mais elle fut néanmoins surprise de l’entendre reprendre la parole sur un ton presque aussi léger que le sien.

    - Hmm, observa-t-il tout en versant le contenu du pilon dans le chaudron. Il a surtout préféré s’assurer que sa salle de cours ne risquait rien avant de partir.

    - Tu crois qu’il a bien fait ? se hasarda à continuer Lily.

    Ellis la dévisagea d’une façon qui aurait pu laisser penser qu’il était étonné, lui aussi.

    - La salle de classe ne risque réellement plus rien ? reformula alors Lily.

    - Je ne sais pas, répondit Ellis, toujours aussi insondable. Ça à l’air d’aller, non ?

    - Mouais... On ne s’en sort pas mal, finalement.

    - Cela dit, ne crions pas victoire tout de suite, un accident malencontreux est si vite arrivé...

    Cela faisait des semaines, pour ne pas dire depuis le premier jour de leur rencontre, qu’ils n’avaient pas eu une conversation aussi peu acerbe.

    - Comme quoi ça simplifie grandement les choses lorsqu’on s’en tient au manuel, ne put s’empêcher de faire remarquer Lily.

    Ellis ne sembla pas relever la nouvelle pique. Devant ce stoïcisme, Lily s’en voulut de n’avoir pas retenu ses dernières paroles et s’empressa de demander, sans feindre l’intérêt :

    - Les livres de potions ne sont réellement pas les mêmes qu’ici à Durmstrang ?

    - Bien sûr que ce ne sont pas les mêmes, répondit Ellis. Mais j’ai réfléchi à ça et je crois que c’est toi qui a raison. (Lily ouvrit de grands yeux). Je suis à Poudlard maintenant et autant me plier à la façon de faire locale.

    Toujours très étonnée de l’attitude de son voisin, Lily s’enhardit à poser une nouvelle question, histoire de faire durer cette trêve inattendue :

    - Comment ça se fait que tu n’aies pas d’accent ?

    - Mes parents n’avaient pas d’accent non plus, répondit Ellis soudain absorbé par le contenu de leur chaudron. Il faut croire que c’est pour ça.

    - N’avaient ? répéta Lily, intriguée.

    Ce n’est qu’en entendant les mots sortir de sa propre bouche qu’elle réalisa que sa question était un peu déplacée. Ellis se retourna vers elle. Chose étrange et surprenante, du fin fond de yeux noirs semblait poindre un vif tourment.

    - Désolée, fit Lily à voix basse, devinant ce que l’amertume d’Ellis et le fait de parler de ses parents au passé sous-entendaient.

    - Il ne faut pas, éluda Ellis en retournant à son ouvrage.

    Une bouffée de gêne et de compassion soudaine envahit Lily. Si les parents d’Ellis, ainsi qu’elle venait de le deviner, n’étaient plus, celui-ci venait de se trouver une des meilleurs raisons qui soient d’afficher une si mauvaise humeur. C’était peut-être aussi pour cette "raison familiale", qu’il avait dû quitter son ancienne école. Lily se promit d’essayer à l’avenir de réprimer ses réactions mordantes en sa présence - du moins, autant que faire se pourrait...

    Un autre grand silence succéda. Par les hautes fenêtres, la lumière du jour était à l’agonie, souffrant de teintes violacées magnifiques.

    - Il ne reste plus grand chose à faire, fit alors Ellis, la surprenant dans sa contemplation du crépuscule. Je vais finir tout seul. Va à ton entraînement.

    Lily le dévisagea, interloquée une fois de plus.

    - Si l’un de nous deux devait finir seul cette préparation, ce devrait en toute logique être moi, fit Lily, rattrapée par sa mauvaise conscience. C’est de ma faute si le chaudron s’est renversé ce matin.

    - Il ne se serait pas renversé si nous nous en étions tenus sagement aux instructions de ton manuel.

    - Ma parole, ricana Lily, mais tu lis dans mes pensées !

    - Allez, file, reprit Ellis en soufflant. Tu as un match à gagner demain. Moi pas.

    - Merci, fit-elle aimablement en se levant et en ramassant ses affaires – exception faite de son livre de potions.

    - Tu me remercieras au prochain cours, objecta Ellis. Ou pas. Attends de voir le résultat pour ça.

    Lily hésita à nouveau à partir et demanda avec une once d’inquiétude :

    - Tu vas faire comme dans le livre, n’est-ce pas ?

    - Je vais faire au mieux, sois tranquille.

    Mais, devant l’air soucieux tenace de Lily, il continua :

    - Maintenant, à toi de voir si tu préfères rester ici à me surveiller plutôt que d’aller rejoindre ton équipe pour t’entraîner.

    - Très bien, finit-elle par céder en faisant la moue. Mais fais gaffe à ne pas trébucher quand tu iras déposer ce chaudron avec les autres !

    Elle prit alors congé d’Ellis, non sans avoir cru voir se dessiner l’impensable sur le long visage blême : une esquisse de sourire.
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    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Empty Re: Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II

    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:31

    ******* CHAPITRE 6 : HÔTES *******

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    Le premier match de Quidditch de l’année fut exceptionnel. L’équipe de Serpentard gagna contre celle de Poufsouffle avec plus de trois cent points d’avance. La solution de Force de Lily et d’Ellis ne fut pas une réussite aussi éclatante bien qu’elle leur permit, une fois la seconde phase de préparation achevée, d’obtenir une note des plus acceptables.

    La situation avec Ellis s’était indéniablement améliorée depuis la séance de rattrapage de potions, à tel point que Lily avait mis en suspens son projet de convaincre Slughorn de modifier son binôme de travail. Les deux élèves s’en étaient ainsi tenus à ce qu’ils avaient expérimenté ce soir-là, à savoir qu’ils se contentaient de suivre les instructions du manuel à la lettre pendant les cours. Dès lors leurs joutes verbales se limitèrent aux seules façons d’accomplir certaines manipulations. Lily ne put s’empêcher dans un premier temps de considérer tout cela comme une petite victoire personnelle même si cette évolution lui fut autant profitable qu’à Ellis - ainsi qu’au reste de la classe, dont l’attention s’en trouva bien moins perturbée. Enfin, très exceptionnellement, il pouvait même arriver qu’ils ne se lancent pas la moindre pique pendant toute la durée du cours.

    Lily songea que ce changement d’attitude était peut-être dû principalement au fait qu’elle accueillait à présent le comportement d’Ellis de manière moins abrupte. Ça n’était d’ailleurs pas la première fois que son caractère impulsif la faisait ainsi se braquer contre quelqu’un sans véritables raisons - on le lui avait fait remarquer plus qu’à son tour. Après tout, personne d’autre qu’elle au château ne paraissait être dérangé - ou pour le moins étonné - par la présence de ce nouvel élève maussade et solitaire. Et en deux mois, Ellis semblait s’être fondu dans le décor de son nouvel environnement avec assez de facilité. D’ailleurs, maintenant qu’elle n’interprétait plus son attitude comme une manifestation de dédain envers tous ceux qui l’approchaient mais comme la marque d’un tourment personnel, Lily le trouvait un peu moins désagréable. Nonobstant elle ne serait pas allée jusqu’à dire qu’il était sympathique.

    Le matin du second match de Quidditch, qui devait opposer l’équipe de Gryffondor à celle de Serdaigle, Lily fut surprise de le découvrir en grande conversation avec son frère lorsqu’elle vint s’installer à leur table pour le petit déjeuner. Même si le terme de "conversation" était toujours aussi exagéré s’agissant d’Ellis, le voir ainsi parler à quelqu’un était un fait assez inhabituel pour qu’il attire son attention.

    - ...plus aussi stricte qu’avant, palabrait Albus. C’est pour ça qu’il est fréquent de voir des élèves de maisons différentes manger ensemble. Sauf pendant les cérémonies et lors des jours de match, bien sûr.

    Il s’interrompit un instant pour adresser un grand salut de la main. Et deux tables plus loin, Rose lui répondit avec un petit air de défi.

    - Enfin... à quelques exceptions près, ajouta-t-il, son regard moqueur prenant ensuite sa sœur pour cible.

    - Quoi ? contra Lily, la bouche pleine de céréales. Ce n’est même pas mon équipe qui joue aujourd’hui !

    Au moment où elle prononçait ces mots, Hugo les salua à son tour en prenant place à la table des Poufsouffle. A côté d’elle, Albus partit d’un petit rire éloquent en se tournant à nouveau vers Ellis. Égal à lui-même, ce dernier semblait engranger les informations sans que cela ne le touche outre mesure.

    - Cela étant, ne put s’empêcher d’ajouter Albus, visiblement déçu du manque de réaction de son confrère Gryffondor, il est plus rare, voire carrément inconcevable, de croiser d’autres élèves que ceux de leur maison à la table des Serpentard.

    Le ton d’Albus s’était sensiblement modifié. Sans prendre le temps d’évaluer la teneur ironique de l’attaque – Rose n’étant pas là pour tenir son rôle de modératrice – Lily riposta aussitôt :

    - Qu’est-ce que tu veux encore insinuer par là ? Que nous n’acceptons pas que d’autres élèves viennent à notre table ?

    Une moue aux lèvres, Albus se contenta de hausser les épaules d’une façon dubitative.

    - Dis plutôt que ce sont les autres élèves qui se trouvent mieux que nous pour ne pas souhaiter venir à notre table ! continua Lily sur le même ton tranchant.

    - Mouais... fit Albus. Et on se demande bien pourquoi...

    - Et bien tu n’as qu’à venir, tiens ! le défia Lily en se levant brusquement.

    En contrebas, Albus détourna la tête en soufflant d’un air las et retourna à son petit déjeuner.

    - Ha ! lança Lily. On se dégonfle ?

    Albus ne répondit pas, comme si la blague était allée trop loin et qu’il avait fini de jouer. Les yeux de Lily tombèrent alors sur ceux d’Ellis qui semblaient continuer d’observer la scène avec beaucoup de détachement.

    - Et toi, Ellis ?

    Ce dernier parut mettre un moment à comprendre le sens de ses paroles, la dévisagea comme s’il pesait mentalement le pour et le contre, puis, sans rien dire, se leva. Sans laisser la surprise prendre le dessus sur sa colère, Lily attrapa son bol et bouscula son frère au passage avec un petit air de suffisance, lequel les observa quitter la table des Gryffondor avec un mélange d’étonnement et de curiosité.

    Lily ignora magistralement les regards tout aussi ahuris d’un groupe de troisième année quand Ellis et elle prirent place près d’eux au bout de la table des Serpentard. Elle se remit à manger ses céréales comme si de rien n’était, même si ses gestes durent paraître un peu trop fébriles.

    - Ça aussi ça a changé, grommela-t-elle alors pour elle-même plus que pour son hôte. Depuis le temps ! Continuer à penser que les Serpentard sont... s’interrompit-elle en soupirant rageusement.

    Elle releva la tête de son bol. A côté d’elle, Ellis l’observait, sans paraître plus incommodé par les regards de la tablée qu’elle ne l’était.

    - Si il y a bien quelqu’un ici qui devrait avoir conscience de ça, c’est Albus ! reprit-elle alors, un ton en-dessous. Son deuxième prénom est Severus, comme le professeur Severus Rogue.

    Les yeux noirs semblèrent se teinter d’étonnement un bref instant. Bien évidemment, la surprise d’Ellis était telle que celle de la plupart des gens lorsqu’ils apprenaient ce détail.

    - Et quel second prénom t’a-t-on donné, à toi ? demanda-t-il alors comme si l’importance de cette information supplantait la précédente.

    - Luna. C’est le prénom d’une amie de mes parents, répondit négligemment Lily, trop impatiente de revenir au vif du sujet. Est-ce que tu sais qui était Severus Rogue ?

    - Euh, oui... hésita Ellis.

    - Humm... fit Lily en fronçant les sourcils. C’est déjà bien que tu en ais entendu parler mais qu’est-ce que tu sais vraiment à son sujet ?

    Tout en se remplissant une tasse de thé, Ellis haussa vaguement les épaules comme s’il ne savait pas trop quoi répondre.

    - Mouais, continua Lily en l’imitant. A vrai dire, la majorité des gens n’a qu’une idée très approximative, voire complètement erronée, de qui était véritablement Severus Rogue. Son rôle dans la guerre contre Voldemort a quasiment été occulté dans les livres d’histoire et mis à part quelques rares ouvrages outrageusement mensongers, rien n’a jamais été publié sur lui. Il n’y a même aucune photo de lui nulle part, c’est dire tout l’hommage qui lui a été rendu. Même cette vieille harpie de journaliste n’a pas réussi à en dégoter une seule pour la faire figurer dans son torchon !

    L’attention que semblait porter Ellis à ses paroles, fit comprendre à Lily que lui non plus n’était pas au fait de la vérité à propos dudit personnage.

    - Il était Serpentard, continua Lily d’un ton moins emporté et beaucoup plus sérieux. Sans lui, l’issue de la guerre aurait sûrement été très différente.

    Sans se détourner pour autant de la conversation, Ellis prit un toast sur la table et se mit à le beurrer soigneusement.

    - Car bien que les livres fassent état de son statut d’agent double entre les forces en jeu alors, poursuivit Lily, ils ne donnent aucun détail sur lui, aucun véritable détail. Tout comme ils n’expliquent pas en quoi son rôle a été crucial. Et encore, ça, c’est dans le meilleur des cas. La majorité des autres ouvrages se borne à dire que s’il n’avait pas été sous le contrôle de Dumbledore...

    Lily s’interrompit pour être certaine d’avoir l’attention d’Ellis.

    - Tu sais au moins qui était Dumbledore ?

    Ce à quoi Ellis la dévisagea avec un acquiescement d’évidence.

    - Ils laissent donc entendre, reprit Lily, que sans Dumbledore, Severus Rogue aurait certainement « fini comme les autres Serpentard ».

    Un autre silence se fit, face aux yeux muets d’Ellis.

    - Mais c’est faux ! s’emporta-t-elle. Et tous les Serpentard n’ont pas "mal tourné" !

    Sans laisser percevoir un quelconque avis sur le sujet, Ellis entreprit de beurrer un second toast en demandant :

    - Comment peux-tu être certaine de ce que tu dis ?

    - Comment ? répéta Lily comme si la réponse coulait de source - ce qui était d’ailleurs le cas. Á croire qu’Ellis avait oublié à qui il s’adressait. Mais par mon père, voyons ! Nous avons grandi, mes frères, mes cousins et moi, au milieu de ses histoires...

    Lily s’interrompit à nouveau, soudain parcourue d’un petit élan de nostalgie, puis reprit plus calmement :

    - Cela fait plusieurs années que mon père essaie de trouver un moyen de rendre sa véritable place à Severus Rogue, dans les écrits mais surtout ici, à Poudlard. Il a par exemple un mal fou à faire figurer son portrait parmi ceux des anciens directeurs dans le bureau de Slughorn.

    - Ton père tient tant que ça à lui rendre hommage ? s’étonna Ellis. Déjà avec ton frère...

    - Ça n’est pas tant pour lui rendre hommage, intervint Lily, que pour rappeler à tous que certains Serpentard ont fait mieux que de ne simplement pas « mal tourner » ! C’est une façon comme une autre de tenter de recentrer les choses, histoire de ne pas perpétuer cet amalgame qui, même s’il n’a plus lieu d’être, reste latent...

    - Alors, tu ne le détestes pas tant que ça, ton père ? déclara Ellis après quelques autres secondes silencieuses.

    Lily le dévisagea, moitié surprise, moitié contrariée, avant de se souvenir - sans qu’il n’ait cette fois-ci besoin de le lui rappeler - qu’Ellis était dans le train lorsqu’Albus avait parlé des tensions entre son père et elle.

    - Je ne déteste pas mon père, fit-elle amèrement en se détournant pour se servir aussi une tasse de thé fumant. C’est juste... C’est son nom que je n’aime pas... Pour tout le monde, surtout depuis que je suis ici, je ne suis que la fille de Potter...

    A côté d’elle, Ellis ne répondit pas, comme s’il comprenait et approuvait son point de vue. Un autre garçon se chargea de rompre alors le silence.

    - Bonjour, fit la voix derrière eux.

    Lily perçut dans le ton d’ordinaire si agréable une raideur toute inhabituelle. Á la table des Serpentard, toutes les têtes s’étaient à présent tournées vers eux.

    - Bonjour, Scorpius, répondit Lily en se retournant.

    Elle se sentit soudain très mal à l’aise devant le regard de Scorpius littéralement vissé à celui d’Ellis. De toute évidence, le Serpentard n’accueillait pas la nouveauté à sa table avec beaucoup d’enthousiasme. En y réfléchissant un peu, peut-être qu’il aurait été préférable de commencer par inviter un Poufsouffle ou un Serdaigle plutôt qu’un Gryffondor... Il ne fit aucun commentaire cependant et resta debout jusqu’à ce qu’Ellis prenne lui-même l’initiative de se retirer.

    - Je dois y aller, fit alors ce dernier à l’attention de Lily, aussi neutre qu’à l’accoutumée. « Jour de match »... ajouta-t-il comme s’il eut s’agit d’une raison suffisante.

    Et il quitta la table, laissant derrière lui le thé et les toasts auxquels il n’avait pas eu le temps de toucher. Lily se trouva incapable d’intervenir même si l’attitude de Scorpius la remplissait d’indignation. Pas lui. Il n’était pas comme ça. Elle n’osa pas tourner la tête en direction de la table des Gryffondor de peur de croiser le regard triomphal de son frère.

    - Qu’est-ce qu’il fabriquait ici ? demanda froidement Scorpius en prenant la place vacante.

    - C’est moi... Je... Je l’ai invité à venir à ma table, balbutia Lily sans chercher pour autant à déformer la réalité.

    Scorpius la fixa d’une façon assez inhabituelle, le gris de ses yeux semblait assombri par quelque chose de difficile à interpréter, pas véritablement de la colère, mais plutôt un mélange de contrariété et... d’angoisse.

    - Rien ne nous interdit, continua alors Lily en revenant à elle, d’inviter d’autres élèves à venir manger à...

    - Je le sais bien, la coupa vivement Scorpius. Ça n’est pas tant le fait de voir un élève autre qu’un Serpentard à cette table qui me gène, que de voir cet élève-ci précisément et avec toi qui plus est.

    L’information mit un petit moment à atteindre Lily puis d’un seul coup, l’attitude de Scorpius ne lui apparut plus odieuse mais complètement agréable. Sentant le rose lui monter aux joues à l’idée qu’une quelconque jalousie puisse ainsi tourmenter son ami, elle préféra se réfugier en silence dans une gorgée de thé brûlant.

    - Tu sais, cet Ellis Prince n’est pas très... clair...

    Lily s’enhardit à croiser à nouveau le regard argenté, curieuse de la teneur des paroles de Scorpius.

    - C’est juste... que certains bruits courent à son sujet, reprit-il à voix basse. Il aurait été renvoyé de son ancienne école pour des raisons... étranges.

    Maintenant, songea Lily, il y avait effectivement quelqu’un d’autre au château que la présence d’Ellis dérangeait. La laissant ainsi retourner les données dans sa tête, Scorpius considéra l’un des toasts laissés par Ellis sur la table avant de mordre dedans.

    - Mais ce ne sont que des rumeurs ? intervint doucement Lily quelque peu perturbée dans sa récente ré-appréciation d’Ellis.

    - Pas vraiment, répondit alors Scorpius en se penchant vers elle. Tu sais que mes parents ont quelques relations au Ministère. Ce sont eux qui ont eu vent de cette histoire. Si Ellis Prince est à Poudlard, c’est uniquement par le bon vouloir de notre cher directeur... Il est de notoriété publique que l’on accepte tout le monde et n’importe qui dans cette école. Même les cas spéciaux...

    - Oh... fit Lily, pensive. Et quelles ont été les "raisons étranges" qui ont provoqué son renvoi ?

    - Impossible à dire, continua-t-il à chuchoter. Mais il faut croire que c’était quelque chose de particulièrement grave pour qu’une école comme Durmstrang en vienne à se séparer d’un de ses éléments, si tu vois ce que je veux dire...

    Lily connaissait la réputation de l’Institut Durmstrang, qui, en comparaison de bien d’autres écoles de magie et tout particulièrement de Poudlard, était décrit comme bien plus permissif en matière de magie noire. Ainsi, il y avait en effet à s’inquiéter des raisons possibles du renvoi d’un de leurs élèves.

    - Allez, clôt alors Scorpius sur un ton tout à fait différent, le sourire reprenant sa place sur le beau visage. Mets donc cette histoire de côté pour l’instant. Concentre-toi plutôt sur le match à venir. Nous avons un important travail qui nous attend ce matin.

    - Hmm, acquiesça Lily, sous le charme. Tu as raison, allons décortiquer le jeu de la nouvelle équipe de Gryffondor pour notre prochain match.

    Sur ce, ils se levèrent de concert et quittèrent la Grande Salle pour le terrain de Quidditch, sans un regard vers la table rouge et or.
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    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:32

    ******* CHAPITRE 7 : HEURTS *******

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    Même si la petite vie estudiantine de Lily suivit son cours normal - le même que pour tout élève de Poudlard - les nouvelles données à propos d’Ellis éveillèrent sa curiosité naturelle.

    Elle était maintenant forcée de revoir sa théorie le concernant, à savoir qu’il avait été contraint de quitter son ancienne école suite à un événement malheureux. Ce pouvait être encore le cas, sauf que la tragédie en question ne semblait pas être celle à laquelle elle avait pensé initialement. Le statut d’orphelin d’Ellis était-il lié à son renvoi ? Avait-il seulement quelque chose à voir avec les "raisons étranges" mentionnées par Scorpius ? Le plus perturbant dans tout cela était le fait que Lily n’ait pas l’audace d’aborder singulièrement le sujet avec le principal intéressé...

    Ainsi, elle ne revint pas sur l’incident qui avait eu lieu entre Scorpius et Ellis à la table des Serpentard, pas plus qu’elle ne reparla d’Ellis à Scorpius. Ce dernier semblait s’être accommodé du fait que le Gryffondor et elle partagent la même table de travail pendant le cours de Slughorn, pourvu que leur relation se limite à cette simple coopération... Dès lors, en classe de potions, Lily se surprit plus d’une fois à étudier son voisin avec suspicion ; lequel, toujours profondément imperméable à tout ce qui l’entourait, ne paraissait remarquer un quelconque changement dans son attitude.

    L’autre fait intriguant, fut que les bruits de couloirs au sujet d’Ellis ne soient pas aussi virulents que ceux auxquels Lily aurait pu s’attendre. Scorpius ne semblait pas tenir à ébruiter les informations glanées auprès de ses parents... Pour le moment du moins.



    Le dernier - et très attendu - match de Quidditch du trimestre eut lieu une semaine avant Noël. Le domaine de Poudlard n’était pas encore nappé de blanc même si l’on s’attendait à ce que la neige fasse son grand retour d’un jour à l’autre. Un froid étrangement doux baignait le stade en cette veille de vacances. Un temps idéal pour une rencontre au sommet. Encore à l’abri dans leurs vestiaires respectifs, les équipes de Serpentard et de Gryffondor se livraient à une dernière séance de motivation avant le combat.

    - … et je pense ne pas me tromper en disant qu’aucun d’entre nous n’a envie de voir la coupe déserter notre maison cette année. Encore moins pour finir chez Gryffondor !

    Revêtus de leur tenue verte, les joueurs Serpentard buvaient les paroles de leur capitaine. Scorpius avait en effet le don de motiver son équipe avec force et conviction, Lily y avait toujours été sensible, peut-être même un peu plus que ses équipiers. Elle affectionnait tout particulièrement ces instants d’avant match, cette concentration intense, cette excitation palpable... Et le fait de se trouver alors proche de Scorpius n’enlevait certainement rien à l’attrait en question.

    - Oui ! approuva Vaisey, leur attrapeur. Les Gryffondor ne sont plus les meilleurs. Ils n’ont plus "leur Potter". Nous, si !

    Plusieurs visages masqués de ferveur se tournèrent brièvement vers Lily avant que toute l’équipe n’acquiesce à grands renfort de "Ouais !" et de "Allons-y !" en quittant les vestiaires. Au fond d’elle-même, Lily fut très heureuse que les ultimes paroles d’exhortation n’aient pas été prononcées par Scorpius.

    Au dehors, la foule acclamait les joueurs tandis qu’ils pénétraient dans le stade. Dernière à quitter les lieux, Lily s’avança à son tour pour rejoindre Scorpius posté près de la porte.

    - Bonne chance, lui murmura-t-il alors en se penchant vers elle pour déposer un léger baiser sur sa joue brûlante.

    De prime abord, Lily fut persuadée que l’initiative de son capitaine n’était pas très judicieuse et qu’elle n’arriverait plus à se concentrer sur le match après ça. Une vigueur renouvelée sembla pourtant la gagner lorsqu’ils firent ensemble leur entrée sur le terrain.

    Les acclamations s’intensifièrent au diapason de "Malefoy et Potter !" du côté des gradins vert et argent. Le cœur de Lily battait à ses tempes et son visage devait être littéralement cramoisi. Les spectateurs assez observateurs pour remarquer ce genre de détail en seraient peut-être venu à la conclusion qu’il s’agissait d’une simple réaction à l’enthousiasme des supporters - ce qui n’était pas complètement faux non plus.

    Au coup de sifflet du début de jeu, elle se plongea ainsi bel et bien dans la partie, aussi alerte et agile qu’elle l’avait toujours été, concentrée sur les mouvements de chaque joueur, tel un maillon fort et déterminé de son équipe. Les Gryffondor ne durent pas comprendre ce qui leur arriva alors, car pas moins de deux buts furent inscrits dans les cinq premières minutes de jeu. Le souafle bondissait d’un attrapeur à l’autre avec une rapidité et une précision saisissantes. Une fois encore, l’alchimie "Malefoy - Potter" opérait en insufflant à toute l’équipe un élan de combativité doublé d’invulnérabilité. En périphérie du terrain, Vaisey faisait du surplace, le regard aux aguets, à la recherche du vif d’or, sans omettre de guetter les éventuelles actions de Boot, l’attrapeur de Gryffondor. Devant les trois buts circulaires, Higgs flottait sur son balai en décrivant des entrelacs vigilants. Les batteurs n’étaient pas en reste, chaque coup de cognard du camp adverse se trouvait contré brutalement et réexpédié avec détermination.

    Au bout d’une quarantaine de minutes, le score affichait quatre-vingt-dix points à cinquante, en faveur des Serpentard. Le dernier but marqué par l’équipe de Gryffondor venait de faire trembler le stade. Lily éprouvait toujours une sorte d’affront teinté de hargne lorsqu’elle réalisait - tant à l’oreille que visuellement - que les acclamations faites aux Gryffondor étaient invariablement plus nombreuses que celles destinées aux Serpentard, encouragés par leur seuls confrères. Elle scrutait ainsi les tribunes ourlées de rouge et d’or quand elle s’aperçût, sans véritablement en prendre conscience, qu’Ellis se trouvait dans la foule. Elle réalisa plus tard que ce détail avait dû attirer son attention car elle était quasiment certaine de ne jamais l’avoir vu assister à un match avant ce jour.

    Puis tout s’enchaîna très vite. Un peu plus haut sur sa gauche, Vaisey se mit soudain en branle et fonça droit vers elle. Lily sentit passer le vif d’or à quelques centimètres de son oreille et eut juste le temps d’amorcer un petit écart pour ne plus être sur la trajectoire de l’attrapeur. Sauf qu’elle se retrouva alors sur le chemin d’un autre projectile qui n’aurait, lui, pas la délicatesse de l’éviter.

    Le cognard la frappa de plein fouet à l’épaule droite. Aussi surprise par la douleur que par l’apparition dudit projectile, Lily n’eut même pas la présence d’esprit de resserrer l’étreinte de sa main non choquée sur le manche de son balais. Elle bascula, tête en bas, avant de décrocher de sa monture et d’amorcer une chute vertigineuse de plusieurs dizaines de mètres. Aussi étrange que cela puisse paraître, la perception des évènements qui survinrent par la suite lui fut incroyablement claire. Elle vit le sol se rapprocher inéluctablement pendant qu’autour d’elle la clameur du public se changeait en un immense souffle retenu – à moins que ce ne soit sa tête qui, ayant anticipé le choc, se coupa du reste du monde. Si ses oreilles ne fonctionnaient plus correctement, toujours est-il que ses yeux virent très bien la silhouette qui se tenait alors en retrait sur le bord du terrain, baguette tendue dans sa direction. Et puis soudain, Lily eut l’impression de traverser plusieurs nappes successives de coton invisible pour finir par atterrir sur le sol comme si elle n’avait sauté que du haut d’une armoire.

    Scorpius fut le premier à se précipiter sur elle mais se vit arrêté dans son élan par le professeur Notus - arbitre du match – qui se chargea d’examiner la rescapée. Très vite d’autres personnes l’entourèrent encore. Malgré la douceur relative de son atterrissage, l’effet du choc sembla survenir en différé au moment où le bourdonnement de la foule retentit à nouveau à ses oreilles. La tête lui tourna dangereusement. Elle chercha en vain la silhouette entraperçue sur le terrain pendant sa chute – silhouette parfaitement identifiée - mais son corps accusa le coup à ce moment-là et la fit s’évanouir.



    Lorsqu’elle recouvra ses esprits, Lily était étendue dans un lit. La seconde chose dont elle eut conscience fut la présence de quelqu’un assis près d’elle sur le bord du lit. Peut-être longtemps après, en ouvrant les yeux, elle réalisa de concert qu’elle se trouvait à l’infirmerie et que la personne en question était Scorpius. Ce n’est que dans un troisième temps qu’elle se souvint de ce qui lui était arrivé. Elle porta aussitôt sa main au seul endroit qui la faisait souffrir, son épaule droite, là où le cognard avait joué son rôle.

    - Hou... laissa-t-elle échapper en grimaçant.

    - Tu as encore mal, constata Scorpius d’une voix inquiète en s’emparant d’une petite boîte ronde posée sur la table de chevet.

    Il ouvrit ensuite la boîte pour y prélever un peu de son contenu jaunâtre - un onguent visiblement - et commença à l’appliquer doucement sur son épaule endolorie. Lily frissonna quand les doigts se posèrent sur sa peau.

    - C’est froid, se contenta-t-elle de donner comme explication à sa réaction.

    Car elle n’aurait su dire si le frisson était dû à la pommade, à la caresse elle-même ou à la stupeur de réaliser qu’elle n’avait plus sa robe de sorcière sous les couvertures remontées jusqu’à ses aisselles.

    - Désolé, fit Scorpius en ôtant aussitôt sa main. C’est Madame Salvia qui... C’est pour que tu aies moins...

    - Merci, le coupa Lily, aussi gênée que lui. C’est moi qui devrait être désolée.

    Devant la mine interrogatrice de Scorpius, elle continua :

    - J’ai agi comme une parfaite débutante en ne voyant pas arriver ce cognard.

    La question fusa alors comme elle se matérialisa dans sa tête :

    - Et le match ? Qui a gagné ?

    - Voyons calme-toi, Lily. Tu n’as pas à t’en vouloir.

    - Ça veut dire qu’ils ont gagné ! lâcha-t-elle en tentant de se redresser dans le lit tout en maintenant les couvertures plaquées contre elle.

    Avec une petite moue affirmative, Scorpius amorça un geste pour l’empêcher de bouger.

    Lily pesta en retombant lourdement sur son oreiller.

    - Aïe ! fit-elle en se massant l’épaule.

    - Boot a profité de l’agitation pour attraper le Vif d’or, déclara lentement Scorpius.

    - Hrmpf... C’est bas !

    - C’est le jeu.

    Le calme apparent de Scorpius la surprendrait toujours. Aurait-il réagi de la même manière si la mésaventure était arrivée à un autre membre de l’équipe ?

    - Tu nous a fait vraiment peur, reprit-il à demi-mots après un moment.

    Lily plongea dans le gris aux teintes violacées de ses yeux en espérant au fond d’elle que le "nous" le concernait lui, plus particulièrement.

    - Tu as eu beaucoup de chance que ta chute ait pu être freinée...

    Ce détail ne lui était pas encore revenu en mémoire. Les dernières connexions semblèrent reprendre place dans la tête de Lily et une image furtive mais nette s’y reforma alors.

    - Une chance que les professeurs assistent aux matches, ajouta Scorpius avec un petit sourire en coin.

    - Les professeurs ? répéta Lily étonnée. Tu crois que c’est l’un d’eux qui est intervenu ?

    - Qui d’autre ? objecta Scorpius avec soudain plus de sérieux.

    Lily se garda bien de mentionner à Scorpius sa version des faits et la présence d’un certain élève – pas particulièrement apprécié de lui – pour se contenter d’admettre l’évidence de l’aide d’un professeur d’un hochement de tête.

    C’est alors que Madame Salvia, l’infirmière de l’école, entra dans la pièce en priant "Mr Malefoy de bien vouloir laisser son amie se reposer à présent". Tandis qu’elle s’affairait à tirer les hauts rideaux sur les fenêtres déjà assombries, Scorpius se pencha près du visage de Lily pour lui murmurer un doux "Bonne nuit".

    Lily regretta que Madame Salvia fasse autant état de sa présence.

    - Repose-toi bien et tâche de reprendre des forces, le tournoi n’est pas terminé ! fit Scorpius en se levant.

    Cette nuit-là, Lily trouva rapidement le sommeil. Un sommeil sans rêve ou du moins si bienfaisant qu’elle ne put se souvenir d’aucun songe le matin suivant, si ce n’est qu’un vague entremêlement de visages, tantôt blonds, tantôt bruns...
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    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Empty Re: Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II

    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:34

    ******* CHAPITRE 8 : VISITES *******

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    Le lendemain de sa chute, Lily fut cueillie à son réveil par trois visages familiers au pied de son lit. Encore toute engourdie, elle regarda machinalement vers les fenêtres de l’infirmerie qui laissaient entrevoir un soleil déjà bien haut dans le ciel et des parcelles de toits couvertes de neige scintillante.

    - Qu’est-ce que vous faites là ? Vous n’êtes pas en cours ?

    - Hmm, fit Hugo en donnant un petit coup de coude complice à son voisin. Le choc a dû être pire que ce qu’on croyait, finalement...

    Il n’échappa pas à Lily qu’à côté de lui, Albus ne réagit pas à la moquerie.

    - Bonjour Lily, dit alors Rose sans plus relever l’allusion de son frère. C’est le premier jour des vacances, aujourd’hui. Comment te sens-tu ?

    Les vacances ! Comment cette information avait-elle pu lui sortir de la tête ? Soit Hugo avait raison quant aux conséquences du choc soit cet oubli était dû au fait qu’elle ne les attendait pas particulièrement, ces vacances.

    - Très bien, merci, répondit-elle en se redressant doucement dans son lit.

    Les paroles sonnèrent pourtant faux lorsque la douleur dans son bras droit se rappela à son bon souvenir, lui arrachant une grimace difficile à maquiller. Rose se précipita à son côté pour l’aider à s’asseoir. Au bout du lit, Albus affichait un air livide que Lily ne lui connaissait pas.

    - Merci, fit Lily en s’efforçant de sourire. C’est juste mon bras qui s’en remet un peu plus lentement que le reste.

    Elle tendit sa main valide vers la table de chevet mais Rose se chargea de lui donner la petite boîte ronde posée dessus avant qu’elle ne l’atteigne.

    - Merci, dit-elle encore.

    Tous ces remerciements auraient eu de quoi l’excéder en temps normal ; elle qui supportait difficilement qu’on l’aide ou qu’on l’assiste.

    - De rien, répondit Rose. Si tu as besoin d’autre chose...

    - Ça devrait aller, fit Lily toujours souriante en mettant un point d’honneur à se débrouiller seule – et douloureusement - pour ouvrir la boîte d’onguent.

    - Tu as eu de la chance, intervint alors Hugo en fronçant le nez devant l’aspect peu ragoûtant de la pommade.

    - Tout dépend de quel point de vue on se place, intervint Rose d’un ton tranchant.

    - Oui, Hugo, admit Lily en ricanant, je crois qu’hier, mon ange gardien ne devait pas être bien loin...

    Personne n’eut la bonne idée de parler plus en détails de son sauvetage in extremis. Comme Scorpius, tous semblaient accordés sur le fait que sa chute avait été amortie grâce à l’intervention de l’un des professeurs présents dans le stade. Ce qui pouvait d’ailleurs être le cas ; l’élément qui continuait d’intriguer Lily étant tout autre.

    - Heureusement que nous n’avions pas prévu de rentrer à la maison cette semaine, déclara ensuite Hugo.

    - Oh oui, ajouta Rose, quelle bonne idée Lily a eu de se jeter de son balai en plein vol, en effet !

    Lily laissa échapper un petit rire. Sans penser à mal, Hugo avait pourtant encore raison, d’une certaine manière. Les quatre cousins ne retournaient pas chez eux pour cette première semaine de vacances de Noël. Leurs parents respectifs étaient alors en voyage en Amérique du Sud et ne devaient rentrer que la semaine suivante. Les Potter et les Weasley allaient ensuite se retrouver au grand complet pour passer les fêtes de fin d’année au Terrier, chez leurs grands-parents.

    - Hep hep hep, jeunes gens, fit Madame Salvia en entrant dans la pièce à petits pas rapides, laissez-la un peu respirer.

    Albus et Hugo firent un pas en arrière du montant du lit sur lequel ils étaient appuyés tandis que Rose regagna sa place près d’eux. L’infirmière ausculta succinctement Lily avant de lui ôter la boîte d’onguent des mains.

    - Je reviendrai après vos visites pour un examen plus poussé, dit-elle tout en réchauffant une noisette de pommade entre ses paumes, même si tout me semble convenable à première vue.

    Lily adressa un petit clin d’œil signifiant "Je vous l’avais bien dit" à ses trois visiteurs sans réagir au massage de l’infirmière sur son épaule. La figure d’Albus sembla reprendre quelques couleurs.

    - N’hésitez pas à vous appliquer cette préparation à base de bile de crapaud plusieurs fois par jour, Miss Potter.

    Cette fois la mimique de dégoût d’Hugo ne fut pas simulée.

    - Tâchez, vous autres, de ne pas rester trop longtemps. Elle sortira ce soir ou demain matin au pire des cas. Mais c’est avant tout de repos dont elle a besoin maintenant, ajouta l’infirmière avant de les laisser.

    La porte de la salle ne se referma derrière elle que quelques secondes avant que Scorpius ne la franchisse à son tour.

    - Allez, Lily, s’empressa de déclarer Rose en faisant signe aux deux garçons qu’il était temps pour eux de prendre congé. Nous repasserons plus tard. Soigne-toi bien.

    Mais malgré ses haussements de sourcils insistants, Hugo fut le seul à suivre Rose vers la sortie. Albus ne bougea pas d’un iota. Scorpius et lui feignirent un salut muet d’un bref mouvement de tête.

    - Bonjour, Lily, fit Scorpius en s’approchant du bord du lit.

    Même s’il ne paraissait pas véritablement gêné par la présence d’Albus, il ne se hasarda pas à s’asseoir à côté d’elle ainsi qu’il l’avait fait la veille.

    - Je suis venu voir comment tu allais ce matin et aussi... te dire au revoir.

    - Ça va très bien, fit doucement Lily. Je devrais quitter l’infirmerie en fin de journée. Tu ne seras peut-être même pas encore rentré chez toi que je serai déjà sortie d’ici.

    Scorpius accueillit la bonne nouvelle en silence, un fin sourire au lèvres, avant d’envoyer un coup d’œil ennuyé vers le bout du lit. Albus, le dévisageait sans retenue, conscient et apparemment très satisfait de l’utilité de sa présence.

    - Bon, finit par conclure Scorpius en se retenant d’approcher d’elle. Passe de bonnes vacances quand même.

    - Bonnes vacances à toi aussi, répondit Lily avec un sourire ostentatoire.
    Scorpius lui rendit son regard, adressa à Albus le même hochement de tête convenu que lorsqu’il était entré et quitta l’infirmerie.

    Dès qu’ils furent seuls, Lily fusilla son frère des yeux. Ils se fixèrent ainsi plusieurs secondes avant qu’Albus ne se décide à ouvrir la bouche, pour la première fois depuis son arrivée.

    - Ce que j’ai pu avoir peur, hier, murmura-t-il en baissant la tête.

    Les reproches de Lily s’estompèrent aussitôt.

    - J’ai bien cru, continua Albus, que les derniers mots que je t’aurai adressé allaient être : "Prête à te faire écraser par les Gryffondor, sœurette ?".

    Lily laissa échapper un petit ricanement affecteux.

    - Maman et Papa ont été prévenus ?

    - Bien sûr, répondit Albus en relevant les yeux. Je leur ai fait parvenir un message hier soir, mais je ne sais pas quand ils auront la nouvelle. A ce propos, j’ai préféré ne pas envoyer Iris, de peur que le voyage soit trop pénible pour elle.

    - Dommage, fit Lily, ça lui aurait permis de se défouler un peu, et à moi de ne plus l’avoir sur le dos pendant un petit moment.

    Cette fois le rire fut partagé, même si le silence se reposa dans la pièce un peu trop vite. Albus reprit alors un air sérieux pour demander :

    - Ça va... avec Malefoy ?

    Il avait fait un bref signe de tête en direction de la porte de manière à masquer son hésitation. Non pas que l’attention soudaine de son frère pour sa petite vie sembla sonner faux aux oreilles de Lily, loin de là, mais avoir à lui parler de sa relation avec Scorpius la mettait mal à l’aise. D’autant qu’elle n’avait pas complètement oublié de lui en vouloir pour être resté pendant sa visite quelques minutes auparavant.

    - Oui, se contenta-t-elle d’acquiescer à voix basse avant d’ajouter très vite : Tu sais, il est venu parce que je suis dans l’équipe.

    Albus fit clairement mine de ne pas être convaincu par ce motif.

    - Je sais qu’il s’inquiétait vraiment pour toi, finit-il par lâcher à contre-cœur.

    S’étonnant de ce revirement d’attitude, Lily attendit en silence qu’il aille au bout de ses aveux.

    - Je l’ai croisé plusieurs fois ici, hier soir. Oui, ajouta-t-il devant l’air intrigué de sa sœur, il a eu plus de chance que moi. Je suis venu à ton chevet alors que tu n’avais pas encore recouvré tes esprits. Lors de ma visite suivante, tu dormais déjà profondément...

    Lily ne sut que répondre, à la fois touchée par la teneur des informations et de la façon dont Albus les lui révélait.

    - Tu comptes aller à sa fête d’anniversaire, au mois d’avril ? demanda-t-il ensuite.

    - J’avais prévu de demander la permission à Maman et Papa pendant ces vacances.

    Car la question n’était pas tant de savoir si elle voulait y aller que de savoir si elle pourrait y aller. Albus leva les sourcils montrant qu’il était lui aussi conscient de l’aspect périlleux de la tâche.

    - Il n’est pas comme tu l’imagines, reprit-elle doucement.

    - Peut-être... répondit Albus, ses grands yeux verts dans le vide.

    Lily hésita à déverser un de ses longs couplets sur le fait que Scorpius n’était pas comme ses parents, maintes fois dépeints dans les histoires contées par leur père, mais Albus coupa court au malaise et à la discussion.

    - Je reviendrai à l’heure du déjeuner. Repose-toi encore.

    - Ça va, crut bon d’insister Lily.

    - Je sais, fit Albus avec un clin d’œil fraternel, redevenant lui-même.

    - Albus ? le rappela Lily au moment où il partait.

    - Hmm ?

    - Est-ce que tu sais si Ellis Prince était avec vous dans les tribunes, hier ?

    Albus hésita comme si l’information lui échappait sur le moment.

    - D’habitude il ne vient pas aux matches, non ?

    - Oui, admit-il alors comme si la seconde question de Lily ravivait un détail de sa mémoire défaillante. Maintenant que tu le dis, en effet, il me semble bien l’avoir vu. Pourquoi ?

    - Pour rien, comme ça, mentit Lily en espérant que son frère n’accorderait pas d’importance à ce sujet.

    Ce qu’il fit, apparemment. Ce manque d’intérêt permettant d’autre part à Lily de confirmer l’une de ses suppositions : Albus, comme personne d’autre, ne semblait avoir remarqué la présence d’Ellis sur le bord du terrain de Quidditch au moment de sa chute...
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    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Empty Re: Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II

    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:35

    ******* CHAPITRE 9 : TRAQUES *******

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    - Comment ?

    Lily venait enfin de mettre la main sur Ellis, le lendemain de sa sortie de l’infirmerie, après avoir passé les trois quarts de la journée à le chercher dans tout le château. Les lieux étaient pratiquement déserts à présent que la majorité des élèves étaient rentrés chez eux pour les vacances. Ellis ne s’était pas montré de la journée, pas même aux repas. Lily en vint à douter qu’il fut resté à Poudlard mais Albus confirma sa présence pour l’avoir entraperçu dans leur salle commune durant les deux derniers jours. Pourtant, même à cet endroit, elle ne put le trouver. Et ce fut finalement par hasard, le soir, alors qu’elle regagnait son dortoir, qu’ils tombèrent nez à nez en bas du grand escalier de marbre.

    - Tiens, tu t’es déjà remise de ta petite voltige ? se contenta de lâcher Ellis sans prendre le temps de s’arrêter ni même de seulement réagir à la question de Lily.

    Le couvre-feu était un tantinet moins strict pendant les vacances mais la nuit était déjà suffisamment avancée pour que des élèves n’aient plus à déambuler ainsi dans les couloirs. Lily rebroussa pourtant chemin et suivit Ellis vers les étages supérieurs.

    - Comment ? répéta-t-elle avec insistance. Comment tu as fait pour te trouver sur le terrain, alors que tu étais dans les tribunes la minute d’avant ?

    Sans ralentir ses pas, Ellis lui lança un bref regard par dessus son épaule, le sourcil circonspect.

    - Le batteur de Gryffondor est vigoureux, c’est certain...

    - Je t’ai vu, en bas, sur le terrain, continua Lily sans tenir compte de sa remarque. Et... on m’a confirmé ta présence dans les tribunes.

    - Libre à moi de changer de point d’observation pendant le match si ça me chante, objecta Ellis sans se retourner.

    - Pas en si peu de temps !

    - La notion du temps, voilà ce que le choc a dû dérégler en toi.

    - C’est une façon d’admettre que tu étais bien sur le bord du terrain au moment de ma chute ?

    L’absence de réponse sonna presque aussi clair qu’une allégation.

    - Alors c’est bien toi qui a amorti ma chute, argua Lily.

    Sans pour autant démentir, Ellis se contenta de souffler bruyamment et poursuivit sa montée au pas de course. Lily s’efforça de le suivre encore.

    - Pourquoi tu n’as pas l’air de tenir à ce que cela se sache ? insista-t-elle lorsqu’ils atteignirent le troisième étage.

    - Et même si c’était effectivement moi qui avait freiné ta chute, qu’est ce que ça changerait que ça se sache ou non ?

    - Et bien, fit Lily en feignant d’y réfléchir, tu passerais pour une sorte de héros, j’imagine.

    - A quoi bon ? la coupa Ellis en marquant un arrêt pour la dévisager froidement.

    - Tu es... un Gryffondor, hésita-t-elle, prise cette fois au dépourvu. Vous ne rechignez pas à être dans la lumière, non ?

    - C’est ce que tu crois ?

    Sans céder, Lily observa un moment les sourcils froncés et les yeux noirs insondables.

    - Peut-être que le résultat compte plus que le procédé et son auteur ? reprit-il alors. Et puis, si le destinataire est au courant, c’est largement suffisant.

    - Si le destinataire est au courant c’est uniquement parce qu’il vient de soutirer l’information à l’auteur, je te signale !

    Ellis leva les yeux au ciel et continua d’avaler les marches sans rien ajouter. Lily n’abandonna pas la partie pour autant.

    - Et qui me dit que si ton intention était telle, le sort qui m’a finalement secouru n’était pas le tien mais bien celui d’un professeur présent à ce moment-là ?

    - Pense ce qui t’arrange.

    Un long interlude s’en suivit où seuls les bruits de leurs pas précipités faisaient écho dans les cages d’escaliers et les couloirs vides. Aux murs, certains occupants des portraits suivaient leur course d’un air tantôt étonné tantôt indigné. Aussi sportive fut-elle, Lily commençait à peiner à suivre Ellis qui semblait quant à lui ne pas être affecté par l’effort de cette ascension effrénée.

    - Ça n’explique toujours pas... comment tu as fait... pour te retrouver en bas... en si peu de temps, fit Lily essoufflée lorsqu’ils furent parvenus au dernier étage.

    Ellis se retourna si subitement qu’elle faillit ne pas pourvoir l’éviter et le percuter.

    - La tête, fit-il d’un air excédé en se tapant le front du bout des doigts. La tête.

    - Le cognard a atteint mon bras... pas ma tête ! contra rageusement Lily.

    Mais cette fois, au lieu de reprendre sa course sans plus de cérémonie, Ellis resta planté devant elle, ou plus exactement au-dessus d’elle. Lily recula d’un pas pour ne pas avoir à se tordre le cou en s’adressant à lui.

    - Tu ne te débarrasseras pas de moi comme ça, fit-elle en soutenant le regard noir.

    - Ben voyons ! lança Ellis. Je me serais contenté d’un simple merci, tu sais.

    Les yeux noisettes vacillèrent un instant. Lily se félicita intérieurement d’avoir réussi à lui arracher ce premier aveu même si un élément important du casse-tête restait encore à dénouer. Ellis la fixa encore un moment de ce regard ne révélant ni pensée, ni émotion, puis reprit son chemin, plus lentement. Sans rien répondre, Lily continua de lui emboîter le pas tandis que derrière les hautes fenêtres des couloirs du septième étage, les rafales de vent emportaient dans leurs souffles stridents des vagues de neige aériennes.

    - Ta traque s’arrête là pour ce soir, déclara Ellis lorsqu’ils arrivèrent devant le portrait de la Grosse Dame ; le tableau qui scellait l’entrée de la salle commune des Gryffondor.

    Lily le dévisagea d’un œil soupçonneux avant de répliquer :

    - Si tu insinues par là que je ne vais pas pouvoir te suivre au-delà de cette entrée, tu te trompes. "Cognard", dit-elle alors d’une voix plus haute à l’intention de la Grosse Dame.

    Sans aucun commentaire de la part de son occupante, le tableau pivota aussitôt pour laisser libre accès au passage.

    - Les élèves ont aussi le droit d’aller et venir dans les salles communes en plus des tables de la Grande Salle, constata platement Ellis.

    - Évidemment, répondit Lily de manière plus abrupte qu’il eut été nécessaire. Je ne viens pas de deviner le mot de passe dans ta tête !

    Si Ellis avait été un animal, qu’il se mette alors à grogner en retroussant les babines n’aurait pas été étonnant. Mais une fois de plus, il contrôla ses réactions.

    - J’imagine cependant que certains endroits doivent être plus fréquentés que d’autres.

    - Tu imagines bien, se contenta de répondre Lily, consciente qu’il faisait référence à sa salle commune à elle.

    L’évocation de ce fait en fit resurgir un autre : la mise en garde de Scorpius au sujet d’Ellis. Lily en était presque venue à l’oublier tant ses méninges avaient été occupées par de nouveaux mystères durant ces deux derniers jours. Elle se promit d’essayer de compiler toutes les données à tête reposée afin d’essayer d’en tirer quelque chose. Car pour l’heure, elle allait effectivement devoir se résoudre à suspendre sa "traque". Les Gryffondor encore présents dans la salle commune n’auraient certainement pas compris pourquoi Lily revenait parmi eux seulement un quart d’heure après leur avoir souhaité bonne nuit.
    Ellis s’engouffra dans le passage sans l’attendre ni s’étonner qu’elle ne le suive pas. Le tableau reprit sa place sur le mur en silence. Lily rebroussa chemin en repassant mentalement les éléments de leur étrange discussion, consciente qu’elle aurait effectivement dû formuler quelque chose ressemblant à des remerciements...



    Le lendemain matin, elle fut ainsi très étonnée de trouver Ellis attablé dans la Grande Salle avec les quelques autres pensionnaires. Ce garçon était décidément quelqu’un de bien imprévisible.

    - Tu ne nous invites pas à ta table aujourd’hui ? fit Albus lorsqu’elle se joignit à eux. On pourrait en profiter, continua-t-il en adressant un clin d’œil railleur à Ellis, pendant que Malefoy n’est pas là.

    - D’une, il ne s’appelle pas "Malefoy" mais Scorpius, répondit sèchement Lily, et de deux, il serait certainement moins ennuyé que toi de te voir assis à la table des Serpentard.

    Ses yeux rencontrèrent brièvement ceux d’Ellis, face à elle, pensant à la restriction de Scorpius le concernant tout particulièrement. Albus préféra mettre fin aux hostilités d’entrée de jeu – le regard appuyé de Rose devant y être pour quelque chose – et se contenta de ricaner en retournant à son assiette d’œufs au plat.

    Une demi-douzaine de hiboux fit son entrée dans la Grande Salle, avec beaucoup moins de bruit qu’en temps normal, mis à part les piaillements distinctifs d’une petite chouette dépourvue de courrier. Iris fit un atterrissage vif et précis sur la table, comme une démonstration de son habileté, entre le bol de céréales de Lily et la tasse de thé d’Ellis. Retrouvant subitement le silence, elle demeura postée là à détailler sa maîtresse de ses grands yeux ronds inquisiteurs jusqu’à ce que cette dernière daigne lui porter attention.

    - Iris, souffla Lily, le trajet aurait été trop long pour toi.

    L’oiseau donnait l’air d’accueillir l’explication de sa non contribution avec colère, les plumes au-dessus de ses yeux jaunes ressemblant à s’y méprendre à deux gros sourcils froncés.

    - Oh et arrête de me regarder comme ça ! gronda Lily en déposant près d’elle une petite poignée de céréales.

    La chouette considéra l’offrande quelques secondes avant de dodeliner vers un endroit de la table plus propice au décollage pour s’envoler sans délai.

    Les rires qu’Albus et Hugo tentaient de retenir éclatèrent enfin lorsqu’Iris disparut par la fenêtre. Même Rose se joignit à eux tout en récupérant son propre courrier des pattes d’une drôle de chouette au plumage rayé de noir. Seul Ellis ne semblait pas en mesure de comprendre le côté humoristique de la chose.

    - La chouette de Lily a un peu le même caractère qu’elle, crut bon de lui expliquer Albus entre deux ricanements.

    - Et encore ce n’est rien, renchérit Hugo, tu aurais dû la voir l’an dernier, quand elle coursait Lily dans les couloirs parce qu’elle tardait à donner signe de vie à ses parents !

    Sans relever, Lily secoua la tête en soupirant. Lorsqu’elle avait eu droit, tout comme ses deux frères à leur entrée à Poudlard, à une chouette, elle était loin de se douter que celle-ci n’était pas tant un animal de compagnie qu’un moyen infaillible de communication entre l’école et la maison. Alors que les hiboux de James et d’Albus s’étaient toujours contentés d’agir normalement, il arrivait ainsi à Iris de venir harceler Lily lorsque ses courriers se faisaient attendre. Á croire qu’on avait dressé l’oiseau à le faire...

    - C’est un peu différent cette fois, ajouta cependant Albus en retrouvant son sérieux. Iris est venue se plaindre de ce qu’on ne l’ait pas choisi pour porter les récentes nouvelles d’ici à nos parents, au Pérou.

    - Au Pérou ? ne put s’empêcher d’observer Ellis.

    - Oui, les parents de Rose et de Hugo ainsi que les nôtres visitent des amis à eux là-bas. C’est en partie pour cette raison que nous sommes encore ici.

    - Et j’ai là une très bonne nouvelle à ce sujet, claironna alors Rose, courrier à la main. Nos parents ont réussi à décider Tante Luna et Oncle Rolf à les suivre pour venir passer Noël au Terrier !

    - Hey ! se réjouit Hugo, nous allons pouvoir faire la connaissance des deux p’tits monstres ! C’est comment leurs noms, déjà ?

    - Lorcan et Lysander, répondit Rose, enthousiaste.

    La conversation s’orienta alors un moment vers cette joyeuse perspective. On parla, entre autre, de la place qui allait certainement manquer au Terrier et de l’encore plus certaine ébullition de leur grand-mère Molly pendant le séjour. Ellis était retourné à son mutisme habituel. Face à lui, Lily ne put s’empêcher d’avoir un petit pincement au cœur en songeant qu’il devrait se contenter de passer la totalité de ses vacances ici, à Poudlard, sans véritable fête et surtout sans famille.

    - Qu’est-ce que vous avez prévu, pour aujourd’hui ? demanda ensuite Hugo en étirant ses mains en l’air avant de les croiser derrière sa tête.

    - Je dois faire des recherches à la bibliothèque pour mon devoir de runes anciennes, répondit Rose.

    - Mais on est à cinq jours de Noël ! répliqua Hugo en s’affalant sur la table, dépité à l’idée d’abandonner son début de vacances oisif.

    - Et alors ? fit Rose comme si elle ne voyait pas le rapport entre la remarque de son frère et sa réponse – ce que Lily la soupçonna d’ailleurs de ne réellement pas voir.

    - Oui, moi aussi je dois aller à la bibliothèque, déclara alors Albus. Autant se débarrasser du maximum de devoirs avant de rentrer au Terrier.

    Hugo s’était littéralement décomposé en réalisant que si son cousin s’y mettait aussi, il n’y avait plus d’échappatoire possible.

    - Mais tu n’es pas obligé de nous suivre, lui signifia ce dernier.

    Les Weasley échangèrent un de leurs regards qui n’appartenait qu’à eux avant qu’Hugo ne réponde :

    - Si, si... J’ai sûrement aussi des tas de choses à faire...

    - Bien, dit Albus en se levant, le front haut. Alors partons ensemble à l’assaut de la bibliothèque de Poudlard ! Lily ? Tu es des nôtres ?

    Lily hésita un moment, préférant décliner l’invitation pour réserver son propre assaut au "mystère Ellis" même si une foule de devoirs n’attendait qu’elle.

    - Moi je veux bien en être, déclara à ce moment-là la voix grave et monocorde.

    - Aucun problème, répondit Albus en accueillant la proposition d’Ellis. Allons chercher nos affaires et retrouvons-nous là-bas d’ici un quart d’heure. Lily ?

    - Je vous rejoins, se retrouva-t-elle alors obligée de dire, saluant intérieurement la manœuvre d’Ellis.

    Car en restant parmi eux, ce dernier devait se douter qu’elle réserverait ses questions au lieu de lui courir après comme elle l’avait fait la veille. Sauf qu’elle était plus têtue qu’il ne pouvait l’imaginer. Et patiente, lorsqu’elle y mettait du sien.
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    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Empty Re: Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II

    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:36

    ******* CHAPITRE 10 : FOYERS *******

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    Le reste de la semaine fut ainsi employé de manière studieuse à avancer autant que possible les nombreux devoirs pour la rentrée. Lorsqu’ils ne se rejoignaient pas à la bibliothèque, Lily, Albus, Rose et Hugo établissaient généralement leurs quartiers de travail dans la salle commune des Gryffondor ou des Serdaigle.

    Sans dévier de son "plan d’offensive anti-Lily", Ellis se greffa au groupe sans s’imposer pour autant et mis à part le climat quelque peu acerbe entre Lily et lui, sa présence ne sembla déranger personne.

    Lily regretta cependant que les rares questions de son frère ou de ses cousins à son adresse ne permettent d’en apprendre beaucoup plus sur lui. Les réponses d’Ellis étaient toujours par trop évasives ou tout simplement déjà connues d’elle. Reparler de son sauvetage, même en public, la tentait de plus en plus mais quelque chose l’empêchait de se décider à le faire sans qu’elle ne réussisse à mettre le doigt dessus. Peut-être le simple fait de passer encore pour quelqu’un qui ne se serait pas bien remis d’un choc à la tête. Ou peut-être parce que la part d’ombre d’Ellis semblait la concerner elle, et elle seulement...

    - Comment ça se fait que tu restes à Poudlard pendant les vacances ? avait ainsi demandé Hugo lors d’une séance à la bibliothèque consacrée à leurs dissertations d’Histoire de la magie.

    L’explication favorite d’Ellis avait immédiatement fusé : "Raisons familiales" sans que personne, étant donné son ton toujours si peu engageant, n’ait l’audace de creuser plus profondément le sujet. Seule à soupçonner la véritable raison, Lily se garda tout autant d’intervenir.

    - Ça ne te manque pas trop de ne pas pouvoir voir tes parents pendant les fêtes ? s’était ensuite préoccupée Rose, plongeant Lily dans un nouveau sursaut de compassion.

    - Non.

    - Albus et Lily auraient aussi pu s’en passer, préféra plaisanter Hugo. Ils vont avoir leur cher papa près d’eux à la rentrée !

    De tout évidence, la pique s’adressait à Lily plus qu’à son frère. Ellis ne réagit pas.

    - Notre père donne des cours ici pendant le second trimestre, lui expliqua alors Albus. Enfin, il ne s’agit pas véritablement de cours mais plutôt d’une sorte de "club de duels" où il prodigue aux participants ses conseils avisés en matière de combat.

    - Et qui sont ces participants ? interrogea Ellis.

    - Oh, à peu près tout le monde, répondit Albus comme si la réponse allait de soi. Même si cette participation est facultative, rares sont ceux qui font l’impasse car, comme tu peux l’imaginer, la venue d’Harry Potter est un événement assez attendu au château.

    Ellis se contenta d’étudier furtivement le visage de Lily - qu’il eut deviné ce que lui inspirait en effet la venue de son célèbre père à Poudlard n’avait rien d’étonnant - mais ne prolongea pas la discussion.

    - Madame Tortoise m’a promis de nous laisser accéder à la Réserve aujourd’hui, fit ensuite Rose en se levant. Nous y trouverons peut-être des documents plus complets pour notre devoir sur les Géants.

    Albus approuva en se mettant debout à son tour et tous deux quittèrent la table de travail en laissant les trois cinquième année à leur propre sujet d’étude : la persécution des sorcières et sorciers au XIV ème siècle.

    - Peut-être que Madame Tortoise voudra bien nous donner un petit coup de main à nous aussi, déclara soudain Hugo. Elle aura sûrement des livres à nous conseiller pour notre devoir.

    Tout enthousiasmé par son idée, il disparut au pas de course derrière les rayonnages à la recherche de la bibliothécaire.

    Se retrouvant - enfin - seuls, Lily s’attendit à voir Ellis déserter la table sur le champ pour échapper à une nouvelle et inévitable salve de questions de sa part. Mais il n’en fit rien. Mieux, ce fut lui qui engagea les hostilités.

    - Simple curiosité, commença-t-il froidement sans même la regarder. Resterais-tu près de moi comme tu le fais depuis trois jours si ton copain Malefoy était encore au château ?

    La question laissa Lily pantoise.

    - Pourquoi ? finit-elle par renvoyer sur le même ton. J’ai le droit de fréquenter qui je veux.

    - Oh, fit-il en simulant l’ébahissement. Ça n’est pourtant pas ce que j’avais cru comprendre l’autre jour, quand tu m’as invité à votre table.

    Lily hésita un moment à avouer la réticence de Scorpius et la raison de cette méfiance. Son amour-propre prit le dessus. Même si Ellis avait effectivement raison, l’idée de passer pour quelqu’un de soumis ne lui plaisait pas du tout.

    - Si Scorpius n’a pas aimé te voir à notre table ce matin-là, ça n’avait rien à voir avec moi.

    Ellis daigna alors la regarder, comme intrigué par l’amorce de révélation.

    - Continue, je suis curieux de connaître la véritable raison dans ce cas.

    - Il tenait simplement à me mettre en garde, riposta sèchement Lily.

    - Intéressant... Aurait-il des raisons de croire que tu devrais te méfier de moi ?

    - Je devrais ? contra Lily sans se démonter.

    - Peut-être, répondit Ellis à voix basse en détournant le regard.

    Consciente que la confidence de Scorpius était de toute façon éventée, Lily profita de la tournure de cette discussion pour approfondir les choses.

    - Pour quelle raison t’a-t-on renvoyé de Durmstrang ?

    Le regard glacé se posa sur elle derechef.

    - C’est ce que raconte Malefoy ?

    - C’est vrai ?

    - En partie, fit Ellis. Mais la raison de ma présence ici n’est pas celle à laquelle tu sembles pourtant penser.

    - Mais je n’ai pas dit à quoi je pensais ! le coupa Lily, à la fois surprise et confuse.

    - Tu as sous-entendu, en parlant de renvoi et de devoir te méfier de moi, que je n’étais pas quelqu’un de bien.

    Une fois encore, Lily ne sut que répondre, admettant en silence qu’il avait deviné juste. Hugo réapparut à ce moment-là, une pile de livres aussi haute qu’instable dans les bras.

    - Voilà de quoi nous occuper un moment, fit-il en tentant de déposer son fardeau sur la table.

    La tour de cuir et de papier s’écroula devant eux. Ellis rattrapa au vol l’un des ouvrages qui avait glissé du rebord de la table. Son regard tomba sur celui de Lily avant de se détourner aussitôt comme s’il regrettait son geste. Il reposa lentement le livre puis se leva sans rien dire.

    - Hey ! Vous n’allez tout de même pas me laisser avaler tout ça tout seul, se plaignit Hugo en voyant Lily quitter la table à son tour.

    - On revient tout de suite, répondit-elle en se lançant à la poursuite d’Ellis.

    Elle eut tôt fait de le rattraper, puisqu’il ne semblait pas vouloir s’enfuir mais au contraire l’attendre, et le suivit entre les rangées de livres désertes.

    - Est-ce que ça a quelque chose à voir avec tes parents ?

    - Pourquoi ? fit Ellis en s’arrêtant net, trahissant un léger étonnement.

    - Et bien, tu as dit qu’ils étaient morts et...

    - J’ai dit ça ?

    - Tu... Tu as parlé d’eux au passé, bredouilla Lily, de plus en plus mal à l’aise. J’ai cru...

    Ellis l’interrompit d’un geste, lui faisant comprendre qu’elle n’avait pas à s’en vouloir. Il s’attarda ensuite à parcourir, tête penchée, les vieux ouvrages alignés sur une étagère devant lui, comme si la discussion n’était qu’anecdotique.

    - En réalité, je n’ai jamais vraiment bien connu mes parents, reprit-il. C’est aussi pour cette raison que je suis venu à Poudlard.

    - Alors tu es venu de ton plein gré ?

    - Oui, pourquoi sembles-tu autant étonnée ?

    - Ton air... taciturne, depuis le premier jour, se justifia Lily. On pourrait penser que tu n’es pas ravi d’être ici.

    - J’ai dit que j’étais venu de mon plein gré, pas que j’étais ravi d’être ici.

    Lily capitula. Perdue dans son cheminement mental, elle fit mine de parcourir aussi les étagères du regard. Il s’agissait pour l’essentiel de manuels plutôt anciens vu l’état de leur couverture.

    - Comme quoi, déclara Ellis après plusieurs secondes silencieuses, ça n’est peut-être pas pour te mettre en garde que Malefoy a cru bon de te faire part de ses informations me concernant.

    Si cette hypothèse lui avait effectivement traversé l’esprit, réaliser qu’elle avait toutes les chances d’être vraie ne lui fit pas autant d’effet qu’elle aurait dû. Étrange comportement que celui de Scorpius de grossir le trait à propos d’Ellis simplement par jalousie. Qu’avait-il à craindre de quelqu’un que Lily ne pouvait même pas qualifier d’"ami" ? Elle hésita un long moment avant de poser à nouveau ses yeux sur lui, comme si elle redoutait tout à coup d’affronter cette vision.

    - Qu’est-ce que tu caches ? murmura-t-elle alors doucement.

    Ellis se retourna vers elle pour planter ses yeux noirs dans les siens. Comme il aurait été aisé de pouvoir y lire de la méfiance ou de l’incompréhension. Mais rien. Une fois de plus, Lily ne sut comment interpréter sa réaction. Simplement que la question était assez digne d’intérêt pour le sortir de son inspection des rayonnages. Mais visiblement pas assez – ou trop – pour lui arracher une réponse. Il ne tenta même pas de la rabrouer d’une de ses remarques acerbes portant atteinte à sa santé mentale depuis l’accident de Quidditch. Il se contenta de faire volte-face pour s’éloigner.

    - Non ! objecta Lily en parant la fuite et en attrapant sa main.

    Elle s’étonna presque autant de l’audace de son geste que de réaliser que sa peau était froide comme la pierre. Leurs regards ne se posèrent qu’un bref instant sur leurs mains jointes avant qu’Ellis ne retire vivement la sienne.

    - Tu es tellement... bizarre, continua Lily en rassemblant son courage pour lui faire encore face.

    Toujours pas de réponse, tant verbalement que dans son comportement. Un flot de questions, celles-là mêmes qui l'obsédaient sans faiblir depuis plusieurs jours, se bousculèrent dans sa tête sans qu’aucune ne réussisse à franchir ses lèvres.

    - Donne-moi une seule bonne raison de te confier ce que je souhaite garder pour moi ? finit par demander Ellis d’une voix aussi basse que neutre.

    Á nouveau, aucun mot ne put se former dans la bouche de Lily, ni même dans sa tête. Les yeux noisettes n’eurent d’autre choix que de se décrocher des noirs pour se baisser doucement au sol. Ellis demeura là quelques secondes avant de laisser Lily seule parmi les livres et les interrogations.
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    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:37

    (CHAPITRE 10 - suite)



    Les jours suivants, Lily chercha quelle aurait pu être la réponse à la requête d’Ellis, devinant qu’elle en aurait appris plus sur lui s’il avait seulement été question d’amitié entre eux. Mais pouvait-elle prétendre à cela par intérêt, dans le simple but d’assouvir une indéfinissable curiosité ? Serait-ce d’ailleurs si difficile de devenir amie avec lui ? Ellis serait-il en mesure d’imaginer, même un court instant, que cette relation aurait pu être authentique ? Á chaque tentative de poser clairement cette problématique, Lily en venait invariablement à la même conclusion : Quelle genre de personne était-elle pour être à ce point fascinée par un garçon si étrange ?

    Aucune autre amorce de dialogue ni traque quelconque n’eut lieu pendant les deux derniers jours des Potter et des Weasley à Poudlard. Ellis continua de faire ses apparitions ponctuelles dans leur groupe de travail, n’accordant pas le moindre signe d’intérêt à Lily - situation parfaitement similaire à ce qu’elle avait toujours été - et ne se donna même pas la peine d’être présent le matin de leur départ.

    Á titre exceptionnel, les quatre élèves avaient eu l’autorisation d’emprunter le Réseau des cheminées pour se rendre au Terrier. Á peine eut-elle pénétré dans l’âtre immense de la salle commune des Gryffondor – d’abord étourdie par le défilé furtif des foyers anonymes raccordées au Réseau – que Lily se trouva littéralement extirpée de l’étroite cheminée de ses grands-parents. Sans comprendre comment sa malle et la cage d’Iris lui avaient été ôtées des mains, elle dut faire face à une cascade d’embrassades.

    Sa Grand-Mère Molly ouvrait évidemment le bal, suivie de près par son grand-père et sa mère. Son frère James réussit, on ne sait par quel mystère, à l’arracher au "clan roux" pour pouvoir l’enlacer à son tour. Puis se fut à ses nombreux oncles et tantes de lui souhaiter la bienvenue et de s’enquérir de son état. Un sort identique fut réservé à chacun des nouveaux arrivants - il en avait toujours été ainsi au Terrier - même si Lily se trouva plus au centre des attentions suite à son récent accident.

    Elle ne mit cependant que très peu de temps à s’apercevoir qu’un visage manquait dans le comité d’accueil.

    - Où est Papa ? demanda-t-elle à sa mère dès qu’elle put revenir près d’elle.

    - Il ne devrait plus tarder, répondit Ginny en s’efforçant de minimiser l’absence de Harry. Ron et lui ont dû passer au Ministère pour régler une affaire de dernière minute.

    Lily réalisa qu’effectivement, il ne manquait pas une mais deux personnes parmi eux. Elle venait de saluer tant de têtes rousses en si peu de temps qu’elle n’avait même pas remarqué l’absence de son oncle.

    - Á croire qu’ils ne peuvent pas se passer d’eux là-bas, ajouta Ginny sur un ton qui trahissait cette fois sa propre irritation.

    Comme prévu, les murs du Terrier semblaient s’être rapprochés tant les pièces étaient pleines de monde. Après les adultes, ce fut un essaim de jeunes sorciers qui s’abattit sur Lily, Albus, Rose et Hugo lorsqu’ils tentèrent d’atteindre les étages pour y déposer leurs affaires. Mis à part Dominique et Louis qui avaient intégré l’académie de Magie Beauxbâtons depuis que leurs parents s’étaient installés en France, les plus âgés du groupe - Molly et Fred - ne devaient faire leur entrée à Poudlard que l’année suivante. Les quatre cousins en furent quitte pour une énième séance de description du château et de tout ce qui pouvait encore fasciner et effrayer les futurs pensionnaires. Hugo et Albus prirent ainsi un malin plaisir à laisser croire que les fantômes résidents avaient cette année réservé un accueil très particulier aux petits nouveaux, ce que Rose se chargea bien vite de démentir après que la petite Roxanne se fut enfuie en pleurant dans les escaliers.

    Même si chaque chambre avait depuis longtemps été réaménagée pour les visites de leurs anciens occupants incrémentés de leur propre petite famille, les nombreux lits superposés ne suffisaient pas à accueillir la descendance des Weasley au grand complet. Matelas d’appoints et sacs de couchage jonchaient les sols des quatre étages et plus particulièrement celui du grenier, là où les garçons avaient établi leur campement. Louis avait même préféré déserter la spacieuse et douillette caravane familiale qui trônait dans le jardin pour se joindre à ses cousins, bravant la rumeur laissant entendre que la goule qui y habitait autrefois n’avait jamais vraiment renoncé à hanter les lieux et venait encore à passer par là certaines nuits.

    Les transports magiques aidant, les invités auraient tout aussi bien pu regagner leur domicile une fois le réveillon terminé. Pourtant personne n’avait jamais émis cette possibilité tant la grande famille aimait à se réveiller sous le même toit le jour de Noël. La caravane volante avait d’ailleurs reçu un accueil très mitigé de la part de Grand-Mère Molly, la première fois où Bill, Fleur et leur trois enfants avaient atterri à son bord devant la maison biscornue.

    Hôtes occasionnels de cette année, les Scamander ne séjourneraient - heureusement - pas au Terrier, puisqu’ils logeaient non loin de là, dans la demeure du père de Luna. Lysander et Lorcan, leurs fils âgés d’à peine quelques mois, monopolisaient l’attention de tous dans le salon. Á quatre pattes ou solidement agrippés aux jambes de leurs spectateurs, les jumeaux babillaient en chœur avec un couple de boursouflets mauves. L’une des deux petites boules de poils réussit à se réfugier dans le sapin de Noël - qui prenait à lui seul beaucoup trop de place dans la minuscule pièce - au moment même où Harry et Ron apparurent l’un après l’autre dans le foyer de la cheminée.

    Le retour des deux Aurors, bruyamment salué, marqua ainsi le début officiel des festivités et la disparition soudaine de Grand-Mère Molly dans sa cuisine.
    La scène de retrouvailles entre Lily et son père se joua à l’identique de ce qu’elle était devenue depuis quelques années : succincte et empruntée. Avec Albus, elle se passa tout en rires et bourrades. Puis très vite, il fut question du motif de l’absence de Harry et de Ron même si la raison exacte de cette interruption de congés forcée ne devait pas être ébruitée avant que leur mission ne soit totalement résolue. Lily préféra ne pas réentendre leurs autres coups d’éclats, récents comme anciens, et se hasarda à proposer son aide à sa Grand-Mère pour la préparation du dîner. Molly, qui s’escrimait à refuser que quiconque n’empiète sur son territoire culinaire, accepta néanmoins sa présence puis déposa finalement les armes quand d’autres invités revinrent à la charge, certainement en quête d’un peu plus d’espace vital que ce qu’il restait encore dans le salon.

    Et en cette veille de Noël, même si un très petit quart de la Grande Salle de Poudlard eût certainement mieux convenu comme salle de fête, les convives festoyèrent en toute simplicité, serrés au possible autour de la table de la cuisine, les visages réjouis et les éclats de voix illuminant les murs de la maisonnée au point d’en effacer l’exigüité.
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    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:40

    ******* CHAPITRE 11 : ÉCOUTES *******

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    Quelques jours après Noël, bien avant que les inévitables tensions dues à tout séjour en communauté ne se fassent sentir, les invités commencèrent à quitter le Terrier. Ted et Victoire Lupin furent ainsi les premiers à prendre congé du reste de la famille - la future maman étant éprouvée par son huitième mois de grossesse. Suivirent Oncle Percy, Tante Audrey, Molly et Lucy, puis Oncle George, Tante Angelina, Fred et Roxanne. La caravane de Bill et Fleur prit son envol trois jours avant la fin des vacances avec un cinquième passager à son bord – Charlie s’étant octroyé un petit surcroît de congés en France avant de retourner au Bhoutan. Oncle Ron et Tante Hermione décidèrent de demeurer sur place avec les Potter jusqu’à la rentrée. Ginny et James resteraient peut-être même un peu plus longtemps une fois Harry, Albus et Lily partis pour Poudlard. Les Scamander quant à eux n’avaient pas encore fixé la date de leur départ ni même leur nouveau point de chute. Après le continent sud américain, ils envisageaient en effet d’étendre leurs recherches d’espèces encore méconnues d’animaux extraordinaires aux mers et océans.

    Au fur et à mesure des au revoir, la maison retrouva un peu d’espace et de calme. Une certaine mélancolie vint aussi. Lily, qui n’était pourtant pas versée dans ces grandes réunions familiales depuis qu’elle n’était plus assez enfant pour céder au charivari des petits et encore pas assez adulte pour prendre part aux discussions des grands, eut aussi droit à son lot de vague à l’âme. Même l’imminent retour à Poudlard - et surtout la perspective d’un trimestre tout entier avec son père présent dans les murs - ne suffit pas à la réjouir. Les nuits redevinrent le siège de nombreuses questions auxquelles elle s’efforçait de répondre tout en sachant pertinemment qu’elle n’y arriverait pas toute seule. Elle en vint à dresser une liste exhaustive de tout ce qu’elle devrait demander à ceux qui détenaient les bonnes réponses : Scorpius et Ellis. Saurait-elle seulement faire la part des choses entre eux ?

    L’avant veille au soir de son départ, les pensées firent tant de chahut dans sa tête que son corps, pourtant bien fatigué par cette semaine de vacances, ne put s’abandonner au sommeil. Lily se résolut à employer les grands moyens et se leva pour un petit tour à la cuisine en quête d’une tasse de lait chaud. En descendant les escaliers, elle fut surprise de constater qu’elle n’avait pas dû lutter si longtemps que ça contre son insomnie car des voix s’élevaient encore du rez-de-chaussée. Au bas des marches, elle les identifia comme celles de ses parents et de ses oncle et tante Weasley. Attablés dans la cuisine, ils se livraient encore à l’une de leur discussion très sérieuse et très secrète à propos d’une des affaires en cours des deux Aurors.

    - Voyons, Ron, c’est quand même le genre de chose qui se remarque ! fit la voix réprobatrice de Ginny.

    - Ben justement, si ce qu’a vu Harry ce soir-là n’est pas quelque chose d’assez remarquable pour toi, rétorqua celle de Ron.

    - Mais de là à en tirer une conclusion aussi loufoque, continua Ginny. Harry a eu l’occasion de rencontrer ce genre de créature avant ça. Il aurait déjà fait le rapprochement et...

    - Tu en as déjà rencontré ? coupa Ron sur un ton qui laissait deviner son grand étonnement.

    Il y eut alors un court moment de flottement avant que Harry ne réponde, hésitant :

    - Euh... oui...

    - Á Poudlard, précisa Ginny. En sixième année, Harry. Ne me dis pas que tu ne te souviens pas de - comment c’était déjà ? Ah oui - Sanguini. Il était parmi nous lors de la fête qu’avait organisé Slughorn pour Noël.

    - Oh... lui ! fit Harry. Oui, je m’en souviens...

    - D’un autre côté, je ne pense pas que ce Sanguini soit la meilleure référence en la matière, intervint alors Hermione.

    Un nouveau silence succéda à ces mots. Toujours hors de vue dans la cage d’escalier, Lily n’eut aucun mal à imaginer les trois visages interdits se retourner vers sa tante pour guetter une amorce d’explication.

    - Et bien, je veux dire par là que ça m’étonnerait beaucoup que ce type ait réellement été un vampire.

    - Á moi, il me paraissait justement avoir la tête de l’emploi, fit Ginny.

    - Quelle genre de "tête" ? intervint alors Ron avec curiosité.

    - C’est vrai que tu n’y étais pas, reprit Ginny. Il était surtout très grand, émacié, avec un visage d’une pâleur maladive, des cernes foncées sous les yeux...

    - Et tu trouves qu’il n’avait pas l’air d’un vampire ! s’exclama alors Ron.

    - Ça, c’est l’image que tout le monde se fait d’un vampire, contra Hermione. Là où je ne le trouvais pas crédible c’était d’apparaître en public, en tant que tel. Pire encore, il prétendait avoir aidé Eldred Worpel pour l’écriture de son bouquin. Eldred Worpel ! répéta-t-elle comme si ce nom à lui seul suffisait à résumer toute son argumentation.

    - Je dois bien admettre que Worpel n’est pas un modèle d’intégrité, intercéda Harry. Déjà à cette époque il paraissait complètement surexcité à l’idée de pouvoir écrire ma biographie.

    - Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de fois où il est revenu à la charge depuis, ajouta Ginny. Il a essayé de m’avoir aussi en prétendant que nous pourrions tous trois récolter un beau pactole en très peu de temps et de travail. La dernière fois, je lui ai dit que je préfèrerais encore me faire interviewer par Skeeter ! Même s’il n’est pas censé savoir que c’est faux, je crois qu’il a dû finir par comprendre le message.

    - Tout ce qui a toujours intéressé Worpel, c’est le sensationnel, ajouta Hermione. Publier un énième livre sur les vampires n’était pas assez accrocheur pour lui. Par contre, en faire la promotion en trimballant partout un spécimen avec soi était quelque chose d’inédit, d’incroyable. Mais c’était surtout quelque chose d’improbable.

    - Pourquoi ? demanda Ron. Si Slughorn le comptait parmi ses connaissances et les avait invité tous les deux à sa fête c’est qu’il ne devait pas les trouver si faux que ça.

    - Ron, c’est Slughorn, intervint Ginny en soupirant.

    - Les vampires ne s’amusent pas à se montrer en public et encore moins à écrire des livres sur leur vie, se justifia Hermione. Un des fondement de leur communauté est justement de rester en marge des humains et de ne jamais révéler leur existence.

    - Alors si on suit ton raisonnement, les vampires pourraient tout aussi bien ne pas exister !

    - Non, Ron, ça n’est pas ce que j’ai dit, même si ça peut en effet être une possibilité, d’un point de vue logique...

    - Tu peux me dire où est la logique quand tu prétends te baser sur des préceptes vampiriques que personne n’est censé connaître ?

    - Il y a des témoignages plus fiables que d’autres, fit Hermione en abaissant la discussion d’un ton. Les vampires sont implicitement mentionnés dans certains textes de lois sorciers, notamment dans le Règlement concernant le traitement des créatures partiellement humaines...

    - Et encore plus fiable que n’importe quel article de loi, intervint alors Harry, comme sidéré, nous pouvons aussi nous baser sur la vision des choses d’une autre "créature partiellement humaine"...

    - Oui, Harry, j’allais y venir, fit Hermione semblant aussi soufflée que lui par ce qu’elle était en train de réaliser. Qui mieux qu’un loup-garou pouvait nous en apprendre sur les vampires ?

    - Si seulement...

    La voix de Harry s’étrangla.

    - Hep, ça vous dérangerait beaucoup de nous donner la traduction, là ? lança Ron.

    Debout dans le vestibule, Lily salua l’intervention de son oncle car elle aussi commençait à ne plus suivre le dialogue à mi-mots entre son père et sa tante.

    - Le professeur Lu... Rémus, fit doucement Hermione avant de marquer une longue pause. Nous pouvons tenir pour véridique ce que lui nous a appris au sujet des vampires, lorsqu’il était notre professeur de Défense Contre les Forces Du Mal. La raison simple en est que vampires et loups-garous sont liés, en tant que créatures de la nuit...

    - Est-ce que tu te souviens de ces cours, Harry ? se hasarda ensuite la voix de Ginny. Est-ce que ça correspond à ce que tu as vu ?

    - C’est difficile à dire, finit par répondre Harry après un temps d’hésitation. Hermione, je suis sûr que toi tu t’en rappelles comme si c’était hier.

    - Et bien... la principale caractéristique est qu’ils se nourrissent de sang – oh, je t’en prie Ron, laisse-moi finir - je sais très bien que c’est un poncif mais ça sous-entend également qu’ils ne se nourrissent pas d’autre chose.

    - Oui, concéda Ron. Mais de toute façon, ça ne va pas faire avancer les choses étant donné que Harry n’a pas cassé la croûte avec lui quand il l’a rencontré.

    - Non, fit la voix amusée de Harry. Je savais que j’aurai dû l’inviter à dîner !

    Quelques gloussements résonnèrent alors dans la cuisine. De toute évidence, l’amusement ne fut pas partagé par Hermione qui continua sur le même ton réfléchi :

    - Ils sont censés avoir la peau pâle, excessivement pâle...

    - Alors Sanguini n’était pas totalement à côté de la plaque pour son déguisement, ne put s’empêcher d’intervenir Ron.

    - Ron, tu as envie d’essayer de résoudre cette histoire, oui ou non ? maugréa Hermione. Je n’ai jamais dit que Sanguini ne ressemblait pas à un vampire mais que...

    - Seulement une partie de l’histoire, précisa aussitôt Ron.

    - Oui, mais pas la moindre ! fulmina Hermione. S’il s’avère que c’est effectivement un vampire...

    - Donc, leur peau est pâle, insista Harry de manière à ce que ses deux amis ne s’éparpillent pas.

    - Oui, et froide aussi, puisque le sang présent en eux n’est plus vivant, ajouta Hermione en retrouvant son calme. Leur température corporelle redevient momentanément chaude lorsqu’ils boivent du sang frais - Ron !

    - Pardon.

    - Là encore, fit Harry, ça ne va pas beaucoup nous aider.

    - Désolée, je ne fais qu’énoncer ce qui me revient en mémoire. La prochaine fois que tu le verras, tu n’auras qu’à lui sauter dans les bras pour pouvoir le toucher.

    Un grand éclat de rire salua la réplique d’Hermione suivi d’un bruit de baiser sonore.

    - Ah, je t’adore mon amour, enchaîna Ron toujours hilare.

    - Hrmpf, marmonna Harry. Quoi d’autre ?

    - Le soleil, évidemment. Sa lumière amoindrit leurs forces.

    - Ça, c’est une précision déjà plus contrariante, fit Ginny. Il faisait jour quand Harry...

    - Les plus aguerris peuvent s’en affranchir, la coupa Hermione.

    - Attendez un peu, dit à son tour Ron. On a parlé de ses goûts culinaires tout à l’heure mais on a oublié de mentionner ses dents. Est-fe-que f’est frai ou est-fe-que fa fait fartie du folklore ?

    Á sa drôle d’élocution, il fut facile de deviner que Ron s’était lancé dans une grimace censée dévoiler des canines proéminentes.

    - C’est vrai, répondit Hermione. Leurs canines sont plus longues que la normale. Toutes proportions gardées. Le "folklore", comme tu dis, a tendance à exagérer la taille.

    De nouveaux rires succédèrent sans que Lily ne puisse en comprendre la cause (certainement un autre gag visuel de son oncle). Cette fois sa tante se joignit même aux autres. Quand le calme revint, Harry fut le premier à reprendre la parole :

    - Pour en revenir aux dents, je vous laisse deviner qu’il n’aura pas souri assez pour que je puisse inspecter l’intérieur de sa bouche.

    - Non, sans blague ? ironisa Ron encore secoué de ricanements. Il se racla ensuite la gorge et demanda, d’une voix soudainement plus sérieuse : Euh... oui. Et ces forces dont tu as parlé, tu peux nous en dire plus ?

    - Sérieusement, vous ne vous souvenez d’aucune information du cours du profes... de Remus ? s’exclama Hermione. C’est pourtant vous les Aurors !

    - Ils ont une force physique décuplée, une rapidité et une agilité accrues, se mit à réciter la voix de Harry.

    - Oui, fit alors Hermione avec un peu plus d’égard. Ils peuvent se mouvoir si vite qu’ils en disparaissent à l’œil humain.

    - Sauf qu’une fois de plus, je peux difficilement statuer sur ces éléments.

    - Sa baguette, intervint Ginny. Tu as dit que tu n’avais pas eu le temps de la voir bouger quand il t’a désarmé.

    - Ça aurait tout aussi bien pu être dû à l’effet de surprise, répondit Harry. Quoi d’autre ?

    - Il nous reste encore, pour ce dont je me souviens, leur... charme.

    - Leur quoi ? s’exclamèrent Harry, Ron et Ginny de concert.

    - Leur charme, répéta Hermione. Ils sont censés produire une sorte de fascination sur les humains...

    - Tu aurais dû commencer par ça ! fit Ron en manquant s’étrangler de rire.

    - Doucement, tenta de le rappeler à l’ordre la voix toute aussi amusée de Ginny. On va finir par réveiller tout le Terrier.

    - Non mais quand même, Mione, tu dois bien admettre que là ça invalide toute la théorie !

    - C’est à Harry qu’il faut poser la question, répondit la voix stoïque d’Hermione.
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    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Empty Re: Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II

    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:41

    (CHAPITRE 11 - suite)


    Même si la réponse de son père semblait évidente à en interpréter la réaction de Ron, Lily aurait pourtant donné cher pour la connaître et surtout entendre la suite de la conversation. Celle-ci fut malheureusement interrompue par l’arrivée de James. Le petit "pop" caractéristique du transplanage se fit pourtant très discret lorsque ce dernier apparut soudainement à côté de Lily dans le vestibule mais elle était alors tellement concentrée sur ce qui se jouait dans la pièce d’à côté qu’elle poussa un cri de surprise particulièrement aigu assorti d’un grand bond en arrière.

    - Ce n’est rien, désamorça aussitôt James en voyant surgir Harry, Ron, Ginny et Hermione de la cuisine, baguettes à la main. J’ai juste fichu la frousse à Lily en rentrant.

    - Tu ne rentres que maintenant de ton rendez-vous ? s’étonna Ginny sans oser prendre le ton de reproche qu’elle s’efforçait à l’évidence de contrôler. As-tu une idée de l’heure qu’il est ?

    Lily échangea avec son frère un regard d’embarras et d’hilarité mêlés. C’était de sa faute s’il s’était fait surprendre même s’il ne risquait plus de subir les foudres de leur mère à l’horizon de ses vingt ans.

    - Mais qu’est-ce qui se passe ici ? s’enquit à son tour Grand-Père Arthur depuis le palier du premier étage.

    - Rien du tout Papa, rigola Ron en venant à sa rencontre. Ce sont juste James et Lily qui jouent à cache cache. Tu peux aller te recoucher, sauf si tu as envie de voir Ginny leur passer un savon.

    - Oh... fit Arthur en rebroussant chemin, non, je n’y tiens pas particulièrement.

    Il prononça une autre phrase d’où seuls les mots "Molly" et "déjà-vu" parvinrent aux oreilles de Lily puis disparut dans les escaliers. Ron annonça que lui aussi préférait aller dormir, idée à laquelle Hermione adhéra en précisant qu’une bonne nuit de sommeil leur permettrait de toute façon à tous d’y voir plus clair.

    - Que veux-tu voir de plus clair que ce qu’on vient de conclure ? s’étonna Ron.

    - Il y a encore une chose ou deux qui me tracassent à ce sujet, répondit Hermione, pensive, en le rejoignant.

    Ron leva les yeux au ciel en souhaitant une bonne nuit aux Potter.

    - Je n’ai jamais eu l’intention de vous "passer un savon" affirma alors Ginny quand ces derniers se retrouvèrent seuls.

    - Tant mieux, dit James avant qu’elle ne précise le fond de sa pensée. Dans ce cas je monte me coucher. Je suis épuisé. Et toi (il se pencha vers Lily avec un petit sourire en coin), la prochaine fois que tu voudras jouer les espionnes, pense à emprunter la cape de Papa.

    - Comment ça ? fit Harry plus surpris qu’il ne l’aurait dû tandis que James filait dans les escaliers sans demander son reste.

    - La prochaine fois, lança Lily à son frère, pense à transplaner directement dans ta chambre !

    - Tu nous "espionnais" ? interrogea alors Ginny.

    - Quelle idée, répondit Lily en suivant son frère du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’étage. J’étais seulement descendue boire quelque chose parce que je n’arrivais pas à trouver le sommeil.

    - Oh... viens alors, se contenta d’ajouter Ginny en l’accompagnant dans la cuisine.

    Harry les suivit et reprit la place qui avait dû être la sienne avant que la conversation ne soit interrompue.

    - Lait chaud ?

    - Oui, Maman, s’il-te-plaît, répondit Lily en s'asseyant à table.

    Elle croisa un bref instant le regard de son père, face à elle, avant que les yeux verts, derrière les lunettes rondes ne changent de trajectoire pour suivre les mouvements de Ginny à l’autre bout de la pièce. Lily se contenta de se tordre machinalement les mains dans une parfaite posture de celle qui n’avait tout simplement rien à dire, alors que tant de choses secouaient son esprit à ce moment-même. Suivit un long silence – de ceux qu’elle n’aimait pas voir s'installer entre son père et elle lorsqu’ils se retrouvaient seuls – avant que Ginny ne revienne près d’eux, une tasse fumante à la main.

    - Merci, fit Lily en prenant la tasse et en se mettant aussitôt à la boire, soulagée de ne plus avoir à engager la conversation.

    En face, Harry venait aussi de se trouver une échappatoire dans la lecture de l’édition de la veille de la Gazette du Sorcier.

    - Vous êtes certains de ne plus avoir besoin de rien pour votre retour à Poudlard ? demanda ensuite Ginny tout en effectuant un peu de rangement du bout de sa baguette magique. Comme nous nous rendons demain au Chemin de Traverse, Luna, Hermione, Rose et moi...

    - Non, fit Harry en relevant la tête de son journal au moment même où quatre cuillères à thé voltigèrent devant son nez pour finir leur course par un gracieux plongeon dans l’évier rempli d’eau savonneuse.

    - Et toi ? continua Ginny en s’asseyant près de Lily. Ça ne te dit toujours pas de venir avec nous ?

    Les paroles de sa mère mirent un petit moment à la faire réagir. Sortant de ses réflexions, Lily assura qu’elle n’avait besoin de rien et qu’elle préférait s’en tenir à ce qu’elle avait décidé : mettre à profit une partie de la journée de demain pour peaufiner ses devoirs. Ses parents échangèrent un regard indéchiffrable puis Harry se leva.

    - J’ai besoin de repos, moi aussi, dit-il en s’étirant. Bonne nuit Lily.

    - Bonne nuit.

    - J’arrive, fit Ginny en lui faisant signe de ne pas l’attendre.

    Comme si elle attendait d’être certaine que Harry ait bien gagné leur chambre, elle laissa s’écouler un certain laps de temps avant d’insister gentiment :

    - Tu es vraiment certaine de ne pas vouloir nous accompagner demain ?

    - Je n’ai rien de particulier à faire au Chemin de Traverse.

    - Hmm, continua Ginny, l’air de rien. Il me semblait que tu avais dit vouloir aller chez Madame Guipure...

    - Chez Madame Guipure ? tressaillit alors Lily en comprenant où sa mère voulait en venir. Tu lui en as parlé alors ? Il est d’accord pour que j’aille à la fête de Scorpius ?

    - Je lui en ai parlé, répondit Ginny en lui signifiant de se calmer. Il n’a pas encore donné de "oui" clair et définitif mais j’ai bon espoir.

    - Oh... fit Lily non sans une certaine déception. Dans ce cas, ça serait certainement trop prématuré d’aller chez Madame Guipure dès demain...

    - Lily, mets-toi un peu à sa place.

    - Maman...

    - Non, écoute-moi. Ton père garde en mémoire des choses terribles s’agissant des Malefoy. Te savoir... proche de l’un d’eux n’est déjà pas chose facile à digérer pour lui. Alors quand on lui annonce que tu vas te rendre chez eux...

    - Mais je ne serai pas seule là-bas ! C’est juste une fête, pas un guet-apens !

    - Calme-toi ma chérie. Je le sais bien. Ton père aussi – oh, s’il te plaît, arrête de prendre cet air faussement ahuri ! Il... T’imaginer au Manoir Malefoy alors qu’il y a vécu tant de moments atroces...

    - Hmm... concéda Lily sans plus rien ajouter.

    - Ne fais pas cette tête, continua doucement Ginny. Laisse-lui juste le temps de se faire à cette idée. Montre-lui que tu as conscience de ce qu’il peut ressentir, même si... ça te paraît injustifié. Prouve-lui par là que tu es une personne réfléchie et qu’il peut te faire confiance. Il n’en éprouvera que moins de scrupules à accepter tes choix...

    - J’ai déjà essayé de lui expliquer...

    - Non, tu n’as jamais essayé de lui parler de ce que tu ressens, toi. Tu ne fais que lui envoyer des vérités toutes faites à propos de Scorpius et de sa famille.

    - C’est quelqu’un de bien, Maman, murmura Lily.

    - Si tu en es persuadée, alors il n’y a aucune raison pour que ton père ne finisse pas par l’être aussi.

    - C’est tellement plus facile avec toi... continua Lily en fixant la tasse vide entre ses mains. Je... J’ai l’impression de ne plus pouvoir avoir de discussion normale avec lui... Avant, nous étions si proches, si complices...

    - Avant tu étais une petite fille, Lily. Sa p’tite Lily. Tu lui échappes chaque jour un peu plus en grandissant. Tu n’es pas la première à qui ça arrive...

    Mère et fille se fixèrent un moment sans rien dire. Puis Ginny tapota la tasse vide de Lily du bout de sa baguette magique pour qu’elle rejoigne le reste de la vaisselle sale dans l’évier.

    - Allez, file te recoucher maintenant, histoire d’être en forme demain pour les essayages.

    - Mais...

    - Chut, fit Ginny avec un petit clin d’œil. Nous irons en repérage, de manière à ce que tu ne sois pas prise au dépourvu le jour où ton père se décidera.

    - Merci, fit Lily en se levant et en l’embrassant.

    Rose dormait profondément lorsqu’elle regagna la chambre qu’elles n’étaient à présent plus que deux à partager. Des litres de lait chaud n’auraient jamais pu venir à bout de l’insomnie qui la guettait alors. De nouvelles pensées indociles avaient rejoint les anciennes, en occultant certaines et en précisant d’autres... Un seul mot lui resta pourtant en tête avant de succomber enfin à la fatigue : Incroyable.
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    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Empty Re: Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II

    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:43

    ******* CHAPITRE 12 : PRÉSOMPTIONS *******

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    - Je sais ce que tu es.

    Dès son retour à Poudlard, Lily s’était précipitée au septième étage, espérant le trouver avant que ses camarades de maison n’arrivent. Le dortoir des garçons de cinquième année de Gryffondor était vide ; les lits faits n’avaient pas encore retrouvé leurs occupants absents pour les vacances. Seul un recoin semblait encore en vie, l’endroit où Ellis s’affairait au moment où elle fondit sur lui sans prévenir.

    - Qu’est-ce que tu fiches ici ? fit-il en se retournant dans un mouvement de recul étonné.

    - Je viens de rentrer, répondit Lily encore essoufflée de sa course. Je n’ai pas pu attendre. Je sais... Je sais comment tu as fait pour changer de place aussi vite dans le stade de Quidditch.

    Ellis soupira en déposant sur son lit la pile de vêtements gris qu’il tenait et lui fit face avec un air las, lui signifiant d’un sourcil excédé qu’il voulait bien l’écouter pour peu qu’elle se dépêche. Visage et trimbre de voix triomphales, Lily déclara alors :

    - Tu es un vampire.

    La réaction d’Ellis se fit attendre. Il se contenta de la dévisager un long moment de ses yeux muets avant de fermer les paupières en se prenant l’arrête du nez comme pour lutter contre un mal de crane coriace.

    - Ton cas ne s’est pas arrangé avec les vacances, se lamenta-t-il.

    D’abord passablement dépitée, Lily s’avança un peu plus vers lui en comprenant la cause de son déni.

    - Ça va, fit-elle à voix basse sur un ton complice. Ne t’inquiète pas. Je sais que tu ne peux pas en parler mais je n’ai rien dit à personne et je n’ai pas l’intention de le faire. Tu peux me faire conf...

    Ellis la stoppa d’un geste de la main, la mine semblant soudain se teindre de consternation.

    - Où est-ce que tu as bien pu aller chercher ça ?

    - Je... Je l’ai déduit.

    - Alors les vampires ont le don d’ubiquité ? demanda Ellis comme stupéfait.

    - Non, objecta Lily sur la défensive. Ils se déplacent seulement si vite que nous... enfin, les humains ne peuvent pas les voir.

    - Les "humains" ? répéta-t-il sur le même ton sidéré.

    - Les humains ou les mortels, rectifia Lily.

    Ellis leva les yeux au ciel en secouant la tête.

    - Il n’y a pas que ça, reprit-elle, bien décidée à aller au bout des choses même devant la façade qu’il continuait à lui présenter.

    Mais sa nouvelle tentative fut interrompue par des bruits de pas et de voix dans les escaliers. Deux garçons chargés de sacs firent alors irruption dans le dortoir et ne purent s’empêcher d’échanger un regard amusé en découvrant Lily - regard qui fut aussitôt effacé par celui que leur lança Ellis. Comprenant que leur présence n’était pas souhaitée, ils se contentèrent de déposer rapidement leurs affaires près de leur lit avant de ressortir sur le champ.

    - Ça va, on vous laisse seuls, railla l’un d’eux.

    Des éclats de rire retentirent ensuite dans les escaliers et c’est seulement lorsque le silence fut complètement rétabli qu’Ellis proposa à Lily de reprendre là où elle en était restée. La tête pleine des images qu’elle s’était repassée un millier de fois depuis ces trois derniers jours, elle continua alors :

    - Le premier jour. Dans la diligence. Quand tu as empêché la cage d’Iris de basculer. En cours de Potions. Quand tu as paré le flot de solution de Force le jour où j’ai renversé le chaudron. Á la bibliothèque. Quand tu as rattrapé le livre tombé de la pile que Hugo déposait sur la table.

    - En quoi avoir de bons réflexes fait-il de moi un vampire ?

    - Mais les indices ne s’arrêtent pas là, fit Lily en cédant peu à peu à l’impatience.

    Face à elle, Ellis continuait de l’observer de son air faussement exténué.

    - Tes mains, dit-elle alors en les lui saisissant. Elles sont froides.

    - Ouah ! fit mine de s’émerveiller Ellis sans retirer ses mains de celles de Lily ainsi qu’elle s’y était pourtant attendue. En effet, c’est vraiment très étonnant d’avoir les mains froides lorsqu’on se trouve dans un château en plein hiver !

    Lily le lâcha rageusement pour abattre ses poings sur ses hanches. Elle allait repartir à la charge mais Ellis ne lui en laissa pas le temps et poursuivit en se tapant le front à la manière de quelqu’un qui prend conscience de la stupidité de son erreur :

    - Oh mais non, tu vas me répondre que mes mains ne sont pas la seule partie de mon corps à être dépourvue de chaleur !

    - Oui. Le sang des vampires est froid, tenta-t-elle d’ajouter en se remémorant les paroles exactes de sa tante avant qu’Ellis ne lui coupe à nouveau la parole.

    - Très bien, alors ne te gène pas, fit-il avec emphase en écartant les bras. J’allais justement passer ma tenue de nuit. Dis-moi quelle partie de mon anatomie tu voudrais toucher pour vérifier ta théorie ?

    Lily se retrouva à cours de mots pendant quelques secondes - le feu à ses joues n’aidant pas à son ressaisissement – puis reprit soudain avec fougue :

    - Tu vas donc aller te coucher sans manger !

    - Oui, et alors ? s’étonna encore Ellis sans l’hésitation que Lily s’attendait à le voir afficher. Je ne vois pas ce qui pose problème dans le fait de sauter un repas.

    Il s’interrompit net et l’espace d’un instant, une mimique semblant à s’y méprendre à un sourire passa sur son visage.

    - J’y suis ! reprit-il aussi sec. Tu penses que je ne mange pas parce que je suis censé me nourrir de sang !

    Lily se contenta de répondre par l’affirmative d’un signe de tête renfrogné.

    - Et il n’y a rien d’aberrant, là encore, à ce qu’un directeur accepte un élève qui se nourrit exclusivement de sang humain dans son école ! Après tout, continua-t-il avec toute l’ironie dont il était capable d’user, étant donné le nombre de pensionnaires ici présent, il y en aura toujours un ou deux à suçoter sans que leur sort ne vienne à être remarqué.

    - C’est peut-être justement pour cette raison qu’ils n’ont plus voulu de toi à Durmstrang, riposta Lily, une lueur combative dans les yeux.

    Ellis secoua encore la tête en soupirant.

    - Et d’ailleurs, ce genre de chose s’est déjà vu à Poudlard, enchaîna-t-elle en croisant les bras. Le père d’un de mes cousins était élève ici et c’était un loup-garou.

    - Oui, alors ça change tout ! Si les directeurs se mettent à accepter n’importe quelle créature...

    - C’était le professeur Dumbledore ! précisa Lily en s’efforçant de se contenir encore devant le haussement d’épaules d’Ellis, paraissant dire "Oui, mais Dumbledore, c’était Dumbledore".

    Un court moment de silence se maintint entre eux, nécessaire à Lily pour qu’elle se calme avant de reprendre, incisive :

    - La pâleur de ta peau.

    - Si tous les gens au teint pâle devaient en être, alors il y aurait une meute de vampires assez conséquente dans la région, contra Ellis. Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, le soleil n’est pas vraiment au rendez-vous dans cette partie du pays.

    - Le soleil ! envoya alors Lily.

    - Quoi, "le soleil" ? fit Ellis avant de réaliser où elle voulait en venir. Tu m’as déjà vu dehors à la lumière du jour, non ? Je ne me suis pas réduit en cendres pour autant !

    - Non, mais les vampires peuvent résister au rayons du soleil, contrairement aux idées reçues.

    - Voyez-vous ça ! Et dans quel livre as-tu bien pu lire toutes ces idées saugrenues ?

    - Pas dans un livre, maugréa Lily avant d’être interrompue par de nouveaux bruits de pas.

    - Lily ? fit Albus en apparaissant à l’embrasure de la porte.

    Il sembla hésiter à entrer et Lily ne réalisa qu’à ce moment-là que personne d’autre n’avait osé le faire depuis la venue des deux garçons, même si tous les Gryffondor devaient à présent avoir rejoint leur salle commune.

    - Je suis venue voir Ellis pour mettre au point un détail concernant notre devoir commun de potions, se justifia-t-elle alors.

    - Tu avais besoin de le faire sitôt rentrée ?

    - C’est à rendre demain.

    - De toute façon Lily allait partir, intervint Ellis très calmement. Nous sommes tombés d’accord sur la question qui nous divisait.

    Lily le foudroya du regard. Lui, ne lui accorda qu’un bref coup d’œil glacial. Elle fit alors volte-face pour rejoindre Albus près de la porte.

    - Bonne nuit, crut nécessaire d’ajouter Ellis.

    - Tu ne descends pas dîner ? s’étonna Albus à son encontre.

    Lily s’immobilisa près de son frère avec un vague sourire enchanté.

    - Non, fit la voix neutre d’Ellis. Je n’ai pas très faim ce soir, je préfère me coucher de bonne heure pour la reprise des cours demain.

    - Très bien, approuva Albus sans s’étonner le moins du monde de cette réponse.

    Le sourire de Lily fondit comme neige au soleil. Elle se précipita dans les escaliers sans rien ajouter, furibonde. Au bas des marches, dans la salle commune, un groupe d’élèves parmi lesquels se trouvaient les deux garçons congédiés s’arrêta de parler en l’apercevant et la dévisagea d’un air moqueur.

    - Quoi ! fulmina-t-elle.

    Certains élèves semblèrent se pétrifier sur place avant que les rires ne reprennent de plus belle dans son dos lorsqu’elle s’engouffra dans le passage vers la sortie.

    Si Ellis pensait que la question était réglée, il se trompait lourdement. Tandis qu’elle regagnait les étages inférieurs, elle se demanda ce qui l’excédait le plus. Était-ce l’obstination d’Ellis à parer habilement chacune de ses preuves ? Était-ce plutôt le fait de réaliser qu’il ne lui faisait tout bonnement pas assez confiance pour tout avouer ? Á bien y réfléchir, elle ne s’y était pas prise de la meilleure façon possible pour le confondre. Elle pensa – un peu trop tard cependant - qu’elle aurait dû commencer par le mettre à l’épreuve avant de lui avouer ce qu’elle savait. Elle aurait ensuite pu en tirer toutes les conclusions nécessaires et les lui livrer de but en blanc.

    Pourtant tout coïncidait de façon si troublante. Et encore, elle s’était bien gardée d’abattre la carte maîtresse de son jeu. Seulement la preuve qui la persuadait de sa théorie était aussi la plus difficile à avouer.
    Ce garçon taciturne, désagréable, y compris et en particulier avec elle, au physique pourtant si peu engageant et dont elle soupçonnait une nature terrible suffisante à elle seule à la convaincre de le fuir, continuait à l’intriguer, à la fasciner...


    Dernière édition par Nausicaa le Ven 21 Aoû - 15:19, édité 1 fois
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    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Empty Re: Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II

    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:45

    (CHAPITRE 12 - suite)



    Parvenue au rez-de-chaussée, elle s’arrêta et fixa l’entrée de la Grande Salle plusieurs longues secondes, les yeux dans le vide. Elle pesta en réalisant qu’elle n’avait pas faim, puis, bien consciente qu’une hypothétique absence de sa part ne passerait pas inaperçue, elle s’avança pour se joindre aux petits groupes d’élèves qui entraient et prenaient place pour le dîner.

    Á l’agitation habituelle de chaque repas au château venait s’ajouter ce soir une petite dose d’effervescence, bien perceptible pour qui prenait le temps de s’en soucier. Certes, il fallait compter avec le retour des vacances mais cet élément n’était pas l’unique cause du changement d’atmosphère. En effet, l’Élu était là. Á vrai dire, il n’était pas encore là, physiquement parlant, puisque la table des professeurs était encore inoccupée mais tous savaient qu’il était arrivé par ceux d’entre eux qui prétendaient l’avoir aperçu dans les couloirs.

    S’efforçant de se fondre dans la masse, Lily rejoignit sa table le plus rapidement possible. Pas question de s’inviter à celle des Gryffondor pour cette fois, pas seulement pour fuir la compagnie d’Albus (elle en aurait encore été quitte pour lui rendre des comptes sur sa présence dans le dortoir des cinquième année) mais surtout pour être certaine d’être vue à sa place, et avec ceux de sa maison – l’un d’eux plus particulièrement. En outre, les sujets de discussion y seraient certainement un peu moins orientés "professeur Potter" que partout ailleurs.

    Les tables des quatre maisons étaient déjà complètes lorsque les premiers convives virent s’installer à celle des professeurs. Partout dans la salle, les visages tournés vers la porte d’entrée, surtout ceux des première année, guettaient l’arrivée imminente de l’invité d’honneur.

    Á la grande déconvenue de Lily, Scorpius ne s’était pas encore montré. Elle enragea à nouveau de n’avoir pu faire comme Ellis et lui, à savoir manquer le repas purement et simplement. Si au moins son père avait eu la bonne idée de ne pas se faire attendre, la soirée n’en aurait été que plus courte. Mais non, comme à son habitude, il semblait préférer attendre le dernier moment pour faire une entrée remarquée - Même s’il avait toujours eu une explication valable à ses contre-temps, Lily en était venue à se demander si à la longue il ne le faisait pas un peu exprès.

    Cette année, il partagea la vedette avec son confère et ami, le professeur Londubat. Les deux sorciers, visiblement très réjouis de leurs retrouvailles annuelles, étaient en grande discussion au moment où ils franchirent la porte de la Grande Salle. Le changement sonore qui s’ensuivit soudain les sortit de leurs rires, Harry semblant s’étonner de l’accueil qui lui était encore fait plus de dix ans après ses premiers cours en tant qu’intervenant en DCFM.

    Ils traversèrent la salle dans un quasi silence. Lily s’efforça de se faire toute petite lorsqu’ils passèrent à son niveau mais même séparés par trois rangées d’élèves, son père ne put s’empêcher de lui adresser un petit signe de la main auquel elle se força à répondre d’un fugace mouvement de tête. L’ignorer l’aurait exposée à une très possible bifurcation de l’Élu vers sa table - chose qui s’était déjà produite en première année et dont elle se passait fort bien depuis.

    Elle se borna ensuite à fixer son assiette vide et ses couverts pour ne plus avoir à croiser les visages curieux de ses camarades. Elle ne put cependant ignorer les chuchotements qui voletaient ça et là, ni les gloussements caractéristiques à la table d’à côté. Comment diable des filles pouvaient-elles être émoustillées par quelqu’un qui avait près du triple de leur âge ?

    Lorsqu’elle fut décidée à relever la tête, les deux retardataires avaient enfin pris place à la table des professeurs et Slughorn s’apprêtait à entamer son petit discours de bienvenue "spécial Harry Potter". Rien de bien extraordinaire mise à part une énième éloge au grand sorcier et tout l’honneur que le directeur se targuait de recevoir, au nom de l’école entière, pour le merveilleux présent qu’il leur faisait en venant en ces lieux, année après année, alors que ses fonctions d’Auror ne lui en laissaient que peu le loisir, permettant ce faisant d’ouvrir la voie à tous ces chers élèves en quête de perfection, etc...

    - J’ai raté quelque chose ? fit Scorpius à voix basse en s’installant près de Lily au moment où les plats apparaissaient - enfin - sur les tables.

    - Non. Rien, assura-t-elle, aussi catégorique que fausse.

    L’un et l’autre échangèrent un bref regard entendu. Lily eut ensuite le temps de se servir une portion de purée de pommes de terre, d’y piocher quelques fourchetées pour finalement se contenter de tracer machinalement des sillons dans son assiette avant que Scorpius ne trouve un sujet de conversation plus adéquat.

    - Je me suis occupé des préparatifs de la fête pendant ces vacances.

    Même si ces mots la ramenaient encore à son père, Lily choisit de reléguer sciemment ce petit détail dans un coin de sa tête - pour peu qu’il y en ait encore eu un de disponible. Sans renoncer à ses mouvements de fourchette, elle se tourna vers son voisin de façon à lui faire comprendre qu’elle l’écoutait et qu’il pouvait continuer sans craindre sa mauvaise humeur manifeste. Elle s’en voulut même de l’accueil qu’elle venait de lui réserver mais ravala ses excuses en le voyant sourire, lui signifiant silencieusement qu’il comprenait.

    - J’ai réussi à réserver le groupe Le Diable Sort En Ville pour la soirée, fit-il alors avec fierté.

    - Vraiment ! s’ébahit Lily. Comment est-ce que tu t’y es pris pour faire venir un des plus grands groupes actuels à une simple... à ta fête d’anniversaire ?

    - Question de relations.

    - Et quand allons-nous recevoir les invitations ?

    - Pas d’invitation, précisa Scorpius. J’ai dit depuis le début que tout le monde serait le bienvenu et ça restera ainsi. (Lily acquiesça d’un petit air de contentement). Le seul impératif est de venir accompagné.

    - Accompagné ?

    - Oui, en couple. Comme à un bal, à vrai dire.

    - Oh, fit Lily en souriant timidement, tu as vraiment l’air d’avoir prévu les choses en grand.

    - J’espère que tu pourras venir, se contenta de répondre Scorpius.

    - Je l’espère aussi, ajouta-t-elle en perdant son sourire et en tournant la tête vers le fond de la salle.

    Á la table des professeurs, son père, pourtant très occupé, lançait de brefs coups d’œil dans leur direction. Lorsque Scorpius imita Lily en réalisant l’objet de son assombrissement, le regard vert se fit subitement plus soutenu. Elle replongea alors dans son assiette en soufflant de dépit. Á côté d’elle, aucun commentaire ne fut fait, ce qu’elle apprécia grandement.

    - Je crois que je vais y aller, fit Lily après un long moment silencieux, son assiette ressemblant à un parfait champ de bataille.

    - Tu veux qu’on aille faire un tour ?

    - Seulement si tu as décidé qu’aujourd’hui était un bon jour pour mourir, lança-t-elle sans humour.

    - Hmm, se ravisa Scorpius. Je pourrais aussi te rejoindre dans un moment.

    - Crois-moi, continua Lily, toujours amère, tu ferais mieux de rester à ce repas jusqu’à sa toute fin.

    Elle assortit son commentaire d’un petit mouvement de menton revêche en direction de la table des professeurs. Scorpius ne put qu’acquiescer. Elle se leva et prit alors la direction de la sortie, réalisant qu’elle n’avait en fait pas besoin de garder la tête baissée pour éviter d’attirer l’attention sur elle. Partout dans la Grande Salle, les regards ne se portaient que sur l’Élu et non sur la "fille de l’Élu"...

    Lorsqu’elle se retrouva dans le hall d’entrée du château, même si plusieurs choses perturbaient encore son attention, elle eut la nette impression de voir une silhouette sombre sous le grand escalier de marbre filer vers les étages. Aucun bruit de pas ne se fit entendre cependant. Elle lutta mentalement pour que la partie d’elle-même qui venait encore d’identifier Ellis, ne se manifeste pas. Pestant pour la seconde fois de la soirée et avec encore plus de conviction, elle prit alors le chemin de la bibliothèque. En passant son début de soirée parmi les livres, là où même si elle savait que les réponses avaient toutes les chances d’être caduques, elle parviendrait peut-être à canaliser ses pensées pendant un moment. Car comment raisonner clairement ? La raison avait-elle encore seulement quelque chose à voir dans tout ça ?
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    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Empty Re: Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II

    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:46

    ******* CHAPITRE 13 : DÉMONSTRATIONS *******

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    La résolution de Lily était prise : avec ou sans aveux, la mise à l’épreuve d’Ellis aurait bien lieu. Malheureusement, le lendemain matin, lorsqu’elle s’installa à la table des Gryffondor pour le petit déjeuner, Albus l’informa que ce dernier les avait précédés et venait tout juste de partir. Elle ne put ainsi démontrer sa théorie sur l’ingestion d’aliments mais se consola en pensant qu’elle aurait bien vite l’occasion de le faire, cette preuve restant l’une des plus simples à mettre en évidence.

    - Tu vas encore essayer d’aller le trouver dans notre dortoir ? s’inquiéta Albus.

    Même si l’idée lui était effectivement passée par la tête, Lily préféra répondre que non, option que son frère, même s’il ne le formula pas clairement, sembla préférer.

    - C’était pour mettre au point notre devoir, se crut-elle obligée d’expliquer à nouveau.

    - Oh, mais moi je n’ai rien dit. C’est juste que les bruits ont vite fait de se mettre à courir dans les couloirs de Poudlard.

    Lily se mit à manger sans accorder plus d’intérêt à ses propos.

    - Ça risquerait de ne pas plaire à ton petit ami, continua-t-il en montrant des yeux la table des Serpentard.

    - Scorpius n’est pas mon "petit ami" !

    - Ne jouons pas sur les mots. Il n’est pas officiellement ton petit ami mais c’est tout comme, non ? D’ailleurs, s’obstina-t-il en reprenant son inspection, il a l’air de faire une drôle de tête aujourd’hui.

    - Albus... soupira Lily.

    - Ou alors... c’est à cause de Papa.

    - Tout n’est pas toujours à cause de Papa ! s’entendit-elle répliquer.

    Sa remarque sembla ne pas étonner qu’elle. Albus grimaça puis retourna à la compagnie de ses camarades Gryffondor. Lily n’écouta que d’une oreille la conversation qui suivit, plus absorbée par l’échafaudage de sa prochaine tentative de démasquage que par les horaires des séances du Club de Duel. Elle en était encore à ses réflexions lorsqu’elle tomba sur son père et Slughorn en quittant la Grande Salle, un quart d’heure plus tard.

    - Ah, Miss Potter, Harry et moi étions justement en train de parler de vous.

    Bien moins réjouie par cette information que Slughorn ne semblait l’être, Lily se contenta de les saluer poliment avant de continuer son chemin.

    - Tu viens à la première séance générale ? demanda Harry en se retournant vers elle.

    - Bien sûr.

    Il aurait été parfaitement impensable que les enfants Potter ratent les cours de leur père, premier comme suivants.

    - Á ce soir, alors, fit Harry.

    - Oui, à ce soir.

    Elle allait se remettre en route quand Slughorn l’apostropha encore.

    - J’organise un petit dîner mercredi soir pour fêter la venue de notre ancien membre. (Il abattit une main pleine de fierté sur l’épaule de Harry). J’espère que vous pourrez vous joindre à nous.

    Lily allait cette fois-ci se contenter d’un hochement de tête pour répondre à l’obligation mais bredouilla soudain :

    - J’ai entraînement de Quidditch, mercredi soir.

    Ses yeux vinrent à la rencontre de ceux de son père, espérant une quelconque forme de soutien de sa part, mais comme il n’était pas seulement question de Quidditch, il laissa à son supérieur le soin de décider.

    - Dans ce cas, nous pourrions peut-être remettre cette soirée à vendredi ? fit Slughorn avant de se mettre à réfléchir à voix haute pour essayer de se souvenir si la date pouvait convenir à ses autres invités.

    - Vendredi aussi, couina Lily.

    Slughorn se tourna vers Harry en se grattant la tête, à présent préoccupé par son avis. Sans se donner la peine de paraître pris de cours, ce dernier déclara alors :

    - Pour une fois, tes camarades pourront sans doute se passer de toi.

    Á table, les élèves les plus proches ne se contentaient plus de les écouter et s’étaient maintenant retournés dans leur direction. La bouche de Lily s’ouvrit instantanément et après un court moment de flottement, elle forma un "oui" inaudible et contraint.

    - Bien, fit Slughorn enchanté. Alors tenons-nous en à mercredi.

    S’il pensait qu’une soirée de moins passée avec Scorpius suffirait à la détourner de sa compagnie ! Et le Quidditch dans tout ça ? C’était quand même autrement plus important qu’une soirée au "club de Slug" !
    Lily enragea ainsi toute la matinée, transformant par son manque de concentration lors du cours de métamorphose le furet qu’elle devait faire disparaître en un rouleau à pâtisserie poilu.
    Á l’heure du déjeuner, elle se hâta de gagner la Grande Salle de façon à ne pas rater Ellis une nouvelle fois.

    - Je me passerai de tes commentaires, envoya-t-elle à Albus en s’asseyant à la table des Gryffondor alors que celui-ci s’était remis à lancer des regards soupçonneux en direction de celle des Serpentard.

    - OK, seulement laisse-moi juste t’informer qu’au cas où ce serait lui que tu cherches, Ellis ne viendra pas déjeuner avec nous. Je viens de le croiser devant l’entrée et il sortait.

    - Il sortait ?

    - Il sortait du château. Il allait faire un tour dehors, si tu préfères.

    Alors qu’elle aurait voulu ne pas trahir son intérêt pour les précisions qui suivirent, elle ne put s’empêcher de le questionner encore.

    - Où allait-il ? (Albus haussa les épaules d’une façon dubitative). Par où semblait-il aller, alors ?

    - Vers le lac, je crois.

    Elle ne prit pas le temps d’hésiter ou d’inventer une nouvelle excuse et quitta la table. Au beau milieu de l’allée, elle stoppa net et revint sur ses pas pour attraper un œuf cuit dur dans un plat posé devant Albus puis se remit en marche comme si de rien n’était. Sitôt sortie de la Grande Salle, elle se dirigea vers la porte d’entrée du château et accéléra ses foulées une fois à l’extérieur.

    Le ciel était d’un blanc laiteux et lumineux, très agressif pour les yeux, et se confondait au loin avec le sol hivernal. Lily resserra les pans de sa cape et ajusta son écharpe pour faire face au froid mordant qui devait l’accompagner dans sa recherche. Aux nombreuses traces de pas qui s’éloignaient des abords enneigés du château, seules quelques rares empreintes succédaient en direction du lac, pour s’effacer complètement lorsqu’elle fut parvenue au bord de l’eau gelée. La main en visière, elle balaya les environs du regard. La silhouette noire fut facile à repérer dans ce paysage monochrome et inerte. Ellis se trouvait un peu plus loin, à une trentaine de mètres de la rive, et revenait dans sa direction à grandes enjambées.

    - Tu cherches quelque chose ? dit-il d’un air faussement innocent lorsqu’il arriva près d’elle.

    - Je pourrais te retourner la question, rétorqua-t-elle en faisant un pas de côté de manière à lui barrer le passage. Comme tu n’as pas pris le temps de déjeuner, je t’ai apporté un petit quelque chose.

    Elle lui tendit alors l’œuf dur avec défi.

    - Que d’attention, tu n’aurais pas dû, persifla Ellis. Sauf que je m’apprêtais à aller prendre mon repas dans la Grande Salle, contrairement à ce que tu semblais espérer.

    - Je n’espérais rien, continua Lily très calmement. Je ne faisais juste que constater. (Elle imprima un petit mouvement de bras pour insister). Si tu es sur le point de manger, alors tu peux bien commencer par un encas.

    - Je n’aime pas les œufs durs, objecta-t-il sans sourciller.

    - Un grand garçon comme toi, fit-elle mutine, tu peux bien te forcer un peu.

    Ils se défièrent un moment en silence avant qu’Ellis ne tende la main, paume vers le haut, pour que Lily y dépose son encas. Alors, sans la quitter des yeux, il porta l’œuf à sa bouche et mordit généreusement dedans. Il mastiqua longuement avant de déglutir et goba ensuite le reste de sa pitance, impassible. Ils se tinrent encore face à face plusieurs secondes, jusqu’à ce que Lily juge que rien d’étrange ne semblerait arriver.

    - Que pensais-tu qu’il se passerait ? demanda Ellis.

    - Je n’en sais rien, répondit-elle en s’efforçant de masquer sa déception. Ça ne devait pas... Tu n’étais pas censé...

    Elle coupa court en haussant les épaules puis fit volte-face et se remit en marche. Ellis lui emboîta le pas sans rien dire.

    L’air était vraiment glacial ce jour-là. Mauvaises conditions pour tester la théorie de la peau froide, songea-t-elle. Si seulement elle ne s’était pas démontée la veille ! Elle se mit à souffler dans ses mains pour tenter de les réchauffer un peu, regrettant de ne pas avoir pensé à prendre ses gants. Se souvenant alors que cette petite excursion dans le parc n’avait pas été prévue, une autre question fusa :

    - Qu’est-ce que tu faisais au bord du lac ?

    Sans ralentir ses pas, Ellis prit une grande inspiration comme s’il cherchait à contrôler son humeur mais ne lui accorda ni regard ni intérêt. De toute évidence, la question semblait l’avoir dérangé, et ne pas y répondre, même de façon lapidaire, suffisait à éveiller encore la curiosité de Lily.

    - Tu cherches quelque chose, ici, n’est-ce pas ? Je t’ai vu hier soir dans le hall d’entrée, alors que tu étais supposé dormir.

    Cette fois, la réaction eut lieu, ou plutôt l’absence de réaction, suffisante pour révéler qu’une corde sensible venait encore d’être touchée.

    - Pendant les vacances, tu as laissé entendre que tu étais à Poudlard par choix et non par obligation, continua-t-elle en guettant la moindre faille sur le visage de marbre. Tu es venu ici pour une bonne raison, n’est-ce pas ?

    Ne pouvant ignorer la sollicitation plus longtemps, il finit par répondre par un bref et concis "On ne peut rien te cacher". Lily laissa échapper un petit ricanement dédaigneux avant de chuchoter, comme pour elle-même :

    - Encore faudrait-il que je te donne "une seule bonne raison pour que tu me confies ce que tu souhaites garder pour toi"...

    Ils ne s’adressèrent plus la parole avant d’arriver au château. Ellis ne releva pas non plus le "bon appétit" que Lily lui décocha avant qu’il ne disparaisse dans la Grande Salle.

    Elle ne le croisa plus de la journée. Même si plusieurs élèves séchèrent aussi la première séance du Club de Duel, le soir-même, Ellis devait certainement être le seul Gryffondor manquant. Bien entendu, Scorpius ne vint pas non plus. L’absence de ceux qui comme eux ne souhaitaient pas participer n’était jamais pointée du doigt – fait qui ne s’appliquait, hélas, pas à elle - et la Grande Salle, transformée en salle d’entraînement pour l’occasion, était toujours largement remplie d’élèves enthousiastes.

    Mises à part les séances générales qui avaient lieu en soirée tous les quinze jours, les cours se tenaient en effectif réduit, plusieurs fois par semaine, selon les emplois du temps respectifs de chaque classe. Générales ou réduites, ces séances se déroulaient toujours de la même façon : Le professeur Potter avait pour habitude d’inviter un de ses confrères pour débuter l'heure par une petite démonstration de combat dans les règles de l’art, puis les participants se répartissaient par groupe de deux pour pratiquer les sorts à l’ordre du jour. Harry passait alors parmi eux pour les conseiller, les encourager et les féliciter.

    Lily s’était longtemps interrogée sur la finalité des ces cours pratiques intensifs de DCFM. Les autres élèves semblaient pour leur part y trouver un vif intérêt. Outre l’honneur d’assister à des leçons dispensées par le grand Harry Potter, leur était donnée l’occasion de se faire confirmer certains passages de ses aventures, lus dans quelque livre d’histoire ou entendus raconter par un parent.

    Les cours en eux-même ne lui posaient pas véritablement problème ; Lily n’était pas la plus mauvaise en combat et elle appréciait même que son père les laisse à leur place, son frère et elle, en les considérant comme n’importe quel autre élève. Seulement le fait que leurs camarades semblent toujours attendre d’eux un quelconque coup d’éclat, comme s’ils avaient des prédispositions naturelles, l’insupportait au plus haut point. Ajouté à cela qu’il se trouvait rarement quelqu’un d’enclin à vouloir spontanément faire équipe avec elle...

    - Il faudrait que tu songes à rameuter un peu plus de Serpentard, la prochaine fois, lui dit Hugo lorsqu’elle lui proposa de faire équipe, ce soir-là.

    - Il y a déjà des Serpentard.

    - Je voulais dire, des amis à toi, avec qui tu pourrais faire équipe.

    - Si tu n’as pas envie de te mettre avec moi, dis-le simplement.

    - Non, objecta Hugo avec l’air de celui qui ne veut pas avoir de problème. Tu devrais essayer de convaincre Malefoy.

    - Scorpius, corrigea Lily, vindicative.

    - Quoi ? continua-t-il en comprenant qu’elle n’était pas convaincue par son idée. S’il est vraiment comme tu le dis, pas comme ses parents et tout ça, alors pourquoi il ne vient jamais ?

    - Pour la même raison qui fait que toi tu continues à le trouver mauvais.

    Le sujet clos, ils passèrent l’heure à s’exercer aux sorts de Désarmements sans que les mots Serpentard ou Malefoy ne fussent plus prononcés.

    - Quelle technique doit-on utiliser contre un vampire ? demanda Lily à son professeur lorsqu’il passa près d’eux.

    Était-ce dû à l’intitulé de la question où seulement au fait tout inhabituel d’entendre cette élève-ci poser une question pendant son cours, toujours est-il que Harry mit un moment avant de répondre :

    - Et bien... Étant donné leur prétendue intolérance à la chaleur, je miserais sur un sort produisant du feu.. Pourquoi cette question ?

    - Oh, fit Lily avec désinvolture, simplement parce qu’à part les créatures maléfiques, comme les vampires ou les loups-garous, je ne voyais pas bien de qui nous pourrions apprendre à nous défendre. Il n’y a plus énormément de mages noirs prêts à nous exterminer, ces derniers temps...

    Autour d’eux, le niveau sonore s’abaissa légèrement. Harry observa Lily quelques secondes puis se racla la gorge et déclara d’un ton maîtrisé :

    - Ce n’est pas parce que Voldemort est mort qu’il ne peut pas y avoir d’autres mages noirs dans les années à venir.

    Près d’elle, certains élèves approuvèrent la réponse à demi-mots. Lily ne put que hocher la tête elle aussi avant de se remettre en position de combat sans plus rien ajouter. Le prétexte donné à sa question semblait avoir joué son rôle...
    Comme à l’accoutumée, la séance s’acheva sur un dernier duel entre les participants dont la performance du jour avait été remarquée et empiéta largement sur le temps imparti lorsque le professeur Potter se mit à relater de nouvelles anecdotes de combat. Et comme à l’accoutumée, Lily, qui connaissait ces histoires dans les moindres détails pour les avoir entendues dans l’intimité de leur foyer, préféra partir à ce moment-là.
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    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Empty Re: Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II

    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:47

    ******* CHAPITRE 14 : ÉPREUVES *******

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    Ellis ne se montra pas non plus le lendemain - tout du moins, il se fit assez discret pour que Lily ne puisse pas lui tomber dessus - et c’est seulement le mercredi, juste avant que le cours de potions ne débute, que la mise à l’épreuve put reprendre là où elle en était restée.

    - MAIS TU ES FOLLE ! hurla-t-il en se rendant compte qu’un pan de sa robe de sorcier venait de prendre feu et que du bout de la baguette de sa coéquipière s’échappaient encore quelques étincelles bleues.

    Dans les rangs voisins, les élèves qui prenaient place poussèrent des cris de surprise qui s’éteignirent aussi rapidement que le début d’incendie. En retrait, Lily attendit qu’Ellis vienne complètement à bout des petites flammes d’un Aguamenti rapide et précis pour déclarer haut et fort :

    - Désolée, ça n’était pas ta manche que je visais, je voulais juste allumer le feu sous le chaudron...

    Si l’explication suffit au reste de la classe – Slughorn ne semblait même pas avoir relevé l’incident - Ellis la dévisagea avec une méchanceté digne d’un dragon à qui l’on aurait dérobé son œuf.

    - On peut savoir à quoi tu jouais, cette fois-ci ? lui demanda-t-il à voix basse quelques minutes plus tard.

    - Les vampires craignent le feu, répondit Lily tout aussi doucement, un petit sourire satisfait au coin des lèvres.

    - Tout le monde craint le feu ! répliqua Ellis, sidéré. Tu comptes t’y prendre comment la prochaine fois ? Me pousser du haut d’une tour pour voir si je me transforme en chauve-souris ?

    Lily se contenta de blêmir de son côté de la table de travail sans plus prononcer un mot du reste de la séance. Elle trimballa sa mauvaise humeur avec elle jusqu’au soir, celle-ci augmentant considérablement au fil des heures. Car qu’y avait-il de pire pour terminer cette journée en beauté qu’une soirée passée au "club de Slug" avec son père ?

    Harry ne prit pourtant que peu la parole pendant le dîner - à vrai dire, aucun invité ne le put réellement – mais il fut encore au centre de toutes les palabres de Slughorn. Mis à part les deux professeurs, l’assemblée n’était constituée que d’élèves membres du "club". Ils étaient cette fois réunis autour d’une immense table ronde sur laquelle se succédaient d’innombrables plats, à la manière de ce qui se faisait dans la Grande Salle. Tous eurent ainsi droit au récit de l’année où Slughorn avait décidé de reprendre du service à Poudlard, lorsqu’il avait eu l’honneur d’avoir Harry comme élève. Il fit un compte-rendu tellement détaillé des prouesses de ce dernier qu’il était difficile de croire qu’elles ne couvraient qu’une seule année de cours de potions.

    Autour de la table, personne ne semblait pourtant s’ennuyer, chacun picorant dans son assiette en levant le nez vers Slughorn au gré des rires ou des exclamations de tous. Á la droite de leur hôte, Harry se contentait d’écouter parler de lui en ne répondant que lorsqu’il y était invité d’un franc coup de coude ou d’une bourrade. Il arborait un sourire condescendant qu’on aurait pu prendre pour de la modestie. Lily n’aurait su dire s’il préférait entendre ainsi chanter ses louanges au lieu de le faire par lui-même. Toujours est-il qu’il se garda bien d’intervenir pour replacer les éléments dans leur contexte lorsque Slughorn certifia pour la troisième fois en moins d’un quart d’heure que Harry Potter avait sans nul doute été son élève le plus doué.

    - Mon père vous avait-il dit que cette année-là, il composait avec le livre de potions de Severus Rogue ? ne put-elle s’empêcher de déclarer lorsqu’il reformula ses éloges pour la quatrième fois.

    Elle se demanda si sa voix avait réussi à porter par-delà les roucoulements du directeur. La plupart des convives semblait pourtant l’avoir entendue et son père la dévisageait même avec une drôle d’expression, hésitant manifestement à prendre la parole. Slughorn, quant à lui, eut un petit temps d’arrêt, mais peut-être parce qu’il était tellement pris par son monologue, peut-être parce qu’avec l’âge il avait tendance à devenir dur de l’oreille, peut-être parce que le vin commençait sérieusement à lui monter à la tête ou peut-être pour ces trois raisons réunies, il ignora magistralement l’allusion de Lily et enchaîna sur une autre de ses grandes fiertés :

    - Ah... Severus Rogue. Saviez-vous, jeunes gens, que je fus son professeur également ?

    Il fit ensuite un court saut dans le temps pour bien mettre en avant le fait qu’il avait aussi pu être à l’origine du talent de cet autre élève. Á côté de lui, Harry était à présent plongé dans son assiette et ne releva la tête que lorsque le vieux sorcier porta un toast :

    - Au professeur Rogue ! Qu’il repose en paix... Et que nous puissions bientôt placer son portrait dans le bureau directorial à côté de celui de Dumbledore, comme leurs tombes le sont dans le parc.

    Chacun présenta son verre et but. Lily s’attendait à ce que son père profite de l’occasion qui lui était donnée pour aborder le sujet problématique du portrait de Rogue mais une fois encore, Harry sembla mal à l’aise et préféra laisser le soin à Slughorn d’évoquer la mémoire de son cher ami, Albus Dumbledore. Après un autre interminable soliloque, un nouveau toast fut porté. Il y en eut d’ailleurs encore une bonne demi-douzaine jusqu’à la fin du repas, le dénominateur commun étant que la destinée de tous les sorciers cités avait - bien évidemment et presque heureusement - croisée celle d’Horace Slughorn.

    Après ça, Lily regagna son dortoir avec un épouvantable mal de tête.

    - Bonne soirée ?

    Scorpius se trouvait encore dans la salle commune lorsqu’elle y entra. La séance d’entraînement ne devait pas être finie depuis très longtemps car ses cheveux étaient encore mouillés, perdant de leur blancheur pour emprunter une teinte dorée cuivrée. Quelques autres Serpentard étaient encore occupés à leurs devoirs sur une table au fond de la pièce.

    - J’apprécierais assez qu’on n’en parle pas, souffla-t-elle en se laissant tomber sur un fauteuil vert face au feu de cheminée mourant. Et l’entraînement ?

    - Bien, répondit simplement Scorpius. Tu sais, tu n’as pas à t’en vouloir de l’avoir raté. Nous avons encore beaucoup de temps devant nous d’ici notre prochain match.

    Les deux rencontres de Quidditch à venir devaient en effet opposer Gryffondor à Serdaigle puis à Poufsouffle. Comme par hasard, l’équipe de Serpentard ne devait disputer son dernier match de la saison qu’au troisième trimestre, lorsque Harry serait parti. Lily ne sut pas si elle devait encore céder à son énervement ou lâcher prise devant l’attention de Scorpius. Il semblait sincère dans son effort pour la consoler. La fatigue aidant, elle frissonna et répondit :

    - Tu as raison, nous avons encore le temps.

    Scorpius déposa une bûche dans l’âtre avant de venir prendre place dans le fauteuil voisin. Un long moment glissa ainsi dans le crépitement des flammes ondoyantes. Á l’arrière, les élèves s’entretenaient à voix basse sans que Lily ne distingue sur quoi portaient leurs travaux.

    - Tu as l’air épuisée. Peut-être que tu te consacres à un peu trop d’occupations en ce moment...

    Lily fit silencieusement l’inventaire desdites occupations : le "club de Slug", le Club de Duel et le Quidditch lui prenaient effectivement beaucoup d’énergie même si la dernière supplantait en motivation les deux autres. Sans compter sa récente "chasse au vampire"... Lily hocha doucement la tête sans quitter le feu des yeux. Scorpius reprit alors :

    - Est-ce qu’il te reste suffisamment de temps...

    - Si tu penses à la préparation des examens de B.U.S.E. l’interrompit trop rapidement Lily en se tournant vers lui, alors oui, il me reste encore assez de temps pour penser à mon travail.

    - Ça n’est pas ce que je voulais insinuer... fit-il, confus. Je voulais juste savoir si tu avais du temps libre, le mois prochain...

    Lily s’en voulut d’avoir réagi de façon aussi abrupte, ça ne lui arrivait que très rarement en sa présence, et seulement sur le terrain de Quidditch. Á côté d’elle, Scorpius parut hésiter et se concentra à nouveau sur le spectacle du feu pour aller au bout de son idée.

    - Il y a une sortie de prévue à Pré-au-Lard... Je me disais qu’on aurait pu y aller ensemble...

    Bien que les sorties à Pré-au-Lard ne l’enchantaient guère, l’invitation de Scorpius relativisaient subitement les choses. Il aurait pu lui demander de l’accompagner n’importe où, dans les égouts de Londres ou même dans un musée entièrement dédié à Harry Potter, qu’elle aurait accepté aussi. Et puis surtout, elle n’avait pas besoin de permission spéciale pour se rendre à Pré-au-Lard.

    - D’accord, fit-elle en ne laissant éclore qu’un fin sourire alors qu’à l’intérieur explosait une joie immodérée.

    Scorpius n’ajouta rien mais son visage rayonna aussi d’une façon toute triomphale et monstrueusement séduisante.
    Ne trouvant curieusement plus d’autre sujet de conversation, ils se souhaitèrent bonne nuit à demi-mots et regagnèrent leur dortoir respectif. Lily s’endormit le cœur léger, rêvant que Scorpius profiterait de ce rendez-vous – car oui ! C’était un véritable rendez-vous ! - pour lui demander d’être sa cavalière à son bal d’anniversaire.
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    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Empty Re: Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II

    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:48

    (CHAPITRE 14 - suite)



    - Et cette fois, c’est officiel alors ? la nargua Albus lorsqu’elle lui annonça qu’elle n’irait pas avec lui et les Weasley à la prochaine sortie de Pré-au-Lard.

    - Pourquoi ?

    - Ha ! Parce que la date de la prochaine sortie tombe le quatorze février !

    Le jour de la Saint Valentin ! Elle allait passer le jour de la Saint Valentin avec Scorpius ! C’était encore mieux que tout ce qu’elle avait pu imaginer. Son cœur redoubla d’entrain pendant les jours qui suivirent. Elle se sentait à la fois heureuse et anxieuse en songeant à cette sortie, horriblement gênée lorsqu’elle se retrouvait en présence de Scorpius. Elle déambulait dans tout Poudlard avec la nette impression que la nouvelle – qui n’en était pas vraiment une – s’était répandue comme une traînée de poudre. Elle virait subitement au rouge écarlate à chaque fois qu’elle surprenait des élèves chuchotant dans son dos. Et dans le même temps elle refoulait une terrible envie d’annoncer haut et fort ce qu’il en était vraiment entre eux. Bien entendu, son père n’aborda pas le sujet - pour le peu qu’ils se parlaient, de toute façon... Cependant ses œillades pendant les repas se firent plus aiguisées.

    Cette éclaircie inespérée donna même à Lily l’impulsion nécessaire pour de nouvelles attaques du "mystère Ellis" après la défaite cuisante du test du feu. Elle avait ainsi dû laisser de côté toutes les mises en situation pouvant porter atteinte à la santé de son sujet d’étude, dans le cas très improbable où elle se serait effectivement trompée sur sa nature. La tentative suivante ne fut donc pas consacrée à la théorie de la transformation en chauve-souris. Bien moins périlleuse quoique très incommodante pour tous ceux qui se trouvaient présents - vampires ou pas - celle-ci se solda encore par un échec magistral. Ellis fut même l’un de ceux qui supporta le mieux l’odeur d’ail qui se dégagea du sac de Lily durant toute la durée du cours.

    Le test du reflet n’aboutit à rien de concluant non plus. Le même visage froid fut renvoyé par le petit miroir de poche que Lily présenta face à celui d’Ellis. Leurs camarades de classe, qui n’en étaient plus à une prise de bec près entre eux deux, ne relevèrent pas plus l’échange bruyant et sarcastique qui eut lieu à leur table que lors des épisodes précédents.

    Au début du mois de février, Lily avait compulsé la totalité des livres sur les vampires référencés à la bibliothèque et testé sur Ellis toutes les théories possibles et imaginables - chercher un cercueil sous son lit, brandir une croix formée de deux baguettes magiques devant lui, disperser des graines de pavot sur son passage, etc... - sans qu’aucune seule petite preuve ne vienne à transparaître. Toute personne normalement constituée aurait dû, à ce stade, abandonner, mais Lily ne se découragea pas, convaincue de ce qu’elle savait en son for intérieur.

    - Aïe !

    - Un problème, Miss Potter ? demanda distraitement Slughorn depuis son bureau.

    Toute la classe était occupée à préparer les éléments nécessaires à la potion du jour. Certains faisaient des allers et retours jusqu’à l’armoire à ingrédients tandis que d’autres découpaient en menus morceaux des racines d’asphodèle.

    - Je crois bien, insista Lily en levant sa main pleine de sang.

    Quelques têtes, dont celle de Slughorn, se tournèrent vers elle avant que des exclamations n’attirent l’attention de tous.

    - Oh... fit Slughorn en plissant le front.

    Il accourut près d’elle, observa la main de Lily et après avoir aspiré longuement comme s’il buvait du thé trop chaud, il déclara :

    - Très vilaine blessure. Vous feriez mieux de filer tout de suite à l’infirmerie. Monsieur Prince, veuillez l’accompagner, je vous prie.

    - Pourquoi faire ? s’étonna Ellis. C’est une coupure tout ce qu’il y a de plus banale, vous devez bien pouvoir soigner ça vous-même !

    - Je ne suis pas médicomage ! répondit Slughorn avec plus de sévérité que nécessaire.

    - Mais vous êtes sorcier ! rétorqua Ellis.

    - Monsieur Prince, je vous serais gré de ne pas discuter mes demandes. (Les poings d’Ellis se serrèrent sur la table de travail). Merci. Maintenant dépêchez-vous d’emmener cette jeune fille à l’infirmerie avant qu’elle ne se vide de son sang.

    Le regard noir d’Ellis quitta celui de Slughorn pour prendre Lily pour cible. Il sembla hésiter, puis se leva rageusement et fit le tour de la table. Lily l’imita.

    - Enroule ta main là-dedans pour ne pas salir les couloirs, dit-il en lui lançant l’écharpe vert et argent qui dépassait de son sac.

    Il mit ensuite un très long moment avant de retrouver la parole, pendant le trajet qui devait les mener à l’infirmerie. Comme d’habitude, Lily s’efforça de suivre son pas cadencé.

    - Tu es imbuvable.

    - Je te demande pardon ? fit-elle, complètement hébétée.

    - C’est une expression, soupira Ellis en se retournant vers elle. Tu es impossible, bornée, complètement cinglée et inconsciente par dessus le marché ! Te mutiler volontairement pour prouver je ne sais quelle nouvelle théorie sortie de ton esprit détraqué !

    - Je ne l’ai pas fait exprès, mentit Lily. C’est le couteau qui a dérapé...

    - Á d’autres, aboya Ellis.

    Ils continuèrent d’avancer le long du couloir du premier étage sans plus rien dire. Ils seraient à l’infirmerie d’ici peu. Jouant son va-tout, Lily s’approcha alors d’Ellis, ôta l’étoffe maculée de sang et tendit sa main gauche sous son long nez. Il s’immobilisa et recula la tête avec répulsion.

    - ARRÊTE AVEC ÇA, MAINTENANT !

    Son cri avait dû s’entendre dans tout le château. Lily n’obtempéra pas pour autant, avide de voir ce qui allait se passer. De longues gouttes carminées perlaient à la base de son index et léchaient la paume de sa main pour goutter à son poignet sur le sol.

    - Réaction, murmura-t-elle comme lorsqu’on commente une expérience.

    - Bien évidemment, réaction ! s’emporta Ellis d’une manière que Lily ne lui connaissait pas encore. (Il contempla longuement la blessure en fronçant les sourcils avant de chasser dédaigneusement la main de Lily d’un revers fruste de la sienne). Tu vas finir par réellement blesser quelqu’un avec tes idioties !

    - C’est fait, répondit calmement Lily sans baisser les yeux. J’ai réellement blessé quelqu’un...

    Ellis ragea encore et se remit en marche avec une telle impétuosité que Lily dut courir derrière lui jusqu’à la porte de l’infirmerie.

    Madame Salvia s’occupa de la blessure sans cesser de pester sur la dangerosité des couteaux employés en cours de potions. Á quelques lits vides de là, adossé au chambranle de la porte d’entrée, Ellis observait la scène en silence. Son visage mettait beaucoup de temps à retrouver son impassibilité coutumière.

    - Veuillez excuser mon camarade, fit Lily en le gratifiant d’une grimace narquoise, il ne supporte pas bien la vue du sang.

    Ellis se contenta de darder sur elle des yeux impitoyables.

    Une fois l’entaille refermée, Madame Salvia appliqua sur la main de Lily une compresse imbibée d’un onguent différent de celui auquel elle avait eut droit lors de sa dernière venue à l’infirmerie - mais tout aussi répugnant. Pour plus de sureté, elle lui donna aussi à boire une potion de Régénération sanguine mais déclara que le professeur Slughorn avait "le don de dramatiser les choses".

    Un quart d’heure plus tard, les deux élèves étaient de retour en cours et essayaient tant bien que mal de rattraper leur retard pour élaborer leur potion, chacun surveillant l’autre du coin de l’œil, sans mot dire.

    Cette fois la démonstration n’avait pas lamentablement échouée comme les précédentes même si l’effet obtenu n’avait pas été celui imaginé par Lily. Ellis était véritablement sorti de ses gonds et avait même tenu tête à Slughorn, au professeur Slughorn, le directeur de Poudlard, alors qu’il ne cherchait d’ordinaire pas à afficher ses faits et gestes en sa présence. Bien sûr, de là à en conclure que sa réaction était obligatoirement due à ce qu’elle le soupçonnait d’être, il n’y avait pas qu’un pas... Seulement cette fois, Ellis n’avait su donner aucune explication logique et sans appel. Pire - ou mieux - il ne daigna plus lui adresser la parole après cet événement.
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    Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II Empty Re: Le Prince de Sang-Mêlé - Parties I et II

    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:49

    ******* CHAPITRE 15 : DISSIMULATIONS *******

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    Dans un premier temps, Lily joua le jeu d’Ellis et s’accommoda parfaitement de la fâcherie. En cours, chacun se bornait à faire comme si l’autre n’était pas là et aussi étrange que cela put paraître, le niveau de leurs résultats en potions ne s’en trouva pas modifié. L’éviter pendant les repas était aussi chose facile puisqu’il s’arrangeait pour ne plus faire coïncider leurs horaires de passage dans la Grande Salle depuis le défi de l’œuf dur - il avait prétexté qu’il n’y avait rien de plus désagréable que de se faire observer en train de manger. Enfin, si elle venait à le croiser dans les couloirs ou dans la salle commune des Gryffondor, elle se contentait d’agir comme s’il était parfaitement transparent, ce que lui-même s’appliquait à faire de son côté.

    Et puis, elle avait d’autres choses en tête que cette puérile querelle d’écoliers. Le rendez-vous avec Scorpius approchait à grands pas et si les bruits de couloirs semblaient s’être affaiblis au fil des jours, le malaise de Lily en présence de Scorpius persistait. Il était même partagé. Qu’elle fut victime de ses émotions était somme toute assez prévisible, mais il était autrement plus surprenant de constater que l’émoi avait également prise sur Scorpius, d’un aplomb pourtant remarquable. La sortie n’avait ainsi plus été évoquée depuis le soir de l’invitation. En définitive, il était préférable que l’équipe de Quidditch de Serpentard n’ait aucun match à disputer dans les jours à venir. Lily se demanda d’ailleurs ce que donnerait leur duo sur le terrain lors de la prochaine rencontre, bien après la Saint Valentin...

    Au matin du quatorze février, ils n’avaient même pas su convenir du lieu exact de leur rendez-vous. Se rendraient-ils ensemble à Pré-au-Lard ou s’y retrouveraient-ils une fois sur place ? Levée bien avant l’aube, Lily mit un temps fou à se préparer, s’abstint de prendre son petit-déjeuner tant son estomac était noué, et quitta le dortoir bien après qu’il fut déserté par les autres filles de sa classe.
    Scorpius l’attendait dans leur salle commune, vide elle aussi. Il vint à sa rencontre dès qu’il l’aperçut, un magnifique camélia blanc dans les mains. Autant confuse de l’attention que de son oubli de cadeau, elle ne réussit qu’à bégayer :

    - Je n’ai rien...

    - J’ai tout ce qu’il me faut, assura Scorpius en fixant le camélia à la boutonnière de la cape de Lily.

    - Merci.

    Ils quittèrent la salle commune et arpentèrent doucement les couloirs froids du sous-sol, sans bruit. Au bas des marches de l’escalier qui devait les ramener au rez-de-chaussée, Lily hésita à la pensée que son père pouvait l’attendre à la surface pour l’empêcher de sortir.

    - Ne t’inquiète pas, fit Scorpius semblant deviner la cause de sa réticence. Tout le monde est déjà parti depuis longtemps.

    Le hall d’entrée était effectivement désert lorsqu’ils émergèrent. Mais au moment de passer la grande porte, ils se retrouvèrent nez à nez avec Ellis qui se contenta de les dépasser comme s’il évoluait dans un univers parallèle et parfaitement hermétique au leur. Scorpius au contraire, se retourna pour le suivre des yeux à travers le hall. Lily s’étonna de le voir si préoccupé alors qu’il aurait dû se réjouir de la situation.

    - On y va ? se permit-elle d’insister.

    - On y va, répondit-il en retrouvant le sourire.

    Une déconvenue moindre que celle redoutée attendait pourtant Lily au dehors : le ciel était gris neigeux alors qu’elle n’avait cessé de se projeter dans cette sortie sous un soleil éclatant. Qu’importe, rien ne pourrait gâcher cette journée.

    Ils progressèrent assez vite jusqu’à Pré-au-Lard, à distance l’un de l’autre, silencieux, osant à peine se regarder. L’animation aidant, leurs langues commencèrent à se délier lorsqu’ils arrivèrent enfin au village. Ravie de constater qu’ils se fondaient aisément dans le décor, Lily suivit Scorpius dans pratiquement chaque boutique, ne ressortant avec rien d’autre que des avis sur les nouvelles plumes de chez Scribenpenne ou sur les dernières confiseries de chez Honeydukes, puisque l’un et l’autre "n’avaient besoin de rien".

    Le ciel devint de plus en plus menaçant en fin de matinée. Scorpius proposa alors à Lily de trouver un endroit où déjeuner. Malgré son estomac toujours hors service, elle se résigna à accepter la proposition lorsque des flocons se mirent à dégringoler en tous sens.
    Ils se rendirent ainsi chez Madame Pieddodu, un salon de thé que Lily connaissait pour y être allée plusieurs fois.

    Ce jour-là, la décoration était très différente de ce qu’elle avait pu être lorsqu’elle était venue avec Albus, Rose et Hugo. Elle n’aurait même jamais osé suggérer un tel lieu en ayant eu connaissance de ce qui les attendait. En effet, le salon baignait dans une ambiance mièvre, avec des fleurs et des petits cœurs suspendus partout sur les murs et les meubles. Comble du ridicule, des petits angelots voletaient au-dessus des tables en jetant des confettis roses.

    Tous deux eurent un long temps d’arrêt en passant la porte d’entrée. Il se regardèrent en se retenant de rire, puis, haussant les épaules avec l’air de dire "pourquoi pas, après tout", Scorpius ouvrit la marche à Lily jusqu’à l’une des seules tables encore libres, tout au fond de la salle.

    Ils prirent place en ayant soin de ne pas déranger leurs voisins très occupés à échanger un long baiser par dessus leurs assiettes. La serveuse mit une éternité à venir prendre leur commande – un brunch pour deux, très originalement renommé "Brunch des Amoureux" pour l’occasion -, puis un autre interminable moment d’embarras succéda jusqu’à ce qu’ils soient enfin servis.
    Lily s’empara de sa tasse de thé chaude et se contenta de la tenir serrée entre ses mains gelées jusqu’à ce que la porcelaine devienne brûlante à lui faire lâcher prise. Elle s’attaqua alors à un muffin, du bout des dents, tandis que Scorpius soufflait sur son thé en levant de temps en temps les yeux vers elle, souriant, comme si la situation était amusante.

    - Á quoi tu penses ?

    - J’essaye de trouver un sujet de discussion pour couvrir les bruits de succion environnants, avoua Lily en contenant un fou rire.

    - Nous n’avons pourtant jamais manqué de sujet de discussion, auparavant, fit remarquer Scorpius.

    Lily acquiesça en s’abstenant de faire remarquer qu’auparavant, ils ne se rendaient pas ensemble à Pré-au-Lard le jour de la Saint Valentin. Ils auraient pu parler Quidditch mais elle n’avait pas envie de parler Quidditch. Il y avait la vie à Poudlard, les cours, les devoirs et les professeurs, mais elle ne souhaitait pas d’avantage aborder ce sujet. Il y avait aussi l’anniversaire de Scorpius, la fête, le bal...

    - Ton père, proposa alors Scorpius.

    - Oh ça, c’est loin d’être un bon sujet de discussion.

    - Je suis d’accord avec toi, dit-il tout en fixant un point mouvant par dessus son épaule, c’est juste que ton père vient d’entrer.

    C’était dans ces moments-là que Lily venait à douter fortement des notions de hasard et de coïncidence.
    Dès lors, plusieurs options s’offrirent à eux : Rester là et faire comme si de rien n’était. Sauf qu’il n’en était rien et qu’absolument rien n’aurait alors de chance de se passer avec Scorpius.
    Jouer la carte du « j’ai bien vu que tu étais là, Papa et tu vas en avoir pour ton argent », ce qui impliquait qu’il lui faudrait une bonne dose de courage pour passer à la vitesse supérieure. Sans compter que la réaction de Harry, si les choses venaient à se précipiter de la façon dont elle les imaginait, ne resterait certainement pas maître de lui.

    La troisième solution remporta leurs deux suffrages : Quitter les lieux dans les plus brefs délais. Ils se levèrent de table d’un commun accord, Scorpius régla la note au comptoir et ils se dirigèrent vers la sortie sans un regard en arrière. Autant dire qu’ils ne s’attardèrent pas devant la vitrine du salon et accélérèrent leurs pas sans autre but que de mettre le plus de distance possible entre leur chaperon et eux. Dehors il neigeait maintenant à gros flocons et les promeneurs s’affairaient pour se mettre à l’abri.

    Ils filèrent ainsi jusqu’à l’autre bout de Pré-au-Lard où bon nombre d’élèves reprenaient déjà la direction de Poudlard. Préférant ne pas rentrer tout de suite malgré la neige, il s’engagèrent sur un petit chemin qui s’éloignait de l’avenue principale et ne ralentirent leur course qu’en arrivant aux abords d’une vieille maison à l’abandon.

    - C’est la Cabane Hurlante, dit Lily.

    Á côté d’elle, planté dans la neige, le visage grave, Scorpius ne réagit pas, preuve qu’il savait parfaitement où ils se trouvaient alors.
    En ces lieux s’étaient déroulés des moments stratégiques de la guerre contre Voldemort. C’était ici que Severus Rogue avait échappé une première fois à la mort grâce au grand-père de Lily pour y périr des années plus tard, sous les yeux de son père, faisant basculer le cours des événements...

    S’il y avait un sujet encore plus épineux que celui de Harry Potter à évoquer avec Scorpius, c’était celui de Severus Rogue. Et même si Lily vouait une grande considération au sorcier défunt, elle comprenait que les Malefoy en gardent un amer souvenir. Ils s’étaient crus alliés et surtout amis avec Rogue et avaient été trahis, à titre posthume, sans avoir jamais pu s’expliquer. Lily avait un jour tenté d’évoquer le fait que sans cette trahison, la famille de Scorpius n’aurait pas eu l’opportunité de revenir du bon côté. Ce dernier avait alors préféré couper court à la discussion en arguant que les choses étaient plus compliquées qu’elle ne pouvait le penser.

    - On ferait mieux de rentrer, nous aussi, déclara Scorpius après un long moment passé à contempler les vestiges de cabane et de passé.

    Son ton laissait entendre qu’il ne s’agissait pas d’une proposition. Ils rebroussèrent ainsi chemin pour retrouver le sentier menant au château et avancèrent au pas de course parmi les flocons acérés.

    - Est-ce que ça va ? demanda Lily lorsque le portail surmonté de deux statues de sangliers ailés se matérialisa dans le paysage enneigé.

    - Ça va, assura-t-il sans la convaincre.

    Ils se dépêchèrent de traverser le parc pour gagner l’intérieur du château. Leurs capes détrempées firent de longues trainées d’eau sur le carrelage du hall. Ils ne prirent pas la peine de les ôter puisqu’en-dessous, leurs vêtements étaient tout aussi trempés et se hâtèrent de rejoindre leurs dortoirs respectifs pour en changer. Sèche et réchauffée, Lily réapparut dans la salle commune au bout de dix minutes. Pas Scorpius. Elle hésita longtemps à aller le trouver avant de se résoudre à laisser faire les choses.

    Seule au milieu des autres Serpentard, elle se mit à repenser à cette journée. Rien ne s’était passé comme elle l’avait imaginé. On ne pouvait pas dire que ce premier rendez-vous officiel avait été un fiasco complet non plus mais il lui laissait un arrière-goût étrange, un peu aigre-doux. Elle remonta mentalement le fil des événements pour tenter de comprendre le changement d’attitude de Scorpius. Il y avait eu la cabane Hurlante, bien entendu, mais Lily se demandait si son humeur n’avait pas commencé à changer avant, lorsqu’ils s’étaient enfuis du salon de thé.

    Á ce moment ou plus tard, de toute façon, la raison était la même, toujours la même, forcément la même : Harry Potter. S’ils avaient tardé à quitter Poudlard pour profiter plus longtemps de leur sortie, s’ils avaient passé trop de temps à se demander s’ils se fondaient suffisamment dans le décor en arpentant les rues commerçantes, s’ils avaient dû interrompre leur tête à tête pendant le déjeuner, c’était à cause de lui. Si, près de la Cabane Hurlante, Scorpius s’était subitement renfermé à l’évocation du passé, c’était aussi à cause de lui. S’il ne lui avait toujours pas demandé d’être sa cavalière au bal et si tous deux ne formaient qu’un duo sur le terrain de Quidditch au lieu d’un véritable couple, c’était encore et toujours à cause de lui.

    Tout la poussait à tempêter. Contre son nom, contre son père, contre Scorpius lui-même... Elle s’énerva tant qu’elle passa le reste de la journée dans son lit, se gardant bien de faire une apparition dans la Grande Salle au dîner, même si son estomac, miraculeusement remis en état, lui fit savoir son mécontentement. Elle ne pleura pas. La colère retint ses larmes en élans de rage. Son oreiller se chargea d’endurer les coups. Sur la table de nuit, dans un verre à dents, son camélia défraîchi semblait l’observer en lui tirant des dizaines de langues moqueuses.

    Quelques jours plus tard, sans qu’aucun pétale tombé n’annonça sa fanaison, la fleur se détacha de sa tige, toute entière, comme si elle avait été décapitée, et Lily la retrouva flétrie sur le sol à côté de son lit.
    Scorpius n’avait pas cherché à revenir sur les faits et Lily ne l’y avait pas forcé. La tâche avait dû être au-dessus de ce qu’il s’était imaginé. Elle aurait pu ne pas l’en blâmer mais ça n’était pas dans son tempérament d’excuser les gens pour leur lâcheté.
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    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:49

    (CHAPITRE 15 - suite)



    Les semaines s’enchaînèrent dans un dépit total. Ceux qui la voyaient croiser Scorpius devaient imaginer que le couple mettait un peu plus de temps que la normale pour se solidifier puisqu’ils se comportaient exactement comme avant la Saint Valentin : ne s’adressant que peu la parole et d’une manière très hésitante. Albus était peut-être l’un des seuls à avoir noté le changement subtil dans le comportement de sa sœur car il avait rapidement cessé de la questionner au sujet de son rendez-vous. Et par moment il paraissait même démuni face à ses soucis.

    En cours de potions, le jeu avec Ellis devint beaucoup moins amusant à présent qu’elle ne se forçait plus à faire la tête.

    - J’arrête, déclara-t-elle de but en blanc un matin. Plus de mise à l’épreuve.

    Á côté d’elle, penché sur leur table de travail, Ellis ne répondit pas.

    - Tu avais raison, c’était complètement idiot et inconscient.

    Toujours pas de réaction de la part de son voisin.

    - Tu as entendu ? Je voudrais qu’on fasse la paix.

    Sans bouger, Ellis dit alors :

    - Tu voudrais qu’on fasse quoi ?

    - La paix, répondit Lily. Qu’on redevienne amis.

    C’est seulement en prononçant le mot "amis" qu’elle comprit le sens de la question d’Ellis et eut l’impression d’avoir anticipé les paroles qui suivirent :

    - Tu peux me dire à quel moment nous sommes devenus des amis ?

    Après une courte hésitation, Lily détourna la tête à son tour en murmurant, amère :

    - Á aucun moment...

    De longues minutes s’égrenèrent ensuite dans le mutisme le plus complet, la potion devant eux semblant se préparer toute seule tant chacun faisait sa part du travail sans commenter les initiatives – justes, au demeurant – de l’autre.

    - C’est parce que tu t’es enfin rendue à l’évidence que tu cesses tes petites expériences sur moi ou simplement parce que tu es à court d’idée ?

    Le ton était redevenu sarcastique. Lily s’étonna d’en être réjouie.

    - Oui, j’ai effectivement fait le tour de ce que j’ai pu glaner dans les livres.

    - Dans les livres ? Je croyais que l’idée ne te venait pas de tes lectures.

    - C’est vrai. C’est en surprenant une conversation de mon père, pendant les vacances de Noël. Mais par la suite, il a bien fallu que je me documente par mes propres moyens...

    - Alors tu déclares forfait sans renoncer à ton idée fixe pour autant ?

    - Hmm... acquiesça Lily.

    - Et tu dois certainement penser que ce faisant, je baisserai peut-être ma garde et finirai par trahir un véritable indice à un moment ou à un autre.

    - Est-ce que tu es en train de lire dans mes pensées ? fit-elle avec un mélange de surprise et d’enthousiasme. J’ai lu que les vampires pouvaient le faire.

    - Comme n’importe quel sorcier ayant appris la legilimancie, contra Ellis.

    - On t’a appris la legilimancie ?

    - Non, s’emporta-t-il. Pas besoins de dons télépathiques ou approchants pour voir clair dans ton jeu ! La preuve, tu viens m’annoncer que tu arrêtais tes manigances et pas moins de deux minutes après, tu remets ça !

    Lily se réfugia de son côté de la table, penaude et déclara en toute franchise :

    - Cette fois je tiendrai parole. Promis.

    Lecture de pensées ou non, Ellis parût la croire car pour la première fois depuis des semaines, ils parlèrent à nouveau pendant l’élaboration de leur potion ; sa façon à lui de manifester qu’il était disposé à faire la paix.
    Il continua cependant de ne lui adresser la parole que pendant les cours et de l’éviter autant que possible lors des repas. Le plus grand changement notable, par rapport à leur relation passée fut qu’il commença à s’intéresser à sa vie privée.

    - Qu’est-ce qui se passe au juste entre toi et Malefoy ?

    La question l’avait prise au dépourvu, surtout venant d’Ellis, mais elle y répondit pourtant de la manière la plus honnête qui fut :

    - Si je le savais moi-même...

    - Ça n’a rien à voir avec ta subite envie de faire la paix avec moi, au moins ?

    - Non.

    Son voisin de table ne sembla pas curieux d’en savoir plus. Elle orienta très vite la conversation vers un autre sujet :

    - Pourquoi tu ne viens jamais aux séances du Club de Duel ?

    - J’ai mieux à faire.

    Bon motif en soi, pensa Lily avant de se souvenir de la raison de la présence d’Ellis à Poudlard. Sa fixation sur sa prétendue nature vampire lui avait complètement fait oublier l’autre part de mystère qui s’accrochait à lui. La seule part qu’il avait pourtant jamais confirmée.

    - Et tes recherches, ça avance ?

    Il accueillit sa question d’un air soucieux avant de répondre :

    - Disons que je suis un peu dans la même situation que toi, en ce moment : en inertie.

    - Oh... fit Lily en comprenant l’allusion, les choses ne se passent pas comme tu l’aurais voulu ?

    - Oui, c’est le cas de le dire.
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    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 15:50

    ******* CHAPITRE 16 : INVITATIONS *******

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    La veille des vacances de Pâques, Iris arriva dans la Grande Salle pendant le petit déjeuner avec un paquet de deux fois sa taille qu’elle laissa tomber sur la table près de Lily, exactement entre son assiette et celle d’Albus, sans rien renverser autour.

    - Tout un métier ! fit remarquer Albus en récompensant la chouette d’un gros morceau de toast beurré.

    Perplexe, Lily ouvrit le paquet étiqueté à son nom. Il contenait un vêtement plié avec soin, d’un tissu fluide et scintillant de reflets bleu nuit.

    - C’est ma robe... murmura-t-elle en reconnaissant, sans avoir eu besoin de la déplier, l’une des robes de soirée essayées chez Madame Guipure pendant les vacances de Noël.

    Elle se tourna vers Albus, la bouche légèrement bée. Ce dernier affichait un grand sourire satisfait.

    - Tiens, il y a un mot, fit-il pour la ranimer.

    Un morceau de parchemin dépassait en effet de dessous la robe. C’était un message de son père qui précisait, de façon pour le moins lapidaire, qu’il lui donnait son accord pour qu’elle se rende à la fête de Scorpius. Il ajoutait, comme s’il était nécessaire de le mentionner, que sa mère lui avait fait parvenir sa robe de soirée préférée et... qu’il la trouvait très jolie.

    Les yeux de Lily restèrent fixés sur la lettre durant tout le temps où elle s’efforça de faire le point dans son esprit. Lorsqu’elle osa les relever vers la table des professeurs, son père était pris dans une discussion visiblement très intéressante et ne se préoccupait ni de sa robe ni de sa réaction.

    Instinctivement, la nouvelle la réjouit follement. Elle avait tant attendu cette permission ! Il n’était d’ailleurs pas étonnant de l’avoir vue arriver par Iris et non de vive voix. Seulement la perspective bien réelle du bal et de tout ce que cela impliquait depuis que les choses étaient en suspens entre elle et Scorpius ne l’enchantait plus autant qu’avant.

    - Cache ta joie, lui envoya un Albus moqueur.

    - Je suis contente, assura-t-elle. Mais les invités sont tenus de venir avec un cavalier... La permission arrive un peu tard.

    - Allons, tenta-t-il de la réconforter, tu as encore suffisamment de temps pour te trouver quelqu’un.

    Lily se contenta de répondre par une grimace sceptique. Le problème n’était pas tant de trouver quelqu’un pour aller au bal que d’avoir raté le coche pour y aller avec Scorpius. Ses préoccupations ne la quittèrent pas de la matinée.



    - Quelque chose ne va pas ?

    Penché sur leur chaudron, Ellis guettait l’instant précis où il faudrait ajouter l’infusion de pissenlits à la potion, sans vraiment donner l’impression qu’il portait de l’intérêt à la réponse à sa question.

    Faute de confident sous la main à ce moment-là et étant donné qu’il fallait que "ça sorte", Lily s’entendit lui expliquer la situation.

    - Est-ce que tu as envie d’y aller ? demanda-t-il lorsqu’elle eut terminé.

    - Je crois bien que oui...

    Il continua de s’occuper seul de leur potion sans plus rien ajouter et ne lui fit même pas de réflexion sur son inutilité flagrante durant ce cours-là. Á la fin de la séance, il se chargea aussi de remplir le flacon d’échantillon de potion et de le déposer sur le bureau de Slughorn. Il rangea ensuite ses affaires et sortit de la classe sur son habituel au revoir froid et imperméable.

    - Est-ce que tu veux m’accompagner ? lança-t-elle en le rattrapant dans le couloir.

    - Si je veux quoi ?

    Lily laissa s’éloigner les derniers élèves pour reprendre en râlant :

    - Tu m’as très bien comprise. Est-ce que tu veux être mon cavalier pour le bal donné chez les Malefoy ?

    - C’est d’un cavalier dont tu as besoin ou bien d’un laissez-passer ? Á moins que ce ne soit qu’un moyen de titiller ton petit ami...

    - J’apprécierais assez que tu ne tardes pas à me donner ta réponse, dit-elle nerveusement, la fête a lieu demain soir.

    Ellis soutint son regard un instant puis déclara posément :

    - J’accepte l’invitation.

    - Bien, fit Lily en cachant son léger malaise par une sorte de résolution.

    Ils convinrent de se retrouver le lendemain à vingt heures trente en bas du grand escalier de marbre. Ils emprunteraient ensuite le réseau de cheminées, Scorpius ayant fait mettre en place une liaison directe entre la salle commune des Serpentard et son domicile – lieu de la fête. Sitôt les détails pratiques mis au point, Ellis prit congé en prétextant qu’il devait y aller. Lily se remit en route vers les étages inférieurs en notant, un peu amusée, qu’ils avaient planifié leur soirée comme s’il s’agissait d’une mission périlleuse et non d’un rendez-vous.

    - Papa ? fit-elle en guise de "qu’est-ce que tu fais là ?" en voyant son père venir à sa rencontre dans les escaliers.

    - Je t’attendais dans le hall et comme tu tardais...

    - Tu aurais dû te servir de ta carte magique pour me localiser si tu tenais tant à savoir où j’étais.

    - Ça fait longtemps que je n’ai plus la carte du Maraudeur, répondit Harry, depuis que James l’a chapardée dans mon bureau. Je pensais qu’Albus en avait hérité...

    - Possible, fit Lily en se promettant de demander des précisions à son frère.

    - Et puis je ne me permettrais pas de t’espionner comme ça dans tout Poudlard, crut-il bon de préciser, légèrement sur la défensive.

    - Dans tout Poudlard non, mais à Pré-au-Lard ça n’avait pas l’air de te gêner lors de la dernière sortie !

    - J’imagine que tu fais référence à ce qui s’est passé au salon de thé.

    Son père semblait contrarié, son expression n’échappa pas à Lily. Elle ne répondit qu’en fronçant encore plus les sourcils.

    - Je suis rentré par hasard chez Madame Pieddodu, ce jour-là, expliqua-t-il alors. Il... s’était mis à neiger très fort et...

    - Quel hasard, en effet, grommela-t-elle.

    - Je m’y serais pris avec un peu plus d’habileté si j’avais voulu te suivre !

    Lily n’ajouta rien et se contenta de croiser les bras pour clore la question. Dans un petit coin de son esprit, elle songea qu’en tant qu’Auror, son père devait effectivement avoir recours à des techniques un peu moins voyantes s’agissant de filature.

    - Si je te cherchais, aujourd’hui, reprit Harry sur un ton plus calme, c’était pour te demander de passer dans le bureau du professeur Slughorn, en fin de journée.

    - Slug... Enfin, le professeur Slughorn veut me parler ?

    - Non, en fait c’est moi qui souhaiterais te parler.

    - Et tu ne peux pas le faire ici, maintenant ? s’étonna-t-elle encore.

    - Non, assura-t-il. Ce sera plus commode là-bas, ce soir, lorsque nous aurons plus de temps devant nous.

    - D’accord, dit-elle à contre-cœur en sentant poindre les complications. Je passerai après mon dernier cours.

    - Bien.

    - Est-ce que ça a quelque chose à voir avec la fête de Scorpius ?

    - En partie, répondit Harry, visiblement mal à l’aise. (Lily soupira bruyamment). Mais ça ne remet pas en cause ma décision, ne t’en fais pas.

    Elle reprit constance, curieuse et anxieuse de ce que pouvait bien lui réserver son père cette fois.

    - Á tout à l’heure, alors, se dépêcha-t-il de conclure. Oh, et le mot de passe pour accéder au bureau du directeur est "ananas confit".

    Elle acquiesça d’un lent hochement de tête pensif avant de le rappeler :

    - Papa ?

    - Hmm ?

    - Merci. Pour la permission.

    Par-dessus son épaule, Harry la fixa d’un air affligé.

    - Tu pourras aussi remercier ton frère.

    Quelques minutes plus tard, Albus tomba des nues lorsqu’elle vint prendre place à table en écrasant un gros baiser sur sa joue.

    - Si c’est ta façon de venir me demander de t’accompagner au bal de Scorpius, je te préviens tout de suite que tu peux faire une croix là-dessus.

    - Non, c’est ma façon de te remercier d’avoir intercédé en ma faveur auprès de Papa. Et je n’ai pas besoin de toi pour aller au bal. Je me suis trouvée un cavalier.

    - De rien, fit-il avec un léger sourire. Mais ne va pas me donner mauvaise conscience. Et puis d’ailleurs, je n’ai rien fait de particu... Attends un peu. Tu t’es trouvée un cavalier ?

    Lily confirma l’information tout en remplissant son assiette.

    - Qui ? insista Albus comme s’il pensait qu’elle n’avait pas compris le but de sa précédente interrogation.

    - Ellis.

    - Et Scorpius ?

    - Scorpius n’a pas dû attendre la veille de sa fête pour se dégotter une cavalière, répondit-elle pertinemment.

    - Oui, mais tu as pensé à la tête qu’il va faire quand il va te voir finalement débarquer avec un autre type ? Arf... Mais bien évidemment, que tu y as pensé... Est-ce qu’Ellis est au courant de ton plan machiavélique, au moins ?

    - Ça n’est pas machiavélique pour deux noises ! protesta Lily. Et Ellis a parfaitement conscience de la situation.

    Albus soupira en levant les yeux au ciel et ils se mirent ensuite à manger sans plus revenir sur le sujet du bal, ou presque.

    - Je dois aller voir Papa, ce soir, dans le bureau de Slug. Tu as une idée de ce qu’il me veut ?

    - Pas la moindre, répondit Albus en faisant mine d’y réfléchir. C’est peut-être pour une de ces "petites discussions spéciales"...

    Il avait mimé les guillemets en prononçant ses derniers mots. Saisie d’effroi en comprenant à quoi il pouvait faire allusion, elle murmura :

    - Tu crois ? Maman s’est déjà chargée de ça depuis longtemps... Il ne va quand même pas... Ça ne peut pas être pour ça...

    Albus retourna à son assiette en pouffant de rire et ne revint plus sur le sujet même s’il lui assura plus tard en la quittant qu’il était de tout cœur avec elle pour son "cours du soir".
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    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 17:21

    Voilà ! héhé
    Reprenons là où nous en étions restés...



    ******* CHAPITRE 17 : PROTECTIONS *******

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    Les cours de l’après-midi passèrent vite, beaucoup trop vite. Le professeur Londubat ne tint heureusement pas rigueur de son manque de concentration à Lily pendant le cours de botanique.
    En fin de journée, lorsqu’elle se rendit au deuxième étage, le mot de passe pour accéder au bureau de Slughorn ne lui revint pas en mémoire et elle resta postée devant la gargouille qui en gardait l’entrée pendant un long moment, tentant de repêcher l’information tout au fond de son cerveau encombré.

    - Ananas givré.

    La gargouille ne bougea pas, son regard de pierre semblant lui reprocher sa médiocrité.

    - Ananas confit, rectifia Lily en se penchant vers elle comme pour l’injurier.

    Elle craignit un instant que la statue ne le prenne mal et lui refuse l’accès même avec le bon mot de passe mais celle-ci finit par s’écarter avec un bruit massif, tandis que le mur s’ouvrait en deux derrière elle. Lily avança vers l’escalier en colimaçon et commença à gravir les marches de pierre avant qu’elles ne se mettent à bouger. Parvenue en haut, elle s’immobilisa quelques secondes devant la porte du bureau pour se donner le courage d’actionner le marteau cuivré en forme de griffon.

    De l’intérieur de la pièce parvenaient plusieurs voix, parmi lesquelles elle reconnut sans mal celle de son père. En partie soulagée de réaliser qu’elle ne serait pas seule avec lui - la raison de sa convocation ne pouvant dès lors être celle avancée par Albus – elle frappa à la porte avec détermination.

    L’une des voix, celle de Slughorn, lui répondit d’entrer.

    Elle fut d’abord surprise de constater que seuls lui et son père se trouvaient à l’intérieur du bureau ovale avant de comprendre que les autres voix entendues ne pouvaient être que celles d’anciens directeurs suspendus aux murs dans leur portrait. Ça n’était pourtant pas la première fois qu’elle mettait les pieds ici.

    Elle crut approprié de saluer l’ensemble des sorciers présents d’un "bonsoir" et d’un regard circulaires. La plupart des occupants peints lui répondirent cordialement, tandis que d’autres ne lui prêtaient déjà plus attention. En place d’honneur, sur le mur situé derrière le bureau de Slughorn, juste au-dessus du Choixpeau magique, le professeur Dumbledore appuya ses salutations d’un sourire chaleureux.

    - Ravi de vous revoir, Miss Potter, fit le directeur en place en se levant de son fauteuil.

    Harry, assis sur une chaise face à lui, fit de même.

    - Nous reprendrons notre petite discussion une autre fois, mon cher Harry, dit Slughorn en contournant son bureau pour venir près de lui.

    - J’y compte bien, répondit ce dernier.

    - Je vais à présent vous laisser seuls, comme convenu, et vous souhaiter une agréable soirée. (Il se retourna vers Lily). Au revoir.

    - Bonsoir, professeur.

    - Ah... soupira Slughorn avec une mine ébahie, ce que cette petite peut ressembler à votre mère, Harry !

    - Sauf les yeux, ajoutèrent-ils en chœur.

    - Oui, continua seul son père d’un ton amusé, vous avez déjà dû me le faire remarquer une bonne centaine de fois depuis que Lily est élève ici !

    - J’espère que vous n’insinuez pas par là que je deviens sénile ? fit mine de s’offusquer Slughorn avant de partir d’un rire puissant qui lui secoua tout le corps.
    Sur quoi il sortit du bureau en emportant avec lui son hilarité que l’on entendit résonner dans les escaliers jusqu’à ce que le bruit mat du mur et de la gargouille reprenant leur place ne lui succède. Le silence s’installa ensuite dans la pièce et l’angoisse de Lily revint à peu près en même temps.

    Un très long moment s’écoula avant que Harry ne l’enjoigne de prendre place sur le siège qu’il occupait avant qu’elle n’arrive. Tandis qu’elle s’exécutait, il passa derrière le fauteuil du directeur et se mit à marcher de long en large en fixant le sol comme s’il cherchait ses mots.

    - Lily, je tenais à te parler de quelque chose de particulier.

    Pétrifiée sur sa chaise, elle se mit à contempler les pieds du bureau sculptés en forme de serres sans oser lever les yeux vers lui.

    Après une longue inspiration, Harry poursuivit :

    - Je n’ai décemment pas pu t’interdire de te rendre à la fête que donne Scorpius Malefoy demain soir. Je crois... fit-il en suspendant ses paroles et sa marche un instant, je crois que nos relations ne s’en seraient pas trouvées améliorées, le cas échéant...

    Une façon toute euphémique de dire qu’en effet, elle lui en aurait certainement voulu toute sa vie, ou du moins pendant une assez longue partie. Elle nota mentalement qu’elle n’avait d’ailleurs pas attendu cette histoire de bal pour l’accuser de ses maux avec Scorpius, mais se garda bien de l’interrompre d’entrée de jeu.

    - Je ne peux pas effacer de ma mémoire certaines choses s’agissant de la famille Malefoy, continua-t-il doucement. J’ai mis beaucoup de ses souvenirs de côté pendant plusieurs années en souhaitant ne jamais avoir à y replonger. C’était sans compter sur ton... amitié avec le fils de Drago Malefoy.

    Le regard de Lily resta solidement arrimé au sol. Son père continuait de faire les cents pas de l’autre côté du bureau.

    - J’avoue avoir longtemps pensé que c’était, venant de ta part, une sorte de provocation plus ou moins consciente qui finirait par passer avec le temps pour peu que je m’abstienne le plus possible d’intervenir. Puis j’ai peu à peu pris conscience de la véracité de tes sentiments pour Malefoy, (il se corrigea de lui-même) Scorpius. J’avoue que ça n’a pas été chose facile.

    Ces paroles, c’était manifeste, devaient lui en coûter. Lily se demanda jusqu’à quel point sa mère était intervenue pour l’aider dans sa décision. Elle imagina aussi très bien la petite discussion informelle avec Albus.

    - Je n’ai jamais eu la prétention de t’interdire de le fréquenter, même si tu as pu le croire. Il m’a seulement paru normal de te... protéger. Encore une fois, ma façon de voir les choses est à imputer à ce que son père et son grand-père m’ont inspiré avant lui. En venant à Poudlard, plusieurs semaines par an, j’ai même pu constater par moi-même que Scorpius semblait en effet différent des mes Malefoy.

    Le monologue sonna soudain d’une façon étrange. Alors que dans les mots de son père se profilait un optimisme latent, le ton de sa voix devint soudain plus amer, plus grave. Lily releva la tête. Il s’était arrêté de marcher et se tenait au dossier du fauteuil de directeur. Juste au-dessus de lui, le professeur Dumbledore semblait endormi dans son portrait.

    L’objection pressentie ne tarda pas :

    - Mais un fait relativement récent a quelque peu ébranlé les convictions que je m’efforçais de rendre solides depuis cinq ans.

    Sans rien ajouter, Harry se dirigea alors vers le fond de la pièce. Cette fois Lily ne le quitta pas des yeux tant la tension devint vive. Derrière elle, près de la porte d’entrée, à côté d’un perchoir pour oiseau, il sortit quelque chose d’une armoire noire et l’apporta jusqu’à elle.

    - Si j’ai tenu à te parler ici c’était pour avoir accès à ceci, dit-il en déposant sur le bureau une vasque de pierre aux contours ornés d’inscriptions étranges.

    La pensine. La pensine avait été présente dans nombre d’histoires que son père lui avait contées, à tel point que l’objet, qu’elle n’avait pourtant encore jamais vu "en vrai", lui apparut comme familier. Á l’intérieur, le contenu argenté semblant à la fois liquide et vaporeux était exactement comme elle l’avait imaginé.

    - Je compte sur toi, continua Harry, pour que personne ne sache quoi que ce soit de ce qui sera fait et dit ici à partir de maintenant.

    Sans formuler l’objection, Lily posa un regard inquiet sur les murs de la pièce.

    - Les portraits ne diront rien non plus, assura Harry en lançant un coup d’œil oblique vers celui du professeur Dumbledore. En tout cas pas tant que ça ne sera pas nécessaire.

    Captivée, elle se contenta de hocher la tête pour garantir son propre silence.

    - J’aurais pu me contenter de te présenter les faits de vive voix, continua-t-il en sortant sa baguette magique de sa robe, mais je crois qu’ils n’auraient pas eu le même impact sur toi. Surtout venant de moi...

    Derrière les petites lunettes rondes, les yeux verts la contemplaient d’un air désolé. Harry tendit alors le bout de sa baguette vers sa tempe et étira doucement un filament argenté qu’il déposa dans la pensine. Le souvenir s’enchevêtra ensuite lentement au contenu scintillant.

    Lily releva le nez vers son père, guettant le signal pour ce qu’elle savait devoir faire.

    - Le souvenir dans lequel tu vas plonger remonte à cet été, précisa-t-il en s’asseyant sur le rebord du bureau. Tu peux y aller...

    Elle s’avança et se pencha au-dessus de la pensine. Connaissant en théorie son fonctionnement, elle immergea son visage dans la substance tourbillonnante sans hésiter et se sentit aussitôt chuter dans le vide, le noir et le froid.

    Lorsque ses pieds entrèrent à nouveau en contact avec la terre ferme, elle se trouvait au beau milieu d’un champ où l’herbe jaunie battait en tout sens sous les assauts d’un vent sec et violent. Lorsqu’elle dégagea les cheveux roux emmêlés de devant ses yeux, elle réalisa que l’endroit lui était connu.

    Elle se trouvait sur un flanc de colline proche de chez elle, isolée des habitations, où elle aimait venir jouer lorsqu’elle était enfant. Elle sursauta en découvrant que son père se tenait juste derrière elle. Hésitant un moment sur l’identité de celui-ci, elle agita une main devant ses yeux fixes mais l’absence de réaction lui confirma que c’était bien le Harry du souvenir.

    Il semblait complètement hagard, immobile parmi la végétation déchaînée et tenait sa baguette magique d’une main amorphe, penchée vers le sol. Lily se retourna pour trouver l’origine de ce qui le tenait ainsi en respect et vit disparaître entre les troncs du petit massif d’arbres voisin une étrange forme argentée.

    Harry parut reprendre vie. Il fit quelques pas hésitants puis, certainement mu par l’inquiétude de voir disparaître la forme au loin, il se mit à avancer plus rapidement dans sa direction. Lily progressa à ses côtés dans la tempête redoublant d’intensité, météo fort curieuse pour un plein mois d’été.

    Soudain, un effroyable coup de tonnerre retentit, faisant s’immobiliser le père et sa fille invisible. Lily se recroquevilla dans ses mains pour parer au morceau de ciel qui semblait leur tomber sur la tête, mais rien ne s’abattit sur elle exceptée la surprise de découvrir qu’ils n’étaient plus seuls.

    Son père avait été plus vif qu’elle à s’en apercevoir et pointait déjà sa baguette sur la haute silhouette qui paraissait avoir surgi du néant, à quelques mètres d’eux. Celle-ci lui sauta tout à coup des mains sans qu’il n’ait pu parer l’attaque et retomba dans l’herbe sèche aux pieds du nouveau venu, cheveux et vêtements noirs battants en tous sens.
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    Message par Syrinx Mar 3 Mar - 18:13

    quoi ?!
    toute cette attente pour s'arrêter là ?
    Nau t'es pas gentille de couper là !

    bon cela dit je suis pas mécontente d'avoir pu enfin lire la conversation tant attendue entre Lily et son père... il est pas obtu finalement Harry... enfin il garde quelques rancoeurs, mais on ne peut pas l'en blâmer.
    et pis je vais poser LA question à poser (privilège de la première à reviewer) et dont je connais déjà la réponse :
    C'est qui le type tout en noir venant de débarquer ? (oui je sais : réponse au chapitre suivant...)
    Alors... faisons des hypothèses (et tant mieux si elles sont capillotractées...) :
    Ellis ? mais le rapport avec la conversation précédente sur les Malefoy ?
    Severus ? (ne serait-il pas si mort ?)
    Scorpius..? pas possible il est blond
    un illustre inconnu ?

    j'arrive pas me décider...
    Mais bon ça fait plaisir de pour te lire à nouveau et de reviewer sur un forum
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    Message par Nausicaa Mar 3 Mar - 21:18

    Syrinx a écrit:quoi ?! toute cette attente pour s'arrêter là ? Nau t'es pas gentille de couper là !
    Vi... héhé En fait, j'ai longtemps hésité à ne faire qu'un chapitre des deux derniers (celui-ci et le précédent). La "pause Pensine" a fini par me forcer la main mais la coupure qui est maintenant là, devait être là... m'enfin voila

    et pis je vais poser LA question à poser (privilège de la première à reviewer) et dont je connais déjà la réponse :
    C'est qui le type tout en noir venant de débarquer ? (oui je sais : réponse au chapitre suivant...)
    Alors... faisons des hypothèses (et tant mieux si elles sont capillotractées...) :
    Ellis ? mais le rapport avec la conversation précédente sur les Malefoy ?
    Severus ? (ne serait-il pas si mort ?)
    Scorpius..? pas possible il est blond
    un illustre inconnu ?
    Et donc, bien sûr, la réponse est : ...
    *roulement de tambour*
    ... peut-être parmi les réponses que tu as données !
    (Kaï kaï ! Pas tapper !)

    Mais bon ça fait plaisir de pour te lire à nouveau et de reviewer sur un forum
    Tout pareil !!! satisfait D'ailleurs je file...

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    Message par Apsara Mer 4 Mar - 15:01

    D'ailleurs je file...
    Wink Ecrire la suite, j'espère..
    Voyons, raisonnons...
    Harry, hagard, est visiblement bouleversé par "l'étrange forme argentée qui disparaît".
    Il tient sa baguette ...Ce serait donc lui qui aurait produit un patronus, inhabituel...Celui de sa mère..? La biche que Séverus avait adopté comme son propre patronus..? Ce qui aurait induit le retour d'un"fantôme" de Severus..? bounce La suite, la suite !

    Une (toute petite ) critique de style :

    sa baguette sur la haute silhouette qui paraissait avoir surgi du néant, à quelques mètres d’eux. Celle-ci
    J'ai d'abord cru que "celle-ci" s'appliquait à la baguette...

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