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Message par Suzywa Mer 23 Nov - 22:45

merchi

Cette histoire fait revivre de nombreux personnages de Madame Rowling. Bien sûr, je n'en tire aucun bénéfice que celui du plaisir et de l'excitation intense qu'ils m'ont procuré au fil des chapitres.
Mon ami, le fléreur, est cependant le seul personnage issu de mon imagination, petit organisateur du monde magique de notre auteur favori.
Le récit est abouti et est accessible à tout public sans aucune restriction.
Je remercie aussi Luna Pensive qui m'a accompagnée en tant que relectrice tout au long de ces semaines infernales et Apsara qui m'a prêté quelques détails de sa première fic parlant de Pettigrow. I love you


Contes et histoires de fléreur.

Depuis quelques semaines, un beau chat a élu domicile dans ma maison des faubourgs.
Il rôde dans mon jardin, autour des quatre cyprès, plantés en demi-cercle au centre de mon petit terrain. Il sommeille sur le banc en bois de teck, protégé du vent du nord et réchauffé par les rayons du soleil de novembre.
Son pelage blanc était bien sale lorsque je l’ai vu la première fois et des blessures superficielles témoignaient de luttes acharnées.
La nuit, j'entendais les bruits cruels de combat ayant pour enjeu la possession des quelques arpents de pelouse annexes à la propriété.
Il a finalement gagné le combat. Les autres chats du quartier l'évitent et le calme nocturne est revenu.

Ce félin m'attire par son physique particulier. Ses oreilles plus grandes qu'à l'accoutumée le font ressembler à un fennec. Sa queue de lion, son emprise sur le jardin révèlent une nature royale et solitaire.
Pourtant, son état me crève le coeur.
La pitié que j'éprouve en l'observant me pousse à lui donner à boire et à manger.
Et je recommence le même rituel, chaque jour.

Hier matin, je l'ai retrouvé, assis, majestueux, sur mon petit banc de bois. Il avait fait sa toilette, les taches de sang avaient disparu laissant apparaître une fourrure blanche, étincelante.
Il a sauté du banc, s'est approché de moi et a accroché mon regard quand je me suis penchée pour déposer sa nourriture quotidienne sur la pierre bleue de la cour.
Vous me croirez ou pas !.... Mais, j'ai vu des comètes filer dans ses yeux fauves.

Je sais que les nuits vont devenir humides et fraîches.
Le givre de décembre mordra tout de son empreinte cristalline. Cette éventualité griffe mon coeur en pensant que ce chat devra affronter les premiers assauts de l'hiver.
Je dois même vous avouer qu’une petite voix intérieure résonne continuellement en moi comme une prière... Non, je ne peux laisser ce chat plus longtemps dehors.
Alors, ce matin, tout doucement, pour ne pas éveiller de panique, j'ai entrouvert la double porte fenêtre de ma salle-à-manger..
D'un air digne, il a sauté du banc et est entré dans mon logis.
Il a reniflé les moindres recoins du living et s'est mis en quête d'une place dans mon salon.
Il a choisi un coussin de soie, le plus beau, celui aux couleurs orientales rose fuchsia et orange.
C'est là que je l'ai retrouvé, ce soir en rentrant du travail. Il était assoupi devant la cheminée, ronronnant à tout rompre.

Au moment où je vous écris, il est à côté de moi et j’entends à nouveau cette petite voix qui m’avait suppliée de le faire entrer chez moi.
Attendez ! Il m’avoue son secret : Il s'appelle Snowpuff.
Je le savais, ce n'est pas un chat ordinaire !
Je vais vous le révéler... Il vient du monde des sorciers, celui de Harry Potter.
Quand il me regarde, j'entends sa voix, il souffle dans mon esprit ce qu'il veut me montrer.
Il a décidé de me raconter la terrible histoire de Mrs Hepzibah Smith. Cette histoire le torture chaque jour sans répit. La raconter devrait lui faire tant de bien.
Oh ! Ce n'est pas pour me vanter que je vous dis çà. Non ! Je vous le révèle parce qu'il me l'a demandé.
Il m'a chargé de vous traduire ses souvenirs, gais et tristes, lumineux comme un matin d'été et sombres comme une nuit d'Halloween.

Alors, j'invite tous ceux qui veulent découvrir autrement le monde de Harry Potter, à écouter les contes et histoires de Snowpuff, le fléreur des rues de Londres.
Il vous donne rendez-vous chaque mercredi au coin du feu.
Coussins, sièges moëlleux, tisanes et théïères vous attendent déjà.


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Message par Syrinx Mer 23 Nov - 23:12

:DDD mais que vois-je ? ! Shocked

notre fléreur adoré est de retour ! cheers

par contre c'est cruel de le faire revenir maintenant, j'ai le temps de rien en ce moment !! oiiiiinnnn !!!!! (oui le dégoupillage n'est pas loin)

et la photo de la Merveille ?

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Message par Suzywa Mer 23 Nov - 23:20

par contre c'est cruel de le faire revenir maintenant, j'ai le temps de rien en ce moment !! oiiiiinnnn !!!!! (oui le dégoupillage n'est pas loin)
Oui, j'ai lu la nouvelle ... mais je dois reprendre le cycle commencé à ce moment de l'année, en 2007, sur La Pensine. Shocked Oui, cela remonte si loin !
C'est par paresse pour rester en phase avec les saisons et ne pas trop changer l'ambiance !
Malgré tout, j'ai modifié certains trucs dans la structure.

et la photo de la Merveille ?.
Sad Je ne trouve plus le dessin original... Je l'ai rangé, trop bien rangé mais sûrement la retrouverai.
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Message par Nausicaa Jeu 24 Nov - 8:56

satisfait Merci, Suzy !

Je repasserai mais en attendant...

Spoiler:

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Message par Luna Pensive Jeu 24 Nov - 22:02

Snowpuff enfin revenu ou retrouvé !
Il me manquait. Parfois, je regarde son portrait et je pense à tout ce temps avec lui. (il y a combien de temps ?)
D'ailleurs pour moi il existe vraiment (mais c'est sûrement parce que je suis bêta, comme lectrice Cool )
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Message par Suzywa Jeu 24 Nov - 22:54

Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours) 187879 Merci, Nau, d'avoir remis en ligne le portrait de Snowpuff. Je dois quand même retrouver l'original pour une nouvelle photo avec fond plus lumineux.

D'ailleurs pour moi il existe vraiment (mais c'est sûrement parce que je suis bêta, comme lectrice )
Même impression pour moi ! On est deux à être bêta, alors ? Contes et souvenirs de fléreur. ( En cours) 187879

Parfois, je regarde son portrait et je pense à tout ce temps avec lui. (il y a combien de temps ?)
Si je me souviens bien le prologue avait été édité le 17 décembre 2007 et le dernier en décembre 2008 ou janvier 2009. Un an de progression (rédaction, relectures multiples et rédaction finale ) vraiment chronologique pour respecter la parution du lundi. On tentait d'avoir un ou deux épisodes de réserve mais c'était quand même chaud certaines semaines !
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Message par Apsara Ven 25 Nov - 9:01

pour moi il existe vraiment
Neutral Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Bien sûr qu'il existe ! Moi, j'ai son portrait sur la chemise où je range mes cours...en cours...Il est toujours avec moi en classe ... Wink
Je prends Very Happy le temps de re-lire ce week-end

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Message par Syrinx Ven 25 Nov - 12:55

bon petit entracte dans le mémoire, le temps de lire ce prologue...

C'est un véritable régal de retrouver ton écriture, Suzy. C'est léger, doux , un peu espiègle. Un régal.

Et effectivement il fallait absolument commencer ce mois-ci.
Et coïncidence ou pas, l'hiver a pointé le bout de son nez, hier, ici : du brouillard qui ne s'est levé que pour voir un ciel bas, plombé de nuages, un ciel de neige (même si coté température y avait pas de risque de voir un flocon).

Vivement mercredi prochain !

EDIT : tu dis si tu as besoin de la photo...

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Message par Apsara Sam 26 Nov - 18:09

Syrinx a écrit: l'hiver a pointé le bout de son nez
700 (800?) km au nord de Syrinx également : brouillard immobile tout le jour, sensation de chape de froid ( malgré les 7-8°...)
Un très beau temps pour (re)-lire en compagnie du thé préconisé par l'Auteur...Je pensais me rappeler assez bien mais...j'avais oublié les comètes dans les yeux du petit héros blanc... Embarassed
Autre surprise : je découvre que j'apprécie mieux ton style, Suzy., à la seconde lecture Question Pourquoi ? M'en fiche, je me contente d'y prendre du plaisir ! Bisou

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Message par Suzywa Sam 26 Nov - 19:09

Very Happy Merci pour vos mots gentils... Ici aussi, encore un peu plus au Nord, la météo se met au vent et à la pluie alors que nous avions vécu un très bel automne calme et ensoleillé jusqu'à lundi.

sifflote Quelques mots du chapitre qui va ouvrir le monde de JK Rowling et de tous ses personnages propres vu par les yeux d'un animal dont la race fut aussi créée par ses bons soins.
Si vous vous souvenez bien, je vous avais promis des modifications.
Voici la première: ce ne sera pas Mrs Figg qui ouvrira le bal mais Hepzibah Smith.
Pourquoi ? Shocked
Parce qu'à la relecture de cet essai, je me suis rendu compte que Snowpuff était "né" au fil de ce récit. C'est lui qui avait été témoin de la soirée funeste qui a transformé sa vie. Sad
J'ai donc repris ce texte et remodifié certains passages pour mieux l'inclure dans l'ensemble. Cela donne un côté plus "humain" à cette histoire terrible et elle me semble plus "digeste" à la relecture. Je suis d'ailleurs curieuse d'avoir votre avis sur ça dans les semaines qui vont venir.

Je ferai de même pour d'autres paragraphes qui me semblent assez alambiqués. Je me souviens aussi des nombreuses remarques de Luna Pensive et celles que vous aviez laissés à l'époque sur la Pensine et j'en tiendrai compte très souvent. Il y aura des changements certains que je vous laisserai découvrir. Wink

Ce ne sera donc pas un copier-coller tout simple mais une nouvelle mouture de la première édition. Cela me plait bien et répond à mon côté perfectionniste que Luna avait testé bien souvent à l'époque... lol! Si elle en a gardé des copies, je pense que parfois il devait y avoir jusqu'à 5 textes modifiés sur une semaine ! C'était vraiment chaud ! Bouillant

Au plaisir donc de vous retrouver mercredi prochain, je posterai le soir car c'est une rude journée que le mercredi en ce qui concerne le boulot !

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Message par Suzywa Mer 30 Nov - 12:52

J'ai du temps ce midi, je place donc le premier chapitre qui évoque l'un des souvenirs partagés entre Dumbledore et Harry dans le tome 6.
Nous l'avons tous lu mais Snowpuff, lui, l'a vécu de près. Je suis donc cet élan qui le pousse à vouloir vous raconter sa vision de ce qui s'est passé durant cette affreuse nuit... pale
Il est prêt et je perçois un grand trouble, une grande fébrilité à ce moment précis où je caresse son doux pelage.

La triste fin de Hepzibah Smith
1er volet.


Des bruits de pas résonnaient dans la rue.

Quelqu'un se dépêchait dans ce quartier huppé de Londres. Le choc rythmé des talons sur le pavé dérangeait la faune nocture. Rats et chats de gouttière aux aguets, virent une silhouette élancée et souple déboucher d'une petite ruelle.
Vêtue de noir, elle se fondait dans la nuit humide et crue. On ne pouvait douter, c'était un homme jeune qui marchait dans cette large avenue.
Il portait en bandoulière un léger sac de toile qui se balançait en suivant la cadence soutenue de sa marche. L'humidité de la nuit plaquait de longs cheveux sur les traits durs et déterminés de ce visage aux pommettes saillantes.
Régulièrement, il écartait fiévreusement les mèches qui gênaient sa vision. Ses mains élégamment gantées ne tremblaient pourtant pas.
A son passage, mes amis de la nuit pressentaient la nature de ce jeune homme. Ils fuyaient et se cachaient en feulant pour se mettre hors de vue de ce regard aux reflets rougeoyants. Tous sans exception reconnaissaient l'aura maléfique de Tom Jedusor.

Moi, je l’épiais depuis deux jours. Son attitude, sa mine blafarde indiquaient qu’il ne dormait ni ne mangeait.
Sans cesse, il se remémorait sa visite chez Hepzibah Smith.
Ma maîtresse lui tournait autour comme une jeune adolescente. Je devinais bien qu’il trouvait cela ridicule. Les minauderies de cette femme âgée, ses petites attentions l'avaient toujours dégoûté. Il lui répugnait de devoir se rendre chez elle. Pourtant, Barjow et Beurk l'y envoyaient très souvent et c'était bien compréhensible au vu des trésors que ma protectrice possédait.
Mais, depuis deux nuits, Hepzibah hantait ses pensées. Une fièvre le poussait à agir. Il ressemblait à l'amant fou d'amour pensant à sa dulcinée.
La seule différence était que Tom n'avait jamais éprouvé ce sentiment pour personne.
Non ! Depuis deux longues nuits, seules deux merveilles, les plus précieuses à ses yeux, étaient l'objet de sa convoitise : la coupe d’ Helga Poufsouffle et le médaillon de son ancêtre.
Il les voulait car il leur réservait une destinée sans égale. Il les voulait pour réaliser sa propre destinée. Ce n'était pas le hasard qui les avait mis sur son passage. Il n'y a aucune place pour le hasard dans la vie de Tom Jedusor, illustre descendant de Serpentard, seule la persévérance dans la recherche mène ses pas. Le fait d'avoir pu enfin contempler ces précieuses reliques était pour lui la preuve évidente qu'il était sur le chemin de la réussite, celui de l'immortalité. Il allait réaliser ce que personne n'avait pu réussir avant lui.

Tout à ses pensées, le jeune homme était arrivé devant le porche de notre maison.
Elle était ancienne, datant du début du XIX ème siècle. La façade toute blanche comptait huit grandes fenêtres surmontées d'un fronton triangulaire. A l'extrême droite de l'édifice, une volée d'escaliers menait à la porte qui lui était familière. Deux lanternes massives en éclairaient le seuil.
De part et d'autre de l'ouvrage en bois précieux, le maître des lieux avait fait sculpter, dans la pierre tendre, une corne d'abondance regorgeant de fruits les plus divers.
Tout était calme dans la demeure, à cette heure tardive de la nuit. Moi, je veillais sur le rebord de la fenêtre du premier étage, je lisais dans ses pensées comme dans un livre ouvert. Je savais au fond de moi que Tom Jedusor était prêt à forger sa destinée... Cela faisait deux nuits qu'il y pensait .... Pendant des heures, il avait orchestré mentalement ce qu'il se préparait à faire.
Un éclair rouge de plaisir éclaira son regard pendant une fraction de seconde.

Pour les adeptes de la magie noire, la caverne de Barjow et Beurk était digne de celle d'Ali Baba.
Tom y avait farfouillé à leur insu, depuis qu'il était devenu leur employé.
Ces deux associés étaient de la race des rapaces, dans le monde du commerce.
Le jeune Jedusor le savait bien.
Pour entrer dans cet antre qui suscitait sa curiosité maladive, il avait mis en évidence toutes ses qualités de discrétion et de sobriété afin d'être sûr de décrocher cet emploi. Personne avant lui n'avait été embauché par ces deux vautours, toujours intéressés par les bénéfices juteux, toujours réticents face à des dépenses inutiles.
Une fois installé dans la place, Tom avait confirmé ses talents de négociateur. Le client était charmé par son allure racée, sa beauté du diable et ses dons pour le marchandage tout en finesse.
Les associés avaient remporté des marchés qu'ils n'auraient jamais pu conclure sans leur commis. Ils s'en félicitaient et c'est ainsi qu'après quelques semaines, la confiance s'installa et la surveillance assidue des débuts se relâcha assez vite.
Tom profita de cette aubaine pour mettre à jour tous les trésors susceptibles de l'intéresser. Il chercha, bien sûr, quelques reliques des Fondateurs de son cher Poudlard.
En vain.
Durant ses fouilles dignes du plus illustre des archéologues moldus, il découvrit quelques objets intéressants. Quelques livres anciens, des masques sinistres, une main desséchée plantée sur un socle avaient retenu son attention. Il s'intéressait aussi aux colliers et aux miroirs, il en avait repéré un dont la facture remontait à la nuit des temps.
Tom connaissait le monde de la magie noire et ces trésors pouvaient l'aider dans l'entreprise qu'il avait entamée quelques années auparavant en tuant son propre père dont il avait hérité des traits physiques. La beauté physique, il en usait à présent mais il n'en avait que faire.
C'était son âme qui le captivait par dessus tout, maintenant et à jamais.

Mon poil se hérissa quand je vis ce qu’il sortait de son sac et je quittai mon lieu de surveillance pour descendre discrètement au rez-de-chaussée. Tom avait fait apparaître une main squelettique clouée sur son socle de bois exotique, la fameuse "Main de la Gloire" dont les doigts s'allumaient comme des chandelles. Elles plongèrent les alentours dans le noir le plus profond. De ma nouvelle cachette, j’entendis "Alohomora". La lourde porte s'entrouvrit sans un bruit, aucun obstacle ne vint empêcher son intrusion nocturne. A présent, seuls, Tom et moi-même pouvions nous diriger dans cette obscurité d'enfer sans être vus.

Complètement tétanisé par la peur, j'étais jeune à l’époque , je ne pus empêcher Tom Jedusor de s'infiltrer dans le corridor de la maison. Je ne pouvais que suivre ses mouvements, caché derrière l’une des innombrables antiquités de ma maîtresse.
Chaque fois qu'il y entrait, il avait des envies de nausée.
Etait-ce les relents de parfums capiteux ou la débauche d'objets qui s'y trouvaient ? Les deux sans doute.
Ce hall d'entrée était richement décoré, trop richement au goût de Tom. Le large couloir était encombré d'objets rares mais sans finesse.

Il entama sa progression.
Les mains gantées du jeune homme tenaient, et la main magique, et la baguette.
Il aperçut une double porte sur sa gauche. Il rangea sa baguette dans la poche de son veston cintré et entrouvrit un des battants. Après quelques secondes durant lesquelles ses yeux s'accoutumèrent à l'obscurité, il découvrit une salle de réception assez vaste.
Le mobilier était recouvert de draps de coton blanc pour le protéger de la poussière et des méfaits du temps qui passe.
A l'époque chérie de sa jeunesse, Hepzibah adorait organiser des réceptions mondaines.
Je peux dire avec fierté que mon hôtesse avait son franc succès. C’est Hockey, mon amie elfe de maison qui me l’a raconté.
Elle n'était pas jolie mais elle avait un tel engouement, elle pétillait d'une joie de vivre si peu commune que cela compensait son physique ingrat.
Ses petits yeux malicieux étaient son atout majeur. Elle aimait tous les plaisirs de la vie.
Chaque vendredi, la Haute-Société de Londres se retrouvait dans cet endroit fastueux. La jeune demoiselle aimait se parer. Toute nouveauté l'excitait. Elle avait toujours le chic pour dénicher la dernière trouvaille magique avant tout le monde. Les membres du Who's Who des Sorciers se battaient pour recevoir un carton d'invitation, signé de la main de Miss Smith.
Mais à présent, les cierges des lustres étaient éteints, la musique ne chantait plus, seuls les murs de la pièce se souvenaient des rires et des conversations d'antan.
Les lourdes tentures étaient tirées, telles les pages d'un livre que l'on ferme sur un beau conte de fée.
Le voleur jeta un coup d'oeil circulaire pour reconnaître les lieux. Son regard s'arrêta sur une seconde porte à double battant, à l'autre bout de la pièce. Tom déduisit qu'elle devait donner accès à la salle à manger.
Il referma la porte du grand salon et continua sa marche à pas feutrés.

Il se dirigea prudemment vers le petit salon qu'il connaissait bien et y pénétra.
Tom entreprit de déclencher la seconde phase de son plan digne du Diable en personne.
Le feu brûlait encore dans l'âtre. L'atmosphère était étouffante, comme souvent chez les personnes très âgées qui se plaignent d'avoir toujours froid.
Il réfléchissait, tentant d'imaginer où pouvaient se cacher ses deux trésors.
Il l'ignorait complètement mais il savait que Hokey connaissait la procédure à suivre pour les libérer des sortilèges de protection qui les entouraient.
Ses chères reliques !
Pour lui, il était inutile de perdre son temps à rechercher, au petit bonheur la chance, ce qu'un être qu’il estimait inférieur pouvait lui offrir en quelques minutes.
Une lueur fulgurante passa avec bruit au fond de ses yeux.
Vous savez ?! Comme le bruit et l'étincelle que fait la lame d'une épée quand elle sort de son fourreau.

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Dernière édition par Suzywa le Ven 13 Jan - 21:39, édité 1 fois
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Message par Suzywa Mer 7 Déc - 19:58

La triste fin de Mrs Hepzibah Smith
(second volet)

Tom retira alors une flasque de sa besace. Un petit sourire en coin apparut sur le visage du voleur. Quand il l’ouvrit, je flairai une odeur répugnante, celle du polynectar. Il l'avait sûrement prise à la boutique. Les Barjow et Beurk en avait toujours une réserve.
J'avais déjà vu les marchands l'utiliser régulièrement quand un client mécontent venait leur réclamer son dû. Ils en buvaient une rasade et changeaient d'aspect physique. Ils devenaient ainsi, à l'occasion, de simples clients en attente de l'arrivée du patron.
Ils en profitaient également pour prendre sur le fait les chapardeurs qui n'hésitaient pas à passer la porte de leur magasin pour se servir dans les rayonnages. Leur compte était bon. Chat échaudé craignant l'eau froide, rares étaient ceux qui remettaient le couvert. Le vol était sanctionné, illico presto. On pouvait se fier à leur imagination et à leur érudition en matière de sortilèges douloureux et sanglants.
Comble du comble, Barjow avait déjà pris l'apparence de Tom.
Il s'était amusé à reproduire le phrasé distingué de son employé, conseillant judicieusement de revenir la semaine suivante.
Jedusor le savait, il en avait été témoin.
Depuis, le jeune sorcier s'était juré qu'il ne se laisserait plus toucher par ses employeurs.

Pour l'heure, Tom ne se transforma ni en Beurk, ni en Barjow.
Il se déshabilla, rangea ses vêtements et ses gants dans son sac de tissu noir qu'il cacha consciencieusement.
Il avala une longue gorgée de Polynectar. Son goût nauséabond lui fit faire quelques grimaces.
Alors, lentement, un léger duvet roux remplaça les longs cheveux noirs et drus de Tom, ses traits fins s'estompèrent et son visage se rida.
Sa stature haute et fière se réduisit et ses épaules se voutèrent.
Tom avait disparu, Mrs Hepzibah Smith était là, au milieu de ce petit salon.
Contraste frappant, elle était nue, sans fard ni perruque, au milieu de ce salon surchargé de décorations.
En la voyant, n'importe qui l'aurait prise pour cette femme un peu excentrique mais, vous, vous ne seriez pas tombé dans le piège si vous aviez vu le regard de cette personne.
Tout comme moi, vous auriez reconnu le véritable propriétaire de ce regard de feu.

Le sorcier redoutable ne pouvait rester ainsi.
Il retira une chemise de nuit de coton blanc de son sac de bure noire. Il se permit un petit ricanement.
Je compris que ce jeune mage avait passé beaucoup de temps à épier les habitudes de ma tendre maîtresse. Il s'était renseigné sur les boutiques qu'elle fréquentait.
Il avait découvert, sans se trahir, la bonnèterie qui fournissait cette vieille dame. Grâce au Polynectar, il s'était transformé en une vieille femme et avait passé le seuil du magasin. Il avait mis la vendeuse en confiance et apprit sans peine les informations nécessaires.
Hepzibah achetait toujours le même modèle de chemise de nuit. Il était donc facile de s'en procurer un exemplaire sans se faire remarquer.
En quelques instants, Tom "Smith" se retrouva vêtu à la mode de celle que j’adorais tant.
Tout s’accéléra avant que je n’aie pu faire quoi que ce soit
Il éteignit la Main de la Gloire qui plongeait la maisonnée dans un sommeil profond et la cacha dans son sac de toile.
Il en retira un autre paquet, précieusement emballé dans un tissu épais. Il le posa sur le tapis, sous un des nombreux guéridons du salon.
Il y ajouta sa précieuse baguette contenant la plume de Fumseck.
L'acteur jeta enfin un regard aigu sur le décor.
Tout était en place, rien ne manquait.
La dernière mise en scène de Lord Voldemort allait enfin commencer.

Il franchit la porte vitrée du petit salon qui se trouvait à sa gauche. Elle menait vers l'aile privée de la demeure.
Je compris qu’ il recherchait la clochette que ma maîtresse actionnait à distance, grâce à sa baguette magique, pour appeler sa fidèle servante. Elle révélerait, à coup sûr, la petite tanière où l'elfe se retirait pour dormir.
Il découvrit, sur sa droite, un large escalier qui menait à l'étage, là où Hepzibah dormait. Je lisais dans ses yeux cruels qu’il s'occuperait d'elle plus tard.
Il le délaissa donc, préférant avancer plus loin dans ce second hall qui s'ouvrait face à lui.
Cette partie de la maison était plus sobrement décorée.
Il avança lentement. Une grande porte apparut à main gauche. Il s'arrêta pour réfléchir et construire mentalement le plan de cette maison dont il volait les secrets, sans aucun scrupule.
Il devina qu'elle donnait accès à la salle à manger. Les cuisines ne devaient pas être loin. Il était sur la bonne voie.
Il progressa encore en regardant vers le plafond et aperçut la clochette magique. Il baissa le regard. Dans le coin gauche du hall, une petite porte apparut. Je frissonne encore en repensant au sourire cruel de Jedusor quand il comprit qu’il avait découvert la chambre de Hokey.

Notre ennemi changea alors d’attitude et imprima sur son visage la même expression que celle de ma maîtresse quand elle est aux prises avec les souvenirs d'un cauchemar duquel elle venait d'émerger.
Le regard fou, la chemise de nuit chiffonnée, le cuir chevelu perlé de sueur, Tom ouvrit la porte de la petite retraite.
Il se pencha pour entrer la tête dans ce tout petit réduit.
- Hokey ! Hokey ! Réveille-toi ! dit la vieille femme, dans un souffle court. Sa voix était fluette mais insistante et impérieuse.

Mon amie elfe se réveilla quelques instants, se redressa sur sa couche rudimentaire, puis, se laissa retomber en arrière en grommelant un charabia incompréhensible. Elle se retourna, son petit bonnet de nuit descendit d'un cran sur son visage ridé puis elle retomba dans le pays des rêves.

- Hokey ! Lève-toi ! Je veux que tu te lèves ! Tu dois m'obéir ! sa voix était sourde et pressante, impérieuse.
Mrs Smith "bis" faisait un caprice d'enfant à exaucer dans l'instant.

Hockey se redressa une nouvelle fois. Son petit bonnet de nuit pointu était tout de travers. Il cachait un de ses grands yeux globuleux. Elle se donna un moment pour dire au revoir aux doux songes qui lui avaient rempli si agréablement la tête. Je reconnus ses soupirs d’exaspération.
Elle retira ce petit chapeau qui lui gênait la vue, le posa sur la couverture de flanelle grise qui recouvrait ses maigres jambes et d'une voix pâteuse, s'adressa à notre maîtresse factice.
- Oui, Madame, .... Hokey se lève, Madame....

Avec regret, elle se frotta les yeux avec ses poings maigrelets. Ensuite, elle replia soigneusement le petit drap et le morceau de tissu molletonné. Elle se leva avec peine, des frissons parcouraient son maigre corps ridé comme un vieux papyrus. Je savais que l'âge n'arrangeait rien, bien au contraire. Plus elle avançait, moins elle supportait la fraîcheur nocturne.
- Madame a encore fait un de ces vilains cauchemars ? Madame devrait prendre un bon bol de chocolat chaud ! dit l'elfe en chaussant ses pantoufles tricotées.
Elle couvrit ses épaules avec sa petite couverture en pilou.
- Hokey va vous en préparer un, Madame. Je vais l'améliorer de poudre d'écorce de chêne de Brocéliande, Madame !
Madame se rendormira sans plus penser à rien.... conseilla la fidèle servante en allumant, d'un claquement de doigts, une petite bougie posée sur une caisse en bois au chevet de son nid.
- Non, Hockey ! Tu dois vérifier si la coupe et le médaillon sont à leur place. Immédiatement. J'ai rêvé qu'on les avait volés. Il faut que tu le fasses, Hokey ! dit la vieille femme dans un souffle angoissé.

L’elfe sortit de son cagibi.
Le sosie s'était penché vers elle. Son visage était si près que Hockey écarquilla les yeux de stupeur. Elle y avait reconnu les lueurs de la folie.
- Oui, Madame. Hokey va vérifier. Mais Madame a tort de s'inquiéter. Cela fait deux nuits que Madame ne dort plus. Hokey est inquiète pour la santé de Madame !

Tom se félicita. Il était fine mouche. Ses dons d'observation avaient été bien utiles pour cerner la personnalité de cette vieille femme stupide, capricieuse et si riche. Moi, j’enrageais face à mon impuissance. Hockey ne s’apercevait de rien.

Mon amie entra dans la salle à manger par la porte que le voleur avait découvert peu avant. C'était une vaste salle. La faible lueur de la chandelle de Hokey laissait deviner le faste d'autrefois. Les plantes exotiques y ajoutaient une aura digne des palais des Mille et Une Nuits.
Elle tourna à droite, ouvrit une autre porte, traversa un petit boudoir tapissé d'un tissu aux couleurs d'automne. La pièce avait des proportions plus petites, on y sentait le tabac rapporté de lointaines contrées. Enfin, elle aboutit dans un bureau. Décoré avec raffinement, des tableaux de Maître étaient accrochés aux murs.
Un brouhaha s'éleva quand Hokey alluma la pièce. Les personnages exprimaient leur mécontentement d'être réveillés sans ménagement en plein milieu de la nuit.
Tous suivaient des yeux les gestes de la petite elfe quand elle débloqua les maléfices protecteurs entourant les reliques si rares.
Hokey ne vit pas leur mine désapprobatrice quand la fausse Hepzibah entra dans la pièce.

L’elfe se dirigea vers un petit tableau, reproduction fidèle de ce lieu de travail. On y distinguait un secrétaire en acajou.
Hockey se mit à psalmodier une phrase que Tom entendit. Cette incantation débloqua l'accès d'une clé minuscule, peinte sur la porte du secrétaire.
La vieille servante s'en empara pour ouvrir la vraie porte du petit meuble dont il venait de voir la réplique sur la toile. Elle l'ouvrit, posa la clé sur la table de travail qui venait d'apparaître et ouvrit deux tiroirs intérieurs.
Comme elle en avait l'habitude, elle empila les deux écrins de cuir souple, les leva au-dessus sa tête avant de se diriger vers le petit salon.
La fausse Hepzibah la suivit en feignant un état de surexcitation maladive. Elle trottinait à petits pas, tournant autour de l'elfe.
Hokey ne fut pas surprise par ce comportement. La vraie Mrs Smith avait la même lubie depuis peu.

Arrivée dans le petit salon, Hokey posa les deux boîtiers sur un guéridon en bois de rose.
Le mystificateur s'en empara, les ouvrit et les manipula comme Harpagon l'aurait fait de son or.
L'avidité brillait dans le regard de la vieille femme.
Hokey s'était assise sur un petit pouf, attendant les ordres de sa maîtresse. Le rangement était aussi la tâche des humbles elfes de maison.
C’est à ce moment-là que je décidai de rejoindre mon amie sur son siège. Je plongeai mon regard dans le sien et ronronnai mon message de danger. Je dus le répéter pour bien me faire comprendre d’elle. Après un court instant de surprise, Hockey m’intima de rejoindre ma cachette pour prendre la situation en main.
Tom ne revint à la réalité de ce petit salon qu’après un long laps de temps. Il s'en voulait d'avoir perdu son self-contrôle, il s'était perdu dans sa contemplation.
Il constata que Hokey n'était plus là, à ses côtés.
Elle avait profité de l’état de transe de Jedusor et avait vérifié la présence de sa maîtresse dans son lit.
Pour ne pas éveiller les soupçons, elle était vite redescendue dans la cuisine pour préparer le chocolat chaud que Hepzibah prenait en cas d'insomnie.
C'est donc là que Tom métamorphosé découvrit Hockey.
Elle s'affairait dans cette grande cuisine où tous les accessoires étaient à sa taille. Elle l'entendit entrer dans son domaine et se retourna en toute innocence.
Hokey ne trahissait aucune surprise, elle parvenait à dominer sa peur. Je reconnus, cependant,
l’instinct de survie qui motivait ses réactions remarquables en tous points.
Elle avait décidé de protéger sa vraie maîtresse, en offrant à ce visiteur inconnu une boisson chocolatée un peu particulière. Elle l'avait empoisonnée. Je souris dans mes moustaches,
Hokey était bien décidée à lui faire boire ce nectar aux senteurs appétissantes.
Elle se dirigea à nouveau en direction du petit salon, déposa le plateau à côté du fauteuil préféré de sa maîtresse, l'invita à s'asseoir pour se détendre.

Son plan fut, heureusement, interrompu par le réveil de notre hôtesse. Les cauchemars l'avaient à nouveau harcelée.
Toute engourdie de sommeil, la vraie Hepzibah descendait à pas feutrés l'escalier menant au hall de nuit puis s'engagea dans le petit salon. Elle s'arrêta tout net.
Hokey interrompit ses gestes, le sosie tourna sa tête en direction de sa victime.... Le temps était suspendu...
Ils pouvaient lire la stupeur sur les traits de cette vieille femme mise en présence de son double qui observait les précieux trésors étalés sur le petit guéridon finement ciselé.

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Message par Apsara Mer 7 Déc - 21:50

Saperlipristi ! Une semaine a filé sans que je ne lise la première partie ! Retard rattrapé avec plaisir. Juste un petit regret : ne pas avoir une petite introduction où Snowpuff se situerait dans la vie d'Hepzibah. Une petite scène avec sa maîtresse ou avec Hokey avant l'entrée en scène de Tom .
N'importe, ça fait plaisir de tous les retrouver !

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Message par Syrinx Mer 7 Déc - 22:33

oui c'est vrai que ça fait plaisir de le retrouver même si commencer avec cette histoire... (bon perso, c'est celle qui m'avait le plus marqué, ton Jedusor m'a inspiré, essentiellement la prochaine partie il me semble...)

J'ai attendu aujourd'hui pour lire les deux parties, j'avais peur de trop trépigner la semaine dernière en devant attendre la deuxième partie... ben c'est juste déplacé aujourd'hui : je trépigne et j'aimerai bien la troisième partie à lire , là... (surtout qu'elle m'avait marquée)

Pour précision aussi, j'ai lu avec une musique sinistre, et vraiment il fiche les jetons Tom !

allez Bisou

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Message par Suzywa Jeu 8 Déc - 15:09

I love you A Apsara : Je ne peux m'en tenir qu'à ce que Snowpuff me raconte, Apsara. C'est un chat farouche, sélectif qui semble s'inviter là où il est sûr de trouver refuge. Ce que j'ai vécu, la manière de se faire connaître de celui qu'il a choisi ne doit pas différer de beaucoup d'une fois à l'autre. Il a dû procéder de la même manière chez Mrs Smith. Je dois avouer que je n'ose pas encore beaucoup poser de questions de peur de le faire fuir en nous laissant sur notre faim.
Patience donc... Nirvana Ecoutons son histoire jusqu'à la fin ... Sad

I love you A Syrinx: :DDD Pour la musique, j'avais fait la même chose en faisant les corrections... T'avais mis quoi comme musique ? J'ai essayé avec du Satie et cela mettait une ambiance plutôt étrange.
J'aimais bien l'idée de Rita qui avait glissé des musiques dans sa fic, cela pourrait se faire mais il faut des morceaux qui cadrent vraiment.
Autre idée mais je ne sais pas si cela pourra se faire : Snowpuff m'envoie des images dans la tête qui pourraient soutenir son récit. J'espère trouver le temps de compléter avec des dessins et, s'ils sont réussis, je les mettrai ici aussi.

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Message par Apsara Jeu 8 Déc - 16:40

Snowpuff m'envoie des images dans la tête qui pourraient soutenir son récit. J'espère trouver le temps de compléter avec des dessins
satisfait Quelle belle idée !

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Message par Suzywa Mer 14 Déc - 20:47

La triste fin de Mrs Hepzibah Smith
(dernier volet)

Je fus contrarié car Tom ne se laissa pas surprendre par cet imprévu. J’avais souvent entendu dire que les serpentards avaient cette qualité détestable de pouvoir s'adapter assez rapidement au détriment des autres et j’en fus le témoin direct.
Cette intrusion semblait, même, avoir éludé une des phases les plus délicates du plan. Il y avait un risque certain à réveiller la vieille femme. Eviter les hurlements, les cris, toute réaction intempestive était sa priorité.
Il lui fallait éviter autant que possible d'user de sa baguette pour ce crime qu'il voulait parfait.
Ma maîtresse entra dans une phase de léthargie profonde causée par ce choc visuel.
Seul, le Diable comprit comment elle tenait encore debout aux portes de ce riche salon.
Hokey avait laissé le plateau sur la table basse en bois exotique.
Elle s'était ensuite précipitée auprès d’Hepzibah, prête à la soutenir si elle venait à chuter.
Avec méfiance, elle observait, du coin de l'oeil, les gestes de cet être mal intentionné qu'elle n'avait toujours pas identifié.

Tom se leva lentement du fauteuil dans lequel Hokey l'avait installé. Il se dirigea vers le petit guéridon où il avait caché son matériel avant d'éveiller Hokey.
Il s'accroupit et s'empara du paquet qu'il avait si habilement dissimulé.
Je tremblais de tout mon être quand il revint vers Mrs Smith et la fixa avec ce regard de braise qu'elle affectionnait tant.
Hokey s'était encore rapprochée de notre maîtresse, se serrait contre elle.
La pauvre femme était comme subjuguée. Elle buvait avidement l'eau de ces yeux bleus comme les siens mais si chauds d'une ardeur qu'elle semblait reconnaître. Les tendres manifestations d'amour de l'elfe n'y pouvaient rien. La vraie Mrs Smith y était totalement insensible.
Le sosie déballa le paquet. Il écarta une première pièce de tissu, en soie perle, laissant apparaître un autre tissu plus épais que le précédent. Il déposa sur la tapis son lourd colis et s'empara du foulard gris pâle qu'il venait de libérer.
Il entreprit de l'utiliser pour bâillonner la vieille hôtesse assez étroitement.
Hepzibah était hypnotisée par les yeux de son sosie. Elle suivait tous ses gestes. L'étreinte du bandeau sur sa bouche ne la gênait même pas.
Hokey, elle, tentait d’emmener sa maîtresse au plus loin,la tirant en arrière en direction du hall, elle devinait que ce cadeau n'était pas anodin. En vain. La tension montait dans ce petit salon, la chaleur étouffante qui y régnait la rendait plus tragique encore.

Le sosie souleva le paquet enveloppé dans la percale grise. Lentement, il en écarta les coins. Hokey, Hepzibah et moi-même aperçûmes alors un collier d'une grande beauté. Le reflet des flammes en révélait toute la splendeur. Mon poil se hérissa d’horreur.
Les yeux de Mrs Smith se mirent à sourire béatement, ils brillaient de plaisir.
Tom souleva délicatement la parure en prenant soin de ne pas la toucher. Il avait protégé ses mains nues avec le tissu à la trame serrée qui avait servi d'emballage.
Les plaquettes d'opale du collier s'entrechoquaient dans un son cristallin. Il passa le bijou délicatement autour du cou de la vieille femme. La blancheur de la chemise de nuit qui remontait le long du cou de la vieille femme mettait en valeur le bleu profond et irisé des pierres.
Le fermoir magique s'actionna de lui-même, scellant son emprise sur la victime qu'on lui avait offerte.

Paralysé par l'épouvante, je vis alors les traits réjouis de sa maîtresse changer d'expression. L'effroi pouvait se lire dans ses yeux. Elle ouvrait la bouche sous son bâillon pour trouver de l'air qui lui manquait soudain. Hepzibah mit sa main sur sa poitrine pour aider le mouvement.
Hokey se cacha la bouche de sa maigre main quand elle sentit sa maîtresse adorée lui échapper, s'élever dans les airs et commencer à tournoyer dans un tourbillon de vent. Le cri de douleur infernal qui devait s'échapper de la bouche de la victime était étouffé par le foulard de soie.
Tom souriait, il avait tout prévu pour ne pas ameuter les voisins.

Après un instant qui parut durer une éternité, le corps de ma maîtresse s'étala de toute sa masse sur les tapis moelleux. Hockey, toujours fidèle, s'allongea à ses côtés pour lui apporter tout le réconfort dont elle était capable.

A cet instant, Tom s'empara de la précieuse coupe des Poufsouffle, abandonnée sur la petite table et pendant que sa victime agonisait, j’entendis le sosie entamer une incantation sourde et lente. Je dus me protéger de son emprise en me mettant en boule dans ma cachette.

Je jetai un regard furtif et vis Tom déguisé tourner sur lui-même, levant la relique vers le ciel.
Le mage tournait de plus en plus vite. Sa tête dodelinait, projetée en arrière, soumise à une force centrifuge d'une puissance incroyable. Les bibelots étaient projetés, les tables renversées.
Le chaos était entré dans cette pièce de la maison. J’espérais tant que ce raffut éveille l’attention des voisins mais rien ne vint perturber les projets du sorcier.
Je vis que Hockey était dans le même état que moi, le fin duvet gris qui recouvrait le corps la vieille servante se hérissa.
L'incantation aspirait toute la chaleur de la pièce. Je voyais ses ondes se diriger vers cet être diabolique. Je me mis à trembler si fort que je crus en mourir. Un épais brouillard m'enveloppa. Désespérée, Hockey s'accrochait de plus belle au corps de sa maîtresse pour ne pas être entraînée dans ce tourbillon. Tout cela la glaçait jusqu'au plus profond de son petit être. Tant et si bien qu’elle se pelotonna contre sa maîtresse, enfouissant son vieux visage dans le tissu douillet de la chemise de nuit.

Quand Hepzibah rendit son dernier souffle, le corps désarticulé de son sosie s'arrêta de tourner.
Tom tomba à genou sur le tapis.
Les bras toujours levés, il offrait la coupe à je ne sais quelle force maléfique.
Alors, mue par une énergie extérieure impressionnante, la baguette magique du mage noir surgit de sa cachette, elle agissait de sa propre initiative.
Une main invisible la fit se déplacer vers l'offrant et la pointa sur son coeur.
La poitrine du mage se déchira, une flamme gigantesque de teinte verte en sortit.
La baguette intercepta la braise responsable de cette lumière surnaturelle et la déposa dans la coupe d’Helga Poufsouffle.
Un long serpent vert de lumière s'enroula dans un mouvement ascensionnel autour des bras du supplicié . Elle s'engouffra lentement dans la coupe que le mage tenait dans ses mains.
Hokey et moi, nous dûmes cacher notre face une fraction de secondes tant l'intensité de la lueur était insoutenable.
La coupe se mit alors à scintiller, le blaireau qui y était gravé vira au rouge sous l'effet de la chaleur vive.
La flamme et l'objet sacré venaient de fusionner. Le serpent de lumière disparut dans la coupe. Le salon retomba dans le noir.
La tension s'évanouit d'un coup et le double d’Hepzibah s'affala sur le sol.
Le corps de l'elfe se détendit.
A bout de force, Hokey fut assaillie par des sanglots... Sa pauvre maîtresse reposait sans vie sur le sol... A quelques pas de là, le sosie de notre maîtresse gisait en parfaite symétrie. Je voulais tant qu’il soit mort. La coupe en or fin avait roulé au pied de la cheminée.
Hokey se redressa. Elle ne reconnaissait plus la pièce. Tout était bouleversé, cassé.
Qu'allions-nous devenir ? Je ne voyais aucune issue favorable. Notre avenir s'enfonçait dans l'obscurité. Les elfes de maison, les animaux ne peuvent supporter l'insécurité.
Elle se remit à pleurer, tout doucement. L'angoisse montait en elle comme un venin mortel.
Vous ne pouvez pas savoir comme ça faisait mal de la voir dans cet état !

Contre toute attente, Tom Jedusor était toujours vivant. L'embrasement qui avait jailli de son corps ne lui avait pas été fatal.
Il sortait tout simplement de son étourdissement.
Un sentiment de colère et d'injustice profonde s'empara de l'elfe, mais elle n'eut plus la force de réagir. Elle ne put résister plus longtemps au choc causé par la suite de ces événements extraordinaires.
Elle s'évanouit en proie à la confusion la plus totale. Je ne résistai plus à l’envie de me coller à elle pour lui apporter réconfort. Je fus donc témoin privilégié de la métamorphose de cet être ignoble qui avait tué ma maîtresse. J’assistai à la lente résurrection de Tom.
Le duvet roux fit place à une longue toison noire, le visage ridé s'effaça pour retrouver des traits plus saillants et une peau lisse, pâle, plus pâle qu'il y a quelques heures.
La haute stature se redressa, fière et hautaine. Le regard, aussi, avait changé ainsi que l'expression de ce visage si beau... Il avait perdu de sa finesse. L'expression des yeux s'était durcie.
Il regarda autour de lui, ramassa la petite coupe scellée aux armoiries de Poufsouffle.
Les pupilles noires lançaient des éclairs de malice teintés de rouge.
La bouche aux lèvres fines offrait un rictus asymétrique qui alourdissait les traits du visage.
Une impression de bestialité malsaine apparut, une expression à donner froid dans le dos.
Il laissa monter un rire plus aigu qu'à l'accoutumée.

Revenu de son expérience, Tom en avait gardé un souvenir très net. J’étais si près de lui que j’en recueillis les images épouvantables.
Son rire trahissait une jouissance extrême. Il avait créé un nouvel horcrux et cela lui avait procuré un plaisir unique, paroxystique que j’eus le dégoût de ressentir.
La mélopée hypnotique et le tournoiement accéléré l'avaient désincarné.
L'enveloppe spectrale de Tom Jedusor avait suivi un long corridor obscur.
Une vive lueur resplendissait au bout de ce tunnel. Elle l'attirait irrésistiblement.
Arrivé dans ce flot de lumière, il reconnut la retraite de Serpentard, si bien dissimulée dans les sous-sols de Poudlard.
Des flambeaux éclairaient cette vaste caverne taillée dans le roc. Les flammes vacillantes des torches déformaient le visage sculpté de Serpentard. Tom lui fit face, observant la statue avec un profond respect. Les ombres changeantes donnaient vie à cette face simiesque. Elles animaient lentement sa bouche.
Serpentard accueillait son digne descendant. Il articulait des paroles inaudibles de tous sauf deTom.

Soudain, venue de nulle part, le sorcier sentit Sa présence...
Un mouvement léger d'étoffe, un pas glissé et furtif, un parfum de feuilles d'automne, un chant très doux apaisant toute résistance...
La Mort était là, au rendez-vous.
Tom fit lentement volte-face, il tourna le dos à la statue de son ancêtre pour se présenter à son ennemie.
Le visage de Salazar et l'âme de Lord Voldemort étaient offerts au regard aigu de la Belle Dame du Néant. Elle les compara d'un air dubitatif.
Comme Elle, vous auriez été frappés par la ressemblance des traits de ces deux êtres hors du commun.

Tom, lui, pensait au corps-à-corps qui allait s'engager. Un tango funèbre avec Celle-qui-n'offre-aucun-Espoir-de-Retour.
Le troisième qu'il vivait.
Tom était prêt à la vaincre, à la soumettre encore une fois à sa volonté.
Mais la silhouette vêtue de noir n'était pas décidée à se laisser faire, elle l'attendait, arme dressée.

- Tu es de retour, Tom ! s'étonna la Mort. Tu aimes les défis ! envoya-t-elle dans un souffle glacé.
Tom acquiesça sans rien dire. Il avança de quelques pas, plongeant la Mort dans l'obscurité.

- Cela fait trois fois que je te croise, Tom ! reprit-elle en tapant le manche de sa faux sur le sol de la caverne. Tom ressentit un grondement sourd l'envahir.
La Mort était en colère.
Je ne voudrais pas repartir sans toi, cette fois-ci ! termina-t-elle dans une mélodie aux accords chaotiques.

Tom ne répondit rien. Son enveloppe aux contours aériens commença sa lente progression.
La Gardienne du Néant le vit s'approcher dans un mouvement souple et lent.
Elle se méfiait de cet être redoutable qui par deux fois déjà lui avait échappé.

- Aurais-tu décidé de me suivre ? exprima-t-elle dans un doux parfum de pétale de rose fanée. Tu pourrais m'assister dans ma tâche, je te donnerais des pouvoirs dont tu ne soupçonnes même pas l'existence… souffla-t-elle dans un tourbillon doré de feuilles d'automne.

Tom restait toujours muet, avançant inexorablement. Il la regardait bien en face.

- Viens, Tom, j'ai affûté ma faux sur les meules de l'Enfer, celles qui broient inlassablement les âmes en perdition. Ecoute sa mélodie…
D'un geste ample, précis et rapide, la Mort faucha l'espace qui les séparait.
Le sifflement lugubre de la faux, tailladant le vide, n'impressionna pas Jedusor. Il poursuivait sa progression sans aucune hésitation.

A mesure qu'il s'approchait, la Veuve Noire vit sa victime se dédoubler. Deux images lui faisaient face. Elles se superposaient. L'une était d'une beauté fascinante.
Bien sûr, la Mort la ressentait plus qu'elle ne la voyait. L'image était floue, aérienne. Elle avait un éclat très particulier.
L'autre affichait une netteté plus accentuée.
Elle percevait une pâleur mortelle. Sa stature était squelettique, ses yeux rouges, ses mâchoires taillées au couteau.
Etrangement, cette aura lui renvoyait sa propre image.

- Approche, Tom. Tu ne le regretteras pas. Je ferai de toi mon égal, le compagnon qui m'assistera dans l'éternité. Je sens en toi l'étoffe d'un être exceptionnel, digne de moi ! envoya-t-elle dans une aube d'hiver pâle et fraîche.

Les deux images spectrales se suivaient, la plus belle et la plus jeune en tête.
Elle avançait, diaphane, et entra dans le rayon d'action de la lame mortelle.

Dans un tintement cristallin de clochettes, la Grande Mangeuse de Vie entama un nouveau geste lent et large avec sa faux.
Elle riait, sûre d'avoir l'opportunité d'emporter cette enveloppe astrale qui s'évertuait à lui résister.
Un coup de tonnerre éclata quand la faux brisa les pieds du jeune homme. Un vent de tempête sortit de la bouche de ce qu'avait été l'âme de Tom Jedusor. La dépouille aérienne bascula. La Mort ouvrit sa cape. Un murmure de voix se fit entendre quand les pans se soulevèrent. Enfin, la forme évanescente disparut gonflant le Voile Noir sacré. Les plis du tissu reprirent place un instant après.

Restait l'âme de Lord Voldemort. Elle s'arrêta une fraction de seconde devant le spectacle qu'elle venait de contempler. Une lueur de doute passa dans son regard.

- Viens plus près, Voldemort ! J'ai réussi à charmer Tom !

La seconde enveloppe se remit en marche, franchit la limite fatidique, celle du risque d'être emmenée dans les tréfonds de l'Enfer. Voldemort en perçut soudainement, les relents nauséabonds et imprima un léger mouvement de recul.
Il vit le fil de la faux s'approcher. La Maîtresse du Vide se préparait à amortir le choc.
Mais la lame ne rencontra aucune résistance.
L'arme traversa ce corps sans lui faire le moindre mal, sans éteindre la vie qui flambait dans ses yeux.
Elle ne voulait le croire, Elle ne pouvait l'admettre.
Elle recommença encore une fois mais sa victime continuait son approche sans plus éprouver la moindre crainte.

Ils étaient face à face, à présent. L'onde vibrante et brûlante de Voldemort frôlait le tissu soyeux de la cape de la Mort.
Il plongeait son regard dans les orbites vides de ce crâne. Il était plus grand qu'Elle et dans un mouvement de domination, le corps penché en avant, en position de défi, il força sa rivale à reculer d'un pas.
- Non, la Mort, dit-il calmement. Jamais, tu ne m'entraîneras dans ton antre.
Tu pourras user de tous tes stratagèmes sur moi, cacher l'odeur de la pourriture derrière tes parfums délicats, transformer les cris des damnés en mélopées enivrantes, obturer la laideur du Néant sous tes tableaux aux couleurs tendres...
Jamais, tu m'entends ? Jamais, je ne tomberai dans tes pièges vénéneux.
Je ne suis pas ton égal ! Tu me seras ma soumise ..... Ne m'appelle plus Tom, Tom est mort ! Je serai pour toujours et à jamais Lord Voldemort !
Je ne veux pas de tes pouvoirs de pacotille, mes ambitions sont plus élevées que çà.

Enfin, pour confirmer les paroles télépathiques qu'il venait de cracher, Tom arracha la faux des mains de son ennemie et la jeta sur le sol avec violence.
Elle ne put soutenir ce regard plus longtemps.
Au terme de ce duel, c'était encore elle qui avait dû baisser la tête.

Impuissante, elle ramassa sa faux et vit sa lame fendue. Une coulée de lave crépita jusqu’aux pieds de son ennemi.
Elle quitta le lieu du combat en faisant claquer le tissu si doux de son vêtement.
Une nouvelle fois, elle repartirait seule de cet endroit.
Le parfum d'automne et de fleurs fanées s'estompa, la douce mélopée s'évanouit. Seule, une odeur âcre de chair brûlée sillonnait son passage.

Lord Voldemort ferma les yeux.
Il goûtait sa victoire.
Il ne vit cependant pas la silhouette de la Mort se retourner une dernière fois vers lui et lui lancer un rictus ironique avant de disparaître dans l'obscurité de ses appartements.

Une impression de toute-puissance l'emmena bien au-delà de la grotte.
Il avait l'impression d'être un géant. Il se fondait à présent dans l'astral.
Il planait tyranniquement au-dessus de l'Univers. Il pouvait faire ce qu'il en voulait.
Une pichenette pouvait dérégler tout le système solaire. Il se glissa alors entre les étoiles pour se placer au-dessus de la Terre et recueillit la planète bleue au creux de sa main.
Là, pendant quelques secondes, il referma ses doigts squelettiques sur la petite sphère et ressentit les battements de ses entrailles de feu.

Cette impression n'avait duré que quelques secondes mais elle était si forte, si puissante en ce moment précis, qu'il décida de la rééditer sur le premier moldu qu'il rencontrerait en sortant de chez nous.

Replongé dans la réalité, le mage noir se dépêcha d'effacer toutes les traces de son passage sur les lieux ainsi que dans l'esprit de la pauvre Hokey qui était toujours inconsciente. Il replaça les écrins vides dans le petit secrétaire et remit la clé en place dans le tableau délicat.
Il décida de laisser la tasse de chocolat sur le petit guéridon.
Voldemort n'avait pas touché à la dépouille de sa victime. Elle était restée allongée sur le tapis de son cher petit salon.
Bien sûr, il avait ôté le collier qui s'était détaché automatiquement après avoir empoisonné sa proie, il avait emporté le bâillon de soie.
Le décor réparé était identique à celui d'origine. Dans la poche de son pourpoint, dormait encore le médaillon de Salazar Serpentard.
Il s'en empara le faisant jouer dans le creux de sa main comme il l'avait fait, il y a peu, avec l'univers.

Vous savez-Qui sortit alors de la demeure de ma pauvre maîtresse.

Des bruits de pas résonnaient dans la rue.

Le soir est tombé sur ma petite maison de banlieue. Calée dans le divan de mon salon, la lueur du feu dans la cheminée me ramène doucement à la réalité. Le doux ronronnement de Snowpuff me rappelle le pourquoi de cette étrange récit tout pareil à un rêve, à un horrible cauchemar :
- Cela m'a fait du bien d'avoir pu raconter tout cela. Dès que je vous ai vue, j'ai lu dans vos yeux que vous aviez une bonne âme et que vous possédiez cette sensibilité pour comprendre mon langage. Vous m'avez recueilli, donné à mangé et maintenant, je repose sur vos genoux dans votre logis bien douillet.
Ce souvenir me suit depuis si longtemps.
Le lendemain de ce triste jour, les hommes du Ministère ont été appelés par un des neveux de ma maîtresse qui avait découvert les lieux comme je vous l'ai décrit.
Il y a des hommes mauvais, vous savez, sur terre.
Ma race de fléreur me permet de détecter les personnes louches plus souvent que vous ne pourriez l'imaginer.

J'ai essayé d'aider ceux que j'aimais. J'ai soufflé à Hokey l'idée d'aller voir dans la chambre de notre maîtresse mais je n'ai pas pu les sauver alors qu’elles m’avaient recueilli quelques mois auparavant, dans un bien piteux état.
J'ai également raconté mon témoignage aux sorciers du Ministre mais ils n'ont pas été aussi réceptifs que vous. Ils n'en ont que faire des êtres inférieurs.
J'aurais pu épargner bien des souffrances à mon amie Hokey, elle qui m'a toujours bien nourri et soigné.
Si le Professeur Dumbledore était venu chez nous, il m'aurait écouté, lui.
Après, j'ai dû fuir la demeure de ma maîtresse, rejoindre les chats de gouttière et les rats. Je leur ai raconté ce que je viens de vous avouer.


Snowpuff ronronne là sur mes genoux. De douleur ? De soulagement ? Les deux me semble-t-il car il sombre, à présent, dans un sommeil profond entrecoupé de soubresauts. Je tremble aussi. J'ai eu peur vraiment peur. Quel être immonde, ce Voldemort. Je n'ai d'ailleurs plus du tout sommeil tant les images que j'ai vues mentalement ont été cruelles.
Cette expérience me laisse cependant sceptique et si vous voulez mon avis, je pense que nous ne sommes qu’au début d’une longue aventure.

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Message par Apsara Jeu 15 Déc - 11:56

Je ne sais plus ce que j'avais pu faire comme commentaire lors de ma première lecture mais là, trois choses m'ont frappée :
- la Mort séductrice non pas comme une femme fatale mais pas sa douceur
- le fait que, par la création de ce troisième horcruxe, Tom, le beau, le jeune, le pas-encore-tout-à-fait-pourri , meurt
- les murmures derrière l'étoffe du vêtement de la Mort qui m'ont illico fait penser aux voix derrière le voile de l'arche où Sirius disparaît


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Message par Nausicaa Jeu 15 Déc - 14:12

Petit coucou, Suzy, pour dire que je me réserve tes dernières publications pour un moment où j'aurai le temps de vraiment me poser pour mieux apprécier. (Qui a dit "vacances" ?... Content ).

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Message par Luna Pensive Jeu 15 Déc - 15:35

Moi aussi je compte me faire une soirée Snowpuff, ce week end de préférence (vraies vacances mercredi prochain)
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Message par Suzywa Ven 16 Déc - 10:18

I love you Pas de soucis ! On est tous dans une phase assez spéciale faite de fatigue et de préparation aux fêtes.
Snowpuff vous attend. Il va à son rythme car il est fort fatigué aussi. Il dort beaucoup comme s'il devait récupérer et se refaire une petite santé.

Pour répondre à Apsara, je ne sais plus non plus ce que tu avais eu comme réaction mais pas celle de la mort douce, en tout cas.
La représentation de la Mort est toute personnelle, je pense et doit évoluer avec notre temps personnel, notre culture aussi.
Le squelette et sa faux, ange, la plus âgée des Parques qui coupe le fil de la vie,...
Le plus souvent une représentation à forme humaine supérieure qui a le pouvoir d'interrompre notre chemin.

Cette vision douce que tu perçois, Apsara, est peut-être celle des félins qui ont neuf vies. Une représentation en relation avec ce privilège de revenir plusieurs fois à la vie. Snowpuff semble la repérer très sensoriellement avec son odorat puissant, son ouïe fine, le décodage de phénomènes naturels.

D'autre part, je pense que Voldemort ressentait un plaisir très vif lors de la fabrication d'un horcrux pour avoir recommencé plusieurs fois l'expérience. C'est ce qui le rend fondamentalement monstrueux.
Comme dans de nombreux contes où on découvre la Mort patiente et rusée, elle a dû tendre ce piège affreux à Tom pour en final le vaincre après 8 reprises.

La vie de Voldemort pourrait être reprise, dans plusieurs siècles, comme conte pour les petits sorciers puisque la fin est finalement très morale.

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Message par Suzywa Mer 21 Déc - 18:05

Je suis contente d’avoir invité Snowpuff chez moi.
Du jour au lendemain, le temps a viré au froid, la tempête a soufflé et, à présent, la neige fondante frappe à ma porte. Sensible à cette météo hivernale, ce matou vient se calfeutrer sur mes genoux dès que je me pose sur le sofa.
Ce soir, ses yeux scintillent comme au premier jour où nos regards se sont croisés. L’épouvante qu’avait suscité le récit de sa maîtresse semble avoir disparu. Face à cette nouvelle sérénité, je dois avouer que je n’ose pas trop lui proposer les questions qu’Apsara avait posées. Je sens que la patience est encore de rigueur.
Ainsi, je profite des ronronnements de Snowpuff qui me fixe étrangement. Je détourne mon regard et y replonge. Non,je n’ai pas la berlue, une silhouette se dessine sur l’écran noir de ses pupilles dilatées. Ce phénomène est vraiment étrange ! C’est une femme, elle est petite et trapue, elle se déplace à petits pas et se rapproche. Je commence alors à distinguer ses traits et souris en la reconnaissant. Snowpuff me ronronne quelque chose :
- Je vois que tu as reconnu celle que j’appelle Coeur de Cracmol.

Coeur de Cracmol
Volet 1

Mrs Figg, Arabella Doreen, pour être précis, est une femme que j'affectionne tout particulièrement.
Elle aime les chats plus que tout autre être vivant. Elle ouvre la porte de sa maison et de son coeur avec la même générosité.
Elle m’a accueilli à bras ouverts alors que je tentais de retrouver son chemin dans le labyrinthe des rues de la capitale, Sans doute, Mrs Figg avait-elle compris l’état de perdition dans lequel j'étais plongé ; elle, qui ne trouva pas facilement sa voie dans le labyrinthe de sa destinée. En effet, comment choisir sereinement entre le monde très particulier de la magie et celui des Moldus alors que vous n'appartenez ni totalement à l'un, ni totalement à l'autre ? Rude tâche, n'est-ce pas ?
Je m'en vais donc vous raconter ce que j'ai appris de sa vie, durant les quelques semaines que j'ai partagées avec elle et ses braves chats.

La première fois que j'ai franchi la porte de son minuscule logis situé dans l'East-End de Londres, j'ai été frappé par l'amas de photos accrochées aux murs de l'unique pièce du rez-de-chaussée.
Comme des ouvriers en perpétuelle activité, les personnages captés dans leur vie de tous les jours animaient le calme de cette pièce pauvrement meublée. Immédiatement, je sentis que ces amis de papier étaient les seuls compagnons de vie d'Arabella, que ses chats étaient ses seules attaches affectives dans son quotidien.

Invité par Pompon, costaud compère au pelage roux, j'avais emprunté une chatière et j'étais entré dans le salon à tout faire bien chaud mais désert.
Un tel désordre y régnait qu'une chatte aurait eu du mal à retrouver ses petits.
Un vieux poêle à bois cylindrique tenait lieu de réchaud pour préparer le repas. Autour de lui, Mrs Figg avait organisé le coin cuisine. Une baguette pendait à un crochet dont la ventouse suçait le carrelage mural, à côté d'une brosse à récurer étrangement emboîtée dans un mécanisme à ressorts.
Même le plafond était aménagé d'un jeu assez complexe de poulies.
Des casseroles traînaient dans une bassine remplie d'eau, attendant sans doute d'être lavées et séchées afin de préparer le dîner.
En face, un divan mité était poussé contre le mur. Il faisait office de terrain de jeu et de lit pour mes compagnons félins que je venais de rencontrer. De vieux tapis élimés jonchaient le sol, fait de carrelages en terre cuite rouge.
Juste à côté de la fenêtre, Mrs Figg avait installé une table ronde et une commode pour profiter de ce qui se passait dans la rue. Elles étaient idéalement placées. Les chauds rayons du soleil devaient illuminer longtemps ce petit coin de la pièce. Sur le petit meuble à tiroirs, des livres en nombre impressionnant s'empilaient les uns sur les autres. Je vis aussi, une sorte de lutrin portable muni d'un bras à levier.

J'appris que mon hôtesse faisait les courses quotidiennement et que j'avais de la chance car je pourrais bientôt me régaler d'une boîte de pâté fraîchement ouverte.
De tous les recoins de la pièce, mon préféré fut celui situé près de la fenêtre. Je montai sur la table de pin pour mettre ma présence bien en évidence. Je voulais que Mr Figg me voie avant de mettre la clé dans la serrure de sa porte d'entrée.
En attendant, je découvris, sur la surface polie, une boîte en bois de rose, elle était ouverte. Des photographies en sortaient, certaines étaient abandonnées sur la table, pêle-mêle. Mrs Figg avait dû ressortir ses anciens souvenirs. Les humains ont parfois ce genre de lubie.
Revenir dans le passé leur fait du bien mais, en final, la cruelle résurgence du passé leur fait prendre conscience du temps qui passe inexorablement, sans espoir de retour. On peut lire alors dans leurs pupilles les ravages de la nostalgie.

J'étais bien. Je me réchauffais et je savais que j'allais bientôt pouvoir calmer les cris affamés de mon estomac. D'un coup de patte, je poussai les carrés de papier fort, comme un chaton jouette.
Le mouvement des personnages m'amusait.

Mes griffes accrochèrent la photo d'un homme d'une trentaine d'années à la stature carrée et massive. Son visage était souriant, encadré d'une toison bouclée de couleur brune. Sa bouche s'élargissait sous une moustache touffue. Ses yeux pétillaient de malice. Je pouvais aisément ressentir la bonté et la vivacité d'esprit qui émanaient encore de ce bout de papier.
- C'est William Figg, miaula Pompon dans un argot épouvantable. Son paternel, quoi ! Il est pas né dans cette zone, c'était un sorcier pas mal doué. Il se fendait souvent la poire.
Je vis en effet, qu'il tenait une plume dans ses mains. Il la levait puis l'abaissait très vite sur un parchemin, un trait scintillant comme une poudre d'étoile apparaissait sur le papier dur. Puis, il éclatait d'un rire sonore et franc.
Des hommes en robe noire l'entouraient. Ils regardaient le phénomène avec beaucoup d'intérêt.
J'observai à plusieurs reprises ce qui se déroulait sur la photo sans comprendre ce que ce brave homme faisait.
Mistigri, la gracieuse chatte noire de la maison, m'expliqua:
- Will était un artisan. Il travaillait dans une fabrique de parchemin. Réaliser des rouleaux de papier d'une finesse incroyable était sa passion. Il était très apprécié de son patron quand il était jeune. Il se mit en tête de mettre en pratique ses idées les plus farfelues. Il créa alors des qualités de papier extravagant mais fabuleux. Le parchemin de lune qui scintille la nuit, le papier à la poudre d'arc-en-ciel qui permet d'écrire dans les couleurs irisées avec n'importe quelle plume. Ici, il expérimente le papier de soleil pour écrire en lettres lumineuses, le papier des grandes occasions ! C'est lui qui a trouvé les formules pour réaliser ces textures magiques.
Son patron a fait fortune avec ses trouvailles. Il lui donnait carte blanche à la fin, mettait à sa disposition tout le matériel nécessaire pour mettre à jour sa créativité sans borne.
Il avait son atelier personnel et ses ouvriers. Il choisissait les plus habiles.
Mignonnette sauta agilement sur la table pour les rejoindre. Ses yeux bleus croisèrent les miens. Elle ajouta d'un miaulement rauque:
- C'est lui qui a mis au point le fameux papier support des photos que tu vois devant toi. Une découverte révolutionnaire. Tu penses... les journalistes ont sauté dessus, n'utilisent plus que ça !.

Le soleil s'était caché derrière la maison d'en face. La pénombre envahissait cet endroit bien triste, soudain. La misère et l'isolement se firent encore plus apparents.

Patounet, gros matou au pelage gris souris, fit un bond athlétique. Les doux coussinets de sa patte avant gauche appuyèrent sur un objet de forme carrée accroché au mur. La lumière jaillit d'un vieux lustre de verre.
Je fis un bond en arrière, pour me protéger. Je sautai, le pelage hérissé, sur le fauteuil où devait se reposer Mrs Figg quand elle avait terminé une tâche ménagère.
- Tu fais de la magie ? Comment as-tu réussi ça ? C'est ta maîtresse qui t'a appris ?
Patounet et ses compagnons se mirent à rire, ce qui s'exprimait par des ronronnements continus et sonores...
- Non, rétorqua-t-il d'une voix profonde.... On nefait pas de magie dans cette maison, vieux ... Y a pas de feu, ici... T'avais pas remarqué ?
Pour la lumière, Arabella, elle utilise l'électricité. Comme les moldus !
- E-lec-tri-ci-té ? répétai-je ...
-Oui, c'est pas une sorcière notre maîtresse, reprit Patounet. C'est une cracmol ! La magie, c'est que dalle... Pas de pouvoir... Nada, rien.

Sur ces paroles, un bruit de clé se fit entendre. Dehors, sur le pas de la porte, un trousseau tintait comme un grelot. Quelqu'un insérait une clé dans la serrure. En une fraction de seconde, tous les chats de la maison sautèrent sur le sol. Ils se dirigèrent vers la porte d'entrée en poussant des miaulements et en frétillant la queue en signe de plaisir. Seul, je restai sur la table, attendant de voir les réactions de cette vieille femme.
Je me méfiais tout de même. Je suis un fléreur et j'ai toujours besoin de me faire ma propre opinion quand je croise un humain.

Dès qu'elle passa le seuil de son logis, je la vis poser son regard sur moi.
Il fut très bref.
Mrs Figg avait jaugé ma personne assez rapidement... Aussi rapidement que moi à son propos.
Je restai très digne sur ce piédestal que j'avais choisi et je vis combien son affection était sincère vis-à-vis de ses chats. Un mot et une caresse pour chacun. Des paroles rassurantes et toujours accompagnées d'un regard furtif sur moi. Le besoin de croiser mon regard, la précaution de ne pas me faire peur me plurent instantanément. Sa voix n'arrêtait pas sa mélodie enveloppante et rassurante.
-Oui, oui mes beautés. Je vous ai rapporté vos pâtées favorites. Saumon et légumes pour Mignonnette et Mistigri. Ce soir, j'ai pensé que du boeuf te donnerait des forces, mon brave Pompon.
Pour toi, Patounet, ce sera du foie de veau. C'est bon pour le cerveau.
Je vois que tu as allumé le lustre tout seul comme d'habitude. Brave ! tu es malin et vif, toi... J'espère que tu n'as pas effrayé notre nouvel ami !
C'est à ce moment-là qu'elle se dirigea lentement vers moi, en traînant ses grosses pantoufles sur le tapis usé. Son regard était perçant mais très amical... J'y ai vu les mêmes comètes que celles qui glissent dans mes yeux quand je m'attache à un humain.

- Ahhhhh, te voilà près de moi, mon beau. Tu as de bien grandes oreilles pour un chat de gouttière ! s'exclama-t-elle en plantant ses poings sur ses larges hanches. Mes coquins vous m'avez amené un cadeau royal. Cette queue en panache et cette silhouette magnifique appartiennent à un fléreur de race pure ! Et oui, Pompon.... Un ami qui a le même sang que toi ! Ca ne m'étonne pas que vous soyiez entrés en contact.

Sa main chaude se posa entre mes deux oreilles, là où les caresses sont les meilleures. Puis ses doigts glissèrent sous mon menton... Un flux de bonheur me fit ronronner à tout rompre. Elle descendit sur mon poitrail mais une vive douleur me fit sursauter et je griffai cette main si tendre...

-Ohlaaaaaaa. Tu es blessé à cet endroit. Va falloir que je te soigne... Mais d'abord, pensons à nos estomacs. Je les entends comme les trompettes de Jéricho ! dit-elle dans un rire cristallin. Trêve de plaisanteries, mes jolis. Au boulot ! lança Arabella en se dirigeant vers sa table de travail.
Mrs Figg enfonça différents boutons, ce qui eut pour effet de mettre en marche toute une série d'objets dont je ne connaissais pas l'existence.
Patounet se chargea de pousser un bras de fer, rabattu contre le mur. Une pince tout à fait spéciale y était accroché à son extrémité.
Il poussa sur un cliquet et l'objet se mit à vibrer.
Mrs Figg y plaça une boîte de fer munie d'une étiquette aux dessins appétissants. Les boîtes tenaient seules au bout et tournaient sans que mon hôtesse n'y portât attention. Elles perdirent, l'une après l'autre, leur chapeau métallique.
Simultanément, les assiettes furent lavées grâce à la brosse à ressort qui frottait énergiquement leur surface afin d'éliminer toute trace de graisse. Le rinçage sous le jet du robinet se fit automatiquement grâce à un second mécanisme articulé poussé par la gracieuse patte de Mignonnette.
Arabella s'occupa juste de sécher les plats et de les garnir en deux coups de cuillère à pot.
Elle se tourna vers moi, une assiette en main, pour m'inviter à rejoindre les autres félins. Elle comprit ma stupeur et se mit à rire de bon coeur.
- Tu dois me prendre pour une folle ! s'exclama-t-elle joyeusement. Je ne suis pas sorcière mais j'aime leur confort. J'aime tous ces ustensiles qui me donnent l'impression d'avoir un peu de pouvoir. Ce que je lis dans ton regard, je le lis depuis que je suis petite. Les moldus me prennent pour une farfelue et les sorciers pour une incapable. Je ne suis jamais à la bonne place. C'est comme çà !
Dépassant ma frayeur, je répondis à l'invitation d'Arabella et me joignis au repas de mes nouveaux amis, près du vieux poêle à bois, prenant enfin temps et plaisir à mâcher une nourriture qui m'avait si cruellement fait défaut...

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Message par Syrinx Mer 28 Déc - 15:37

j'ai fini l'histoire d'Hepzibah et j'aime vraiment toujour autant ce face à face avec la Mort.
j'ai un peu tilté à un moment où Snowpuff raconte qu'après le meurtre d'Hepzibah il est retourné dans la rue où il a entendu parler d'Harry Potter. Je suis pas sûre qu'il était né à l'époque, notre binoclard adoré... (je suis même pas sûre que ses parents étaient nés...) scratch
mais en tout cas, ça fait du bien de relire cet extrait avec un Jedusor/Voldemort sombre à souhait, sûr de lui et parfaitement démoniaque.

Pour le début de coeur de cracmol, j'attends un peu. Finalement ça a du bon d'être en retard dans les lectures, parfois : y en a plus à lire d'un coup cheers oui oui et c'est moi qui dis ça, je doute de rien, je sais... (y a combien de parties ? pour savoir quand je pourrai m'y remettre))

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Message par Suzywa Mer 28 Déc - 21:02

Merci Syrinx, j'avais beau relire la fin de cette histoire d'Hepzibah et je ne trouvais pas ce qui clochait. Bisou J'ai corrigé illico en supprimant la phrase suspecte.

En ce qui concerne l'histoire de Mrs Figg, Snowpuff me ronronne qu'il a découpé son histoire en 7 épisodes. Voici le second.

Coeur de Cracmol
(second volet)

- Arnold, arrête ! Non, je ne veux pas que tu me prennes en photo !
Une petite fille de sept ans, était cachée derrière une grosse malle en osier. Une fenêtre de toit laissait filtrer la vive lumière d'un soleil d'été. On n'entendait que sa voix claire et suppliante.
Un jeune garçon d'une bonne dizaine d'années pourchassait la fillette. Il tenait un gros appareil entre ses deux mains et tournait autour du grand panier.
- Laisse-toi faire, Arabella. Papa m'a offert cet appareil photo un peu en avance pour mon anniversaire et je veux l'essayer ! Sors de ta cachette ou je viens te chercher. De toute façon, tu seras la première personne que je photographierai.
- Pourquoi moi ? geigna-t-elle. Il y a papa et maman, en bas, avec tous nos oncles et tantes. Elle sera belle ta photo. Elle sera bien remplie ! dit-elle avec conviction pour que le garçon s'en aille.
- Pffff.... Ah non. Ils sont tous autour de la table et ils restent assis. Ils ne bougent pratiquement pas. Même, Oncle Shell s'endort ! Non. Il me faut du mouvement et toi, Arabella,, t'es le modèle idéal ! Tu n'arrêtes pas d' bouger... T'es tout l' temps occupée à faire quelque chose. Ahaha ! Tatataaaa.... Je te vois.
La petite fille sortit de sa cachette et souleva le couvercle de la malle.
Un flash éblouissant éclaira la sous-pente.

Il est si vif qu'il me réveille de ma torpeur.
Je m'étais assoupie devant le feu et quand j'ouvris les yeux, Snowpuff était assis sur mes genoux, me fixant étrangement.
- Ca a l'air de marcher, me souffle-t-il. Tu es vraiment douée pour capter mes images ! ronronne-t-il avec une once d'étonnement dans le regard. Surtout quand tu dors ! Tu t'es réveillée à cause d'un flash, hein ?
J'acquiesce, tout à mon étonnement.
- Je rêvais de deux enfants, un garçon et une fille dans un grenier... dis-je en essayant de résumer la vision si nette encore.
- C'étaient Arabella et Arnold. Mrs Figg avait un frère aîné. Ils se chamaillaient tout le temps, coupe le fléreur.

Cette année-là, Will avait fait fortune. En 1938, il avait enfin mis au point son papier glacé révolutionnaire, celui qui allait le mettre à l'abri des soucis financiers ! Grâce à cette petite fortune, Arnold allait pouvoir entrer à Poudlard. Arabella suivrait d'ici quelques années. Le hibou du célèbre établissement scolaire était passé chez eux, dans leur petite maison de Godric's Hollow, et Will avait eu l'immense honneur de pouvoir annoncer la nouvelle à Arnold.
C'était une énorme fierté pour Kate Catchlove et Will Figg.
Tous deux, issus d'une famille nombreuse, n'avaient jamais pu suivre les cours de ce fameux collège. Seuls, leurs aînés respectifs avaient eu cette chance.
Aujourd'hui c'était la fête à Godric's Hollow ! On fêtait la promotion de Will et l'entrée d'Arnold à Poudlard.
Si tu veux, me dit Snowpuff, on peut continuer comme ça ! Si tu fixes mes yeux tu pourras voir la suite de ton rêve.... Viens plus près de moi.
Je me rapproche donc avec apréhension, je dois l’avouer, et tombe dans une bulle dorée. Sur sa paroi, le récit que je venais d'entamer se poursuit.

La gamine s'échappa et courut vers l'obscurité de la cage d'escalier. Rapide comme le flash qui venait de crépiter, elle quitta la maison pour se réfugier dans un coin secret du cimetière, près de l'église.
Elle se cacha derrière une plaque funéraire. Elle ne savait dire pourquoi, elle aimait cet endroit.
Elle sentait une présence sur cette tombe. Elle s'agenouilla sur la pierre de sol et, de ses petits doigts, suivit les inscriptions gravées dessus.
Arabella découvrit qu'une jeune fille reposait là.

Elle s'assit alors confortablement et se mit à parler à la plaque funéraire qui se dressait devant elle comme à une amie de toujours.
- Il commence à m'énerver, mon frère. Il veut toujours me prendre en photo et je déteste ça. Papa et maman sont contents mais Arnold, lui, il va me manquer.
Il part après-demain dans cette grande école. Je vais me retrouver toute seule. Mon frère ne sera plus là pour me consoler !
La petite fille plaqua ses cuisses contre son buste, serrant ses genoux très fort entre ses bras.
Après quelques secondes, Arabella se remit à parler comme si elle répondait à une question qu'elle seule entendait.
- Mais oui ! Il ne sera plus là pour me consoler ! Parfois, papa ou maman font de la magie ..... Eh bien, moi j'arrive pas à faire des trucs comme eux.
J'en ai déjà parlé avec Arnold. Il m'a dit que quand il était petit, il chipait la baguette en bois de houx de papa et que des étincelles sortaient au bout.
Il y en avait partout... Je devrais aussi réussir des choses comme ça mais ça ne marche pas. Alors, je suis toujours en train de bouger pour lui montrer que je sais faire plein de choses. Arnold, il se moque de moi... Mais il me dit toujours des mots gentils pour pas que je m'inquiète. Il dit que ça peut encore venir.
Le silence s'abattit encore une fois. La petite Arabella se remit à parler en réponse à une réflexion muette.
- Oui, Arnold, il m'aide tout le temps.... Le jour de mon anniversaire, il n'y a pas longtemps, eh bien, maman me prépare toujours un gâteau avec des bougies qu'elle fait apparaître avec sa baguette magique....En l'amenant de la cuisine, le gâteau s'est mis à flotter tout seul, en l'air. Il a commencé à basculer sur la gauche et puis sur la droite... On a tous cru qu'il allait tomber ! Et puis, il s'est posé tout seul. Ca a fait un grand "boum" sur la table. Mes parents m'ont alors regardée fièrement.... Mais c'est pas moi qui ai fait ça. Ah non ! Mon frère, il me l'a dit. Il me parle avec la tête quand il fait ça. Pas avec sa bouche. Il dit qu'il fait ça pour moi pour pas que les parents s'inquiètent.
Arnold, il me dit de pas m'en faire.... Que la magie.... ça va venir.... Que je fais des progrès.... Mais moi, je ne sais pas de quoi il parle....

La fillette posa son front sur ses genoux et se mit à pleurer.
Une volute de vapeur sortit alors de la tombe et enveloppa la petite fille très délicatement jusqu'à ce que les sanglots se calment.
- Arrête ! Me touche pas ! dit-elle en séchant ses yeux. Elle se débattait, essayant d'échapper à une emprise qu'elle seule ressentait.
Arabella se releva précipitamment et retourna à la maison. Elle courut comme une folle puis ralentit l'allure à proximité de la barrière en bois.
Discrètement, elle entra dans le jardin et monta dans le feuillage touffu du cerisier qui distribuait ses cerises aux gourmands de la propriété, épiant ses cousins et cousines, observant leurs gestes afin de les tenir en mémoire.
Elle les essaierait ce soir, ces paroles magiques, en cachette. Elle tenterait de faire jaillir une nuée d'étincelles avec la nouvelle baguette magique de son frère.

Après ce long moment d'isolement, Arabella rejoignit le groupe de ses oncles et tantes. Les cousins jouaient avec elle, la bousculaient.
La fillette rendait les coups d'épaule qu'elle recevait, Alors, Arnold la chatouilla pour qu'elle se déride un peu.
Ainsi, la soirée s'installa et chacun rentra chez lui.

Quand la porte se referma sur le dernier invité, Will entendit quelqu'un frapper.
- Ce doit être Bonnie qui a oublié quelque chose ! Will ouvrit la porte. Alors, Bonnie, Qu'est-ce que tu as oubl....
- Bonsoir, Mr Figg, j'espère que je ne vous dérange pas.
William ne reconnaissait pas la voix de la silhouette qui se dessinait dans l'encadrement de la porte. Le soleil couchant l'aveuglait.
C'était une stature masculine. Il devinait un chapeau pointu et une robe de sorcier.
- Bonjour Monsieur. À qui ai-je l’honneur ? demanda Will.
- Dumbledore, Albus Dumbledore.
- Mon Dieu, Kate ! Monsieur Dumbledore est là ! Prépare-nous une de tes merveilles culinaires, s'il te plait. Monsieur Dumbledore nous rend visite !
Entrez donc, ne restez pas là. Que nous vaut votre visite, outre un immense plaisir ?
Albus Dumbledore ôta son chapeau, il pénétra dans ce petit hall avec lenteur et respect, puis passa la porte menant à la salle-à-manger.
Il prit le temps de se fondre à l'ambiance sereine de cette maison au parfum fâné de fête et, répondant à l'invitation de Kate, il s'assit à la table qu'elle venait de débarrasser d'un coup de baguette magique.
Albus installa son chapeau sur la chaise voisine. Il posa ses mains sur ses genoux croisés et engagea naturellement la conversation, cueillant les nouvelles du village.
A un certain moment, ses yeux prirent une couleur bleue plus soutenue. Will fut sensible à ce changement, il sentit que le cours de la conversation allait changer de cap. Le brave professeur remonta ses lunettes et dit doucement.
- Mon cher William, je suis venu sur la tombe de ma soeur et de ma mère, aujourd'hui et c'est après être allé au cimetière que j'ai décidé de venir vous voir.
Très récemment, je me suis intéressé à votre découverte. La création est une chose d'une extrême importance dans notre société sorcière, dit-il en détachant lentement chaque mot pour en marquer toute l'importance. Je pense que votre invention dépassera l'utilité qu'on en fait actuellement ! appuya-t-il en posant amicalement sa main sur l'épaule de son interlocuteur. Je voulais vous demander si vous vouliez m'aider dans un projet qui me tient à coeur.

William eut l'air abasourdi quand il entendit les paroles de cet homme bien plus érudit que lui. Il fixait ce sorcier si savant qui conversait avec lui d'une manière simple et naturelle. Un rire hoqueta dans la gorge de Will. Il était heureux. Il ne donna cependant pas sa réponse directement. Derrière la porte, deux enfants pointaient le bout du nez pour connaître la raison de cette bonne humeur.

Hardi, Arnold se montra le premier. Il ressemblait fort à son père. Sa stature carrée lui donnait quelques années de plus, la même toison brune frisottait autour de son visage rieur. Son regard franc se planta dans celui du sorcier au chapeau pointu.
Professeur Dumbledore se redressa contre le dossier de son siège et accrocha ce regard perçant par-dessus ses lunettes en demi-lune.
- Ahhhh ! Voici Arnold, je présume, entama Albus en souriant. Alors, jeune homme, tes bagages sont-ils prêts ? Nous allons nous croiser au cours de métamorphose, très prochainement, n'est-ce pas ? Les yeux du sorcier pétillaient de joie en prononçant ces mots.

Arnold n'eut pas le temps de répondre. Arabella vint se placer devant son frère, la mine renfrognée et les bras croisés. Elle dit à sa place:
- Non, mon frère est pas prêt ! Je ne veux pas qu'il s'en aille sans moi.... Ou bien, il reste ici... ou je pars avec lui !
Elle était menue mais une énergie incroyable émanait de tout son être. De longues anglaises de cheveux bruns tombaient sur ses épaules. Ses yeux noisette étaient en feu. Ils animaient les traits fins de ce visage expressif.
Kate et Will furent bien embarrassés devant l'aplomb de leur petite d'à peine sept ans.
Ils voulurent la réprimander, mais Albus les arrêta en levant la main. Il n'était pas surpris de cette réaction.
Il choisit son regard le plus doux et le posa sur la fillette. D'une voix profonde et rassurante, le professeur l'encouragea à s'approcher de lui.
Arabella obéit à l'appel, elle s'avança, tête baissée, et s'arrêta à côté du professeur. Elle le regardait du coin des yeux et vit que cet homme à la robe soyeuse cherchait quelque chose dans ses poches.
Quand elle vit sortir un paquet de chocogrenouilles, son étonnement fut au comble. Toute trace de colère avait disparu.
- Les chocogrenouilles sont des remèdes imparables contre les chagrins comme les tiens, poursuivit Albus avec douceur. Cet après-midi, au cimetière, j'en ai mangé un paquet tout entier pour me consoler ! chuchota-t-il avec douceur à l'oreille de la petite fille.
Arabella plongea sa main dans le paquet, piocha une friandise et se mit à la déballer pour en découvrir la carte de collection. Complètement rassérénée, elle vida de son coeur tout le chagrin de voir son frère partir.
- Tout à l'heure dans le cerisier, j'ai réfléchi..... dit-elle d'une voix calme en mâchant le bonbon. Je veux partir avec Arnold, là-bas, dans sa nouvelle école.... J'ai envie d'apprendre la magie !

Dumbledore tourna la tête en direction de Kate qui avait rejoint Will. Debout derrière lui, il voyait ses yeux briller en serrant l'épaule de son mari.
- Je te propose de t'asseoir, Arabella. Toi aussi Arnold. Joins-toi à nous autour de cette table car l'instant présent est très important.
Arnold, veux-tu nous montrer ton cadeau d'anniversaire ? dit le grand sorcier d'une voix amusée.
Tous furent surpris de ce changement de sujet. Kate sortit de ses pensées et apporta de quoi manger à son hôte. Arnold se dépêcha de monter dans sa chambre et d'aller chercher son appareil photo. Il redescendit en quatrième vitesse, essoufflé mais réjoui de montrer son trésor. Il ébouriffa les cheveux d'Arabella au passage pour la faire rire. Ce qu'elle fit sans tarder.
- Le voilà ! dit le jeune garçon tout fier. C'est un tout nouvel appareil... Les photos peuvent sortir directement.... Il se tourna vers son père pour que celui-ci explique le procédé de manière plus scientifique.
- Cet appareil, reprit William, permet de fixer ce que l'on photographie, directement sur le papier que j'ai mis au point. Le développement de la photo est donc quasiment instantané. Après quelques secondes, vous avez votre cliché en main.
- Arnold, as-tu déjà pris une photo avec ton nouvel appareil ? demanda Dumbledore d'une voix douce.
- Oui, cet après-midi, dans le grenier. Arabella ne voulait pas se laisser faire mais je suis arrivé à la prendre quand même ! Ahahaha.
Arabella sourit quand elle entendit le rire de son frère...
- Alors, nous allons tous avoir l'honneur de voir votre père nous montrer comment se réalise le développement.
William ? A vous l'honneur ! Arnold tendit le précieux appareil à son père.
Tous les regards étaient attentifs aux gestes habiles effectués par l'artisan. Avec sa baguette magique, Will lança un sortilège. L'inventeur actionna sa baguette et lui fit faire une arabesque complexe : "Presto Revelatum" chuchota-t-il au même moment.
William s'empara de l'épreuve qui glissait latéralement hors de la boîte noire et la regarda attentivement. Ses sourcils se froncèrent, il leva les yeux. Ils exprimaient l'incompréhension la plus totale...

La photo passa entre les mains de Dumbledore, de Kate et enfin des enfants. A peine l'eut-elle vue qu'Arabella enfouit son visage dans ses mains....
- Je le savais, je le savais... Toi aussi, Arnold ! Je ne suis pas comme vous. Tout bouge sur la photo ! On voit bien le couvercle de la malle qui se rabat ! Mais moi, on me voit même pas !
Même pas.
Kate s'empressa auprès sa fille pour la serrer fort dans ses bras, pour embrasser ses cheveux bruns et soyeux, pour lui faire sentir tout son amour. Elle le fit sans doute aussi pour elle-même pour freiner la progression de ce venin de vérité qui s'infiltrait doucement dans son coeur de mère.

William reprit la photo et tourna son invention dans tous les sens, espérant une erreur de fabrication.
-Non, Will ! dit Albus avec douceur Votre invention fonctionne très bien.
Il a une qualité ou un défaut. Il détecte les êtres non doués de magie. Les moldus et les cracmols.
Comme je vous disais, tout à l'heure, votre invention pourrait avoir une utilité qui dépasserait l'usage qu'on en fait actuellement, ce que je soupçonnais. A présent, que mes doutes sont devenus certitudes, je vous réitère ma proposition, Will. Voulez-vous m'aider dans mes recherches ? Elles permettront peut-être d'aider votre fille Arabella à libérer les pouvoirs magiques qui dorment là dans son subconscient.
Après un long moment de réflexion, William Figg leva les yeux et les plongea dans ceux d'Albus Dumbledore. Aucun mot ne fut prononcé, la douleur les coinçait dans le creux de la gorge de cet homme vigoureux. Albus n'eut pourtant aucune hésitation. Il connaissait la réponse.
-Je vous propose de partir pour Londres, tous ensemble, après-demain. Je m'occupe de vous trouver un logement qui vous conviendra, vous pouvez compter sur moi, dit Professeur Dumbledore plein de compassion.

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Message par Suzywa Mer 4 Jan - 19:00

Coeur de cracmol
troisième volet

Snowpuff est endormi et, pendant que je lui prépare sa pâtée du soir, une question n'arrête pas de trotter dans ma tête.
Comment diable ce fléreur a-t-il pu connaître Mrs Smith et Arabella Figg qui ne devait plus être très jeune ? Sans être mathématicienne, la logique terrienne qui est mienne indique plusieurs dizaines d'années au compteur.
Comment cela peut-il être possible ?
La réponse surgit enfin : Les chats ont neuf vies.
- C'est bien cela ! me suggère le chat au pelage de neige... C'est d'autant plus vrai pour nous, fléreurs de race.... J'ai déjà quelques vies derrière moi et l'avantage de garder intacts certains souvenirs de mes existences éteintes. Je suis déjà passé dans l'antre de la mort et en ai gardé toutes les empreintes. Je te raconterai, en temps voulu, l'origine de cette faveur des Dieux.
Snowpuff me rejoint dans la cuisine et je dois dire que ses dons de télépathie sont très efficaces.
-Mrs Smith est morte en 1945 si je me souviens bien. J'entamais mon troisième parcours, à l'époque. Quand j'ai croisé, Mrs Figg, c'était en 1981 ! Là, j'étais dans le plein épanouissement de ma cinquième vie. Si tu comptes bien, j'arrive au terme de mon voyage sur cette Terre. Je n'aurai plus qu'une opportunité après celle-ci. Si tu le veux bien, je désirerais terminer mon karma, avec toi. La vie des moldus est tellement plus reposante.

Après avoir pris notre repas, Snowpuff m'invite à poursuivre son histoire.
-Viens ! me dit-il. Assieds-toi dans le fauteuil pour que je m'installe sur tes genoux !
Ma vie chez Arabella Figg était sereine comme ici ! Sa voix, la compagnie de ses chats me donnaient l'impression de vivre dans une famille nombreuse. Un havre de paix après toutes mes mésaventures.
Snowpuff m'entraîna dans un nouveau souvenir, m'accompagna dans le salon de Mrs Figg en 1981.
- Maintenant que je connaissais les passions professionnelles du père de ma nouvelle maîtresse, je contemplais plus attentivement les photos accrochées en masse. Aucune d'entre elles ne laissait apparaître la silhouette de Mrs Figg.
Connaissant la cause de ce manque, je me demandais si Arabella avait participé ou non à la pose.
Les Figg auraient-ils pris le risque de révéler au grand jour le problème de leur fille en cette période trouble des années 1939 à 1945 ? Je ne le pense pas....
J'étais prêt à parier ma paire de moustaches qu'Arabella oeuvrait derrière l'appareil plutôt que devant l'objectif pour parer toute déduction, tout questionnement dérangeant ....

Je balayai du regard toute la surface du mur. Deux clichés attirèrent mon attention.
Le premier montrait William Figg et Ollivander. Ils se tenaient par l'épaule et peu après, Kate apparaissait en courant pour embrasser le créateur de baguettes.
La seconde photo était luxueusement encadrée, je la fixai plus attentivement.
Ce n'était sûrement pas Arabella qui l'avait prise. Elle représentait un groupe d'étudiants aux couleurs diverses... Les couleurs de Poudlard mêlées en un joli camaïeu de teintes basiques comme le costume d'Arlequin. Une date imprimée sur un petit écusson de cuivre indiquait " Promotion 1941-1942 ".
Filles et garçons étaient mélangés formant une belle meute d'adolescents joyeux et bruyants.
J'avais repéré Arnold au centre du groupe. Il était radieux, soulevé de terre, par la troupe comme un champion de Quidditch.
La foule se balançait autour de lui, on aurait dit le ressac de la mer. Ce mouvement de fête mettait en évidence la présence d'un autre garçon très particulier de par son attitude réservée. Sa passivité contrastait avec l'énergie et le bonheur de vivre des autres membres du groupe. Il était bousculé par la houle mais ne participait pas à la ferveur ambiante. Un autre détail attirait l'attention sur lui : ce jeune homme regardait le frère d'Arabella de telle manière que j'en eus le poil hérissé....Cette sensation m'avait déjà traversé. L'aura maléfique de cet individu était reconnaissable entre toutes. Un nom traversa mon cerveau.

- Oui ! Tu as bien deviné me souffla Pompon. C'est Tom Elvis Jedusor ! Arnold et lui sont nés la même année ! Un manque de pot ! Ca, je peux te le dire.
Mrs Figg garde cette photo pour jamais oublier ce qui s'est passé. Elle a une haine dans le coeur. Ce diable a répandu tant de malheurs autour de lui.
Avant, à Poudlard, y avait des duels entre Maisons. Tous les élèves, filles et garçons, devaient y toucher. Les rencontres se faisaient sur toute l'année. Après éliminatoires, restaient deux candidats qui devaient s'affronter en fin d'année, juste avant les examens.
Tu peux deviner quels étaient les deux cracks de cette année-là ! Arnold Figg a gagné le gros lot ! En jeu, une baguette. Ouai ! Une baguette très rare qui contenait une écaille de Basilic. Le trophée appartenait au Collège, bien sûr. Chaque année, elle était remise sur le tapis.

Mrs Figg entra dans la pièce et vit tout de suite mon intérêt pour ce souvenir si vivant de joie qui, paradoxalement, cachait un grand malheur.
- Ah mon beau, tu as l'oreille fine et l'oeil rapide ! On peut dire que tu prends des raccourcis assez surprenants ! Mon joli me connaîtrait-il mieux que je le pense ? Pompon est pourtant balourd à côté de toi !
Pompon accourut en entendant son nom.... Il avait les oreilles de la colère et ses yeux s'illuminèrent comme des phares...
- Calme, Calme, mon beau ! Tu es mon compagnon depuis si longtemps que je peux bien te dire la vérité en face ! Tu es mon ami le plus précieux ! Celui qui me suit depuis l'enfance et qui me reste attaché au-delà de la mort ! Ne sois pas jaloux d'un matou même de pure race ! Dans mon coeur et dans mon âme, tu prends tant de place après avoir partagé mes peines les plus vives !

Arabella se dirigea vers le réchaud à bois. Il était éteint.
- Je m'en vais rallumer mon coeur de bois ! dit-elle en souriant tristement.
Elle remplit le poêle de bûchettes bien sèches et prit la baguette magique qui était accrochée au mur. "Clic", entendis-je. Une flamme apparut au bout de l'ustensile réservé aux sorciers. Je sursautai et Arabella se mit à rire comme une enfant.
- Je t'ai fait une nouvelle blague, mon beau ! C'est une des farces et attrapes que mon frère m'avait acheté chez Zonko pendant ses études ! Elle détourna les yeux.
Arnold ! Comme il me manque ! avoua-t-elle dans un brin de voix cassée pendant qu'elle allumait le poêle.

Mrs Figg s'en alla décrocher les deux photos que je venais de détailler et s'assit dans le fauteuil si confortablement placé dans son oasis de lumière solaire. Ses chats s'installèrent autour d'elle. Pompon ronronnait sur ses genoux, Mistigri s'affala à moitié sur ses vieilles pantoufles pelucheuses, Mignonnette se plaça sur le sommet du dossier du gros siège, laissant pendre ses pattes de part et d'autre de la partie rebondie, Patounet prit place à la droite d'Arabella sur le bras de ce fauteuil sans âge.
Ainsi, ensemble, se touchant les uns les autres, ils dégageaient une heureuse harmonie.
La vieille femme me chercha des yeux.
-Viens Snowpuff, rejoins-nous car l'instant présent est important. Je m'en vais te raconter ce qui s'est passé après la venue de Monsieur Dumbledore mais aussi, durant ce fameux duel.
Arabella rit de bon coeur quand elle vit mon expression étonnée.
- Ne fais pas cette tête-là ! Tu t'étonnes que je connaisse ton prénom ? Mais, moi aussi, je peux lire dans tes pensées ! Je suis née cracmol, pas mongol !
Je vins donc prendre place sur la dernière place disponible, le second bras du fauteuil, à la gauche de celle qui était devenue mon amie.

- Ce fut une rude épreuve que l'annonce de mon état. Mes parents devaient abandonner toutes leurs habitudes et commencer à vivre dans une ville autrement plus vaste que notre Godric's Hollow. Ils laissèrent Albus agir sachant qu'il choisirait la meilleure solution.
Allait-il nous installer parmi les moldus ou au coeur d'un quartier sorcier ? La place était très inconfortable, de toute façon.... La montée du nazisme en pays moldu, les idées puristes de Grindelwald rendaient toute décision fort délicate....

Albus trancha en nous installant chez Mr Ollivander. Ce dernier nous accueillit avec grande bonté au second étage de sa boutique. De toute façon, en tant que cracmol, j'étais devenue centre de recherche et d'expérimentation. Aussi, valait-il mieux que je reste à l'abri au chaud dans le quartier commerçant.
Mon père était confiant dans l'aboutissement de ce projet... Il mettait tout en oeuvre pour améliorer la sensibilité du parchemin révélateur des clichés automatiques. Il nous restait un laps de quatre années pour essayer de trouver une solution à cette erreur de la nature.
Comme je devais changer d'école, le professeur de Poudlard trouva judicieux de me donner des leçons particulières à domicile. Pas de magie, malheureusement. De la théorie surtout mais aussi des cours comme ceux que j'avais quand j'étais à l'école de moldus. Messieurs Dumledore, Ollivander ainsi que ma mère se relayèrent, mes études ne souffrirent pas trop, durant ces années de guerre. J'avais une seule bête noire parmi toutes ces branches: l'orthographe ! Mais, quand même, j'aurais pu m'adapter à n'importe quelle orientation scolaire. Ils avaient pris en ligne de compte tous les possibles.

Arriva le temps de passer différents examens pour comprendre mon état de cracmol.
Je me souviens très précisément de la première investigation. Albus avait interrogé mes parents sur leurs ancêtres. Je m'en souviens parce que cette discussion m'avait passionnée, à l'époque. Albus était déjà un grand savant. Rien n'échappait à ses réflexions profondes et sa démarche scientifique était très rigoureuse. Il avait demandé à mon père de lui préparer une énorme feuille de parchemin.

Ce soir-là, le savant ne vint pas seul. Un autre homme l'accompagnait. Il me faisait un peu peur car son visage était très pâle et très maigre. Quand il souriait, je lui trouvais quelque chose de carnassier. Il me faisait penser aux vampires qui hantaient les histoires préférées de mon frère.
Cet homme était déjà âgé et il portait une robe de sorcier tissée de ramages dorés. Quand je regardais le motif, je me perdais dans les courbes innombrables et cela me donnait le tournis ! se souvint-elle en riant. Elle s'interrompit quelques instants. Son sourire discret m'avouait qu'elle revivait un moment agréable.
Ce souvenir me plait beaucoup ! reprit-elle assez vivement. Je te propose de le découvrir avec moi ! Tu es prêt, Snowpuff ?
Sans me faire prier, je tapis ma patte dans la main de Arabella pour qu'elle m'emmène dans son souvenir.

- Je vous présente Armello Perditti, annonça Albus Dumbledore. C'est un expert en généalogie. Il vient d'Italie, Arabella ! précisa-t-il. Sais-tu ce qu'est la généalogie, jeune fille ?
La fillette hocha négativement la tête.
- Eh bien, Arabella, tu vas voir apparaître, ce soir, sur ce grand parchemin, le nom de tous tes ancêtres ! révéla le savant dans un sourire chaleureux. Est-ce que cela t'intéresse ? Oui ? Plus que le paquet de chocogrenouilles de la dernière fois ? lança-t-il avec un clin d'oeil.
Il n'attendit pas la réponse. Il la trouva sur le visage de la petite fille, plus précisément dans l'éclat de son regard et sur le rose de ses lèvres.
- Il me faut t'avertir qu'il te faudra un peu de courage ! ajouta-t-il en fronçant soudain les sourcils. Monsieur Perditti doit te prélever quelques gouttes de sang pour que ce prodige puisse se réaliser.
Es-tu prête à affronter cette épreuve ? Tu n'es pas obligée ! Tu le sais ! dit-il avec douceur.
Comme un brave soldat, Arabella se redressa et se fit forte, acceptant tacitement ce que le brave professeur proposait. Elle tendit son bras et ferma les yeux attendant la fin de ce petit sacrifice.
Monsieur Armello était très délicat. L'entaille qu'il fit ne provoqua aucune douleur, aucun pleur chez la fillette. Elle ouvrit bien vite les yeux pour voir la suite de cette expérience.

Le généalogiste possédait une mallette en cuir noir comme les médecins du siècle passé. Elle était remplie de fioles aux teintes multicolores. Il en choisit deux. Il en ôta les minuscules bouchons de liège et laissa tomber deux gouttes de chaque potion sur le prélèvement qu'il venait de réaliser.
Les liquides se mélangèrent, leurs teintes se diffusèrent. Le sang prit l'aspect de l'encre la plus noire.
L'expert s'empara d'une pipette et en aspira toute la quantité. Il déclama une incantation, du latin sans aucun doute, et posa, enfin, le liquide noir en bas de la feuille de parchemin que William avait préparée sur la table.
Un silence profond s'installa. Tous regardaient ce qui se passait. Le sang fut absorbé, illico presto, par le papier.
Apparut alors un prénom. Lettre après lettre, pleins et déliés se succédèrent avec grâce. Ce Monsieur Perditti était fabuleux. Un prénom et un nom apparurent. "Arabella Figg" s'étala tout en bas de la page, infime racine d'un arbre qui commença à se dresser.
A gauche se développait le feuillage des noms des ascendants de ma mère, à droite celui des ancêtres de mon père.
Les observateurs éblouis se rapprochèrent pour mieux découvrir les membres de la famille qui apparaissaient sous la plume invisible de ce sortilège. Tous les noms étaient écrits en noir.
Lorsque l'abre eut déployé son feuillage, lorsque la plume invisible eut terminé son oeuvre, deux noms virèrent au rouge. L'un du côté maternel, l'autre du côté paternel.
Monsieur Perditti vit tous les regards converger vers lui, avides de connaître les conclusions de ses observations.

Il chaussa ses lunettes et détailla sans tarder l'arbre généalogique.
- Je peux dire que votre arbre généalogique est très intéressant, Mademoiselle Figg. Le feuillage est bien touffu. Il ressemble au tilleul, arbre aux courbures très harmonieuses. Votre famille remonte au Moyen-Age et je peux dire que chaque branche a donné naissance à quantité de sorciers aux pouvoirs prolifiques. Je remarque que nombreux de vos ascendants ont fréquenté le Collège de Poudlard. Il n'y a pas à proprement parler de prédominance dans les maisons. Les répartitions sont diverses et nous retrouvons une harmonie que j'avais déjà remarquée tout au début.
Le professeur ajusta au mieux ses lorgnons et se pencha plus près de la feuille pour observer les détails. Il se releva et reprit:
- Je remarque, cependant que votre lignée n'est pas de sang pur. Au 17 ème siècle, je peux identifier deux mariages mixtes. Chez vous, Madame, votre ancêtre, Théodore Catchlove a épousé Valéria Finnigan, d'origine moldue et chez vous, Monsieur Figg, à la même époque, Anna s'est mariée avec Charles Portman, également moldu.
Will et Kate se regardèrent avec anxiété. Sensibles à ce mouvement, Monsieur Perditti se remit à parler.
- Bien sûr, j'imagine ce que vous pensez mais je ne peux vous certifier que toute la responsabilité incombe à ces deux personnes. C'est possible, bien sûr. Les gênes récessifs causant la perte des pouvoirs magiques peuvent se combiner après des siècles. Mais ce n'est pas une certitude. Il vaut mieux poursuivre d'autres investigations que Monsieur Dumbledore mènera de main de maître comme il en a l'habitude ! dit le vieux généalogiste en saluant son confrère avec respect.

Les images se brouillèrent, nous revînmes dans le salon. Le soleil réchauffait le velours du fauteuil de Mrs Figg. Elle reprit aussitôt son récit.
- D'autres examens se succédèrent.
Monsieur Ollivander sortit avec patience toutes ses baguettes magiques. Aucune ne me choisit ! Il n'en fut pas pour autant découragé. Il se mit en quête de substances insolites afin d'inventer de nouvelles combinaisons de bois et d'éléments organiques d'origine animale.
Enfin, je passai dans une salle du Département des Mystères. Cela se déroula pendant la nuit de Noël quand tout le personnel veillait en famille.
Cette salle, quand j'y repense, était très inquiétante. Albus l'appelait la "Salle des cerveaux". Il m'avait bien conseillé de ne toucher à rien et de lui faire totale confiance.
Je suis passée dans une machine spéciale qui photographiait mon cerveau sous divers angles. Mon père avait mis au point un procédé de papier révélateur hypersensible. Mais mon cerveau ne révéla rien de particulier, rien de différent en comparaison de ces cervelles qui flottaient dans la potion verte.
Le temps passait. Trois années de traitements divers imaginés par le professeur Dumbledore et par d'autres savants ne vinrent à bout des mystères de mon cerveau. Jamais, je n'apparaissais sur les photos que mon père faisait de moi.
Restait l'épreuve du Choixpeau magique. Je devais attendre mon onzième anniversaire pour le poser sur ma tête. En attendant, je poursuivais, secrètement, mes cours particuliers ainsi que les traitements de stimulation du cerveau toujours améliorés, toujours affinés. Chacun gardait espoir en voyant approcher mon adolescence.
Pendant ce temps-là, mon frère étonnait ses professeurs au Collège de Poudlard.
Il n'avait connu aucun problème pour s'adapter à la vie en internat. Arnold était quelqu'un de très vif. Sa curiosité était sans borne. Même si nous avons vécu dans un tout petit village perdu dans la campagne anglaise, il apprécia très vite ce monde et ses règles.

Arabella s'empara du cadre de Poudlard et le contempla en silence pendant un laps de temps assez long.
- Le soir de son arrivée, il subit la cérémonie du Choixpeau magique avec beaucoup de cran. Il fut envoyé dans la Maison des Serpentards ! reprit-elle.
Comme mes parents n'avaient jamais pénétré l'enceinte du Collège, ils dévoraient les courriers qu'Arnold envoyaient par hibou express. A l'annonce de cette nouvelle, j'ai vu une ombre passer dans les yeux bleus de ma mère. Mon père la rassura en disant que mon frère n'avait jamais été élevé dans cet esprit-là et que sa nature enjouée et sociable l'aiderait sans aucun doute.
Mon père avait raison et on ne peut qu'en avoir la certitude lorsqu'on plonge dans l'ambiance de cette photo. Arnold s'était lié avec beaucoup d'étudiants des autres Maisons... Regarde, on retrouve Pomona Chourave. Elle est ici aux côtés de Xenophilius. Et ici, Minerva ! On voit même Hagrid qui est un peu plus jeune que lui ! dit-elle en me le montrant de son index déformé par les rhumatismes, comme si je le connaissais d'Adam et d'Eve.
Durant les cours avec les étudiants de sa maison, tout n'était pas rose, bien entendu, puisqu'il venait d'une famille si pauvre, mon Dieu !, qu'il faisait tache parmi les adolescents issus pour la plupart de la haute société.
Un autre élève avait le même souci, Tom Jedusor ! Mais autant, Arnold était ouvert au contact, autant Tom était sélectif dans ses relations. Ce dernier avait beaucoup de charme, de réserve et cela plut à Arnold.
Les deux étudiants montraient aussi des dons exceptionnels en fait de magie. Ils excellaient dans toutes les branches. Cela les rapprocha. Arnold était cependant quelqu'un de naïf et d'honnête. Il était trop confiant et c'est cela qui le perdit....
Arnold m'envoyait aussi des hiboux express !
Tiens, voici sa dernière lettre. Je la garde précieusement comme un trésor, dit Arabella. Elle tourna le cadre et décacheta une petite enveloppe. Elle en sortit un parchemin tout chiffonné d'avoir été lu et relu. Elle déchiffra avec émotion la fine écriture nerveuse et penchée.

Poudlard, le 13 juin 1942

Bella !

Tu ne peux savoir l'enthousiasme qui me porte aujourd'hui.... Je viens d'apprendre que j'ai remporté les éliminatoires au Club de Duel annuel ! Mon concurrent est ....... devine ?
Tom ! Mon copain de classe,Tom Jedusor ! Il remet en jeu la baguette de Serpentard remportée l'an dernier !
Tom est quelqu'un d'exceptionnel ! Il est si discret ! Tous nos professeurs l'aiment beaucoup !
Nous avons fait des recherches dans la bibliothèque du Collège et nous avons trouvé les origines des quatre fondateurs. C'était passionnant ! Tom m'a même révélé qu'il avait découvert une caverne secrète en sous-sol ! Il m'a promis qu'un soir, il m'y emmènerait ! En échange de cette aventure, je lui ai fait également un cadeau ! Ne le révèle pas à papa, il m'étriperait s'il le savait ! Je compte sur toi pour ne rien lui raconter !
Tom a acheté un joli journal intime, relié de cuir. Une manufacture moldue mais dont le parchemin est, ma foi, fort bien travaillé ! Je l'ai transformé en carnet magique grâce à la formule que papa m'a montrée l'an dernier et dont il m'a arraché la promesse de garder le secret. Tu aurais dû voir la tête de Tom quand je le lui ai rendu ! Son regard était fascinant quand je lui ai expliqué ce qu'il pouvait en tirer dorénavant !
Les cadeaux, ça me connaît ! Tu le sais bien ! J'ai trouvé quelque chose pour toi aussi, soeurette.... Cela te servira à réparer les petits dégâts journaliers et cacher ta maladresse ! Tu pourras lancer "Reparo" en l'utilisant.

Avec tout ça, je me rends compte qu'on se verra la semaine prochaine ! Professeur Dumbledore m'a dit que la famille des concurrents était invitée. J'ai de la chance ! Vous viendrez m'encourager... Ce n'est pas comme Tom ! Il est orphelin, lui... Personne ne viendra le soutenir !

J'ai hâte de te retrouver, toi, papa et maman et de vous montrer, enfin, mon école !
Je t'embrasse en attendant !
Arnold !


Mrs Figg replia lentement la lettre. Une larme perla le long de sa joue. Pompon vint lécher ses joues pour la consoler. Après un moment, Arabella reprit le dessus et déclara :
- Allons, en route, maintenant ! Les images de mon souvenir te feront comprendre, Snowpuff, ce que les mots ne peuvent transmettre.
Je lui touchai délicatement l'épaule au plus près de son coeur pour bénéficier des visions les plus nettes, des sensations les plus vives. J'ai fermé les paupières et je fus emporté dans le tourbillon des souvenirs.
Très vite, j'ai vu passer la vie d'Arabella dans un compte à rebours, comme un film que l'on rebobine et qui s'arrête à l'endroit que l'on désire revoir. Mrs Figg dut refaire plusieurs mises au point.
Ce souvenir-là était bien caché et je fus touché qu'elle le ressorte du vieux coffre poussiéreux de sa mémoire, uniquement à mon intention.

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