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    Reprise d'antenne

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    Reprise d'antenne - Page 2 Empty Chic!

    Message par roswell Lun 24 Mai - 22:40

    Bien vrai? On peut vous pourrirlaisser des commentaires sur ce beau sujet tout neuf?

    Je suis bien d'accord avec Tonks: le vieux gâteux, pardon, l'éminent directeur de Poudlard, fait bel et bien de la rétention d'informations et ce n'est pas nouveau! Mais quelle joie de voir un Harry dégourdi qui sait se servir de sa cervelle! Ce qui signifie aussi que Harry va découvrir les Inferi avant l'épisode de la grotte du sixième tome!
    applaudis applaudis applaudis applaudis
    J'ai hâte de retrouver les remarques acides de Snape et les commentaires plus que grivois de Salazar! La sui-teuh!

    roswell
    Invité


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    Reprise d'antenne - Page 2 Empty Re: Reprise d'antenne

    Message par Leïa Tortoise Mar 25 Mai - 11:54

    (toujours pas le temps, mais bientôt je me remet le nez dans les fanfics, promis!)
    Leïa Tortoise
    Leïa Tortoise
    thé noir
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    http://totitree.net

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    Reprise d'antenne - Page 2 Empty Re: Reprise d'antenne

    Message par Mel Sam 29 Mai - 18:01

    Chers Raven et Link,

    Je suis vraiment heureuse de vous retrouver ici, sur ce forum !
    J'avais demandé de vos nouvelles à Alixe qui m'a redirigée sur ce forum et elle a visiblement bien fait.
    Pensez vous qu'il serait possible, une fois que vous aurez récupérer la fic entière, de la poster sur Fanfiction.net ? Je vous garantie un beau succès !

    Si certains parmi vous possèdent les précédents tomes d'Hypothèses, pourriez vous me les envoyer par mail ? Cette fic était l'une des meilleurs que j'ai jamais lue.

    Edit Nausicaa : Je me permets d'effacer ton adresse e-mail du message, Mel, Content puisque tu es maintenant joignable via ton profil.

    Merci beaucoup !

    Mel
    Invité


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    Reprise d'antenne - Page 2 Empty Re: Reprise d'antenne

    Message par Raven Ven 11 Juin - 21:11

    Merci Mel. Ca tombe bien, je pensais justement à publier la fic sur ffnet depuis quelques jours. Je vais en parler à Link pour voir s'il est d'accord. Et ne perds pas courage, nous devrions mettre tous les tomes de la fic en ligne sur le site que mon cher co-auteur est entrain de mettre au point. Pour le moment, nous n'y hébergeons que le tome 5.
    Et à présent... musique !


    Chapitre 23 : Noël dans la Salle Spéciale

    Durant tout le trajet de retour, Harry rumina ce qu'il avait entendu. Cela expliquait le comportement étrange de Dumbledore à son égard. Pensait-il voir soudain l'apprenti sorcier se transformer en une copie de l'ennemi, comme Quirrell ? Il frissonnait de dégoût à l'idée que Voldemort pût avoir accès à ses pensées. Il l'avait déjà fait trois ans auparavant, par l'intermédiaire de son maudit journal... Harry serait-il l'arme nouvelle que le mage noir désirait s'approprier, une taupe inconsciente de son propre rôle au sein de l'Ordre du Phénix ? Cette pensée lui donnait le vertige, et il se recroquevilla sur son siège, sans oser adresser la parole à personne. Peut-être était-ce aussi pour cela que le vieux directeur le faisait surveiller ? Pour éviter qu'il ne causât de désastre du genre de la nuit précédente.
    - Harry, tu vas bien ? s'inquiéta Molly Weasley. Tu es tout pâle. J'espère que tu n'as rien attrapé pendant la visite.
    Ron leva les yeux au ciel. Harry secoua la tête et fit signe que tout allait bien. Il garda encore le silence jusqu'à leur arrivée à Grimmauld Place. Mrs Weasley lui proposa alors d'aller faire une petite sieste avant le dîner. C'était parfait. Il allait pouvoir réfléchir tranquillement. Mais il avait oublié un petit détail. Deux, même.
    Une fois enfermé dans sa chambre, Harry commença à marcher de long en large tout en étudiant son problème. Comment avait-il pu se retrouver dans le serpent ? Etait-il devenu lui-même l'animal ? On devait quand même savoir lorsqu'on avait des dons d'animagus, non ? Ou alors ce talent appartenait à Voldemort, et comme leurs esprits se trouvaient, d'une façon ou d'une autre, liés, il le suivait dans sa métamorphose. Aurait-il pu être transporté à Londres ? Salazar n'avait pas mentionné la moindre disparition, la veille. Et puis comment réaliser un pareil tour ? Il aurait fallu une énergie, magique ou non, absolument énorme.
    - Deux pence pour vos pensées ? demanda une voix.
    - A mon avis, elles valent plus cher que ça, répondit une autre, un peu étouffée.
    Harry sursauta violemment. Puis il se rappela que la statuette était toujours dissimulé sous un oreiller, et se hâta de la libérer.
    - Pffui, souffla Salazar en revoyant la lumière du jour. Il était temps que tu me sortes de là, je m'ennuyais franchement, là-dessous. Si tu nous expliquais un peu ton problème, petit ?
    - Nous ? répéta Harry.
    Salazar désigna le mur derrière eux. Le garçon se retourna pour s'apercevoir que le cadre autrefois vide accroché sur le papier peint moisi accueillait désormais un visiteur connu. Phineas Nigellus s'inclina légèrement pour saluer ses voisins. Puis il s'assit posément dans le large fauteuil représenté en arrière plan.
    - J'espère que vous n'avez pas l'intention de vous enfuir, dit Phineas d'un air sombre. Mon jeune crétin de descendant avait adopté la même attitude juste avant de quitter la maison.
    - Non, non, protesta aussitôt Harry. Je ne faisais que réfléchir. Mais... Il y a tellement de trous dans ce que je sais que je n'arrive à rien.
    - Nous allons tenter d'y remédier, l'assura Salazar. Allez, assieds-toi là et raconte-nous tout, d'accord ?
    Toujours un peu surpris de voir que ces deux-là étaient maintenant ensemble dans la confidence, Harry obéit au Fondateur et alla docilement s'installer sur son lit, posant la statuette contre les barreaux. Le bout de bois comme la peinture arboraient une expression soucieuse, qui ne fit que s'accroître quand le garçon leur narra ce qu'il avait découvert à l'hôpital.
    - Ce qui me rassure, commenta Phineas après avoir tout entendu, c'est ce que dit la jeune demoiselle Tonks. Dumbledore n'est pas du genre à prendre de tels risques. Le jeune Jedusor ne doit sans doute pas avoir accès comme ça – il claqua des doigts – à votre esprit, sans quoi mon très cher successeur vous aurait renvoyé chez vos Moldus sans languir. D'ailleurs, il m'a envoyé ici pour vous transmettre un message.
    - Je m'attends au pire, soupira Harry.
    - Oh, il veut simplement que vous ne bougiez pas d'ici. Il semble s'attendre à ce que vous tentiez de déguerpir à la première occasion.
    - Comme si c'était son genre, grinça l'homme de bois. Je t'assure, pour un serpent, il a des mâchoires à toute épreuve. Une fois qu'il les a crochées dans quelque chose, c'est rare qu'il lâche prise ensuite.
    Harry sentit la colère monter en lui à l'énoncé de ce message laconique. Il se tourna vers Phineas, qui se tortillait la barbiche.
    - Et c'est tout ? Rien d'autre, pas le moindre petit début d'explication sur ce qui m'arrive ? Non, des fois que ça m'aiderait à comprendre la situation...
    Nigellus haussa largement les épaules.
    - Hélas... Vous pensez bien que je ne peux guère l'influencer sur ce point. Mais je peux néanmoins vous apporter un peu d'aide, je crois. Dumbledore ne se méfie jamais assez des gens, même quand ils ne sont que pigments sur une toile. Il ne raconte pas tous les détails de ses plans lorsqu'il cogite dans son bureau, naturellement, mais il laisse parfois échapper quelques mots. Il a parlé d'un lien entre vous et le jeune Jedusor pour la première fois l'été dernier, juste après ce... malheur.
    - C'est-à-dire après que Voldemort ait pris de mon sang pour se recréer un corps. J'en ai parlé au professeur Rogue...
    - Excellente initiative, approuva Phineas.
    - Et il a dit que c'était du domaine du possible. Qu'il y avait eu d'autres cas similaires. Mais alors, si c'est bien ça, comment je vais faire pour m'en débarrasser ? Il n'y a pas de moyen magique de séparer les globules rouges, chez les sorciers, je suppose ?
    - Je ne sais pas trop ce qu'est un globule rouge, avoua Nigellus, mais si vous signifiez par là séparer des éléments du sang provenant d'une autre personne, non, je le regrette, il n'existe rien de tel.
    - Bon... Vous pouvez dire à Dumbledore que, naturellement, je ne bougerai pas d'ici ?
    - Mais bien entendu.
    Et Phineas disparut de son cadre.
    Harry remit Salazar à l'abri, après l'avoir amplement remercié de son aide. Il se sentait immensément fatigué. La situation avait tellement changé en quelques heures que cela en paraissait surnaturel. Il pensa d'abord essayer de ne pas dormir, mais se dit après coup qu'il finirait de toute façon par tomber de sommeil, alors autant s'accorder un peu de repos.

    Cette fois, il vit une porte de métal noir au fond d'un couloir désert et mal éclairé. La porte était fermée, verrouillée, il ne pouvait l'ouvrir. Mais il lui fallait ce qui se trouvait derrière, à tout prix. Il devait connaître le futur...


    - Harry ? Maman dit que le dîner est prêt !
    Connaître le futur ?
    Harry se leva maladroitement. Salazar avait bien entendu, lorsqu'il espionnait Dumbledore. Voldemort voulait une prophétie le concernant, mais ne pouvait y accéder, c'était bien cela. Il avait envoyé Nagini pour tenter de repérer un accès praticable.
    - Gnff... Ne m'oublie pas !
    Le garçon prit la statuette et la fourra sous son pull, espérant disposer d'un peu de temps pour la dissimuler dans la cuisine. Par chance, il se retrouva de corvée pour mettre le couvert et profita de la distraction causée par Sirius, qui souhaitait apparemment créer une véritable ambiance de Noël en décorant à sa façon les murs de la pièce. Des boules rouge et or se matérialisèrent au plafond et pendant que ses hôtes détournaient le regard pour les observer, Harry casa la statuette dans un vaisselier, derrière une soupière qui n'était jamais utilisée. L'instant d'après, il prit sa place à table pour l'un des repas les plus silencieux qu'il eût jamais faits. Molly n'allait bien entendu rien dire de l'échange avec Maugrey à l'hôpital, et personne ne posait de questions pour éviter d'avoir l'air suspect.
    Heureusement, une fois hors de vue et d'ouïe des adultes, les langues se délièrent.
    - Donc Rogue avait sûrement raison quand il a dit que prendre ton sang avait créé un lien entre toi et Jedusor ? répéta Ron.
    - Ouais. Salazar et Phineas Nigellus penchent dans ce sens. J'avais déjà eu un genre de rêve avant que ça n'arrive, précisa Harry, mais c'était très différent. Je ne tenais pas compagnie à ce vieux Tom dans son esprit.
    - Voyons les choses d'un point de vue plus optimiste, dit le rouquin. Il s'est introduit un élément humain dans le corps, ça va peut-être le rendre plus facile à tuer, qu'est-ce que tu en penses ?
    - Si seulement ça pouvait être vrai...
    - En tout cas, Ginny est d'accord avec Tonks. Tu n'es sûrement pas possédé. Elle dit qu'elle est bien placée pour savoir comment ça fait, quand Tu-sais-qui s'installe dans ta tête pour te faire faire des choses sans même que tu t'en rendes compte, et que tu n'avais pas l'air de présenter les mêmes symptômes.
    - Exact, admit Harry. On dirait que tout le monde a oublié cette affaire.
    - Ouais, ben pas elle. Maintenant, va falloir s'attaquer au problème de cette prophétie. Tu paries combien qu'elle donne un moyen de se débarrasser de Jedusor et qu'il veut mettre la main dessus avant que quelqu'un ne l'entende ?
    - Ca expliquait l'envie dévorante qu'il a de la posséder. Mais dans ce cas, il faudrait absolument que je puisse l'écouter aussi. Et je ne crois pas que j'aurais beaucoup plus de chances que lui de pouvoir entrer en douce au ministère. Ni aucun d'entre nous, en fait. Tonks et Kingsley risqueraient d'être virés s'ils se faisaient prendre.
    - À sa place, je chercherais plutôt à la détruire, dans ce cas.
    - Difficile à dire. D'un côté il veut vraiment en connaître le contenu, et je ne suis pas sûr qu'il puisse concevoir avoir une faiblesse. De l'autre, si j'avais un point faible, je chercherais à le connaître pour le corriger…
    - Bah, conclut Ron en se laissant retomber sur son oreiller, on finira bien par trouver quelque chose. 'saye de bien dormir.
    Cette nuit-là, aucun rêve étrange ne vint perturber le sommeil de Harry, ni porte, ni couloir, ni surtout serpent glissant sur la pierre.

    Le lendemain matin, les garçons furent réveillés en fanfare par Sirius qui chantait à pleine voix des chants de Noël. A peu près juste.
    - Dommage, pourrais même pas demander aux jumeaux de faire pleuvoir sur sa tête, ronchonna Ron en s'extirpant de sous les couvertures.
    Les garçons descendirent cahin-caha vers la cuisine pour prendre leur petit-déjeuner, et découvrirent au passage que Sirius avait décidé de décorer la maison pour célébrer les fêtes. Avoir un peu de compagnie le rendait tout d'un coup beaucoup plus joyeux.
    Ginny était déjà attablée en bas devant un bol de thé et des toasts. Elle fit un petit signe de tête à Ron, qui opina de la même façon. Le trio bavarda de tout et de rien en mangeant, puis remonta pour ranger les chambres.
    - Ron t'a bien expliqué ce que je lui ai dit, pour la possession ? demanda Ginny une fois arrivés à l'étage.
    - Oui, et ça me rassure un peu. Mais ça ne me dit toujours pas ce qui s'est réellement passé. Je sais qu'on ne peut pas transplaner dans Poudlard, donc je suis resté dans l'école... mais ces histoires d'esprits partagés me font perdre le peu de latin que j'ai. Phineas a promis d'essayer d'en apprendre plus en espionnant Dumbledore, mais il ne garantit pas de miracles. Et puis, comme me l'avait dit Rogue, on ne sait toujours pas si Voldemort est au courant.
    - Fais-leur confiance, insista Ginny. Ca ne pourra t'apporter que du bon. En attendant, si nous allions ranger ces chambres, histoire de passer pour des enfants modèles, hein ?
    - Espérons. C'est vraiment dérangeant, toutes ces émotions qui ne sont pas les miennes.
    Ils travaillèrent une bonne partie de la journée à remettre la maison en état, et Ginny passa plus de temps qu'elle n'aurait dû à faire le ménage dans l'ancien jardin d'hiver de feue Mrs Black. Quand ils allèrent se coucher, Grimmauld Place croulait tant sous les décorations festives que l'endroit en était devenu méconnaissable. Chaque lustre avait été orné de guirlandes argent et or auxquelles pendaient des branches de houx. Fletcher avait trouvé on ne savait où un sapin de Noël, que Sirius avait placé juste devant la tapisserie généalogique avant de le couvrir de petites étoiles scintillantes et de neige magique, qui formait également des mini-congères le long des plinthes. Enfin, des bonnets de Père Noël avaient été enfoncés sur les têtes d'elfes du hall, dissimulant avantageusement les trophées empaillés. Quelqu'un avait tout de même trouvé le moyen de casser l'ambiance en jetant un sort à l'horloge du dernier étage. A chaque heure, au lieu de sonner, elle se lançait dans un chant sinistre qui se rapportait hélas trop bien à la situation actuelle.
    Look to the sky
    Way up on high
    There in the night
    Stars are now right
    Eons have passed
    Now then at last
    Prison walls break
    Old ones awake
    They will return
    Mankind will learn
    New kinds of fear
    When they are here

    Lupin parvint à faire taire l'horloge chantante, mais son cantique détourné laissa un curieux arrière-goût.

    Au matin de Noël, les garçons s'éveillèrent pour découvrir une généreuse pile de cadeaux devant la vieille cheminée de la chambre.
    - C'est sympa, cette boussole pour balai, commenta Ron, et Harry fut content de voir que cela lui plaisait. Nettement mieux que le... planning de devoirs que Granger m'a envoyé. Mais quelle horreur !
    - C'est marrant, Sarah m'en a envoyé un aussi, sauf qu'il récapitule toutes les réunions à venir, et quelques mauvais coups à faire. Par exemple, elle suggère de récolter des fonds en démarrant une session de paris sur le sort du professeur de Défense.
    - Des fonds pour quoi ? s'intéressa Ron.
    - Ca, elle ne le précise pas, mais connaissant Sarah, elle saura forcément quoi faire avec l'argent. Crois-moi. Alors, sinon... Ginny m'a acheté un nouveau jeu de plumes, ça va effectivement être utile. Merci pour les dragées.
    - Y'a pas de quoi. Tiens, c'est de Cobbyte, ça. Ca s'appelle Tempête sur l'Echiquier. C'est quoi ?
    - Je connais : c'est un jeu moldu qui s'utilise avec un échiquier et des cartes qui modifient les règles de façon assez loufoque. Et ça... Sirius et Lupin m'ont trouvé toute une série que la Défense appliquée. Wow, il y a des illustrations vraiment précises. Je crois que les cours de l'AP vont prendre du relief.
    - Déjà qu'avec les sorts élémentaux de Sarah, on ne s'ennuyait pas...
    CRAC !
    Les jumeaux venaient d'apparaître au milieu de la chambre. Ils faisaient des progrès.
    - Joyeux Noël ! Un conseil, attendez un peu avant de descendre.
    - Pourquoi ?
    - Comment dire ? Il y a eu comme un petit accrochage à Sainte-Mangouste hier soir... Bill est venu rendre visite à papa, expliqua l'un des jumeaux, et il a malheureusement choisi le même horaire que Percy.
    - Voilà au moins une bonne nouvelle, commenta Harry. Percy s'est déplacé.
    - Ouais. Apparemment, il avait même amené des bouquins moldus.
    - C'est plutôt bon signe, approuva Ron.
    - Seulement... Bill lui a sauté dessus en l'accusant de vouloir profiter de l'état de faiblesse de papa pour lui tirer les vers du nez. Percy a répondu que papa lui paraissait en assez bonne forme pour être capable de répondre pour lui-même et que Bill était encore plus parano que Maugrey. Et que tant qu'il y était, il pouvait toujours vérifier que les livres n'avaient pas été ensorcelés, on sait jamais...
    - Pour une fois, je donnerais plutôt raison à Percy, pointa Harry.
    - Ouais, opina Fred. Moi aussi, et ça n'arrive pas souvent. Il a eu le bon goût de se décoincer un peu, et Bill fiche tout par terre. Ce coup-ci, c'est certain qu'on ne va pas le revoir avant très, très longtemps. Il a renvoyé son pull sans un mot.
    - Maintenant, Lupin essaye d'arranger les choses, mais je ne suis pas sûr qu'il arrive à un résultat convenable.
    Les garçons attendirent environ un quart d'heure avant de descendre dans la cuisine. Ginny les attendait sur le palier.
    - Salut ! Dites, vous avez fait des folies, cette année ! J'ai un ensemble de bijoux fantaisie, un livre, un parfum... Je vais finir par être à la mode, si vous continuez. Lupin vient de partir, poursuivit-elle, mais Sirius est toujours de mauvais poil, alors attention à ce que vous dites.
    - Qu'est-ce qui se passe encore ? ronchonna Harry.
    - Eh bien... il semblerait que Kreattur ait disparu. Sirius pense qu'il est caché quelque part dans un coin sombre, mais Lupin a peur qu'il n'ait quitté la maison. Je ne sais pas s'ils ont pensé à regarder dans le trou qu'il occupe sous la chaudière.
    - Ben on n'a qu'à aller regarder tout de suite, proposa Ron.
    Ils entrèrent en silence dans la cuisine et sans s'approcher de Mrs Weasley qui s'activait aux fourneaux en reniflant, le trio alla inspecter le local de la chaudière.
    C'était l'endroit le plus répugnant de crasse qu'Harry eût jamais vu, et cela comprenait également la tanière du basilic. Le local était presque entièrement rempli par une énorme chaudière aux tuyaux de cuivre partiellement corrodés, ne laissant qu'un espace minuscule sous la cuve, où Kreattur avait aménagé une espèce de couchette repoussante, faite de tous les rebuts de chiffons qu'il avait pu ramasser dans la maison. L'odeur de l'elfe n'était déjà pas de plus agréables, mais jointe à celle des bouts de fromage moisis qui jonchaient le tissu, elle en devenait carrément nauséeuse. Dans un coin, Kreattur avait entassé quelques objets en argent sauvés du grand ménage et une photo de famille dont il avait maladroitement réparé le verre avec du ruban adhésif version sorcière. Parmi les personnages hautains qui observaient les intrus se trouvait Bellatrix Lestrange, qui avait l'air de s'ennuyer mortellement sur le cliché. En fait, en y regardant de plus près, Kreattur avait choisi les pires criminels de la famille.
    - Quand je suis arrivé, l'autre jour, remarqua Harry, Sirius a hurlé « Dehors! » à Kreattur. Il a très bien pu prendre ça pour un ordre.
    - Les elfes de maison peuvent quitter leur demeure ?
    Ginny paraissait sceptique.
    - Bien sûr. Dobby l'a fait il y a trois ans. Il n'arrêtait pas de se flanquer des coups sur la tête, mais il y est très bien arrivé.
    - Sirius le sait ?
    - Euh... oui, je crois. J'ai dû lui en parler.
    - Eh bien j'espère qu'il ne l'a pas oublié, conclut sèchement la jeune fille. Ce serait très dommage.
    Peu avant le déjeuner, du courrier parvint à Grimmauld Place. Il provenait de Sarah et Neville, qui l'avaient adressé à Poudlard, suivi assuré par McGonagall. Neville racontait comment il avait eu la bonne surprise de découvrir une nouvelle plante pour sa collection, de surcroît compatible avec l'orchidée de feu envoyée par Sarah pour son anniversaire. Hedera helix mobilis ignifugens, autrement dit, lierre commun mobile et fire-proof, ferait sans nul doute bon ménage avec la volcanique fleur tropicale. Harry s'amusa beaucoup en imaginant le pied de lierre se carapater sur ses petites racines au cas où sa voisine s'enflammerait de trop. Le courrier de Sarah était plus technique ; outre qu'elle confirmait être l'expéditrice du lierre, elle détaillait quelques idées pour les cours de magie élémentale au retour des vacances : sortilèges de bourrasque et génération de trous. Elle expliquait avec force détails ce dernier point, qui semblait directement inspiré d'un cartoon classique, puisqu'il s'agissait tout bonnement de faire apparaître un mini-précipice sous les pas d'une personne, dans un mur, un escalier... la victime finissant simplement à l'étage en dessous.
    - Et quand il n'y en a pas ? s'inquiéta Ron.
    Harry n'était pas sûr que Sarah se fût souciée de ce genre de détail. En revanche, elle avait fait de sérieux efforts pour amuser la galerie à Poudlard, et avait ajouté aux cadeaux de Pansy Parkinson un joli petit oreiller brodé qui ferait sans doute très plaisir à la demoiselle, mais qui lui attirerait sans doute nombre d'ennuis car l'article en question était mentionné dans le catalogue où Sarah l'avait découvert comme « cursed pillow of slumber ». Parkinson aurait bien du mal à se tirer du lit le matin...
    Quelqu'un d'autre, la fine équipe l'apprit quelques minutes plus tard, avait décidé de rajouter quelques options à la liste des cadeaux piégés. McGonagall n'avait rien contre les boîtes de nourriture pour chat, ni contre les souris couineuses en caoutchouc, mais n'appréciait pas, néanmoins, de les retrouver enrubannées dans ses pantoufles en tartan.
    - Ca sent Fred et George.
    - Ou un prof.
    - A TAABLE ! interrompit la voix de Molly Weasley.

    Après un déjeuner à base de dinde rôtie et de pommes sautées, tous les résidents de la maison partirent à Sainte-Mangouste, en compagnie de Maugrey, Lupin et Fletcher, lequel avait pour l'occasion « réquisitionné » une voiture moldue. A la surprise générale, il la conduisait fort bien, sans même l'assistance de sa baguette. Ginny parut impressionnée.
    - Ben ouais, expliqua Fletcher. J'ai le permis de conduire, moi.
    Les jumeaux et Maugrey le considérèrent soudain avec plus de respect.
    Les Moldus de la capitale étant pour la plupart occupés à tester leurs cadeaux et passer une bonne journée en famille, le trajet prit peu de temps, et le groupe entra rapidement dans le grand hall de l'hôpital.
    Les employés chargés de la décoration avaient vu les choses en grand, colorant les lustre en rouge et or, semant du houx et des étoiles scintillantes partout où c'était possible, sans compter les trois immenses sapins chargés de guirlandes qui ornaient les coins de la vaste salle. Peu de sorciers se trouvaient là, et seuls quelques malchanceux victimes de disputes autour du repas familial se présentaient pour recevoir des soins. Une querelle entre beaux-parents et enfants devait prendre une tournure assez intéressante avec l'emploi de la magie, jugea Harry.
    Ils trouvèrent Arthur Weasley bien calé dans ses oreillers, ayant tout juste terminé ce qui paraissait un solide repas. En dépit de sa bonne mine, il semblait un peu inquiet.
    - Comment vas-tu, Arthur ?
    - Oh, très bien, très bien, assura-t-il d'un ton trop empressé. Quoique... Ca me chatouille assez désagréablement depuis ce matin. Tu n'aurais pas vu le guérisseur Smethwyck dans le secteur, à tout hasard ?
    - Non... commença Molly, qui fut aussitôt coupée.
    - Alors, dites-moi tous, qu'avez-vous reçu pour Noël ? Oh, merci Harry ! Un tournevis et des fusibles, c'est vraiment gentil de ta part.
    Il déposa la boîte sur sa table de chevet, à côté de ce qui ressemblait beaucoup à un ensemble de livres moldus. Molly ne se satisfaisait pas du tout de ce qu'avait dit son époux, et elle se pencha pour examiner ses bandages.
    - Ces pansements sont tout neufs, remarqua-t-elle d'un ton sec. Pourquoi les a-t-on changés aujourd'hui alors que ça devait être fait demain ?
    - Eh bien... balbutia son mari. En fait... le guérisseur Pye a eu une idée. Comme aucun remède magique ne marche sur cette blessure, il a décidé d'utiliser des... méthodes alternatives...
    Le pauvre homme n'eut pas le temps de finir, sa femme l'interrompit d'un grognement menaçant. Lupin et Maugrey se hâtèrent d'aller voir les autres malades, dont le loup-garou, et Ron tira ses frères, soeur et ami par la manche pour les entraîner hors de la chambre, peu désireux d'assister à une scène de ménage.
    - Tu ne sais pas ce que sont des points de suture...
    - Ca signifie, on dirait, que tu as essayé de te recoudre la peau, coupa sa femme sans lui laisser le temps d'en placer une.
    Le groupe d'adolescents sortit à ce moment-là, et referma la porte, mais pas assez vite.
    - COMMENT CA, C'EST l'IDEE GENERALE ??? hurla Molly.
    Ils virent alors passer un guérisseur, qui entra dans la chambre en toute hâte.
    - Madame, dit celui-ci, puis-je vous rappeler que vous vous trouvez dans un hôpital et qu'il s'y trouve des patients qui ont besoin de calme ? Merci de respecter leur tranquillité.
    - Mais enfin, vous vous rendez compte qu'il a essayé de se recoudre la peau ? Il pousse l'amour des Moldus un peu loin, vous ne croyez pas ? C'est parfaitement stupide !
    - Je ne crois pas, répondit sèchement le jeune homme. C'est moi qui ai suggéré d'utiliser cette technique.
    Ron soupira.
    - Paix à tes cendres, mon vieux.
    Harry imaginait parfaitement Molly enfler comme un poisson-ballon et virer au rouge tomate.
    - QU'EST-CE QUI VOUS EST PASSE PAR LA T...
    - SILENCE ! Aucune méthode sorcière n'a donné de résultat sur cette blessure. Le venin du serpent dissout les fils, mais ce n'est pas grave, j'ai encore autre chose en réserve. Quelque chose me dit que ce poison ne viendra pas à bout des agrafes.
    - C'est quoi, ça ? demanda Ginny.
    - Même principe que la ficelle, sauf que ce sont des liens métalliques, expliqua Harry. Il a raison, Mr Pye. Il n'y a pas grand-chose qui puisse ronger de l'acier inoxydable.
    - Eh bien voilà une nouvelle rassurante, commenta Fred. Dans ce cas, papa devrait bientôt être sur pied. Bon... je suggère que nous allions engloutir quelques litres de thé avec beaucoup de petits gâteaux pour fêter ça. En route !
    La petite troupe chercha un moment l'escalier, puis commença son ascension vers le salon de thé de l'hôpital. Toutes les six marches environ, le portrait d'un guérisseur était accroché, et ne ménageait pas ses réflexion aux ados qui montaient. Chacun y allait de son diagnostic ou de son remède et Harry se crut transporté dans une pièce de théâtre moldue se déroulant pendant la Renaissance. Plus grave, certains partisans de la saignée à la mode sorcière avaient vécu au début du 19ème siècle, moment auquel leurs homologues non magiciens renonçaient à cette pratique dangereuse. Un de ces charlatans s'en prit à Ron en le déclarant atteint d'éclabouille.
    - Et c'est quoi ? demanda Ron d'un ton hargneux, pourchassé d'un cadre à l'autre par le sorcier soucieux de confirmer son hypothèse.
    - Il s'agit, cher monsieur, d'une très grave affection de la peau qui vous laissera le teint grêlé et vous laissera un visage plus abominable encore qu'aujourd'hui !
    - Oui, ça s'appelle la variole, et ça n'existe plus, se moqua Harry.
    - Abominable ? s'étrangla Ron.
    - Là, il exagère, tout de même, pointa George. Notre Ronnykins n'est pas un canon de la beauté moderne, mais que je sache, il n'a encore donné de cauchemars à personne.
    - Le seul remède, poursuivait le sorcier imperturbable, est de vous attacher un foie de crapaud autour de la gorge et de vous plonger nu dans un tonneau d'yeux d'anguille à la pleine lune.
    - Beerk ! laissa échapper Ginny. C'est répugnant.
    Ils se débarrassèrent de l'importun en franchissant la porte d'un palier, mais se rendirent vite compte qu'ils s'étaient trompés d'étage en se retrouvant face à un patient.
    L'homme avait des cheveux blonds soigneusement ondulés, des yeux bleus brillants et un sourire étincelant sans amitié. Il portait une robe de chambre lilas ornée de pompons, qui rappela aussitôt de mauvais souvenirs à tous les apprentis sorciers.
    - Oh non, c'est pas vrai... souffla Ginny.
    - J'y crois pas... Gilderoy Lockhart... renchérit Fred.
    - Bonjour, leur lança gaiement Lockhart. Vous voulez mon autographe ?
    - On dirait que la mémoire est entrain de lui revenir, grommela Ron. Comment allez-vous ? reprit-il d'une voix plus normale et un sourire contraint.
    - Très bien, merci, répondit Lockhart avec un bonheur évident, tout en brandissant une vieille plume de paon. Combien d'autographes voulez-vous ? Un chacun ? Je peux attacher mes lettres entre elles, maintenant, vous savez ?
    - Finalement, ce coup sur la tête était assez réussi, approuva George dans un ricanement.
    - Nous n'avons pas besoin d'autographes, dit Ron avec un rien de sécheresse.
    Lockhart les observa un moment, et son sourire vacilla comme la flamme d'une bougie.
    - Je vous ai déjà vus, non ?
    - En effet, répondit Harry avec un air carnassier. Nous vous avons rencontré à un spectacle, vous vous souvenez ? Vous interprétiez le rôle principal dans le Lac des Cygnes.
    - Oh, c'est vrai ? Ce devait être quelque chose de magnifique ! Je vais vraiment vous signer ces autographes ; si je suis un artiste, c'est obligé.
    Par chance, une guérisseuse fit alors son apparition et leur évita l'infamie. Elle réprimanda Lockhart comme si c'était un petit garçon, puis le ramena vers sa chambre. Curieux de voir à quel point leur ancien professeur en était vraiment, ils la suivirent. Tout en marchant, elle parlait à son patient en utilisant le vocabulaire ordinairement employé face à un bébé et déplorait son manque de coordination et la destruction de ses souvenirs. Cependant, quand elle les remercia d'être venus lui rendre visite, ils se récrièrent avec un bel ensemble et garantirent s'être trompés de service, laissant la brave dame un peu interloquée.
    Elle les mena dans une salle à l'écart, dont l'aménagement différait de celle où Mr Weasley avait pour l'instant ses quartiers.
    - C'est ici que nous installons nos résidents permanents, expliqua la soigneuse. Maladies incurables, dégâts irréversibles causés par des sortilèges... Bien sûr, nous avons parfois de bonne surprises. Gilderoy se porte bien mieux depuis qu'il est arrivé chez nous, et Mr Moroz, là-bas, dit-elle en pointant un homme au teint maladif qui regardait le plafond, retrouve peu à peu l'usage de la parole, malheureusement dans une langue inconnue. Bon, je vais finir de distribuer les cadeaux, restez bien sages.
    Autour des lits, nota Harry, se trouvaient des fauteuils et de petites armoires semblables à celles placées dans les dortoirs de Poudlard. Les murs étaient tapissés, côté Lockhart, d'innombrables photos dédicacées de lui-même... à lui-même. Comme s'il craignait d'avoir oublié son nom le lendemain matin. Au fond de la pièce, un paravent dissimulait les derniers lits de la rangée, sans doute pour que le va-et-vient des soigneurs ne dérangeât pas les visiteurs. Plus près, une femme au visage couvert de fourrure et agrémenté d'oreilles pointues aboya de satisfaction en recevant plusieurs paquets. En écoutant le flot de paroles déversé par l'infirmière, Harry apprit que cette étrange patiente se nommait Agnès et avait un fils qui lui rendait encore visite. Puis la guérisseuse passa à Mr Moroz, à qui elle remit un calendrier et une plante en pot vraiment très laide, grisâtre, dont les branches pendouillaient mollement.
    - Oh, Mrs Londubat, vous partez déjà ?
    Le nom causa comme un électrochoc dans la mémoire de Harry. Il se rappela d'un coup ce que Dumbledore lui avait raconté à propos des parents de Neville. Comme pour confirmer ses appréhensions, la sorcière qui émergea de derrière le paravent portait bel et bien le fameux chapeau à vautour qui avait été la risée de toute l'école deux ans auparavant. Ron retint un petit rire en apercevant le couvre-chef familier, puis...
    - Mince, c'est Neville et sa grand-mère, dit Fred.
    - Salut Neville ! lança George.
    - Qu'est-ce qu'il fait ici ? chuchota Ginny à l'oreille de Harry.
    - Je crois que ce sont ses parents, je vous expliquerai plus tard...
    Mais c'était trop tard. La douairière les avait repérés et s'avançait vers eux, un Neville désespéré sur les talons.
    - Salut, fit Ron en lui tendant la main, que son camarade serra en jetant un regard en coin vers les jumeaux.
    - Ce sont des amis à toi, mon chéri ? demanda Mrs Londubat.
    Neville hocha la tête tout en regardant ses chaussures, le visage cramoisi. Il croassa les présentations sans regarder personne en face.
    - Oh, mais bien sûr, où ai-je la tête ? Neville me parle souvent de vous et des petits coups de main que vous échangez. Je vous en remercie, d'ailleurs. C'est un gentil garçon... mais il faut bien reconnaître qu'il n'a pas le talent de son père, lâcha-t-elle d'un ton sévère.
    - Eh bien, marmonna Ginny de façon tout à fait audible, voilà qui va lui redonner confiance en lui... Tu crois qu'il entend ça tout le temps, chez lui ? demanda-t-elle à Ron.
    Un peu embarrassé par la manœuvre de sa sœur, celui-ci se contenta de hausser les épaules et d'afficher un air de profonde compassion.
    - C'est ton père que tu viens voir ? s'étonna George.
    Harry lui aurait volontiers cassé les tibias à coups de pied pour le faire taire.
    - Qu'est-ce que cela signifie ? s'emporta soudain Mrs Londubat ? Tu n'as donc pas parlé de tes parents à tes amis ?
    - Non, répondit nettement Neville.
    Il paraissait au bord des larmes et ses camarades se sentaient affreusement gênés. Ron avait pris la couleur du lait caillé.
    - Il n'y a pas de quoi avoir honte ! poursuivait l'insupportable grand-mère. Tu devrais au contraire être fier d'eux, Neville, fier ! Ils n'ont pas sacrifié leur santé mentale pour que leur fils unique ait honte d'eux !
    - Je n'ai pas honte, protesta faiblement Neville.
    - Eh bien tu as une drôle de façon de le montrer, dit sèchement l'aïeule.
    Etait-ce le fait d'être injustement rabroué, ou de l'être devant des amis, ces derniers mots furent la goutte de trop. Et chose à laquelle aucun des spectateurs n'était préparé, Neville finit par exploser.
    - Je n'ai PAS HONTE ! Je n'ai PAS ENVIE d'en parler, c'est tout ! Tu crois qu'il y a de quoi se vanter ! Tu crois que j'ai envie de clamer partout que des supporters de Tu-sais-qui ont rendu mes parents complètement fous et qu'ils ne se souviennent même plus de moi ? Je ne veux pas qu'on ait pitié de moi ! Tout le monde se moque déjà de ce pauvre Neville, pas fichu de faire trois pas sans se prendre les pieds dans ses propres lacets, qui n'est bon qu'à faire de la botanique ! Et tu penses vraiment que ça me fait plaisir de revenir ici chaque année pour voir que ces idiots de guérisseurs n'ont pas fait le moindre progrès ? Tu ne t'es jamais dit que ça me faisait de la peine ? Non, c'est toujours la fierté Londubat d'abord. Mais de quoi tu es fière, à la fin ? D'un désastre ? Au moins, maintenant, c'est vrai que les gens ont enfin une bonne raison de te plaindre de quelque chose. Sans eux, acheva-t-il en pointant les deux lits, je ne sais pas comment on pourrait te supporter !
    La tirade prit fin quand une main osseuse se tendit devant Neville pour lui donner quelque chose. Il se tourna vers sa mère en se forçant à sourire, tandis que la douairière quittait la salle.
    Alice Londubat ressemblait à présent plus à un spectre qu'à la joviale et replète petite sorcière de la photo de Maugrey. Elle avait terriblement maigri, ses yeux semblaient éteints et ses cheveux avaient entièrement blanchi. Elle ne tenait entre ses doigts qu'un papier vide de ballongomme, mais son fils le prit et le mit soigneusement dans sa poche.
    - Merci maman.
    Alice inclina légèrement la tête, comme si ce mot éveillait chez elle un lointain souvenir. Puis elle tapota le papier et retourna à sa place en chantonnant.
    - Et le pire, c'est qu'elle va mieux que papa, soupira Neville. J'ai l'air de lui rappeler quelque chose, elle chante de temps en temps. Papa ne bouge pas du tout, ne dit rien, il ne remarque même pas quand on lui parle.
    En résumé, songea tristement Harry, le cas de Frank Londubat était complètement désespéré. Même les meilleurs médecins moldus ne pouvaient rien faire pour un coma végétatif.
    - Vous n'étiez pas au courant ?
    Quatre têtes sur cinq firent « non ».
    - Dumbledore m'en avait parlé, dit Harry, l'année dernière. Mais il m'avait fait promettre de ne pas le répéter.
    - C'est déjà assez dur d'être obligé de revenir ici à toutes les vacances, dit Neville. A chaque fois on nous sort le couplet « Vous verrez, ils ont fait des progrès », mais je ne vois aucun changement. Et elle... elle exhibe ça chaque fois qu'elle peut. Elle a une drôle de façon de cacher sa peine, vous ne trouvez pas ? Mais... pourquoi êtes-vous ici ?
    - Papa est au premier, il a eu un accident, expliqua Ginny. Nous voulions aller prendre du thé, mais nous nous sommes trompés d'étage et nous avons rencontré Lockhart. Tu sais à quel point nous l'aimons... Au fait Harry, c'est quoi, ce Lac des Cygnes dans lequel il aurait joué ?
    Harry se fit un plaisir de leur expliquer le concept de danse classique et à la fin, même Neville avait retrouvé un vrai sourire.
    - C'est rosse, fit-il observer.
    - Ecoute, sans ce coup et cette chute de pierres, c'est Théodore et moi qui habiterions ici. J'ai assez peu de remords concernant Gilderoy Lockhart. C'était un menteur, un escroc, un incapable et compte peut-être comme un meurtrier. Petite perte pour la société, moi je dirais.
    Ils en convinrent. Toute idée de thé oubliée, ils regagnèrent le hall pour raccompagner Neville, qui allait sans doute recevoir, une fois rentré chez lui, un savon dont il se souviendrait longtemps. Harry prit la résolution de détruire la photo dans la "chambre" de Kreattur en rentrant.

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    Message par Leïa Tortoise Sam 12 Juin - 10:15

    Oui oui, sur FF.net vous aurez certainement du succès!

    De mon côté je suis encore dans ma période de sevrage de fanfics, mais je pense y retomber à la fin de l'année, et celle-ci sera en tête de liste de mes fics à rattraper Razz
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    Message par Raven Mar 15 Juin - 22:31

    Merci encore pour la suggestion, Mel ! cheers
    Le premier chapitre d'Hypothèses est sur fanfiction.net, même titre, mon compte là-bas est Anna Taure. Bonne lecture pour ceux qui n'avaient pas commencé la fic, et bonnes retrouvailles pour les autres. bom satisfait
    Moi, il est temps que j'aille Sleep

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    Message par Raven Mar 13 Juil - 22:20

    Tagazoc à toute la compagnie !
    Bon, mis à part le fait que je me suis retrouvée au chômage technique ce matin parce que le test des onduleurs nous a refait le coup de Tchernobyl, j'ai un chapitre tout neuf à vous livrer. Bonne lecture !


    Chapitre 24 : Occlumencie

    Harry put procéder à la mise en pièces de la fameuse photo en toute quiétude, car Kreattur ne réapparut pas avant le lendemain. D'après Sirius, il s'était caché dans le grenier pour y rechercher d'autres souvenirs. Peut-être l'elfe avait-il fait bonne pioche, car il paraissait de bien meilleure humeur, et obéissait même à son maître sans rechigner. Il semblait aussi avoir regagné en vigueur, et ne traînait plus aussi désespérément les pieds sur les tapis.
    Ce changement surprit beaucoup les résidents de Grimmauld Place, mais comme Kreattur se faisait étonnamment discret dès que Sirius venait de son côté, ce dernier ne s'en rendit pas vraiment compte.
    De toute façon, Black ne semblait guère capable de se rendre compte de grand-chose. La fin des vacances approchant, il avait de nouveau sombré dans la dépression, et le whisky Pur Feu redevint l'un de ses compagnons les plus proches. Les apprentis sorciers l'évitaient autant que possible et ne montaient pas au deuxième étage lorsqu'il s'enfermait dans l'ancienne chambre de sa mère pour y remâcher ses pensées.
    Dans ces conditions, Harry ne savait vraiment pas ce qui était le pire : faire le mur pour rester à Grimmauld Place, ou rentrer à Poudlard et retrouver l'odieuse inquisitrice, qui aurait sûrement mis les vacances à profit pour inventer quelques décrets bien tordus à l'encontre des étudiants et des professeurs. Mais le dernier jour des vacances allait tout de même lui remonter un peu le moral.

    Harry était en pleine partie d'échecs face à Ginny, sous le regard attentif de Ron qui jouait les instructeurs, quand Molly s'invita dans la chambre.
    - Harry, mon grand, le professeur Rogue est en bas, il veut te parler.
    Voilà qui changeait ! Le garçon dissimula soigneusement sa réaction intéressée.
    - De quoi s'agit-il ? demanda-t-il donc d'un ton neutre.
    - Je n'en ai aucune idée, mais il a dit que c'était pressé. Il est dans la bibliothèque.
    Il échangea un clin d'œil avec Ginny avant de descendre l'escalier, se retenant de le dévaler quatre à quatre.
    Il trouva son directeur assis dans l'un des fauteuils près de la cheminée, tandis que Sirius s'était installé sur une chaise non loin. Rogue affectait de ne pas voir les regards meurtriers que lui lançait son ex-condisciple, et se concentrait sur les flammes qui dansaient dans l'âtre. Il releva néanmoins la tête dès que Harry se présenta.
    - Bonjour, Potter. Asseyez-vous, dit-il en indiquant le second fauteuil.
    - Tu sais, intervint aussitôt Sirius en haussant le ton, j'apprécierais que tu ne donnes pas d'ordres dans ma maison.
    - Je ne lui ai pas donné d'ordre, répondit sèchement Rogue. Inviter quelqu'un à s'asseoir pour une conversation, c'est de la politesse élémentaire. Écouter les leçons de ta mère aurait pu s'avérer utile, de temps en temps. Potter ?
    Harry s'assit rapidement, sans regarder son parrain. Rogue adopta la même attitude et fit comme s'ils étaient seuls.
    - Bien... Avez-vous une idée de ce qui vous attend et de la raison qui vous amène ici ?
    - Euh... non, monsieur. Mais vous allez sûrement me l'expliquer.
    Le professeur se permit un sourire.
    - Je ferai court. Étant donné que Vous-savez-qui peut accéder à votre esprit, qu'il le sache déjà ou non, il est nécessaire que vous appreniez à l'en empêcher. Il existe différentes techniques pour cela, mais la plus efficace reste une discipline assez peu usitée qu'on appelle l'occlumencie.
    - Et ça consiste en quoi ?
    - Basiquement, à fermer son esprit contre toute intrusion extérieure. Naturellement, ce n'est pas aussi simple que ça. Cela demande un apprentissage assez intensif que le professeur Dumbledore a jugé bon de me déléguer.
    - Pourquoi cela ? s'étonna Harry. Vous avez un retourneur de temps à disposition ?
    Son directeur laissa échapper un ricanement.
    - Ou est-ce qu'il craint que je n'apprenne ses petits secrets ? Ça me paraît assez improbable, vu nos niveaux respectifs...
    - Je ne sais pas, coupa Rogue. Mais le fait est que vous viendrez prendre des leçons avec moi tous les lundis soirs à partir de six heures. Je compte donc sur votre ponctualité.
    - J'y serai, promit Harry, s'attirant un sourire presque bienveillant de la part de son directeur.
    - Eh bien c'est parfait. Je vous reverrai donc lundi.
    Celui-ci se leva, et s'apprêtait à partir quand Sirius l'arrêta. Rogue soupira peu discrètement.
    - Quoi encore ?
    - Je te préviens, gronda Sirius, si jamais tu en profites pour...
    - Pour quoi ? Tu crois encore que je confonds ce gosse avec ton grand copain ? Non, contrairement à toi, je n'ai plus ce genre d'illusion. Alors lâche-moi avec cette histoire, d'accord ? Même Lupin a compris que ce n'était plus d'actualité. Et lâche un peu le garçon aussi, tu ne l'aideras pas en lui fourrant tes âneries de parfait chevalier dans le crâne.
    - Ça vaut mieux que de l'endoctriner pour ton m...
    CLAC !
    Harry sursauta violemment quand Rogue gifla son parrain. Il n'avait pas frappé fort, juste une claque d'avertissement, pour surprendre, non pour faire mal.
    Sirius recula de deux pas, les yeux ronds. Son visage s'empourpra rapidement et il mit la main dans sa poche pour chercher sa baguette.
    - Ne m'insulte plus JAMAIS de cette façon, siffla Rogue. Je passe mon temps à EMPÊCHER mes élèves de mettre les pieds du mauvais côté de la ligne, Black. Par bonheur, la majorité se montre très réceptive. Mais ne me dis plus jamais que je les entraîne à devenir mangemorts. Ou bien je t'offrirai quelque chose de bien pire qu'une vie de chien.
    Il repoussa Sirius du plat de la main et se dirigea vers le hall. Il fut de nouveau interrompu par l'arrivée pleine de bonne humeur de la famille Weasley et Remus Lupin, qui escortait un Arthur en pleine forme.
    - Ils vous ont enfin relâché ? lança Harry.
    - Eh oui. Finalement, ces agrafes ont fait des merveilles. Elles ont très bien tenu le coup. Alors il va falloir que j'évite les grands gestes pendant un moment, mais je suis effectivement guéri.
    - Voilà une excellent nouvelle, Arthur, dit Rogue sans, apparemment, avoir à se forcer. Peut-être Molly va-t-elle réviser son opinion sur les techniques moldues, à présent ?
    - Oh ça, Severus, à votre place je n'y compterais pas trop. Mais dites-moi, quel bon vent vous amène ici ?
    - Dumbledore lui a demandé de donner des leçons d'occlumencie à Potter, figure-toi, ricana Sirius.
    La réaction d'Arthur ne fut pas du tout celle qu'il espérait.
    - Oh, mais c'est excellent ! s'enthousiasma Arthur Weasley en apprenant la nouvelle. C'est une très bonne chose de travailler dans ce domaine avec quelqu'un en qui on a entièrement confiance !
    Sirius le regarda fixement. Harry et Rogue échangèrent un coup d'œil.
    - Heureux les simples d'esprit...
    - ... le Royaume des Cieux est à eux.
    Lupin les considéra avec amusement avant d'aider Arthur à s'asseoir. Puis :
    - Au fait, Severus, vous n'avez pas idée de la personne qui aurait pu m'envoyer un collier anti-puces à Noël ?
    - Non, répondit le maître des potions. J'ai pour habitude de faire des plaisanteries de meilleur goût que ça. En revanche, je plaide coupable pour l'herbe à chats de McGonagall.
    Lupin éclata de rire, suivi de Harry, Arthur et les jumeaux.
    - Bien vu, bien vu. Ca me rappelle les bêtises que nous avions inventées pour l'anniversaire de Flitwick...
    - Oui, oui, fit Rogue d'un ton rêveur. Les coussins piégés, ce n'était pas très fin, mais ça a mis de l'ambiance en classe.
    - Tu ne restes pas avec nous pour le dîner ? s'enquit Lupin en voyant Rogue se diriger vers la sortie.
    - Non. Il se trouve que Pomfresh a encore fait appel à ma générosité et ma réserve de temps inépuisable pour lui concocter des potions contre les engelures.
    Il salua à la ronde avant de quitter la maison.
    Suite à l'algarade qui l'avait opposé à Sirius, l'ambiance du dîner ne fut pas aussi chaleureuse qu'elle aurait dû. Le maître de maison faisait la tête à tout le monde, et Harry se rabattit vite sur Ron et Ginny pour discuter de l'occlumencie. Aucun d'entre eux n'avait de connaissance dans ce domaine, mais ils furent très impressionnés.

    Toute la petite équipe repartait le lendemain matin via le Magicobus, sous la surveillance de Tonks et Lupin. Harry prétexta la nécessité d'un verre d'eau en pleine nuit pour récupérer Salazar et le rangea de nouveau dans sa valise. Le petit homme était assez déçu de ne pas avoir appris grand-chose pendant son séjour. Mais, disait-il, c'était surtout dû au fait que les réunions ne servaient qu'à ressasser les mêmes faits et à réarranger les tours de garde au ministère.

    Il faisait humide et froid quand ils sortirent sur le perron de Grimmauld Place. Harry se sentait malgré tout rassuré à l'idée de rentrer à Poudlard. La tension qui régnait dans cette maison était épouvantable. Le moment où il devrait choisir entre son Gryffondor de parrain et ses loyautés Serpentard se rapprochait à grands pas. Pour l'heure, il n'osait même plus adresser la parole à Sirius, de peur de déclencher un nouvel accès de rage.
    Aussi resta-t-il sur ses gardes quand, juste avant le départ, Sirius se dirigea vers lui, un paquet emballé de travers à la main.
    - Qu'est-ce que c'est ?
    - Un moyen de me tenir au courant de ce qui se passe à Poudlard. Attends d'être là-bas pour l'ouvrir. Les autres n'apprécieraient sûrement pas, mais tu t'en sers si jamais tu as des ennuis, d'accord ?
    - D'accord, mentit Harry en rangeant l'objet dans une poche de son blouson.
    Jamais il ne contacterait Sirius pour le faire venir à Poudlard. Il serait facilement reconnu, à présent que son déguisement d'animagus avait été identifié, et quand il se mettait dans le pétrin, c'était Harry et ses amis qui devaient rectifier la situation. Merci bien ! Il conclut leur conversation d'un dernier "Au revoir" et ne parvint pas à échapper à l'embrassade un peu trop étroite de Molly Weasley. Il en eut le souffle coupé.
    Dehors, Tonks, âgée de soixante ans et vêtue de tweed, faisait le pied de grue, et parut fort heureuse de voir arriver la petite troupe. Sous la direction de Lupin, leurs valises à la main, les cinq ados descendirent sur le trottoir. Derrière eux, Grimmauld Place sembla rétrécir comme une peau de chagrin avant de disparaître totalement derrière ses deux voisines. Tonks agita sa baguette, et le trop fameux autobus violet à double impériale se matérialisa devant eux.
    Le contrôleur n'avait toujours pas guéri son acné, et ses oreilles étaient toujours aussi désespérément décollées. Les adultes ne lui laissèrent pas le temps de débiter son discours de bienvenue et poussèrent les apprentis sorciers à l'intérieur avant de régler le prix du voyage.
    - J'ai toujours eu envie d'essayer ce truc-là, commenta Ron avec enthousiasme.
    - Té, un nouveau ! lança une des têtes empaillées accrochées au rétroviseur, qui elles non plus n'avaient pas encore quitté le service.
    L'agencement avait changé, en revanche, et se trouvait à présent en mode "jour". Finis les lits à boules de cuivre, des groupes de sièges fatigués, de modèles anciens et très variés avaient été disposés autour de petites tables près des fenêtres. L'arrêt brutal avait projeté quelques passagers par terre, ainsi que certaines de leurs commissions, qui s'étaient écrasées contre les parois ou sur le plancher en une mixture nauséabonde.
    Lupin emmena les jumeaux au fond du premier niveau pour trouver des places libres. Ginny, Ron et Harry durent monter encore deux volées de marches avant de dénicher des fauteuils vides. Quelques passagers tournèrent la tête en les voyant, mais ils revinrent très vite à leurs occupations.
    Le bus repartit en évitant, ou plutôt en étant évité, par deux réverbères et trois poubelles, puis emprunta sa trajectoire de corde personnelle dans un BANG sonore. Ron se retrouva par terre à cause du contre-coup, et Harry entendit monter de sa valise une quantité impressionnante de jurons bien salés, heureusement assourdis par les épaisseurs de vêtements. Salazar n'était pas au bout de ses peines...
    Les sursauts, cahots, fracas et chutes se succédèrent pendant deux heures environ, éparpillant les bagages, libérant les animaux de compagnie qu'il fallut ensuite récupérer à travers tout le véhicule, et rendant tous les passagers plus ou moins verdâtres. La nommée Dumarais, pourtant déjà victime de la conduite très particulière de Mr Danlmur deux ans auparavant, si Harry se souvenait bien, rééditait la session nauséeuse, et finit par descendre dans une suite de gargouillis et de hoquets fort peu ragoûtants. Ron n'était pas loin de l'imiter.
    - Finalement, j'ai changé d'avis. Ce sera balai ou transplanage. Ça coûte moins cher. Et ça rend moins malade.
    Son calvaire prit fin rapidement après cela, car le bus magique atterrit enfin dans la rue principale de Pré-au-Lard, envoyant contre les murs des gerbes de neige boueuse. Le véhicule remonta péniblement la route jusqu'au grand portail de Poudlard et s'arrêta dans un désagréable couinement de freins usagés.
    Ron soupira de soulagement en descendant du bus, tandis que Tonks et Lupin déchargeaient les bagages.
    - Bon trimestre à tous, et bossez bien ! leur lança gaiement la jeune auror avant de remonter à bord de la machine infernale.
    Lupin leur serra gravement la main et finit par Harry.
    - Il faut impérativement que tu apprennes à protéger ton esprit, d'accord ? Ne prends pas ces leçons à la légère. Tout le monde y tient.
    - Ouais, répondit Harry. Surtout me mettez pas la pression...
    Lupin sourit et lui mit une petite tape sur la joue. Puis il lança un dernier salut et se dirigea vers le bus. Harry regarda le véhicule faire un demi-tour maladroit devant les grilles avant de reprendre la route et de disparaître dans un jaillissement d'étincelles violettes.
    Il saisit la poignée de sa valise et entama la remontée vers le château. La route était couverte de verglas et les apprentis sorciers peinèrent un long moment avant de pouvoir gagner la chaleur du château. Harry prenait le chemin des sous-sols quand Ginny l'arrêta.
    - Hmm ?
    - Je te rappelle, à tout hasard, que nous aurons bientôt une sortie à Pré-au-Lard.
    - Et tu veux que j'y aille avec toi ? Pas de problème, assura Harry.
    Ginny ouvrit de grands yeux, puis sourit largement, et partit en chantonnant en direction de son dortoir.
    Ce ne fut qu'une fois arrivé devant la porte qu'il se rappela que ladite prochaine sortie tombait le 14 février...

    La salle commune des vert et argent était bondée, remplie d'élèves qui échangeaient des souvenirs de vacances. Harry repéra très rapidement ses comparses, qui avaient tous passé les congés hors d'Angleterre, sous des cieux plus cléments à en juger par leur mine éclatante. Ils furent naturellement très intéressés par toute l'affaire Weasley. Quant aux leçons d'occlumencie, ils les jugèrent tous de la plus haute importance.
    En fin de soirée, alors que le reste de la maison allait se coucher pour affronter les cours du lendemain, Harry replaça la statuette de Salazar dans sa cachette du souterrain, près de la fraction de baguette que Sarah y avait laissée.
    - Bonnes écoutes.
    - Merci. Gniah ! J'adore ce travail...

    Le lendemain matin vit la routine reprendre, en apparence. Durant le cours de potions, Rogue s'arrangea, Merlin seul savait comment, à faire passer un mot à Harry lui enjoignant de venir à sa première leçon d'occlumencie avec sa cape d'invisibilité sur le dos. Le garçon trouva la demande surprenante, mais le soir venu, il enfila le vêtement enchanté pour filer vers le bureau de son directeur dans le donjon.
    La porte était légèrement entrouverte, et Harry se faufila à l'intérieur, puis referma le battant. Il n'y avait apparemment personne dans le bureau, aussi se débarrassa-t-il de la cape, aux aguets.
    Rogue émergea de la pièce d'à côté, une petite bassine de pierre entre les mains. Harry reconnut la pensine qu'il avait découverte quelques mois auparavant dans le bureau de Dumbledore.
    - Bonsoir, Potter. Asseyez-vous, dit le maître des potions en désignant une chaise.
    Harry prit place tandis que Rogue déposait la pensine sur son bureau, puis prenait place sur son siège habituel.
    - Bien. Vous savez pourquoi vous êtes ici. Je vais tâcher de vous apprendre à fermer votre esprit à tout visiteur indésirable. Que ce soit le seigneur des ténèbres ou quelqu'un d'autre.
    Harry décida de jouer la carte de la détente et leva la main.
    - Oui ?
    - Est-ce que le professeur Dumbledore est un adepte de la lecture de pensées, monsieur ?
    - Oui, grinça Rogue. Permettez-moi de rectifier une petite incorrection, ceci dit. Le terme de "lecture des pensées" est une simplification utilisée par les Moldus pour décrire le processus, qui s'apparenterait plutôt à des fouilles archéologiques. Un esprit est constitué de plusieurs couches : les souvenirs immédiats, une case pour les tâches répétitives, les idées superficielles, les souvenirs plus anciens... Les sorciers versés dans l'art de la legilimencie explorent ces couches les unes après les autres pour y trouver ce qu'ils recherchent. La discipline complémentaire, l'occlumencie, consiste à barrer l'accès au contenu de l'esprit, à dissocier – temporairement – les émotions des souvenirs. Des émotions fortes attirent un legilimens aussi puissamment qu'une carcasse fait venir les charognards.
    - Est-ce qu'il aurait moyen de savoir ce que je fais en ce moment ? demanda Harry.
    - Très peu probable, assura Rogue. Poudlard est entouré de nombreuses défenses magiques et vous êtes loin de lui. Bien que votre lien facilite les choses, le contact visuel est quasi essentiel dans cet exercice. Et de surcroît, vous êtes éveillé.
    - Ah ? Qu'est-ce que ça change ?
    - Pendant le sommeil, l'esprit ne fait plus vraiment la différence entre le réel et l'imaginaire. Il pourrait mettre une intrusion sur le compte d'un rêve. Une personne bien réveillée peut sentir l'attaque. Surtout, il faut bien le dire, que Jedusor ne brille pas par sa subtilité dans ce domaine. Vous avez un peu l'impression de vous faire piétiner par un troupeau de buffles.
    - D'accord. Mais... Ce que j’ai ressenti cette nuit-là n’en avait rien. Pourquoi vouloir mettre fin à cela ? Je ne dis pas ce ça me plaît beaucoup, mais c'est utile, non ? Si je n'avais pas vu Mr Weasley se faire mordre, il serait sûrement mort dans ce couloir...
    - Sans doute, admit Rogue. Mais c'est beaucoup trop dangereux. Jusqu’ici, le Seigneur des Ténèbres ignorait l’existence de ce lien, et j’ose espérer que vous avez reçu ses pensées sans aller les chercher. Mais la situation a changé. Il s’est rendu compte de votre lien à Noël, quand vous avez eu cette vision. Maintenant, votre esprit est un nouveau front qu’il peut tenter d’attaquer. Il pourrait profiter d'un état de faiblesse momentanée, ou de votre sommeil, pour aller à la pêche aux informations, ou diriger votre corps et vous posséder pour de bon, comme il l'a fait il y a deux ans avec Miss Weasley. S'il s'était douté plus tôt que vous partageriez ses pensées, il aurait trouvé un autre rituel pour revenir dans notre monde.
    Harry frémit à cette nouvelle et hocha lentement la tête.
    - Il fait déjà agir Nagini comme il le souhaite.
    - Ca, pointa Rogue, c'est un peu différent. S'agissant d'un animal, c'est un emprunt. Mais vous avez raison, le principe est le même. Vous avez vu par les yeux du serpent parce le seigneur des ténèbres le guidait à ce moment-là. Bon, assez parlé, nous allons procéder à un petit essai. Sortez votre baguette, vous pourrez l'utiliser au début pour me repousser. Après, si tout se passe bien, vous n'en aurez plus besoin. D'abord, une petite formalité...
    Rogue posa sa propre baguette sur sa tempe et la retira lentement, des filaments argentés de pensées accrochés au bout. Il les déposa délicatement dans la pensine, puis renouvela l'opération.
    - Eh ! protesta Harry. C'est de la triche ! Et si moi, j'ai des trucs que je n'ai pas envie de montrer ?
    - Oui, en effet, je triche, répondit Rogue avec un sourire en coin. Si vous tenez absolument à protéger votre mémoire, il va falloir bûcher, Potter. Cela devrait vous faire une bonne motivation, hmm ?
    - Ouais, ouais... grommela Harry en prenant sa baguette. Et maintenant ?
    - Je vais essayer d'entrer de force dans votre esprit. Ne vous inquiétez pas, je ne ferai pas de casse. Je sais que vous pouvez résister au moins partiellement à l'imperium, alors faites la même chose pour commencer.
    - D'a... d'accord, marmonna Harry, pas plus rassuré que ça.
    - Bien ; alors à trois. Un, deux, trois. Legilimens.
    L'impression déjà familière de soudaine légèreté l'envahit. Des images commencèrent à défiler. Il avait cinq ans et il regardait son cousin pédaler sur un beau vélo tout neuf offert par Pétunia. Il avait neuf ans et cette saleté de Molaire le poursuivait dans le jardin. Il avait onze ans, et le choixpeau lui expliquait la petite blague qu'il s'apprêtait à faire. Il avait treize ans, et Sarah lui montrait une poupée de chiffon ornée d'une mèche blond pâle... Oh là ! Ca, il valait mieux que Rogue ne le voit pas. Danger !
    Il revint dans le monde réel assis par terre, sans même avoir le début de la plus petite idée de la façon dont il était arrivé là. Il se redressa lentement. Quand ses yeux parvinrent au bord du bureau, il vit Rogue entrain d'ôter quelques traces de cendre sur le mur derrière lui.
    - Des cubes de feu, hein ?
    - Oups... J'ai pensé à Sarah, et comme c'est elle qui nous les a appris...
    - Intéressante association. En tout cas, ce n'était pas trop mal pour un début, dit Rogue en regardant la pierre partiellement fondue. J'ai vu quelques images par intermittence, mais vous avez réussi à me déconcentrer. Ce n'est pas mal du tout. Prenez quelques minutes pour relâcher votre esprit et remettre vos idées en place, puis nous recommencerons.
    Harry se rassit pour respirer calmement. Se dire qu'il n'avait pas été trop ridicule pour sa première tentative le mettait de bonne humeur. Comment empêcher un curieux d'aller visiter sa mémoire ? En attirant son attention sur autre chose ?
    Rogue reprit sa baguette.
    - Je compte jusqu'à trois. Un, deux trois. Legilimens.
    Harry regardait un vif d'or faire des zigzags. Il ne pensait qu'à la course chaotique de la petite balle dorée. Il la faisait aller à gauche, à droite... Puis soudain la bille de métal se figea en l'air et il vit Quirrell debout au milieu des tribunes, qui marmonnait des incantations. Le même Quirrell regardait le miroir du Rised. Le miroir devenait une porte. Une porte noire au fond d'un couloir...
    - Ouaps !
    Harry venait de perdre l'équilibre. Et se retrouva de nouveau par terre. Mais la douleur qu'il ressentait dans les genoux n'avait aucune importance. Il avait enfin compris quelque chose.
    - Pas mal, cette idée de vif, commentait Rogue. Mais le quidditch semble mener à des souvenirs désagréables. Je vous conseille de trouver une autre diversion. Ce sera... votre devoir à rendre la semaine prochaine. Nous en avons fini pour aujourd'hui. Il est inutile de vous fatiguer plus, ce serait contre-productif. Et de toute façon...
    - Vous aussi, vous avez besoin de dormir, quoi que puissent raconter les rumeurs, compléta Harry.
    - Quoi, celle du vampire est toujours en circulation ?
    Harry regarda ailleurs, embarrassé.
    - Faut croire...
    Rogue haussa les épaule.
    - Après tout, si ça peut leur faire plaisir... Entraînez-vous pendant les jours qui viennent. Je saurai si vous vous êtes exercé.
    - Compris, promit Harry. Je vais travailler.
    Il partit vers les quartiers de Serpentard, peu pressé d'y retrouver Malefoy et ses guignols. Par chance, la clique (hélas plus nombreuse qu'avant les vacances) qui l'entourait n'était nulle part en vue. Il n'y avait dans la salle commune que des têtes amies, ou du moins neutres. Théodore, Blaise et Sarah le pressèrent de questions dès qu'il fut à portée.
    - C'était comment ?
    - Étrange, dit Harry après un instant de réflexion. Il a dit que ça ressemblait à l'imperium, et c'est assez vrai. Il m'a dit de travailler à une tactique de diversion pour le prochain cours. En tout cas, je sais enfin d'où viennent ces rêves de porte au fond d'un couloir sans fenêtre que j'ai depuis des mois. C'est bel et bien au département des mystères, juste à côté des anciennes salles d'audience, au dernier niveau du ministère. Si Voldemort veut une prophétie, elle est enregistrée et gardée quelque part dans cette zone. Maintenant, ce serait chouette de savoir comment l'endroit est gardé. Il ne doit pas y avoir que des sorciers pour le surveiller, mais aussi un paquet de maléfices franchement vicieux.
    - On peut toujours essayer, dit Sarah d'un ton profondément sceptique. Salazar nous a appris des choses, lui aussi. Il a écouté une conversation entre Dumbledore et notre vieil ami le choixpeau. Outre le fait que Dumbledore n'est soudain plus très sûr que les cours d'occlumencie avec Rogue soient une bonne idée – ce qui amuse beaucoup le choixpeau – nous savons désormais pourquoi l'ami Sturgis Podmore a été envoyé à Azakaban. Il a été pincé alors qu'il tentait de s'introduire dans notre fameux département. Il a purgé un peu plus de la moitié de sa peine, et d'après ce que le vieux a raconté, il n'a pas la moindre idée de ce qui a pu le pousser à jouer les cambrioleurs.
    - Imperium, dirent Théodore et Blaise en même temps.
    - Sans aucun doute, approuva Sarah. Bon, je vous laisse. J'ai des plans de cours à préparer.
    - Et moi, dit Blaise, je vais donner un coup de main aux jumeaux. Ils ont sortis une nouvelle invention, un genre de chapeau qui te rend invisible, ou un truc comme ça. Faut que je voie comment on peut améliorer le sortilège. A demain.
    - Attendez, dit Harry. J’ai encore une dernière chose.
    Sarah et Blaise s’interrompirent.
    - C’est la raison pour laquelle Dumbledore a demandé ces cours: Voldemort a compris pour le coup des rêves. Il risque de m’attaquer de l’intérieur.
    Il y eu un inconfortable silence.
    Ce fut Sarah qui le rompit enfin.
    - Euh, dans ce cas, il vaut peut-être mieux que tu ne saches pas ce qu’il veut savoir, après tout. Ce serait comme récupérer un trésor dans un donj’ et se le faire arracher des mains à la sortie. On a presque évité cette erreur pour la pierre philosophale, autant ne pas la commettre pour cette prophétie.
    - Presque ? demanda Blaise
    - On a poursuivi Quirrell jusqu’au miroir, mais c’est Harry qui a obtenu la pierre et s’est fait attaquer, rappela Théo.
    - Je vois.
    La discussion tourna court et Blaise s’éloigna en même temps que Sarah, car Malefoy et une demi-douzaine de ses suivants venaient de revenir dans la salle commune. Le groupe bruyant s'installa près d'une des cheminées jumelles en détaillant les magnifiques vacances qu'ils avaient passées dans des endroits forcément luxueux. Les autres étudiants qui traînaient encore dans la salle quittèrent leurs sièges et gagnèrent leurs dortoirs sans faire de commentaires. Tant qu'on peut éviter le conflit...
    Harry alla rapidement se coucher. Sa première incursion dans le domaine de l'esprit l'avait laissé très fatigué. Avant d'éteindre sa lampe, et malgré les interdictions répétées d'utiliser des sortilèges en dehors des salles de classe, il entoura son lit d'une bulle de silence. La première fois qu'il avait eu une vision, par chance, Malefoy était absent, mais à présent que le nobliau était revenu, mieux valait ne pas prendre de risques. Harry souffrait d'une migraine épouvantable, comme si on lui fendait la tête en deux.
    Et pourtant, il était très heureux. Il ressentait une joie immense. Quelque chose de grand venait de se produire, quelque chose qui le mettait d'une humeur radieuse...
    Non, tout cela ne lui appartenait pas. Il tenta de se dégager, mais c'était comme de vouloir s'extraire d'un marécage. Il se débattit un long moment, tentant de se concentrer sur un souvenir fort comme le lui avait appris Rogue, avant d'émerger enfin, le souffle court, la tête comme chauffée à blanc.
    Sa bulle de silence avait tenu. Goyle était entrain de ronfler à quelques mètres et ne s'était aperçu de rien.
    Qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour mettre Voldemort d'aussi bonne humeur ?

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    Message par Mel72000 Mar 13 Juil - 23:36

    J'attendais ce chapitre et la leçon d'Oclumencie depuis longtemps, je suis vraiment heureuse de l'avoir lu.
    Bon, je vais faire un tour sur Fanfiction.net pour voir si vous avez posté le chapitre d'Hypothèse tome 1...

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    Message par Raven Dim 26 Sep - 17:34

    Oh la ***** de moi ! Je ne réalisais pas que cela faisait aussi longtemps...
    Bon, comme j'en ai marre de harceler pour rien une certaine personne, je poste en solo.


    Chapitre 25 : la Grande Evasion

    Harry sut très vite ce qui avait mis Voldemort dans une joie aussi démente. La nouvelle tomba dès le lendemain matin.
    A la table du petit déjeuner, Sarah était – comme toujours – environnée d'une nuée de journaux, de papiers et d'enveloppes, et lorsqu'il arriva, elle lui mit la Gazette sous le nez sans commentaire. Le visage qu'elle arborait l'en dispensait, de toute façon.
    La première page était remplie par dix photos, neuf hommes et une femme. Les personnages s'agitaient ; certains semblaient trouver le temps long, d'autres toisaient les lecteurs avec une infinie arrogance. Chacun de ces portraits était accompagné d'une légende décrivant les crimes commis par les sorciers représentés.
    Le premier de la série était Antonin Dolohov, un type au visage chevalin, condamné à perpétuité pour le meurtre des frères Prewett. Ainsi, c'était cet homme qui avait abattu les oncles de Ron et Ginny...
    A côté, la photo suivante montrait Augustus Rookwood, un sorcier à la figure dévorée de variole, qui regardait d'un air barbé le cadre de son image, bouclé à vie pour avoir transmis des informations secrètes à l'ennemi.
    Ensuite, un visage que Harry connaissait bien pour l'avoir vu et revu à Grimmauld Place : les cheveux épais, les paupières lourdes et la moue dédaigneuse de Bellatrix Lestrange. Après elle venaient son mari et son beau-frère, tous deux condamnés pour les mêmes crimes qu'elle. Rodolphus avait une mine de rat, songea Harry. Il était plutôt petit, très mince et le regard fuyant. Rabastan, par contraste, faisait figure d'ours.
    Au-dessus de ce trombinoscope du crime s'étalait un titre en gros caractères :

    EVASION MASSIVE D'AZKABAN
    LE MINISTERE CRAINT QUE BLACK NE SOIT LE "POINT DE RALLIEMENT" D'ANCIENS MANGEMORTS

    - Qu'est-ce que ça veut dire ? grogna Théodore. Ils ressortent leur vieille lubie de Sirius Black pour expliquer ce m... bourbier ?
    - Tschh... C'est pas demain la veille qu'ils abandonneront la fatwa qu'ils ont mis sur lui. Continuons à lire, ça risque d'être instructif, le coupa Sarah.

    Le ministère de la Magie a annoncé tard dans la nuit qu'une évasion massive avait eu lieu à Azkaban.
    Recevant les reporters dans son bureau personnel, Cornélius Fudge, ministre de la magie, a confirmé que dix prisonniers sous haute surveillance
    (Apparemment pas assez) s'étaient évadés hier en début de soirée et qu'il avait déjà informé le Premier Ministre moldu du caractère dangereux de ces individus (J'ose pas imaginer sa réaction).
    "Nous nous trouvons malheureusement dans la même situation qu'il y a deux ans et demi, au moment de l'évasion de Sirius Black, l'assassin bien connu (Non, en fait vous êtes dans la situation inverse), nous a déclaré le ministre Fudge. Nous pensons d'ailleurs que les deux affaires ne sont pas sans rapport (Qu'est-ce qu'il faut pas lire...) Une évasion de cette ampleur laisse supposer l'existence d'un concours extérieur (Voldemort et Lucius Malefoy) et il faut savoir que Black, qui est la première personne à s'être jamais échappée d'Azkaban, serait idéalement placé pour aider d'autres détenus à suivre ses traces (En étant supposément en cavale ? Très crédible...). Il nous semble très probable que ces individus, parmi lesquels figure Bellatrix Lestrange, cousine de Black, se sont rassemblés autour de Black, qu'ils considèrent comme leur chef (Si c'était pas si désolant, j'en rirais). Nous faisons cependant tout ce qui est en notre pouvoir (A savoir pas grand-chose) pour retrouver les criminels et nous demandons instamment à l'ensemble de la communauté sorcière de rester prudente et de manifester la plus grand vigilance. En aucun cas ces individus ne doivent être approchés (Enfin une mesure de bon sens...).
    - Et tant qu'on y est, grogna Sarah, pourquoi ne pas leur envoyer une copie du Top 100 des Trucs à Faire quand on est Seigneur du Mal ? Ils ont déjà quartier libre pour faire ce qu'ils veulent, on ne les cherche pas au bon endroit, c'est vrai, il ne reste plus qu'à leur filer un mode d'emploi pour leur éviter de faire des erreurs comme la première fois, et ce sera parfait.
    - Et pour couvrir leur incompétence, ils inventent encore des salades, soupira Blaise. C'est pas comme si Fudge allait reconnaître d'un seul coup qu'il avait tort et que pour une fois, le vieux schnock avait raison, et que les détraqueurs ont retourné ce qui leur tient lieu de veste.
    - Grmbl... fit Sarah. Continuons à lire... Alors, actualités économiques, que dalle. International, bla bla bla... Mais y'a rien là-dedans ! Ils savent qu'il y a une planète en dehors de la Grande-Bretagne, à la Gazette ?
    - Ne te fatigue pas, souffla Blaise. Par expérience, je sais que les sorciers de l'île font partie des plus arriérés qui soient. Le continent est beaucoup plus moderne. Chez eux, c'est Ombrage qui serait saquée à la première occasion.
    - Quand est-ce qu'on émigre ?
    Harry songea que cette option revêtait de plus en plus de charme à ses yeux. Peu d'élèves lisaient le journal, à l'exception de Luna et Padma chez les Serdaigle, et de Granger et du clan Weasley chez les Gryffondor. Par contre, tous les professeurs semblaient avoir déjà étudié l'article et en discutaient à leur tablée. Chourave avait appuyé le quotidien contre une bouteille de ketchup pour lire plus à son aise, et Sinistra sur son pichet de jus de citrouille. Sans surprise, Rogue avait déjà transformé son exemplaire en une série d'allume-feu pour son prochain cours, l'air profondément blasé.
    - Et qu'en dit le crapaud ? susurra Lucy Zabini entre deux bouchées d'œuf sur le plat.
    - Elle massacre son porridge tout en regardant le vieux et McGonagall comme si c'était eux qui avaient donné les clefs d'Azkaban aux types en cavale... ou qu'ils avaient trafiqué la Gazette d'aujourd'hui pour répandre de fausses rumeurs, répondit Théodore. En tout cas, ce qui se passe ce matin ne lui plait pas du tout. Rien d'étonnant à ça, ceci dit. Le monde n'est pas aussi rose qu'elle le voudrait.
    - Faits divers... marmonna Sarah. Tiens ? Un macchabée qui sort de l'ordinaire. Quelqu'un connaît Broderick Moroz ?
    - Ouais, approuva Harry. Il était dans le mour... la section des cas désespérés de Sainte-Mangouste. Incapable de parler ni rien. Il est mort ?
    - Yep, et assez bizarrement... Quelqu'un lui aurait offert une plante en pot qui s'est avérée être un Filet du Diable...
    - On s'en souvient, de celui-là, commenta Harry.
    - Semblerait que même petit, ce soit déjà dangereux. Il a étranglé Moroz.
    - Une plante agressive qui tente de tuer tous ceux qui la touchent, ça passe difficilement inaperçu, n'est-ce pas ? dit Sarah d'un ton sinistre. C'est le cadeau idéal pour les gens qui ont été témoins de choses pas nettes et qui commencent à recouvrer la santé. Don Corleone aurait fait des bassesses pour en avoir une bouture.
    Les membres de l'équipe s'entre-regardèrent.
    - Voldemort : un, phénix : zéro, commenta platement Zabini. Qu'est-ce qu'il avait de si important, ce type ?
    - Attends, je demande à l'encyclopédie sur pattes, intervint Sarah.
    Elle produisit de nouveau son petit miroir de poche et envoya une série de signaux lumineux en direction de la table des Gryffondor. Bientôt, de brefs éclats lui répondirent.
    - Langue de plomb, traduisit-elle au bout de quelques minutes. Ce sont des gars qui travaillent au département des mystères. Décidément, il insiste... Bon, faut que je vous laisse, on a des choses à régler.
    Les garçons la regardèrent partir d'un air perplexe. Daphné Greengrass leur fit signe de laisser tomber, avec un petit sourire indulgent. Puis Hagrid arriva sur ces entrefaites, le visage encore violacé, la mine guère réjouie. Il leur fit un grand signe de la main, mais pas longtemps car son épaule semblait elle aussi le faire souffrir. Il alla ensuite parler à Ron et Ginny, et Harry remarqua leurs visages indignés. Ombrage avait encore dû mettre son vilain nez plat dans les affaires du garde-chasse.

    Les jours suivants furent à la limite du supportable. Sarah complotait sans rien dire, et tous les autres n'avaient que l'évasion à la bouche. La mort affreuse du malheureux Moroz ne troublait personne, en admettant que quelqu'un d'autre que Dumbledore s'en fût aperçu. Des histoires fabuleuses commencèrent à circuler : la cabane hurlante servait de cachette aux évadés, ils allaient attaquer Poudlard avec Black... Harry finit par se décider à en parler à Sirius, surtout pour le dissuader de venir au château, et déballa l'objet que lui avait confié son parrain. Il s'agissait d'un petit miroir à main, accompagné d'une notice indiquant son mode de fonctionnement. Harry l'essaya à plusieurs reprises, mais n'obtint aucune réponse. Dépité, il enfouit le miroir au fond de sa valise, sous la garde du livre des monstres. Seul Salazar parvint à lui apporter un peu de nouveau.
    - Dumbledore pense que Moroz a été victime de Lucius Malefoy et d'un sortilège de confusion puissant. Normal, c'est le seul mangemort qui peut fréquenter régulièrement le département des mystères. Il a dû vouloir obliger le bonhomme à lui rapporter la prophétie, mais il y est allé un peu fort. De ton côté, ça va comment ?
    - Moi, c'est correct. Mais depuis que le club des dix s'est fait la malle, ceux qui ont eu des proches tués ou blessés par ces malades sont littéralement harcelés par les autres élèves. Bones est au bord de la dépression, Ginny et ses frères vont exploser d'ici peu, et ainsi de suite... Oh, et Neville a déjà envoyé un livre à la tête d'un idiot qui lui posait des questions sur ses parents.
    - Londubat a fait ça ?? s'étouffa Salazar. Eh ben...
    - Mais tout de même... Ça commence à réfléchir. Pas mal d'étudiants ne croient pas vraiment à ce que raconte la Gazette.
    - Et ils se disent que finalement, p'têt' bien que le jeune Tom est de retour parmi nous, c'est ça ? Mais c'est parfait, ricana Salazar. Bientôt, le crapaud va avoir du mal à gérer ses relations publiques.
    - Elle flique tout le monde, répliqua Harry. Ça va pas être simple d'aborder le sujet sans l'avoir sur le dos. Quelqu'un t'a parlé de son nouveau décret ?
    - Oui, le jeune Zabini. C'est pas triste, grogna le petit homme de bois.
    En effet, le crapaud (pardon à tous les batraciens) avait tout récemment fait très fort avec un énième décret d'éducation, qui figurait désormais en bonne place sur tous les tableaux d'affichage.

    PAR ORDRE DE LA GRANDE INQUISITRICE DE POUDLARD
    Il est à présent interdit aux professeurs de communiquer aux élèves
    toute information qui ne serait pas en rapport direct
    avec la matière qu'ils sont payés pour enseigner.
    Conformément au décret d'éducation numéro 26.


    Traduction en langage non-administratif : si vous tenez à votre paye, bouclez-la.

    Nombre d'apprentis sorciers de toutes maisons s'étaient emparés de cet oukase pour en faire un vaste sujet de blagues. Lee Jordan avait démarré les hostilités en signalant à Ombrage qu'en vertu de cette nouvelle règle, elle ne pouvait en aucun cas mettre une colle aux jumeaux Weasley qui jouaient à la Bataille Explosive pendant son cours, puisque ce jeu n'avait rien à voir avec la défense. Le pauvre Lee fit rapidement connaissance avec la plume d'Ombrage, en dépit des menaces de Dumbledore et de McGonagall. La vieille Écossaise vit rouge après cela, récupéra l'objet du délit avec un accio bien placé, et le mit sous les verrous... quelque part où on n'en entendrait plus parler. Le gag suivant fut offert par un Serdaigle pendant un cours d'astronomie. Le garçon, d'origine moldue, était arrivé avec un élastique à boucles qu'il avait fixé sur un créneau de la tour, et s'apprêtait à sauter quand ses camarades l'arrêtèrent. Il répondit paisiblement que le saut à l'élastique n'avait aucun rapport avec l'astronomie et qu'en conséquence le professeur Sinistra ne pouvait pas lui interdire de le pratiquer ou l'avertir que c'était dangereux. Une fois que Rogue lui eut expliqué le principe de ce sport étrange, Sinistra parut décidée à tenter elle-même l'expérience.

    Les victimes suivantes de la politique soviét... de rigueur du ministère furent Hagrid et Trelawney.
    Ombrage semblait déterminée à faire passer sa frustration sur ceux qu'elle jugeait être les maillons faibles du corps enseignant. Leurs cours voyaient désormais quotidiennement la présence de l'insupportable fonctionnaire qui prenait des notes, interrompait, posait des questions pointues. A la surprise générale, Trelawney encaissait le choc mieux qu'Hagrid, bien que Harry l'eût déjà croisée dans les couloirs, la démarche peu assurée et sentant l'alcool presque autant que Sirius. Beaucoup de gens paraissaient croire que le courage pouvait se trouver au fond d'une bouteille... Mais l'astrologue se cramponnait fermement à son poste. En fait, ses cours n'avaient jamais été aussi intéressants. De son côté, Hagrid avait bien retenu les leçons d'Hermione et Sarah, et n'amenait plus que des créatures relativement inoffensives, à l'exception d'un Croup, animal ressemblant fortement à un fox-terrier, et souvent employé à la chasse aux Moldus. Un élève suggéra par voie d'affichage d'en offrir un à Ombrage, sans prendre la peine de vérifier l'arbre généalogique de la dame. Par bonheur pour celui ou celle qui avait commis cette proposition, il ou elle demeura anonyme.

    Si Ombrage mettait les bouchées doubles pour parvenir à ses fins, elle n'était pas la seule. Les étudiants de l'A.P. travaillaient eux aussi d'arrache-pied pour améliorer leurs résultats en défense. Même les Poufsouffle les plus indécis faisaient des progrès appréciables. Il semblait que l'annonce de l'évasion avait mis de la dynamite dans leur moteur personnel. Quant à Londubat... Harry se disait que dans très peu de temps, Rogue allait se douter de quelque chose. Neville n'avait plus rien cassé ni fondu en potions depuis des jours. Il ne bégayait presque plus et se défendait avec énergie à chaque nouvelle session de l'A.P. Certains avaient carrément demandé à Harry de ne plus l'avoir comme partenaire, pour éviter de valser à l'autre bout de la salle sur demande.
    Sur le front de l'occlumencie, Harry commençait à être satisfait de ses leçons. Il rêvait un peu moins souvent du fameux couloir, et Voldemort ne s'était plus manifesté. Pour le moment. Sarah insista à plusieurs reprises pour avoir des détails sur ces cours, mais après que Rogue eût assuré que son art n'était malheureusement pas une protection suffisante contre les dragons, elle oublia l'idée. Elle avait par ailleurs beaucoup trop de devoirs pour consacrer ne fût-ce qu'une heure à maîtriser la fermeture de son esprit. En dépit d'un faible nombre d'options, Sarah croulait sous les parchemins à rendre, et il en allait de même pour tous ses condisciples. Harry se demandait comment les enseignants pouvaient s'imaginer qu'un niveau de stress record et des nuits sans sommeil constituaient une saine préparation à une semaine d'examens...

    Le mois de février arriva sans crier gare, et le 14 se rapprochait à une vitesse inquiétante. Harry avait beau se dire que Ginny n'était pas du genre à se prendre la tête pour les petits riens qui formaient la plus grande part de la vie sociale des autres filles, il préféra ne rien laisser au hasard, et s'habilla très soigneusement lorsque la Saint-Valentin pointa le bout de son nez par les fenêtres. Par chance, Ombrage ne partageait pas les idées de Lockhart sur cette journée, et la décoration du réfectoire avait conservé sa sobriété habituelle. Juste avant d'entrer, il repéra Hermione et Sarah qui épluchaient un courrier, l'air très satisfaites.
    - Tiens, Harry, tu tombes à pic, lança gaiment Cobbyte. Nous allons avoir besoin de toi.
    - Je suis déjà pris, prévint-il en riant.
    - Avec Ginny, je sais, coupa Sarah. C'est pas grave, elle pourra participer aussi. Tu peux venir aux Trois Balais vers midi ? Discrètement ?
    - Pas de problème. Mais pourq...
    - Pas ici. Les murs ont de TRÈS grandes oreilles.
    Harry renonça à poser des questions. Il avait pris l'habitude, à présent, de faire ce que Sarah disait sans demander de détails, puisqu'elle ne les donnerait pas avant d'avoir mis son plan à exécution.
    Le petit déjeuner se passa sans encombres et Harry fila hors du réfectoire pour attendre Ginny hors de la cohue.
    Elle arriva avec un grand sourire, chaudement enveloppée d'une longue écharpe, d'un manteau de laine et de gants, mais elle avait pensé à mettre dans ses cheveux flamboyants la barrette ornée de pierres vertes qu'il lui avait achetée pour le bal de Noël l'année précédente.
    - Salut, lança-t-elle joyeusement. On descend ?
    - A vos ordres, miss, répondit Harry en s'inclinant devant elle.
    Rusard visa leurs autorisations de sortie et ils furent enfin libres. Tandis qu'ils avançaient sur l'allée menant au portail, Ginny jeta un regard navré vers le terrain de quidditch.
    - Quand je pense que Ron et les nouveaux batteurs doivent s'entraîner aujourd'hui...
    - Non, sérieux ? Angelina exagère un peu, je trouve, compatit Harry.
    - Oui... En plus, je crois que Ron s'était trouvé quelqu'un pour sortir à Pré-au-Lard. S'il a de la veine, il aura encore cette après-midi pour se rattraper.
    - Qui est-ce ?
    - Pas dit. Je finirai bien par le découvrir.
    Les grilles franchies, ils descendirent la route de terre vers le village. D'autres couples prenaient le même chemin en bavardant, et Harry s'amusa à les détailler. Sans surprise, Blaise emmenait Padma Patil avec lui d'un air conquérant. Théodore n'était nulle part en vue, ce qui chagrina son camarade. Ceci dit, peut-être s'était-il trouvé un rendez-vous dans un endroit plus discret. Ginny ricana quand ils furent dépassés par Malefoy et Parkinson, puis par Cho Chang et Michael Corner.
    - Elle n'a pas perdu de temps pour se consoler, remarqua aigrement la Gryffondor.
    - Eh, oublie-la un peu, coupa Harry. Où veux-tu aller ?
    Ginny réfléchit un instant.
    - Commençons par faire les magasins. Ensuite, nous pourrons toujours aller aux Trois Balais.
    Harry soupira intérieurement de soulagement.
    - J'ai cru comprendre que Granger et Sarah nous y mijotaient quelque chose, ajouta-t-elle d'un air innocent.
    Harry déchanta.
    Ils parcoururent le village en tous sens, explorant les nouvelles inventions de Zonko et de Honeydukes. Des affiches avaient été collées sur les vitrines, comme du temps où Sirius était l'ennemi public numéro un. La différence majeure était que les détraqueurs brillaient par leur absence. Comment avouer qu'ils avaient échappé au contrôle du ministère ?
    La pluie commença à tomber alors que le tandem sortait de chez Derviche et Bang.
    - Café, décréta Ginny.
    Harry ne se fit pas prier pour la suivre en direction des Trois Balais.
    Le décor avait été changé pour l'occasion, mais sans fanfreluches ou renfort de peinture rose. C'était tant mieux, car le Serpentard n'aurait pas toléré de déjeuner dans une réplique du bureau d'Ombrage. Quelques semis de confetti assez discrets ornaient les tables et le comptoir où Rosmerta s'activait, vêtue d'une robe fuchsia qui se repérait de loin. Point de Sarah en vue, mais Théodore, en pleine discussion dans un coin avec une fille blonde dont on ne voyait que la longue crinière pâle. Puis Harry entraperçut une boucle d'oreille en forme de bolet...
    Les deux apprentis sorciers s'installèrent à une table éloignée de la porte et commandèrent deux bièraubeurres en attendant l'heure de déjeuner. Puis ils commencèrent à parler. Quidditch, A.P., Ombrage, les sujets ne manquaient pas, et c'était parfait pour Harry, qui se sentait aussi adroit que Londubat lorsqu'il s'agissait d'aborder les sentiments qu'il vouait à l'orageuse rouquine assise en face de lui. Il ne voyait pas comment traduire en mots l'impression de libération qu'il éprouvait chaque fois qu'il se trouvait avec elle, comme si tous les soucis, cette histoire de prophétie et Voldemort avaient cessé d'exister.
    Malheureusement, sa petite bulle éclata brusquement quand Hagrid entra dans le pub pour prendre un verre. Le garde-chasse vint directement à leur table et Ginny se retint tout juste de lever les yeux au ciel. La figure tuméfiée d'Hagrid était parfaite, il est vrai, pour vous enlever toute idée de rendez-vous galant pendant un moment. Par chance, il ne resta que le temps de leur souhaiter une aussi bonne journée que possible, avant de marmonner quelque chose à propos d'un énorme travail qui l'attendait, et des histoires de famille à régler. Les deux ados le regardèrent partir avec ahurissement.
    - Je ne sais pas ce qu'il mijote encore, mais j'espère bien qu'il ne va pas nous l'amener en cours. Ou alors j'abandonne son option l'année prochaine, prévint Ginny.
    - C'est ce que j'ai prévu de toute façon, décréta Harry. Si j'ai vraiment envie d'apprendre des choses sur les créatures magiques, ce sera à la bibliothèque, et sans attraper la mort sous la pluie.
    Ginny approuva gravement.

    Ils causaient encore de petits riens, des dernières trouvailles de Fred et George et des écoutes de Salazar, quand Hermione et Sarah les rejoignirent, traînant avec elles la dernière personne qu'Harry avait envie de voir, ce jour-là comme les autres : Rita Skeeter.
    Voyant cet étrange équipage, Théodore et Luna quittèrent leur table et se rapprochèrent.
    - Vous êtes en avance, remarqua le jeune homme.
    - Quelqu'un pensait avoir flairé un bon scoop, ricana Sarah.
    - Si j'avais su que vous rencontriez cette bonne femme, grommela Harry, j'aurais pensé à ramener une bouteille d'insecticide...
    Rita lui jeta un œil passablement inquiet, avant de prendre place à la table la plus éloignée de la porte, toujours encadrée par les deux filles. Harry s'assit à son tour, ainsi que ses trois autres comparses. Rita semblait dévorée de curiosité à l'égard de Ginny et sa main se dirigea vers l'ouverture de son sac, mais le regard noir de Granger lui ôta toute envie d'écrire pour le moment.
    - Qu'est-ce que vous avez encore inventé ? demanda Harry, en regardant plus spécifiquement Sarah.
    Celle-ci se fendit d'un sourire... diabolique.
    - Il se trouve que nous avons eu une idée, Granger et moi, pour assurer un minimum de couverture médiatique à ton histoire. Enfin... Granger m'a donné les moyens d'assurer une couverture médiatique à cette affaire, pour être plus exacte.
    Elle coula un regard narquois en direction de Rita Skeeter, laquelle semblait avoir bien du mal à contenir ses envies meurtrières vis-à-vis de la jeune fille.
    - Et comment comptez-vous vous y prendre ?
    - Simple, décréta Sarah. Si Miss Rita ici présente ne t'écoute pas et ne prend pas la peine de réaliser une entrevue dans les règles de l'art pour la faire publier, nous envoyons sur-le-champ un courrier au ministère pour leur signaler qu'il y a un animagus de scarabée non déclaré qui se balade dans la nature. Et nous leur disons aussi où la trouver.
    Rita parut sur le point d'étouffer. Le cramoisi de son visage allait très mal avec les restes de son ancienne gloire, songea Harry. Ses lunettes rose vif avaient perdu quelques-unes de leurs fausses pierres, ses ongles n'étaient plus si soignés, pas plus que sa coiffure, que la laque avait désertée. Sa robe n'avait pas dû voir un fer à repasser depuis un moment. Il ignorait combien Sarah comptait payer l'affreuse bonne femme, mais n'importe quelle somme serait sans doute la bienvenue.
    - Que voulez-vous que j'écrive ? grogna-t-elle en montrant presque les dents.
    - Quelque chose de plus réaliste que les salades du ministère à propos de Voldemort, répondit Hermione.
    - Passez-lui une serviette, demanda Sarah, alors que Skeeter tentait d'éponger le whisky qu'elle avait répandu sur sa robe à la mention du nom de l'ennemi public numéro un.
    - Vous voulez dire... un récit exclusif de ce qui s'est passé pendant le tournoi des Trois Sorciers ?
    Théodore dissimula son sourire dans le contenu de son verre. La vieille Skeeter avait avalé l'hameçon avec la ligne et le flotteur en prime. C'était si simple de savoir par quel biais la prendre.
    - Oui, c'est ce que nous avons en tête, confirma Hermione.
    - Oh, j'imagine le titre : « Potter accuse », avec en sous-titre : « Harry Potter révèle les noms des Mangemorts qui se cachent parmi nous »... Voilà qui ferait vendre, c'est certain.
    Son expression ravie mourut peu à peu tandis que les six apprentis sorciers la fixaient avec une intensité que d'aucuns auraient jugée prédatrice. Oui, même Luna Lovegood avait l'œil dur et brillant de l'emblème de sa maison en observant la journaliste.
    - Mais personne ne publiera jamais une telle histoire, reprit Skeeter avec une pointe de déception.
    - Rapport à la ligne officielle du parti... euh, de la Gazette, veux-je dire ? interrogea rudement Sarah. Monsieur le Ministre n'accepterait pas de voir paraître ce type d'article ?
    - Évidemment, répondit Rita d'un ton hautain. Fudge contrôle ce qui passe dans le journal, et je puis vous garantir que CA ne verra jamais le jour. Et de toute façon, personne n'a envie de lire quelque chose qui présenterait Harry et Dumbledore sous un jour positif. Personne ne veut croire que Vous-savez-qui est revenu. Cette évasion a déjà suffisamment inquiété les gens. Non, si la Gazette veut vendre, elle ne fera rien de tout cela.
    - A moins, bien sûr, que nous ne le fassions paraître dans un autre périodique, pointa Hermione.
    Tout d'un coup, Harry comprit pourquoi Luna, que Granger ne tenait pourtant pas en grande estime, se trouvait à leur table.
    - Et que suggère Miss Parfaite Je Sais Tout ? ironisa la gratte-papiers.
    - Le directeur du Chicaneur a accepté de publier l'entrevue, énonça Hermione.
    Skeeter faillit s'étrangler avec son whisky, toussa, émit un grognement avant de se perdre dans un éclat de rire franchement méprisant. Plusieurs clients se retournèrent vers leur petit groupe avec curiosité, voire un peu d'inquiétude.
    - Le Chicaneur ! ricana-t-elle. Cette feuille de chou est tout juste bonne à servir de papier-toilette !
    - C'est mon père qui dirige le journal, dit Luna d'un ton paisible, comme si la reine du scandale ne venait pas d'insulter le journal en question.
    A voix basse, Théodore apprit à Harry que Mr Lovegood était aussi l'imprimeur, le rédacteur, le service d'abonnements et le publicitaire de son papier. En somme, une petite industrie à lui tout seul, à qui on ne pouvait reprocher, justement, que d'être si petite, et de générer aucun emploi autour d'elle, bien que le besoin s'en fît ressentir. Mais les sorciers avaient du mal à intégrer la notion de processus industriel et de production de masse.
    - Enfin, puisque vous trouvez le niveau du Chicaneur si bas, vous devriez apprécier une occasion de le relever, rétorqua Granger. Voilà une première page qui risque de faire date, ne croyez-vous pas ?
    - Mais qui va prendre au sérieux un article publié dans ce torchon ? s'indigna Skeeter.
    - Sans doute pas tout le monde, intervint Théodore, mais des gens trouveront les explications de Harry à propos du tournoi et du reste sans doute plus cohérentes que les propos lénifiants tenus par Fudge. Peu importe qu'elles soient publiés dans un... dans un journal un peu à part. Ça va leur plaire.
    Rita finit son verre et réfléchit un bon moment. Puis elle ouvrit son sac et déballa son matériel.
    - Et je serai payée combien pour ça ?
    - Ça dépendra de la qualité de votre travail, dit sèchement Sarah. Si c'est bien fait, vous nous trouverez généreux.
    Hermione parut sur le point de dire quelque chose, mais la Serpentard lui jeta un regard plein d'un amusement froid.
    - Il ne faut jamais décourager les bonnes volontés. Prêt, Harry ?
    - Autant qu'on peut l'être.
    - Alors allons-y, lança Skeeter en affûtant sa plume.

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    Message par Mel72000 Dim 26 Sep - 20:05

    Comment dire, c'est magnifique de pouvoir lire cette suite qui est toujours à la hauteur de mes espérances !

    Je vois bien Sarah et Hermione fonder leur propre journal, pour mettre fin au quasi monopole de la Gazette du Sorcier.

    J'aime bien Harry, très attentionné envers Ginny... D'ailleurs on le sent dès le tome 2 quand il est près de s'évanouir à l'annonce de son enlèvement
    Je me demande si Sarah finira par apprendre légilimencie ou occlumencie, même si c'est inefficace contre les dragons, c'est bien utile pour arna, heu, escro, heu, faire des affaires avec les sorciers...

    J'aime bien l'humour des élèves face aux décrets d'ombrage : on n'a plus affaire à des moutons apeurés mais à des personnes dignes de ce nom !

    Bon, je suis impatiente de savoir la suite, j'espère que tu pourras à nouveau contacter ton co auteur !

    Merci encore pour ce bon moment que je viens de passer !

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    Message par Raven Dim 31 Oct - 18:25

    Salut les buveurs de thé !
    Nouveau chapitre en ligne ! Very Happy

    Chapitre 26 : Vu et Imprévu

    Le Chicaneur ne publierait sans doute pas l'entrevue dans sa toute prochaine édition, avait prévenu Luna. Son père travaillait pour l'heure sur un important article concernant les créatures fantastiques, et le reste passait au second plan. Blaise, volontiers paranoïaque par moments (sans atteindre les sommets de Maugrey, cependant), se demandait si papa Lovegood n'était pas à la solde du ministère, pour retarder ainsi la parution de l'entretien. Théodore opinait plutôt qu'un journaliste qui s'autofinançait, et ne dépendait donc pas dudit ministère, avait plus de latitude pour écrire ce qu'il voulait, et si ses lecteurs avaient envie de lire des histoires de bestioles bizarres et de sorciers qui montaient dans la lune, c'était leur droit.
    Depuis la rencontre avec Skeeter, le garçon semblait être sorti de sa coquille. Alors que Harry était prêt à passer sous silence la présence du vieux Mr Nott parmi les partisans de Voldemort, son camarade avait au contraire lourdement insisté sur ce point. Dans l'attente des résultats de leur démarche, ils se rongeaient tous les deux les ongles.
    Peu de gens étaient au courant de leur démarche, mais de ceux-là ils reçurent néanmoins un soutien sans faille. La seule qui regrettait un (tout petit) peu cette escapade journalistique était Ginny. L'entrevue avait duré si longtemps que lorsque Skeeter avait pris congé, il avait fallu rentrer au château. Pour une Saint-Valentin, c'était un peu léger, Harry devait bien en convenir, et il dut promettre de se rattraper à la prochaine occasion. Du moins, si Dean Thomas lui en laissait l'occasion. Le Gryffondor lui avait jeté des regards assassins pendant tout le dîner du 14 février, et les deux jours suivants, il ne l'avait pas mieux considéré. Harry en avait mentalement levé les yeux au plafond. Il ne lui manquait plus qu'un jaloux pour compléter sa galerie des calamités... Mr Thomas ne rêvait déjà que bagarre avec les serpents depuis que, selon ses dires, Blaise Zabini avait corrompu les jumeaux Weasley. Certes, le trio infernal passait beaucoup de temps à concocter potions et sortilèges dans des recoins discrets de l'école, mais Harry, ou même Sarah, aurait été bien en peine de dire qui avait contaminé l'autre...
    Et ce n'était pas le Quidditch qui allait détendre l'atmosphère chez les rouge et or. Ils s'étaient fait piler par les Poufsouffle lors de leur dernier match. Le gardien et l'attrapeuse n'avaient pas démérité, mais que faire quand ni les batteurs ni les poursuiveurs ne sont à la hauteur ? Les deux autres maisons jugèrent plus prudent de ne pas manifester leur avis sur le résultat et d'attendre que la vapeur retombât un peu. Même si Serpentard était fichtrement bien parti pour remporter la coupe cette année...
    La coupe, cependant, était bien le dernier des soucis de Harry. Depuis qu'il avait été viré de l'équipe, il avait nettement plus de temps libre pour s'atteler aux montagnes de devoirs qui l'attendaient, et surtout, pour s'attaquer à l'occlumencie de Rogue. Il ne savait pas s'il était vraiment bon ou pas, mais pendant les huit semaines qui suivirent la rentrée, il ne fit pas le moindre cauchemar. Aussi, lorsqu'une nuit l'image obsédante du couloir fermé par une porte noire, revint, il fit un gros effort le lendemain matin pour en noter tous les détails. Cette fois, elle était entrouverte et laissait filtrer une lueur bleue. Le sentiment d'impatience grandissait. Il le rapporta aussi fidèlement que possible à Rogue.

    Harry ne savait pas encore que son directeur avait pu tirer de ce qu'il avait vu quand sa petite campagne de presse commença à porter ses fruits.
    Comme toujours au petit déjeuner, la table devant Sarah était encombrée d'une pile de papiers. Elle avait la Gazette, un journal moldu, des lettres. Elle paraissait follement s'amuser. Pour une fois, elle n'était pas la seule de la tablée à lire les nouvelles avec attention. Beaucoup d'élèves souhaitaient, pour diverses raisons, en savoir plus sur les mangemorts évadés.
    - Tu es dans le journal, dit Sarah sans lever le nez de son courrier, alors que Harry prenait place.
    - Comment savais-tu que c'était moi ?
    - Ta façon de marcher. Tiens, ajouta-t-elle en lui tendant un exemplaire du Chicaneur.
    Il le déplia discrètement sous la table. La une était assez alléchante pour faire venir des lecteurs supplémentaires. Papa Lovegood s'y connaissait en publicité.

    HARRY POTTER PARLE ENFIN :
    LA VÉRITÉ SUR VOUS-SAVEZ-QUI ET LE RÉCIT DE SON RETOUR


    L’article s’étalait sur plusieurs pages, encadré d’histoires de l’acabit habituel sur les colonnes extérieures. Le compte-rendu de la séance occulte du cimetière, assez fidèle pour une fois, résidait entre un texte sur les tortues et une histoire d’aiguilles à tricoter légendaires.
    - Attends-toi à recevoir pas mal de courrier aujourd'hui, mon vieux, murmura Théodore après avoir jeté un œil sur le périodique.
    De fait, un hibou vint se poser devant Harry dans les dix minutes qui suivirent. Puis un autre. Puis encore trois, puis toute une tribu de rapaces qui se bousculaient pour distribuer leurs missives. Ses voisins triaient les lettres et chassaient les oiseaux, tandis que les plus jeunes se rapprochaient vivement pour voir de quoi il retournait. Sous le regard étonné du reste de l'école, une dizaine de Serpentard commença à éplucher le courrier tout en éjectant plumes et enveloppes déchirées qui allaient s'entasser par terre en un amas de plus en plus volumineux. Des exclamations ravies ou dépitées saluaient chaque lecture.
    - Celui-là dit que tu devrais te faire soigner, dit Rena Fallstar, grognon.
    - Et celle-ci est vraiment convaincue, dit Beline Urquhart en agitant une feuille.
    - Le mien est plutôt partagé, grogna son frère Philip.
    - Hé, celui-là est bon. « Après avoir lu votre version de l'histoire, je suis bien obligé d'admettre que la Gazette vous a traité très injustement, pour ne pas dire qu'elle a menti. Bien que je ne veuille vraiment pas croire que Vous-savez-qui soit de retour, je suis forcé de reconnaître que vous avez dit la vérité », plastronna Robert FitzRoy. Excellent ! Millie, elle dit quoi, la tienne ?
    - C'est un type un peu sceptique, mais qui pense quand même que la version de la Gazette présente trop d'incohérences pour être crédible.
    - Cool ! approuva Sarah. Ah, pas de chance, le mien n'est pas d'accord du tout.
    Harry aperçut Malefoy qui les regardait avec beaucoup d'intérêt. Incapable de résister à la tentation, il finit par se lever pour inspecter cet amas de missives.
    - C'est du courrier de fans, Potter ? demanda-t-il d'une voix traînante.
    - C'est une façon de voir les choses, répondit Harry avec bonne humeur. Ça te tente ? dit-il ensuite en lui tendant le Chicaneur.
    Malefoy fut dispensé de répondre par l'arrivée d'Ombrage, que l'attroupement et les hiboux avaient fini par attirer.
    - Que signifie tout ceci, Mr Potter ?
    Harry garda pour lui tout commentaire visant à comparer la professeur de défense avec la méchante sorcière de l'Ouest et répondit avec le sourire.
    - Des gens m'ont écrit pour réagir à un article. A propos du mois de juin dernier.
    - Un article ? Quel genre d'article ?
    La voix d'Ombrage se voulait menaçante, mais son timbre haut perché ne parvenait qu'à vriller les oreilles de ceux qui pouvaient l'entendre.
    - Un journaliste m'a posé des questions, expliqua Harry avec un sourire angélique. La moindre des politesses était d'y répondre.
    Zabini renifla bruyamment pour déguiser un début d'éclat de rire, puis plongea derrière les pages de sa Gazette. Ombrage repéra le Chicaneur sur la table, s'en empara et commença à lire la couverture. Ses gros yeux parurent prêts à sortir de leurs orbites.
    - Vous avez osé... glapit l'enseignante. Quand avez-vous participé à cette entrevue ?
    - Pendant la dernière journée à Pré-au-Lard.
    - Alors il est hors de question que vous y retourniez jamais, décréta Ombrage.
    Harry ne releva même pas. Les capes d'invisibilité étaient faites pour ça.
    - Et votre mensonge éhonté vous vaudra une semaine de retenue.
    Quelle importance, elle n'avait plus sa plume chérie...
    - Et... disons cinquante points de moins pour Serpentard.
    Là, c'était nettement moins drôle, même avec l'avance confortable dont disposait la maison. Un début de grognement s'éleva de la table en vert, mais dans le dos d'Ombrage, Rogue fit « non » de la tête, et les murmures de protestation s'éteignirent aussitôt.

    Quelques heures plus tard, un nouveau décret fit son apparition, déclenchant une crise de joie quasi démente de la part de Sarah.

    PAR ORDRE DE LA GRANDE INQUISITRICE DE POUDLARD
    TOUT ÉLÈVE SURPRIS EN POSSESSION DU MAGAZINE LE CHICANEUR
    SERA RENVOYÉ SUR-LE-CHAMP, CONFORMÉMENT AU DÉCRET D'ÉDUCATION
    NUMÉRO VINGT-SEPT.


    - Yeepee ! claironna Cobbyte en lisant l'affiche. Ça n'aurait pas été mieux si j'avais tenté de la manipuler pour obtenir ce type de réaction ! Interdire à un être humain de faire quelque chose sans lui expliquer pourquoi, c'est le meilleur moyen pour qu'il le fasse. Tu vas voir que les ventes du Chicaneur vont exploser en un rien de temps !
    On pouvait faire confiance à Sarah pour ce genre de prévisions. Avant la fin de la journée, l'entrevue était devenue le sujet de conversation le plus fréquent dans les couloirs. Luna fit savoir à ses comparses Serpentard qu'elle croulait sous les demandes pour des abonnements ou des bons de commande. Tout le monde lui posait des questions. Elle leur dit aussi que Théodore, en vrai gentleman qu'il était, se chargeait de lui faire des copies des pages interdites pour faire face aux exigences des étudiants, à charge pour eux de les enchanter ensuite pour ne pas se faire prendre par Ombrage.
    Celle-ci passa les deux jours suivants à fouiller les affaires des élèves, mais elle ne trouva jamais que des feuilles blanches, des rouleaux de parchemin inoffensifs et de toute façon, ne pensait pas à fouiller les élèves eux-mêmes. Un journal se glissait facilement dans la ceinture, sous un pull ou une robe, sans que le damné crapaud eût jamais l'idée d'aller chercher là. Des petits malins tournèrent son manque d'imagination à leur avantage en dissimulant des exemplaires du Chicaneur dans les toilettes ou sous les coussins des fauteuils dans les salles communes.
    Tout naturellement, les professeurs mirent eux aussi la main à la pâte. Le précédent décret d'éducation les réduisait au silence sur cette affaire, mais ils disposaient de bien d'autres moyens pour manifester leur désapprobation vis-à-vis d'Ombrage. Si quelqu'un soupçonna McGonagall ou Flitwick d'avoir trafiqué certains livres de défense contre les forces du mal pour en faire des comics de chez Marvel étiquetés « Entraînement pour Aurors débutants », personne ne se permit d'en faire la remarque. Serpentard regagna ses cinquante points perdus à une vitesse record pour cette maison, sans même que Rogue eût besoin de faire du zèle. Dire que les vert et argent étaient devenus populaires relevait tout de même de l'angélisme aggravé, mais au moins, ils pouvaient circuler dans les couloirs sans risquer l'embuscade à chaque tournant. En interne, certains devaient bouillir, cependant. Harry imaginait très bien ce que Malefoy, Crabbe et Goyle devaient penser, ainsi que leurs supporters. Leurs pères étaient nommés dans l'article, mais attaquer Harry sur ce point revenant à admettre qu'ils l'avaient lu, ils étaient contraints au mutisme, ce qui amusait beaucoup le reste de leurs condisciples. Il y avait alors moins d'une centaine d'élèves par maison, avait calculé Harry, et à Serpentard, environ un cinquième des effectifs était complètement acquis à Malefoy. A peu près autant pour lui. Le reste naviguait entre deux eaux, comme d'habitude, et attendait de voir quelle direction le vent prendrait. Mais l'article de Skeeter semblait donner de bons résultats sur ces indécis.

    Pour fêter en beauté ce nouveau grand succès de leur mouvement de désobéissance civile, Blaise organisa une petite fête dans la salle sur demande. Merlin seul savait comment il avait fait entrer une telle quantité de bièraubeurre dans le château sans se faire pincer. Les représentants des quatre maisons burent donc à la santé du père Lovegood (Puisse-t-il trouver des centaines de Ronflacs cornus !), à la défaite d'Ombrage et à celle du ministre aux prochaines élections.
    Harry ressortit de là en ayant le tournis. Il souffrait aussi d'une migraine lancinante. Peut-être fut-ce pour cela qu'il parvînt à voir des choses qui ne lui étaient pas destinées, ce soir-là.
    Il émergea de sa torpeur assis contre le mur de pierre froide et de petits points rouges dansaient dans son champ de vision. Voldemort était en train d'exprimer son mécontentement à l'un de ses serviteurs pour avoir manqué une information essentielle. Harry se massa le front avant de se remettre debout. Il était plus que temps de regagner les quartiers de Serpentard, avant que Rusard ne le trouvât pour lui mettre une colle. Néanmoins, Harry avait appris quelque chose d'essentiel, lui aussi. Moroz devait aller chercher quelque chose, sans doute la fameuse prophétie que l'autre malade voulait s'approprier, mais pour une raison ou une autre, s'était trouvé dans l'incapacité de le faire. Il faudrait creuser sur les conditions d'accès à ces soi-disant prédictions.

    Et sans que Rogue en entendît parler, ce qui n'était pas chose facile. Le maître des potions se montrait globalement satisfait des progrès de son élève en occlumencie, ce qui voulait dire qu'il rendait les exercices encore plus difficiles, et Harry, en se rendant à son cours particulier, avait bien du mal à ne pas penser aux recherches qu'il avait demandées à Sarah le matin même au sujet des devins, diseurs de bonne aventure et autres dans le monde sorcier, pour peu qu'il fût prouvé qu'ils ne carburaient pas aux champignons bizarres.
    Rogue le fit entrer, l'air un peu agacé. Harry se permit de hausser les sourcils.
    - Savez-vous, demanda Rogue en refermant la porte, que pour la première fois depuis des lustres, le professeur Binns a demandé des sanctions à l'encontre d'un de ses élèves ?
    - Blaise, je suppose, avança Harry.
    - Vous supposez bien. Sa petite performance comique concernant la crémation des sorcières n'a pas eu l'heur de plaire à notre professeur fantôme.
    - N'empêche, il a eu raison de secouer un peu le cocotier, objecta Harry. Le cours pouvait se résumer à : "les Moldus étaient d'affreux idiots intolérants qui cramaient tout ce qui bouge." Pourquoi en est-on venu là ? Je veux dire, à considérer les sorciers comme les amis du diable ? Il y a des saints et des personnages de la Bible qui ont des pouvoirs semblables aux nôtres, non ?
    - C'est tout à fait exact, répondit Rogue. Mais il en était des sorciers avec les Moldus comme des Serpentard avec le reste de l'école : ceux qu'on voit le plus sont les plus malfaisants. De tous temps, de nombreux sorciers se sont crus meilleurs que les Moldus et ont décidé que leurs voisins n'étaient bons qu'à leur servir de cobayes ou de divertissement. La fameuse Gwendolyne la Fantasque dont il est fait mention dans un de vos livres d'histoire a dû ses quarante-huit arrestations à des actes criminels contre des Moldus. Vider le cellier d'une famille en plein hiver, à l'époque, suffisait à condamner ces pauvres gens à mort. Transformer une femme en chèvre et doter une autre d'un bec de canard n'était pas très bien vu non plus. Au total, elle a dû causer, directement ou non, la mort d'une quinzaine de personnes, et l'exil ou le déshonneur pour une trentaine d'autres.
    - Dans le livre, on disait qu'elle n'avait été arrêtée que quarante-sept fois, pointa Harry.
    - Oui, les auteurs préfèrent oublier la dernière. Une de ses précédentes victimes l'a reconnue dans la rue, elle a été de nouveau capturée, et cette fois, les juges et le bourreau ont pris quelques précautions. Baguette et mains brisées, la langue coupée et les yeux crevés. Inutile de dire que le feu a fait son office... Et si ça n’avait pas été le cas, la volée de flèches et le découpage qui ont suivi l’auraient achevée de toute façon.
    Harry hocha la tête, impressionné. Si jamais il accédait à de hautes fonctions dans le monde sorcier, il commencerait par faire quelque peu réviser les programmes scolaires.
    - Bien, reprit Rogue. Si nous nous mettions au travail ?
    Harry hocha lentement la tête. Il s'installa à bonne distance du bureau, peu soucieux de retomber dessus comme cela lui était arrivé lors d'une de leurs premières séances. Rogue leva sa baguette et son élève songea à un mur de briques...
    Malheureusement, le professeur avait eu le temps de s'habituer à cette défense, et Harry vit des fissures apparaître dans sa protection. Et tandis que Rogue tentait de forcer le mur, il lui sembla que les images qu'il invoquait s'effaçaient, que la pièce où ils se tenaient devenait plus réelle. Puis elle fut de nouveau floue, et Harry se trouva au milieu d'une marée de souvenirs qui n'étaient pas à lui, mais ceux d'un garçon au nez tordu qui se cachait dans un coin pendant que deux adultes se disputaient violemment, ceux d'un très jeune homme qui paraissait attendre quelque chose, enfermé dans une cellule minuscule et froide...
    - ASSEZ !
    Harry recula sous la puissance du mot comme si on l'avait frappé. Il se cogna dans une étagère et sentit un flacon vaciller dans son dos. Il tendit la main pour le retenir, mais le verre lui échappa et s'écrasa par terre en projetant son contenu sur les dalles.
    - Je suis désolé, bégaya Harry en essayant de réparer la fiole d'un geste tremblant. Je suis vraiment désolé.
    Il éprouvait une peur panique à l'idée que Rogue fût mécontent de lui, ou qu'il eût été trop indiscret en se propulsant dans ses souvenirs.
    - Eh bien... Voilà qui constitue un net progrès, commenta Rogue d'un ton neutre. C'était... innovant, pour le moins.
    Harry n'osait toujours pas le regarder. Il entendit le verre se reformer avant de retourner à sa place, et le contenu être dissipé d'un evanesco plein de ressentiment. La suite du cours, si suite il y avait, allait être des plus déplaisantes, il le savait.
    - Vous avez peur ? demanda Rogue, d'une voix beaucoup plus calme.
    Le garçon haussa les épaules.
    - Je ne vais pas mordre, poursuivit l'enseignant. Sûrement pas pour ce que vous venez de faire. Mais il serait bon, si cela devait se reproduire, que vous appreniez à vous modérer un peu. Vous n'avez pas envie de voyager dans l'esprit du seigneur des ténèbres. N'est-ce pas ?
    - Non monsieur, croassa Harry.
    - Alors nous nous sommes bien compris, assura Rogue d'un ton presque conciliant. Je pense que nous ferions mieux d'en rester là pour ce soir.
    Harry hocha la tête et se dirigea vers la porte. Il avait la main sur la poignée quand un grand cri le fit violemment sursauter.
    - Quelqu'un a piégé la porte ? hoqueta-t-il, son cœur battant la chamade sous l'effet de la surprise brutale qu'il venait d'éprouver.
    Rogue saisit à son tour la poignée et tira un coup sec. La porte s'ouvrit sans effet. Les deux Serpentard échangèrent un regard interloqué, puis un second cri perçant leur parvint. Rogue marmonna une malédiction et prit la direction des escaliers, Harry sur les talons. A mesure qu'ils montaient, les cris devenaient plus puissants et plus nets, et le garçon entendit clairement la voix, qu'il identifia comme celle d'une femme, répéter « Non, non, non ! » sur un ton pitoyable.
    En débouchant dans le grand hall, il faillit percuter Rogue qui était resté planté sur le seuil, apparemment ahuri par ce qu'il voyait. Harry se faufila à côté de son directeur, et de fait, le spectacle avait de quoi laisser pantois.
    Trelawney se tenait au milieu du hall, baguette en main, les yeux furieux derrière ses lunettes épaisses, ses bracelets cliquetant bruyamment tandis qu'elle agitait les bras en direction de quelqu'un qui restait dissimulé par la foule des élèves qui s'étaient précipités hors de la grande salle. Deux grosses malles se trouvaient non loin, lancées sans ménagement sur le dallage. Jamais Harry n'avait vu l'astrologue dans un tel état de rage. Et une fois lancée, il paraissait impossible de l'arrêter.
    - C'est HORS DE QUESTION ! clama Trelawney. C'est parfaitement contraire aux statuts de l'établissement ! Vous pouvez me virer, encore que j'aimerais bien savoir pourquoi, mais vous ne pouvez pas me jeter dehors ! Votre papier ne vous donne pas ce droit !
    - Oh, vous voulez savoir pourquoi ? s'enquit mielleusement une voix aiguë. Vous ne voyez pas pourquoi le ministère de la Magie a signé votre ordre de révocation ? Vous ne croyez pas que vos pitoyables performances en tant qu'enseignante y sont pour quelque chose ?
    - PITOYABLES ? s'exclama Trelawney, ses talismans cliquetant plus furieusement que jamais. De la part de quelqu'un dont les cours ne sont pas autre chose qu'un entraînement à la lecture premier âge, je trouve ça COMIQUE !
    Rogue émit un petit sifflement admiratif. Harry approuva. On aurait dit McGonagall dans ses plus beaux jours, et c'était peu de le dire. Laquelle McGonagall observait la scène avec un sourire de mauvais augure vissé au coin des lèvres. Quand elle se mettait ainsi à sourire comme le chat de Lewis Caroll, il valait mieux se trouver ailleurs que sur son chemin. Quant aux étudiants, ils semblaient partagés entre l'ahurissement le plus total et des ricanements de connaisseurs. Certains allaient sûrement prendre des notes.
    - Vos piaillements ne changeront rien au fait que vous devez vider les lieux, dit Ombrage avec agacement. Et si vous pouviez le faire tout de suite, ce serait parfait.
    - Je ne crois pas que ce soit possible, dit la voix familière du directeur.
    Comment Dumbledore avait ouvert les portes de chêne du hall sans faire de bruit, mystère. Ce qu'il était allé mijoter dehors, bonne question. Il avança dans un battement de robes bleu foncé jusqu'à Trelawney, toujours tremblante d'indignation.
    - Pas possible, répéta Ombrage, narquoise. J'ai peur, professeur Dumbledore, que vous ne saisissiez pas très bien la situation. J'ai sur moi un ordre de révocation signé par moi-même et le ministre de la Magie. En application du décret d'éducation numéro vingt-trois (à ce stade, un Serdaigle de septième année bâilla ostensiblement), j'ai le pouvoir d'inspecter les professeurs...
    - Ce dont vous ne vous êtes pas privée, aux dépens du bon déroulement des cours, pointa aigrement McGonagall.
    - … de les mettre à l'épreuve, poursuivit Ombrage d'une voix grêle et de les renvoyer s'ils ne répondent pas aux critères établis par le ministère. J'ai estimé que le professeur Trelawney se trouvait dans ce cas et c'est pourquoi j'ai mis un terme à son contrat.
    - Oh, vous estimez... reprit Dumbledore sans plus sourire. Et quelle commission valide votre estimation ? Enfin, si vous avez certainement raison concernant la mise à pied de mes employés, je suis au regret de vous rappeler que vous n'avez aucune autorité pour les chasser du château et des appartements qu'ils y occupent. Ce pouvoir-là est encore de ma responsabilité, j'en suis navré pour vous. Le professeur Trelawney pourra donc continuer à habiter ici.
    La devineresse redressa sa petite taille et rajusta ses châles.
    - Si ce n'est pas trop vous déranger, dit-elle d'une voix faussement gênée.
    - Absolument pas, Sibylle. Je souhaite que vous restiez. Professeur McGonagall, auriez-vous l'amabilité de raccompagner Sibylle dans ses quartiers ?
    - Naturellement, s'empressa McGonagall, saisissant l'astrologue par le coude.
    Un petit coup de baguette, et les valises jetées par terre sans ménagement s'élevèrent au-dessus du sol pour suivre les deux femmes dans l'escalier.
    Ombrage les regarda gravir les marches en grinçant des dents. Puis elle retourna sa fureur contre Dumbledore.
    - Que ferez-vous pour cette bonne à rien quand je lui aurai trouvé un remplaçant qui devra loger dans ses appartements ?
    Le directeur se contenta de sourire benoîtement.
    - Aucun problème, dit-il avec bonne humeur. J'ai déjà trouvé un remplaçant à Sibylle, et sa conformation particulière l'oblige à vivre au rez-de-chaussée.
    Harry échangea un regard interloqué avec Rogue. Le nouvel enseignant était-il handicapé au point de ne pouvoir monter les escaliers ?
    - Vous avez trouvé ? glapit Ombrage, coupant leurs réflexions. Dois-je vous rappeler que suivant le décret d'éducation numéro vingt-deux (nouveau bâillement du Serdaigle)...
    - Je sais, je sais, le ministère dans sa grande bonté se chargera de nommer un remplaçant au cas où le directeur de Poudlard ne pourrait en présenter un. Or, il se trouve que j'ai rencontré une personne tout à fait qualifiée. Si vous voulez bien, cher ami, ajouta-t-il en se tournant vers la porte.
    Un claquement de sabots résonna sur les dalles tandis que le nouveau professeur de divination faisait son entrée dans l'école. Quelqu'un déguisa hâtivement son rire en reniflement bruyant. Harry se pinça pour ne pas pouffer. Il avait déjà vu le personnage, ses cheveux platine, ses yeux bleu saphir et surtout... son corps de cheval alezan.
    - Voici le centaure Firenze, qui a bien voulu reprendre les cours. Je pense qu'il est tout à fait au point.
    Au moins, le centaure avait évité de se présenter à l’école avec un carquois pour tout vêtement ; il portait une espèce de gilet de cuir qui rappela à Harry le blouson sans manches d’un pêcheur, et de part et d’autre de son dos un ensemble de poches contenant des parchemins. Toutefois, en y regardant de plus près, il y avait fort à soupçonner que ces poches avaient contenu des flèches.
    Ombrage parut un instant comme pétrifiée, puis elle parvint à se ressaisir et ouvrit la bouche.
    - Ribit !
    Tout le monde resta figé. On avait bien entendu un coassement de grenouille quand l'inquisitrice avait voulu parler, n'est-ce pas ?
    - Ribit !
    Ombrage vira au cramoisi, ce qui jurait affreusement avec sa veste rose. Quelques ricanements montèrent de la foule des étudiants.
    Rogue se mordit la joue, mais cela ne suffit pas, et Harry le vit tourner les talons pour filer dans le couloir vers le donjon. Il retrouva l'enseignant quelques minutes plus tard, plié en deux contre la porte de son bureau par une crise de fou rire irrépressible.
    - Je ne sais pas qui c'est, parvint-il à hoqueter entre deux éclats, mais dès que je le découvrirai, je vous promets qu'il aura droit à un joli paquet de points, peu importe la maison !

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    Message par Mel72000 Lun 1 Nov - 23:59

    Un chapitre excellent, j'adore la relation de Harry avec Rogue, fondé sur un respect mutuel.
    Et j'adore tout, à vrai dire, quel plaisir de voir ces élèves si dégourdis !

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    Message par Roswell Mer 3 Nov - 11:42

    Muhahahahahaha! J'adore!
    Je suis restée pliée par la conclusion de ce chapitre, c'est tout bonnement é-nor-me!
    Au fait, ça n'a rien à voir, mais POC passe par chez nous en dédicace le 20 de ce mois...

    Il faut vraiment que je me mette aussi à publier, mais je n'ai pas encore de titre... Une idée?

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    Message par Raven Mer 3 Nov - 12:22

    Contente que ça t'ait fait rire. Remarque, c'était le but... Wink
    Pour le titre, j'avoue que je sèche un peu. Un jeu de mots sur l'hérédité ou un truc dans ce genre ? Je ne sais pas trop.

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    Message par Roswell Ven 5 Nov - 8:15

    Depuis, je l'ai pas mal retravaillée en fait... Je dois en être à la vingtième correction! Donc peut-être que ça va changer la donne... Moi, j'avoue que j'ai du mal à prendre du recul, vu que j'ai la tête dans le guidon!

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    Message par Raven Mar 7 Déc - 21:16

    Salut les compagnies !
    Je vous demande de remercier Link, lequel, même malade, a vaillamment participé à ce chapitre.
    Que voici...


    Chapitre 27 : Remise à Plat

    L'arrivée d'un centaure parmi le corps enseignant causa bien des remous à Poudlard, et ils ne s'atténuèrent pas avec les premiers cours dispensés par Firenze. Ceux qui en avaient fait l'expérience trouvaient sa façon de faire encore plus étrange que celle de Trelawney, mais au moins, la nouvelle salle de classe était bien plus confortable et facile d'accès. D'aucuns prétendaient même qu'on pouvait même faire la sieste pendant les leçons sans risquer d'être vu. Certaines filles semblaient déjà emballées par les beaux yeux bleus du professeur, et il fallait leur rappeler combien de jambes il avait pour qu'elles revinssent un peu sur terre. Trelawney, cependant, disposait toujours d'un bon petit fan-club qui lui apportait des fleurs (Et des champignons pas nets, ajoutait Blaise) tous les jours.
    En tout cas, trois jours après l'arrivée de Firenze, Ombrage n'avait toujours pas digéré l'affront, et Harry se demandait nerveusement ce qu'elle allait bien pouvoir inventer pour se venger. Sans compte les multiples blagues dont elle faisait l'objet en classe. Quelqu'un avait tripatouillé les livres qu'elle conservait dans la salle de cours pour les remplacer par des exemplaires de Frankenstein et Dracula, chacun des deux ouvrages portant en préface la mention « Utile pour l'examen ». La réaction d'Ombrage en mettant la main sur ces livres moldus dans son domaine n'eut tout simplement pas de prix.
    Harry s'était, comme les autres, beaucoup amusé de cette dernière trouvaille. A présent, il se préparait à découvrir la divination façon Firenze.

    Le nouveau professeur s'était vu attribuer une salle au rez-de-chaussée, conformément à ce que réclamait sa morphologie. Harry avait entendu des rumeurs assez étranges sur l'aspect de la classe, mais rien n'aurait su décrire la métamorphose des lieux.
    Où se trouvaient à présent les murs de pierre et le dallage du sol ? Le tableau noir ? Les tables, les chaises ? Une mousse épaisse, d'un vert tendre, étouffait désormais le bruit des pas, et de petits arbres avaient été plantés tout autour de la pièce, rendant ses dimensions impossibles à évaluer. Ils poussaient gaillardement, et leurs branches touchaient déjà le plafond, voilant les fenêtres de feuilles toute neuves. Quelques fleurs pointaient ici et là, ainsi que des champignons sur une souche. Le centaure, débarrassé de sa veste multipoches, se tenait au centre d'une « clairière » ; enfin, d'un espace sans arbres au milieu de la classe. Il attendait tranquillement que ses élèves cessassent de s'extasier sur le décor pour prendre place sur une pierre ou contre un tronc, afin de commencer la leçon. Il salua aimablement Harry avant de se tourner vers le reste de la classe. Tous purent alors voir une marque violacée en forme de fer à cheval qui s'étalait juste sous son épaule, et un frémissement de sympathie parcourut le groupe.
    - Bonjour à tous. Comme vous le voyez, cette salle a été aménagée pour reconstituer mon habitat naturel. Il aurait été préférable pour la qualité de ce cours que nous le suivions dans la forêt interdite, mais ce n'est hélas plus possible. J'ai été banni par ma horde et suis donc contraint de travailler en intérieur.
    - Pourquoi vous ont-ils chassé ? s'offusqua Millicent.
    N'ayant jamais croisé de centaures, elle devait avoir du mal à imaginer comment ils pouvaient en vouloir à quelqu'un d'aussi courtois et cultivé que Firenze.
    - J'ai accepté l'offre du professeur Dumbleodre, et mes congénères estiment que j'ai trahi notre espèce et son savoir en le proposant à des humains.
    Harry hocha lentement la tête. Il savait que certains centaures se mettaient dans une rage noire si l'un des leurs s'avisait de permettre à un humain, fut-il blessé, de monter sur son dos. Rien à envier aux sorciers sang-pur, quand on y réfléchissait.
    - Nous pouvons commencer.
    Un petit coup de baguette, et la luminosité ambiante diminua lentement. Les branches des arbres s'écartèrent et le plafond apparut, bleu sombre et piqueté d'étoiles. Le spectacle était littéralement magique, et des exclamations ravies montèrent des élèves – les garçons comme les filles – qui s'étendaient sur la mousse pour admirer la vue sans se déboîter les vertèbres.
    - Observez les cieux, dit la voix douce de Firenze. C'est là que se trouve écrite la destinée de nos espèces.
    Harry ne croyait absolument pas au destin, soit dit en passant, qu'il tenait pour « un truc inventé par les instances supérieures pour nous obliger à faire ce qu'elles veulent », Salazar dixit, mais il se sentait si bien, allongé là, qu'il se jura de ne manquer aucun cours de divination jusqu'à la fin de l'année. S'il survivait jusque-là...
    Pendant que Harry tenait ces réflexions peu optimistes, Firenze décrivait les recherches des centaures sur les astres et rectifiait quelques idées préconçues, telles que l'influence de telle ou telle planète sur les menus accidents de la vie quotidienne. L'univers était grand. Les petits évènements humains ne l'affectaient pas et n'étaient pas affectés par lui. Ce cours était décidément un exemple parfait de relativisme. Firenze ne cessa de leur rappeler que la divination manquait de précision, que même les centaures les plus savants commettaient des erreurs et qu'il fallait se garder des conclusions trop hâtives. Enfin un véritable esprit « scientifique » chez les sorciers. Quel choc !
    Les élèves sortirent du cours à reculons, pour une fois. Cette escapade en forêt artificielle représentait de telles vacances en comparaison du reste de leurs leçons...
    Le centaure arrêta Harry sur le seuil de la porte.
    - J'aimerais te dire un mot. Tu es un ami de Hagrid, n'est-ce pas ?
    - C'est un peu exagéré, dit Harry, aussitôt sur la défensive. Depuis qu'Ombrage s'est lancée dans sa croisade, je ne le vois plus beaucoup.
    - Néanmoins, si tu pouvais lui transmettre mon message... Sa tentative est vouée à l'échec. Il devrait abandonner.
    - Quelle tentative ? Que veut-il donc faire ?
    - Il m'a rendu service, et je le respecte profondément. Mais il ne doit pas s'obstiner. Ce serait mauvais pour lui. Bonne journée.

    Peu soucieux d'aggraver encore sa propre réputation ou celle du garde-chasse en étant vu en sa compagnie, Harry avait fait passer le mot à Ginny afin qu'elle transmît elle-même l'avertissement de Firenze, qui l'avait laissée tout aussi surprise que son Serpentard.
    Quand elle revint de sa visite, Harry comprit que cela avait été en pure perte. Hagrid avait refusé de préciser la nature de son expérience, mentionnant juste des choses plus importantes que de garder son travail. Harry ne voyait pas trop quoi. La paye de garde-chasse n'était pas mirobolante, si l'on devait en juger par l'équipement de la chaumière d'Hagrid, et connaissant ce Gryffondor bon teint, il devait donner ses cours bénévolement, « pour le bien de la science ». Un souci de plus ? Hors de question ! Harry avait bien trop de choses à faire pour s'occuper en plus de la dernière invention du garde-chasse. Après les chiens à trois têtes et les dragons, il en avait assez vu. Oh, pardon ! Et les araignées géantes ! Si on oubliait les araignées géantes, ça n'était plus drôle.
    Heureusement, pour le distraire des BUSEs dont la date se rapprochait, il restait les cours clandestins. Il remerciait le ciel que Granger fût désormais trop prise par ses incessantes révisions (et les couches de devoirs qu'elle se rajoutait pour faire toujours mieux que les autres) pour continuer à donner des leçons de défense. Elle était devenu si acariâtre, ces derniers temps, que lui et Sarah redoutaient un esclandre. Toujours à reprocher quelque chose aux plus jeunes, toujours à houspiller ceux qui voulaient rendre leur patronus un tant soit peu décoratif. Quand Sarah lui avait fait remarquer qu'un patronus, au même titre qu'une forme d'animagus, reflétait la personnalité de son lanceur et qu'on ne pouvait donc influer sur son apparence, tout juste si la Granger ne lui avait pas sauté à la gorge pour avoir osé remettre son autorité en cause. Enfin, elle était ensevelie sous ses livres et ses parchemins, et l'atmosphère des cours n'en était que plus légère.
    Ce soir-là, les étudiants de la classe supérieure s'entraînaient de nouveau sur leurs protecteurs, les uns produisant de jolies créatures argentées, les autres peinant et suant pour ne faire sortir de leurs baguettes qu'un peu de fumée grise.
    - C'est désespérant ! protesta Parvati Patil. Je n'arrive à rien.
    - Ce serait mieux si nous avions un épouvantard pour travailler, admit Harry. Mais je ne sais pas où en trouver dans le château, ni comment l'amener ici. Il faudra trouver une autre astuce, dit-il en songeant à la performance théâtrale d'Urquhart déguisé en détraqueur deux ans plus tôt.
    Il allait reprendre les essais quand quelqu'un frappa à la porte. Les étudiants échangèrent des regards interloqués. Qui pouvait bien venir en plein milieu du cours ? Il ne leur manquait personne. Harry se dirigea vers la porte tandis que les autres préparaient leurs baguettes au cas où l'intrus voudrait rentrer en force.
    Par bonheur, il ne s'agissait que de Beline Urquhart, qui se faufila dans la salle sur demande, l'air surexcité.
    - Allons bon, qu'est-ce qui t'arrive ?
    - Fudge est arrivé au château ! lança la seconde année. Il y a deux autres types avec lui, et Ombrage leur a dit qu'ils allaient monter chez Dumbledore !
    Harry se frotta le menton.
    - Bon, tout le monde dehors ! ordonna-t-il. Rentrez dans vos quartiers en faisant quelques détours. Ce n'est pas la journée pour se faire prendre ici.
    En grommelant, ses élèves plièrent bagage et sortirent par petits groupes, surveillant les alentours avant de se lancer dans les couloirs. De son côté, Harry redescendit au trot vers les quartiers de Serpentard, Beline sur les talons.
    Ses comparses avaient eu la même idée que lui. Alors qu'il entrait dans la salle commune, encore guère occupée à cette heure - les élèves profitant jusqu'à la dernière seconde de leurs heures libres avant le couvre-feu - Sarah le tira par la manche jusque dans le repaire de Salazar.
    - On va nous voir sortir de là tout à l'heure, objecta Beline.
    - Des nèfles, coupa Cobbyte. Il y a d'autres portes qui donnent sur les douches et les toilettes, on passera par là.
    - J'en apprends tous les jours, marmonna Harry.
    - BON ! Vous voulez écouter ce qui se passe là-haut, ou quoi ? brailla la statuette.
    Ce rappel à l'ordre ramena immédiatement le silence, et l'équipe se pressa autour du petit bonhomme de bois pour mieux entendre. Sarah agita le reste de la baguette pour monter un peu le son. Les voix leur parvinrent aussitôt avec une excellente qualité. Joli gadget, décidément, cette baguette espionne.
    - Que puis-je faire pour vous ? dit la voix de Dumbledore. Je reconnais être assez surpris par un tel déploiement, monsieur le Ministre. En temps normal, j'imagine que Ms Ombrage serait à même de me transmettre vos instructions, ou d'éditer un nouveau décret.
    - En effet, répondit Fudge d'un ton compassé, mais il ne s'agit pas tout à fait d'une occasion normale. Voyez-vous, Dumbledore, je crains que cette fois vous n'ayez définitivement dépassé les bornes.
    - A quel sujet ?
    - Eh bien, en ce qui concerne le recrutement...
    - Dites-moi, coupa le directeur d'une voix plus mordante, est-ce le fait que j'ai trouvé un professeur plus vite que Ms Ombrage qui vous froisse, ou le fait que Firenze soit un centaure ?
    - Je dirai que les deux points sont sujets à caution, déclara le ministre. Vous êtes - une fois de plus - passé par-dessus l'autorité de la Grande Inquisitrice, et vous mettez en jeu la sécurité de vos élèves.
    Sarah plaqua sa main sur la bouche de Blaise pour l'empêcher de hurler une insanité. Les sons voyageaient des DEUX côtés de ce micro macgyvé par magie.
    - Je mets en jeu la sécurité de mes élèves ?
    - Vous abusez de votre autorité dans cette école, et elle est à présent en contravention avec la loi, poursuivit Fudge. J'ai la preuve que vous avez admis un Moldu dans l'école.
    - Maximilian Expea est certes né Moldu, mais si vous vous donnez la peine de le rencontrer, vous vous rendrez compte qu'il manie les sortilèges aussi bien que n'importe quel élève de troisième année, ce qui correspond à sa promotion. Je me permets de vous rappeler que lors de son admission, ni vous ni le collège de gouverneurs n'avez soulevé de protestation.
    - Parce que nous étions convaincus qu'il s'agissait d'un sorcier dont les pouvoirs s'étaient manifestés de façon extrêmement tardive ! glapit Ombrage. Mais il n'en est rien ! Il n'est enregistré nulle part. C'est un Moldu qui a volé ses pouvoirs à...
    - Auriez-vous l'amabilité de nous expliquer comment ? coupa sèchement McGonagall.
    Un silence que l'on devinait embarrassé s'ensuivit.
    - Par ailleurs, il a été relevé un manque total de coopération de la part de vos subordonnés envers la Grande Inquisitrice, poursuivit Fudge comme si l'interruption n'avait pas eu lieu. Ce comportement est d'autant moins acceptable qu'il est encouragé par le directeur, c'est-à-dire vous. Sans compter les exactions commises par vos élèves.
    - Et celles commises par Ms Ombrage ? contra McGonagall, qui refusait toujours de donner son titre à l'adversaire. Je suis très étonnée qu'aucune suite n'ait été donnée à la plainte déposée pour l'usage d'une plume ensorcelée comme outil de punition, alors que les châtiments corporels sont interdits dans l'école.
    Nouveau silence et raclement de chaise.
    - L'instruction suit son cours, déclara une voix que Harry ne connaissait pas.
    - Ben voyons, marmonna Blaise, avant d'être de nouveau bâillonné par ses comparses.
    - Enfin, pour résumer, vous vous montrez une fois de plus totalement incapable d'assumer votre charge, poursuivit Fudge, et vous faites barrage à toute tentative de réforme.
    - Non, intervint McGonagall. Nous nous opposons à la façon dont elles sont menées. La méthode "On casse tout et on menace" ne donne jamais de bons résultats. Si vous aviez un tant soit peu étudié l'Histoire moldue, vous le sauriez. La dernière fois qu'un ministre a voulu réformer grand et vite, il s'est retrouvé avec une révolte sur les bras, qui à long terme a fini par lui coûter sa place.
    - Minerva...
    - Oh, et sa tête, aussi.
    Harry imaginait sans peine celle de Fudge à l'énoncé de ce petit rappel historique, ainsi que celle de Dumbledore, incapable de placer son baratin fumeux parce que son adjointe se révélait plus prompte à la réplique, et dotée de meilleurs arguments. Sarah pouffa derrière sa main.
    - Enfin bref, trancha Fudge, vous vous êtes rendu coupable de tant d'obstructions aux directives du ministère que vous allez devoir en répondre devant vos pairs.
    Ce sera bien la première fois qu'il aura à répondre de quoi que ce soit. Ca va lui faire bizarre, songea Harry.
    - Oh... vous comptez m'arrêter ?
    - C'est à peu près ça, dit une nouvelle voix, que Harry reconnut comme celle de Kingsley Shacklebolt. Nous sommes chargés de vous accompagner au magenmagot.
    - De m'accompagner, tiens donc... Et si, par le plus grand des hasards, je ne souhaitais pas vous suivre ?
    - L'art d'aggraver son cas, murmura Théodore.
    - Allons Dumbleodre, il y a deux aurors qualifiés dans cette pièce et je ne vois pas pourquoi vous feriez des histoires. Admettez, pour une fois, que vous avez des comptes à rendre. Ca arrive à tout le monde. Même à vous.
    - Je regrette, mais je ne vais vraiment pas pouvoir vous accompagner...
    La suite fut des plus confuses. Il y eut un bruit comme un coup de tonnerre, des chutes, des objets brisés... Un instant de silence. Les Serpentard échangèrent des regards interloqués. Puis la voix de Fudge leur parvint de nouveau.
    - OU EST-IL PASSE ? RETROUVEZ-LE !
    - C'est bon, coupez la communication, indiqua Théodore. Nous en savons assez pour aujourd'hui.
    - Merci pour cet excellent moment, Salazar.
    - Y'a pas d'quoi. Revenez quand vous voulez. C'est pas que je m'ennuie dans ce trou, mais ça m'ferait bien plaisir d'savoir encore parler anglais d'ici l'année prochaine.
    Ils se dirigèrent vers les autres portes cachées, situées plus loin dans le couloir. Sarah les avait manifestement entretenues, et elles s'ouvrirent sans grincer. Un coup d'oeil à gauche, un autre à droite. Personne en vue dans les toilettes. Harry sortit en arborant l'air le plus naturel possible et se dirigea vers le dortoir. Tandis qu'il enfilait son pyjama, il sentit une vague d'euphorie le traverser. Plus de Dumbledore dans l'école ! C'était presque trop beau pour être vrai ! Finie, la crainte que le vieux ne vînt visiter son esprit ! Finis, au moins provisoirement, les discours lénifiants sur le bien commun et "Fais ce que je te dis, c'est bon pour toi" ! C'était bien la première fois de sa vie, mais Harry se sentait prêt à remercier Fudge. Si ce n’était pas le meilleur scénario possible (celui-ci incluant en plus le départ d’Ombrage), c’était bien le second : McGonagall restait là pour maintenir l’école, mais sans la présence du directeur pour "canaliser" un tant soit peu les étudiants, les jours d'Ombrage dans le collège étaient comptés...
    Ah oui, vraiment, merci Mr Fudge !

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    Message par Roswell Mer 8 Déc - 21:55

    Je m'attendais à la sortie de Dumbledore, mais pas de cette manière-là! Vous m'avez surprise et en même temps, j'adore! Effectivement, sans Dumbledore, Harry va avoir les coudées plus franches! Et Hermione qui disparaît un peu de la scène, ce qui va peut-être permettre au personnage de Théodore de revenir sur le devant...
    McGonagall et sa répartie face à Fudge et Ombrage: juste grandiose! C'était jubilatoire! J'espérais quelques commentaires graveleux de la part de Salazar sur l'indomptable écossaise, mais c'est déjà tellement drôle!
    Gros bisous et prompt rétablissement pour Link
    applaudis applaudis applaudis

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    Message par Mel72000 Dim 12 Déc - 0:36

    Jubilatoire !
    L'allusion à Mc Gyver avec la baguette est excellente !
    J'adore les répliques de Mac Gonagall (heu, par contre, rappelle moi le nom du ministre raccourci, j'ai dû oublier...)
    J'adore Harry qui se réjouit du départ de Dumbledore par contre, j'ai la trouille pour le prochain chapitre... C'est le pire souvenir de Rogue, non ?
    Je me demande comment tu vas tourner cela...

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    Message par Raven Mer 15 Déc - 10:11

    Oui, oui, le prochain chapitre, c'est bien le pire souvenir de Rogue. C'est en cours de rédaction. Laughing
    Sinon, le pas chanceux qui s'est fait raccourcir, c'est T. Cromwell (je suis en pleine transe Tudors, en ce moment), à qui sa tentative de réformer l'Angleterre à tous points de vue a coûté très cher. No

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    Message par Raven Dim 16 Jan - 12:04

    Tagazok à tous ! Nouveau chapitre en ligne !
    Bonne lecture, et n'oubliez pas le petit commentaire avant de partir. satisfait Ca nous fait tellement plaisir...


    Chapitre 28 : où la Curiosité Tue le Chat

    PAR ORDRE DU MINISTERE DE LA MAGIE
    Dolorès Jane Ombrage, Grande Inquisitrice, remplace Albus Dumbledore
    à la direction de l'école de sorcellerie de Poudlard
    conformément au décret d'éducation numéro vingt-huit


    Dire que ce nouvel oukase créa un scandale aurait été en-dessous de la vérité. Les affichettes avaient fleuri sur tous les panneaux du château, et n'y étaient pas restées longtemps, arrachées par une main rageuse. D'autre part, le récit de l'évasion de Dumbledore s'était curieusement répandu à grande vitesse dans l'établissement, et aucun des adultes ne comprenait bien sûr comment. Harry n'y était pour rien, mais il soupçonnait que Sarah et son art de l'intox pouvaient bien avoir quelque chose à voir là-dedans, à moins que ce ne fût Blaise. En tout cas, on avait brodé sur l'histoire, et désormais, il se disait que Fudge et l'un de ses aurors séjournaient à Sainte-Mangouste pour se débarrasser de la tête de citrouille reçue en guise de cadeau de départ. Pour plaisante qu'elle fût, l'idée demeurait hélas purement fictive.
    Faute de mieux, les élèves se lançaient dans les spéculations les plus poussées pour déterminer où se cachait l'ancien directeur (Harry avait son idée sur la question), ou cherchaient un moyen de se débarrasser d'Ombrage pour que McGonagall prenne sa place. Une chose était sûre, tout Poudlard avait été fouillé de fond en comble sans que l'on retrouvât trace de Dumbledore, et à la grande joie de toute l'école, quand le crapaud avait voulu s'attribuer le bureau de son prédécesseur, la gargouille qui en gardait l'entrée avait catégoriquement refusé de la laisser passer, en dépit de tous les mots de passe proposés.
    - Bien fait pour elle, ricana Blaise en l'apprenant. On va voir combien de temps ce gros canari rose va tenir dans notre mine de charbon. Je vous laisse, j'ai du travail, à ce sujet.
    - C'est bien ce qui m'inquiète, soupira Théodore quand son camarade fut parti. Il y a des moments où notre Blaise commence à me faire très, très peur.
    A ses côtés, Sarah opina gravement.
    - Je seconde cette observation, dit-elle sans son habituel sourire en coin. Et les nouvelles que j'ai récolté ne vont pas le mettre de meilleure humeur, je le crains.
    - Quoi ? Ombrage a inventé un nouveau décret pour mettre Catwoman à la porte ? s'affola Daphné Greengrass, qui revenait de la bibliothèque avec eux.
    Harry ne chercha même pas à savoir comment elle avait fait connaissance avec DC Comics.
    - Qui ça ? s'étouffa Théodore.
    - McGonagall, expliqua patiemment Daphné.
    - Ah, que c'est malin, ricana Sarah. Bon, mon scoop vous intéresse, ou pas ?
    - Oui, oui, bien sûr, se dépêcha de garantir Théodore. Nous sommes tout ouïe.
    - Ombrage vient de créer un nouveau système de surveillance des élèves... par d'autres élèves. Elle a baptisé ça la brigade inquisitoriale. Les mouchards sont faciles à repérer, ils ont un I en argent épinglé sur leur robe. L'honnêteté m'oblige à dire qu'à part un septième année de Poufsouffle désireux de faire sa cour, tous les autres sont de chez nous.
    - Si c'est de Malefoy dont tu parles, coupa Daphné, il n'est pas de chez nous.
    - Le pire, c'est qu'ils ont tous les droits, y compris celui de faire sauter des points.
    - KGB nous voilà... grinça Harry. Remarque, il est possible que toutes sortes d'accidents rigolos leur arrivent.
    - Déjà fait, signala Sarah. Fred et George ont balancé Montague dans l'armoire à disparaître du premier étage.
    - QUOI ? Mais c'est super dangereux, s'étouffa Théodore. Ils ont pu l'envoyer n'importe où ! Ils se rendent pas compte des conséquences de leurs actions, ou quoi ?!
    - Ce sont des Gryffondor, ne l'oublie pas. Ces deux-là sont gentils, mais faut pas trop leur en demander non plus.
    - Nous devrions rester sur nos gardes. Je ne sais pas si leurs futurs gags ont été conçus pour s'occuper d'Ombrage uniquement. Ah ! La barbe !
    - Problème, Sarah ?
    - Je pense bien, ronchonna la jeune fille. Ce vieux crétin de Rusard arrive droit sur nous.
    C'était bien la dernière calamité qui leur manquait. Depuis l'annonce de la nomination du crapaud, le concierge était littéralement intenable.
    - Potter, aboya-t-il, la directrice veut vous voir !
    - Elle sait que je ne fais pas dans le social ? marmonna Harry en suivant le cracmol grincheux sous le regard soucieux de ses complices.
    Ils remontèrent en silence vers le premier étage. La démarche du concierge semblait plus légère, comme si le printemps et les petits oiseaux venaient de revenir avec un peu d'avance. Quand ils parvinrent à destination, Harry comprit mieux les raisons de ce bonheur inattendu.
    - Les choses changent enfin à Poudlard, ricana le vieux concierge. Ca fait des années que je dis à Dumbledore qu'il vous laissait trop la bride sur le cou. Faible, qu'il était, avec des petits monstres comme vous. Tout, il balayait tout d'un revers de main. Les boules puantes, les flaques de boue dans les couloirs, les armures enchantées... Ah ! Aucun de vous autres sales gosses pourris n'aurait osé lever un cil s'il avait su que je pouvais lui donner le fouet ou l'accrocher par les pouces dans les cachots !
    Eh ben... Même les réalisateurs de films « spéciaux » n'en voudraient pas comme conseiller technique...
    - Et enfin, j'ai le décret d'expulsion de Peeves.
    Quelqu'un va faire venir les Ghostbusters ?
    - Les choses vont enfin devenir comme elles auraient toujours dû être, maintenant qu'elle est à la tête de cette école.
    Harry se retint de soupirer. Si Rusard pouvait donner libre cours à son envie quasi démente de s'en prendre physiquement aux élèves, la vie allait tourner à l'aigre dans ce château. Elle pourrait aussi se montrer bien dangereuse pour le concierge si quelqu'un s'avisait de préparer une vengeance.
    Il mit ces pensées de côté quand Rusard le poussa dans le bureau d'Ombrage, toujours aussi ignoblement rose, et dont l'unique nouvel accessoire était une immense plaque barrant toute la largeur de la table, indiquant si on l'ignorait que l'occupante des lieux était la DIRECTRICE. C'en était presque puéril. Une des assiettes à chatons émit un miaulement et le crapaud releva le nez des papiers qu'elle signait.
    - Merci de m'avoir amené ce garçon, Argus, dit-elle d'une voix presque enjôleuse.
    - Tout le plaisir était pour moi, madame, répondit le vieil homme en s'inclinant devant elle.
    Ses articulations craquèrent sous l'effort. Harry était dégoûté de voir Ombrage employer des astuces de flirt pour se le mettre dans la poche. Une fois qu'il fut dehors, l'inquisitrice indiqua la chaise en face de la sienne et Harry s'assit en silence.
    - Que voulez-vous boire ?
    Elle plaisantait, ou quoi ? Voilà qu'elle lui offrait à boire, maintenant. Vigilance constante, cela semblait de rigueur.
    - Du thé ? Du café ? Du jus de citrouille ? poursuivit le crapaud en faisant apparaître verres et tasses sur son bureau.
    - Euh... du thé, s'il vous plaît, répondit Harry en vitesse, en se demandant quel poison elle comptait mettre dedans.
    Non, même elle n'était pas assez bête pour l'empoisonner pendant qu'il se trouvait dans son bureau. Par contre, elle pouvait glisser beaucoup d'autres potions dans la boisson. Avec une malédiction à l'adresse de Dumbledore et du veritaserum qu'il avait utilisé l'année précédente, Harry prit la tasse qu'Ombrage lui tendait. Elle n'avait pas été spécialement discrète, en ajoutant le lait dans la tasse, le dos tourné. Vraiment nulle, comme agent secret.
    - J'ai pensé que nous devrions avoir une petite conversation, Mr Potter.
    Il ne réagit pas. Elle l'ennuyait déjà.
    - Vous ne buvez pas ?
    Mais c'est pas possible d'être aussi bourrin! songea-t-il avec stupéfaction. Pour donner le change, il porta la tasse à ses lèvres et fit semblant de boire. Au moins, il était doué pour mimer quelque chose, lui.
    - Bien, bien, fit Ombrage. Maintenant... Où est Albus Dumbledore ?
    Il haussa poliment un sourcil. Franchement, comme si le vieux manipulateur allait lui dire où il comptait passer ses vacances forcées...
    - Aucune idée, lâcha-t-il.
    En réalité, Harry se doutait de l'endroit où s'était installé l'ancien directeur. S'il n'était pas allé prendre ses quartiers à Grimmauld Place, Harry voulait bien être... pendu ? Oh, ça lui allait. Comparée à rester dans ce bureau, l’idée lui paraissait de moins en moins repoussante.
    - Cessez ces enfantillages, dit sèchement l'inquisitrice. Où se trouve-t-il ?
    - Je ne le sais vraiment pas. D'ailleurs, pourquoi le saurais-je ?
    - Vous avez toujours été un élève particulier pour lui, dit Ombrage avec ce qu'elle pensait être de la douceur.
    - Ça ne veut pas dire qu'il me fait plus confiance qu'aux autres. Je ne sais vraiment pas où il se trouve en ce moment.
    C'était vrai, après tout. Harry n'avait pas la moindre idée si Dumbledore lisait à la lueur du chandelier dans la bibliothèque de Grimmauld Place, s'il faisait la sieste dans une chambre à l'étage ou s'il déjeunait dans la cuisine avec le colonel Moutarde, après tout. Il se retint de sourire tandis que l'expression d'Ombrage virait à la déception la plus intense.
    - Admettons, Mr Potter, je veux bien vous croire sur parole, cette fois-ci.
    Quelle grandeur d'âme...
    - Mais souvenez-vous qu'au moindre faux pas, vous aurez des comptes à rendre, et que si jamais vous êtes surpris à contacter Albus Dumbledore... je le saurai. Ma brigade inquisitoriale surveille le courrier et Mr Rusard se charge des passages secrets. Allez déjeuner, maintenant !
    Il ne se le fit pas dire deux fois. Il était plus que temps de regagner le réfectoire, en espérant qu'il restait trois petits pois au fond des plats de service. Profitant de ce qu'Ombrage lui tournait le dos pour ôter une poussière imaginaire sur une de ses assiettes à chatons, Harry balança le contenu de sa tasse dans l'encrier avant de se sauver dans le couloir, en réfléchissant à ce qu'il avait appris. Il faudrait trouver un moyen de neutraliser cette brigade de malheur...
    Alors qu'il atteignait les portes massives du réfectoire, un énorme BOUM le fit sursauter, et les lustres accrochés au plafond cliquetèrent de toutes leurs breloques de cristal. Harry eut un nouveau sursaut quand un dragon vert et or pétillant d'étincelles jaillit de sous la balustrade du palier, crachant flammes et nuages de fumée, suivi de soleils roses, rouges, bleus, jaunes qui sifflaient en tournoyant. Le spectacle était aussi assuré par des galaxies d'étoiles dorées et argentées qui montaient se perdre au plafond.
    D'autres élèves se ruèrent hors du réfectoire. Il était si absorbé par la contemplation des feux d'artifices qu'il sentit à peine qu'on lui glissait un sandwich dans la main.
    - Eh bien, dit la voix de Sarah à côté de lui, on dirait que nos chers jumeaux ont mis leurs menaces à exécution, alors que des cierges de flamme blanche traçaient à la fumée des noms d'oiseaux réjouissants.
    - Jolie gamme de créations, reconnut Harry. Ils en ont encore beaucoup ?
    Une chimère crachant des étincelles passa devant eux avant de filer vers les étages, sa queue de scorpion balayant l'air.
    - Je crois que celle-ci vient de Blaise, commenta Théodore. Rien de tel que l'union des maisons pour donner des résultats spectaculaires, n'est-ce pas ?
    - QUE SIGNIFIE CE DÉSORDRE ??!?
    - Et voilà les soldats du pape qui débarquent après la bataille, ricana Sarah.
    Les mains dans les poches, ils s'appuyèrent contre le mur, bientôt rejoints par une meute d'élèves en joie, pour regarder Ombrage tenter de faire disparaître les feux fous qui se multipliaient comme des mouches dans tout le collège, résistant efficacement à tous les sortilèges qu'elle pouvait leur envoyer, certains se multipliant même en réponse.
    - Ça me rappelle quand Lockhart essayait de dompter les lutins, remarqua Ron en contemplant une fusée qui montait en chandelle vers le plafond en semant derrière elle des miniatures de farfadets qui volaient partout autour des tableaux et des tapisseries. Je sens que mes frères vont faire de très gros bénéfices avec ce coup publicitaire.
    Harry n'eut même pas besoin de tourner la tête pour savoir qu'au mot « bénéfices », Sarah avait déjà dressé l'oreille et prenait des notes.

    Pendant le restant de la journée, une ambiance étrange s'établit dans le collège. Les cours étaient régulièrement interrompus par l'entrée intempestive de feux d'artifices en goguette que les professeurs prétendaient ne pas pouvoir chasser faute d'autorisations suffisantes. A chaque fois, un élève quittait la salle pour aller chercher Ombrage. Le seul qui fut épargné par la nouvelle attraction était Rogue, sans doute par égard pour les substances dangereuses qu'il entreposait dans sa réserve. Ou bien il avait fourni des ingrédients à Blaise pour ses petites expériences. En tout cas, il avait fermement menacé de représailles permanentes quiconque jouerait au Chef Suédois dans sa classe. Ceux qui comprirent l'allusion regrettèrent de ne pas pouvoir ajouter au chaos qui régnait dans Poudlard. A la fin de la journée, tout le monde était de très bonne humeur, sauf Ombrage, couverte de suie après avoir cavalé après des fusées, épuisée, et incapable de s'en prendre à des enseignants qui, après tout, n'avaient fait qu'appliquer ses consignes très strictement à la lettre. Fudge allait adorer le tout premier rapport qu'il allait recevoir sur les réformes de Poudlard.
    Le soir venu, Harry descendit dans la salle commune des vert et blanc pour trouver celle-ci décorée d'un soleil et de quelques petites étoiles crépitantes. Malefoy, écoeuré par l'évident manque de goût de ses condisciples, avait préféré aller se coucher tôt.
    Sarah leva la main et il alla la rejoindre.
    - J'ai une excellente nouvelle, souffla sa complice. Tracy Davis va intégrer la brigade inquisitoriale dès demain. Elle est réputée « neutre », pour ce que ça vaut. A nous les infos...
    Harry hocha la tête avec un large sourire, puis gagna le dortoir. Théodore et Blaise étaient déjà sur place, commentant gaiement les dernières inventions des jumeaux Weasley, tandis que les rideaux des lits de Malefoy & Co étaient étroitement tirés. Harry se changea, puis se glissa sous ses couvertures avec satisfaction. La journée avait été longue, mine de rien.

    Le surlendemain, Harry se rendit à son cours d'occlumencie. Il n'avait pas beaucoup pratiqué ses exercices mentaux ces derniers temps, mais avec l'agitation et le mouvement perpétuel qui régnaient à Poudlard, rien d'étonnant. Ceci dit, Rogue n'allait pas lui faire de cadeaux pour autant...
    En se dirigeant vers le bureau de son directeur, des livres sous le bras pour faire illusion, il croisa une fille de Serdaigle portant un I d'argent épinglé à sa robe. Il chercha à se rappeler son nom, sans succès. Elle était toujours fourrée à Cho Chang et se moquait sans retenue de Luna Lovegood. Ombrage avait réussi à contaminer les rats de bibliothèque... Inquiétant.
    Il allait faire part de cette réflexion à Rogue, mais le trouva passablement agité, le nez dans un rouleau de parchemin long d'un bon demi-mètre, accompagné des restes d'une enveloppe rouge.
    - ??!?
    - De la part des parents de Montague. Le moins que l'on puisse dire est qu'ils n'ont pas apprécié la plaisanterie des frères Weasley. D'après leur courrier, une autre beuglante a dû arriver dans le bureau de notre nouvelle directrice très respectée, mais c'est une piètre consolation.
    - Vous êtes sûr que vous êtes dans le bon état d'esprit pour un cours ? s'inquiéta Harry.
    - Petit insolent, répondit Rogue avec un sourire en coin qui démentait ses propos. Si j'étais vous, je ferais très attention à mes souvenirs ce soir...
    Rogue extirpa quelques filaments argentés de sa tempe avant de les déposer dans sa pensine.
    - Bien, fit-il en se tournant vers Harry. Commençons...
    Mais il était dit que ce soir-là, la leçon tournerait court. Quelqu'un frappa à coups redoublés sur la porte du bureau.
    - Attendez à côté, siffla Rogue en poussant Harry dans la pièce adjacente. Personne ne doit savoir que vous êtes ici.
    Puis il alla ouvrir, et Harry entendit la voix traînante de Drago Malefoy. Il l'avait échappé belle !
    - Professeur, Montague vient de réapparaître au quatrième étage ! Il ne sait pas trop comment il a atterri là, d'ailleurs. Je crois que vous devriez venir le voir, il n'est pas en grande forme.
    Rogue partit sur les talons de Malefoy, laissant la porte ouverte derrière lui. Dès que l'écho de leurs pas se fut éteint, Harry sortit de sa cachette, et s'apprêtait à quitter les lieux quand son regard se posa sur la pensine du professeur.
    La curiosité le saisit. Il s'approcha et se pencha sur la substance aux reflets de vif-argent. C'était une mauvaise idée, se dit-il en se redressant. Si Rogue découvrait que son élève avait - littéralement - mis le nez dans ses souvenirs... Mais avec un peu de chance, Harry y trouverait des informations sur ce que cherchait Voldemort, sur cette fameuse prophétie. S'il pouvait l'entendre ou la lire, cela l'aiderait à mieux comprendre ce que se passait autour de lui. Sans aucun doute.
    Il tendit de nouveau la main, laissa ses doigts effleurer la surface mouvante... En un clin d'oeil il fut happé par un tourbillon de pensées.
    Il aperçut un garçon d'à peu près son âge, l'uniforme de Poudlard sur le dos, s'installer à une table... Non, cela ne l'intéressait pas. Il progressa plus avant dans les souvenirs, et finit par se trouver devant un Rogue d'une vingtaine d'années, plus efflanqué encore qu'à présent, qui avançait discrètement vers l'arrière-cour d'un bâtiment mal entretenu. Harry observa l'endroit. Au loin, il pouvait voir les tours et les clochetons de Poudlard. Il se trouvait au village de Pré-au-Lard, qui n'avait guère changé en quinze et quelques années. Il s'approcha de la mince silhouette noire de Rogue qui se penchait contre une porte, l'oeil collé au trou de la serrure. Se sachant invisible dans ce souvenir, Harry se posta derrière la fenêtre pour voir ce qui intéressait tant son futur professeur.
    Il fut surpris de reconnaître Dumbledore, installé à une table miteuse en compagnie de... Trelawney ? Oui, c'était bien la voyante, avec les mêmes lunettes géantes et le châle à paillettes. Harry se colla à la vitre pour entendre ce qu'ils se racontaient.
    - Comme vous le savez, je suis à la recherche d'un nouveau professeur de divination, ma chère Sibylle, et connaissant l'excellente réputation et même le prestige de votre aïeule, j'ai pris la liberté de vous demander un entretien afin de savoir si vous accepteriez ce poste.
    - Dumbledore, avec tout le respect que je vous dois, je ne sais si cela serait une bonne idée. Je n'aime guère les endroits bruyants et fréquentés, voyez-vous... l'agitation me perturbe et de plus...
    Elle s'arrêta au beau milieu de sa phrase, ses yeux se révulsant soudain. Bingo ! songea Harry. Elle allait faire une prédiction.
    - Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche... il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois... et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore... et l'un devra mourir de la main de l'autre car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit... Celui qui détient le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres sera né lorsque mourra le septième mois...
    Puis Trelawney bascula en avant et Dumbledore la rattrapa de justesse avant qu'elle ne heurte rudement le bois de la table. Toujours collé à la porte, Rogue n'avait pas perdu une miette de la prédiction, mais quand Harry se tourna vers lui, il lui sembla que le visage de son professeur n'affichait aucune satisfaction, rien que de la surprise et une certaine inquiétude.
    - P'tain d'bon sang d'bois ! Qu'esse-vous f'tez là, vous ?
    Harry et le jeune Rogue sursautèrent avec un bel ensemble quand un homme grisonnant, enveloppé d'un tablier crasseux, déboula derrière eux en brandissant ce qui ressemblait beaucoup à un pied de chaise. Harry reconnut le patron de la Tête de Sanglier. Le bonhomme avait l'air furieux.
    - J'vous prends à espionner mes clients !
    Rogue battit prudemment en retraite, les mains levées devant lui comme pour se garer des coups qui risquaient de tomber.
    - C'est bon, c'est bon... je m'en vais... Si on peut même plus essayer de boire un coup gratuit, marmonna-t-il en s'éloignant.
    Il avançait le long de la route qui sortait du village. Harry lui emboîta le pas et bientôt, une silhouette imposante leur barra le passage. Le garçon reconnut McNair, le bourreau du ministère.
    - Alors ? Le vieux a fait quelque chose d'intéressant ?
    - Pas vraiment, répondit Rogue en haussant les épaules. Il causait avec cette timbrée de Trelawney. Elle, par contre, a peut-être dit des choses qui valent la peine d'être rapportées.
    - Bon, alors, allons-y.
    L'image se brouilla soudain, et Harry vit le monde devenir flou autour de lui. Les deux sorciers avaient transplané. Ils se trouvaient à présent dans le parc d'une demeure cossue et avançaient rapidement vers le porche de la maison, où un troisième mangemort les attendait. Harry ne le reconnut pas.
    - Il était temps que vous arriviez, tous les deux. Il commence à s'impatienter.
    Rogue hocha à peine la tête et entra dans la maison. Il poussa les portes de ce qui devait être une bibliothèque et mit un genou en terre à quelques pas d'un vaste fauteuil. Un long bras blanchâtre émergea de derrière le dossier et lui fit signe d'approcher.
    - Severus... as-tu de bonnes nouvelles pour moi ?
    - Possiblement, maître. J'ai surveillé Dumbledore, comme vous me l'avez demandé. Aujourd'hui, il a rencontré une candidate pour le poste de divination, qui a prophétisé en plein milieu de l'entrevue.
    - Oh... et qu'a-t-elle dit, cette excellent femme ?
    - En substance, qu'un enfant capable de vous vaincre naîtrait à la fin du mois de juillet, maître, de quelqu’un qui a survécu à trois rencontres avec vos forces, répondit uniment Rogue.
    Voldemort laissa échapper un ricanement méprisant, et Harry fronça les sourcils. Rogue avait délibérément « oublié » les deux tiers de la prophétie de Trelawney, et son maître ne s'en rendait pas compte ? Au temps pour les talents de legilimens de Voldemort, dites-moi... Ou bien, cela démontrait le don de Rogue pour l’occlumencie.
    - Comme c'est intéressant... susurra le mage noir. Il va falloir prendre des dispositions. Elle n'a rien dit d'autre ? Et Dumbledore ?
    - Le patron du pub où ils se trouvaient m'a surpris, et pensé que je voulais détourner une partie de ses stocks, dit Rogue d'un ton d'excuse. J'ai préféré ne pas faire d'histoires.
    - Dans ces circonstances, c'est en effet plus sage. Tu as bien travaillé, Severus. Oui, très bon travail. Tu peux te retirer, je te récompenserai bientôt.
    - Maître...
    Jugeant en avoir assez vu, Harry se concentra sur la salle où se trouvait son corps. Il visualisa les étagères, le bureau, le sol de pierre...
    … et bascula en arrière quand il revint dans le monde réel.
    Ce fut seulement après avoir retrouvé ses esprits qu'il réalisa pleinement l'énormité de ce qu'il venait de faire. Rogue allait le tuer ! Ou pire, lui retirer toute la confiance que le garçon avait péniblement acquise. Surtout, il valait mieux que le professeur ne le trouvât pas dans son bureau en rentrant.
    Harry ramassa son sac et fila en courant vers les quartiers de Serpentard comme s'il avait le diable aux trousses. La salle commune était encore remplie d'étudiants au travail, et il alla s'asseoir dans un coin pour faire semblant de plancher sur ses devoirs en attendant que les oreilles indiscrètes disparaissent dans les dortoirs.
    Il avait la prophétie, à présent. Et puis quoi ? Ce n'était pas comme s'il y croyait. Libre à Dumbledore et Voldemort d'agiter leurs pions en fonction des délires d'une astrologue trop portée sur la bouteille, mais lui n'allait certainement pas suivre leur exemple.

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    Message par Mel72000 Dim 16 Jan - 12:28

    Nous voilà face à un changement majeur, donc, dans votre trâme, Harry apprend que Rogue est celui qui a donné la prophétie dès le tome 5 et il apprend ladite prophétie avant... Donc, désormais, il peut vraiment y avoir du changement.
    Je suis heureuse que Harry ne perde pas la confiance de Rogue !
    Merci pour ce chapitre

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    Message par Roswell Dim 16 Jan - 15:55

    Formidable!
    Enfin Harry connaît la prophétie et ne risquera donc pas l'expédition hasardeuse (et foireuse) au Ministère pour cette raison...
    Va-t-il demander à Rogue pourquoi celui-ci a occulté les deux tiers de la prophétie dans son rapport à Voldemort?
    Je préfère vraiment le Harry prudent à celui de Rowling! Bravo à tous les deux!

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    Message par Raven Dim 6 Mar - 22:12

    Salut !
    Pas la peine de dire que nous avons mis le temps, je le sais ! Razz C'est ça l'ennui du travail, c'est qu'il vous prend tout le temps disponible que l'on consacrait avant aux fics. Et puis Link est parti au ski...
    Bref, le chapitre.


    Chapitre 29 : Conseils d'Orientation

    Par bonheur, les complices d'Harry ne mirent pas trop de temps à revenir de leur voyage à la bibliothèque. Il leur fit immédiatement signe de le rejoindre, et le petit groupe s'assit en demi-cercle autour de la cheminée, faisant mine de prendre des notes sur les nombreux livres étalés devant eux.
    - Alors ? Quoi d'intéressant ? demanda avidement Sarah.
    Harry leur relata aussi discrètement que possible ce qu'il avait découvert dans la pensine de Rogue. Si Théodore parut impressionné, Sarah et Blaise semblèrent assez sceptiques.
    - Pas très précise, sa prédiction, remarqua ainsi la jeune fille. Elle dit la fin du septième mois, mais de quelle année ? Et quel septième mois ? Dans l'ancien calendrier, c'était septembre, pas juillet. D'où le nom, d'ailleurs. Si ça se trouve, Jedusor et le vieux se sont trompés tous les deux, et notre « sauveur » n'est pas encore de ce monde. Oh, et autre chose qu'il serait bon de savoir, c'est qui de Tommy ou du dirlo s'est planté le premier. Est-ce monsieur l'innommable qui a interprété ce délire de travers, ou est-ce la réaction de Dumbledore qui l'a mis sur la voie ?
    Harry resta perplexe. Les questions de Sarah étaient sensées, les réponses indispensables mais obtenir ces informations se révèlerait sans douter autrement plus difficile que d'aller "juste" fouiller dans la pensine de Rogue. Qui le transformerait en une collection d'ingrédients pour potions dès qu'il apprendrait cette indélicatesse. Harry ne pouvait retourner au cours d'occlumencie sans avoir une pensine à disposition pour dissimuler ce souvenir encombrant. Il allait devoir inventer des excuses pour éviter Rogue jusqu'à la fin de l'année. Il avait fait des progrès en occlumencie, mais pas au point de cacher quelque chose d'aussi obsédant à un maître qualifié.
    - On lève la session, dit Blaise. Le petit mouchard platine vient par ici.

    Harry eut l'occasion de tester son aptitude au mensonge dès le lendemain. Rogue le retint quelques minutes après un déjeuner, pour planifier une nouvelle leçon d'occlumencie.
    - Euh... je ne sais pas quand ce sera possible, professeur, dit Harry, feignant l'embarras. Vu que les examens approchent, nous sommes un peu... surchargés. Entre les révisions et le tutorat, je n'ai plus vraiment le temps.
    Rogue inclina légèrement la tête.
    - J'imagine... Bien, dans ce cas, je vous encourage à travailler de votre mieux. Si jamais je vous prends le nez en l'air pendant vos... "révisions"...
    - Non, non, pas du tout, assura le garçon avant de détaler.
    - Il a marché ? demanda Sarah quand il rejoignit ses complices habituels.
    - J'espère.
    La jeune fille haussa un sourcil, mais ne fit aucun commentaire. Elle tira Harry derrière un pilier et baissa encore plus la voix, si c'était possible.
    - J'ai récupéré la baguette que j'avais laissée chez Dumbledore. Maintenant que le vieux est parti, espionner son bureau n'a plus beaucoup d'intérêt. Comme nous ne pouvons pas poser de matériel d'écoute à Grimmauld Place pour le moment, je nous ai trouvé une nouvelle cible. J'ai besoin d'aide pour planquer notre micro chez Ombrage. Tu peux m'aider ?
    - Je dois pouvoir faire ça. J'ai tout le matériel nécessaire : la cape, la carte et le couteau que Sirius m'a offert l'année dernière. Manque plus que la main de la gloire, et j'aurai la panoplie complète du parfait cambrioleur.
    - Très bien, très bien. Bon, je dois te laisser pour le moment, les jumeaux ont besoin d'aide. Il semblerait qu'ils aient commencé à distribuer des Boîtes à Flemme aux première année, et Hermione veut leur tête, maintenant. J'ai accepté de cacher une partie de leur production. Il y a un magnifique espace inoccupé dans les combles autour du réfectoire, je ne te dis que ça... On pourrait y planquer tout un régiment.

    Les vacances de Pâques passaient à une vitesse folle, et Harry se dépêcha de planifier une visite au bureau d'Ombrage. Grâce à sa carte, il saurait quand la vilaine bonne femme serait absente de son bureau. Hors de question de s'y rendre de nuit : Malefoy veillait, et Harry était certain qu'Ombrage plaçait des sécurités supplémentaires contre les visiteurs nocturnes. Il devait opérer pendant la journée. Plus facile à dire qu'à faire. Les cours n'ayant pas encore repris, le crapaud passait le plus clair de son temps dans cette pièce. Il fallait trouver un moyen de l'en éloigner. Il s'ouvrit de ce problème à Blaise, qui suggéra aussitôt de faire appel à l'inépuisable inventivité des frères Weasley.
    - Mais pas tout de suite, précisa Blaise. D'abord, nous devons préparer ces fichus conseils d'orientation.
    - Les quoi ?
    - Tu n'as pas vu l'affiche ? C'est vrai qu'elle est un peu noyée dans la propagande ministérielle. Viens par ici.
    Zabini l'entraîna devant le panneau d'affichage. Un carton, effectivement perdu au milieu des décrets d'Ombrage, stipulait que :

    Tous les élèves de cinquième année sont convoqués pour un bref entretien avec le directeur ou la directrice de leur maison, au cours de la première semaine du troisième trimestre, afin d'examiner leurs perspectives de carrière. L'horaire de ces rendez-vous individuels est indiqué ci-dessous.

    Harry rajusta ses lunettes et lut qu'il était bon pour une discussion avec Rogue le mardi matin, ce qui le dispensait de se prendre la tête sur les runes anciennes.
    - Ils ont été gentils, ils nous ont même fourni des brochures pour nous aider à choisir. Tu viens lire ça, j'ai des œufs de Pâques à partager.
    - Ta famille célèbre Pâques ?
    - La preuve qu'on peut être catho ET sorcier en même temps. En plus, les leurs sont toujours délicieux. Allez, au boulot ! Soit dit en passant, le crapaud a fait ouvrir le colis et l'a inspecté. Coup de chance, c'est notre gentille Tracey qui s'est chargée du travail, et j'ai pu récupérer mon bien sans que Crabbe ou Goyle aient pu en prélever une part.
    Les deux garçons s'affalèrent dans un coin avec une pile de prospectus et une bonne réserve de chocolat. Harry jugea très vite que les dépliants n'étaient guère instructifs. Il secoua la tête en découvrant qu'un simple BUSE et « le sens de la fête » suffisaient – d'après le ministère – pour travailler au contact des Moldus. Un guide de la mode aurait été nécessaire, ainsi que des stages pratiques dans le métro et une maison moldue typique...
    - Gringotts propose des options intéressantes, commenta Blaise. Je me verrai bien chez eux. Les farces et attrapes, c'est gentil, mais les revenus doivent être très fluctuants, tu ne crois pas ?
    - Tout dépend de l'humeur du client, c'est certain, approuva Harry. Ceci dit, si les rumeurs sur la présence d'un dragon dans les caves de la banque sont exactes, ce ne sera sûrement pas de tout repos.

    Le lendemain, Harry fit passer un mot à Fred et George par l'intermédiaire de Ginny, et leur donna rendez-vous au bas d'un minuscule escalier en colimaçon qui montait près de l'un des angles du réfectoire. Les jumeaux ne connaissaient pas l'endroit et furent assez surpris quand Harry, entre deux paliers, posa sa baguette contre un panneau de bois qui glissa pour révéler une ouverture et un nouvel escalier. Quelques marches plus haut, les trois garçons émergèrent dans le grenier « secret » de Poudlard. Bien sûr, il figurait sur la carte du Maraudeur, mais les jumeaux l’avaient toujours cru occupé et gardé par les elfes de la cuisine. Sarah n'avait pas menti, l'endroit était plus que spacieux. En face de l'entrée, une série de petites ouvertures grillagées donnait sur le réfectoire et permettaient de surveiller ce qui s'y passait. Un coin avait été aménagé avec des coussins, une table basse et des étagères sur lesquelles étaient entreposés les articles farceurs des jumeaux.
    - Coquet, commenta Fred en s'asseyant sur un coussin.
    - Alors, que pouvons-nous faire pour toi, cher partenaire silencieux ? s'enquit George.
    - Je dois visiter le bureau d'Ombrage, expliqua Harry, de préférence pendant la journée. Nous allons la mettre sur écoute, précisa-t-il devant l'expression surprise des jumeaux, qui s'illumina d'un coup.
    - Brillant, approuva Fred.
    - Totalement, confirma George. Je vois déjà comment procéder, mais il faudra t'armer d'un peu de patience. Nous opérerons sans doute après la reprise des cours, histoire qu'un maximum d'élèves profitent de notre performance. Les gens sont en vacances, en ce moment, il faut respecter ce temps de repos.
    Harry se retint de rire. C'était bien eux... Sarah ne lui avait imposé aucun délai, aussi leur solution lui paraissait tout à fait acceptable. Ils connaissaient à présent l'emplacement de leur réserve secrète, et pourraient donc y entreposer d'autres objets potentiellement illicites sans recourir aux Serpentard. Harry se demanda si Dumbledore avait déjà mis les pieds dans ce grenier géant. Si oui, il n'avait laissé aucune trace de son passage.
    - Bien, dit-il finalement. Je vous laisse faire comme vous voulez. Faites juste en sorte de nous prévenir avant de lancer la grande opération.
    - Compte sur nous, proclama solennellement George en lui serrant la main. Harry aurait pu se méfier, mais il avait rapidement compris que les jumeaux réservaient ce genre de blagues à leurs ennemis : il n’y eut pas de mauvaise surprise.

    Sarah fut très satisfaite d'apprendre leur combine, remarquant au passage qu'en planifiant leur opération lors de la reprise des cours, les deux petits malins s'assuraient un magnifique coup de pub. Théodore se demandait ce qu'ils pourraient faire de mieux que leurs feux d'artifices. Quant à Blaise, il disparaissait fréquemment dans sa bat-cave personnelle pour mettre au point ses propres gadgets.
    - Au fait, Sarah, je ne t'avais pas demandé, mais... tu sais quoi raconter à Rogue pour ton entretien d'orientation ?
    - A ton avis ? répondit la jeune fille avec un sourire en coin.
    - Banque et finance ?
    - Eh bien, tu vois que tu le savais.

    Les vacances prirent fin au milieu des grincements de dents. De ce côté-ci du mois d'avril, les examens paraissaient tellement plus proches...
    Le lundi matin, alors qu'il quittait le réfectoire pour se rendre en cours, Harry reçut un petit message, glissé dans sa poche, lui annonçant que la grande opération aurait lieu deux jours plus tard en fin d'après-midi, et lui souhaitant de bien profiter du spectacle. Harry se débarrassa du papier dans les toilettes les plus proches avant de courir pour rejoindre ses condisciples.
    Les premières réunions d'orientation débutèrent le lundi après-midi, pour les Gryffondor. Neville et Ron revinrent de leur entretien avec une tête d'enterrement. Il semblait qu'Ombrage avait décidé de s'inviter à certains horaires pour étudier les choix et les ambitions des élèves. Harry retint un gémissement quand il comprit que le crapaud assisterait sans doute à sa discussion avec Rogue. Se retrouver coincé entre son directeur et son ennemie jurée, c'était tout ce qui lui manquait ! Il allait devoir calibrer son discours au millimètre ; à la longue, cette auto-surveillance constante commençait à devenir un peu... fatigante.

    Mardi matin, Harry se rendit dans le bureau de son directeur, se sentant parfaitement misérable. Il aurait aussi bien pu y aller à reculons, s'il n'y avait eu personne dans les couloirs pour le remarquer. Une fois arrivé, il frappa deux coups secs à la porte.
    - Entrez, Potter !
    Harry avala sa salive, et rassembla le peu de courage qui lui restait. Il ouvrit la porte et entra dans le bureau. Il avait fait un effort particulier pour soigner sa tenue. Ombrage n'aurait au moins rien à redire au pli de son pantalon ni à l'état de son pull, si elle s'était donné la peine de venir.
    Bien entendu, elle était venue. Elle aussi avait sorti le fond de ses valises. Harry ne lui avait encore jamais vu cette veste à col de dentelle. Il salua les deux professeurs et s'assit lorsque Rogue lui désigna un siège. D'un air indifférent, l'enseignant reclassa quelques papiers, mais au regard froid et dépourvu de la moindre sympathie qu'il posa sur le garçon, celui-ci comprit que Rogue avait deviné son intrusion dans la pensine et les véritables raisons pour lesquelles il évitait les cours d'occlumencie.
    - Potter, dit Rogue d'un ton neutre, cet entretien a pour but de déterminer vos objectifs de carrière afin de vous aider à choisir les matières que vous conserverez durant vos deux dernières années à Poudlard. Avez-vous déjà une idée de ce que vous souhaiteriez faire lorsque vous aurez quitté l'école ?
    Harry réfléchit rapidement.
    - J'ai envisagé plusieurs possibilités, dit-il en s'efforçant de garder son calme. Le quidditch à un niveau professionnel ne durera pas éternellement, et si travailler aux départements spéciaux du ministère présente un certain intérêt... cela ne va pas sans risques non plus. Je pense plutôt à l'enseignement.
    Enfin, il obtint une réaction de Rogue, qui haussa les sourcils, clairement surpris.
    - Pourquoi cela ?
    - Depuis que Sarah Cobbyte a ouvert ses cours de soutien, j'y participe régulièrement et j'assure une partie des séances d'étude, et... ça se passe très bien. J'aime expliquer des leçons ou des exercices, aider d'autres élèves à progresser... (Et je tiens des cours de Défense clandestins qui donnent des résultats encore plus excitants).
    Rogue se contenta de hocher la tête. Ombrage toussota et se redressa sur son siège. Harry se retint de lever les yeux au ciel.
    - Monsieur Potter, commença-t-elle de sa plus atroce voix de fausset, voilà un but certainement très noble, mais néanmoins, quelques petits problèmes risquent d'entraver sa réalisation.
    Harry haussa poliment les sourcils.
    - Je reconnais, madame, ne pas comprendre de quoi il pourrait s'agir.
    - Tout d'abord, pointa Rogue, vous devrez obtenir les meilleures notes dans les matières que vous souhaiterez enseigner. Des idées ?
    - Eh bien... Les enchantements, les runes, la métamorphose...
    Harry se garda bien de mentionner "Défense contre les Forces du Mal" en présence du... hem... de l'actuel professeur titulaire.
    - Vous avez pour le moment de très bonnes notes dans ces trois matières, je ne vois pas ce qui pourrait vous empêcher de les enseigner dans l'avenir, si vous poursuivez vos efforts dans ce domaine, concéda Rogue, toujours d'une voix neutre.
    A nouveau, Ombrage toussota, visiblement mécontente d'avoir été ignorée pendant ce bref échange, et redressa sa petite taille comme une souris qui voudrait mordre.
    - Mais il faut l'approbation du ministère pour obtenir un poste d'enseignant en Grande-Bretagne, précisa-t-elle avec un sourire mauvais. Et... étant donné les antécédents de Mr Potter... Je doute que le ministère donne jamais son accord pour lui confier la responsabilité d'une classe.
    Bon Dieu c'est pas possible d'être aussi puérile...
    - Oh ? fit Harry d'un ton dégagé. Ce n'est pas trop grave. Poudlard n'est pas la seule école de sorcellerie du monde, après tout. Enseigner à l’étranger serait une expérience intéressante, niveau culture. Et le ministère a le temps de changer trois fois au moins avant que je ne commence à travailler.
    Ombrage vira au cramoisi. Elle allait encore faire un numéro d'indignation quand Rogue la coupa.
    - En effet, Potter. Intéressant choix de carrière. Vous pouvez disposer.
    Harry salua les deux enseignants et sortit rapidement du bureau. Il n'avait aucune envie de rester en compagnie de Rogue plus longtemps que nécessaire. Il lui restait encore une vingtaine de minutes avant le début du cours suivant, aussi décida-t-il d'attendre le passage de ses camarades.
    Blaise ne resta pas bien longtemps, et ressortit en se retenant de justesse de claquer la porte.
    - Si elle ne crève pas à la fin de l'année parce que le poste est maudit, lança-t-il à Harry, c'est parce que je m'en serait chargé moi-même !
    Sarah revint avec une allure plus calme, mais rien que le ton de sa voix était un véritable appel au meurtre lorsqu'elle déclara :
    - D'après Miss Ombrage, un Né-Moldu qui ambitionne de devenir, à long terme, directeur d'agence à Gringotts, cela ne s'est jamais vu, et c'est contraire à la tradition. Ce n'est pas une ambition envisageable pour un individu de mon espèce, il faut croire. Je me suis juste permis de lui rappeler que je n'étais pas "Née-Moldue", mais née DE Moldus, ce qui est très différent. Et heureusement, Gringotts n'est pas le seul établissement bancaire du monde sorcier.
    - Je lui ai dit la même chose pour l'enseignement et Poudlard, fit remarquer Harry. Elle croit que toute la planète va se plier aux décisions du ministère britannique, ou quoi ? C'est fini, l'Empire, il faudrait le lui rappeler.
    - Sans importance, tout ça, sans importance, grommela Sarah en prenant la direction du cours d'enchantements.
    Si Harry était à la place d'Ombrage, il surveillerait son thé, ses gâteaux secs et tout le reste...
    Le jour suivant, la fin des cours ne pouvait pas arriver trop vite. La plupart des étudiants, Malefoy et sa clique (déjà une trentaine de "purs" et durs) exceptés, avaient reçu de la part d'Ombrage des avis très négatifs sur leurs choix de carrière, trop ou pas assez ambitieux suivant les cas, assortis de commentaires malveillants sur leurs aptitudes physiques et mentales au métier choisi. Chourave avait passé de longs moments à consoler certains de ses élèves, la veille, et McGonagall ne décolérait pas. Ceux qui n'avaient pas encore subi les entretiens se faisaient tout petits. Dans ces conditions, Harry priait pour que le plan des jumeaux fût à la hauteur, et permît de relâcher la tension en plus de faire un casse dans le bureau du crapaud. Sans cela, l'explosion type soixante-huit se produirait beaucoup plus tôt que prévu. Et Ombrage trouverait sans doute le moyen de la lui mettre sur le dos.

    En fin d'après-midi, alors que les étudiants quittaient leur dernier cours pour regagner leurs salles communes, Harry fila dans les toilettes de Mimi, heureusement absente, dissimula son sac dans l'une des cabines et enfila la cape d'invisibilité qu'il avait gardé entre deux livres. Il mit le couteau offert par Sirius dans sa poche et prit sa carte de l'école, avant d'attendre le signal des jumeaux.
    Il arriva sous la forme d'un fracas monumental, suivi de cris effrayés. Harry déplia la carte. Bien, Ombrage venait de quitter son bureau, il n'y avait plus personne dans le secteur. Il partit au trot dans les couloirs, prenant un virage ici ou un raccourci là pour éviter de croiser qui que ce fût. Bientôt il arriva devant la porte de la « directrice ». Il sortit son couteau et le fit glisser entre la porte et le mur. Il entendit un déclic. Priant pour qu'aucun maléfice n'eût été posé sur la porte, Harry mit la main sur la poignée et tourna.
    Le battant s'ouvrit sans effort, et il entra rapidement à l'intérieur, refermant la porte derrière lui.
    Le bureau était toujours identique à ses souvenirs. Les chatons peints sur la porcelaine des assiettes sautaient de l'une à l'autre, et une petite pendule dorée faisait tic-tac sur le manteau de la cheminée. Les balais confisqués par Ombrage étaient rangés dans un coin, enserrés dans des chaînes fermées d'un cadenas. Harry songea à se précipiter dessus, puis son sens des priorités l’emporta. La baguette espionne d'abord, décida-t-il. Il chercha du regard un endroit où la ranger. Derrière une assiette ? Non, pas assez stable. Directement sur le bureau, partant du principe qu'une chose est d'autant mieux cachée qu'elle se trouve en pleine vue ? Non, tout de même pas. Il se baissa au ras du plancher et déposa le morceau de baguette contre le pied d'une armoire vitrée qui ne devait pas être déplacée souvent. Mission accomplie. Les balais, à présent ? Attention à ne pas vouloir en faire trop. Il s'approcha et inspecta le cadenas. Il devait pouvoir utiliser le couteau pour l'ouvrir, mais quand le crapaud découvrirait l'effraction, elle chercherait sûrement les traces de magie. Harry n'avait ni son épingle-fétiche ni le moindre trombone pour tenter le crochetage, aussi remit-il cette tâche à une autre fois. Il connaissait la procédure pour s'introduire dans la place, à présent. Et un « vol » mettrait la puce à l'oreille de l'horrible bonne femme. Elle fouinerait partout en quête d'autres « incivilités ».
    Harry ressortit du bureau sur la pointe des pieds, juste à temps pour voir arriver un Rusard essoufflé mais absolument ravi, qui fila droit sur le bureau et ouvrit les tiroirs l'un après l'autre.
    - Autorisation de donner des coups de fouet... Enfin, j'ai le droit de le faire... depuis tant d'années qu'ils le méritent...
    Ombrage n'avait quand même pas autorisé ce vieux sadique à exaucer ses fantasmes, non ? Tout sorcier disposait d'une magie défensive réflexe, alors les dieux seuls savaient comment celle des futures victimes de Rusard allait réagir. Avec un peu de chance, il ne resterait de l'odieux concierge qu'une paire de chaussures fumantes. Ou un hamster géant. Le bonhomme repartit, un papier à la main, et Harry le suivit. Il ne se débarrassa de sa cape qu'arrivé en vue de l'escalier principal, là où toute l'école semblait une fois de plus avoir convergé.
    Ombrage se tenait au bas des marches, faisant face à deux personnes dont Harry n'aperçut que le sommet du crâne, coiffé d'une épaisse tignasse rousse. Les deux rouquins étant à la même hauteur, il en déduisit que les jumeaux Weasley s'étaient faits pincer (ou laissés pincer) dans l'accomplissement de leurs hauts faits. En tout cas, il put constater en s'approchant qu'ils n'avaient pas l'air de se faire plus de soucis que ça.
    - Alors vous trouvez amusant de transformer une section entière du quatrième étage de l'école en marécage ? demanda le crapaud d'une voix qu'elle voulait menaçante.
    - Un batracien comme elle, ça ne devrait pas lui poser de problème, les marais, remarqua Parvati Patil, non loin d'Harry, s'attirant quelques rires de ses voisins, toutes couleurs confondues.
    - Oui, très amusant, répondit l'un des jumeaux avec un large sourire. Splendide invention, pas vrai ?
    Ils avaient forcément un autre tour dans leur sac, se dit Harry. Personne ne prenait les menaces d'Ombrage avec un tel sourire sans avoir un plan B.
    - Je ne pense pas que vous trouverez cela aussi amusant quand Mr Rusard en aura fini avec votre punition, déclara le crapaud.
    - Oh, mais nous n'avons absolument pas l'intention de nous laisser punir, répliqua celui qui devait être George.
    - Ni de vous donner le plaisir de nous virer, enchaîna son frère.
    - Nous vous remercions pour l'excellente publicité que vous nous faites...
    - ... et nous prenons congé de cet endroit qui n'a plus d'école que le nom.
    Ils sortirent tous deux leur baguette, et le reste des étudiants recula prudemment, des fois qu'un nouveau feu d'artifices serait au programme des adieux.
    - Accio balais ! rugit Fred.
    Un bruit de bois brisé résonna dans les couloirs, puis les balais enchaînés dans le bureau d'Ombrage apparurent au détour d'un corridor. Il y en avait très certainement trois lorsqu'ils passèrent au milieu des élèves, mais plus que deux quand ils s'arrêtèrent impeccablement devant les jumeaux, leurs chaînes cliquetant par terre.
    Ombrage était bouche bée. Était-ce devant l'insolence des deux Weasley, ou pensait-elle à la porte de son bureau, sans doute fracassée par les deux engins ? Au moins, voilà qui règle quelques problèmes pour moi, se dit Harry en souriant.
    Les jumeaux enfourchèrent leurs balais et s'élevèrent de quelques mètres, hors de portée des mains du concierge ou du professeur.
    - Chers amis, nous avons perdu assez de temps dans cette vénérable institution et avons décidé de voler sur notre propre balai à partir d'aujourd'hui. C'est donc avec regret que nous prenons congé de votre estimable assemblée. Ceux d'entre vous qui souhaitent prendre notre succession dans ce château sont les bienvenus, et trouveront sans mal à qui s'adresser. Quant à ceux qui se trouveront à court de stock, ils peuvent nous contacter chez Weasley et Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux, au 93, Chemin de Traverse. Salut à tous !
    Avant de s'élever dans les airs, les chaînes se balançant toujours sous leurs balais, les deux terreurs adressèrent un geste amical à Peeves, qui bien sûr n'avait pas manqué une miette de la scène.
    - Rends-lui la vie impossible, mon vieux Peeves, conseilla George.
    Et l'esprit frappeur se mit au garde-à-vous, impeccable, le chapeau à la main, tandis que les jumeaux prenaient le large sous les vivats de leurs ex-camarades.
    - Je suis bien tenté d'initier Peeves au paint-ball, susurra Colin Crivey non loin de Harry.
    - Socialement irresponsable, mais le potentiel comique est illimité. Fais-toi plaisir, lui répondit le Serpentard.

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    Message par Mel72000 Sam 19 Mar - 20:35

    Je viens tout juste de lire ce chapitre génial, félicitation.
    Donc Rogue s'est aperçu de l'indiscrétion de Harry : pas de bol... Espérons néanmoins qu'il ne fera pas la gueule à Harry trop longtemps.

    J'ai hâte de voir le chapitre avec les buses pour voir comment ils se débrouillent. Cela risque d'être génial !

    Merci pour ce chapitre !

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    Reprise d'antenne - Page 2 Empty Re: Reprise d'antenne

    Message par Raven Sam 2 Avr - 22:46

    Tagazok à tous !
    Cette fois nous aurons mis un peu moins de temps... Bonne lecture à toute l'équipe, et n'oubliez pas le petit bouton en bas, merci... Reprise d'antenne - Page 2 187879




    Chapitre 30 : Mai 68


    Dans les jours qui suivirent, Ombrage se consola de l'immense déplaisir que lui avait causé la fuite des jumeaux en s'acharnant sur ses victimes de prédilection : les enfants de Moldus dotés de pouvoirs sorciers. Le premier à trinquer fut le paisible Maximilian Expea, doyen quoiqu'élève de troisième année des Serdaigle. Il fut convoqué sans ménagements dans le bureau de la pseudo-directrice.
    La baguette espionne installée par Harry quelques jours plus tôt fit alors des merveilles.
    - Entrez, entrez, Mr Expea. Asseyez-vous, je vous prie. Du thé ?
    - Bien volontiers, Miss.
    Harry et ses complices grincèrent des dents. Le pauvre doyen n'était pas au courant des petites manies d'Ombrage en matière de boisson. Il faudrait faire passer le mot à toute l'école dès que possible.
    - Alors, Mr Expea, dites-moi un peu... quand êtes-vous entré à Poudlard ? demanda le crapaud de sa voix la plus doucereuse.
    - Eh bien, j'ai été intégré il y a un peu plus de deux ans maintenant, répondit le vieil homme d'un ton neutre.
    - Veritaserum, décréta Harry, qui en avait déjà observé... et expérimenté les effets.
    Sarah hocha la tête d'un air atterré tandis que Salazar plissait les fibres de son visage de bois dans une moue dégoûtée.
    - Comment avez-vous obtenu ces pouvoirs ? Vous les avez volés, n'est-ce pas ?
    Les auditeurs échangèrent des regards ahuris. Qu'est-ce que c'était que cette nouvelle invention ?
    - Je les acquis en travaillant, reprit le vieux Max de sa voix atone. J'ai découvert l'existence des sorciers quand j'avais huit ans. C'était en 1929. J'ai trouvé ça merveilleux et je me suis demandé comment je pourrais parvenir au même résultat. J'ai passé des centaines d'heures à observer, à faire des recherches, à compiler des livres et des notes. Mais malgré tout cela, c'est grâce à la guerre que j'ai pu développer mes dons. J'étais stationné dans le nord de l'Inde, voyez-vous. Il y a beaucoup de gens qui, sans être sorciers, ont des talents mentaux exceptionnels. J'ai passé cinq ans là-bas pour le service et pendant tout ce temps, j'ai appris. A la fin de la guerre, je suis resté encore six ans à Simla. Quand je suis rentré en Angleterre, je savais utiliser mon esprit pour reproduire ce que j'avais vu. Je n'avais pas besoin d'une baguette, notez bien. Une bonne discipline mentale la remplace aisément. Je suppose qu'un vecteur est nécessaire pour les esprits peu pratiques.
    Même sans dispositif visuel, l'équipe de Serpentard n'eut aucun mal à imaginer la mine d'Ombrage en entendant ses précieux congénères qualifiés d'esprits "peu pratiques".
    - Fort bien, Mr Expea, vous pouvez vous retirer.
    Ils entendirent la porte se refermer, puis le marmonnement d'Ombrage.
    - Voilà un dossier qui passionnera sans doute le ministre. Discipline mentale... Quelles fadaises ! Il s'en est convaincu pour cacher son forfait ! Un de plus à ajouter à ma collection de nuisances...
    Salazar coupa la communication.
    - C’est dingue, commença Théodore, cette capacité qu’ont les gens à refuser d’admettre la vérité présentée à eux.
    - Elle a des dossiers sur les Nés-de-Moldus au ministère. Je sens l'épuration qui arrive, commenta aigrement Sarah.
    - Nous devons trouver un moyen de mettre la main dessus et les détruire, décréta Blaise.
    - Mais comment ? s'inquiéta Théodore.
    - Je ne sais pas encore, mais on VA trouver. D'abord, un des deux rouquins qui restent va nous filer un plan complet du ministère.
    - Réunion au grenier ou dans la salle sur demande ?
    - Le grenier, décida Harry. N'attirons pas l'attention sur nos cours clandestins.

    Ron et Ginny reçurent la convocation pour entretien par l'entremise de la chouette Frida, qui vint taper à la fenêtre du dortoir des filles de Gryffondor en début de soirée.

    Ainsi que Harry l'avait soupçonné, les jumeaux avaient laissé un véritable arsenal dans le grenier secret, que Sarah et d'autres se chargeraient d'écouler auprès des autres étudiants, le tout enrichi par les trouvailles de Blaise et de sa sœur Lucy. Les fameuses doubles punaises figuraient en bonne place dans l'inventaire. Et dans un coin trônait l'Éclair de Feu qui avait pris la tangente en même temps que les balais de Fred et George. L'engin ne paraissait pas avoir souffert de son séjour chez le crapaud, se dit Harry avec soulagement.
    - Un plan du ministère ? grommela Ron. Oh oui, on doit pouvoir en obtenir, mais il faudrait le justifier auprès des parents.
    - Donc nous devons en avoir un par une voie détournée, commenta Sarah.
    - Je pourrais toujours demander à Percy, proposa Ginny, en lui racontant que je voudrais découvrir l'endroit parce que je souhaite y travailler plus tard. Vous savez, après avoir bien réfléchi à sa lettre, et tout ça...
    Harry hocha la tête. Cela pourrait passer, à condition de travailler un peu les arguments, mais il faisait entièrement confiance à Ginny pour cela.
    - Parfait ! déclara Ron en se frottant les mains. Et maintenant, il est temps de mettre un peu d'ambiance.
    Il embarqua plusieurs petits modèles de Boîtes à Flemme dans son sac avant de repartir vers la tour de Gryffondor.
    Ceci dit, ses condisciples, toutes maisons confondues, ne l'avaient pas attendu pour semer le désordre dans l'école.

    La fuite des jumeaux avait été racontée tant de fois depuis leur départ qu'on ne savait plus trop distinguer la légende de la réalité. Elle avait été enjolivée de tant de détails que même les témoins oculaires ne savaient plus trop où ils en étaient. Nombre d'étudiants parlaient ouvertement de les imiter via le même moyen de transport.
    Autre souvenir marquant de leur équipée, la présence permanente d'un marécage dans un couloir du cinquième étage de l'aile Est, qui n'avait rien d'une simple illusion. Ceux qui avaient cru pouvoir passer à travers le mirage s'étaient brutalement retrouvés à barboter dans trois mètres d'eau froide et malodorante.
    - Et si on y mettait des piranhas ? suggéra un jour Hannah Abbott en se frottant les mains. C'est bien, les piranhas.
    - Bonne chance pour les faire entrer à Poudlard, remarqua Théodore. Un bébé kraken aurait une meilleure cote pour passer les contrôles. Je pencherais plutôt pour un diable de Tasmanie caché dans les roseaux. C'est rigolo et ça mord tout le temps.
    En attendant, la largeur du marigot empêchait même les plus sportifs de le franchir en saut en longueur, et Rusard devait faire passer les élèves sur une petite barque à fond plat, pour la plus grande joie de (presque) tous les autres résidents du château, qui s'en donnèrent à leur tour à cœur joie pour rendre l'existence d'Ombrage et de ses collaborateurs aussi insupportable que possible.
    Aucun professeur ne l'aidait à régler ses problèmes de discipline. Personne ne lui proposa non plus de réparer sa porte, ornée d'un gros trou là où les balais avaient fracassé le bois... mais quelqu’un avait trouvé le temps d’y appliquer une illusion donnant au trou la forme exacte des balais. Quant aux élèves eux-mêmes... Fred et George devaient être des sorciers heureux si quelqu'un leur rapportait les (ex)actions de leurs anciens camarades. On avait lâché un niffleur dans le bureau d'Ombrage ; le petit fouilleur à fourrure mit tout à sac, en particulier les encriers au bouchon doré qu'elle affectionnait, et quand le crapaud voulut chasser la bestiole, celle-ci repartit avec plusieurs de ses bagues en guise de trophée. Quelqu'un avait mystérieusement trouvé la recette des boules puantes pendant un cours de potions et l'avait répandue à travers toute l'école (d'autres recettes chimiques purement moldues avaient fait leur apparition pendant les classes de Rogue, et seule celle de l'explosif "thermite" disparut en catastrophe). La combinaison entre acides, bases et ingrédients magiques n'était pas toujours des plus heureuses, et Rogue finit par mettre un terme aux expérimentations en salle. Un sommet dans le rire fut atteint quand un étudiant, que l'on soupçonnait d'être à Serdaigle, transforma l'une des poivrières de la table des professeurs en Dalek. Les apprentis sorciers prirent la fuite hors du réfectoire en riant comme des veaux, suivis de loin par une litanie de "Exterminer ! Exterminer !".
    La brigade inquisitoriale trinqua méchamment et tous ses membres passèrent à tour de rôle à l'infirmerie. Tracey Davis écopa elle aussi d'un maléfice, histoire de conserver sa crédibilité auprès des autres mouchards, mais plutôt léger. Elle garda simplement des sourcils géants pendant une journée entière.
    Les Boîtes à Flemme firent elles aussi des ravages parmi le corps étudiant, causant saignements de nez, nausées ou malaises chaque fois qu'Ombrage entrait en classe. Les punitions et les hurlements n'y firent rien, elle ne sut jamais ce qui avait déclenché cette épidémie étrange surnommée « ombragite chronique ». Pomfresh ne vit jamais le moindre élève débarquer dans son infirmerie pour se faire soigner, cependant.
    Enfin, pour couronner le tout, Peeves appliqua à la lettre les recommandations des jumeaux. Il transforma l'école en un véritable champ de bataille où rien n'était à l'abri de ses déprédations. Boulettes de papier, apparitions, bris de matériel, tout y passa. Miss Teigne fut enfermée dans des armures où elle miaula pendant des heures, puis quelqu'un versa dans sa gamelle un philtre de confusion qui l'amena à voir des élèves là où il n'y en avait pas et obligea son maître à courir dans tous les sens pour arrêter des sorciers qui n'existaient pas.
    Et personne, Rusard excepté, ne levait le petit doigt pour mettre un terme à ce capharnaüm. Les enseignants prenaient un temps infini pour signaler les problèmes qu'ils rencontraient, et se gardaient bien d'y mettre un terme, faute « d'autorité suffisante ». Blaise avait même organisé une session de paris clandestins sur la plus belle vacherie inventée par un prof pour saper le moral de l'ennemi. McGonagall remporta souvent la mise, à son insu. Ou peut-être pas. En tout cas, Harry fut soulagé que Zabini n'allât pas plus loin dans ses fourberies, car la plupart de ses gadgets étaient autrement plus dangereux que les produits des jumeaux. Ses « améliorations » apportées aux frisbees à dents de serpent, par exemple, faisaient assez froid dans le dos.

    Dans cette atmosphère pour le moins électrique, Salazar rapportait des conversations délicieusement comiques grâce à la baguette espionne. Ombrage était régulièrement contactée par le ministère pour faire le point sur les réformes de l'école. Harry et ses co-conspirateurs apprirent ainsi que, si l'action ministérielle portait ses fruits à Poudlard, elle serait étendue à ce qui tenait lieu chez les sorciers d'école primaire, et qui n'était, à vrai dire, qu'un ensemble disparate de garderies et de cours à domicile, le tout en très petit nombre. A chaque communication via cheminette, Ombrage garantissait la bonne marche de ses travaux et la totale tranquillité de l'école. Cela donna des idées aux Serpentard... des idées qui mirent à contribution Colin Crivey et son inséparable appareil photo. Pendant quelques jours le Gryffondor prit des clichés de chaque situation qui contredisait le ronronnement rassurant de l'inquisitrice. En fin de semaine, les photos furent développées dans la salle sur demande, transformée pour l'occasion en laboratoire tout équipé. Une copie de la série de clichés partit par la poste vers les bureaux du Chicaneur (la brigade inquisitoriale n'avait pas encore pensé que le courrier sortant pouvait lui aussi représenter un danger), une autre fut expédiée directement du pigeonnier au cas où, tandis que les originaux étaient stockés en divers points du château : grenier, salle sur demande, classe vide...
    L'édition suivante de l'hebdomadaire loufoque, une fois importée de Pré-au-Lard via passage secret, généra une nouvelle vague de délire au collège. Les étudiants étaient si fiers de la publicité qu'on leur faisait qu'ils décidèrent d'en rajouter une couche histoire de paraître à la une encore une fois.
    La réaction de Fudge ne se fit pas attendre, et Salazar passa de très bons moments, l'oreille collée sur la baguette.
    - En gros, il a dit que s'il voyait encore une seule de ces photos, il envoyait un enquêteur surveiller l'inquisitrice, expliqua la statuette à ses apprentis. S'il vous en reste en réserve, surtout ne vous gênez pas. Sinon, inventez-en.
    Il leur restait quelques exemplaires du Dalek, mais quand le sortilège servant à enchanter les cognards fit son apparition à la table du déjeuner sur des petits pois, l'occasion parut trop belle. Mr Lovegood allait encore recevoir un reportage exclusif.

    Le soir après les cours, pendant que la brigade inquisitoriale traquait le responsable du dernier méfait, Harry retrouva un Salazar surexcité.
    - Ça y est, ça y est ! On lui envoie l'inspection académique ! Ils arrivent demain matin ! Dis à ton copain Blaise de la mettre en veilleuse... même si c'est une goutte dans la mer, maintenant.
    - Si ces types ont un minimum de déontologie, elle ne va pas aimer.
    Si le petit bonhomme de bois avait pu se détacher de son socle, nul doute qu'il serait parti en lévitation sous l'effet de la joie. Harry alla se coucher avec un sourire de mauvais augure.

    Il ne fut pas possible de communiquer avant le lendemain avec le reste de l'école sans attirer la suspicion de Malefoy et de ses gendarmes, aussi les élèves furent fort surpris, en arrivant pour le petit déjeuner, de découvrir trois sorciers inconnus assis à la table des professeurs. Le trio affichait une allure extrêmement stricte : robe noire, col blanc et raide, petit chapeau carré. Ils ressemblaient plus, les deux hommes comme la femme, à des ministres du culte qu'à des sorciers. Des murmures curieux s'élevèrent des quatre tables. Parmi les enseignants, McGonagall affichait le sourire satisfait du chat qui vient de boulotter le canari, Rogue manifestait une bonne humeur inhabituelle, servant aimablement le thé et les muffins à Sinistra, qui arborait elle aussi une mine réjouie... mais peut-être uniquement parce que son collègue préféré s'occupait d'elle. Par contraste, Ombrage paraissait particulièrement lugubre.
    Le petit déjeuner se passa normalement, mais alors que les assiettes et les pichets se vidaient, McGonagall se leva et fit étinceler une lumière blanche au bout de sa baguette, en même temps que le bruit d'une clochette résonnait sous les voûtes.
    - Avant que vous vous rendiez en cours, je vous demande un petit moment d'attention.
    Les étudiants qui s'étaient déjà levés, leur sac à la main, se rassirent.
    - Les inspecteurs académiques Howard, Rochford et Bullen sont ici pour enquête, et vous demanderont votre participation. Il ne s'agira que de répondre à quelques questions sur le déroulement de votre année scolaire. Merci de votre attention. En cours, maintenant !
    Comme un seul homme, les élèves se levèrent et quittèrent le réfectoire pour se rendre en classe.
    - Ils ont l'air obéissants, commenta l'un des inspecteurs.
    - Cela doit dépendre de qui donne les ordres, répliqua son voisin.
    L'école resta très calme durant la matinée. Les uns après les autres, les apprentis sorciers reçurent un petit billet de convocation qui se matérialisait sur leur pupitre. Ils rencontraient alors l'un des trois inspecteurs dans la salle de cours mise à leur disposition. Harry reçu son petit papier le surlendemain de l'arrivée du trio. Il avait déjà vu nombre d'étudiants revenir de leur entrevue en se frottant les mains. Harry présenta ses excuses à Flitwick, qui le laissa partir avec un grand sourire.
    Il avait rendez-vous avec l'inspecteur Howard au troisième étage. Un panneau était suspendu à côté de la porte pour signaler la présence du fonctionnaire, et sa disponibilité. Harry frappa quelques coups contre la porte.
    - Entrez !
    De toute évidence, l'inspecteur Howard était quelqu'un qui avait l'habitude de donner des ordres. Harry se dépêcha d'obéir. Il fallait faire bonne impression.
    Howard était un bonhomme tout en longueur, qui donnait l'impression d'avoir été fabriqué avec une série de nœuds marins. Son nez battait même en longueur celui de Rogue, sans être aussi recourbé. Il avait des yeux noirs et des cheveux gris et raides comme du fil de fer. Sa tête rappelait vaguement quelqu'un, mais qui ?
    - Asseyez-vous, Mr Potter. Comme j'ai encore beaucoup de monde à interroger aujourd'hui, nous allons faire court. Que pouvez-vous me dire de la situation à Poudlard depuis que Dolorès Ombrage est dans la place ?
    - Qu'elle n'a pas arrêté de se dégrader. Je ne dis pas que le règlement et les cours n'auraient pas besoin d'un bon dépoussiérage, mais Ombrage ne fait rien d'autre que semer la zizanie dans l'école, qui n'en a vraiment pas besoin. Sous prétexte de réformer l'enseignement, elle met dehors tous les professeurs qui ne lui conviennent pas, impose des punitions illégales et donne des cours où il faut juste lire, lire, lire...
    - Des punitions illégales ? gronda Howard.
    - Elle a utilisé une plume particulière sur plusieurs élèves, qui laisse des marques sur la main. Je croyais que le professeur McGonagall avait déposé une plainte pour ça ? s'étonna Harry.
    - Si elle l'a fait, et je n'en doute pas, cette plainte n'a jamais atteint mon bureau. Grmbl... Des cours de lecture, hein ?
    Harry approuva.
    - Rien de... plus pratique ?
    - Rien du tout, confirma le jeune homme avec jubilation. Elle fait même ce qu’elle peut pour l’interdire.
    - Je vois, je vois... grommela Howard en prenant quelques notes. Bien, je ne vais pas vous retenir plus longtemps, Mr Potter, je pense que vous avez des leçons qui vous attendent.
    Harry s'inclina et se dirigea vers la porte.
    - Ce sont les BUSEs, cette année ? lança Howard depuis son bureau.
    - Oui, monsieur.
    - Eh bien, je touche du bois pour vous.
    Harry le salua de nouveau et fila dans les couloirs, pour croiser Daphné Greengrass, la mine réjouie.
    - Alors ?
    - J'ai causé avec l'inspectrice Bullen, la petite brune toute mince, annonça Daphné avec un sourire mauvais. On va rire.
    Les entrevues se poursuivirent encore pendant deux jours, avant que les inspecteurs ne plient bagage pour faire leur rapport à leurs supérieurs... du moins c'était ce que les élèves imaginaient. Puis le lendemain de leur départ, Ron revint de l'oisellerie avec un sourire en coin.
    - Premièrement, Papa n'y a vu que du feu et m'a envoyé un plan du ministère. Deuxièmement, nos trois révérends pasteurs n'auront pas besoin de présenter un dossier à leur patron. L'inspecteur Howard est leur patron. Rochford et Bullen sont ses deux adjoints.
    Théodore siffla d'admiration.
    - Ça veut dire que son département, au moins, nous prend au sérieux. On va guetter la Gazette et les nouveaux décrets.
    - Ouais. Et moi, je jure que si jamais le crapaud se fait saquer, je ne laisse plus passer un seul souaffle dans mes buts. Ou je ne m'appelle plus Weasley.
    - On va t'y tenir, mon pote !

    Pendant toute la journée du lendemain, la population de Poudlard, moins quelques-uns, piétina d'impatience en attendant la décision des inspecteurs. Elle n'arriva que le jour suivant, mais de l'avis général, cela avait largement valu la peine de poireauter encore un peu.

    Décret d'éducation n°29

    En vertu de l'autorité conférée par le Secrétariat d'État à l'Instruction Magie,
    l'inspecteur académique Rochford est nommé comme observateur à Poudlard.
    Il aura toute autorité pour enquêter sur les dysfonctionnements rencontrés dans la gestion de l'école, et promulguer ou annuler tout décret d'éducation suivant nécessité.
    Il ne pourra être fait appel de ses décisions que devant le Secrétaire d'État et le Ministre.

    le Secrétaire d'État à l'Instruction
    Th. H. Howard


    Une volée de feux d'artifice éclata devant les fenêtres du réfectoire dans les minutes qui suivirent l'affichage de ces directives. Pendant quelques heures, les élèves furent de nouveau intenables... de joie, et l'inspecteur Rochford reçut certainement l'accueil le plus enthousiaste jamais réservé à un représentant du ministère à l'école. Même la victoire de Gryffondor sur Serdaigle quelques jours plus tard ne parvint pas à dépasser le niveau sonore de la fête de réception de l'inspecteur.
    - T'as pris un but, Weasley, remarqua Tracy Davis après le match.
    - Ombrage n'a pas été saquée, elle est surveillée, objecta Ron. Je reste dans les limites de mon serment.
    La joie du rouquin... et des autres membres de la bande fut sévèrement douchée quand Hermione, qui s'était éclipsée pendant le match, leur apprit la dernière invention de Hagrid : il n'avait rien trouvé de mieux à faire que de ramener son « petit » frère, géant à temps complet, de son voyage sur le continent, et de l'installer dans la Forêt Interdite, au grand dam des centaures et autres créatures.
    - On en a la preuve maintenant, grogna Sarah. Il VEUT se faire virer, c'est pas possible autrement.
    - Mais qu'est-ce qu'il compte faire de son frangin ? soupira Ron.
    - Rien, répondit Hermione. C'est juste... l'esprit de famille.
    - Ouais, mais quand Ombrage tombera là-dessus, je doute que cette explication suffise. Et Rochford ne pourra rien y faire.
    - Alors il ne faut pas qu'elle tombe dessus, cqfd, conclut Harry.
    - D'une façon ou d'une autre, ajouta Blaise.

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    Message par Mel72000 Dim 3 Avr - 0:09

    Graup... Je l'avais presque oublier, celui là...

    Donc, tu as introduit des observateurs à Poudlard ? Voilà qui est intéressant...

    Les relations de Harry et Rogue vont elles revenir à ce qu'elles étaient avant l'épisode de la Pensine ?

    Merci pour ce chapitre !

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