[E Atelier jour 2] Texte d'Elenna

Sujet de mouiiiiiise !
Bon, j'espère que c'est assez parodique pour vous. Y'a des élèments d'un peu partout, amusez vous bien, et bonne lecture !

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Vingt-et-unième siècle, siècle des néons, des fast-foods et des films dont la teneur en explosions est inversement proportionnelle à la crédibilité du scénario.
La magie est éradiquée, remplacée par le vintage, la superstition et l'homéopathie.
Mais les gens rêvent toujours, de princesse et sorcière, dragon et donjon, gloire et espoir. Reste toujours, quelque part au fond de leur être, l'idée qu'une princesse endormie à la blonde chevelure attend, dans la plus haute tour du plus haut donjon en haut de la plus haute montagne, son prince charmant, triste prisonnière d'un dragon belliciste.
Et c'est vrai.
Quelque part, à chaque instant, les contes de fées se poursuivent. Ils tournent en boucle et se mordent la queue, afin que l'imaginaire continue de se perpétuer.
Qu'en est il de ces malheureux êtres, coincés entre ce monde sordide et les obligations des contes de fées?

-Un double big Mac, supplément de fromage, avec une grande frite et un Coca, s'il vous plait. Et une boite de soixante nuggets crus.
-Pardon ?! Vous pouvez répéter ?
-Supplément fromage, j'ai dit.

Charmant sortit du fast-food, essayant de ne pas renverser son gobelet de soda. Jouant les équilibristes, il se rapprocha de la flaque d'ombre où l'attendait son conspirateur. Mieux valait qu'il ne se fasse pas trop remarquer, ou le zoo du coin risquait d'être encore submergé d'appels.
-Tu l'as ? Fit il d'une voix grave.
-Oui. Tiens, attrape, lui répondit l'homme en lui lançant la boite de viande crue.
Une main griffue l'attrapa au vol, et l'ouvrit. Il s'assit à coté de lui, et posa au sol son menu.
-Bon, fit l'autre entre deux machonnements écoeurants, je résume : tu veux devenir riche, célébre et vivant mais sans vivre avec elle. Moi, je veux qu'on arrête de me tenter de me tuer à tout bout de champ, et partir de cette ruine sordide.
Charmant acquiesça, tout en sirotant sa boisson fraiche.
-Donc, le meilleur plan, c'est encore qu'on se mette d'accord. Tu fais semblant de me battre, tu épouses la princesse – pas la peine de grimacer, écoute la suite - elle disparait dans un malencontreux accident aussitôt après, tu gardes le château pendant que je file vers d'autres cieux et on vit heureux et célibataires pour toujours. Fin de l'histoire ?
Personne de carbonisé ou de tué, et une perspective de gros magot : Charmant était tout à fait pour.
-Ca m'irait bien. Quel genre de malencontreux accident ?
-Je sais pas moi... Ecrasée par un frigo ?suggéra le dragon
-UN FRIGO ?!
-Quoi ? On pourra toujours dire qu'une méchante sorcière vendeuse d'électroménager est passée chez vous !
-Et comment ferait la sinistre sorcière, à ton avis, pour apporter discrètement ce frigo ? Des pommes, okay, des fagots de bois, pourquoi pas, mais de l'électroménager ? A travers les ronces, les douves, les gardes, les... les... les tout, quoi ! Et une sorcière grimée en vendeuse Tupperware, ça ne'est absolument pas crédible !
-Au temps pour moi. Je ne sais pas... Quelque chose qui n'arrive pas dans les contes de fées... Pulvérisée par une baleine tombée du ciel?
-Et pourquoi pas un marsouin à tête chercheuse aussi ? Non, il nous faut quelque chose de non-féérique, mais que personne ne trouvera suspect...
La dragon continua de suggérer à la queue leu leu nombre d'idées incroyables, tels qu'un mouton explosif, qu'une armoire dansante, ou qu'un attentat au parapluie par commis une nurse venue du ciel.
-Ca fait combien de temps que tu n'es pas sorti de ton château, toi ? Finit par lui demander le prince.
-Trop longtemps, reconnut le monstre. Et je ne sais plus comment penser normalement, je suis une créature de conte de fées. Les attaques suicidaires de héros, je maitrise les griffes dans le nez. Les déclarations d'impots me donne plutôt envie de me les ronger, les griffes...
-Tu es sûre que tu ne veux pas accidentellement la dévorer avant ? Ca nous arrangerait tous les deux.
-Je ne mange pas n'importe quoi ! Et si je fais ça, tous les aventuriers au monde en voudront à mon cuir : un dragon qui mange une princesse, ça contrevient à toutes les règles en vigueur. Ils ne le toléreront pas...
-Alors, un banal empoisonnement alimentaire, peut-être ?
-Le coup de la pomme ?
-Non... Crois moi, après cent ans à dormir, le premier réflexe de la donzelle sera de se jeter sur le premier aliment à proximité d'elle. Un petit chocolat, ce serait assez romantique, tu crois ?
-Le premier réflexe, ce n'est pas de te réembrasser ?
-J'espère que non, après cent ans sans brossage de dents...

-Et voilà, racaille !
Charmant, d'un coup d'épée théatral, fendit l'air au dessus de sa tête.
Le dragon à trois mètres de lui, s'écroula dans un grondement sourd.
-Graaaaaah..... Vaincuuuuuu.... Dites à ma mère.... Que je regretterai son elfe farci aux pommes... aaaaaarg...., lâcha-t-il avant de fermer les yeux pour au moins les deux prochaines minutes.
Et alors, le prince entama l'ascension vers la plus haute chambrede la plus haute tour, et redécouvrit les inconvénients des escaliers en colimaçons par rapport aux escalators.
Enfin, il atteignit le haut des marches, et s'arrêta une seconde, essayant de reprendre son souffle. La porte de la chambre de la princesse était juste en face de lui. La dernière épreuve.
Il prit son courage à deux mains et... But une rasade de vodka pomme. Il remit ensuite Courage, sa gourde bien-nommée dans sa poche.Sans être rond comme une bille, il avait intérêt à être un peu enivré s'il voulait supporter cette greluche quelques jours sans l'assassiner.
Il toqua poliment à la porte, espérant à moitié que quelqu'un hurlerait "Y'a personne !", mais n'entendit aucune réponse. Il ouvrit alors le battant, pour arriver dans une pièce aux murs gris de poussière, avec un lit à baldaquins gris sous lequel se battait des colonies de moutons dans l'attente du grand méchant loup de l'aspirateur.
Sur le lit, personne... Seulement un bout de papier blanc, sur lequel étaient notés ces mots :
A qui lira ce mot : z'auriez pu vous presser. Après un siècle d'attente à me tourner les pouces et regarder les araignées tisser leurs toiles sur mon baldaquin, j'en ai eu assez. A l'heure actuelle, je dois être aux Bahamas avec Marraine la Bonne fée - Quand on aime, la différence d'âge ne compte pas... En attendant, laissez moi un petit mot, je vous enverrai un petit souvenir dès mon retour. Sinon, tant que vous êtes là, je vous serai gré si vous vouliez bien oter toutes ces vilaines ronces qui bouchent la lumière. Et soyez gentil avec Draconis, c'est une brave bête quand on pense à le nourrir régulièrement.
A un de ces jours, peut-être,
Princesse Aurore Aubois-Dormant.

Très joli texte, j'ai bien aimé !

La référence à l'elfe farci aux pommes surtout. Une belle princesse bien ancré dans notre époque en tout cas

J'aime beaucoup !! très drôle, spirituel, bravo à toi... surtout la conclusion... "Quand on aime, la différence d'âge ne compte pas... "... j'adore la justification décalée !