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[Jour 4 (Porte - suite)] Suite du texte de Luna par Anilori
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[Jour 4 (Porte - suite)] Suite du texte de Luna par Anilori
…
Il ouvrit prudemment la porte. La lumière se glissa dans l’interstice, jusqu’à vaincre toutes les ombres.
Mais le rêve s’arrêta là. Il s’arrêtait toujours là, avant que ses yeux ne s’accoutument à la lumière et ne lui permettent de distinguer clairement ce qui l’entourait. Et jamais ses pas ne franchiraient la porte. Il n’était même pas certain de pouvoir imaginer ce qui se trouvait derrière.
Même en rêve, son esprit vivait dans le noir.
Il se rendormit. Peut-être. Oublia l’espace de quelques heures l’abîme sans fond de son identité.
Il se réveilla au son d’une flûte.
Son cœur bondit. Jamais, dans son cycle éternel de nuits, sa chambre n’avait résonné d’un autre bruit que ceux qu’il y produisait lui-même. Ses pas, sa voix, le battement de son cœur et le sang dans ses artères, l’orgue de son corps, à tous les instants.
Et voilà qu’on introduisait une gamme étrangère dans cette harmonie.
Il se redressa, le cœur battant à tout rompre, écouta. La mélodie était simple et triste, tremblotante dans les aigus, s’essoufflant parfois au bout d’une phrase un peu longue, et il y avait quelques fausses notes (mais comment le savait-il ? avait-il, dans une autre vie, su la musique ? ou était-ce une connaissance innée qui le reliait, malgré son isolement, au reste de l’humanité ?).
L’air s’arrêta. Haletant, il bondit, colla son oreille au mur d’où il lui avait semblé que parvenait le son. Plus rien.
Il frappa quelques coups hésitants contre la paroi. Au bout de quelques instants, il entendit à nouveau la flûte, sur un rythme étrangement semblable à celui qu’il avait tapé.
Il appela, écorchant sa gorge rouillée sur ces paroles : « Holà ? Il y a quelqu’un ? Qui êtes-vous ? Répondez ! » – Silence.
Il cogna de nouveau. La flûte répondit. Il reprit, complexifiant un peu le rythme cette fois. La réponse vint, variation trillante sur son thème.
Sans trop savoir pourquoi, il continua, alternant cette fois-ci entre le mur et la commode, faisant répondre le son clair du bois à celui, sourd et obscur, de la pierre. La flûte lui renvoya son rythme, enthousiaste.
Avant qu’il ne s’en fût rendu compte, sa chambre était devenue un instrument de musique.
La commode rendait une note moyenne, claire et creuse, à laquelle répondait harmonieusement le tintement de la bassine posée dessus. Il pouvait tracer son doigt mouillé dessus, produisant des élancements de glissandos prolongés. Selon l’endroit où l’on frappait, le mur se faisait plus grave ou plus aigu. Le frottement de ses pieds sur le sol, le grincement de l’inutile poignée, celui des ressorts du sommier se joignaient à la symphonie qui entourait à présent, comme dans une danse éperdue, le solo de la flûte.
Sa prison chantait sous ses mains et elle le racontait, lui et lui seul, criait son esprit indompté que jamais son ennemi ne pourrait s’approprier. Il composait, et le monde – le peu de monde qu’il connaissait – devenait sien.
Et peut-être était-ce ce qu’il fallait pour rompre le sort. Lorsque sa main, qui devait frapper le bois de la porte, ne rencontra qu’un brouillard, il sut que quelque chose s’était passé. Il ouvrit ies yeux, et vit.
Vit.
La lumière l’entourait de toutes parts, vibrante, douloureuse. Il fit ses premiers pas dans un espace sans murs ; ses pieds frôlaient de l’herbe. Ses yeux inacoutummés ne distinguaient que des formes floues à travers un voile de larmes. Mais, soudain, il vit un éclat blanc à ses pieds, et se baissa pour l’examiner. C’était une petite flûte de bois. Il la ramassa et la porta à ses lèvres, hasardant des doigts timides sur les trous, mais n’en tira qu’un sifflement discordant.
Il ne savait pas en jouer.
Il ne savait pas qui l’avait laissée là après l’avoir sauvé de sa prison de nuit.
Et il ne savait toujours pas qui il était.
Mais, désormais, il avait tout le temps d’aller découvrir tout cela.
Il ouvrit prudemment la porte. La lumière se glissa dans l’interstice, jusqu’à vaincre toutes les ombres.
Mais le rêve s’arrêta là. Il s’arrêtait toujours là, avant que ses yeux ne s’accoutument à la lumière et ne lui permettent de distinguer clairement ce qui l’entourait. Et jamais ses pas ne franchiraient la porte. Il n’était même pas certain de pouvoir imaginer ce qui se trouvait derrière.
Même en rêve, son esprit vivait dans le noir.
Il se rendormit. Peut-être. Oublia l’espace de quelques heures l’abîme sans fond de son identité.
Il se réveilla au son d’une flûte.
Son cœur bondit. Jamais, dans son cycle éternel de nuits, sa chambre n’avait résonné d’un autre bruit que ceux qu’il y produisait lui-même. Ses pas, sa voix, le battement de son cœur et le sang dans ses artères, l’orgue de son corps, à tous les instants.
Et voilà qu’on introduisait une gamme étrangère dans cette harmonie.
Il se redressa, le cœur battant à tout rompre, écouta. La mélodie était simple et triste, tremblotante dans les aigus, s’essoufflant parfois au bout d’une phrase un peu longue, et il y avait quelques fausses notes (mais comment le savait-il ? avait-il, dans une autre vie, su la musique ? ou était-ce une connaissance innée qui le reliait, malgré son isolement, au reste de l’humanité ?).
L’air s’arrêta. Haletant, il bondit, colla son oreille au mur d’où il lui avait semblé que parvenait le son. Plus rien.
Il frappa quelques coups hésitants contre la paroi. Au bout de quelques instants, il entendit à nouveau la flûte, sur un rythme étrangement semblable à celui qu’il avait tapé.
Il appela, écorchant sa gorge rouillée sur ces paroles : « Holà ? Il y a quelqu’un ? Qui êtes-vous ? Répondez ! » – Silence.
Il cogna de nouveau. La flûte répondit. Il reprit, complexifiant un peu le rythme cette fois. La réponse vint, variation trillante sur son thème.
Sans trop savoir pourquoi, il continua, alternant cette fois-ci entre le mur et la commode, faisant répondre le son clair du bois à celui, sourd et obscur, de la pierre. La flûte lui renvoya son rythme, enthousiaste.
Avant qu’il ne s’en fût rendu compte, sa chambre était devenue un instrument de musique.
La commode rendait une note moyenne, claire et creuse, à laquelle répondait harmonieusement le tintement de la bassine posée dessus. Il pouvait tracer son doigt mouillé dessus, produisant des élancements de glissandos prolongés. Selon l’endroit où l’on frappait, le mur se faisait plus grave ou plus aigu. Le frottement de ses pieds sur le sol, le grincement de l’inutile poignée, celui des ressorts du sommier se joignaient à la symphonie qui entourait à présent, comme dans une danse éperdue, le solo de la flûte.
Sa prison chantait sous ses mains et elle le racontait, lui et lui seul, criait son esprit indompté que jamais son ennemi ne pourrait s’approprier. Il composait, et le monde – le peu de monde qu’il connaissait – devenait sien.
Et peut-être était-ce ce qu’il fallait pour rompre le sort. Lorsque sa main, qui devait frapper le bois de la porte, ne rencontra qu’un brouillard, il sut que quelque chose s’était passé. Il ouvrit ies yeux, et vit.
Vit.
La lumière l’entourait de toutes parts, vibrante, douloureuse. Il fit ses premiers pas dans un espace sans murs ; ses pieds frôlaient de l’herbe. Ses yeux inacoutummés ne distinguaient que des formes floues à travers un voile de larmes. Mais, soudain, il vit un éclat blanc à ses pieds, et se baissa pour l’examiner. C’était une petite flûte de bois. Il la ramassa et la porta à ses lèvres, hasardant des doigts timides sur les trous, mais n’en tira qu’un sifflement discordant.
Il ne savait pas en jouer.
Il ne savait pas qui l’avait laissée là après l’avoir sauvé de sa prison de nuit.
Et il ne savait toujours pas qui il était.
Mais, désormais, il avait tout le temps d’aller découvrir tout cela.
Dernière édition par Anilori le Ven 10 Aoû - 20:13, édité 1 fois
Re: [Jour 4 (Porte - suite)] Suite du texte de Luna par Anilori
Super texte, Anilori^^
J'aime beaucoup cette façon de créer un univers dans un espace restreint. Il essaie de s'évader à sa façon. Et en le lisant en train de créer de la musique avec les objets de son environnement, j'ai tout de suite pensé à Stomp.
La porte reste toujours ouverte pour une suite.
J'aime beaucoup cette façon de créer un univers dans un espace restreint. Il essaie de s'évader à sa façon. Et en le lisant en train de créer de la musique avec les objets de son environnement, j'ai tout de suite pensé à Stomp.
La porte reste toujours ouverte pour une suite.
Re: [Jour 4 (Porte - suite)] Suite du texte de Luna par Anilori
Merci ! Et si quelqu'un veut faire la suite, il est le bienvenu ^^
Par contre, je viens de me rendre compte que mon copier-coller avait oublié la dernière ligne ; je l'ai rajoutée. Popoyo, pourrais-tu en faire de même dans l'index ?
Par contre, je viens de me rendre compte que mon copier-coller avait oublié la dernière ligne ; je l'ai rajoutée. Popoyo, pourrais-tu en faire de même dans l'index ?
Re: [Jour 4 (Porte - suite)] Suite du texte de Luna par Anilori
Très très beau, merci Anilori !
Luna Pensive- thé noir
- Messages : 2400
Date d'inscription : 12/01/2008
Localisation : Ouest de la France
Re: [Jour 4 (Porte - suite)] Suite du texte de Luna par Anilori
Anilori, est-ce que tu connaissais ceci ou l'es-tu réinventé ?
En tout cas, bravo pour la façon dont tu as réussi à accrocher ce beau texte à celui de Luna !
...mais..j'avais juste eu le temps d'entendre le début de la lecture de ton texte, Luna, et je ne l'ai pas trouvé ici...
En tout cas, bravo pour la façon dont tu as réussi à accrocher ce beau texte à celui de Luna !
...mais..j'avais juste eu le temps d'entendre le début de la lecture de ton texte, Luna, et je ne l'ai pas trouvé ici...
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"In tasso veritas"
" Ce serait encore plus beau si je pouvais le montrer à quelqu'un" (Samivel)
Y'a des jours "avec" et y'a des jours "sans". Les jours "sans", faut faire avec...
Apsara- Thé Aromatisé
- Messages : 7141
Date d'inscription : 11/01/2008
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